L'amphithéâtre des Trois Gaules de Lugdunum (l'actuelle ville de Lyon) est un élément du sanctuaire fédéral des Trois Gaules dédié au culte de Rome et d'Auguste célébré par les soixante nations gauloises réunies à Lugdunum. Les vestiges de l'amphithéâtre font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 27 novembre 1961.
Premier amphithéâtre
L'amphithéâtre se situait au pied de la colline de La Croix-Rousse au confluent du Rhône et de la Saône de l'époque. Une inscription gravée sur des blocs trouvés sur place en 1957 a permis de le rattacher au sanctuaire de Rome et d'Auguste, et d'identifier son origine:
[…]E TI(beris) CAESARIS AVG(vsti) AMPHITHEATR
[…]ODIO C IVL C[?] RVFVS SACERDOS ROM(ae) ET AVG(vsti)
[…]FILII F. ET NEPOS [-]X CIVITATE SANTON. D(e) S(ua). P(ecunia).FECERVNT
Qui peut être complété ainsi :
[… Pro salvt]/e Ti(beri) Caesaris Avg(vsti) amphitheatr[-…] / [……… cvm] pod/io C(aivs) Ivl(ivs) C(aii) f(ilivs) Rvfvs sacerdos Romae et Avg(vsti) / […… C(aivs) Ivlivs C(aii) ?] filii f(ilivs) et nepos ex civitate Santon(orvm) d(e) s(va) p(ecvnia) fecervnt.
et traduit par :
Pour le salut de Tibère César Auguste, C. Julius Rufus, citoyen de la cité des Santons, prêtre de Rome et d'Auguste, [et Caius Julius ?…] son fils et son petit-fils ont construit à leurs frais cet amphithéâtre et son podium.
La datation retenue pour ce don est de 19 après Jésus-Christ. Les personnages qui ont financé la construction appartiennent à une vieille famille d'aristocrates gaulois de Saintes ayant reçu très précocement la citoyenneté romaine. La curieuse formule « filii f(ilius) » renvoie peut-être au désir d'affirmer l'ancienneté et la continuité de leur lignage, bien attestée sur l'Arc de Germanicus de Saintes où une inscription fait connaître les ancêtres de Rufus.
D'autres pierres portant gravées les noms de tribus gauloises (Arvernes, Tricasses, Bituriges) confirment l'attribution comme sanctuaire fédéral.
Les fouilles ont repéré un soubassement formé de trois murs elliptiques reliés par des murs de traverses et un canal entourant l'arène centrale ovale. Le terrain étant en légère pente, une voûte, aujourd'hui disparue, soutenait la partie sud de l'édifice. Les dimensions de l'arène, 67,6 mètres sur 42 mètres, sont analogues à celles des arènes de Nîmes ou celles d'Arles, en revanche le nombre réduit de gradins (probablement quatre niveaux) donnait à l'amphithéâtre des dimensions extérieures de 81 mètres sur 60 mètres, très inférieures à celles de l'amphithéâtre de Nîmes (133 mètres sur 101 mètres).
L'amphithéâtre dans cette version servait aux jeux qui accompagnaient le culte impérial, sa capacité réduite estimée à 1 800 places suffisait pour les délégations des soixante nations gauloises.
Agrandissement de l'amphithéâtre
L'amphithéâtre fut agrandi au début du 2ᵉ siècle, selon J. Guey par C. Julius Celse, procurateur de la Gaule lyonnaise en poste entre 130 après Jésus-Christ et 136 après Jésus-Christ. Deux galeries furent ajoutées autour de l'ancien amphithéâtre, portant ses dimensions à 143,30 m x 117,35 m , ce qui est comparable a celles de l'amphithéâtre de Nîmes ou à celui d'Arles.
Cette transformation portait sa capacité à environ 20 000 places et en faisait un édifice ouvert à toute la population de Lugdunum et des environs. Les historiens situent ici le supplice de six Martyrs de Lyon (sur 47), (dont Sainte Blandine et Saint Pothin) durant l'été 177 après Jésus-Christ.
Redécouverte de l'amphithéâtre
Transformé en carrière après son abandon, un plan de Lyon du 16ᵉ siècle indique la présence encore visible de quelques arcs (probablement des substructions) et d'un creux (l'arène) dit « Corbeille de la Déserte ».
Les érudits de la Renaissance et de l'époque moderne connaissent l'existence de l'amphithéâtre via plusieurs sources littéraires. Suétone fait allusion aux jeux organisés dans l'amphithéâtre, Juvénal fournit un élément topographique, Tacite rapporte lors de son récit du passage de Vitellius à Lyon de l'exécution de l'insurgé boïen Mariccus et enfin Eusèbe de Césarée reprend une lettre des chrétiens lyonnais narrant le martyre de 177.
Les premières fouilles entre 1818 et 1820 révélèrent le pourtour de l'arène. On reboucha en 1820, et on laissa les aménagements urbains du 19ᵉ siècle détruire la partie sud des vestiges de l'amphithéâtre.
À partir de 1956, des fouilles sérieuses furent entreprises, suivies de campagnes de fouilles en 1966-1967, 1971-1972 et 1976-1978, pour obtenir les indications exposées ci-dessus. Les modestes vestiges qui subsistent (des murs de soutien pour une moitié de la superficie de l'amphithéâtre) sont intégrés au jardin des Plantes et se visitent.
En 1965, la reprise des fouilles organisées par l'archéologue Amable Audin dégageaient la portion sud de l'amphithéâtre, sous la chaussée de la rue Sportisse. Il conseillait de le garder en cet état, non suivi d'effet.