Douelle est une commune française, située dans le sud-ouest du département du Lot en région Occitanie. Elle est également dans le Quercy Blanc, une région naturelle correspondant à la partie méridionale du Quercy, devant son nom à ses calcaires lacustres du Tertiaire.
Exposée à un climat océanique altéré, elle est drainée par le Lot, le ruisseau de Rouby et par un autre cours d'eau. La commune possède un patrimoine naturel remarquable composé de deux zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
Douelle est une commune rurale qui compte 825 habitants en 2020. Elle fait partie de l'aire d'attraction de Cahors. Ses habitants sont appelés les Douellais et Douellaises.
Histoire
Si Douelle n'affiche pas des vestiges médiévaux comme certains des villages voisins, son histoire est tout de même liée à celle des Béral de Cessac dont les vestiges du château se dressent fièrement, sur une première terrasse de la vallée, au plus étroit d'une boucle formée par la rivière Lot, sur sa rive droite.
Jusqu'au 15ᵉ siècle, Douelle était rattaché au village voisin de Caillac pour la vie religieuse et aussi pour les sépultures, ce qui signifie que les Douellais étaient obligés de porter leurs morts à Caillac. Le 26 mars 1487, une bulle du pape Innocent VIII accorda l'autorisation de construire une chapelle et de créer un cimetière à Douelle. Cette chapelle est la partie ancienne de l'église actuelle. Enfin, à l'époque du Concordat, Douelle fut entièrement séparé d'avec Caillac.
De tout temps, les activités des villageois ont été liées à la navigation et au vin avec la fabrication des tonneaux. Son port voyait arriver les merrains du Massif central et partir le vin du pays et les céréales.
Au Dix-huitième siècle, Douelle fournissait une grande partie des matelots nécessaires pour la navigation sur le Lot. Aussi on ne demandait pas à la commune de fournir des hommes pour les milices mais des hommes pour la marine. À la fin du Dix-huitième siècle, les jeunes hommes de Douelle se sont révoltés et sur 59 sujets, seuls 27 se sont présentés. Les parents étant rendus responsables, on envoya une troupe de 150 hommes commandée par le comte de Fumel loger à discrétion dans les familles des rebelles. Dans le cahier de doléances de Douelle et de Cessac, les habitants se plaignent du faible rapport de la vigne qui est le revenu principal de la communauté*
Jean Fourastié (1907-1990) a passé tous ses étés à Douelle dont il était originaire. Le premier chapitre de son ouvrage Trente Glorieuses est une description de ce village à deux époques, 1945 et 1975.
En cette fin de 20ᵉ siècle, le village a retrouvé sa vocation première avec le tourisme fluvial. Au 19ᵉ siècle, il était en effet peuplé de mariniers, vignerons, tonneliers, charpentiers… Les dates des linteaux des portes de nombreuses maisons rappellent sa prospérité au cours de la moitié du 19ᵉ siècle, cela grâce à la vigne et au vin.
Toponymie
À l'époque médiévale les documents concernant Douelle écrivaient le nom latin du village Doela. Les études de toponymie ont donné plusieurs origines possibles. À partir du français doit depuis le latin ductus qui a donné le nom de Ladoux, ou depuis le provençal doela qui signifie fossé. D'autres études citent le bas latin doga qui veut dire conduit d'eau, ou du languedocien dogo qui se traduit par creux, conduit qui pourrait faire référence au ruisseau Auronne traversant la localité. D'autres étymologistes font dériver Douelle du latin doela qui signifie gorge profonde ou de l'occitan dougelle, diminutif de dogo, pour creux ou cavité.
Une autre toponymie de Douelle est basée sur la présence d'un dépôt de douelles venues du Rouergue. Une douelle est une pièce de construction d'un tonneau, mot issu du latin doga.
Géographie
Douelle est un petit village de l'aire urbaine de Cahors situé dans le Quercy à une dizaine de kilomètres de Cahors sur l'ancienne ligne de Monsempron-Libos à Cahors entre Fumel et Cahors dans le vignoble de Cahors.
Culture locale et patrimoine
Église Notre-Dame-de-l'Assomption
L'édifice est référencé dans la base Mérimée et à l'Inventaire général Région Occitanie.
Jusqu'au Quinzième siècle, Douelle est rattaché à Caillac pour les services religieux et les sépultures. Ce n'est que le 26 mars 1487 que le pape Innocent VIII accorde dans une bulle autorisant la construction d'une chapelle à Douelle, qui est restée une succursale de l'église Saint-Pierre de Caillac, et d'y établir un cimetière. Le seigneur de Cessac et les habitants de Douelle ont fait construire la chapelle avec le cimetière. Le hameau de Cessac est resté rattaché à l'église de Caillac. Ce n'est qu'après la construction du pont de Douelle que les habitants de Cessac ont demandé leur rattachement religieux à Douelle. Ils l'ont obtenu le 20 mai 1894. Le cimetière de Douelle a été établi à Cessac et béni par Monseigneur Grimardias, le 16 juin 1890.
Douelle a été séparé de Caillac à l'époque du concordat.
La partie orientale, qui est la plus ancienne, et qui correspond à la chapelle primitive, date de la fin du 15ᵉ siècle ; cette chapelle se présentait comme une croix latine, recouverte de voûtes à nervures saillantes, et possédait une porte à arc ogival dans son flanc sud.
Un remaniement complet fut entrepris entre 1844 et 1848 par le curé d'alors. Un grand portail fut percé à l'est, là où se trouvait auparavant le maître-autel ; les chapelles latérales furent transformées en collatéraux et l'ancienne voûte rehaussée ; la façade occidentale fut démolie pour permettre d'adjoindre à la nouvelle nef ainsi obtenue un grand transept et un chœur semi-circulaire à l'ouest ; le clocher à 8 ouvertures fut remplacé par un nouveau de 24 ouvertures.
Des travaux de consolidation de l'église ont été réalisés en 1971, avec reprise des joints des pierres et pose d'un nouveau crépi. L'intérieur de l'église a été restauré en 1987.
Le mobilier comprend : le grand autel, avec son retable de bois sculpté daté de la fin du 17ᵉ siècle, provenant de la chapelle des Capucins de Cahors et, dit-on, sauvé de la destruction, pendant la période révolutionnaire, par des bateliers de Douelle de passage qui l'emportèrent avec eux vers leur village ; plusieurs tableaux dont une Sainte-Claire d'Assise de 1734, et, au fond de l'église, sur la porte d'entrée, un tableau qui, à l'origine, ― encadré par deux colonnes torsadées et sculptées en bois massif, décorées de motifs liés à la vigne, et toujours présentes dans le chœur actuel ― surmontait l'autel de l'antique chapelle, et dont les vitraux du chœur sont la reproduction ; et, suspendu à la nef, un bateau, dont la signification n'est attestée par aucun document écrit, mais dont la présence s'explique sans doute par la tradition batelière de Douelle, important port fluvial qui compta une vingtaine de maîtres de bateau dans la première moitié du 19ᵉ siècle (on retrouve un bateau similaire dans d'autres sanctuaires de la région, notamment à Rocamadour et dans la chapelle de Notre-Dame-de-l'Île à Luzech). Les vitraux ont été réalisés par le peintre verrier bordelais Gustave Pierre Dagrant.
Port de Douelle
Le port de Douelle est situé sur le Lot, à Douelle, dans le bief de Cessac compris entre l'écluse de Cessac, à l'aval du port, et l'écluse de Mercuès.
Pont suspendu de Douelle
Le pont a été construit par les ingénieurs Renardier et Schellinx à l'initiative de familles de Douelle en 1875-1877 pour remplacer un bac. Le pont a été racheté par l'État en 1892 aux actionnaires de la société propriétaire pour le rendre public.
Château de Cessac
La seigneurie de Cessac correspondait approximativement au territoire de Douelle, avec les deux hameaux de Cessac et de Douelle avec le château et un moulin. L'évêque de Cahors Géraud II de Gourdon est seigneur de Cessac en 1075. Les évêques de Cahors sont seigneurs de Cessac jusqu'au Treizième siècle. Cette seigneurie est alors une annexe de la seigneurie de Mercuès. L'évêque Guillaume IV de Cardaillac a dépensé beaucoup pendant la croisade des Albigeois. Son successeur, Géraud V Barasc, dû emprunté « 85 marcs de livres sterling » à Arnaud Béraldi, seigneur de Labéraudie qui a reçu en gage les territoires de Bélaye, Puy-l'Évêque, Luzech, Pradines, Montpezat et Cajarc. Mais Arnaud Béraldi a obtenu de modifier ce gage contre la propriété de la terre de Cessac avec le hameau de Douelle. Arnaud Béraldi s'est considéré comme le propriétaire de la terre de Cessac et a pris le titre de baron. La parenté entre Arnaud Béraldi et Jean XXII a empêché les évêques de Cahors de récupérer cette seigneurie. Les seigneurs de Cessac sont les vassaux de l'évêque et devaient tenir la bride du cheval de l'évêque, un pied chaussé et un pied nu, à chaque entrée solennelle de l'évêque. La seigneurie a appartenu aux Béraldi (ou Béral ou Bérail) jusqu'à la mort sans descendant de Jean de Bérail, en 1450. Le fief est alors passé à son cousin, Raymond de Cazillac, qui a hérité de cette seigneurie à condition qu'il porte le nom et les armes des Béraldi. Les Cazillac ont alors pris le nom de Bérail de Cazillac-Cessac. Ils ont été marquis de Cessac jusqu'au début du Dix-huitième siècle. La seigneurie est alors passée aux La Roche-Fontenilles. On trouve sur un mur de l'église de Caillac les armes du dernier baron de Cessac mort avant le Révolution, Louis-Antoine de La Roche-Fontenilles.
Des fortifications ont déjà été édifiées par les Gaulois sur le site. Un premier château a été édifié aux alentours de 800. Il permettait de surveiller un des deux gués du Lot permettant d'accéder à Cessac. Le second gué dans le Lot était contrôlé par une tour qui était équipée d'une cloche pour donner l'alarme et qui a donné le nom au lieu, le Carriol.
Le château a joué un rôle pendant la guerre de Cent Ans. Les Anglais tentent de s'emparer du château en juin 1385. Une troupe de 400 Anglais commandés par le captal de Buch se sont emparés du château en 1403. Ils ont quitté le château en juin 1406 après le paiement d'une rançon de 6 000 livres. Les Anglais se réinstallent à Cessac et 1419 d'où ils pillent les environs. Ils obtiennent des renforts du capitaine anglais Beauchamp à la Pentecôte 1424. Les Cadurciens livrent alors une bataille en octobre 1424 pour les chasser. Les Anglais quittèrent le château contre une rançon. Les habitants de Cahors ont alors démantelé le château en novembre 1424.
Château du Carriol
Le château placé dans une boucle du Lot est un logis du 19ᵉ siècle, en à-pic sur les berges. Il est cantonné de deux tourelles surveillant l'ensemble de la boucle.
Personnalités liées à la commune
- François de Cazillac-Cessac (ca. 1530-1593), chevalier des Ordres du Roi, baron de Cazillac et de Cessac (il signait "Sesssac"), seigneur de Milhars, d'Alayrac et de Noailles, participa aux guerres de religion dans les armées du roi (maréchal de camp en 1587)
- Jean Fourastié (décéda à Douelle en 1990)
- Jean Lartigaut
- Michel Raynal
- Marc Lavoine qui parle dans son livre de mémoires « L'homme qui ment » des vacances qu'il passait à Douelle avec ses parents.