Drusenheim (prononcer [dʁyzənaim] ou [dʁuzənaim]) est une commune française située dans la circonscription administrative du Bas-Rhin et, depuis le premier janvier 2021, dans le territoire de la Collectivité européenne d'Alsace, en région Grand Est.
Cette commune se trouve dans la région historique et culturelle d'Alsace.
Histoire
Drusenheim aurait été un des nombreux châteaux- forts que Drusus, fils de l'impératrice Livie, construisit le long du Rhin pour arrêter les incursions des Germains.
Ce village figure sur la charte de donation concédée en 758 par le comte Ruthard à l'abbaye de Schwartzach. Celle-ci sut y conserver jusqu'à la Révolution le patronage et la dime, elle y jouissait aussi des droits castrensiens de l'ancien Brughof.
Drusenheim, qui faisait partie dans le comté de Hanau-Lichtenberg du bailliage d'Offendorf, embrassa la Réforme en 1570 et redevint catholique en 1687.
Drusenheim du 8ᵉ siècle au 17ᵉ siècle
À partir du 8ᵉ siècle (et durant 600 ans), les habitants de Drusenheim sont sujets de l'abbé de Schwarzach. La commune passe ensuite entre les mains de plusieurs seigneurs successifs, dont les célèbres comtes de Hanau-Lichtenberg (de 1570 à 1736).
Drusenheim du 17ᵉ siècle au 18ᵉ siècle
Au milieu du 17ᵉ siècle, l'Alsace devient française. Pour repeupler Drusenheim, vidée par les guerres, les famines et les épidémies, on fait venir des Suisses, des Allemands, des Lorrains.
De nombreux affrontements ont lieu à Drusenheim entre la guerre de Trente ans (1618-1648) et le milieu du 18ᵉ siècle. Après cette période chaotique, la paix s'installe enfin, le village se reconstruit et se développe. L'église est agrandie aux alentours de 1780, des industries s'installent.
Drusenheim du 19ᵉ siècle au 20ᵉ siècle
- 1814 : défaite de l'empereur Bonaparte, la région est occupée par les troupes russes, autrichiennes et allemandes.
Le 19ᵉ siècle sera celui des révolutions à Drusenheim : révolution démographique (la population triple entre 1805 et 1820), industrielle (création de la filature et de la tuilerie et travaux d'endiguement du Rhin) et militaire (déclassement du poste de Drusenheim). Pas de révolution politique locale, en revanche : seuls quatre maires seront en fonction de la restauration jusqu'au 20ᵉ siècle.
- 1870-1871 : guerre franco-allemande et rattachement de l'Alsace à l'Allemagne (jusqu'en 1918). C'est donc sous l'uniforme allemand que les soldats drusenheimois se sont battus durant la Première Guerre mondiale. 53 hommes ont perdu la vie sur les champs de bataille.
- 1918 : après la victoire de la France, Alsace et Moselle redeviennent des provinces françaises. Drusenheim prospère, l'industrie se développe, la vie religieuse et associative connaît un nouvel essor.
Drusenheim pendant la Seconde Guerre mondiale
- 3 septembre 1939 : la Seconde Guerre mondiale est déclarée.
- 31 août 1939 : évacuation des habitants de Drusenheim vers le Limousin, à Saint-Léonard-de-Noblat.
- 21 juin 1940 : capitulation de l'armée française. Les autorités allemandes ordonnent le retour des populations évacuées. Au cours du mois d'août, les Drusenheimois réfugiés à Saint-Léonard sont rapatriés.
Le retour des Drusenheimois
Le village et les terres sont à l'abandon depuis un an, de nombreuses maisons sont démolies, les granges et habitations ont été pillées. Comme le reste de l'Alsace, Drusenheim subit une campagne de germanisation : les noms de rues français sont changés, les prénoms français sont transformés, les enseignes des commerces démontées, l'allemand devient la langue officielle.
Dès août 1942 : incorporation de force des jeunes hommes (sauf bien sûr ceux qui parviennent à déserter malgré les grands risques pour eux et leur famille). juin 1944 : libération de la Normandie et de Paris. Drusenheim devra attendre le début 1945.
La première libération de Drusenheim
Une première libération de la ville a lieu le 12 décembre 1944, par les forces américaines. Les Allemands s'étant retirés sans combattre, le village fut donc relativement épargné. Le 5 janvier 1945, une contre-attaque nazie est lancée, sous le nom de code « Nordwind ». Les premières victimes civiles tombent le jour même, touchées par l'artillerie allemande. Le 20 janvier 1945, l'armée US se retire au Barrwald et commence à bombarder le village. Les dégâts les plus importants sont situés autour de l'église, dont le clocher constituait un point d'observation privilégié des Allemands. La population vit un véritable calvaire durant les deux mois qui suivent, subissant la faim, le froid, les bombes, l'artillerie, les combats de rue.
- Soldats américains au niveau du pont de la Moder devant la Villa Wenger
Drusenheim enfin libre
17 mars 1945 : les Allemands quittent Drusenheim. Quatre jeunes gens rassemblent alors leur courage pour aller prévenir, à travers les champs de mines, les troupes alliées stationnées à proximité. Le village est libéré par trois régiments, dont le Neuvième régiment des zouaves d'Alger, commandé par l'adjudant-chef Pradeau, originaire de Saint-Léonard-de-Noblat.
Au cours de ce premier trimestre 1945, une cinquantaine de victimes civiles sont décédées à Drusenheim. 74 soldats, enrôlés sous l'uniforme allemand ou français, sont tombés au combat. Les dégâts matériels sont très importants, le village est détruit à 85 %. La ville se verra d'ailleurs attribuer la Croix de guerre avec étoile de vermeil en 1948.
Un essor rapide
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le village de Drusenheim est devenu une ville. La population a plus que doublé en 50 ans pour dépasser aujourd'hui les 5 000 habitants.
Des industries pourvoyeuses d'emplois se sont installées (Le fabricant alsacien de chariots Caddie - Les Ateliers Réunis -, filiale d'Altia, y possède sa plus importante unité de production), des lotissements ont été construits pour accueillir de nouveaux habitants. Des infrastructures de qualité, rarement visibles dans une ville de 5 000 habitants, ont été créées : piscine été-hiver, pistes cyclables, gymnase intercommunal, l'espace de loisirs Le Gabion, les Jardins de l'Altwasser et le Pôle culturel. Des travaux d'urbanisme, d'assainissement, de rénovation routière ont également créé un cadre de vie agréable et sûr. Enfin, le fleurissement de la commune a été couronné en 2007 par l'attribution de la Quatrième fleur au concours national des Villes et Villages Fleuris.
Géographie
La commune, située le long du Rhin, en aval de Strasbourg, est baignée par la Moder.
Communes limitrophes de Drusenheim
Schirrhein
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Soufflenheim
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Sessenheim
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Oberhoffen-sur-Moder
Rohrwiller
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Dalhunden
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Herrlisheim
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Offendorf
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Le Rhin
Rheinmünster
Bade-Wurtemberg ( Allemagne)
Lichtenau
Bade-Wurtemberg (Allemagne)
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Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- L'église Saint-Mathieu (saint patron de Drusenheim), construite en 1839.
- La mairie, construite en 1822. Il s'agit du plus vieux bâtiment de Drusenheim encore en activité.
- Le Pôle Culturel qui s'étend sur trois niveaux et deux demi-niveaux, offrant 2 600 mètre carré d'installations modernes dans une architecture épurée. Le Pôle Culturel est le siège de la Musique Municipale Alsatia.
- Les rives du Rhin, lieu touristique et de détente (pavillon du Rhin).
- La Villa Wenger, siège de la communauté de communes de l'espace rhénan depuis 2013.
- La gare, construite et mise en service en 1876.
- La forêt de Drusenheim, classée au biotope.
Personnalités liées à la commune
- Drusus, général romain et consul, fils de l'empereur Auguste et de l'impératrice Livie, fondateur de Drusenheim.
- Vauban, architecte militaire qui fit fortifier Drusenheim au 17ᵉ siècle.
- Jacques de Lichtenberg, comte de Lichtenberg et seigneur de Drusenheim au 15ᵉ siècle.
- Roland Wagner (1955), ancien international de football, né à Drusenheim.
- Cyrille Schott (1950), préfet, né à Drusenheim.
- Jacques Gachot (1885-1954), artiste-peintre, dessinateur alsacien, membre du célèbre Groupe de Mai.
Héraldique
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Les armes de Drusenheim se blasonnent ainsi :
« Parti : au premier coupé au I d'or aux trois chevrons de gueules et au II d'azur au lion couronné d'or lampassé de gueules, au second d'or au globe d'azur cerclé et croiseté du champ. ».
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