La fontaine Saint-Michel est une fontaine conçue par Gabriel Davioud et inaugurée en 1860 dans le Sixième arrondissement de Paris sur la place Saint-Michel, au croisement du boulevard Saint-Michel et de la rue Danton.
Elle a la particularité d'occuper à elle seule tout un mur pignon.
Histoire
La fontaine Saint-Michel fait partie du plan d'aération de la ville prévu par Haussmann sous Napoléon III. Le percement du boulevard Saint-Michel dans l'axe de la Sainte-Chapelle entraînait la création d'une place au débouché du pont Saint-Michel, Haussmann a ordonné la mise en place de cette fontaine afin de combler l'angle entre le boulevard Saint-Michel et la place Saint-André-des-Arts et donner un débouché visuel à la perspective du boulevard du Palais.
La première idée a été d'ériger une énorme statue de Napoléon premier mais elle fut abandonnée, et devant l'insistance de la commission municipale — qui voulait rappeler le souvenir de la vieille « chapelle Saint-Michel en la Cité » —, ce fut finalement la lutte du Bien contre le Mal qui fut retenue comme programme : l'archange Michel terrassant le Diable dans un arc de triomphe entouré de chimères (ou dragons) ailées.
L'emplacement de la fontaine Saint-Michel était ingrat : en contrebas du pont Saint-Michel, contre un pignon très haut et mal éclairé, orienté plein nord. La fontaine a été conçue par l'architecte Gabriel Davioud, aidé de Flament, Simonet et Halo, elle est composée à la manière d'un arc de triomphe antique, d'une travée rythmique marquée par des colonnes corinthiennes en marbre rouge du Languedoc amortie par quatre statues de bronze représentant les vertus cardinales. Elle est haute de 26 mètres et large de 15 mètres. La composition avec une niche centrale encadrée de quatre colonnes et d'un fronton est une référence à la fontaine Médicis du jardin du Luxembourg. La polychromie a pour but d'équilibrer le manque d'éclairement.
La statue de Saint-Michel a été fondue par la fonderie d'art Thiébaut Frères,,,.
Cette fontaine, dont le chantier a commencé en juin 1858, fut inaugurée le 15 août 1860. Elle fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 16 mars 1926.
Programme iconographique
Neuf sculpteurs ont contribué à la fontaine :
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Saint Michel terrassant le démon, au centre de la composition, est de Francisque Duret ;
- les deux chimères ailées crachant de l'eau, en avant du bassin, sont d'Henri-Alfred Jacquemart ;
- le rocher sur lequel se tient saint Michel est de Félix Saupin ;
- les bas-reliefs d'ornements et de rinceaux sont de Claude Vignon ;
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La Puissance et la Modération soutenant les armes de Paris, sur le fronton supérieur, sont d'Auguste-Hyacinthe Debay ;
- les quatre statues représentant les vertus cardinales, au-dessus des colonnes sont :
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La Prudence, tenant un miroir et un serpent, de Jean-Auguste Barre ;
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La Justice, tenant un glaive, d'Élias Robert ;
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La Tempérance, de Charles Gumery ;
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La Force, vêtue de la peau du lion de Némée et armée du gourdin d'Hercule, d'Auguste-Hyacinthe Debay.
La fontaine Saint-Michel se différencie des autres fontaines parisiennes par sa polychromie : marbre rouge du Languedoc (colonnes), marbre vert, pierre bleue de Soignies, calcaire jaune de Saint-Yllie.
Réception critique
La critique a été globalement négative à l'inauguration de la fontaine en 1860.
Bien que certains aient tenté de défendre la fontaine en comparant sa polychromie à celle des fontaines italiennes du 18ᵉ siècle, son style éclectique a été attaqué pour son incohérence ainsi que la trop grande profusion de statues de sculpteurs différents annulant leur talent individuel.
L'emplacement de la statue devant un mur a également été critiqué, on aurait préféré la voir au centre de la place. En fait, la fontaine Saint-Michel est la dernière fontaine-mur construite à Paris dans la tradition renaissante ouverte par la fontaine Médicis au 17ᵉ siècle et poursuivie au 18ᵉ siècle avec la fontaine des Quatre-Saisons. Les fontaines monumentales postérieures à la fontaine Saint-Michel sont isolées au centre de places ou de squares.
« Dans ce monument exécrable,
On ne voit ni talent ni goût,
Le Diable ne vaut rien du tout ;
Saint Michel ne vaut pas le Diable. »
— anonyme, quatrain consacré aux sculptures de la fontaine Saint-Michel