L'abbaye Saint-Étienne de Dijon est une ancienne abbaye de chanoines réguliers située dans le centre sauvegardé de Dijon, inscrit depuis le 4 juillet 2015 au patrimoine mondial de l'UNESCO. Elle fut d'abord une collégiale et devint abbaye au commencement du 12ᵉ siècle jusqu'en 1611 quand le pape Paul V, la rendit de nouveau séculière ou collégiale. Lorsqu'on scinda le diocèse de Langres en créant le diocèse de Dijon en 1731, elle en devint brièvement le siège du chapitre cathédral, avant la cathédrale Saint-Bénigne.
Historique
La communauté des chanoines réguliers de Saint-Étienne de Dijon représente un sujet d'étude riche en possibilités ; depuis la vaste Histoire… de l'abbé séculier Claude Fyot de La Marche (1662-1721), l'abbaye Saint-Étienne de Dijon n'a guère fait l'objet de plus amples recherches – hormis la synthèse jamais publiée du chanoine Sébille, écrite au début du 20ᵉ siècle. De fait, l'histoire de cette communauté semble occuper, dans la mémoire locale, une place semblable à la situation de l'église dans la ville d'aujourd'hui : discrète et peu remarquée.
Cette histoire n'est pourtant pas anodine : du haut Moyen Âge jusqu'au 12ᵉ siècle, Saint-Étienne fut le siège d'une communauté de clercs séculiers – et ponctuellement le lieu de résidence des évêques de Langres entre la fin du Cinquième et la fin du 6ᵉ siècle. Réformée au début du 12ᵉ siècle pour accueillir des chanoines réguliers placés sous le patronage nouvellement redécouvert de saint Augustin, Saint-Étienne conserva ce régime jusqu'au 17ᵉ siècle, malgré un changement notable : la mise en commende de l'abbaye après l'abbatiat d'Antoine Chambellan (1497-1509). Sécularisée en 1613, l'église fut brièvement le siège du chapitre cathédral après de la création du diocèse de Dijon (1731) ; le bâtiment fut désaffecté pendant la Révolution, et ce jusqu'à l'installation dans une partie de sa nef de la chambre de commerce et d'industrie de Dijon, à la fin du 19ᵉ siècle.
Saint-Étienne a donc depuis longtemps perdu tout caractère religieux, ce qui a certainement contribué à l'effacement de sa « mémoire ». De plus, la sobre façade de l'époque moderne contraste grandement avec l'église proche de Saint-Michel, ou encore avec Notre-Dame et Saint-Bénigne ; la transformation de Saint-Étienne, de lieu de culte en lieu profane, ainsi que sa relative discrétion dans le paysage urbain dijonnais, font que le rôle éminent joué par l'abbaye tout au long du Moyen Âge a été en partie oublié. Pourtant, comme sa rivale Saint-Bénigne, Saint-Étienne était une abbaye urbaine importante, dotée de nombreuses possessions dans la région ; en outre, l'abbé de Saint-Étienne avait sous son contrôle une partie du réseau paroissial dijonnais et des environs, et détenait depuis le début du 12ᵉ siècle le monopole des marchés de la ville. Au niveau local, l'abbaye était donc l'un des établissements religieux les plus importants de la région, non seulement du fait de ses pouvoirs et de son statut, assez peu représenté en Bourgogne, de communauté de chanoines réguliers, mais encore du fait de son indépendance presque complète par rapport à l'évêché de Langres.
Architecture
L'église abbatiale
L'église Saint-Étienne est une ancienne église catholique désaffectée de Dijon qui abrite aujourd'hui le musée Rude consacré au sculpteur François Rude (1784-1855), et une bibliothèque municipale, ainsi que des services culturels, depuis le déménagement en 2007 de la chambre de commerce et d'industrie de Dijon. L'église date du 15ᵉ siècle et a été restaurée au 17ᵉ siècle, partiellement sous l'abbatiat de Claude Fyot, à la suite de l'incendie de 1686. Sa façade actuelle de style jésuite est du 18ᵉ siècle.
L'église fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862.
Abbés
- 1157-? : Herbert
- 1452 : Jean Rolin, cardinal
- 1662-1721 : Claude Fyot de La Marche, né à Dijon le 6 octobre 1630, et mort le 17 avril 1721, auteur d'une histoire de l'abbaye parue en 1696. Il fut aidé dans la rédaction de cet ouvrage, par le père André, carme de Besançon, natif de Remiremont et mort à Besançon en 1713. Il est le grand-oncle du premier président au parlement de Dijon en 1767.
Sépultures
Il reste un fragment du rouleau des morts de l'abbé Herbert.
Terriers, propriétés et revenus
- 1115 : Maifroi de Archo rendit à l'abbé de Saint-Étienne de Dijon les terres enclavées dans la seigneurie d'Arc, et lui donna le droit de chauffage dans ses bois.