Le donjon Lacataye se situe à Mont-de-Marsan, dans le département français des Landes. Il ne s'agit pas d'un « donjon » à proprement parler, mais de deux bâtiments contigus bien identifiables construits en pierres coquillières entre le 13ᵉ siècle et le 14ᵉ siècle et dotées de créneaux sur leur partie supérieure au 16ᵉ siècle. Il est inscrit aux Monuments historiques par arrêté du 22 juillet 1942 et héberge le musée Despiau-Wlérick depuis 1968.
Étymologie
« Lacataye » viendrait de l'espagnol « castar », signifiant observer, surveiller. Cela s'explique par le fait que l'un des deux bâtiments aurait été une forteresse abritant la population et un poste d'observation des possibles assaillants.
Il est tout à fait possible que ces maisons aient remplacé une éminence précédente de type motte avec tour, car l'emplacement s'appelle aussi : « pujorin », c'est-à-dire « pouy jorin » (pouy : hauteur et jorin, déformation de lorenh : vers l'est).
Présentation
Historique
Le donjon Lacataye est constitué de deux maisons romanes accolées, ce que l'on voit parfaitement extérieurement ou en entrant dans l'actuel musée dont le mur central comporte des fenêtres romanes, signe que l'une des deux maisons a été élevée avant la seconde. Les maisons, construite à l'intérieur des remparts de Mont-de-Marsan, contribuaient à la protection de la ville côté Midou, vers lequel la ville s'étend au 13ᵉ siècle.
Il semblerait que cet ensemble fortifié en pierres coquillières servait de poste d'observation et de tour de défense. Les maisons appartenaient aux vicomtes de Marsan, qui les ont délaissées quand ils se sont éloignés de la ville. Au 16ᵉ siècle, on modifie leur partie supérieure et on les dote de créneaux, perdurant leur vocation militaire.
Marguerite de Navarre (sœur de François premier et grand-mère d'Henri IV) trouve à l'abri des murailles de Mont-de-Marsan, son « ermitage », un lieu de retraite et de recueillement. Elle réside soit à Lacataye, soit au Château Vieux. Elle apprécie particulièrement ces lieux pour leur proximité avec le couvent des Clarisses, où elle trouve calme et sérénité. En 1546, elle rédige L'Heptaméron. Le 14 février 1548, jour de mardi gras, elle fait représenter dans une salle de Lacataye La Comédie de Montemarsan, œuvre précieuse et mystique : quatre femmes ont pour nom la Ravie de l'amour de Dieu, la Mondaine, la Superstitieuse et la Sage. La Mondaine et la Superstitieuse se disputent au sujet de leurs mérites ; la Sage intervient pour clarifier le débat. Mais une bergère vient affirmer que son Ami vaut mieux que richesse, science et sagesse.
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Et ta lumière
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Qui en moi sera toute entière
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Comme toi me fera légère
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Tu l'as fait et je t'en mercie
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Voilà l'état de la bergère
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Qui suivant d'amour la bannière
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D'autre chose ne se soucie
En 1860, Antoine Lacaze, maire et propriétaire du donjon, le lègue à la ville pour y loger les troupes. Le donjon Lacataye devient alors caserne départementale jusqu'à ce que les militaires déménagent à la caserne Bosquet en 1875 ; mais jusqu'en 1900 le bâtiment sert encore d'annexe à la nouvelle caserne et abrite les magasins d'équipements militaires. Il conserve pendant près d'un siècle le nom de Caserne Lacaze, malgré les affectations civiles qui s'y succédèrent : pensionnat de jeunes filles, centre de gymnastique, atelier municipal. Le 11 février 1925, s'y tient la première émission de TSF de la ville.
De nos jours
Le donjon Lacataye étant restauré en 1963, le musée Despiau-Wlérick y est transféré sur l'initiative de Raymond Farbos, président de l'association des « Amis de Charles Despiau et Robert Wlérick », et du maire Charles Lamarque-Cando ; ce nouveau lieu est inauguré en 1968. Ce musée est consacré à la sculpture figurative de la première moitié du 20ᵉ siècle et dédié aux deux artistes montois Charles Despiau et Robert Wlérick.
Une autre maison romane, jadis enserrée dans le rempart, est à 40 mètre à l'ouest du donjon. Ses murs est et ouest, garnis de corbeaux, soutenaient les planchers des maisons voisines disparues. Elle abrite aujourd'hui le musée Dubalen. Mont-de-Marsan compte deux autres maisons romanes fortifiées, souvenir de son système défensif mis en place peu après sa fondation.