Avignon (en occitan : Avignoun) est une ville du sud de la France, située au confluent du Rhône et de la Durance. Elle est le chef-lieu de l'arrondissement d'Avignon et la préfecture du département du Vaucluse, au nord-ouest de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, ainsi que le siège du...
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Avignon (en occitan : Avignoun) est une ville du sud de la France, située au confluent du Rhône et de la Durance. Elle est le chef-lieu de l'arrondissement d'Avignon et la préfecture du département du Vaucluse, au nord-ouest de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, ainsi que le siège du conseil du Grand Avignon.
Surnommée la « cité des papes » en raison de l'installation dans la ville de sept papes puis deux antipapes de 1309 à 1423 et du fait qu'elle reste possession des États pontificaux jusqu'en 1790, la renommée d'Avignon vient également de son pont et de ses fortifications préservées. Elle est actuellement la plus grande ville et la préfecture du département de Vaucluse.
Par sa population, Avignon constitue la Quarante-cinquième commune de France sur les 34 970 que compte le pays. Elle compte 91 921 habitants selon l'INSEE en 2020. L'aire urbaine d'Avignon est la seizième plus peuplée de France avec 530 267 habitants. Elle est l'aire urbaine qui a le plus augmenté au niveau national entre 1999 et 2010, avec une progression de 76 % de sa population et une augmentation de sa superficie de 136 %. La population de l'intercommunalité du Grand Avignon s'élève à 197 102 habitants.
La ville se caractérise par son patrimoine remarquable, l'état de conservation de ses remparts et de son centre historique qui comporte notamment le palais des papes, un ensemble épiscopal, le rocher des Doms et le pont d'Avignon. Elle est classée patrimoine mondial de l'UNESCO sous les critères I, II et IV.
La renommée européenne et internationale de son festival des arts du spectacle en fait une véritable vitrine artistique et culturelle de la ville. La ville a été capitale européenne de la culture en 2000.
Avignon comporte un cœur étudiant important, notamment grâce à son quartier étudiant (Agroparc) ainsi qu'à son université.
Histoire
Préhistoire
Ce site fut occupé dès le Néolithique comme l'ont prouvé les chantiers de fouille du rocher des Doms et du quartier de la Balance.
Stèle anthropomorphe, dite le plus vieil Avignonnais.
En 1960 et 1961, des fouilles dans la partie nord du rocher des Doms dirigées par Sylvain Gagnière ont mis au jour une petite stèle anthropomorphe (hauteur : 20 centimètre) qui fut trouvée dans une zone de terre remaniée. Sculptée dans de la molasse burdigalienne, elle a la forme d'une « stèle funéraire » avec sa face gravée d'une figure humaine très stylisée et sans bouche dont les yeux sont marqués par des cupules. Sur la partie inférieure, décalée légèrement sur la droite, a été creusée une cupule profonde d'où partent huit traits formant une représentation solaire, découverte unique sur ce type de stèle.
Par comparaison avec des figurations solaires identiques, cette stèle représentant le « premier Avignonnais » a été classée dans une période s'étalant entre l'âge du cuivre et le bronze ancien qui correspond au Chalcolithique méridional.
Cela a été confirmé par les trouvailles faites dans ce déblai, situé près du grand réservoir d'eau sommant le rocher, où ont été mis au jour deux haches polies en roche verte, une industrie lithique caractéristique des « pasteurs des plateaux », quelques objets de parures chalcolithiques et une grande abondance de tessons de poterie hallstattienne indigène ou importée (ionienne et phocéenne).
Antiquité
Stèle grecque en provenance d'Avignon, musée lapidaire.
Vestiges romains du 1ᵉʳ siècle, derrière le palais des papes d'Avignon.
Le nom de la ville remonte aux environs du 6ᵉ siècle avant Jésus-Christ La première citation d'Avignon (Aouen(n)ion) a été faite par Artémidore d'Éphèse. Si son ouvrage, La Périple, est perdu, il est connu par l'abrégé qu'en fit Marcien d'Héraclée et les Ethniques, dictionnaire des noms des villes que fit Étienne de Byzance en se basant sur cet écrit. Il y indique :
« Ville de Massalia (Marseille), près du Rhône, le nom ethnique (le nom des habitants) est Avenionsios (Avenionensis) selon la dénomination locale (en latin) et Auenionitès selon l'expression grecque ». Ce toponyme a deux interprétations : ville du vent violent ou encore plus vraisemblablement seigneur du fleuve. D'autres sources font remonter son origine au gaulois mignon (marais) et de l'article celtique défini.
Vestiges romains de l'ancien forum d'Avignon, actuelle place de l'Horloge.
Simple emporion grec fondé par les Phocéens de Marseille vers 539 av. J.-C., c'est au cours du 4ᵉ siècle avant Jésus-Christ que les Massaliotes commencèrent à signer des traités d'alliance avec quelques villes de la vallée du Rhône dont Avignon et Cavaillon. Un siècle plus tard, Avignon fait partie de la « région des Massaliotes ». ou du « pays de Massalia ».
Fortifiée sur son rocher, la cité devient par la suite et resta longtemps la capitale des Cavares. À l'arrivée des légions romaines vers 120 av. J.-C., les Cavares, alliés des Massaliotes, deviennent ceux de Rome. Passée sous domination de l'Empire romain, Aouenion devient Avennio et fait maintenant partie de la Gaule narbonnaise (118 av. J.-C.), puis de la Deuxième viennoise. Avignon reste « ville fédérée » de Marseille jusqu'à la conquête de la cité phocéenne par Caius Trebonius et Décimus Junius Brutus, lieutenants de César, elle devient alors une cité de droit latin en 49 av. J.-C. Elle acquiert le statut de colonie latine en 43 av. J.-C. Pomponius Mela la place parmi les villes les plus florissantes de la province.
Au cours des années 121 et 122, l'empereur Hadrien séjourne dans la Provincia où il visite Vaison, Orange, Apt et Avignon. Il accorde à cette dernière cité le statut de colonie romaine : « Colonia Julia Hadriana Avenniensis » et ses citoyens sont inscrits dans la tribu.
À la suite du passage de Maximien Hercule, qui allait combattre les Bagaudes, paysans gaulois révoltés, un premier pont en bois est construit sur le Rhône et unit Avignon à la rive droite. Il a été daté par dendrochronologie de l'an 290. Au 3ᵉ siècle, il existe une petite communauté chrétienne hors les murs autour de ce qui deviendra l'abbaye Saint-Ruf.
Haut Moyen Âge
Si la date de la christianisation de la cité n'est pas connue avec certitude et que ses premiers évangélisateurs et prélats relèvent de la tradition hagiographique, ce qui est assuré est la participation de Nectarius, premier évêque historique d'Avignon, le 29 novembre 439, au concile régional dans la cathédrale de Riez auquel assistent les treize évêques des trois provinces d'Arles.
En novembre 441, Nectarius d'Avignon, accompagné de son diacre Fontidius, participe au concile d'Orange convoqué et présidé par Hilaire d'Arles, où les pères conciliaires définissent le droit d'asile. L'année suivante, avec ses lecteurs Fonteius et Saturninus, il se retrouve au premier concile de Vaison avec dix-sept évêques, représentant des Sept Provinces. il décède en 455.
Médaille de Clovis, roi des Francs (vue d'artiste),
qui mit le siège devant Avignon en l'an 500.
Les grandes invasions ont commencé et les cités de la vallée du Rhône n'y échappent point. En 472, Avignon est pillée par les Burgondes et ravitaillée par Patiens, le métropolitain de Lyon, qui lui fait parvenir du blé.
En 500, Clovis premier, roi des Francs, attaque Gondebaud, roi des Burgondes, accusé du meurtre du père de son épouse Clotilde. Battu, celui-ci quitte Lyon et se réfugie à Avignon que Clovis assiège. Grégoire de Tours signale que le roi des Francs fit dévaster les champs, couper les vignes, raser les oliviers et saccager les vergers. Le Burgonde est sauvé par l'intervention du général romain Aredius. Il l'avait appelé à son secours contre les « barbares francs » qui ruinaient le pays.
En 536, Avignon suit le sort de la Provence qui est cédée aux Mérovingiens par Vitigès, le nouveau roi des Ostrogoths. Clotaire premier annexe Avignon, Orange, Carpentras et Gap ; Childebert premier, Arles et Marseille ; Thibert premier, Aix, Apt, Digne et Glandevès. L'empereur Justinien, à Constantinople, approuve cette cession.
En dépit de toutes les invasions, la vie intellectuelle continue à fleurir sur les berges du Rhône. Grégoire de Tours note qu'après la mort de l'évêque Antoninus, en 561, l'abbé parisien Dommole refusa l'évêché d'Avignon auprès de Clotaire premier, persuadé qu'il serait ridicule « au milieu de sénateurs sophistes et de juges philosophes qui l'auraient fatigué ».
En 583, Avignon subit un siège militaire, dans le cadre de la rivalité entre Austrasie et Burgondie pour le contrôle de la Provence, affaire complexifiée par la conjuration de Gondovald.
Les 7ᵉ et 8ᵉ siècles sont les plus noirs de l'histoire avignonnaise. La cité devient la proie des Francs sous Thierry II (Théodoric), roi d'Austrasie, en 612. Le concile de Chalon est le dernier qui, en 650, indique une participation épiscopale des diocèses provençaux. À Avignon, il ne va plus y avoir d'évêque pendant 205 ans, le dernier titulaire connu étant Agricol.
En 737, Charles Martel reprend la ville aux Arabes lors de la bataille d'Avignon.
Un gouvernement centralisé est remis en place et en 879, l'évêque d'Avignon, Ratfred, avec d'autres collègues provençaux, se rend au plaid de Mantaille, en Viennois, où Boson premier est élu roi de Provence.
Le Rhône peut à nouveau être franchi puisqu'en 890, une partie de l'antique pont d'Avignon est restauré dont la pile numéro 14 près de Villeneuve. Cette même année, Louis, fils de Boson, succède à son père. Son élection a lieu au plaid de Varennes, près de Mâcon, et Thibert, qui a été son plus efficace soutien, devient comte d'Apt. En 896, il agit comme plénipotentiaire du roi à Avignon, Arles et Marseille avec le titre de « gouverneur général de tout le comté d'Arles et de Provence ». Deux ans plus tard, à sa demande, le roi Louis fait don de Bédarrides au prêtre Rigmond d'Avignon.
Le 19 octobre 907, le roi Louis, devenu empereur et aveugle, restitue à Remigius, évêque d'Avignon, une île sur le Rhône. Cette charte porte la première mention d'une église cathédrale dédiée à Marie.
Après la capture puis le supplice de son cousin, Louis III, exilé d'Italie en 905, Hugues d'Arles devient son conseiller personnel et régent. Il exerce alors la plupart des prérogatives du royaume de Provence et en 911, quand Louis III lui cède les titres de duc de Provence et de marquis de la Viennoise,, il quitte Vienne et s'installe à Arles, siège d'origine de sa famille dont il fait la nouvelle capitale de Provence.
Le 2 mai 916, Louis l'Aveugle restitue au diocèse d'Avignon les églises de Saint-Ruf et de Saint-Géniès. Le même jour, l'évêque Fulcherius teste en faveur de ses chanoines et des deux églises Notre-Dame et Saint-Étienne formant sa cathédrale.
Un événement politique d'importance a lieu en 932 avec la réunion du royaume de Provence et de celui de Haute-Bourgogne. Cette union forme le royaume d'Arles dont Avignon est l'une des plus fortes cités.
À la fin du 9ᵉ siècle, les musulmans d'Espagne installèrent une base militaire à Fraxinet depuis laquelle ils menèrent des expéditions de pillage dans les Alpes durant tout le 10ᵉ siècle.
En 972, dans la nuit du 21 au 22 juillet, ils firent prisonnier dom Mayeul, l'abbé de Cluny, qui revenait de Rome. Ils demandent pour chacun une livre de rançon, soit 1 000 livres, une somme énorme, qui leur est rapidement payée. Maïeul est libéré à la mi-août et retourne à Cluny en septembre.
Carte du royaume d'Arles qui sera rattaché au Saint-Empire romain germanique en 1003.
En septembre 973, Guillaume et son frère aîné Roubaud, fils du comte d'Avignon Boson II, mobilisent, au nom de dom Maïeul, tous les nobles provençaux. Avec l'aide d'Ardouin, marquis de Turin, au bout de deux semaines de siège, les troupes provençales chassent les Sarrasins de leurs repaires du Fraxinet et de Ramatuelle, puis de celui de Peirimpi, près de Noyers, dans la vallée du Jabron. Guillaume et Roubaud y gagnent leur titre de comtes de Provence. Le premier siège à Avignon, le second à Arles.
En 976, alors que Bermond, beau-frère d'Eyric, est nommé vicomte d'Avignon par le roi Conrad le Pacifique, le Premier avril, le cartulaire de Notre-Dame des Doms d'Avignon indique que l'évêque Landry restitue aux chanoines de Saint-Étienne des droits qu'il s'était injustement approprié. Il leur cède un moulin et deux maisons, qu'il avait fait construire à leur intention sur l'emplacement de l'actuelle tour de Trouillas du palais des papes. En 980, ces chanoines sont constitués en chapitre canonial par l'évêque Garnier.
En 994, dom Maïeul arrive à Avignon où se meurt son ami Guillaume le Libérateur. Il l'assiste dans ses derniers moments dans l'île faisant face à la cité sur le Rhône. Le comte a comme successeur le fils qu'il avait eu de sa seconde épouse Alix. Celui-ci va régner en indivision avec son oncle Roubaud sous le nom de Guillaume II. Mais en face du pouvoir comtal et épiscopal, la commune d'Avignon s'organise. Vers l'an mil, il existe déjà un proconsul Béranger qui nous est connu, avec son épouse Gilberte, pour avoir fondé une abbaye au « Castrum Caneto ».
Le royaume d'Arles, en 1032, est rattaché au Saint-Empire romain germanique. Le Rhône désormais est une frontière qui ne peut être franchie que sur le vieux pont d'Avignon. Certains Avignonnais utilisent encore les expressions « terre d'Empire » pour désigner le côté avignonnais, et « terre du Royaume » pour désigner le côté villeneuvois à l'ouest, qui était possession du roi de France.
Bas Moyen Âge
Siège d'Avignon en 1226 (sur la gauche), mort de Louis VIII le Lion et couronnement de Louis IX (sur la droite).
Après le partage de l'empire de Charlemagne, Avignon, comprise dans le royaume d'Arles ou royaume des Deux-Bourgogne, fut possédée en commun par les comtes de Provence et de Forcalquier, puis par ceux de Toulouse et de Provence.
Sous la suzeraineté de ces comtes, elle fut dotée d'une administration autonome (création d'un consulat en 1129, deux ans avant sa voisine Arles). Si on a trouvé un cachet juif du 4ᵉ siècle à Avignon, la présence juive y est attestée depuis le 12ᵉ siècle. Les Juifs résident alors dans le quartier de la rue vieille juiverie à moins que ce soit rue Abraham.
Des enseignements au moins intermittents de droit sont attestés à Avignon dès les années 1130.
En 1209 a lieu le concile d'Avignon avec une deuxième excommunication pour Raymond 6 de Toulouse.
Lors de la guerre des albigeois, la ville ayant pris parti pour Raymond 7 de Toulouse, comte de Toulouse, elle fut assiégée et prise par le roi de France Louis 8 le 9 septembre 1226.
Fin septembre, soit peu de jours après la reddition de la ville aux troupes du roi Louis VIII, Avignon connut des inondations.
En 1249, elle s'érigea en une république à la mort de Raymond VII, ses héritiers étant partis en croisade.
Mais en 1251, elle fut forcée de se soumettre aux deux frères de Saint Louis, Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou, héritiers par les femmes des marquisat et comté de Provence, qui en furent coseigneurs. Après la mort d'Alphonse (1271), Philippe 3 de France hérita de sa part d'Avignon, et il la transmit en 1285 à son fils Philippe le Bel. Celui-ci la céda en 1290 à Charles II d'Anjou, qui dès lors resta seul propriétaire de toute la ville.
La papauté d'Avignon
Borne de limite des États pontificaux et du Comtat Venaissin.
Le palais des papes et la ville d'Avignon, interprétation du Maître de Boucicaut au début du 15ᵉ siècle
ms. 23279, folio 81, Bibliothèque nationale.
En 1309, sous le pape Clément 5, le temps du concile de Vienne, Avignon devint résidence pontificale. Son successeur, Jean XXII, ancien évêque de ce diocèse, en fit la capitale de la chrétienté et transforma son ancien palais épiscopal en premier palais des papes. Ce fut Benoît XII qui fit construire le palais Vieux et son successeur Clément VI, palais Neuf. Il acheta la ville, le 9 juin 1348 à Jeanne première de Naples, reine de Naples et comtesse de Provence. Innocent VI la dota de remparts. Ses deux successeurs Urbain V et Grégoire XI eurent la volonté de revenir à Rome. La seconde tentative fut la bonne. Mais la mort précoce du septième pape d'Avignon, provoqua le grand Schisme d'Occident. Clément VII et Benoît XIII régnèrent à nouveau à Avignon. Au total ce furent donc neuf papes qui se succédèrent dans le palais des papes et enrichirent celui-ci au fil de leur pontificat.
Sous leur règne, la Cour bouillonna et attira nombre de marchands, peintres, sculpteurs et musiciens. Leur palais, le plus remarquable édifice de style du gothique international, a été le fruit, pour sa construction et son ornementation, du travail conjoint des meilleurs architectes français, Pierre Peysson et Jean du Louvres, dit de Loubières, et des plus grands fresquistes de l'École de Sienne, Simone Martini et Matteo Giovanetti.
La bibliothèque pontificale d'Avignon fut au 14ᵉ siècle la plus grande d'Europe avec 2 000 volumes. Elle cristallisa autour d'elle un groupe de clercs passionnés de belles-lettres dont allait être issu Pétrarque, le fondateur de l'humanisme. Tandis que la chapelle clémentine, dite Grande Chapelle, attira à elle compositeur, chantres et musiciens, dont Philippe de Vitry inventeur de l'Ars Nova et Johannes Ciconia.
Urbain V prendra le premier la décision de retourner à Rome au grand bonheur de Pétrarque, mais la situation chaotique qu'il y trouve et les différents conflits l'empêchent de s'y maintenir. Il meurt très peu de temps après son retour à Avignon.
Son successeur Grégoire XI décide à son tour de rentrer à Rome, ce qui met fin à la première période de la papauté d'Avignon. Lorsque Grégoire 11 ramena le siège de la papauté à Rome, en 1377, la ville d'Avignon fut administrée par un légat. Les papes revinrent l'habiter pendant le Grand Schisme (1379-1411). Puis, de nouveau, la cité fut administrée par un légat, assisté, de manière permanente à partir de 1542, par un vice-légat.
Temps modernes
Archers lors du jeu du papegai à Avignon au 17ᵉ siècle.
À la mort de l'archevêque d'Arles Philippe de Lévis (1475), le pape Sixte 4 de Rome réduisit le diocèse d'Arles : il détacha le diocèse d'Avignon de la province d'Arles, l'érigea en archevêché et lui attribua comme suffragants les évêchés comtadins de Carpentras, Cavaillon et Vaison-la-Romaine.
Au 15ᵉ siècle, la ville d'Avignon subit une grosse inondation du Rhône. Aussi le roi Louis XI soutint-il la réparation d'un pont en octobre 1479, par ses lettres patentes.
En 1562, la ville est assiégée par le baron des Adrets, qui voulait venger le massacre d'Orange.
Charles 9 passe dans la ville lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la cour et des grands du Royaume : son frère le duc d'Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine. La cour y séjourne trois semaines.
Carte d'Avignon et du Comtat Venaissin, dessinée par Jean Picquet et gravée par Jean Leclerc.
1618, exil de Richelieu à Avignon.
La ville reçut la visite de Vincent de Paul en 1607 et celle de François de Sales en 1622.
En 1691, la fonction de légat est supprimée et le vice-légat gouverne désormais seul la cité. Ultérieurement, Avignon est donc restée possession pontificale jusqu'à la Révolution française. C'est la raison pour laquelle le prétendant Jacques-Édouard Stuart, fils de Jacques II chassé de son trône d'Angleterre par la « glorieuse révolution », s'installe avec ses compagnons jacobites dans la ville papale en 1716. Il y est accueilli avec les honneurs par le Vice-légat.
Au début du 18ᵉ siècle, les rues d'Avignon sont toujours étroites et tortueuses, mais le bâti se transforme et des maisons remplacent petit à petit les anciens hôtels. Autour de la ville, plantations de mûriers, vergers et prairies.
Le 2 janvier 1733, François Morénas fonde un journal, le Courrier d'Avignon, dont le nom évoluera au fil du temps et des interdictions. Publié dans l'enclave pontificale, hors du royaume de France, puis à Monaco, le journal échappait au système de contrôle de la presse en France (privilège avec autorisation préalable) tout en subissant le contrôle des autorités pontificales. Le Courrier d'Avignon parut de 1733 à 1793 avec deux interruptions, l'une entre juillet 1768 et août 1769 à cause de l'annexion d'Avignon à la France et l'autre entre le 30 novembre 1790 et le 24 mai 1791.
De la Révolution française à la fin du 19ᵉ siècle
Massacre de la Glacière, à l'intérieur du palais (1844).
Bateaux à Avignon (dessin de T. Allom, gravure de E. Brandard).
L'inondation à Avignon en 1856 ; photo Édouard Baldus.
Le 12 septembre 1791, l'Assemblée nationale constituante vota l'annexion d'Avignon et la réunion du Comtat Venaissin au royaume de France, à la suite d'un référendum soumis aux habitants dudit Comtat.
Dans la nuit du 16 au 17 octobre 1791, après le lynchage par la foule du secrétaire-greffier de la commune soupçonné à tort de vouloir saisir les biens des églises, ont lieu les massacres dits de la Glacière, épisode noir de l'histoire de la ville où une soixantaine de personnes furent sommairement exécutées et jetées dans la partie basse d'une tour du palais des papes.
Le 7 juillet 1793, les insurgés fédéralistes du général Rousselet entrent à Avignon. Lors du passage de la Durance pour la prise de la ville par les troupes marseillaises, une seule personne est tuée, Joseph Agricol Viala. Le 25 juillet, le général Carteaux se présente devant la ville qui est abandonnée le lendemain par les troupes du général Rousselet à la suite d'une erreur d'interprétation des ordres venus de Marseille.
À la création du département de Vaucluse le 12 août 1793, la ville en devient le chef-lieu. Cette réunion fut confirmée en 1797 par le traité de Tolentino. Le 7 vendémiaire an IV, le chevalier de Lestang s'empare de la ville pour les royalistes, avec une troupe de 10 000 hommes. Le représentant en mission Boursault reprend la ville et fait fusiller Lestang.
Pendant la Révolution et en 1815, Avignon fut le théâtre de déplorables excès de la Terreur blanche. Le 2 août 1815, le maréchal Brune y est assassiné.
Dans les années 1820-1830, Villeneuve est contrainte de céder à Avignon une partie de son territoire ; il s'agit de l'île de la Barthelasse.
Le 18 octobre 1847, la ligne ferroviaire Avignon – Marseille est ouverte par la Compagnie du chemin de fer d'Avignon à Marseille. En 1860, l'actuelle gare d'Avignon-Centre est construite. En novembre 1898, le réseau de tramway de la Compagnie des tramways électriques d'Avignon est ouvert en remplacement de l'ancienne compagnie de transport hippomobile.
Lors du coup d'État du 2 décembre 1851, des Avignonnais, dont Alphonse Gent, tentent de s'y opposer.
En 1856, une crue exceptionnelle de la Durance inonde Avignon.
Du 20ᵉ siècle à nos jours
Arrivée à Avignon de Raymond Poincaré, président de la République, le 14 octobre 1913.
Nouvellement élu président de la République au début de l'année 1913, Raymond Poincaré visita la Provence à la mi-octobre. Il donna dans son livre Au service de la France : l'Europe sous les armes : 1913, un descriptif de ses visites successives. Son but primordial était de vérifier in situ, l'état d'esprit des Félibres dans l'hypothèse probable d'un conflit avec l'Allemagne. Il rencontra à Maillane et à Sérignan-du-Comtat, les deux plus illustres Frédéric Mistral et Jean-Henri Fabre. Entre ces deux rendez-vous, il fit une pause à Avignon où il fut reçu triomphalement à l'Hôtel de Ville. Déjà la réception qu'il avait reçu au Mas du Juge par le poète et le repas commun qu'ils avaient pris dans le train présidentiel en gare de Graveson, l'avaient rassuré sur le patriotisme des Provençaux. Ce fut donc, en ces termes, qu'il s'adressa au prix Nobel de littérature : « Cher et illustre maître, à vous qui avez relevé, en l'honneur d'une terre française, des monuments impérissables ; à vous qui avez relevé le prestige d'une langue et d'une littérature dont notre histoire nationale a lieu de s'enorgueillir ; à vous qui, en glorifiant la Provence, avez tressé à la France une verdoyante couronne d'olivier ; à vous auguste maître j'apporte le témoignage de la reconnaissance de la République et de la grande patrie »,.
Le double V TGV d'Avignon, passage de la LGV Méditerranée sur le Rhône.
Le 20ᵉ siècle connaît un important développement de l'urbanisation principalement dans l'extra-muros et plusieurs projets importants voient le jour. Entre 1920 et 1975, la population a pratiquement doublé malgré la cession du Pontet en 1925 et la Seconde Guerre mondiale.
Côté transports, 1937 voit la création de l'aérodrome d'Avignon-Caumont qui deviendra aéroport et connaîtra du début des années 1980 à nos jours un essor important avec l'ouverture de lignes internationales, une nouvelle tour, des travaux d'allongement de piste, etc. Septembre 1947 : première édition du futur Festival d'Avignon.
Après la Seconde Guerre mondiale, le 11 novembre 1948, Avignon reçoit une citation à l'ordre de la division. Cette distinction comporte l'attribution de la croix de guerre avec étoile d'argent. La ville se relève, développe son festival, dépoussière ses monuments, développe son tourisme et son commerce.
En 1977, elle est lauréate du prix de l'Europe, remis par le Conseil de l'Europe.
1996, le projet concernant la ligne LGV Méditerranée est démarré. Son trajet la fait passer sur la commune et par-dessus le Rhône. De 1998 à 2001, construction de la gare d'Avignon TGV.
Toponymie
Origine du nom Avignon
Les formes les plus anciennes du nom sont rapportées par les Grecs : Аὐενιὼν / Aueniồn (Étienne de Byzance, Strabon, IV, 1, 11), Άουεννίων / Áouenníôn (Ptolémée, II, x).
L'appellation romaine Avennĭo Cavarum (Pomponius Mela, II, 575, Pline III, 36), c'est-à-dire Avignon des Cavares, précise qu'Avignon est l'une des trois villes de la tribu celto-ligure des Cavares, avec Cavaillon et Orange.
Les toponymistes font remonter ce nom à un thème pré-indo-européen ou pré-latinab-ên suivi du suffixe -i-ōn(e),. Ce thème serait un hydronyme, c'est-à-dire une appellation liée au fleuve (Rhône), mais peut-être aussi un oronyme au relief (le rocher des Doms).
L'Auenion du 1ᵉʳ siècle avant Jésus-Christ s'est latinisé en Avennĭo (ou Avēnĭo), -ōnis au 1ᵉʳ siècle pour s'écrire ensuite Avinhon en graphie classique ou Avignoun [aviɲũ] en graphie dite mistralienne. Ses habitants s'appellent en occitan provençal les avinhonencs (écriture classique) ou avignounen (écriture mistralienne).
« À Avignon » ou « en Avignon » ?
Selon l'Académie française, la tournure « en Avignon », attestée chez les meilleurs auteurs à la place de « à Avignon », s'explique comme archaïsme et comme régionalisme provençal. Elle continue d'être utilisée au niveau national par une partie non négligeable de la population et de la presse, mais semble en régression.
Deux explications peuvent être données quant à l'origine de ce « en » :
linguistique et littéraire : la langue occitane ne tolère pas l'hiatus. C'est pour cela qu'en provençal (un des dialectes de l'occitan), on dit an Avinhon, à-n-Avignoun, comme an Arle, à-n-Arle, mais aussi as Aiz, à-z-Ais (à Aix). Frédéric Mistral cite aussi en Avignoun. Cette particularité a dû influencer le français local et moins local, comme le montrent une multitude d'autres exemples (notion de français régional, de francitan) ;
historique : la locution « en Avignon » désignait à l'origine l'État pontifical d'Avignon qui a existé jusqu'en 1791. On résidait donc en Avignon, comme on pouvait résider en Provence.
Selon la mairie d'Avignon la préposition « en » peut s'utiliser quand on parle de la région autour de la ville, alors que « à » est appropriée lorsqu'on parle de la ville stricto sensu.
Géographie
Plans et vues satellite : 43° 57′ 00″ N, 4° 49′ 01″ E.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Vitrine artistique et culturelle de premier plan, Avignon s'impose comme une ville au riche patrimoine. « Ville d'art » jusqu'à la disparition de ce label en 2005 au profit du réseau des Villes et Pays d'art et d'histoire, la municipalité ne s'est pas incluse dans ce nouveau réseau.
C'est avant tout les remparts du 14ᵉ siècle que l'on remarque lorsque l'on s'approche du centre. Ils sont longs d'environ 4 kilomètres, sont flanqués de 39 tours et percés de 7 portes principales reparties tout autour de la vieille ville. Les anciennes douves ont été comblées et aménagées en promenades, autrefois le niveau des remparts était bien plus élevé assurant une bien meilleure protection aux habitants d'Avignon
C'est à cette période (1363) qu'est mentionné le grenier à sel d'Avignon dont l'origine est aussi ancienne que celle des remparts de la ville. Détruit à plusieurs reprises par les inondations du Rhône, sa dernière reconstruction est due à l'architecte Jean-Ange Brun. Il se distingue par sa façade monumentale, son vaste porche en plein cintre, ses hautes fenêtres à décor Louis XV. Le bâtiment avait été acquis et aménagé par un groupe d'investisseurs régionaux (commissaires priseurs, médecins libéraux, sociétés). Ce sont d'immenses et luxueux espaces, entièrement équipés, qui ont été réalisés dans des conditions particulièrement difficiles en raison de l'état de délabrement du monument. La conception du lieu a été réalisée par Jean-Michel Wilmotte.
Lorsque l'on ressort de la vieille ville et que l'on fait le tour le long des berges, on ne peut s'empêcher de rechercher le fameux pont d'Avignon, le pont Saint-Bénézet. Contrairement à ce que dit la chanson, sa largeur ne permet pas réellement de danser dessus (selon les danses de l'époque) et c'est dessous, où des berges avaient été aménagées, que l'on allait danser. Une version plus ancienne de la chanson disait d'ailleurs « SOUS le pont d'Avignon, l'on y danse l'on y danse… »
Le palais des papes du 14ᵉ siècle et le pont Saint-Bénézet (il s'agit du fameux pont d'Avignon) du 12ᵉ siècle sont classés au patrimoine de l'humanité par l'Unesco. Autres monuments : Livrée cardinalice, hôtels particuliers d'Avignon, collégiale Saint-Pierre d'Avignon.
Patrimoine culturel
Avignon possède plusieurs cinémas dont, deux cinémas Utopia, des cinémas indépendants classés Art et Essai et Cinéma de recherche. Le premier, composé de quatre salles, est situé à La Manutention, le second, d'une seule salle, est situé à République.
La ville possède aussi de nombreux théâtres, un opéra : l'opéra du Grand Avignon ainsi que de nombreuses galeries d'art.
Bibliothèques
La ville d'Avignon compte 10 bibliothèques dont trois bibliothèques universitaires (BU INSPÉ et BU Maurice Agulhon et Agroparc UAPV), une annexe de la Bibliothèque nationale de France et six bibliothèques municipales permettant au total la consultation de plus de 500 000 ouvrages.
L'une d'entre elles est une bibliothèque municipale classée ou « BMC ». La liste des BMC dont elle est issue, établie par l'article Premier du décret de 1933, modifié à plusieurs reprises, est désormais contenue par l'article D. 320-1 du Code du patrimoine.
La bibliothèque Jean-Louis Barrault fait partie des Grands Travaux des années 1980.
Musées
Le musée Calvet dans l'hôtel de Villeneuve-Martignan. Il est situé dans le quartier Avignon Centre.
En plus de son palais des papes et de ses divers monuments, la ville d'Avignon possède plusieurs musées qui présentent de riches collections :
le musée Calvet qui est le principal musée d'art de la ville (collection de peintures, sculptures, dessins, objets d'arts) et qui dépend de la Fondation Calvet ;
le musée du Petit Palais qui présente une exceptionnelle collection de peintures primitives italiennes et de l'École d'Avignon ;
le musée Lapidaire, qui présente des collections d'antiquités et qui dépend également de la Fondation Calvet ;
le muséum Requien (musée d'histoire naturelle), lui aussi dépendant de la Fondation Calvet ;
l'hôtel de Caumont qui abrite la Collection Lambert ;
les autres musées de la ville sont :
le musée de l'Œuvre présente dans 7 salles du Palais des Papes, l'histoire du palais. Il fait partie de la visite du palais,
le musée du Mont de Piété & de la Condition des Soies, rappelant l'histoire et le fonctionnement du Mont-de-piété et de la Condition des Soies. Le musée est situé dans l'ancienne chapelle de la Congrégation Notre-Dame-de-Lorette, 6 rue Saluces,
le palais du Roure contient un centre de documentation provençale et archéologique ainsi qu'un musée d'arts et de traditions populaires,
la maison Jean-Vilar (annexe de la Bibliothèque nationale de France),
le musée Angladon,
le musée Louis-Vouland présente une collection permanente d'arts décoratifs des Dix-septième et Dix-huitième siècles.
Avignon dans les arts
Peintures, gravures et sculptures
Le dessin représentant Avignon, en 1617, a été fait par le père jésuite Étienne Martellange. Il est à mettre en relation avec la carte dite « Carte aux personnages » et celle de l'Atlas Van Loo.
Avignon, uniquement dans le titre de l'œuvre :
La Pietà de Villeneuve-lès-Avignon, un tableau du 15ᵉ siècle d'Enguerrand Quarton ;
Les Demoiselles d'Avignon de Pablo Picasso (1907) (de la rue d'Avignon à Barcelone).
Films et séries
Plusieurs films se sont tournés à Avignon, mais rarement en faisant le centre de l'intrigue. Parmi eux, on peut noter :
Minuit, place Pigalle de Roger Richebé (1933) avec Raimu.
Je plaide non coupable d'Edmond T. Gréville (1956).
Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard (1965) bords de la Durance et Pont de Bonpas.
La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil d'Anatole Litvak (1970).
Les fous du stade de Claude Zidi (1972), tourné au stade et à la piscine municipaux.
L'Étudiante de Claude Pinoteau (1988), pour une scène où Vincent Lindon téléphone depuis une cabine sur la place du Palais.
Gazon maudit de et avec Josiane Balasko (1995)
Le hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau (1994)
Conte d'automne d'Eric Rohmer (1998)
Victor... pendant qu'il est trop tard de Sandrine Veysset (1998), notamment sur la Barthelasse.
18 ans après de Coline Serreau (2001).
La Répétition de Catherine Corsini (2001).
Toutes les nuits d'Eugène Green (2001).
L'Affaire Dominici de Pierre Boutron 2003 au tribunal d'Avignon.
Voici venu le temps d'Alain Guiraudie (2005).
Une grande année de Ridley Scott (2005).
Les Vacances de Mr Bean de Steve Bendelack (2007), dont des scènes ont été tournées dans les deux gares avignonnaises.
Désengagement d'Amos Gitaï (2007), pour le début du film se déroulant en France.
Le bruit des gens autour de Diastème (2008), consacré au Festival international de théâtre.
Parlez-moi de la pluie d'Agnès Jaoui (2008), où l'on voit la rue de la Peyrollerie.
Mea culpa (2014) de Fred Cavayé
Meurtres à Avignon (2016) de Stéphane Kappes
Deux feuilletons télévisés français ont été situés dans la ville : La Demoiselle d'Avignon en 1972, et La Prophétie d'Avignon, en 2007, sur le thème de l'ésotérisme, tourné dans le palais des papes.
Jeu vidéo
Dans l'univers de la saga Halo, Avignon est le nom donné par les colons français du satellite Meridian à la première ville qu'ils y bâtissent.
Photographies
Agnès Varda a fait une exposition de ses photographies consacrées au Festival à la Chapelle Saint-Charles dans son documentaire autobiographique Les Plages d'Agnès (2008).
Panorama de la place du Palais à Avignon.
Avignon dans la littérature
Tourisme littéraire
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Le Cinquième livre des faicts et dicts héroïques de Pantagruel, sur Wikisource
Rabelais, dans son Cinquième livre des faicts et dicts héroïques de Pantagruel, fait arriver le fils de Grandgousier, accompagné de frère Jean des Entomeures et de Panurge à Avignon, ville qu'il connaissait bien pour avoir fait ses études à l'université de Montpellier. Ayant été impressionné par le nombre de ses clochers, il rebaptise la ville l'Isle Sonnante et y fait arriver ses héros en plein grand Schisme d'Occident. Les six premiers chapitres sont consacrés à cette visite. Ils s'intitulent Comment Pantagruel arriva en l'Isle Sonnante, et du bruit qu'entendismes, Comment l'Isle Sonnante avoit esté habitée par les Siticines, lesquels estoyens devenus oiseaux, Comment en Isle Sonnante n'est qu'un Papegaut, Comment les oiseaulx de l'Isle Sonnante estoient tous passagers, Comment les oiseaulx gourmandeurs sont muts en l'Isle Sonnante, et Comment les oiseaulx de l'Isle Sonnante sont alimentez
Françoise Marguerite de Sévigné, peinture à l'huile attribuée à Pierre Mignard (vers 1669), musée Carnavalet, Paris.
En 1671, lors de l'arrivée de sa fille Françoise à Avignon, la marquise de Sévigné vanta les charmes de cette cité qu'elle ne connaissait pas encore mais que venait de lui décrire la comtesse de Grignan :
« Nous sommes ici dans un parfait et profond repos, une paix, un silence tout contraire au séjour que vous faites à Avignon. Vous y êtes peut-être encore, cette ville est toute brillante, vous y aurez été reçue avec toutes les acclamations. J'aime passionnément vos lettres d'Avignon, ma chère fille, je les lis et les relis. Il me semble que j'y suis, je prends part à votre triomphe. Je jouis enfin de votre beau soleil, des rivages charmants de votre beau Rhône, de la douceur de votre air ».
La beauté de la cité est confirmée par Anne-Marguerite Petit du Noyer (1663-1779), qui, lors de son séjour à Avignon, décrit son enthousiasme et son étonnement dans ses Lettres historiques et galantes de deux dames de condition dont l'une estoit à Paris & l'autre en province, ouvrage édité en 1733 :
« La situation de cette ville est enchantée ; le Rhône baigne ses murailles ; ce ne sont que jardins et prairies en dehors et bâtiments magnifiques en dedans ; les maisons de MM. de Mont-Réal et de Crillon sont les plus belles qu'on y voie ». Et cette protestante très libérale considérait que la vie que menaient Avignonnaises et Avignonnais était plus qu'idyllique car, explique-elle :
« Des couvents d'hommes et de filles embellissent encore cette charmante ville qui est sous un très beau ciel et sous la plus douce domination du monde, puisqu'elle ne connaît que l'autorité du pape exercée par un vice-légat qui est toujours un homme de condition et fort aisé à ménager. On ne sait ici ce que c'est qu'impôts et capitation, tout le monde y est riche et tout le monde y respire la joie. Les dames sont galantes ; les messieurs font de la dépense ; le jeu qu'on peut appeler plaisir universel est poussé ici aussi loin que l'on veut ».
Graffiti gravé au canif par Prosper Mérimée dans la chapelle Saint-Martial.
En 1834, Prosper Mérimée dans ses Notes d'un voyage dans le Midi de la France a relaté sa visite à Avignon et au palais des papes qu'il avait décidé de faire inscrire sur la première liste des monuments historiques de 1840. Ses impressions furent mitigées puisqu'il jugea ainsi l'ancienne cité papale :
« L'aspect général d'Avignon est celui d'une place de guerre. Le style de tous les grands édifices est militaire et ses palais comme ses églises semblent autant de forteresses. Des créneaux, des mâchicoulis couronnent les clochers ; enfin tout annonce des habitudes de révolte et de guerres civiles ».
Stendhal, à la même période, visita Avignon. C'était pour lui un retour aux sources puisque la famille de l'un de ses grands-pères en était originaire, ce qui lui permit de s'inventer des origines italiennes. Dans son livre Mémoire d'un touriste, publié en 1838, il narre, faisant fi de toute vérité historique à propos de Giotto et de l'Inquisition :
« Ce palais est étrangement ruiné aujourd'hui : il sert de caserne, et les soldats détachent du mur et vendent aux bourgeois les têtes peintes à fresque par Giotto. Malgré tant de dégradations, il élève encore ses tours massives à une grande hauteur. Je remarque qu'il est construit avec toute la méfiance italienne ; l'intérieur est aussi bien fortifié contre l'ennemi qui aurait pénétré dans les cours, que l'extérieur contre l'ennemi qui occuperait les dehors. C'est avec le plus vif intérêt que j'ai parcouru tous les étages de cette forteresse singulière. J'ai vu le pal (nommé veille) sur lequel l'inquisition faisait asseoir l'impie qui ne voulait pas confesser son crime, et les têtes charmantes, restes des fresques du Giotto. Les contours rouges du dessin primitif sont encore visibles sur le mur ».
En 1877, Henry James effectua un périple en France. Au cours de celui-ci, il visita pour la troisième fois Avignon, ville qui l'avait toujours déçu. Autant que le palais des papes qui était, pour lui, « le plus sinistre de tous les bâtiments historiques ». Il s'y rendit alors que le mistral soufflait en rafale et l'exécuta en une phrase :
« Cette énorme masse nue, sans ornement ni grâce, privée de ses créneaux et défigurée par de sordides fenêtres modernes, couvre le rocher des Doms et donne sur le Rhône qu'elle domine, ainsi que sur ce qu'il reste du pont Saint-Bénézet ».
En 1925, Joseph Roth, après un voyage en France, rassembla ses notes sous le titre Les villes blanches. Depuis la fin du 19ᵉ siècle, un mouvement de jeunes architectes de l'Europe centrale s'était passionné pour l'architecture de l'Italie du Sud. Le romancier autrichien voulut poursuivre cette quête en France méridionale et découvrit Avignon. Fasciné, il ressentit la cité des papes comme une ville qui fut « tout à la fois Jérusalem et Rome, l'Antiquité et le Moyen Âge ». Sa quête devint alors mystique : « Lorsque je me trouvai devant une des grandes portes enchâssées dans les murs blancs de la fortification, comme des pierres grises dans un anneau d'argent ; lorsque je vis les tours crénelées, la noble puissance, la fermeté aristocratique, l'intrépide beauté de ces pierres, je compris qu'une puissance céleste peut parfaitement prendre forme terrestre, et qu'elle n'a pas besoin de se compromettre pour se conformer aux conditions de la vie d'ici-bas. Je compris qu'elle peut, sans déchoir, assurer sa sécurité militaire et qu'il existe un militarisme céleste qui n'a rien de commun avec le militarisme terrestre : pas même l'armement. Ces places fortes, ce sont les papes qui les ont conçues. Ce sont des places religieuses. Elles représentent un potentiel sacré. Je comprends qu'elles aient pu préserver la paix. Il existe des places fortes pacifiques et des armes qui servent la paix en empêchant la guerre ».
L'académicien Pierre-Jean Remy, dans la préface d'un ouvrage consacré aux hôtels particuliers d'Avignon, s'est plu à constater :
« Peut-être que l'été d'Avignon est l'arbre qui nous cache la forêt. L'été avec ses afflux de touristes, le Festival naturellement mais aussi les grandes expositions, les mille et une rencontres autour de la place de l'Horloge, les colloques du palais des papes : la population d'Avignon croît alors et se multiplie au rythme des milliers de visiteurs, de la dizaine de langues qu'on y parle. Et puis l'automne arrive, Avignon retrouve la vie qui lui est propre, celle d'une grande et belle cité, qui connut ses heures de gloire et ses journées tragiques, où souffla le vent de l'histoire, de la religion, de la peinture et de la poésie, dont elle porte encore profondément ancrées dans ses pierres, les marques rayonnantes. L'été s'éloigne, Avignon redevient Avignon au-delà des foules qui trop souvent l'encombrent ».
Poèmes, chroniques, contes et romans
François Pétrarque.
Alors qu'il chérissait Fontaine-de-Vaucluse, Pétrarque ne se plaisait point à Avignon, qu'il comparait à une nouvelle Babylone. Il déversait sur elle les pires calomnies et médisances. La cité papale avait droit à ce type d'invective : « Ô Avignon, est-ce ainsi que tu vénères Rome, ta souveraine ? Malheur à toi si cette infortunée commence à se réveiller ! » Pour lui, Avignon était « l'enfer des vivants, l'égout de la terre, la plus puante des villes », « la patrie des larves et des lémures », « la ville la plus ennuyeuse du monde » ou bien « le triste foyer de tous les vices, de toutes les calamités et de toutes les misères ». Il ajouta même que « La Cour d'Avignon [était] un gouffre dévorant que rien ne peut combler ». Enfin, on lui prête cette pique qui depuis a fait florès « Avignon, sentine de tous les vices ». Cette formule lapidaire a été pourtant formulée différemment par le poète : « Avignon, ce n'est plus une ville, c'est la sentine de tous les crimes et de toutes les infamies ».
Les Mélancolies de Jean Dupin furent imprimées à Paris chez Michel le Noir, sans date, mais sûrement vers 1510. Jean Dupin commença à les rédiger en 1324 et les acheva en 1340. Dans ces deux strophes, le moraliste y mêle les critiques de népotisme qui ont été faites à Jean XXII et que n'a jamais mérité Benoît XII, à son étonnement de voir se construire une forteresse pontificale dans laquelle le pape « se tient fermez.
En Provence par seigneurie
A le pape (pris) son estaige
Dedans Avignon le citey.
La tient sa court, mais son lignaige
Y est qui prend tout l'avantaige
Les croces, les grans dignitez.
Nostre pape s'est bien mué :
Il vouldra ja de près vouler.
Bien est sa gayole gardee ;
En son palais se tient fermez
Et nul ne puet a luy parler
S'il ne porte d'or grant bousee.
Au 14ᵉ siècle, Jean Froissart, dans ses Chroniques décrit la réception organisée par Clément VII et ses cardinaux, au palais des papes, lors de la venue du roi Charles 6 en compagnie de son frère et de ses oncles de Berry et de Bourgogne, au cours de l'automne 1389. Il leur fut servi un « dîner bel et long et bien étoffé », puis après les festivités offertes par le roi et qui mêlèrent caroles et danses, « les dames et demoiselles d'Avignon » reçurent moult largesses de la part du souverain.
En 1855, dans le premier numéro de l'Armana Prouvençau paraissait un poème intitulé La cansoun di felibre. Il était dû à Théodore Aubanel, un des trois piliers fondateurs du mouvement félibréen. Le poète dans une strophe chante le palais des papes :
Dóu goutigue Avignoun
Palais e tourrihoun
Fan de dentello
Dins lis estello.
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La mule du pape, sur Wikisource
La Mule du pape, est l'un des contes les plus connus d'Alphonse Daudet, paru dans les Lettres de mon moulin en 1870. Il y décrit une cité des papes aussi imaginaire que son pontife Boniface mais qui est passée à la postérité : « Qui n'a vu Avignon du temps des Papes n'a rien vu. Ah ! l'heureux temps ! l'heureuse ville ! Des hallebardes qui ne coupaient pas, des prisons où l'on mettait le vin à rafraîchir, jamais de disette, jamais la guerre… Voilà comment les papes du Comtat savaient gouverner leur peuple ».
Portrait de Frédéric Mistral par Paul Saïn.
Quant à Frédéric Mistral, en 1897, dans Le poème du Rhône, il mêle dans la même louange admirative Avignon et le palais des papes : « C'est Avignon et le Palais des Papes ! Avignon ! Avignon sur sa Roque géante ! Avignon, la sonneuse de joie, qui, l'une après l'autre, élève les pointes de ses clochers tout semés de fleurons ; Avignon, la filleule de Saint-Pierre, qui en a vu la barque et l'ancre dans son port et en porta les clefs à sa ceinture de créneaux ; Avignon, la ville accorte que le mistral trousse et décoiffe, et qui pour avoir vu la gloire tant reluire, n'a gardé pour elle que l'insouciance ».
Théodore Aubanel est, avec Joseph Roumanille et Paul Giéra, le plus avignonnais des Félibres. Son recueil de poèmes :"Les filles d'Avignon" commence par la célèbre :"Venus d'Avignon", dédiée à Prosper Yvaren, médecin et écrivain..
Des auteurs plus récents ont pris Avignon comme cadre de leurs récits. Parmi ceux-ci, L'anonyme d'Avignon, roman de Sophie Cassanes-Brouquin, paru en 1992, où son héros, le jeune Toulousain Philippe de Maynial, se rend à Avignon après le départ des papes. Tous attendent encore un hypothétique retour et le palais des papes reste le symbole de la splendeur perdue. Toute la première partie se passe dans la cité désertée où le jeune homme apprend les techniques de la peinture. Grâce à son maître, il y découvre les grands anciens que furent Simone Martini et Matteo Giovanetti, et participe, sans le savoir, à la création de l'École d'Avignon dont les œuvres et les artistes vont influencer toute l'Europe.
Le roman policier Panique au Palais des Papes, de Henri Coupon, édité en 2000, où l'auteur, un avocat, a choisi Avignon et son Festival comme cadre d'une action terroriste. Après un bain de sang, la loi qui triomphera ne sera pas celle du code de procédure pénale.
Enfin La Prophétie d'Avignon, d'Emmanuelle Rey-Magnan et Pascal Fontanille, parue, en 2007, sous forme de roman qui reprend les grands thèmes du feuilleton télévisé, faisant d'Avignon et du palais des papes un haut-lieu de l'ésotérisme.
Avignon apparaît aussi dans des créations étrangères, qui plus est dans un manga. En effet l'œuvre de Kazuma Kamachi Toaru Majutsu no Index se passe dans la cité des papes durant l'arc « Academy City invasion of Avignon » ; de plus, on y croise de nombreux monuments de la ville dont le palais des papes et le pont Saint-Bénézet.
Le romancier Henri Bosco (1888-1976) est sans aucun doute l'écrivain, né en Avignon, le plus célèbre des écrivains contemporains de la ville des Papes. Il rend hommage à sa ville dans son premier roman, "Pierre Lampédouze" (1925), ainsi que dans sa trilogie de souvenirs de jeunesse :"Un oubli moins profond" (1961), "Le chemin de Monclar" (1962), "Le jardin des Trinitaires" (1966). Il a reçu en 1966 le prix de l'Académie de Vaucluse.
Autres
Hervé Aliquot, La chronique d'Avignon, Aubanel, 1990 (ISBN 978-2-7006-0142-8).
Frédérique Hebrard et Louis Velle, La demoiselle d'Avignon, Presses pocket.
Elsa Triolet et Martine Reid, Les amants d'Avignon, Gallimard, 2007, 135 pages (ISBN 978-2-07-034462-8 et 2-07-034462-2).
Jeunesse
Georges Foveau et Olivier Blazy, Myster Circus à Avignon, Rouge safran (ISBN 978-2-913647-09-1 et 2-913647-09-X).
Avignon et la philatélie
Le 20 juin 1938, un timbre du palais des papes dessiné par André Spitz et gravé par Jules Piel, d'une valeur faciale de trois francs a été émis par la Poste française.
Depuis 1960, chaque année, est organisée, par la Société philatélique Vauclusienne et Provençale, une « Journée du timbre » à Avignon, pour laquelle des cartes sont éditées avec comme illustration principale une vue du pont Saint-Bénézet et du palais des papes.
En 1974, les postes de l'île de Man émettent un timbre représentant le pont Saint-Bénézet.
En 1997, l'administration postale des îles Wallis-et-Futuna, pour le Cinquantième anniversaire du Festival d'Avignon, a consacré une de ses émissions à cet événement. Le timbre-poste d'une valeur de 160 francs représente au milieu des symboles du théâtre, de la danse et de la musique, le palais des papes illuminé par un feu d'artifice.
En hommage à Jean Vilar, la Poste a émis, le 8 juin 2001, un timbre à double valeur faciale 3 farad et 0,46 euro, avec en fond le palais des papes.
En 2009, l'administration postale française a émis un timbre d'une valeur faciale de 0,70 euro. Ce timbre, représentant le palais des papes dans son ensemble vue par l'ouest, est dessiné et gravé par Martin Mörck.
Gastronomie
C'est en 1835 que fut imprimé le premier ouvrage consacré à la cuisine avignonnaise et de manière plus générale méridionale. Ce livre de Pierre Chaillot jeune était un recueil de plus de 800 recettes d'origines diverses prises dans les différentes couches de la société.
Situation dans le domaine culinaire méditerranéen
La gastronomie avignonnaise « authentique » s'inscrit dans un fonds méditerranéen, de par l'utilisation de l'huile d'olive, d'oignon revenu dans cette huile et la grande variété d'herbes condiments.
À une échelle plus fine, elle s'inscrit dans un ensemble occitan caractérisé par l'utilisation de l'huile (d'olive ou non), par opposition à la moitié Nord de la France, faisant usage du beurre.
À une échelle encore plus fine, la cuisine avignonnaise s'inscrit dans le domaine provençal, avec des recettes très diversifiées. Les légumes sont très largement utilisés : légumineuses comme les lentilles, les haricots, les fèves, les pois-chiches, mais aussi la tomate, l'artichaut, l'aubergine et la courgette. L'utilisation de céréales comme l'épeautre, mais aussi de condiments comme l'ail, le thym, caractérisent aussi la cuisine provençale. Les provençaux se reconnaissent dans de nombreux plats identitaires, encore préparés de nos jours par les avignonnais : daube, aïoli, ratatouille, soupe d'épeautre, etc.
Une des caractéristiques de cette cuisine a été, pendant des siècles, l'utilisation quasi exclusive de la viande de mouton apprêtée à toutes les sauces. En 1784, le comte polonais Moszynski se vit proposer au cours du même repas prit dans une auberge d'Avignon, une soupe au bouilli de mouton, des côtelettes de mouton, du mouton bouilli, des pieds de mouton à la Sainte-Menehould, une tête de mouton au vinaigre, des queues de mouton grillées et une poitrine de mouton rôtie. Ce qui fit écrire au gentilhomme : « de sorte que, tout compte fait, j'ai eu à peu près un demi mouton pour un dîner qu'il fallut payer neuf livres et dont les restes ont nourri encore trois domestiques »
Quant au repas de fête, notamment le repas du soir de Noël appelé gros souper (lo gròs sopar, lou gros soupa), c'est un repas maigre, faisant largement appel aux herbes cultivées ou sauvages, aux cardons, présentés en gratins ou en sauce blanche, avec du poisson ou des escargots. Il se termine avec les treize desserts. Au sein du domaine provençal, la cuisine avignonnaise s'inscrit dans le domaine d'Arles et du Comtat, caractérisé par des astuces de préparation des légumes frais et secs, notamment avec les tians. Le tian est à l'origine un mets typiquement comtadin. C'est un gratin à base de légumes et d'huile d'olive. À noter que le mot tian désigne à la fois le contenant : un plat à gratin en terre cuite, et le contenu : le gratin lui-même. La truffe (Tuber melanosporum) est bien présente dans ce domaine culinaire, par exemple mangée en omelette ou en œufs brouillés. Par ailleurs, la cuisine d'Arles et du Comtat a très probablement été influencée par la présence des Juifs dans le Comtat et à Avignon. En effet, par exemple la recette de la raïte (raita, raito : morue frite et cuite dans du vin rouge) semble typiquement judéo-comtadine.
Spécialités traditionnelles
Il semble qu'on peut dégager au moins quatre recettes typiques d'Avignon, qui, si elles ne sont pas strictement réduites au terroir avignonnais, n'en représentent pas moins une facette de l'identité avignonnaise. Elles sont présentées ci-dessous.
Par ailleurs, les berlingots ou berlinguettes (berlingetas, berlingueto) pourraient bien représenter une cinquième recette avignonnaise typique. Il s'agit dans ce cas, non pas des bonbons de Carpentras, mais d'œufs durs farcis avec une pâte d'anchois, de pain et de jaunes d'œufs, cuits en gratins.
Un ouvrage consacré à la cuisine avignonnaise, et de manière plus générale méridionale, a été publié en 1835. Ce livre de Pierre Chaillot jeune était un recueil de plus de 800 recettes d'origines diverses prises dans les différentes couches de la société.
L'alose à l'étouffée
Pêche à l'alose sur les rives de la Barthelasse par William Marlow (1740-1813).
L'alose à l'étouffée (alausa a l'estofada, alauso à l'estoufado, ou alose à l'avignonnaise (alausa a l'avinhonenca, alauso à l'avignounenco) est un plat à base de poisson et d'oseille. L'alose est cuite à l'étouffée (a l'estofada, a l'estofèia) pendant de nombreuses heures, avec de l'oseille (Rumex acetosa), parfois des patiences (autres herbes du genre Rumex appelées lapaç en provençal), et de l'alcool ou de l'eau-de-vie. Le mélange d'alcool et d'oseille fait « fondre » les arêtes du poisson, qui devient ainsi beaucoup plus facile à manger. L'alose est devenue très rare à la hauteur d'Avignon, et a peut-être disparu, en raison de l'édification de barrages, notamment celui de Vallabrègues. De plus, la consommation de poissons du Rhône est maintenant interdite pour cause de pollution au PCB (polychlorobiphényle).
L'alose (Alosa alosa) est un poisson ressemblant à une très grosse sardine. Elle était pêchée dans le Rhône notamment à l'aide du vira-vira (ou vira-blanchard. Cette grande roue garnie de filets, dont de nombreux avignonnais se souviennent, était actionnée ingénieusement par le simple courant du Rhône, et fixée à deux bateaux face à la porte de la Ligne côté Barthelasse (ce bras du Rhône était alors le bras vif ; il est devenu le bras mort après les aménagements de la Compagnie nationale du Rhône). Il n'y avait qu'à chercher le poisson dans le fond d'un des deux bateaux. Le vira-vira, ainsi que « l'alose à l'oseille », sont connus dans de nombreuses communes des rives du Rhône et sont particulièrement liés à l'identité d'Avignon.
La daube avignonnaise
La daube avignonnaise (adòba avinhonenca, adobo avignounenco) est une variante de la daube classique. Au lieu du bœuf, il faut prendre de l'épaule d'agneau ou de mouton, et la marinade se fait dans du vin blanc.
Cette recette rappelle celle de la carbonade (carbonada, carbounado). Citée par Mistral dans le Pouèmo dóu Rose (« Poème du Rhône ») comme étant servie aux mariniers, développée par René Jouveau dans l'Armana prouvençau (« l'Almanach provençal ») de 1950, la carbonade est un plat à base de mouton cuit à l'étouffée avec des légumes et du vin blanc. Il peut être servi avec des haricots blancs et des fonds d'artichaut.
Le papeton d'aubergines
Typiquement avignonnais, le papeton d'aubergine est un flan à base de caviar d'aubergines et d'œufs. Il a été nommé ainsi du fait qu'il était cuit dans un moule ayant la forme d'une tiare pontificale. Il se sert avec un coulis de tomates fraîches. Cependant, le papeton n'est pas mentionné dans le Tresor dóu Felibrige de Mistral : l'appellation peut être récente.
Le crespèu
Le crespeou (prononcé [krɛsˈpɛw], « crespeou ») est un gâteau d'omelettes d'herbes et de légumes empilées par couches superposées que l'on mange froid accompagné ou non d'un coulis de tomate. Cette recette, qui semble être native de la région d'Avignon, est devenue populaire dans tout le Comtat Venaissin et la Provence.
La croustade avignonnaise à la viande
La croustade avignonnaise à la viande.
Spécialités récentes
Le navarin en avignonnaise
Toujours parmi les plats de la cuisine provençale, le navarin en avignonnaise.
Les papalines.
La papaline
Petit chardon formé de deux fines robes de chocolat retenant de la liqueur d'origan du Comtat, la papaline d'Avignon a été ainsi nommée en souvenir des papes avignonnais, mais sa création ne remonte qu'à 1960,. La recette de la liqueur d'Origan reste un secret de fabrication. Créée en 1870, elle est obtenue après distillation, macération et infusion de plantes dans des alcools sélectionnés pour leur finesse et auxquels s'ajoute du miel de très haute qualité. Une soixantaine de plantes entrent dans sa composition, toutes cueillies sur les contreforts du mont Ventoux et dans la campagne environnante.
Soixante-douze heures de « secrète alchimie » sont nécessaires pour donner forme à la papaline, cette cousine du chardon-liqueur, fabriquée de façon artisanale et distribuée uniquement en Vaucluse.
Vins et spiritueux
Le vin
Vignes intra-muros, au pied du jardin des Doms.
Vignoble du rocher des Doms.
Au cours de la papauté d'Avignon, un des plus célèbres vignobles intra-muros fut la Vinea Vespalis (vigne épiscopale) qui se situait sur le Plan-de-Lunel. Son vin avait été jusqu'au 11 juillet 1364 celui des chanoines d'Avignon. À cette date, Urbain V avait autorisé son frère Anglic de Grimoard à en disposer à sa volonté. Enfin le 10 juillet, par bulle, le pape autorisait son frère à exempter ses feudataires des charges de la Vinea Vespalis. Pour résumer, le Souverain Pontife avait dépossédé le chapitre capitulaire d'Avignon de ses vignes pour les octroyer à son cadet,. D'autres vignes se situaient, à l'est, dans le quartier des « Grands Jardins », terrains non bâtis entre les deux enceintes des remparts médiévaux et au sud dans le quartier de Champfleury qui avait été le cimetière des pestiférés en 1348.
Mais ces vignes, qui étaient conduites en hautain, étaient loin de suffire à l'approvisionnement de la cité papale. Aussi chaque pontife s'approvisionna tant avec des vins locaux qu'avec des crus faciles à faire venir à Avignon par voie fluviale. Un vignoble du Grand Avignon fut constitué. Dans le Comtat Venaissin, les vins de Malaucène, Bédarrides, Valréas, Carpentras, Apt et bien sûr Châteauneuf-du-Pape eurent la préférence. Les vignes du Languedoc telles celles de Saint-Gilles, Tavel, Bagnols ou Villeneuve-lès-Avignon fournissaient les celliers pontificaux. De la Provence venaient des vins de Manosque, de Toulon et de Saint-Rémy. Certains remontaient ou descendaient le Rhône comme le Cante-Perdrix, célèbre cru de Beaucaire, le Clos-de-vougeot et l'Hermitage. Quatre siècles plus tard, Honoré Bouche, dans sa Chorographie de la Provence, parue en 1654, indique que ces vins d'Avignon approvisionnaient toujours les caves du Vatican : « Il y en a de blancs, de rouges, de paillets, de clairets, de muscat, de malvoisie, et tous extrêmement bons, forts et généreux. Et j'ai vu à Rome qu'on conservait quelques pièces de vin provençal comme le meilleur pour la table du Saint-Père ». Anne-Marguerite Petit Dunoyer confirme dans une de ses lettres que quelques-uns de ces vins étaient toujours appréciés à Avignon : « Jugez, Madame, si dans un pays que l'on pourrait appeler l'île de Cythère, où les ris et les jeux que la misère du temps a chassé de la France, se sont réfugiés où l'on fait bonne chère, où l'on boit des vins de l'Hermitage et de Cante-Perdrix que l'on peut appeler des vins des dieux, puisque c'est le même qu'on envoie à Rome pour la bouche du Saint-Père, jugez, dis-je, si dans un pays si délicieux, je puis beaucoup m'ennuyer ».
Actuellement, Avignon revendique le titre de « capitale des côtes-du-rhône » puisqu'elle accueille le siège social d'Inter Rhône, en l'hôtel de Rochegude, qui regroupe l'interprofession des côtes-du-rhône et des AOC de la vallée du Rhône.
Le Pernod
En 1884, Jules-François Pernod se lance dans la distillation de l'extrait d'absinthe dans son usine de Montfavet. Il s'enrichit rapidement par la commercialisation de la fée verte. Il meurt en 1916, à l'âge de 89 ans. Son fils et successeur, Jules-Félix Pernod, fait déposer la marque « Anis Pernod », dès la fin de la Première Guerre mondiale.
L'Origan du Comtat
Cette liqueur, produite à base d'origan, est une spécialité de la Distillerie A. Blachère, une des plus anciennes de Provence, qui était alors installée à Avignon.
Les eaux-de-vie de la Distillerie Manguin
Installée depuis un demi-siècle dans l'île de la Barthelasse, cette distillerie artisanale produit des eaux-de-vie blanches de fruits en particulier la poire Williams.
Personnalités liées à la commune
Olivier Messiaen, compositeur.
De nombreuses personnalités sont liées à l'histoire du territoire d'Avignon et de sa ville. Qu'ils y soient nés ou simplement fortement liés, on trouve des personnalités religieuses comme des papes ou des cardinaux (Annibal de Ceccano, Hélie de Talleyrand-Périgord…), des personnalités politiques présentes ou passées, des militaires (Lucantonio Tomassoni da Terni, 16ᵉ siècle, colonel ombrien en service de l'Église contre les huguenots. Juan Fernández de Heredia, Raymond de Turenne…), des sportifs (Éric Di Meco, Cédric Carrasso, Younès Belhanda, Yoann Touzghar, Jean Alesi, Tony Gigot, Benoît Paire), des artistes, qu'ils soient sculpteurs (Jean-Pierre Gras, Camille Claudel, Joseph Bonnefille), peintres (Claude Joseph Vernet, Paul Saïn, Pierre Grivolas, Émile Bouneau, Michel Bonnaud, Joseph Meissonnier, Albert Gleizes), les membres de la première école d'Avignon (Simone Martini, Matteo Giovannetti), de la seconde (Enguerrand Quarton, Nicolas Froment) ou du Groupe des Treize, compositeurs (Jean-Joseph Mouret,Pierre-Gabriel Buffardin, Olivier Messiaen), bâtisseurs (Pierre Mignard, Jean Péru, Jean-Baptiste Franque), acteurs (Jean Vilar, Daniel Auteuil, Alice Belaïdi, Loïc Corbery), chanteurs (Fernand Sardou, Mireille Mathieu, Guy Bonnet, Emma Daumas), musiciens (Alexandre Saada, Jean-Pierre Maurin, Yves-Marie Bruel), vidéastes web (François Theurel, Patrick Baud, Ponce), écrivains (John Stuart Mill, Marianne-Agnès Falques, Henri Bosco, Pierre Boulle, René Girard, Jean-Marc Rouvière, Mazarine Pingeot, Élisabeth Barbier, Tito Topin, Mazarine Destiné) et poètes (Pétrarque, Frédéric Mistral, Joseph Roumanille, Théodore Aubanel…) dont plusieurs membres du Félibrige, ou comme le seul grand couturier installé en province, Jean Sully-Dumas.
Symboles de la ville
Blason
Unguibus et rostro
Les armes d'Avignon peuvent se blasonner : De gueules, à trois clefs d'or posées en fasce, c'est-à-dire trois clefs d'or superposées et tournées vers la gauche sur un fond rouge. Ces armoiries ont été adoptées en 1348, après que le pape Clément VI a acheté la cité à la reine Jeanne. Les trois clefs évoquent l'emblème papal, qui comprend deux clefs en sautoir, et le nombre de trois rappelle que la ville d'Avignon était alors gouvernée par trois syndics.
Les premiers symboles municipaux remontent au 12ᵉ siècle et aux sceaux utilisés par la chancellerie épiscopale. Ceux-ci présentaient d'un côté la figure de l'évêque d'Avignon, et de l'autre celle du saint empereur romain. La figure de l'empereur fut remplacée au 13ᵉ siècle par un aigle, emblème du Saint-Empire romain germanique. Les consuls de la ville étaient moins favorables à l'Empire que les autorités religieuses, et ils utilisèrent plutôt l'image du faucon gerfaut, moins agressive.
Au 15ᵉ siècle, des gerfauts furent réintroduits en tant que supports à l'écu, sur demande de la population auprès du pape. La devise de la ville fut adoptée au même moment : Unguibus et rostro. Sa signification, « à bec et ongles », fait référence aux gerfauts. Les deux oiseaux portent chacun un grelot à la patte, afin de maintenir symboliquement l'attention des syndics sur les affaires de la cité. La Croix de guerre 1939-1945 a été ajoutée aux armoiries municipales en 1948.
Devise
La devise d'Avignon est Unguibus et rostro qui signifie littéralement « à bec et à griffes », équivalent de l'expression française « à bec et ongles ». Elle évoque les gerfauts présents sur les armoiries et elle a été choisie par les autorités locales au 15ᵉ siècle pour montrer leur volonté de défendre les libertés de la ville.
Slogan
Le slogan de la ville de mai 2012 à mai 2014 est « Avignon, Ville d'Esprit ».
Depuis 2017, le nouveau slogan de la ville est « Avignon, Ville d'Exception ».
Logotype
en 2009, le logotype de la ville représente le pont Saint-Bénezet sur lequel est écrit en capitales « AVIGNON ». Il s'agit d'une photographie floutée et truquée du pont, l'arche étant anormalement allongée pour ressembler à une ligne. De couleur jaune ocre contrastant avec le ciel et l'eau du Rhône, le pont est reconnaissable par sa chapelle. Plusieurs versions ont vu le jour. Ainsi peut figurer sur la partie basse, en dessous du pont, le slogan : « VILLE D'ESPRIT » ;
en mai 2012, à la suite d'un problème de droits posé par la photo utilisée, le logo est simplifié,. Sur le logotype de la ville apparaît alors une ligne qui représente le pont Saint-Bénezet sur lequel est écrit en capitales « AVIGNON ». La ligne, représentant la pont, est de couleur orange. Elle contraste avec le ciel (bleu ciel) et l'eau du Rhône (bleu foncé). Ainsi peut figurer sur la partie inférieure droite, l'adresse du site internet de la ville : « www.avignon.fr ».
en mai 2014, l'adresse internet figurante sur le logotype de la ville, est simplifiée. Ainsi figure, alors sur la partie inférieure droite, l'adresse du site internet de la ville : « avignon.fr ».
en 2017 apparaît dans les campagnes de communication de la ville un nouveau logo dotée du slogan « Ville d'exception », il sera décliné en diverses couleurs et formes et utilisé en parallèle du logo déjà présent jusqu'en 2020 où le nouveau logo accompagné de sa couleur rouge remplacera définitivement l'ancien logo.
Saints patrons
Au cours de son histoire, la ville d'Avignon se serait dotée de plusieurs saints tutélaires. Au 18ᵉ siècle, lors de l'aménagement du quai du Rhône, les statues de ces saints s'y succédaient.
Saint Ruf : considéré comme le fondateur de l'Église d'Avignon.
Sainte Marthe.
Pierre de Luxembourg : patron d'Avignon depuis 1432, béatifié en 1527. L'église Saint-Didier possède des reliques de son corps.
Saint Agricol : né à Avignon en 627 de saint Magne, évêque de la ville auquel il succéda. Il fut déclaré, en 1647, patron de la ville par l'archevêque César Argelli.