Ganges [gɑ̃.ʒə] (en occitan Gange ['gan.d͡ʒe]) est une commune française située dans le nord-est du département de l'Hérault, en région Occitanie. Elle est au confluent de l'Hérault, du Rieutord et de La Vis. Ses habitants sont appelés les Gangeois.
Exposée à un climat méditerranéen, la commune possède un patrimoine naturel remarquable : un site Natura 2000 (les « gorges de Rieutord, Fage et Cagnasse ») et trois zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
Ganges est une commune urbaine qui compte 4 114 habitants en 2020. Elle est ville-centre de l'unité urbaine de Ganges et fait partie de l'aire d'attraction de Montpellier. Ses habitants sont appelés les Gangeois ou Gangeoises.
Histoire
La ville de Ganges est fort ancienne puisqu'elle est mentionnée à l'époque gallo-romaine sous le nom d'Aganticum.
Un four à chaux dans les faubourgs de Ganges est cité dans un contrat d'association pour son exploitation en 1575.
Lors de la Révolution française, les citoyens de la commune se réunissent au sein de la société révolutionnaire, baptisée société populaire républicaine en l'an II.
La révolution industrielle s'accompagne de l'essor de l'industrie du fil de soie puis de la bonneterie qui vont marquer durablement la ville au 19ᵉ et au 20ᵉ siècle. Un grand nombre d'archives et de bas de haute couture fabriqués par des bonneteries gangeoises sont conservés au Musée cévenol du Vigan.
Le difficile positionnement administratif de Ganges
Un livre de l'historien Pierre Gorlier paru en 1955 est probablement à l'origine de la thèse selon laquelle, lors de la création des départements français en 1790, le canton de Ganges aurait été, à la demande des Gardois, échangé contre celui d'Aigues-Mortes, d'abord héraultais, afin que le département du Gard possède un débouché sur la Méditerranée.
Plusieurs études montrent que cet échange de cantons est une légende. En effet, sous l'Ancien Régime, la paroisse de Ganges appartient déjà au diocèse et à la sénéchaussée de Montpellier, alors que celle d'Aigues-Mortes est incluse dans ceux de Nîmes, qui administrent cette zone située entre le Vidourle, le Petit-Rhône et le Rhône Mort.
D'autre part, lorsqu'on apprend que des départements vont être créés, les élus de la communauté exigent, dès le 4 décembre 1789, que la ville de Ganges soit comprise dans le département dont Montpellier sera le chef-lieu. Leur argument est qu'il y a des liens commerciaux entre leur cité et Montpellier, alors que Nîmes est une ville rivale. Enfin, ils souhaitent que Ganges soit un chef-lieu de district intégrant une zone allant du futur canton de Sumène (situé dans le diocèse d'Alès) à celui de Saint-Martin-de-Londres, dont elle est au centre. Déçus que cela n'ait pas été accepté, les élus de la commune demandent cette fois, le 9 novembre 1790, que le canton de Ganges soit rattaché au Gard, et qu'il en devienne un chef-lieu de district. Cela leur est à nouveau refusé, d'autant plus que les élus de Laroque et de Brissac font connaître leur mécontentement.
En 1792, considérant qu'elle est trop petite et prenant prétexte de troubles, la commune de Ganges tente alors d'annexer, toujours en vain, celle de Laroque. Une dernière tentative de devenir chef-lieu de district (à la place du Vigan), en étant rattaché au département du Gard, a lieu le 4 décembre 1830. S'appuyant sur une pétition d'habitants, le conseil municipal de Ganges réclame cela au nom de son enclavement qui l'isole alors que ce changement la placerait dans une position centrale. Ce sera également refusé.
Le positionnement géographique de Ganges fait qu'en effet, ses connexions avec le département limitrophe ont toujours été très fortes, notamment au niveau des échanges commerciaux (activité séricicole oblige) et obligatoirement routiers (l'ancienne ligne Nîmes-Le Vigan passe par Ganges).
Géographie et climat
La commune, située au confluent de l'Hérault et du Rieutord, a une superficie de 746 hectares. Elle est située à 37 kilomètre au nord de Montpellier, à 62 kilomètre au nord-ouest de Nîmes, à 50 kilomètre au sud-ouest d'Alès, à 105 kilomètre à l'ouest d'Avignon, et à 20 kilomètre de la sous-préfecture du Gard, Le Vigan. La ville se trouve dans un bassin entouré par les premiers contreforts des Cévennes (Séranne…) - Ganges est appelée « la porte sud des Cévennes » -. Elle bénéficie ainsi d'étés légèrement plus chauds que sur le littoral méditerranéen, mais d'hivers plus frais. L'été, il n'est pas rare de dépasser les 34 degrés. L'hiver, de légères gelées, bien que peu fréquentes, ne sont pas à exclure. Les printemps sont très doux, voire chauds en mai et juin. Les mois d'automne sont souvent assez pluvieux, jusqu'au début de la période hivernale : c'est durant cette saison qu'ont lieu les épisodes méditerranéens ou cévenols, qui provoquent des pluies diluviennes (jusqu'à trois mois de précipitations peuvent tomber en quelques heures). Malgré les très importantes précipitations, Ganges n'est pas sur une zone inondable, contrairement à une petite partie de son village voisin, Laroque.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- Les Traverses sont caractéristiques des vieilles villes cévenoles ; le vieux centre historique de Ganges est un dédale de passages voûtés, de ruelles, avec jardins et cours en étage qui composent un véritable labyrinthe.
- Temple de Ganges. Le temple protestant (1851) de forme rare et originale heptagonale possédant un haut et curieux clocher (30 mètres) presque en forme de minaret qui domine toute la ville et qui contient une unique cloche.
- Le beffroi communal (fin 17ᵉ siècle) supportant un très gracieux campanile qui abrite une très ancienne cloche du 16ᵉ siècle qui sonne les heures (le tout récemment restauré). Cette horloge domine les anciennes casernes.
- La vieille ville est entourée d'une agréable petite ceinture de boulevards ombragés de tilleuls.
- Les halles métalliques de la fin du 19ᵉ siècle sont malheureusement peu mises en valeur.
- Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Ganges. L'église fut construite de 1860 à 1866 dans le style néo-roman par l'architecte Henri Antoine Revoil. Elle possède deux clochers qui supportaient, à l'origine, deux flèches et où l'on trouve trois cloches, servant aux offices et à la sonnerie de l'angélus, baptisées Marie, Jeanne d'Arc et Thérèse (le bourdon). À l'intérieur de l'édifice se trouvent des mosaïques ainsi qu'un bel orgue installé en 1869 par la Manufacture Théodore Puget Père et Fils de Toulouse et offert par l'impératrice Eugénie sous le Second Empire.
- Le monument aux morts 1914-1918 dessiné par Maxime Real del Sarte.
- Le couvent et la maison de retraite des dominicaines, éloignés du centre-ville mais dominant les environs du fait de sa position élevée, sur une colline.
- Chapelle du couvent des Dominicains de Ganges.
- Le cours.
- Récemment, une partie de l'ancien centre historique, situé au sud est des halles, où se trouve notamment l'hôtel Bertrand, a fait l'objet d'une requalification complète. Plusieurs pâtés de maisons ont ainsi été rasés, d'autres démolitions sont prévues dans la foulée.. Une entreprise contestée au sein de la commune mais ouvrant un bel espace en centre-ville.
Personnalités liées à la commune
- La famille de Vissec de La Tude.
- Charles de Vissec de Latude (1639-1737). Baron des États de Languedoc, gouverneur de Ganges, lieutenant du roi de la Finance du Languedoc, commandant du Fort Saint-André à Villeneuve-lès-Avignon. Le roi érige ses terres de Ganges en marquisat en 1666. Il avait épousé l'une des beautés de son temps, Diane de Joannis de Chateaublanc.
- Diane de Joannis de Chateaublanc dite la marquise de Ganges (1635-1667). L'affaire de son assassinat en 1667 par ses deux beaux-frères, l'abbé et le chevalier de Vissec de la Tude, eut un très grand retentissement.
- Jean Antoine Soulier (1766-1835), général français de la Révolution et de l'Empire, né et mort à Ganges.
- Antoine Fabre d'Olivet (Ganges, 8 décembre 1767-Paris, 27 mars 1825). Écrivain, philologue et occultiste français.
- Isaac Tarteyron, né le 18 octobre 1769 à Ganges et mort le 1er juillet 1814 à Bon-Encontre, négociant et homme politique français.
- Jules Émile Planchon (21 mars 1823-Premier avril 1888). Botaniste né à Ganges. La rue qui descend du temple jusqu'au pont sur le Rieutord porte son nom.
- Armand Sabatier (1834-1910). Savant né à Ganges et mort à Montpellier, professeur à la Faculté de médecine de Montpellier.
- Élie Gounelle (1865-1950). Né à Sauve, il est le fils du pasteur méthodiste Gédéon Gounelle. Il devient lui-même pasteur à Alès puis à Roubaix. Elie Gounelle est l'une des principales figures du christianisme social en France et un pionnier du mouvement œcuménique dans l'entre-deux-guerres. Il meurt dans sa maison à Ganges. L'ancienne rue des Écoles porte désormais son nom.
- Victor Brugairolles, né à Ganges en 1869-1936 et décédé à Paris. Artiste peintre.
- René Méjean, né à Ganges en 1904-1988, poète occitan, félibre.
- François Bluche (1925), historien français spécialiste de l'Ancien Régime.
- Christophe Gibelin (1967). Scénariste et coloriste français de bandes dessinées.
- Nicolas Cozza (1999), footballeur professionnel au Montpellier Hérault Sport Club.
Anecdotes
Le Rieutord, la rivière traversant Ganges, est la plupart du temps à sec puisqu'une partie de ses eaux s'écoule de façon souterraine après qu'elles ont passé Sumène. Son eau réapparaît à Ganges lors de fortes pluies en amont, ce qui ne se produit qu'une ou deux fois par an.
Manifestations culturelles et festivités
Une fête votive est également organisée autour du 14 juillet.
Enfin, le rallye des Cévennes a également lieu début novembre.