Clisson est une commune de l'Ouest de la France, située dans le département de la Loire-Atlantique, en région Pays de la Loire.
Clisson faisait partie du duché de Bretagne, et était la clé de voûte de la défense des Marches de Bretagne face au Poitou et à l'Anjou avec son château. La ville est aussi connue comme Clisson l'italienne en raison de son architecture de style italianisant inspirée de modèles ruraux d'Italie centrale : Ombrie, Latium et Toscane et de l'aspect paysager de la ville, recomposé par un grand artiste du XIX siècle François-Frédéric Lemot. Plus récemment, la ville est connue internationalement par le festival de musiques extrêmes Hellfest qui y est organisé annuellement depuis 2006.
Clisson est située entre Nantes, Cholet et La Roche-sur-Yon, à la limite du Maine-et-Loire et de la Vendée. La commune comptait 7 507 habitants en 2020. Elle est au centre d'une unité urbaine (ou agglomération) comprenant aussi trois communes limitrophes et totalisant 18 138 habitants en 2014.
Histoire
Antiquité
Pendant l'Antiquité, Clisson se situe dans le pays des Pictons dans l'Aquitaine seconde.
Moyen Âge
Intégration au Royaume de Bretagne
La vallée de Clisson fit partie du comté d'Herbauges. Elle devient définitivement bretonne en 851 par le traité d'Angers entre Charles le Chauve et Erispoë, roi de Bretagne en intégrant les Mauges, Herbauges, en même temps que le Pays de Retz voisin. Clisson intègre la Marche de Bretagne. La vallée de Clisson se structure au cours du 12ᵉ siècle autour du château de Clisson dont la construction est entamée sous Guillaume de Clisson, sur un éperon rocheux dominant la Sèvre, et se poursuit grâce à ses seigneurs successifs, dont le fameux Olivier 5 de Clisson, Connétable de France.
Guerre de succession et guerre de Cent Ans
L'épisode de la guerre de Succession de Bretagne voit Olivier 4 de Clisson et son frère Amaury soutenir chacun leur prétendant pour la succession au trône ducal de Bretagne. Olivier 4 sera décapité aux halles de Paris après avoir été accusé d'avoir intrigué avec Édouard 3 d'Angleterre. Pendant la guerre de Cent Ans, Son fils Olivier 5 de Clisson est un des personnages clés de ce conflit. Il est connu pour ses multiples retournements et sa bravoure militaire. Sa fille, Marguerite de Clisson, dite Margot, fut une grande intrigante, En mai 1420, l'ambitieuse comtesse de Penthièvre tendit un piège au duc Jean V et à son frère le comte d'Étampes et les fit prisonniers au château de Champtoceaux. À la suite d'un soulèvement elle fut obligée de rendre la liberté à son suzerain, ses biens furent confisqués et Clisson devint l'apanage de Richard d'Etampes passant ainsi sous le contrôle de la Maison de Bretagne.
La vallée de Clisson est alors composée d'une quinzaine de paroisses, de petites seigneuries dont celles de Gétigné et de Monnières, et de nombreuses implantations religieuses (templiers, bénédictins, cordeliers). En 1433, Le duc François 2 de Bretagne (père de Anne de Bretagne) naît au château. La Vallée bénéficie à cette époque d'une position frontalière qui l'exempte des taxes sur les marchandises. La Vallée devient une région d'échange important. La force hydraulique des rivières de la Sèvre et de la Moine est un atout supplémentaire. On compte 14 tanneries pour le cuir, une petite manufacture d'amidon et 6 moulins à papier.
Les seigneurs de Clisson
- Vers 1038 : Guy de Clisson
- Vers 1043 : Bernard de Clisson, sans doute apparenté au précédent
- De 1061 à 1080 : Baudry de Clisson (????-1080), sans doute apparenté au précédent
- De 1081 à 1112 : Gaudin premier de Clisson (????-1112), fils du précédent
- De 1125 à 1132 : Giraud de Clisson (????-1132), fils du précédent
- De ???? à ???? : Gaudin 2 de Clisson, fils du précédent
- Vers 1189 : Aimery de Clisson (????-????), frère du précédent
- De 1180 à 1204 : Gaudin 3 de Clisson (????-1204), neveu du précédent, fils de Gaudin 2 de Clisson
- De ???? à avant 1225 : Guillaume de Clisson « le Jeune » (1175-????), fils du précédent
- De avant 1225 à 1262 : Olivier premier de Clisson « le Vieil » (1205-1262), fils du précédent
- De avant 1262 à 1307 : Olivier 2 de Clisson « le Jeune » (1236-1307), fils du précédent
- De 1307 à 1320 : Olivier 3 de Clisson (1264-1343), fils du précédent
- De 1320 à 1343 : Olivier 4 de Clisson (1300-1343), fils du précédent
- De 1343 à 1407 : Olivier 5 de Clisson (1336-1407), fils du précédent
- De 1407 à 1420 : Marguerite de Clisson « l'Intrépide » (1366-1441), fille du précédent
- De 1420 à 1438 : Richard de Montfort dit « Richard d'Étampes » (1395-1438), par apanage
- De 1438 à 1481 : François de Montfort dit « François 2 de Bretagne » (1435-1488), fils du précédent
- De 1481 à 1510 : François de Montfort dit « François premier d'Avaugour » (1462-1510), fils du précédent
- De 1510 à 1517 : François 2 d'Avaugour (1493-1517), fils du précédent
- De 1517 à 1549 : François 3 d'Avaugour (????-1549), fils du précédent
- De 1549 à 1598 : Odet d'Avaugour (????-1598), frère du précédent
- De 1598 à 1608 : Charles d'Avaugour (????-1608), fils du précédent
- De 1608 à 1637 : Claude premier d'Avaugour (1581-1637), fils du précédent
- De 1637 à 1669 : Louis d'Avaugour (????-1669), fils du précédent
- De 1669 à 1699 : Claude 2 d'Avaugour (1629-1699), frère du précédent
- De 1699 à 1734 : Armand-François d'Avaugour (1682-1734), fils du précédent
- De 1734 à 1746 : Henri-François d'Avaugour (1685-1746), frère du précédent
- De 1746 à 1787 : Charles de Rohan-Soubise (1715-1787), cousin éloigné du précédent, arrière-arrière-arrière-petit-fils de Claude premier d'Avaugour
- De 1787 à 1789 : Victoire de Rohan (1743-1807), fille du précédent, épouse Henri-Louis-Marie de Rohan (1745-1809), son cousin éloigné, arrière-arrière-arrière-arrière-petit-fils de Claude premier d'Avaugour.
18ᵉ siècle
Le « Grand Hiver » de 1709 est terrible pour Clisson, il gèle la vigne et le blé. En 1710, la crue de la Sèvre provoque l'inondation des bas-quartiers. Une autre crue désastreuse eut lieu en 1770. L'eau monta à 25 pieds (7,62 mètres) au-dessus de l'étiage de la rivière. Les épidémies de petite vérole et dysenterie firent aussi rage autour de 1780.
Elle fut chef-lieu de district de 1790 à 1795.
Pendant la Révolution française, lors des guerres de Vendée, la vallée de Clisson fut ravagée. Le 23 février 1793, la Convention décide la levée en masse de trois cent mille hommes. Clisson, comme beaucoup d'autres paroisses de la région ne se soumettent pas au recrutement. Le 10 mars 1793, l'insurrection commence dans le district de Clisson. Les Vendéens occupent Clisson le 15 mars. Le 18 mai, un détachement républicain entre dans la ville, commet un premier massacre et brûle des maisons. La comtesse de La Bouère évoque un soldat qui aurait fait fondre cent cinquante femme pour avoir leur graisse. Le 16 septembre, les Mayençais de Jean-Baptiste Kléber entrent dans Clisson. En évacuant plus tard la ville, ils mettent le feu au château et à un bon nombre de maisons. Le 24 janvier 1794, les colonnes infernales occupent Clisson, des massacres ont encore lieu. La ville est alors complètement détruite. Clisson resta déserte durant deux ans, ses habitants ayant fui ou ayant été massacrés.
19ᵉ siècle
Chassés d'Italie par les émeutiers anti-républicains, deux frères d'origine nantaise, Pierre et François Cacault (respectivement artiste peintre et diplomate) rentrent en France et décident de s'installer à Clisson en 1798, subjugués par le charme de sa vallée. Fortement marqués par la culture et l'art Italiens, ils entreprennent la construction d'un musée école dans un style architectural rural d'Italie centrale. Ami de François Cacault, François-Frédéric Lemot sculpteur officiel de Napoléon est invité à Clisson en 1805 pour l'inauguration du musée. Il acquiert tout d'abord la garenne du château (ancienne réserve de chasse des seigneurs de Clisson) juste après sa venue, puis le château lui-même en 1807. Il dit à propos de celui-ci :
« Affligé depuis longtemps de la destruction de presque tous nos édifices gothiques, je m'empressai d'acheter celui-ci, dans l'unique intention de conserver avec soin ce monument [...] »
Lemot le sculpteur est un artiste universel et il recompose comme un peintre dans son parc la Garenne une véritable peinture de paysage historique à l'échelle de la nature . Il va recomposer dans cet esprit tout le paysage de la ville alentour. Clisson et son paysage sont donc une réalisation artistique unique.
Le sculpteur pose un premier modèle d'architecture rurale inspiré de l'Italie centrale, dans son parc "La Maison du Jardinier". Celle ci possède principalement un style Ombrien flanqué d'un pavillon Toscan. Ce type d'architecture rurale est celle qui sert de motif dans les paysages historiques que Lemot affectionne particulièrement , ceux de Nicolas Poussin, qu'il mentionne dans sa correspondance avec Joseph Gautret , son régisseur. C'est aussi l'architecture que l'on trouve dans les peintures de paysage historique codifiées au XIX par le traité de Pierre Henri de Valenciennes : Éléments de perspective pratique, a l'usage des artistes, suivis de réflexions et conseils à un élève sur la peinture, et particulièrement sur le genre du paysage, Paris, Victor Desenne, J.-B.-M. Duprat, Jules-Louis-Melchior Porthmann, 1799. Celui-ci a semble-t-il joué un rôle dans l'aménagement du parc de la Garenne Lemot. Le style Italien développé dans ce parc va être dénommé "Style Rustique à L'Italienne" et va se diffuser très rapidement dans le vignoble nantais. La ressource existe (petites briques faite d'argile locale) la mise en œuvre en est très facile. Le traité de François-Léonard Seheult Les Petites maisons d'Italie : recueil d'architecture dessiné et mesuré en Italie dans les années 1791 à 1793. Paris, Vincent Fréal, 1936 (Première édition 1821) semble être la base de la reconstruction.
Le vignoble nantais va donc l'adopter pour reconstruire les dépendances viticoles, les bâtiments industriels et les petites maisons . Pour les belles demeures des grands domaines viticoles, c'est le style Neo Palladien qui viendra en complément de la reconstruction.
Courant 19ᵉ, la vallée de Clisson compte de nombreuses tanneries, filatures, briqueteries, papeteries. Un viaduc est construit entre 1840 et 1841 pour enjamber la Moine sur l'axe Nantes - Poitiers. Avant la création de celui-ci, seul le petit pont gothique Saint Antoine desservait cette route.
20ᵉ siècle
Clisson subira d'importantes inondations en 1906, 1960 et 1983.
Toponymie
Les formes attestées les plus anciennes sont Clizun en 1075 et Clicio en 1152.
Le nom de Clisson serait issu :
- soit du celtique (gaulois) [*cleta] (clôture) qui a donné clisse, éclisse en français (« claie d'osier tressée ») dans le sens de plessis qui évoquerait un enclos entouré de haies entrelacées, suivi du suffixe gaulois et latin -onem, indiquant une présence. Cependant, ce mot n'est pas attesté en français avant le 12ᵉ siècle ;
- soit du celtique (gaulois) *klesiodunon qui se traduit par « forteresse des glaives ». Or, glaive se disait *cladio en gaulois, terme qui remonte, comme le breton kleze(ñv), au celtique commun *cladiio ;
- soit de Cliccius, nom latin porté par un personnage local, avec le suffixe -onem. Le même anthroponyme se retrouverait dans Clécy (Calvados, Cliciacum 9ᵉ siècle).
Clisson, située sur la limite entre le gallo et le poitevin, possède un nom en gallo : Cliczon (écriture ELG).
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
La commune de Clisson fait l'objet d'une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager depuis le 25 avril 1994.
Demeures et châteaux
- Le château de Clisson dont la construction a débuté au 11ᵉ siècle et s'est poursuivie au cours du 13ᵉ siècle, est classé au titre des Monuments historiques par décret du 13 août 1924, complété par une inscription en 2004.
- L'ancienne porte de ville, classée au titre des Monuments historiques par arrêté du 21 décembre 1984.
- Le domaine de la Garenne Lemot et sa villa (également sur les communes de Gétigné et Cugand), classé au titre des Monuments historiques en 1969 et 1986, puis inscrit au titre des Monuments historiques en 1988 et 2000.
- Le parc Henri-IV (en face de la Garenne Lemot), dans lequel le sculpteur Lemot fait ériger une colonne surplombée du buste d'Henri 4.
Lieux de culte
- La chapelle des Templiers, église romane (fin du 12ᵉ siècle) est un édifice templier. Aujourd'hui, le site accueille des expositions et des concerts. Elle est classée au titre des Monuments historiques par arrêté du 11 juillet 1975.
- L'église Saint-Jacques, du 12ᵉ siècle, inscrite au titre des Monuments historiques par arrêté du 9 août 1941.
- L'église Notre-Dame, inscrite au titre des Monuments historiques par arrêté du premier septembre 2006.
- L'église de la Trinité est à l'origine un prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye Saint-Jouin de Marnes et de l'abbaye Saint-Martin de Vertou. Elle est inscrite au titre des Monuments historiques par arrêté du 18 mars 1997.
- Le temple de l'Amitié, inspiré du style grec antique de par son fronton triangulaire surmontant quatre colonnes doriques. François-Frédéric Lemot y est enterré.
- Le couvent des Cordeliers, fondé par les cordeliers au début du 15ᵉ siècle.
Autres patrimoines
- Le pont de la Vallée, sur la Sèvre, datant du 15ᵉ siècle, est un pont en granit présentant six voies d'eau et cinq arches de dimensions inégales. Il est classé au titre des Monuments historiques par arrêté du 20 mars 1922.
- Le pont Saint-Antoine, sur la Moine, datant du 15ᵉ siècle, est classé au titre des Monuments historiques par arrêté du 18 mars 1922.
- Les halles de Clisson, datant du 14ᵉ siècle, situées dans le centre, près du château. Elles sont parmi les plus vieilles de France. Elles accueillent le marché tous les vendredis, et le petit marché le mardi. Elles sont classées au titre des Monuments historiques par arrêté du 5 février 1923.
- Le moulin de Plessard (au fond du parc Henri-IV), abritant le club de canoë-kayak et une école de danse.
- Le viaduc de Clisson achevé en 1841 pour permettre le franchissement de la Moine par la route stratégique reliant Torfou à Clisson. La décision a été prise en 1832 après le soulèvement provoqué par la duchesse de Berry.
- Les vestiges des remparts de la ville avec notamment la porte Sud dite porte « Cabareau » ou « Cahareau » classée au titre des Monuments historiques par arrêté du 21 décembre 1984.
- Le patrimoine clissonnais compte également la découverte de l'un des plus importants dépôts monétaires français du 19ᵉ siècle. Celui-ci a été mis au jour à la fin de l'année 2002. Il comprenait 1 645 écus d'argent, soit 45 kilogramme du précieux métal, dissimulés vers 1836 dans un bâtiment annexe d'une ancienne exploitation viticole. Une partie de ce trésor est aujourd'hui conservée au musée Dobrée.
Personnalités liées à la commune
- La famille des seigneurs de Clisson dont le plus illustre représentant fut Olivier 5 (1336-1407), connétable de France, est né au château.
- François Cacault (1743-1805), diplomate français.
- Frédéric Lemot (1772-1827), sculpteur français.
- Joseph Cheguillaume (1825-1897), manufacturier et homme politique.
- Les Frères Jacques (actifs de 1946 à 1982), quatuor vocal, cachés à Clisson durant la Seconde Guerre mondiale.
- Pierre Viansson-Ponté (1920-1979), journaliste politique.
- Gaetano Di Martino (1922-2006), sculpteur italien installé en 1998 à Clisson alors qu'il expose à la Garenne-Valentin ; il y est mort et inhumé.
- Geneviève Couteau (1924-2013), artiste peintre, dont le nom a été donné à la médiathèque de la ville.
- Serge Danot (1931-1990), créateur du Manège Enchanté ; il produit ce programme à Cugand (commune voisine de Clisson) ; une rue porte son nom.
- Benjamin Barbaud, né à Nantes en 1981, créateur du Furyfest et du Hellfest.