Bonnetan (Bonetan —avec un seul n — en gascon) est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département de la Gironde en région Nouvelle-Aquitaine.
Histoire
Bonnetan est un village dont l'implantation est ancienne mais l'origine de son nom est soumise à controverse :
- Des sources historico-archéologiques (?) feraient référence à une exploitation agricole entourée de vignes dès l'époque gallo-romaine et dont le propriétaire serait un dénommé Bonitus. Le nom de la commune proviendrait ainsi de l'anthroponyme et du suffixe latin -anum.
- Selon les Archives Départementales de la Gironde, le toponyme "Bonnetan" apparait pour la première fois dans le Grand Cartulaire de l'abbaye de La Sauve Majeure (1185) à propos d'un don fait par Dame Mathilde, veuve de Raimond de Bonnetan parti en croisade à Jérusalem.
- Une version toponymique consisterait à faire dériver Bonnetan du gascon "boun estang", par analogie avec un étang dans un point bas de la commune, version qui trouve écho dans la devise (toutefois récente) de la commune : "aou bouns pescayres, boun estang".
- Des documents issus de la Comptabilité de l'Archevêché de Bordeaux, relatent des relances adressées à Arnaud de la Mote, curé de la paroisse de "Bonétan" (orthographe retrouvée dans plusieurs documents entre 1337 et 1624) pour retard au versement des dîmes entre 1338 et 1346. Pendant la Guerre de 100 ans, en 1372, un certain Arnaud Forthon déclare ne pouvoir payer son bail à l'Archevêché pour la raison que les Français ont détruit tous les produits du village.
- Enfin, l'église de "Bonetano" apparait dans la Nomenclature des Paroisses du Diocèse de 1398 : "Sanctus Martinus de Bonetano".
- L'Inventaire Sommaire des Archives Départementales antérieures à 1790 mentionne un bail à fief (acte de concession de biens) d'une terre, près d'une propriété de « la coffrayria prebeyriu » en 1452, une reconnaissance pour une parcelle de terre confronte « la terra de la confrayria de preberiu » en 1478 mais également la présence d'une seigneurie foncière en 1498 sur la commune de "Bonnetan".
- Toujours dans les Archives départementales de la Gironde, un document des Administrations Provinciales - intendance de Bordeaux fait référence en 1770, à la commune sous le nom "Bonnetan-entre-deux-mers".
La plupart des nombreux lieux-dits de la commune ont une sonorité gasconne. Ainsi, le nom du ruisseau qui court à travers le village, Canterane, vient du gascon "du lieu où chante la grenouille". Certains de ces noms sont soumis à discussion entre linguistes, historiens, archéologues et "simples" passionnés. Par exemple "le Pas d'Ouen"; il s'agit soit d'un mot provenant du gascon signifiant "prairie humide, pacage", soit son origine est religieuse (et dans ce cas, mal orthographiée au fil des siècles) et vient du verbe oindre comme c'est le cas dans le secteur de Verdelais. Dans un acte du roi-duc Edouard Ier, le mot est cependant attesté sous la forme "padouëns" (bas latin médiéval: paduens-paduentis) et sa traduction est : pâturage communal.
La Protohistoire, l'Antiquité et la période médiévale de Bonnetan sont mal connues. L'archéologie par photographie aérienne a révélé la présence d'anciennes structures anthropiques (creusement de fondations ou fossés, édification de murs) et des fragments de poterie et d'objets métalliques anciens ont été retrouvés non loin de la Canterane.
Les Archives départementales de la Gironde font état de la présence d'une mardelle nivelée par des plants de vignes, et ce, au lieu-dit Fossa-Johan, en 1275. Les mardelles sont des excavations creusées par l'homme, datant de l'époque gauloise, qui attestent de la présence de maison de bois et d'argile, de plan circulaire. Ladite maison est montée sur un soubassement de pierres sèches, ou enfoncée à demi dans le sol. Lorsque l'excavation subsiste, formant un étang (tiens donc), cela s'appelle une mardelle.
Au lieu-dit Peychaud (également nom d'un chateau appartenant à la famille de Pontac, que l'on retrouve sur la commune d'Ambarès- et-Lagrave), la motte du Bois des Douves, de plan carré d'environ 25 mètre de côté, était entourée de fossés, assez larges, aujourd'hui plus ou moins comblés, mais sa fonction reste méconnue : une motte féodale dominant le Bourgou ou un fanum (ce qui, avec l'attestation d'au moins une mardelle, pourrait signifier la présence d'un oppidum) ; en effet, bien que la majorité des sanctuaires s'intègre dans une aire sacrée ou péribole, on connaît également des exemples délimités par de simples "fossés d'enclos", et ce surtout avant le milieu du Ier siècle et sur nombre de sanctuaires ruraux de petite ampleur. Le débat sur ce point est ouvert depuis le 19ᵉ siècle.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- L'église Saint-Martin avec son cimetière et un monument sépulcral. Elle est inscrite à l'Inventaire général du patrimoine culturel. Le vocable de l'église Saint-Martin indique qu'elle pourrait avoir été fondée au VIe ou au VIIe siècle, au moment de l'évangélisation de la région et de la grande popularité de ce saint. C'est une petite église romane dont la construction remonte vraisemblablement à la première moitié du XIIIe siècle. Pendant la Fronde, en 1649, l'église de Bonnetan est saccagée et pillée par des hommes de la garnison du château de Vayres et elle est remaniée à la suite de l'effondrement des voûtes, à partir de 1664. C'est un édifice qui a également été très restauré en 1890, date à laquelle furent ajoutés une sacristie, un porche, une fausse voûte et une tribune. Elle est de plan allongé, composée d'une nef de deux travées terminée par un chevet plat, Le clocher arcade a été transformé en tour carrée par l'adjonction de trois côtés. Six corbeaux romans figurent dans la première travée. Un porche en forme de couloir sert de péristyle à l'église. L'auvent de façade a été construit en 1852. L'édifice conserve une chaire en noyer provenant du couvent de la Merci de Bordeaux (les mercédaires étaient des religieux qui rachetaient des chrétiens fait prisonniers par les Maures ou alors qui s'engageaient à leur place et devenaient esclaves). De style fin Louis XIV, cette chaire octogonale présente cinq côtés sur un cul-de-four décoré de larges feuilles. Entre ce dernier et le corps de la chaire s'étend un tore en olivier. Trois tableaux encadrés de moulure décorent la rampe. Sur chaque pan de la chaire figurent quatre sujets dont la composition tourmentée rappelle l'école de Lesueur. Comme couvrement, on a une fausse voûte en berceau et une fausse voûte en anse de panier. Présence d'un escalier intérieur en vis. Le gros-œuvre : pierre, pierre de taille, moellon, enduit partiel. Type de couverture : toit à longs pans ; croupe ; toit en pavillon. Matériau : tuile creuse Décor : sculpture, représentation : ornement végétal, sujet : feuillage, support : intérieur, chapiteaux
- Le presbytère : avec écuries, remise, chai et cuvier. L'édifice correspond à la description qui en est faite lors de sa vente en 1796 mais ne parait pas antérieur au milieu du 18ᵉ siècle si l'on se réfère à son décor d'architecture tant intérieur qu'extérieur. Il daterait donc de la seconde moitié du 18ᵉ siècle. Le gros-œuvre est en pierre, moellon, enduit. Type de couverture : toit à longs pans, croupe. Matériau : tuile creuse. Étages : sous-sol ; un étage carré ; étage de comble. Escaliers : escalier intérieur ; escalier tournant à retours avec jours.
- Le château de la Loubière. C'est un édifice de la fin du 15ᵉ siècle - début du Seizième (pour l'essentiel) ayant appartenu à la famille de Canolle, seigneurs de Lescours et de la Loubeyre. Puis au 17ᵉ siècle, et jusqu'à la Révolution, il appartient à la famille de Ségur. Le château présente deux toits à pignons aigus, couverts de tuile plate et courant parallèlement, sur un grand logis rectangulaire de deux niveaux surmontés d'un étage de combles. Il est flanqué d'une tour carrée qui abritait peut être un escalier à vis. Une étude plus poussée déterminerait si les deux blocs formant le logis sont le résultat d'une, deux ou trois campagnes de construction. Un linteau trouvé lors de travaux de restauration indique que le logis était équipé de fenêtres à meneaux et croisillons à moulures prismatiques de la fin du 15ᵉ ou du début du 16ᵉ siècle. Sous les Ségur, certaines ouvertures sont remaniées, une porte à motifs antiquisants est ouverte au rez-de-chaussée et une nouvelle construction est accolée contre le mur pignon ouest. Au 18ᵉ siècle, est venue se greffée une aile de communs en retour d'équerre, portant la date de 1766 sur une porte, puis une seconde (dépendances agricoles) au 19ᵉ siècle, formant une cour en U. Cette demeure a servi d'auberge-relais au 19ᵉ siècle. Parties constituantes : cuvier ; remise ; écurie ; pigeonnier ; parc ; puits ; logement de domestiques ; chai. Gros-œuvre : pierre ; pierre de taille ; moellon ; enduit partiel. Type de couverture : toit à longs pans ; pignon découvert ; pignon couvert. Matériau : tuile plate ; tuile creuse. Escaliers : escalier hors-œuvre ; escalier tournant à retours sans jour.
- Il y avait plusieurs anciennes fermes et maisons (domaine) des siècles précédents :
- Le domaine de Bel air; Parties constituantes : logement de domestiques ; chai ; cuvier ; remise ; parc. Maison construite dans la première moitié du 19ᵉ siècle ; chai et cuvier de vastes dimensions édifiés dans la seconde moitié du 19ᵉ siècle gros-œuvre : pierre ; moellon ; enduit. couverture (type) : toit à longs pans ; croupe. Matériau : tuile mécanique. Étages : un étage carré ; un vaisseau. escaliers : escalier intérieur ; escalier tournant à retours avec jour. Typologie : toit à croupes et élévation ordonnancée. État : détruit.
- Ferme du lieu-dit Langlois. Parties constituantes : remise ; écurie ; puits. Ferme importante vraisemblablement édifiée au 18ᵉ siècle car le décor, les baies, datent du 18ᵉ siècle mais ce pourrait être un édifice plus ancien remanié radicalement à cette époque. Gros-œuvre : pierre ; moellon. Couverture type : toit à long pans, pignon couvert. Matériau : tuile creuse. étages : 1 étage carré. Décor : sculpture. Représentation : mascaron ; cœur. Escaliers : escalier intérieur ; escalier droit. Typologie : mur gouttereau en façade. État : restauré
- Il y a, dans le village, une ancienne carrière de pierre, maintenant remplie d'eau et une petite forêt appelée par les habitants "Le petit bois".
Héraldique
Ecu français du XIVe siècle.
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Les armes de Bonnetan se blasonnent ainsi :
Gironné d'argent et d'azur au chef burelé aussi d'azur et aussi d'argent de huit pièces ondées chargé d'un brochet du même.
Devise de la commune : aou bouns pescayres, boun estang : aux bons pêcheurs, bon étang.
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