Carbon-Blanc est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département de la Gironde, en région Nouvelle-Aquitaine.
Histoire
Carbon-Blanc n'est pas seulement la plus petite commune de la Métropole bordelaise par sa taille (moins de 4 kilomètres carrés), mais c'est aussi une des plus jeunes puisque sa création date de 1853, date à laquelle un décret de Napoléon III en a séparé le territoire de celui de Bassens. Mais son histoire est très ancienne.
Une villa gallo-romaine
Les premières traces d'occupation humaine remontent à l'antiquité romaine. Une villa, dont on a mis au jour les vestiges, occupe alors le bas du versant qui conduit à la vallée du Gua, à l'emplacement de l'actuel foyer municipal.
Heurs et malheurs du Moyen Âge
Détruite par les invasions successives des Wisigoths et des Vikings, il n'en reste que des ruines lorsqu'en 1141 des moines cisterciens créent dans la vallée du Gua, sur des terres appartenant au baron de Montferrand, l'abbaye de Bonlieu et encouragent des habitants à venir s'installer près des ruines de la villa gallo romaine afin de mettre en valeur le territoire. Ainsi naît le premier village de Carbon-Blanc, alors appelé « Territoire des Reliques » (ou « des ruines »)
Mais les guerres incessantes du Moyen Âge, dont la guerre de Cent Ans, réduisent à néant l'œuvre entreprise.
La paix revenue, le baron de Montferrand et l'abbé de Bonlieu font appel, en 1500, à de nouveaux habitants, les encourageant à venir s'installer dans l'ancien « Territoire des Reliques », appelé alors « le Charbon-Blanc ». Pourquoi ce nom ? Peut-être parce que le sous-sol contient une argile blanche pratiquement omniprésente ? Peut-être parce qu'il y a, attenant à l'abbaye de Bonlieu un hôpital, dans lequel grâce à l'eau d'un ruisseau affluent du Gua, on peut être guéri d'une maladie de peau dite du charbon ?
Désormais, le village est connu sous le nom de « le Charbon-Blanc » d'où vient le nom actuel de Carbon-Blanc. Il rassemble quelques habitants près de l'abbaye et d'une chapelle édifiée sous le vocable de Notre-Dame des Bonnes Reliques (car l'église paroissiale Saint-Pierre de Bassens est bien loin).
Prospérité des Temps Modernes
Mais la prospérité de Carbon-Blanc date du 18ᵉ siècle. Le grand chemin royal de Paris à Bordeaux, aménagé par la volonté du roi Louis XV, traverse désormais le bourg qui se transforme. La vieille rue publique qui va de l'abbaye de Bonlieu aux derniers vestiges romains (les rues du Moulin et Thérèse d'aujourd'hui) est doublée par le grand chemin royal (l'avenue Austin-Conte), délimitant l'actuelle esplanade Thérèse. Les travaux amènent la destruction de la chapelle, mais les habitants vont pouvoir assister aux offices dans l'abbaye de Bonlieu. On trouve désormais le long des deux rues principales la prison seigneuriale, un relais de poste (le premier sur la route Bordeaux-Paris), une auberge, la grande demeure du notaire, et les maisons plus modestes des artisans et commerçants nécessaires aux habitants et voyageurs, ainsi que celles de quelques bordelais assez modestes (et sans doute originaires de Carbon-Blanc).
En même temps, près de Carbon-Blanc comme sur toute la rive droite de la Garonne des « bourgeois et privilégiés de Bordeaux » se font construire de belles demeures au milieu de leurs vignes : elles leur servent de résidence d'été et leur permettent ainsi d'échapper aux chaleurs de la ville.
Naissance de la commune de Carbon-Blanc au 18ᵉ siècle
En 1789, on envisage de créer une commune ayant pour chef-lieu Carbon-Blanc (avec pour église paroissiale la chapelle de l'abbaye de Bonlieu) en prenant des terres sur les deux rives du Gua dans les paroisses de Bassens et Sainte Eulalie. Finalement, on renonce à ce projet et l'abbaye de Bonlieu est vendue aux enchères et en grande partie détruite. La paroisse de Bassens devient la commune de Bassens-Carbon-Blanc. Le bourg de Carbon-Blanc, plus important que celui de Bassens, est choisi comme chef lieu de la commune (et du canton), mais l'église paroissiale reste à Bassens.
Trouvant qu'ils ont trop de chemin à faire pour assister aux offices religieux, les habitants de Carbon-Blanc obtiennent la construction d'une chapelle en 1848 (vouée à saint Paulin), puis la transformation de la chapelle en église paroissiale l'année suivante et, finalement, la création d'une nouvelle commune en 1853.
Ces transformations administratives ne modifient guère la vie des Carbonblanais. Jusqu'au milieu du 20ᵉ siècle, ils continuent à vivre modestement de la viticulture et des activités liées au trafic routier sur la Nationale 10. Les grands domaines sont toujours la propriété de quelques familles de la bourgeoisie bordelaise.
Les transformations récentes
Tout change dans les années 1960. Le vignoble est en grande partie détruit par la neige et les gelées de 1957 et 1958. La terre rapportant moins, les propriétaires sont tentés de vendre leurs biens. En même temps, en 1967, la construction du pont d'Aquitaine permet des relations plus faciles avec Bordeaux et incite des habitants de la rive gauche à s'installer sur la rive droite.
Ainsi commencent à se développer les lotissements de maisons individuelles et la construction de quelques immeubles collectifs qui font passer la population de 1149 habitants en 1946 à près de 8000 aujourd'hui.
Plus petite commune de la métropole, Carbon-Blanc est ainsi une des communes où la densité de population est la plus élevée. Mais, tout en étant solidement ancrée dans le grand ensemble urbain métropolitain, elle tient à conserver ses caractères de ville jardin et de centre d'activités et de commerces, héritées de son riche passé.
Sources :
- Jean-Paul Grasset, Philippe Jean et Jean-Louis Pastureau, Le Pays de Montferrand des origines à la Révolution (Groupe Girondin des Études Locales de l'Enseignement Public, 1988) ;
- Yves Castex et Anne-Marie Trémolet, Histoire de Carbon-Blanc (Comité de Jumelage de Carbon-Blanc, 2002).
Toponymie
Pour certains, Carbon-Blanc (autrefois " Le Charbon - Blancq ", "Le Cherbon-Blancq", puis "le Carbon-Blanc") est un dérivé de « charbon blanc » (lèpre). La commune devrait ainsi son nom à la léproserie qui y était installée au Moyen Âge, créée par les moines de l'abbaye cistercienne Notre-Dame de Bonlieu.
Pour d'autres, Carbon-Blanc tire son origine de la terre (charbon) blanche argileuse qu'on trouve partout à faible profondeur dans le sous-sol et qui alimentait une tuilerie. Plusieurs lieux de la commune portent d'ailleurs le nom de "Terre Blanche", "Roche Blanche", "les Roches".
Le terme « charbon blanc » était parfois employé dans le Midi toulousain pour désigner la partie centrale de l'épi de maïs, en raison du fait que sa couleur est blanche et que sa légèreté en fait un combustible intéressant, notamment pour bien « faire prendre » le feu lorsqu'on allume la cheminée.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
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Église Saint-Paulin : église de style néo-gothique dont la construction est liée à la fondation de la commune de Carbon-Blanc ; c'était au départ une simple chapelle, agrandie en 1852 pour devenir une église paroissiale. Elle est inscrite à l'Inventaire général du patrimoine culturel.
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Château Brignon (ou du Brugnon) : château qui date du 17ᵉ siècle et a été augmenté au 19ᵉ ; le terrain était au départ un terrain agricole et le château, acheté par la commune au début du 21ᵉ siècle a d'abord été transformé en centre culturel consacré à la bande dessinée comprenant un atelier de création, une salle d'exposition et un espace de restauration. Depuis 2014, il abrite une école d'entrepreneurs et une pépinière d'entreprises et accueille dans sa salle de réunion de nombreuses manifestations publiques et privées. Une crèche privée a également été ouverte dans une des dépendances
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Moulin de Bellevue : ancien moulin à vent, il a la particularité de comporter une salle en sous sol ; une association a entrepris sa restauration.
Patrimoine culturel
- Micro-musée dans l'église : mini musée regroupant quelques "trésors" de Carbon-Blanc.
Patrimoine naturel
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Parc Favols : à l'origine, ancienne seigneurie dont le nom vient sans doute du latin favoletum qui veut dire « lieu de passage » ; c'est une ancienne seigneurie dont on suit l'histoire depuis la fin du Moyen Âge ; voué à la viticulture aux 19ᵉ et 20ᵉ siècles, le domaine a été peu à peu loti à partir des années 1960 ; le département y a construit une nouvelle gendarmerie dans les années 1980 ; et la commune a acheté le château, les communs et les terres l'entourant pour en faire un centre culturel (médiathèque, école de musique, salle de cinéma, salle polyvalente), un centre social (la Maison pour Tous) et un parc de promenade.
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Plaine du Faisan : vaste réserve naturelle au nord de la commune, elle tire son nom de Jacques Faizan, marchand et bourgeois de Bordeaux qui acheta à la fin du 16ᵉ siècle ce terrain où s'élevait autrefois une partie de la forteresse médiévale des barons de Montferrand ; un château détruit à la fin du 20ᵉ siècle se trouvait à l'emplacement où a été construit le collège ; des terrains de sports et un parcours de santé ont été aménagés dans une partie de la plaine.
Personnalités liées à la commune
- Philippe Madrelle (président du conseil départemental de la Gironde, président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, sénateur, député, conseiller régional et départemental, maire de Carbon-Blanc)
- Jérôme Fernandez (ancien joueur de handball international français reconverti entraîneur).