L'Arès Borghèse est une statue en marbre, copie romaine d'un original grec perdu, représentant un jeune homme nu et casqué, probablement le dieu Arès. Le type est généralement attribué au sculpteur grec Alcamène. Provenant de la collection Borghèse, d'où son nom, elle a été achetée par Napoléon Ier au prince Camille Borghèse en 1807 et appartient désormais aux collections du musée du Louvre.
Description
La statue, plus grande que nature (2,11 mètres), représente un jeune homme nu, debout, portant un casque et un anneau à la cheville gauche. Il tenait probablement un bouclier et une lance de la main gauche et une épée dans la main droite. La statue reprend le contrapposto introduit par Polyclète, mais avec une variante : la jambe gauche sert d'appui, étayée contre un tronc de palmier, tandis que la jambe libre, au lieu d'être fléchie vers l'arrière comme chez Polyclète, est tendue à l'avant. La pose préfigure celle du Discophore de Naucydès,. La tête est légèrement penchée vers l'avant, dans une pose mélancolique.
La statue est généralement identifiée comme représentant le dieu Arès, bien qu'il n'existe aucune certitude à cet égard. Pour Furtwängler, l'anneau fait référence à l'épisode homérique où Arès et Aphrodite sont surpris et emprisonnés par Héphaïstos,. L'interprétation a été critiquée. On a également suggéré que l'anneau symbolisait la paix retenant le dieu de la guerre. Le casque, dont le cimier est perdu, est orné d'un lévrier et de griffons sur les côtés du timbre et de deux lévriers courant sur le frontal. Cette iconographie, relativement inhabituelle, n'est pas d'interprétation certaine. On a également proposé de voir dans la statue le portrait de Pâris par Euphranor que mentionne Pline l'Ancien, : l'anneau serait simplement un bijou porté par le prince troyen efféminé ; l'hypothèse est minoritaire.
Le type statuaire était connu, car on en possède une vingtaine de copies, notamment à la Glyptothèque de Munich (inv. 212) ou à la Centrale Montemartini (MC 795). La pose a été réutilisée pour des statues d'empereurs romains, seuls ou avec une statue de Vénus représentant l'impératrice.
Attribution de la statue
Depuis Furtwängler, la statue est généralement rapprochée d'un passage de Pausanias : « près de l'effigie de Démosthène, il y a un sanctuaire d'Arès, où se trouvent deux statues, l'une d'Aphrodite, l'autre d'Arès, réalisée par Alcamène ; celle d'Athéna est l'œuvre d'un Parien, nommé Locros. »
Cette attribution traditionnelle a été remise en cause par K.J. Hartswick : la forme du casque n'apparaît pas avant le 2ᵉ siècle avant Jésus-Christ La statue remonterait au déplacement du culte d'Arès sur l'agora d'Athènes en 2 apr. J.-C. et serait la statue cultuelle du culte de Gaius César, petit-fils d'Auguste, « comme nouvel Arès ». On a objecté que l'identification de la statue à Arès n'était pas certaine et que rien ne rattachait l'original de l'Arès Borghèse à Athènes. La datation basse a néanmoins été suivie par plusieurs autres auteurs.