Jarrie est une commune française située dans le département de l'Isère en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Paroisse de l'ancienne province royale du Dauphiné durant l'Ancien régime, la commune devenue iséroise lors de la création des départements, abrite le siège de la communauté de communes du Sud Grenoblois entre 2003 et 2013, puis rejoint la communauté de Grenoble-Alpes Métropole en 2014. Les habitants de Jarrie sont dénommés les Jarrois.
Histoire
Antiquité
Jarrie se trouve sur la route commerciale alpine depuis l'antiquité, route qui deviendra ensuite une voie romaine.
Les plus anciennes traces d'occupation du village actuel remontent au 1ᵉʳ siècle avant Jésus-Christ. Par rapport à la présence gauloise, un Peron d'Avalon se trouve sur la carte de Cassini, et Abalo indique la pomme en langue gauloise.
Les archéologues ont établi que la voie romaine passait par Haute-Jarrie et les Chaberts au 1ᵉʳ siècle de notre ère, grâce à l'expertise et à l'authentification de pièces et de tuiles par le Musée dauphinois,,.
Moyen Âge
Au cours de la période féodale, les traces de vie humaine témoignent d'une sédentarisation des populations qui investissent le plateau de Haute Jarrie et le hameau des Chaberts. La communauté villageoise se constitue alors au 10ᵉ siècle autour de deux pôles centraux : l'église Saint-Étienne récemment édifiée, au cours de la période de christianisation du territoire français tout entier, et le Seigneur local, qui serait à l'origine de l'édification d'un bâtiment défensif, notamment une motte castrale au Rampeau, déjà évoqué dans des textes antérieurs au 10ᵉ siècle.
Au cours de la première moitié du Deuxième millénaire, les villes dauphinoises, telles que Grenoble, Gap ou La Mure se développent rapidement, grâce à l'essor du commerce inter-cité, qui dynamise l'ensemble du territoire français. Jarrie devient ainsi un lieu de passage privilégié pour ces flux commerciaux. Le village connaît alors un renouvellement de sa population, et par conséquent, un essor démographique important. D'un petit regroupement de fermes qu'il était jusque présent, il devient un véritable conglomérat de maisons de commerçants et de paysans.
Dans le même temps, l'Église assoira encore davantage son aura sur la communauté, influencée par l'ordre des Templiers, récemment établi à proximité, qui entreprend d'exploiter les atouts géographique du village. Les terres encore inoccupées seront alors défrichées et réservées à l'agriculture. L'étang de Haute-Jarrie sera utilisé pour l'irrigation des champs et l'approvisionnement des foyers. Par ailleurs, ils établiront également une commanderie chargée de régulier les flux commerciaux et de personnes sur les routes du village, et construiront un édifice imposant sur le plateau de Haute-Jarrie, que l'on appellera ensuite « Châteauneuf ».
Époque Moderne
Au cours des 14ᵉ siècle et 15ᵉ siècle, le village n'est pas épargné par les fléaux qui déciment le pays tout entier. La peste noire et la guerre de Cent Ans laisseront en effet, une empreinte indélébile dans les esprits des membres de cette petite communauté villageoise. Néanmoins, le milieu du Deuxième millénaire sera tout de même celui de l'édification des bâtiments les plus emblématiques de Jarrie : le château de Bon Repos, construit dans un style médiéval, et qui aujourd'hui encore, donne un caractère un peu moyenâgeux à cette partie du village. De nos jours, le château est animé chaque année par plusieurs compagnies de théâtre, ainsi que des groupes de musique. Ce fut à cette époque que la maison Jouvin vit le jour dans la plaine de Basse-Jarrie ; autrefois dénommée « tour d'Avalon », ce bâtiment accueille actuellement depuis de nombreuses années la Mairie du village, dans le parc du même nom : le « Clos Jouvin ».
Malgré la modestie de sa taille, la commune de Jarrie fut particulièrement impliquée dans les guerres de religion qui ensanglantèrent la France au cours du 16ᵉ siècle. Le Dauphiné fut en effet, une région particulièrement touchée par les affrontements entre catholiques et protestants. À cette époque, François de Bonne de Lesdiguières était le chef de file des Huguenots (nom donné aux protestants), qui cherchaient à négocier la fin des conflits avec les représentants locaux, et notamment Louis Armuet, le propriétaire du château de Bon Repos. Cependant, alors que leurs discussions permirent la rédaction d'un traité de paix, Henri III, qui eut vent des revendications huguenotes, refusa catégoriquement les conditions imposées par les protestants, et fit échouer les « accords de Jarrie ». L'année 1587 fut alors le théâtre d'affrontements violents entre catholiques et protestants, au cours desquels, ces derniers seront lourdement décimés. La bataille de Jarrie du 19 août 1587 comptera 1500 morts, presque tous Suisses. En représailles, Lesdiguières traversera la commune et pilla la commanderie d'Échirolles dans sa marche sur Grenoble en 1590. Il faudra alors attendre l'Edit de Nantes, promulgué par Henri IV en 1598, pour rétablir la paix au village et dans tout le Dauphiné.
La commune connue également une réorganisation de son découpage paroissial. En effet, à partir du 16ᵉ siècle, Jarrie fut administrée par trois paroisses différentes : celle de Saint-Étienne, celle de Notre-Dame de Jarrie et celle de Saint-Jacques d'Échirolles. Par la suite, lors de la venue au pouvoir de Louis XIV, la commune se verra assez curieusement retirer l'administration de la communauté d'Isabeau Marnais sur ordre du Sieur Champigny, intendant du Dauphiné.
Époque contemporaine
Révolution française
En vue de la préparation des États généraux de mai 1789, une assemblée préalable se réunie le 21 juillet 1788 à Vizille, une petite commune située à une demi-douzaine de kilomètres de Jarrie. Lors de cette assemblée, ce fut Charles Renauldon, propriétaire du Château de Saint-Jacques à Échirolles et futur maire de Grenoble, qui défendit les doléances des Jarrois. Malgré l'implication du village dans la vie politique du pays, la Grande Peur et les troubles de l'été 1789 ne trouvèrent pas vraiment d'écho à Jarrie. Les châteaux et domaines seigneuriaux du village n'eurent pas à subir la colère des révolutionnaires et ne connurent aucune forme de pillage.
Le 19ᵉ siècle
Le 19ᵉ siècle fut, quant à lui, une période beaucoup plus dynamique pour la commune. Sa population augmenta grâce à l'arrivée de nouveaux paysans et de riches bourgeois grenoblois, attirés par cadre de vie qu'offre le village, à la fois calme et rural, tout en étant proche de la ville. De plus, l'artisanat industriel se développe assez rapidement : la création de la gare communale en 1878 et d'une ligne de chemin de fer, reliant Grenoble à Veynes, attire les meuniers, les plâtriers et les scieurs de la région. C'est ainsi que l'on vit progressivement apparaître de plus en plus d'ateliers de toutes sortes dans le village.
Le 20ᵉ siècle
Par la suite, ce seront ces mêmes attributs ferroviaires qui conduiront à une des transformations majeures de la commune : la création d'une usine de chlore à Basse-Jarrie, la SECEMAEU, qui draine alors une importante population ouvrière. En effet, durant la Première Guerre mondiale, la gare de Jarrie permet l'acheminement aussi bien de matériel militaire, que le ravitaillement alimentaire des hommes et du bétail. Le site de Jarrie, isolé de la ville et loin du front allemand, est l'endroit idéal pour développer des usines chimiques où l'on peut créer des produits capables de rivaliser avec les technologies allemandes.
Lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale avec la déclaration de guerre contre l'Allemagne en septembre 1939, l'usine est alors au cœur de la vie économique de Jarrie. Pourtant, plus d'une centaine de salariés seront réquisitionnés pour le combat, et seulement vingt en reviendront. Face à ce bouleversement démographique, les membres de l'usine vont alors entamer une forme de résistance plus ou moins active contre les forces d'occupation allemandes. Ainsi, ils obtiendront le retour de certains salariés prisonniers, ils aideront les maquisards en leur permettant de s'approvisionner en matériel, et l'un des ingénieurs de l'usine fera en sorte de diminuer la quantité de fournitures dédiés aux Allemands en sabotant régulièrement les machines de l'usine. Peu de temps avant la chute du Troisième Reich, les Allemands occupant la Maison Jouvin, située à quelques centaines de mètres de l'usine, incendient la scierie Pillet et fusillent un des ouvriers de l'usine, en représailles des actes de résistances réalisés par les salariés.
Les mutations du village depuis 1945
De nos jours, la commune de Jarrie est bien sûr toujours existante, mais elle a bien changé depuis 1945. Sa population d'à peine 2 000 habitants a augmenté pour en atteindre presque 4 000, elle est devenue une des plus dynamiques de l'agglomération sud-grenobloise.
En quarante ans, outre le rachat du château de Bon Repos aux descendants de la famille Jouvin par la Mairie de Jarrie, de nombreux services publics et associations culturelles ont été créés par les différents maires successifs.
De plus, la mairie s'installe dans la Maison Jouvin, où l'on constitue un Musée de la chimie, toujours en place actuellement. La halte-garderie est municipalisée, l'étang de Haute-Jarrie classé "Réserve naturelle", et de nombreux hameaux comme les Terrasses, les Simianes, les Auriards, les Plâtrières et les Envers, sont construits afin d'accueillir les nouveaux habitants du village, arrivés au cours des "Trente Glorieuses".
Par ailleurs, dans les années 1960, l'usine de chlore est rachetée par le groupe AREVA et devient un site de fabrication de zirconium, qui exporte aujourd'hui dans le monde entier. Ainsi, en quelques décennies, la petite commune paysanne et ouvrière s'est fortement développée et peu à peu gentrifiée, comportant aujourd'hui toutes les structures d'une ville de taille moyenne.
Le 21ᵉ siècle
En janvier 2019, la tour hertzienne de Jarrie (lieu-dit du Plassoney), d'une hauteur de 85 mètres et surplombant l'agglomération grenobloise a été prise pour cible lors de la vague d'incendies criminels à Grenoble.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous la forme Jarria au 11ᵉ siècle.
Jarrie (de garrica, chêne) est un mot d'origine préceltique passé en langue gauloise, et son emploi a persisté à l'époque gallo-romaine et même à des époques postérieures, comme en témoignent les formes avec l'article défini du type la Jarrie, à partir du 12ᵉ siècle.
On ne peut donc pas rattacher à une occupation prélatine les lieux portant ce nom, ni d'ailleurs, antérieure au Moyen Âge dans le cas précis de Jarrie.
- Les Chaberts :
- Haute-Jarrie :
- Basse-Jarrie :
- Les Charbonnaux :
- l'Aragna : Arène, carrière de sable
- Les Thevenets :
- Les Simianes :
- Bon Repos :
- Le Plâtre :
- Les Vernets :
- La Combe :
- Les Envers :
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- Le château de Bon Repos, du 15ᵉ siècle, propriété de la commune qui l'a entièrement restauré, est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 8 octobre 1986.
- Le Château des Rollands ou manoir de Teyssier, à Haute-Jarrie, qui date du 18ᵉ siècle et du 19ᵉ siècle, est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 12 décembre 2006.
- Le Châteauneuf à Haute-Jarrie, du 13ᵉ siècle
- Le clos Jouvin, qui date de 16ᵉ au 19ᵉ siècle, ancienne tour d'Avalon, demeure dans un parc paysager occupée par la mairie, bâtiment autrefois propriété de la famille de gantiers Jouvin. Le parc du Clos Jouvin a été créé vers 1880 par l'architecte paysagiste Gabriel Luizet, réalisateur de plusieurs parcs reconnus monuments historiques
- Le château des Simianes
- La presumée motte castrale de Rampeau, du 11ᵉ siècle
- L'église Saint-Étienne à Haute-Jarrie
- L'église Notre-Dame des Charbonnaux (ou Charbonnots), partie de l'ancien prieuré bénédictin du 11ᵉ siècle
- La Croix de la Vue, entre Basse-Jarrie et Montchabaud
- Le monument aux morts communal de Jarrie, situé à Basse-Jarrie se présente sous la forme d'un pilier surmonté d'un Poilu en arme en position de sentinelle avec un piédestal de trois marches, l'ensemble étant entouré par une haie végétale.
Patrimoine culturel
Le musée de la chimie, attenant à l'hôtel de ville et la bibliothèque municipale Yvette Virot, se trouve au Clos Jouvin. Le musée de la chimie, situé non loin d'un des principaux pôle industriels de chimie français, propose des ateliers scientifiques à destination du jeune public.
Patrimoine naturel
Gérée depuis le premier janvier 2019 par Grenoble Alpes Métropole, la réserve naturelle régionale de l'Étang de Haute-Jarrie, d'une superficie de onze hectares héberge un étang, un site de roselières, des prairies humides et des boisements
Personnalités de la commune
- Patrick Rolland : ancien joueur de hockey sur glace à Grenoble et de l'équipe de France. Aujourd'hui, il est entraîneur adjoint de l'équipe junior de France et entraîneur adjoint des Brûleurs de loups de Grenoble. L'été, il a son école de hockey.
- Yvette Virot (née Goddard) : ancien maire de la commune et fondatrice du musée de la Chimie à Jarrie. Une salle lui est dédiée et la bibliothèque municipale porte son nom.
- Christian Boujet joueur de rugby au FC Grenoble et international de Rugby à XV (3 sélections avec le XV de France en 1968).
- Francois Gachet Champion du monde descente VTT 1994
- Pierre Ostian (1944-2015), journaliste et documentariste professionnel de télévision et créateur magazine Montagne.
Héraldique
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Blason
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De gueules à un chêne arraché d'argent, au chef d'azur chargé de trois haumes d'argent taré de profil.
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Détails
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Le statut officiel du blason reste à déterminer.
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