Capbreton (/ka.bʁə.tɔ̃/) est une commune française située dans le département des Landes, en région Nouvelle-Aquitaine.
Le gentilé est Capbretonnais.
Port de plaisance et de pêche très actif (pouvant anciennement aller pêcher la morue jusqu'à Terre-Neuve), Capbreton est une station balnéaire réputée située juste en face de Soorts-Hossegor sur l'océan Atlantique où se terminent les rivières du Bourret et du Boudigau.
Histoire
C'est dans la deuxième moitié du 12ᵉ siècle que le nom de Capbreton apparaît pour la première fois dans les archives de Bayonne : l'histoire des deux villes est alors intimement liée, pour le meilleur et pour le pire (les Bayonnais, au prix de luttes et de procès incessants, voulaient s'assurer le monopole des échanges commerciaux sur l'Adour et son débouché maritime).
Il existe au large de Terre-Neuve, l'île du Cap-Breton : tire-t-elle son nom de Capbreton ? Rien n'est moins sûr mais, dans cette île, la présence des marins gascons est attestée comme en témoignent de nombreux noms de villages ou lieux-dits de l'île (citons, entre autres, le village de Gabarrus qui porte le nom d'une des plus illustres familles d'armateurs capbretonnais).
Au temps de son apogée (15ᵉ et 16ᵉ siècles), Capbreton comptait entre 2 000 et 3 000 habitants, tirant sa prospérité du commerce florissant vers l'Espagne, le Portugal et les Pays-Bas de ses réputés « vins de sable », issus des vignes plantées sur les dunes bordant le cours ultime de l'Adour, de Labenne à Messanges, et des produits de la forêt environnante (liège, poix, résine, planches de pin).
Capbreton a conservé peu de témoignages de son ancienne splendeur : elle fut en effet ravagée par des raids des marins espagnols du temps des nombreuses guerres qui opposèrent royaumes de France et d'Espagne : quelques maisons à encorbellement et colombages sont encore visibles. Son vieux quartier du Bouret était placé sur le chemin littoral menant à Saint-Jacques-de-Compostelle. L'église Saint-Nicolas a été reconstruite au milieu du 19ᵉ siècle mais conserve encore une porte gothique ainsi qu'une très belle pietà polychrome du 15ᵉ siècle. Son clocher, en forme de haute tour souvent remaniée, servait d'amer pour les navires. Si les ex-votos traditionnels des marins ont été détruits pendant la Révolution, on peut encore admirer, placardés sur les murs du porche et de la nef, les noms de nombreux marins natifs de Capbreton, qui ont souvent péri bien loin de leur port d'attache.
En 1578, après de gigantesques travaux, l'ingénieur Louis de Foix détourna l'Adour au Boucau Neuf, évènement qui entraîna la perte progressive mais irrémédiable de l'embouchure de Capbreton et, plus au nord, de celle du Port d'Albret, désormais devenu « Vieux-Boucau » (qui signifie vieille embouchure en gascon) alors principal débouché maritime de ce fleuve vagabond qu'était l'Adour. Cette décision, funeste pour Capbreton et Port d'Albret, permit au commerce bayonnais de reprendre son monopole, au prix d'entretiens coûteux de cette nouvelle embouchure qui fut longtemps, par sa barre, réputée très dangereuse, contrairement au havre très sûr situé à portée de Capbreton.
Les habitants de Capbreton ne se résignèrent jamais à la perte de leur port : si les ingénieurs de Vauban reconnurent la qualité d'abri naturel du gouf de Capbreton, il fallut attendre l'empereur Napoléon III pour que des travaux redonnent vie à l'ancien port. Un bassin de chasses fut créé depuis le lac d'Hossegor, qui, canalisé, a permis de pérenniser l'embouchure naturelle de Capbreton, mais avec une largeur désormais bien modeste par rapport à celle de son passé. Dans la première moitié du 20ᵉ siècle, une importante flottille sardinière existait à Capbreton.
Le Second Empire vit aussi la création de l'estacade pour prolonger l'entrée du port et la sécuriser. Et ultérieurement celle du sanatorium Sainte-Eugénie destiné à soigner les enfants atteints de maladies pulmonaires. Il fut ensuite renommé préventorium, puis centre hélio-marin quand il fut transformé en centre de colonies de vacances. Il a été fortement touché par la tornade d'août 1970 qui a emporté son toit. Reconstruit, il a été pourtant démoli vers 1991 pour laisser la place au Centre européen de rééducation du sportif (CERS) et à un hôtel de luxe.
Capbreton fut desservie par le chemin de fer pendant le 20ᵉ siècle. En effet, la ville possédait une gare, qui se trouvait sur la courte ligne de Labenne à Seignosse de la compagnie locale des Voies ferrées des Landes. La ligne, ouverte en 1912, fut construite essentiellement pour desservir des établissements industriels et ne connut qu'un trafic voyageurs de faible importance. Elle a fermé en mars 1957. Seuls les bâtiments de l'ancienne gare subsistent aujourd'hui.
C'est la mode des bains de mer et de la plaisance qui ont permis la véritable résurrection de Capbreton. Le réaménagement des digues marquant l'entrée du port a rendu la passe moins dangereuse. Le creusement des bassins et la pose de pontons ont permis la création d'un port de plaisance de 1 000 anneaux, le plus important entre Arcachon et Saint-Jean-de-Luz ainsi qu'un port de pêche professionnelle comportant 19 unités (essentiellement fileyeurs, caseyeurs et ligneurs). Chaque bateau a son étal de vente directe sur le môle Emile Biasini où est implantée la capitainerie. A aussi été installé un vaste et harmonieux complexe touristique, se prolongeant jusqu'à Hossegor, pour en faire une des stations balnéaires phares de la côte sud des Landes, une des capitales landaises du surf et des autres sports de glisse.
Toponymie
Le nom du village est attesté sous les formes Cap Bertou ou Cabertou en 1170 et sur d'autres cartes marines du 16ᵉ siècle sur lesquelles sont mentionnés tantôt Capbreton, tantôt Caberton, Cap-Breton (sans date). Au cours de la période de la Convention nationale (1792-1795), la commune porta le nom révolutionnaire de Capbrutus, suivant le goût de l'époque pour les héros de la république romaine.
En dépit d'une légende moderne tenace, le nom de Capbreton n'a vraisemblablement pas de rapport avec la Bretagne.
Albert Dauzat et Charles Rostaing classent Capbreton à l'article Cabestany, avec toute une série de noms similaires composés avec l'élément Cap- ou Cab-, qui représente le français cap ou l'occitan cap (ou occitan dialectal *cabo) « cap, tête, extrémité ».
On peut rapprocher Capbreton d'autres toponymes du sud ouest comme Cabestany (Pyrénées-Orientales, de Cabestagnio 927), Capbis (Pyrénées-Atlantiques, Cabbis 12ᵉ siècle, Grangia Capbisii en 1235), Caplong (Gironde) et ailleurs, comme Cap-d'Ail (Alpes-Maritimes, Cabo d'Ail 1259).
La comparaison avec Cap-d'Ail et Capbis autorise quelques hypothèses sur l'origine de ce nom de lieu.
On constate comme dans Capbis, une alternance de formes anciennes écrites Capb- et d'autres en Cab-, dont les secondes s'expliquent, soit par une assimilation de [p] à [b], soit par une variante dialectale cab- pour cap-. D'ailleurs, que ce soit en gascon ou en français local, le p de Capbreton n'est jamais prononcé : on dit « cabreton ».
Pour expliquer la nature du second élément -breton, A. Dauzat et C. Rostaing supposent un nom de personne comme dans Cap-d'Ail, qui serait formé avec le nom de personne latin Alius selon Nino Lamboglia, mais ils ne se prononcent pas sur son origine.
Quant à la finale -on, elle s'explique par une analogie avec le mot français breton. Les anciens disent encore « cabretoun » ou même « cabertoun ».
Capbreton fut un débouché viticole du port de Bayonne, coplanté de vignes de sable pendant longtemps : le nom même du cépage roi du pays (une variété de cabernet) porte le nom de la cité : "cabreton rouge" qui a glissé sous le vocable de "breton", cépage majeur de la Loire et d'origine gasconne sans aucun doute.
Son nom gascon est Cap Berton.
Culture
- La médiathèque L'Écume des jours porte depuis 2009 le nom du roman de Boris Vian en souvenir du séjour de l'écrivain et de son frère au début de la guerre en 1940 pendant lequel il rencontrera sa future épouse. À l'origine, la bibliothèque avait été créée par Étienne Valdeyron dont l'épouse Odette était la fille du poète gascon et instituteur Jean Duboscq (1853-1937).
Philatélie
Un timbre-poste de France intitulé Pêcheur de sable a été émis en 2002 dans la série Le siècle au fil du timbre - Vie quotidienne. Il reproduit une photographie d'un photographe amateur de Montauban, René Daynes, prise en 1947 sur la plage de Capbreton. Il représente un Capbretonnais, André Guimont, et son attelage (une mule) transportant du sable extrait sur la plage.
Lieux et monuments
Édifices et sites
- L'Estacade, symbole de la ville de Capbreton.
- Le port de pêche et de plaisance.
- L'église Saint-Nicolas de Capbreton avec un clocher flanqué d'une tour ronde de 33 mètre abusivement qualifiée d'ancien phare. C'était en réalité une tour d'observation du trafic maritime. Elle fut ultérieurement utilisée pour l'observation de la forêt en vue de localiser les départs d'incendies.
- La maison du Rey où Henri IV a dormi lors de son passage à Capbreton en 1583.
- La maison Brebet (15ᵉ siècle) et la maison Médus : 54-56 rue de Général-de-Gaulle. En 2012, elles ont été réaménagées en Maison de l'Oralité et du Patrimoine (MOP). Elles sont parfois appelées « maisons des Anglais », car la tradition orale dit qu'elles auraient été construites pendant l'occupation anglaise de l'Aquitaine (1152-1453).
- Un ensemble d'environ 10 blockhaus du Mur de l'Atlantique situés sur les plages au sud de la ville et partiellement démantelés par les Allemands avant leur retraite.
- Le casino, reconstruit en 2009 sur les nouvelles terrasses. Le premier casino avait été construit en 1966 sur la place de la Liberté à l'emplacement des anciens établissements de bain.
- La chapelle Sainte-Thérèse de la plage.
- Église Saint-Jean de Bouret : L'église Saint-Jean fait partie d'une maison templière construite dans le quartier de Bouret au 12ᵉ siècle, et aujourd'hui détruite. L'église Saint-Nicolas de Capbreton en conserve cependant deux vestiges : sa cloche et son Christ en croix. Les Templiers fondent une maison templière, une chapelle dédiée à sainte Madeleine, et un hôpital (lieu d'accueil) pour les pauvres, puis pour les pèlerins. Cette maison passe ensuite aux mains des Hospitaliers de saint Jean de Jérusalem. Ils agrandissent la chapelle, qui devient église paroissiale. Entourée d'un cimetière, l'église est alors dotée de trois autels dédiés à saint Jean-Baptiste, sainte Madeleine et sainte Catherine. L'église reste paroissiale jusqu'au début du 18ᵉ siècle, où elle est progressivement délaissée. En 1730, la cloche est déposée, ce qui signe l'abandon définitif du lieu de culte. Aujourd'hui, les vestiges de l'église ont totalement disparu. Seuls subsistent deux éléments du mobilier de l'ancienne chapelle : une croix et la cloche, fondue en 1483, qui ont été transférées dans l'église Saint-Nicolas de Capbreton.
- Les « deux mairies » : Capbreton dispose d'un hôtel de ville sur la place du même nom. Mais la mairie est située de l'autre côté de la place. C'est la villa construite à la fin du 19ᵉ siècle par monseigneur Clément Soulé qui fut archevêque de Saint-Denis-de-la-Réunion, puis de Guadeloupe. Retiré à Capbreton, il se heurte au curé de la paroisse, l'abbé Jean-Baptiste Gabarra qui sera le curé de Capbreton pendant 59 ans. Il finit par construire une véranda sur la façade ouest de la villa donc tournant le dos à l'église pour y célébrer ses messes. Seule la mort les réunira, puisqu'ils sont enterrés tous les deux dans l'église Saint-Nicolas.
L'Estacade
L'estacade est une jetée en charpente servant à prolonger un bajoyer pour guider les bateaux à l'entrée d'une écluse ou leur permettre de s'amarrer.
L'empereur Napoléon III, lors de sa visite le 2 septembre 1858, au cours d'une réception, se fait remettre par le conseil municipal les plans du futur port de Capbreton établis par les ingénieurs Descombes et Pairier. Après quelques pas sur l'implantation du futur projet, il en décide la réalisation. Le 27 septembre 1858, le conseil municipal, lors de sa réunion, octroie à l'ingénieur Descombes 600 pins pour le port.
Ils construisent alors une estacade de 400 mètre prolongée plus tard de 50 mètre.
Elle est rasée en 1943 par les Allemands. Des photos non libres de droit montrent le support en ciment dégagé de toute la structure en bois.
En 1948, un phare automatique est construit à son extrémité avec une lanterne d'une portée de 14 miles en 1950.
Dans les années 1970, lors des travaux de l'aménagement du port, un nouveau pylône avec une lanterne est construit à quelques mètres plus au large.
À ce jour, l'Estacade mesure 189,60 mètre, et c'est une promenade appréciée par les Capbretonnais et les touristes.
L'estacade illustre la couverture du roman Un long dimanche de fiançailles de Sébastien Japrisot (Denoël, 1991).
Anciens bâtiments
- Commanderie des templiers. Construite au 12ᵉ siècle. Située au milieu de la grand-rue. Détruite en 1920 car délabrée et dangereuse. Remplacée par la nouvelle poste (reconstruite ailleurs depuis).
- Préventorium Sainte-Eugénie.
- Le grand Pandias : grande balise noire de 20 mètre de haut située sur la dune de St-Martin sur la rive droite du canal. Panneau rectangulaire de 7 mètre de large et 8 mètre de haut. Sert d'amer avec le clocher de l'église pour entrer dans le port. Détruit vers 1970 lors de la construction de la vaste résidence des terrasses de la mer.
- Villas du comte d'Astanieres que celui-ci avait construites vers 1900. Après la mort du sculpteur en 1918, elles ont été fortement endommagées par un raz-de-marée en 1938 et détruites en 1977 pour la construction de la résidence du Grand Large.
- Grand Hôtel de la plage, construit en bordure de plage vers 1900.
- Hôtel Mercedes construit à sa place dans les années 1920. À ne pas confondre avec l'hôtel Mercedes actuel à Hossegor.
Les plages
La commune de Capbreton possède 8 plages naturelles de sable dont 7 surveillées pendant l'été et une sauvage à dominance naturiste (du nord vers le sud) :
- Notre-Dame (de l'autre côté de la passe à bateaux),
- L'Estacade,
- La Centrale (à ne pas confondre avec la plage centrale d'Hossegor),
- Le Prévent (à l'emplacement de l'ancien préventorium),
- La Savane (aussi appelée le Santocha par les locaux),
- La Piste,
- Les Océanides (aussi appelée le VVF),
- La Pointe (non surveillée, naturisme).
Ces plages sont surveillées de 11 h à 19 h en juillet et août.
Le reste de l'année, une foule de surfeurs fait le spectacle pour le plaisir des passants.
Les plages accueillent également plusieurs fois dans l'année des compétitions officielles de surf.