L'Isle-Jourdain (en gascon : L'Isla de Baish) est une commune française située dans le département du Gers, en région Occitanie. Sur le plan historique et culturel, la commune est dans le Savès, une petite province gasconne correspondant au cours moyen de la Save.
Exposée à un climat océanique altéré, elle est drainée par la Save, le Cédat, le Rémoulin, le ruisseau de la soubire, le ruisseau de Noailles, le ruisseau des Crabères, le ruisseau du Gay et par divers autres petits cours d'eau. La commune possède un patrimoine naturel remarquable composé de deux zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
L'Isle-Jourdain est une commune urbaine qui compte 9 072 habitants en 2019, après avoir connu une forte hausse de la population depuis 1962. Elle est dans l'unité urbaine de L'Isle-Jourdain et fait partie de l'aire d'attraction de Toulouse. Ses habitants sont appelés les Lislois ou Lisloises.
La devise de la ville Hospes Atque Fidelis (« Accueillante et fidèle »).
Le patrimoine architectural de la commune comprend trois immeubles protégés au titre des monuments historiques : la halle, inscrite en 1975, la collégiale Saint-Martin, classée en 1979, et la maison Claude Augé, classée en 1992.
Histoire
L'Isle-Jourdain est chef-lieu de district de 1790 à 1795. Admise dans l'arrondissement de Lombès (actuellement Lombez) en 1801, elle intègre celui de Auch en 1926.
L'Isle-Jourdain absorbe en 1823 la commune de Casse-Martin et en 1824 celle d'Aragnès.
La croix clêchée, vidée, pommetée de la ville est intitulée "Croix de l'Isle Jourdain". Elle aurait été adoptée en blasonnement par le comte de l'Isle lors de sa croisade en compagnie du comte de Toulouse dont il fut vassal. Les comtes prirent la place forte de Tripoli, au Nord du Liban actuel, où ils adoptèrent la croix clêchée, vidée, pommetée pour bannière à leur retour. Cette croix étant un symbole chrétien d'Orient, avec les douze pointes représentant les douze apôtres de Jésus.
C'est cette croix de l'Isle Jourdain qui fut nommée par la suite "croix du Languedoc", puis "croix occitane" par les mouvements occitans. La ville est à ce titre surnommée la "Mère de l'Occitanie".
Toponymie
Le seigneur de l'Isle étant parti aux croisades en Palestine, il y aurait baptisé son fils dans le Jourdain en lui donnant le nom du fleuve (Jordan en occitan). La ville ressemblant à une île au milieu des marais devient ainsi L'Isle de Jourdain, ou L'Isle en Jourdain qui a donné le nom à la ville.
Une autre source connue des vieilles familles locales à travers la transmission orale (reprise par l'historien F.J. Bourdeau dans son Manuel de géographie historique, ancienne Gascogne et Béarn) donne comme origine Insula Ictium : insula, quartier ou hameau et ictium, coup porté avec force (mais peut venir également de ictius, poisson : signe de reconnaissance des premiers chrétiens).
À l'origine, le gué sur la Save au lieu-dit Pont Perrin aurait vu l'éclosion d'une halte sur la route de Bordeaux à Toulouse, tronçon de la voie romaine d'Aginuum à Tolosa (ancienne voie gauloise, via décrite dans le Burdigalensis en 333), alors que les autres zones de peuplement de l'Isle d'aujourd'hui se situaient sur le plateau, emplacement du Castrum de la collégiale actuelle.
Les coteaux bordant la route de Ségoufielle, plantés de vignes vendangées après la première gelée (bucconiatis, vitis, Gaffiot), d'où l'origine du nom Boucconne, ainsi que d'autres hameaux, notamment sur le haut de la vallée de l'Esteil, le long de l'actuelle voie rapide, constituaient alors une insula. Les fouilles de La Gravette (lieu-dit sur le flanc sud des coteaux) ont mis au jour une nécropole wisigothe entourée de plus de 600 tombes dont il ne fut pas possible de reconnaître tous les emplacements.
La Saume (Poustetos) de 1274-1275, écrite en caractères gothiques, reprend les droits et devoirs des habitants de l'Isle. Elle confirmerait l'origine du nom de l'Isle puisque dans le texte est citée l'insula jordanis par son abréviation isla jordanis. Il est à noter qu'y figure comme rédacteur un certain Vital Cayrel dont les descendants (Jean à Monfort et Michel à Endoufielle) habitent toujours les environs immédiats de la ville.
En occitan gascon, elle est nommée L'Isla de Baish (l'île d'en bas) par opposition à L'Isla de haut (l'île d'en haut) et à L'Isle-en-Dodon, commune située plus en amont sur la Save. L'Isle-Jourdain est une cité de Gascogne, où la plupart des lieux-dits sont explicables par la langue, par exemple Embladé, Embetpéou, le Nougaret, Mesplet, Larroudé. Nombre d'entre eux sont construits sur le modèle En + Nom, où En est une particule honorifique signifiant "Monsieur" ; c'est le cas notamment dans la forme "L'Isle En Jourdain" (L'Isla En Jordan).
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- Pont Peyrin.
- Pont Tourné.
- Clocher-tour du 14ᵉ siècle.
- Collégiale Saint-Martin construite vers 1785 par un élève de Jacques-Germain Soufflot, Jean-Arnaud Raymond, architecte des États du Languedoc. L'église collégiale et la tour sont classés au titre objet des monuments historiques depuis 1979.
- Église de l'Immaculée-Conception-de-la-Vierge-Marie.
- Église Saint-Sébastien de Cassemartin.
- Chapelle Saint-Jacques (dans l'enceinte de la maison de retraite).
- Halle aux grains du 19ᵉ siècle, réhabilitée en Centre-Musée européen d'art campanaire en 1994 et qui accueille environ 12 000 visiteurs chaque année, inscrite au titre des monuments historiques depuis 1975.
- Maison Claude Augé : hôtel particulier 1904 classé aux Monuments historiques.
- Château de Panat, de style Renaissance espagnole, édifié en 1880 par Joseph Samuel Léopold de Brunet, marquis de Panat (Toulouse, 1851 - L'Isle-Jourdain, 1913), et dont l'architecte est son beau-père, Edmond Salles.
Musées
Musée européen d'art campanaire,
Personnalités liées à la commune
- Saint Bertrand de Comminges (v. 1050-1123) : évêque né à L'Isle-Jourdain ;
- Esclarmonde de Foix (après 1151-1215) : figure du catharisme, donnée en mariage à Jourdain de L'Isle-Jourdain, seigneur de L'Isle-Jourdain ;
- Antoine Anselme (1652-1737) : prédicateur, né à L'Isle-Jourdain ;
- Claude Augé (1854-1924) : lexicographe né à L'Isle Jourdain ;
- Paul Augé (1881-1951) : lexicographe, fils de Claude Augé et né à L'Isle Jourdain ;
- Aymeric de Brunet de Castelpers (1886 - 1965) : vicomte de Panat, né à L'Isle-Jourdain, pastelliste ;
- Élie Cester (1942-2017) : joueur de rugby à XV né à L'Isle-Jourdain ;
- François Corbin (1902-1960) : joueur de rugby à XV né à L'Isle-Jourdain, champion de France en 1929 avec l'US Quillan ;
- Vincent Mercier (1992-) : pilote automobile amateur, champion d'Europe d'autocross buggy 1600 en 2019 et de France en 2016 et 2017.
- Armand Praviel (1875-1944) : écrivain né à L'Isle-Jourdain ;
- Nicolau Rey-Bèthbéder (1970-) : lexicographe ayant écrit un dictionnaire sur le parler occitan de L'Isle-Jourdain ;
- Joseph Saverne (1863-1951): directeur d'école de L'Isle-Jourdain et historien local. Cet érudit fit un travail considérable dans les archives concernant l'Isle-Jourdain et en tira un ouvrage qui reçut le prix Ozenne de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse : "L'Isle-Jourdain; son histoire" édité en 1914.
- Jean-Claude Skrela (1949-) : joueur de rugby à XV ayant joué à L'Isle-Jourdain ;
- Patrick Tabacco (1974-) : joueur de rugby à XV ayant commencé sa carrière à L'Isle-Jourdain.
- Susan Janet Ballion (1957-) dite Siouxsie Sioux, chanteuse du groupe britannique Siouxsie and the Banshees (1976 - 1992) a habité l'Isle-Jourdain de le fin des années 90 au milieu des années 2000.
Héraldique
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Blasonnement : Écartelé : au premier et au quatrième contre-écartelé au I et au IV d'argent au lion de gueules et au II et au III de gueules au léopard lionné d'or, au deuxième et au troisième de gueules à la croix cléchée, vidée et pommetée de douze pièces d'or.
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