Cruscades est une commune française, située dans le nord-est du département de l'Aude en région Occitanie.
Sur le plan historique et culturel, la commune fait partie du massif des Corbières, un chaos calcaire formant la transition entre le Massif central et les Pyrénées. Exposée à un climat méditerranéen, elle est drainée par l'Orbieu, le ruisseau de Lirou. La commune possède un patrimoine naturel remarquable : un site Natura 2000 (la « vallée de l'Orbieu ») et deux zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
Cruscades est une commune rurale qui compte 933 habitants en 2019, après avoir connu une forte hausse de la population depuis 1975. Elle fait partie de l'aire d'attraction de Narbonne. Ses habitants sont appelés les Cruscadèls ou Cruscadèles.
Histoire
Cruscades a été humanisé bien avant notre ère, si l'on se fie aux découvertes des archéologues. Le site du Pla-de-Beyret, associé à celui du Plo-de-Beyret (il en est fait mention un peu plus bas, avec celui de Resplandy ) prouvent sans conteste que les environs immédiats du Cruscades actuel furent occupés dès l'époque gallo-romaine. Par ailleurs, de ce même site du Plo-de-Beyret, l'archéologue Régis AYMÉ nous apporte une information importante, à la suite de constatations faites en 2006 : " Un défoncement a mis au jour, dans une parcelle dominant l'ancien et rive de l'Orbieu, un site de l'Âge du Fer d'une superficie d'environ 1500 m². Le mobilier recueilli en surface se compose de nombreux tessons d'amphores micacées d'origine massaliète, de céramique ibéro-languedocienne à pâte claire dont le décor peint n'est pas conservé. Deux petits fragments de coupes à vernis noir de type ionien permettent de situer l'ensemble vers la fin du 1er Âge du Fer ou le début du second. La poterie indigène modelée est pratiquement absente. À l'extrémité de la partie du terrain anciennement occupée, est visible une aire de terre rubéfiée d'environ 9 m x 5 m, contenant de nombreux éléments de terre cuite d'environ 10 cm d'épaisseur, dans lesquels on remarque des empreintes de végétaux, et présentant une seule face régularisée. Il s'agit certainement des restes d'une structure de cuisson, dont on ne peut dire, faute de fouille, s'il s'agit d'un four domestique ou d'une installation potière, qu'aucun autre indice ne permet d'envisager. Dans un angle de la parcelle, on voit la trace d'un fossé de 40 mètres de long et de plusieurs de large, d'époque indéterminée." Toujours en 2006, un autre site important a été révélé à l'occasion d'un défonçage au lieu-dit l'Amayral. Ce site a bénéficié d'une prospection systématique et d'un ramassage en surface, prospection que l'on doit à deux archéologues : Régis AYMÉ (déjà cité) et Guy RANCOULE. La quasi-totalité des vestiges se concentre sur une petite surface de 1500 m² en bordure de laquelle le soc de la charrue a soulevé des restes d'un four (parois en terre cuite, terre rubéfiée, galets de 10 à 20 cm de diamètre). Au nord-est de la parcelle, sur une longue traînée de 10 m de long et 2 de large (peut-être un fossé comblé), la charrue a exhumé des fragments de tuiles et de la vaisselle commune tardive. Au centre de ladite parcelle, les archéologues ont trouvé des vestiges gallo-romains. Au niveau de la céramique, il s'agit presque exclusivement de productions tournées de technique méditerranéenne, importée, ou d'origine régionale, de formes connues et standardisées (Cf. Dicocer 1993). Les morceaux d'amphores relevés datent du VIe siècle avant notre ère, et évoquent les productions grecques attiques ; un tesson isolé, à pâte beige, portant des vestiges de peinture externe brun noir (technique dite "à la brosse"), pourrait provenir d'une amphore des mêmes provenance et époque. Des vases de tables possiblement d'origine grecque orientale, des céramiques grises monochromes, des fragments de céramiques ibéro-languedociennes (provenant de grands vases), des tessons de poteries modelées, des débris d'os, des restes probables d'un four domestique, des fragments de coquilles de moule, etc., complètent le tout. Selon les archéologues, le site recèle en profondeur d'autres et nombreux vestiges. Les archéologues soulignent que le gisement étudié de l'Amayral se situe non loin du principal itinéraire ancien en direction de l'ouest. Et d'ajouter : Les intrusions attribuables à des périodes postérieures recueillies dans la première zone sont rares : une anse de pâte grise dure, probablement tardo-romaine, quelques tessons à cuisson oxydante, dont un fond de pot de technique gallo-romaine, un fragment de plomb, un poids cylindrique de 480 g, en plomb, avec des trous de suspension. Du milieu du champ proviennent 21 fragments, issus de plusieurs amphores d'époque romaine, dont un bord subvertical incomplet de la forme Pascual 1, ou assimilée, et un autre fragment d'amphore à lèvre oblique et rectiligne assez longue. De la partie nord-est, proviennent deux fragments d'une coupelle à pâte grise, dure, mal épurée (...), trois fragments de poterie à cuisson oxydante, un bord d'urne (...) et quelques autres fragments atypiques, tous attribuables à des vases de formes et de technique propres aux productions régionales de l'Antiquité tardive ou du haut Moyen Âge..." On retiendra de tout cela, qu'à une faible distance de Cruscades (au sud-ouest), vivaient des hommes vers le VIe siècle avant notre ère, et que le site fut occupé irrégulièrement jusqu'au 5ᵉ – 6ᵉ siècle après J.-C.
Toponymie
Étymologie
D'après le "Dictionnaire étymologique des noms de lieux de France" de Dauzat et Rostaing (Larousse, 1963), Cruscades constituerait "une énigme toponymique". Plusieurs auteurs, dont les noms suivent, ont donné quelques hypothèses plus ou moins plausibles :
« Le lieu historique tirerait son origine du mot crusca, lequel, en dialecte ibérique, signifie un creux, un fossé, un silo. Cruscades serait « le bourg des silos ». Mais l'origine est obscure ; il faut peut-être chercher dans l'occitan cruscar « broyer ». C'est aussi une énigme toponymique : c'est un nom unique en son genre ; on pense cependant à un nom gallo-romain de villa à suffixe anum, pluriel anas (finale atone), appliqué à un sobriquet dérivé de crusculum, latin, petite jambe, par exemple Cruscatus ; on connaît comme surnom Crucellio. - gallo-romain (?). »
L'hypothèse qui fut formulée par le Docteur Lemoine, selon laquelle Cruscades dériverait d'un nom gallo-romain (avec suffixe -anum) ne paraît pas crédible, car nous aurions hérité d'un toponyme avec suffixe -an (comme Fabrezan, Lézignan, Moussan, et cetera).
Parmi les hypothèses curieuses, si l'on admet que la bataille de l'Orbieu, en 793, s'est déroulée près de Cruscades, on retiendra deux interprétations : le village de Cruscades tirerait son nom de deux mots latins : crux (croix) et cadere (tomber). Il désignerait l'endroit où la Croix, signe des combattants chrétiens, est tombée sous les coups du Croissant, signe des combattants sarrasins. Cruscades pourrait venir aussi du mot occitan : Cruc (sommet de la tête) et de la terminaison ada (substantif exprimant le résultat de l'action). Quand on a deux têtes qui se heurtent, on a une crucada. Ces hypothèses ont été développées par l'abbé Joseph Graves (1907-1991).
Georges Sénié pense que l'une des premières appellations du village : Aruscadae pose problème. L'abbé Sabarthès, dans son Dictionnaire Topographique de l'Aude, écrit qu'il doit s'agir d'une erreur de transcription et qu'il faut lire Cruscadae. Mais rien n'autorise formellement qu'il faille éliminer ladite appellation Aruscadae. On a la preuve, grâce à des découvertes archéologiques réalisées par l'abbé Toustou au début du 20ᵉ siècle dans le périmètre de l'église, que l'existence du bourg de Cruscades remonte au moins au début du Haut Moyen Âge : on a trouvé entre autres vestiges un fragment de l'épitaphe d'un nommé Pentadia datant du règne de Récarède premier, roi des Wisigoths de l'an 586 à l'an 601, année de sa mort à Tolède. Ce Pentadia devait être un riche propriétaire et Cruscades le siège d'une vaste villa gallo-romaine (à l'instar de celles du "Pla de Beyret" et de la « Métairie de Saint-Michel », aujourd'hui « Resplandy »). Si le toponyme de Cruscades demeure bien une énigme, on ne peut pas éliminer cependant l'hypothèse d'un nom de lieu d'origine wisigothique : c'est pour cette raison que l'on doit conserver la graphie Aruscadae.
À la fin du mois de mars 2009, un Cruscadèl a trouvé, du côté des « Condamines » (pièce de terre située à gauche de la D 24, à la sortie du village, en allant vers Ornaisons, juste après la cité de la Bacaune), des fragments de céramiques (briques, sigillées, poteries...) qui, lors d'une première expertise, ont été datés comme appartenant à une période s'étendant du 1ᵉʳ siècle au début du Moyen Âge. Ceci remet en cause l'hypothèse qui accréditait l'existence d'un « premier Cruscades », entre le 2ᵉ siècle avant Jésus-Christ et le 5ᵉ après Jésus-Christ, sur le site « Plat-de-Beyret/Resplandy » (P. de B./R.) : donc, plus près du Cruscades actuel (à environ 250 mètres à vol d'oiseau de l'église, vers l'est), existait un autre site humanisé (sans doute un domaine agricole) aux origines contemporaines de « P. de B./R. », mais qui a dû subsister, peut-être jusqu'au milieu du 8ᵉ siècle.
Extrait de L'Éclair de Montpellier du 19 avril 1929 (*) :
« A Cruscades, dans l'Aude, ont été faites, ces derniers temps des découvertes qui intéressent l'archéologie, et peut-être la préhistoire. Au pied d'une muraille fort ancienne, si l'on en juge par l'extrême usure des pierres, se trouve un vaste puits de 12 mètres de circonférence, très-solidement construit et curieusement pavé avec des cailloux de rivière. On a supposé d'abord que c'était une citerne. Il fallut abandonner cette hypothèse lorsqu'on vit que le pavage reposait sur une épaisse couche de sable. Ce ne pouvait être un silo, car le sol est trop humide, ni une prison, le pavage en serait usé. Un archéologue a émis l'idée que ça pouvait représenter une glacière peut-être d'origine gallo-romaine. De nouvelles fouilles ont fait découvrir, autour du puits une voûte de maçonnerie, abritant des squelettes et des vases funéraires brisés, sauf un qui a été recueilli entier. Plus loin, on trouva un autre puits, de dimension moindre, pavé plus grossièrement, plein de squelettes qui s'effritaient au contact de l'air. Chaque squelette était enfermé dans une sorte de cercueil en pierres brutes. Nulle inscription, si ce n'est sur un morceau de marbre trouvé presque à fleur de terre, les deux tiers d'une épitaphe en latin, de l'époque wisigothique. Le pavage du grand puits mérite une mention particulière. On y voit trois rangées de pierres en saillie et des traits gravés au burin. Est-ce des lettres appartenant à un alphabet primitif ? On pourrait le soutenir avec quelque vraisemblance. Est-ce des oghams, des runes, ces caractères mystérieux auxquels certains peuples attribuaient un pouvoir magique ? Ne serait-ce pas le résultat unique de la fantaisie extraordinaire d'un ouvrier ? Les signes sont en trop petit nombre, déclare l'auteur de ces découvertes pour en tirer des déductions solides. Il faut attendre d'autres trouvailles avant de porter un jugement. »
Dans la revue Folklore (audois) de 1938, on peut lire un article consacré à certains mots de la langue occitane, en usage dans les pays d'Aude. Le linguiste Louis Alibert, auteur d'un dictionnaire « occitan-français », consacre un chapitre à propos du terme de cièjo, qui désignait un ancien silo creusé dans de nombreuses habitations du village de Montréal-de-l'Aude, et le termine par la remarque suivante : « Notons qu'à la place de "cièjo", des actes montréalais de la fin du 16ᵉ siècle emploient le mot "Cros". Mistral enregistre ce sens : Cros, silo pour enfermer les grains en Albigeois. » Cruscades serait alors le village des silos, ceux découverts tout près de l'église paroissiale ?...
L'évolution de la graphie de Cruscades
Cruscades, sous l'Ancien Régime, est une commune du diocèse civil et religieux de Narbonne. La paroisse est dédiée à saint Jean l'Évangéliste ou l'Apôtre. L'archevêque de Narbonne en était le seigneur justicier (basse, moyenne et haute justice). Cruscades faisait partie de la sénéchaussée de Carcassonne et de la généralité de Montpellier.
Évolution de la graphie du nom de Cruscades :
- Aruscadae = Cruscadae, 1107 ;
- Cruscadas, 1156 ;
- Castrum de Cruscadas, 1157 ;
- Crusquadas, 1537 ;
- Cruscades, 1781 ;
- Cruscàdos ;
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- L'église paroissiale Saint-Jean de Cruscades, dédiée à saint Jean l'Evangéliste, du 13ᵉ siècle, est bien conforme au style du pays par son chœur plus étroit que la nef et sa voûte d'ogives. On regrette en voyant les belles pierres de taille du sanctuaire que la nef ait été couverte d'un enduit blanc.
- Ancienne chapelle castrale. Bâti sur les restes d'une église romane, l'édifice est remarquable par la pureté de son style gothique ; l'abside pourrait remonter à la fin du 13ᵉ siècle. Selon l'abbé Graves, certains détails de la construction devenus visibles après les réparations de 1965 — les clefs de voûte, des linteaux de portes formées de deux pierres juxtaposées, les chapiteaux, le profil des arcs — indiquent une parenté avec la cathédrale Saint-Just de Narbonne. L'élan, la force, l'harmonie de l'ensemble, surtout du chœur, révèlent la technique d'un maître que l'on retrouve chez ceux qui conçurent et édifièrent Saint-Just. On trouvera aussi des ressemblances avec l'église de Lézignan.
- Cet édifice inachevé, avec deux chapelles, sans transept, présente des murailles de forteresse. À plusieurs reprises, des réparations et des modifications furent entreprises, tant au 17ᵉ siècle qu'en 1861. En 1620, on abat la muraille de cers et on déplace la porte d'entrée sous le clocher qu'on surélève.
- À côté du clocher, une fouille de 1927 a permis de dégager une vaste excavation de 4 m de diamètre et 5 m de profondeur, comblée de sable. La porte y donnant accès ouvrait sur une salle voûtée dont il restait un bel arceau, brisé par l'abbé Toustou quand il aménagea la sacristie actuelle. Antérieure à la construction de l'église, cette cavité existe toujours, difficilement abordable par le presbytère, mais visible et éclairée. On a pensé à un silo pour emmagasiner les grains. L'abbé Giry (1905-2002, ancien conservateur du musée de Nissan-lez-Enserune) y voit une glacière, comme en possédaient si souvent les châteaux de la région.
- À côté du silo, un sarcophage sous voûte protégeait un squelette de 1,80 m et une petite amphore en poterie noire. Le cercueil était constitué de pierres plates gallo-romaines, selon l'abbé Cabirol, témoin oculaire. Fond du silo découvert par l'abbé Toustou en 1927 dans l'église de Cruscades.
Le village
Les travaux d'adduction d'eau potable ont permis de mettre au jour des vestiges du vieux village : des traces d'anciens murs formant le rempart circulaire, des fondations de l'ancien château, des restes de murs et de sols en brique rouge, un four à fondre le fer hors les murs.
Le village est constitué de deux parties : l'ancien château avec l'église et les vieilles maisons entourées autrefois d'un rempart ; le nouveau village qui s'est étendu au nord (18ᵉ siècle), après la construction de la nouvelle route royale (1745-1752) ; à l'ouest, pour installer la mairie et les écoles (1911).
On peut voir quelques rares maisons bourgeoises, des linteaux de porte datés (dont un portant l'inscription : « LI(I)ME TA » (erreur du sculpteur), c'est-à-dire : Seuil (de la maison) de T(ournal) A (peut-être l'initiale du prénom André). Également une borne-fontaine en pierre de Ferrals.
Olivéry
Le compoix de 1647 mentionne « l'estang d'Olivery », dont le nom se confond avec celui de la Cardaïre. La métairie dite "d'Olivery" tire son nom de celui de son tenancier, au 16ᵉ siècle : dans les « Recherches Diocèsaines » de 1537, on relève : « uno boryo, estables, cortals, porcigolo et galiniero de mestre Guylhaumes Olyvery ». Cette terre, abandonnée au 18ᵉ siècle, fut vendue aux enchères avant la Révolution.
Resplandy
Cette métairie se trouve mentionnée dans le compoix de 1647 sur le tènement de Saint-Michel, là où l'abbaye de Lagrasse possédait (d'après l'abbé Sabarthès) une église dédiée à ce saint et dénommée « de Parietibus Longis » en 1251. (Dans une étude sur l'abbaye de Lagrasse, Claudine Pailhès, ancienne directrice du Service des archives départementales de l'Ariège, place Saint-Michel aux longs murs du côté de Sallèles-d'Aude : nous pensons qu'il s'agit là d'une petite erreur de localisation. La teneur du testament de Pierre Gason, bourgeois de Lézignan, datant de 1251 et déposé aux archives départementales de l'Aude, a convaincu le très savant abbé Sabarthès de situer Saint-Michel sur le territoire de Cruscades.)
Sur les ruines de cet habitat médiéval, une ferme fut édifiée (on profita des pierres de l'ancienne chapelle) à la fin du 15ᵉ siècle. Le nom de Resplandy vient de celui du propriétaire d'alors, ainsi que le signale le compoix de 1647 : Antoine Paul de Resplandy y tient « un pigeonier avec polaliere et patu a la meterie de Saint Michel». Rappelons que le lieu de Resplandy fut occupé avant et après le début de l'ère chrétienne, et ce, jusqu'au 5ᵉ siècle (vestiges y trouvés datés en 1975 par Mademoiselle Taffanel, chargée de recherche au CNRS, certains du 1ᵉʳ siècle avant Jésus-Christ, d'autres de l'Antiquité tardive ou Bas Empire). Courant 2006, lors d'une visite du lieu-dit, Mme Nicole Juan, membre de la Commission Archéologique de Narbonne, avait trouvé des fragments de Graufesenque du Ier siécle Av. J.-C.
Les étangs
Avant le 16ᵉ siècle, une zone stagnante (communément nommée de nos jours « Étang des Colombes ») se situait aux confins des territoires de Cruscades et de Lézignan. Au 18ᵉ siècle, on parlait de « l'Étang Fabre ». On l'appelait aussi « l'Étang Bouyé » (lieu où venaient pâturer des bœufs), ou bien encore « Étang de Villeneuve », du nom d'un ancien propriétaire de Lézignan. Le seigneur de Lézignan et l'archevêque de Narbonne (seigneur de Cruscades) se partageaient les fruits de la pêche. Plus tard, les terres drainées, en grande partie grâce à l'action des archevêques, furent baillées aux seigneurs de Luc (famille Thézan de Saint Génieys au 17ᵉ et, au 18ᵉ siècle, à M. de Niquet, descendant du lieutenant de Niquet, délégué par Vauban aux fortifications pour la partie méridionale du royaume, et armoiries de laquelle famille furent adoptées par la ville de Lézignan, au début du 20ᵉ siècle). Les abords de l'étang étaient très giboyeux. Le braconnage, surtout de nuit, était lourdement puni. Parmi les droits de l'archevêque, en 1360, on note un autre « stagnum de Cruscadis », appelé en 1647, « l'Étang de la Cardaire », asséché à la charnière du 18ᵉ siècle et du 19ᵉ siècle, qui se situait près du domaine d'Olivéry. C'est à partir de ce moment-là que le Lirou fut détourné vers Canet-d'Aude. Cet étang, également très giboyeux, attirait toutes sortes de prédateurs, y compris des loups qui descendaient du « Pech d'Ornaisons ». Au moment de la Révolution, les habitants du domaine d'Olivery, les « hoirs (héritiers) de Monsieur de Lastours », et les ouvriers, étaient équipés de fusils pour parer à toute attaque éventuelle.
Personnalités liées à la commune
- Bruno Pradal (Rabat 1949-Joigny 1992) : né au Maroc, il est originaire de Cruscades par sa mère Lucette Pous-Gleizes. Acteur de cinéma, il a tourné dans une dizaine de films : Mourir d'aimer (1971), La Saignée (1971), Pas folle la guêpe (1972). Il est décédé dans un accident de voiture, le 19 mai 1992, près d'Orléans.
- Matthieu Lagrive, né le 7 décembre 1979 à Lisieux, est un pilote de course de motos. Triple champion du monde d'endurance (Suzuki Endurance Racing Team). Marié, père de deux enfants, il s'est installé à Ornaisons après avoir vécu deux ans à Cruscades.
Héraldique, logotype et devise
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Son blasonnement est : D'azur, à une roue à huit rais d'or sans jante.
À l'instar d'autres communautés, Cruscades ne possédait pas d'armoiries propres. À l'époque où le roi Louis XIV impose par l'édit de novembre 1696 l'enregistrement des armoiries (aux communautés, corporations, bourgeois, et cetera), les habitants de Cruscades adoptent une partie des armoiries du seigneur-archevêque contemporain, Pierre de Bonzi, à savoir la roue d'or déjantée à 8 rayons (ou 7) sur champ d'azur. Dans les « Préambules des Rolles des Contributions » de 1696 pour la communauté de Cruscades (document déposé aux Archives Départementales), on peut lire que les consuls débloquent au titre des dépenses extraordinaires une somme de 29 livres pour l'enregistrement des armoiries --- une somme importante qui correspond à environ 550 de nos euros.
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