Carnac [kaʁnak] est une commune française située dans le département du Morbihan, en région Bretagne.
La commune est connue pour ses alignements de 2 934 menhirs, ainsi que pour sa station balnéaire qui en fait une destination prisée.
Histoire
Préhistoire
Le site de Carnac a probablement été occupé sans interruption depuis le 5ᵉ millénaire millénaire avant Jésus-Christ, bien que les datations précises fassent défaut. La commune ne compte pas moins de cent quarante sites mégalithiques, dispersés pour la plupart sur les collines ou dans des propriétés.
Le site de la pointe Saint-Colomban a été occupé dès le début du paléolithique (450 000 ans environ) : des hommes se sont installés à l'aplomb d'une falaise, sur une plage ancienne constituée de galets, Los d'un épisode climatique interglaciaire ; des choppers (galets aménagés) et un petit outillage formé d'éclats de quartz et de silex ont été trouvés, utilisés par les homo erectus qui vivaient alors.
Le tumulus Saint-Michel est construit entre 5000 et 3400 ans av. J.-C. (au Néolithique). À la base, il est long de 125 mètres, large de 60 mètres, et mesure 12 mètres de haut. Il a nécessité 35 000 mètres cubes de pierres et de terre. C'est un tombeau pour les membres d'une élite, il contenait divers objets funéraires pour la plupart exposés dorénavant au musée de Préhistoire, notamment des pendeloques et perles en variscite, une roche provenant d'Espagne.
La chapelle érigée dessus, construite en 1663, a été détruite en 1923 pour être reconstruite à l'identique en 1926.
Les alignements mégalithiques auraient été érigés entre 4 000 et 2 000 ans av. J.-C., soit au Néolithique moyen ou final, mais on ignore toujours quel groupe culturel a construit ces alignements, et à quelle époque exacte.
Les alignements sont partagés en plusieurs groupes distincts. Les alignements du Ménec regroupent 12 rangées convergentes de menhirs qui s'étendent sur plus d'un kilomètre, avec les restes de cercles de pierres à chaque extrémité. Les pierres les plus grandes, à l'ouest, atteignent 4 mètre de haut ; leur hauteur moyenne décroit le long de l'alignement pour atteindre 60 centimètre de hauteur à l'extrême est. Ce schéma est répété dans les alignements de Kermario un peu à l'est. D'autres alignements plus petits parsèment le site, comme ceux de Kerlescan et du Petit Ménec.
Une légende, qui n'a aucun sens historique puisqu'elle fait intervenir un chrétien avant la romanisation de la Gaule, dit que saint Cornély, poursuivi par des soldats romains, se retourna et les figea en pierres, appelées menhirs aujourd'hui.
Outre les grands alignements, de multiples dolmens, groupes de dolmens, tertres tumulaires et fragments d'alignements se trouvent dispersés aux alentours, dans les landes, sur les collines (Mané), voire sur la plage et sous le niveau de la mer (alignement de Kerdual). Les sépultures mégalithiques représentent presque tous les types d'architecture connus, dolmen à couloir simple à chambre ronde (Kergalad, Kergo, Kerdrain, Kervilor), ovale (Mané Grag, Mané Brizil) ou carrée (Kercado), dolmen évasé, dit "en bouteille" (Mané Kerioned, Kermario), dolmen transepté (Keriaval, Klud er Yer), allée couverte (Kergrim), sépulture à entrée latérale (Kerlescan), etc. Les tertres bas, bien moins spectaculaires que les grands tumulus comme Le Moustoir, Crucuny ou saint Michel, parsèment les landes (Mané Pochat er Yeu, Mané Ty Ec, Er Gradouresse, Lann Granvillarec, Castellic, etc.). Les mieux étudiés sont ceux qui sont surmontés par les alignements (Le Manio 2) ou associés à eux (Kerlescan). Ils sont souvent "indiqués" par des menhirs. L'un de ces tertres est même attaqué par la mer à Kerdual. De nombreux menhirs isolés sur la commune sont de taille imposante (Kergalad, Mané Pleurec, Kerderff, Crifol, Kergo, Le Manio, etc.), Les fragments d'alignements sont également très nombreux (Keriaval, Mané er Ouah ty hir, Kerguéarec, Le Lac, etc.). Finalement, la densité de monuments mégalithiques sur la commune (et sur les communes limitrophes) est exceptionnelle, malgré les destructions multiples dont beaucoup ont été victimes (Rogarte, Kerozillé, Kerléarec, etc.), à tel point que des monuments n'ont sûrement toujours pas été répertoriés officiellement, perdus dans les landes impénétrables. Sans l'intervention de l'archéologue Zacharie Le Rouzic pour classer les sites les plus importants, de très nombreux dolmens auraient disparu sous l'action des carriers.
Les vestiges d'une vingtaine de structures liées à la combustion, datant du néolithique moyen et entourant un petit menhir ont été mis au jour en 2009 sur le site de Montauban en Carnac. Cette disposition reste pour l'instant inexpliquée.
Antiquité gallo romaine
James Miln a fouillé en 1874 la villa gallo-romaine "Les Bosséno", située entre Cloucarnac et Montauban. Les objets trouvés se trouvent au Musée de préhistoire de Carnac. « Cette villa était un important établissement comprenant maison d'habitation, maison d'exploitation rurale, bains, sacellum (temple) » a écrit James Miln.
Moyen Âge
Jean-Baptiste Ogée indique :
« Maisons nobles : en 1390, le manoir de Rumeur appartenait à Jean d'Auray ; les Liens [Lessien] au seigneur de Malestroit ; Kerveller à Olivier Aradon ; le Lach (le Loch) à Olivier de Vitré ; le château de Kercado à ? ; en 1500, le manoir du Laz à Henri Champion, Bauver (Bouver) à Gilles d'Auray ; en 1520 Kergouillard et Kerdréan à Henri Dimanach. »
En 1455, on dénombrait à Carnac 142 tenues habitées et 38 tenues frostes (fermes abandonnées) ; en 1685 on y comptait 305 exploitations occupées et aucune abandonnée.
Époque moderne
L'église paroissiale Saint-Cornély actuelle fut construite au 17ᵉ siècle ; son clocher date de 1639.
Le 17 juillet 1739, le duc de Penthièvre acquiert les "terres vaines et vagues" situés au sud du bourg de Carnac, y compris les paluds régulièrement recouverts par la mer, en dépit des protestations des riverains.
Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Carnac en 1778 :
« Carnac, sur la côte, à cinq lieues et demie à l'ouest-sud-ouest de Vannes, son évêché, à 25 lieues et demie de Rennes et à deux lieues et demie d'Auray, sa subdélégation et son ressort. On y compte environ 2 300 communiants. La cure est à l'ordinaire. (...) Le territoire de Carnac renferme des terres fertiles et des landes qui méritent les soins du cultivateur. C'est un pays agréable. On y voit les chapelles de Saint-Michel et de Saint-Clément. »
Dans ce même texte, Jean-Baptiste Ogée décrit longuement les "pierres levées" de Carnac.
Révolution française
Le 27 juin 1795, des Émigrés, environ 15 000 hommes transportés par les Anglais débarquent sur les plages de Légenèse et Ty Bihan et se répandent dans les environs de Carnac. « Un Te Deum est chanté le lendemain dans toutes les églises de la côte ». les Bleus reprennent Carnac le 15 messidor an III (3 juillet 1795) et parviennent à disperser le 10 juillet 1795 l'armée émigrée, qui se rend le 21 juillet 1795 à Quiberon.
Le 19ᵉ siècle
Les principaux faits du 19ᵉ siècle
Le 15 décembre 1839, les terrains acquis un siècle plus tôt par le duc de Penthièvre sont acquis par Charles Armand de Keranflec'h. Ce dernier fixe les dunes, notamment en y plantant des oyats et aménage un port, des parcs à huîtres et des salines, ainsi qu'une ferme, la "Ferme du Palud".
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Carnac en 1843 :
« Carnac (en breton "Querrec", sous l'invocation de saint Corneille, que les pèlerins nomment saint Cornély). (...) Superficie totale : 3 902 hectares, dont (...) terres labourables 1 206 hectare, prés et pâtures 389 hectare, bois 78 hectare, vergers et jardins 45 hectare, landes et incultes 2 063 hectare, étangs 21 hectare, châtaigneraies 17 hectare (...). Moulins du Laz, de Gouyandeur, de Kerdrain, à eau ; de Kerfréral, de Kermaux, du Manio, du Courdiec, à vent. Étangs de Gouyandeur, du Laz, du Pô. Château du Laz. (...) Il y a foire le 15 avril, le 17 mai, le 1er juillet, le 13 septembre (...). Géologie : constitution granitique. On parle le breton. »
Frank Davies, qui visita Carnac vers le milieu du 19ᵉ siècle, déplore les dégradations des sites archéologiques :
« Il est bien regrettable que des mesures n'aient pas été prises, soit par le gouvernement, soit par les propriétaires de terrains, pour empêcher les déprédations commises à cet assemblage mystérieux de monuments granitiques par les paysans des environs ; les maisons, les moulins à vent et les murs, dans toutes les directions, sont faits avec ces pierres commodes (...). En vérité, si le temps a balayé l'histoire de ces monuments, l'homme est coupable d'une bien pire profanation, en enlevant en charrette les monuments eux-mêmes. »
En 1864, le quartier de La Trinité-sur-Mer et son port d'estuaire sont détachés de la commune, pour constituer une commune séparée. En 1865, La Trinité-sur-Mer devient également une paroisse distincte. En effet, les marins-pêcheurs jugeaient l'église Saint-Cornély de Carnac trop éloignée du port, et en réclamaient une à proximité.
Le monument aux morts de Carnac porte les noms de 11 soldats morts pour la France pendant la Guerre de 1870.
Vers 1875, l'archéologue écossais James Miln (1819-1881) vient étudier le site et prend comme guide et aide Zacharie Le Rouzic (1864-1939). Après la mort de son mentor, Le Rouzic sera le gardien puis le conservateur du musée de la Préhistoire et, bien qu'autodidacte, il deviendra un spécialiste internationalement reconnu des mégalithes de la région.
Le tourisme prend son essor dans la seconde moitié du 19ᵉ siècle : de nombreux écrivains et artistes sont, à partir de la période romantique, attirés par les monuments mégalithiques, comme Prosper Mérimée, Victor Hugo, Gustave Flaubert et de nombreux autres.
Les terrains acquis par Charles Armand de Keranflec"h sont vendus en 1864 par ses héritiers à Jules Adrien Gy.
Les croyances traditionnelles
Paul-Yves Sébillot raconte que vers 1880 encore, la femme stérile se déshabillait complètement et courait autour d'un menhir, poursuivie par son mari auquel elle finissait par se rendre. Les parents des époux faisaient bonne garde aux alentours pour écarter les éventuels passants.. Il raconte aussi que, toujours à Carnac, un dolmen ruiné passait pour procurer un mari à celle qui allait s'asseoir dessus au clair de lune ; les jeunes filles s'y rendaient nombreuses, si bien que le clergé se résolut à les y conduire toutes en procession un jour de printemps. Vers 1910 la procession avait encore lieu, mais on n'en savait plus l'origine.
Le même auteur raconte aussi que les habitants croyaient que certains menhirs passaient pour aller, la nuit de Noël, se plonger dans la baie de Saint-Colomban. Dans le trou laissé béant par leur absence éphémère (car ils ne faisaient qu'un rapide "aller et retour" entre les douze coups de minuit) on pouvait voir des trésors cachés au fond. Un homme voulut en profiter pour devenir riche (...) mais il oublia de compter le nombre des coups de cloche et, au douzième, le menhir à son retour l'écrasa».
Le pardon des chevaux et celui des bestiaux
Le pardon des chevaux de Carnac fut, selon Zacharie Le Rouzic, créé seulement vers 1900. Le curé de Carnac ayant constaté qu'il n'y avait pas de saint Éloi dans la région acheta une statue le représentant et la plaça dans la vieille chapelle de Saint-Antoine, à 2 km du bourg. Il fit célébrer sa fête le premier décembre, avec une bénédiction des chevaux. En peu d'années, l'usage s'établit et l'on a compté juqu'à 400 chevaux autour de la chapelle pendant la messe. La chapelle, désormais dénommée "chapelle Saint-Antoine et Saint-Éloi" se trouve sur le territoire de la commune voisine de Plouharnel.
À Carnac, c'est saint Cornély qui est le patron des bestiaux. Le pardon se déroule le deuxième dimanche de septembre. (...) Les paysans des environs amènent, groupés par villages, leurs bestiaux en pèlerinage à Saint-Cornély, les uns attachés, les autres en liberté. On leur fait faire d'abord le tour de l'église. (...) Ensuite les paysans conduisent leurs bestiaux à la fontaine et répandent son eau sur leurs têtes. Le clergé n'y assistait pas, car il s'agit probablement de la survivance d'un vieux rite païen.
Le 20ᵉ siècle
La Belle Époque
La "Société Carnac Plage", fondée en 1899 par Désiré Jamet, un ingénieur originaire de Belle-Île et M. Payot, un homme d'affaires parisien, acquiert les terrains possédés jusqu'à son décès survenu en 1897 par Jules Adrien Gy et entreprend l'aménagement et le lotissement des dunes bordant la Grande Plage entre Port en Dro et la plage de Beaumer. En 1903, une station balnéaire est créée sur les anciens marais salants du Breno, elle se développe beaucoup faisant de Carnac une ville bicéphale : Carnac-ville et Carnac-Plage : entre 1900 et 1930, les frères Jamet notamment construisent de nombreux villas (Villa Velleda, Ker Yonnick, Ker Margared, Ker Melenec, etc.) sur le front de mer de la Grande Plage et des plages avoisinantes ; le "Grand Hôtel de Carnac-Plage" est inauguré en juin 1903.
La "Société du tramway Trinité-sur-Mer-Étel" est créée aussi en 1899 par les deux mêmes hommes.
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Carnac porte les noms de 162 soldats et marins morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale ; parmi eux huit sont morts en Belgique dont dès 1914 Jean Brien et Joseph Le Pevedic à Dixmude lors de la Bataille de l'Yser, Joseph Le Prado à Rossignol et Arthur Tuffigo ainsi que Joseph Le Quellec dans les combats de Maissin ; neuf dans les Balkans dans le cadre de l'expédition de Salonique (Alexandre Audic, Xavier Le Plaire, Ferdinand Tanguy, Pierre Tanguy à Salonique et François Le Guennec à Moudros (Grèce), Jean Galudec à Venise, Benjamin Hellec et Eugène Prado en Serbie, Aimable Le Goff en Bulgarie) ; 14 (Félix Audo, Joseph Brizac, Eugène Chainon, Jean Corlobe, Auguste Franger, François Kermorvant, Th. Le Diabat, Jean Le Gouar, Jean Le Guennec, Joseph Martelot, Émile Le Mouroux, Jean Marie Mahéo, Alfred Pessel, Émile Pujol) sont des marins disparus en mer ; un soldat (Jean Kerzerho) est mort en captivité en Allemagne ; la plupart des autres sont morts sur le sol français.
Deux soldats originaires de Carnac sont morts le 6 août 1919 au Maroc (Th. Le Moing le 6 août 1919 et Jean Quintin le 6 février 1919).
L'Entre-deux-guerres
Un médecin local, le docteur Étienne Saint-Martin, profitant de l'ensoleillement exceptionnel dont jouit la région (2 044 heures par an en moyenne pendant la période 1930-1959 selon les données relevées par le docteur lui-même) développe une station climatique, prodiguant notamment des soins aux enfants rachitiques et aux malades atteints de lésions osseuses.
L'Agence Rol a effectué en septembre 1924 un reportage photographique sur Carnac, ses mégalithes et le Pardon de saint Cornély. Ces nombreuses photographies sont consultables sur Gallica ; parmi elles :
Ces photos montrent que la description du Pardon faite en 1843 par A. Marteville et P. Varin est encore valable près d'un siècle plus tard :
« L'assemblée, ou pardon de saint Corneille, qui a lieu dans la première quinzaine de septembre, est une des plus fréquentées de Bretagne. On y porte la bannière du saint dans un lieu désigné, où se vendent les bestiaux qui lui ont été offerts. C'est un produit lucratif pour la fabrique, qui profite aussi de la vente des attaches de vaches. Ces attaches passent dans le pays pour garantir les bestiaux des maladies contagieuses. »
La Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Carnac porte les noms de 38 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale ; parmi ces morts, Robert Brelet, mort au camp de concentration de Dachau le 5 mars 1945 ; Bénoni Caradec, gendarme qui fut résistant FFI, tué à l'ennemi au château de Kergras en Hennebont le 11 août 1944, décoré de la Croix de guerre ; Paul Goffeny est mort en combat aérien le premier janvier 1945 à Arvert (Charente-Maritime pendant les combats du siège de Royan) ; Pierre Stéphan, sergent-chef dans l'armée de l'air est mort le 25 mars 1940 en Tunisie ; Placide Le Floch est mort à Leysin en Suisse; Joseph Le Gloahec, Joseph Le Gosles, Fernand Le Roux et André Le Vœux sont des marins disparus en mer ; Henri Rioux est mort en captivité en Allemagne.
L'après Seconde Guerre mondiale
Deux soldats originaires de Carnac (Henri Kergosien, Jean Rio) sont morts pendant la Guerre d'Indochine et trois autres (Gérard Collet, Jean Le Gouguec, Michel Mary) sont morts pendant la Guerre d'Algérie.
En 1978, un centre de thalassothérapie voit le jour, bâti sur une partie des salines asséchées. Il reste encore quelques salines mais elles ne sont plus exploitées. En face d'elles est construit le casino de Carnac en 2002, repris par le groupe Ardent fin 2016.
Le 21ᵉ siècle
En 2013, la construction d'une maison individuelle, sur le tertre de Lann Granvillarec, permet la découverte d'un nouveau tumulus du Néolithique moyen datant d'environ 5000 avant Jésus-Christ
Symboles de la ville
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Les armoiries de Carnac se blasonnent ainsi :
D'azur à la bande cousue de gueules chargée de six menhirs d'or, accompagnée en chef d'un soleil non figuré d'or et en pointe d'un navire cousu de gueules équipé et flammé d'argent. Conc. L. Ermoy.
- Les armes de l'écu violent intentionnellement la règle de contrariété des couleurs. Elles sont dites "à l'enquerre". Le but est ici de commémorer le massacre des chouans de Carnac en suscitant l'intérêt de l'observateur à la raison de cette anomalie.
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Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous la forme Carnac en 1387.
Karnag en breton.
Il s'agit d'un type toponymique en *-ācon (généralement latinisé en -acum, -acus, dans les textes rédigés en latin), suffixe de localisation et de propriété, d'origine gauloise. Il est fréquent sous forme de terminaison -ac dans la région, comme dans le sud de la France et correspond au suffixe brittonique *-ōgon qui a donné la terminaison -oc en vieux breton, puis -euc et enfin -ec (> néo-breton -eg cf. gallois -og).
Le premier élément Carn- représente le celtique et pré-celtique *karn- qui signifie « amas de pierre », dérivé du pré-indo-européen *kar « pierre, rocher » (celtique cairn « tas de pierres »→« tumulus »→« lieu sacré », breton karn « tas de pierre »). Selon Léon Fleuriot, il est arrivé que les Bretons ajoutent -ac à des radicaux bien vivants dans leur langue, tels que carn- dans Carnac. Enfin, Albert Dauzat reste assez vague en employant le mot « celtique », ce peut être aussi bien du gaulois (langue celtique continentale) que du breton (langue celtique brittonique insulaire), car rien n'empêche en effet que Carnac constitue une remotivation par le breton d'un toponyme entièrement gaulois comme Carnac-Rouffiac ou certains Charnay, Charnat et Charny.
Remarque : Xavier Delamarre mentionne le gaulois carnitu, carnitus attesté dans des inscriptions qui signifirait « a placé, a érigé (une tombe) ». Il cite W. Meid, pour qui karni- est un verbe qui à l'origine voulait simplement dire « empiler des pierres » qui a pris le sens plus technique d'« ériger un tombeau ». D'un point de vue étymologique, le radical carn- est semblable au vieil irlandais carn « tas de pierre, notamment au-dessus d'une tombe » (et non pas celtique cairn comme chez Albert Dauzat) et au gallois carn « tas de pierre », carnedd « ruines », implicitement, la racine carn- est panceltique. X Delamarre ajoute que la racine *kar- « pierre » semble pré-indo-européenne, mais qu'on la retrouve en germanique : vieux norois hörgr « tas, amas » et anglo-saxon hearg « temple » (de l'indo-européen *karukos).
Géographie
Carnac est située sur la limite nord de Mor braz, sur la côte atlantique, entre le golfe du Morbihan à l'est et la presqu'île de Quiberon à l'ouest. C'est une commune littorale très vaste puisqu'elle occupe une surface de 3 271 hectares. L'altitude de la commune est faible, mais on rencontre de nombreuses buttes qui ont servi de repère pour la construction de monuments mégalithiques.
Communes limitrophes de Carnac
Plouharnel
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Ploemel
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Auray / Crach
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Plouharnel
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La Trinité-sur-Mer
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Saint-Pierre-Quiberon
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océan Atlantique
(baie de Quiberon)
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La Trinité-sur-Mer
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Le granite de Carnac des géologues forme l'essentiel du sous-sol. C'est une roche claire légèrement feuilletée, dans laquelle l'érosion a pu dégager des blocs tantôt massifs tantôt tabulaires, propices à la construction de monuments mégalithiques.
Le littoral est assez découpé, avec de l'ouest vers l'est, successivement l'Anse du Pô, la pointe du Pô (qui donnent sur la Baie de Plouharnel), la plage de Saint-Colomban, la pointe Saint-Colomban, la plage de Ty-Bihan et celle de Légénès, puis, à l'est du port (Port en Dro), la Grande Plage, la pointe Churchill, la plage de Beaumer et celle de Men Du.
Le littoral de Carnac
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Patrimoine préhistorique
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Établissements
- La Maison des mégalithes
- Le Musée de préhistoire
- Tumulus Saint-Michel
- Dolmen de Mané-Kerioned
Patrimoine architectural
- L'Église Saint-Cornély, 17ᵉ siècle et 18ᵉ siècle
Dédiée à saint Cornély, protecteur des bêtes à cornes ; sa statue se trouve placée au-dessus du fronton du portail ouest. Le porche du flanc nord est surmonté d'un baldaquin en granit en forme de couronne dont on ne trouve pas d'autre exemplaire en Bretagne. L'intérieur contient également des pièces exceptionnelles : l'orgue du 18ᵉ siècle est classé. Les voûtes lambrissées sont décorées sur 750 mètre carré.
- Le village et la Chapelle Saint-Colomban de Carnac, 16ᵉ siècle : cet ancien village, dont les maisons sont en granit, se situe au sud-ouest de Carnac et domine l'anse du Pô. Les habitants y ont longtemps vécu de la terre et de la mer. La chapelle est dédiée au moine missionnaire irlandais saint Colomban, qui s'installa dans la région vers 610. Il est le saint patron des faibles d'esprit. À l'est de la chapelle, se situe la fontaine à deux bassins. Le lavoir était un lieu de rencontre pour les femmes du village. Au sud du village, en bordure de mer se trouvent deux cheminées, vestiges d'une forge. Selon d'autres sources et la tradition locale, il s'agirait d'une ancienne brûlerie de goémon, utilisée pour produire de l'engrais. La situation géographique est plus conforme à cette hypothèse.
- La chapelle de la Madeleine : le village de Kerguéarec était autrefois une léproserie. La chapelle actuelle a été reconstruite en 1976 ;
- La chapelle Saint-Aubin (Saint-Albin) dans le village du Hahon (c'était la chapelle de l'ancienne frairie du Hahon) ;
Elle a été construite sans doute vers 1813 puis vers 1925 sur les mêmes plans que la chapelle originale qui, elle, datait de 1664. En contrebas, la fontaine Saint-Michel, fontaine de dévotion. Les femmes de marins en mer montaient à la chapelle pour la balayer dans le sens où elles voulaient voir souffler le vent. Elles venaient ensuite prier à la fontaine et boire de l'eau. Son pardon a lieu en septembre. Fresques représentant la marche du peuple de Dieu vers la Jérusalem Céleste par Alice Pasco (1926 -2013).
- Calvaire Saint-Michel.
- Croix du Hanhon.
Environnement
En plus des plages, Carnac a 60 % de son territoire couvert par la campagne, des forêts et des landes.
Vie culturelle
- Le peintre François Gabin est présenté par une galerie locale.
Langue bretonne
Le nom breton de la commune est Karnag.
- L'adhésion à la charte Ya d'ar brezhoneg a été votée par le conseil municipal le 28 avril 2006. La commune a reçu le label de niveau 1 de la charte le 14 janvier 2011.
À la rentrée 2017, 35 élèves étaient scolarisés dans la filière bilingue catholique.
Personnalités liées à la commune
- Baron Jean-Marie Bachelot de La Pylaie (1786-1856), botaniste, explorateur, dessinateur, minéralogiste, ethnologue et archéologue français est un des premiers à fournir une description des monuments mégalithiques du secteur de Carnac-Locmariaquer, dans une approche scientifique ;
- Zacharie Le Rouzic qui crée le Musée de préhistoire à Carnac ;
- James Miln dont le legs en 1881 est à l'origine du Musée de préhistoire à Carnac ;
- Jean-Marie Henry, prêtre et poète de langue bretonne, est né à Carnac en 1858 ;
- Alphonse Rio (1873-1949), navigateur au long cours et homme politique, né à Carnac
- Paul Goffeny (1907-1945) : pilote de l'aéronavale, né à Carnac ;
- Eugène Guillevic, poète de langue française, né à Carnac en 1907 et décédé à Paris en 1997 ;
- Didier Rimaud, jésuite, auteur des paroles de nombreux chants liturgiques catholiques, est né à Carnac en 1922 et décédé à Lyon en décembre 2003 ;
- Annick Alane, actrice de cinéma et de théâtre, née à Carnac en 1925 ;
- Geneviève Mulmann dite Geneviève de Fontenay y rencontra son compagnon Louis Poirot dit de Fontenay, en 1952 à l'Hôtel Diana, et assista à l'élection de Miss Morbihan à Carnac le 13 août 2005 ;
- Émile Rocher (1928-2014) peintre, sculpteur, céramiste. Sa maison-atelier est créée au 25 avenue des Salines;
- Delphine Cousin, championne de Windsurf, domiciliée à Carnac.
Carnac dans les arts
- Léon Germain Pelouse : Les pierres de Carnac (huile sur toile, Musée des beaux-arts de Vannes)
- Maurice Brianchon : Carnac, huile sur toile de 1961.