La Mure (en vivaro-alpin : Mòta Rocassosa ; en francoprovençal : La Mura) est une commune française située dans le département de l'Isère, en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Son territoire est situé dans le sud de ce département, au niveau d'un plateau entouré de montagnes, la Matheysine. La commune est labellisée Village étape depuis 2018.
Ses habitants sont les Murois.
Histoire
Moyen Âge
Durant l'époque médiévale, on relève l'existence de plusieurs maisons fortes dont celles : du seigneur de La Motte décrite en 1339, « habet infra villam dominus de mota domum fortem » ; de Lancelot de Clermont décrite en 1363, « quadam turrim cum domo bassa viridarium grangiam et aliis platheis et pertinentiis suis site infra villam de mura » et d'une autre décrite en 1366, « unam suam domum fortem cum suo tenemento et curtilagio site infra villam de mura in castro justam domum fortem nobilis petrus beymundi et juxtam terram berthoni genpanis et juxtam domum fortem nobilis Remundus aynardi ».
Temps Modernes
L'édit de janvier 1562
À la suite de l'édit de janvier 1562 qui permet aux croyants religieux d'exercer leur culture hors des murs de la ville pour éviter les querelles, les protestants ne dissimulent plus leurs revendications et le Massacre de Vassi est considéré comme un signal de guerre.
François de Bonne ayant secrètement été gagné par le protestantisme, s'organise pour la lutte. En novembre 1562, lui et son parent Furmeyer occupent La Mure pour la première fois.
Il perd la ville à plusieurs reprises mais réussit à l'occuper de nouveau à chaque fois.
À la suite de la Réforme qui aura réuni l'essentiel des vieux catholiques, il crée le boulevard du protestantisme.
La Mure devient alors calviniste pendant une vingtaine d'années.
En 1565, les Huguenots construisent leur temple à l'extérieur de la porte du Rivier (actuellement rue du Temple).
17ᵉ siècle
Louis XIII et Richelieu
En 1629, Louis XIII et Richelieu s'abritent à La Mure chez maître Moïse Duport, docteur en droit, avocat à la cour, écuyer, ancien député des Eglises réformées du Dauphiné.
Cette chambre du rez-de-chaussée, dans laquelle le roi loge, est appelée par la suite « chambre du Roy ». Cette habitation se trouverait dans « La Grande-Rue » là où se situe la halle du marché.
Passage du pape Pie VI
Le 3 juillet 1799, peu de temps avant sa mort, le pape Pie VI, âgé de quatre-vingt-deux ans et exilé arrive aux portes de La Mure.
Ce jour-là, accompagné d'une vingtaine de personnes, il est accueilli par les autorités municipales puis emmené dans une des maisons les plus agréables de la ville, celle du maire Genevois. Cette demeure se trouvait également dans la Grande-Rue.
Comme le souligne Victor Miard dans La Mure et la Matheysine à travers l'Histoire :
« Il se fit porter, sur son pliant de cuir, au balcon de cette dernière, pour donner sa bénédiction à la foule accourue de toutes parts. Mais il était si exténué que son médecin, le docteur Duchadoz, exigea une journée de repos le plus complet. Sa voiture couvertes de fleurs, le souverain pontife repartit le surlendemain matin, à six heures, pour Vizille et Grenoble, où il allait rester trois jours. ».
Les Trois Croix
Elles sont érigées au sommet de la colline (« ser » ou « Payon » en Matheysin) qui avait pour fonction de protéger les Gallo-Romains installés au sud-est.
Sur cette colline stratégique, le Duc de Lesdiguières construit une citadelle en 1579 pour protéger la ville des attaques catholiques.
En 1580, durant les guerres de religion, la ville est assiégée et prise aux protestants par le duc de Mayenne. La citadelle est détruite en 1581. En 1587, le château de Monestier est détruit par les troupes de Lesdiguières.
En 1723, sous les auspices des moines capucins, une chapelle est construite et est accessible grâce à un chemin partant au pied de l'actuel hôtel de ville.
La révolution de 1794 emporte l'église et il ne reste alors que le calvaire.
Ces croix en pierres, depuis 1864 sont intactes et sont toujours visibles à l'heure actuelle.
La Révolution française
La Mure est la première commune de la province à se rebeller contre l'ordre établi et dirigée par ses nobles. L'esprit révolutionnaire y règne, en particulier au sein de son parlement.
Dès 1763, par des manifestations, la commune ne cesse de condamner l'arrogance de la famille royale et réclame la convocation des états généraux.
Le 17 juin 1788, invités par les consuls et échevins de Grenoble, les trois ordres de la communauté de La Mure sont conviés à s'employer avec eux « par instances respectueuses auprès du le roi au retrait récentes des lois destructives de la constitution de la province.»
Le 26 juin 1788, une réunion de trois ordres a lieu. L'assemblée souhaite à l'unanimité se joindre aux représentants de Grenoble pour plaider auprès du roi « de vouloir bien retirer les derniers édits, rendre ses magistrats à la province, permettre la convocation des états particuliers de celle-ci en y appelant, par voie d'élection libre, les membres du tiers-état, en nombre égal à celui du clergé […] en vue de remédier aux maux de la nation».
« Le 20 octobre, le curé Goubet, délégué [de la] ville, assiste à la rentrée solennelle du parlement à Grenoble. Les ordres du Dauphiné tiennent trois assemblées successives à Romans, et dans la dernière, celle du 1er décembre, la constitution des états étant définitivement établie, ils rédigent les pouvoirs des députés de la province aux états généraux et procèdent à l'élection de ces députés. Et le 5 mai 1789, les états généraux se réunissent à Versailles. Dans notre cité, comme partout, on illumine et on fait des feux de joie à l'annonce de la fusion des trois ordres, après le Serment du Jeu de Paume.».
Époque contemporaine
L'église
Le mardi 31 mai 1887, la première pierre de l'église paroissiale de La Mure est bénie et Monseigneur Fava, évêque de Grenoble prononce une homélie historique.
« Nos très chers Frères,
Il y a dans l'histoire des paroisses ainsi que dans l'existence des hommes, des heures solennelles que l'on marque par un souvenir durable, afin que cette heure soit en quelque sorte immobilisée et fixée devant les yeux et dans la mémoire es générations.
Chers habitants de La Mure, vous êtes arrivés à l'un de ces moments qui marqueront dans l'histoire de votre paroisse.
Cet événement mémorable, nous le célébrons par une fête dont le souvenir se perpétuera à travers les âges, nous le marquons par une pierre désormais sacrée aux yeux du ciel et de la terre. ».
Apparition de l'éclairage électrique
Le premier système d'éclairage de La Mure remonte à 1840. Quelques lampes à huile avaient été installées dans les rues, placées dans des réverbères à réflecteur.
Ces lampes n'étaient allumées que lors des jours sans lune du 1er octobre au 31 mars par mesure d'économie.
En 1872, la ville change son système d'éclairage et passe à l'essence de pétrole et en 1888 au gaz hydrocarburé.
C'est en 1892, que pour la première fois à La Mure, les rues de la ville se voient éclairées par l'électricité.
« Samedi 30 janvier, par une nuit très obscure, à 8 heures, la ville s'est trouvée tout à coup et comme par enchantement brillamment éclairée […] Les habitants de La Mure, sauf les malades alités, se pressaient dans les rues, sur les places pour admirer l'éclairage nouveau ».
Selon le témoignage d'un habitant de cette époque, « Deux cafés privilégiés par le fait d'être actionnaires de la Société ont pu être éclairés en même temps (cafés Prospect Rival, place de la Liberté, et Pestre, rue des Fossés) ».
Inauguration des salons de l'hôtel de ville en 1893
Le vendredi 9 juin 1893, présidé par le préfet Edmond Robert, le conseil de révision siège pour la première fois dans le tout nouvel hôtel de ville.
Le soir même, une grande fête est organisée avec notamment la fanfare et les trompes muroises qui, sur la place de la Liberté, offrent un concert sous le grand édifice éclairé désormais par l'électricité.
Les invités de cet événement sont : le préfet, le Général Segretin, gouverneur militaire de Grenoble, le sénateur James Durand-Savoyat et les membres du conseil de révision.
Le 10 juin 1893 à 20 heures, l'hôtel de ville couvre la première séance réalisée par le conseil municipal et le mercredi 14 juin à 10 heures le premier mariage devant le maire.
Napoléon premier
Napoléon premier a traversé la Mure, par la rue des Alpes, le 7 mars 1815 lors de son retour de l'île d'Elbe, juste avant de rencontrer les troupes venues à sa rencontre à Laffrey.
Mines
La commune montre des corons et des chevalements de mine en raison de l'exploitation du gisement houiller de la Mure. La récession des mines des Houillères du Dauphiné depuis 1967 a posé la question de la mutation économique et sociale de la commune. L'exploitation a cessé en mars 1997.
Toponymie
Le nom de La Mure (ipsa mura en 1089) vient de l'occitan mura, qui désigne les murs d'une maison, probablement en ruines, selon Ernest Nègre[12], ou les murs qui protégeaient la Ville [13].
Au fil des années, le terme connaît des variantes selon Victor Miard dans La Mure et la Matheysine à travers l'Histoire.
« in Matasina ad Muram (11ᵉ siècle.), Mura (1137), Mura Mataena (1236), La Mure (1343), La Meure (1404), La Meure Matheyzine (1466), La Mure (1515), La Meure (1580), enfin, de nouveau et définitivement La Mure.».
Le nom de La Mure viendrait également de (Mòta Rocassosa en occitan vivaro-alpin) qui désigne une butte rocheuse, le lieu ou serait construite la ville.
Ces termes, sont également le nom d'une colline rocheuse, celle où est construit le premier château delphinal. C'est dans l'Inventaire des Biens du Dauphin (1339) que pour la première fois, la construction du château est abordée « sur la colline qui a donné son nom à la ville ».
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Le chemin de fer de la Mure
Le chemin de fer de la Mure est un petit train touristique qui emprunte (en saison d'été seulement) la ligne d'un ancien train minier qui descendait le charbon de la Mure à Saint-Georges-de-Commiers. La ligne, à voie métrique, électrifiée en 1906, est en temps normal une des curiosités les plus visitées du département. Cependant, en raison d'un important éboulement de roches sur la voie dans la basse vallée du Drac, elle a été fermée de 2010 à 2021.
Le château de Beaumont
Ce château a été édifié au 15ᵉ siècle pour le châtelain royal de la Mure Humbert de Comboursier, puis reconstruit au 19ᵉ siècle. Seule la tour Sud-Est subsiste de cette époque. Au 19ᵉ siècle, les Sœurs de la Nativité reconstruisent les lieux (chapelle, seconde tour…) pour l'éducation des jeunes filles. Propriété de la ville depuis l'expulsion des religieuses en 1905, le château poursuit sa vocation scolaire devenant annexe du lycée voisin jusqu'en 1988. Il abrite aujourd'hui des logements sociaux et le foyer des jeunes travailleurs. Ce château est le dernier des trois qui figurent sur le blason de La Mure.
Les autres monuments
- Le calvaire de la Mure, dit « les Trois croix », érigé sur l'emplacement de l'ancienne citadelle construite par les protestants en 1579. Le duc de Mayenne ordonna sa destruction en 1581, peu de temps après le siège de la ville en 1580.
- L'ancienne Halle, construite pour la première fois en 1309 et plusieurs fois détruite par des incendies. La halle actuelle date du 19ᵉ siècle et elle a été labellisée Patrimoine en Isère.
- La Tour horloge ou beffroi du 18ᵉ siècle.
- La chapelle Saint Pierre-Julien Eymard. D'abord chapelle d'un prieuré bénédictin (milieu 11ᵉ siècle), détruite par les protestants durant les guerres de religion (1579), elle fut reconstruite en 1606.
- L'église Notre-Dame-de-l'Assomption (1890), de style néo-romano-gothique. Son clocher, d'une hauteur de 60 mètres, soit presque autant que les tours de Notre-Dame de Paris a été détruit en 2010 pour des raisons de sécurité.
- L'imposant hôtel de ville (1892), réponse du maire anti-clérical "Chion Ducollet" à la nouvelle église Notre-Dame-de-l'Assomption.
- La sépulture du Docteur "Romain Tagnard" (1843-1909), cimetière de La Mure, œuvre du sculpteur Auguste Davin.
- la maison Caral, du 17ᵉ siècle, construite à l'emplacement du château des Dauphins du début du 12ᵉ siècle.
Patrimoine culturel
Le musée Matheysin
Se situant dans la vieille ville, le musée Matheysin est abrité par la maison Caral depuis 1994 et serait le plus vieux bâtiment de la ville, remontant au 12ᵉ siècle.
Le musée de La Mure possède de nombreuses collections en lien direct avec La Mure, le plateau Matheysin et ses alentours.
La médiathèque
La médiathèque « La Matacena » a été dévoilée et inaugurée le 2 octobre 2010 par François Fillon et le maire de La Mure Fabrice Marchiol.
L'établissement est doté d'équipements écologiques modernes, occupe une superficie de 600 mètre carré, est divisé en 2 étages et coopère avec la Bibliothèque du Ministère de l'Isère et trois bibliothèques Matheysine : Sousville, La Motte de Aveillans et Notre Dame.
La médiathèque est une agence de services municipaux et une propriété intercommunale.
Son nom « Matacena » vient du latin médiéval : Mata (humide) et Cena (plateau).
École de musique
L'histoire de l'école de musique remonte lors de la présence en 1863, de la Fanfare ou Harmonie qui formait déjà ses propres musiciens.
D'une première idée militaire, ensuite minière, elle est « à l'heure actuelle, le seul établissement public d'Enseignement Artistique entre Gap et Vizille.» . L'école de Musique de La Mure est devenue un établissement municipal en 1980.
Par le biais d'une convention avec le Conseil général de l'Isère, et la signature de la charte pour l'école de musique, huit communes y sont associées : La Morte, Monteynard, Marcieu, Mayres-Savel, Corps, La-Motte-Saint-Martin, Notre -Dame-de-Vaulx et Ponsonnas.
La Mure Cinéma-Théâtre
L'établissement bénéficie de doubles labels : « Art et Essai » et « Jeune Public » et est géré par l'association « La Mure Cinéma-Théâtre ».
Personnalités liées à la commune
- Saint Pierre-Julien Eymard (1811-1868), prêtre, fondateur de la congrégation du Très-Saint-Sacrement, né et mort à la Mure. L'ancienne église de La Mure porte son nom et il est possible de voir le musée qui lui est consacré au 69 rue du Breuil.
- Abel Chrétien (1919-1973), résistant, mineur, illustrateur et sculpteur.
- Emmanuel Hostache, bobeur français, champion du Monde et médaillé olympique.
- Anatole Novak, coureur cycliste français, 10 participations au Tour de France.
- Maurice Lira, rugbyman français, champion de France avec La Voulte, international.
- Michel Zewulko, footballeur français, vainqueur de la coupe de France avec Lyon, international espoir.
- Frédéric Maugiron, joueur de boules lyonnaises
- Régis Peters, compositeur, auteur de nombreuses compositions musicales pour la télévision et le cinéma (1953-2011)
- Claude Garanjoud, Peintre abstrait
- Olivier Messiaen, Compositeur
- Joseph Cros (1805 - 1872), né à La Mure. Entre à l'École polytechnique le 5 novembre 1825. Directeur des constructions navales (1854). Commandeur de la Légion d'honneur (30 décembre 1857). Inspecteur général du génie maritime (1866).
- Charles-Émile Desmoulins (1829-1900), peintre né à La Mure
- Françoise Galle, peintre abstrait
- Robert Bouchery (1920 - 1996), magistrat français
- Victor Miard (1895 - 1971), professeur de dessin, historien de la Matheysine et artiste.
- Pierre Pelloux (1903 - 1975), artiste peintre et professeur à l'école des Beaux-Arts de Lyon. Une plaque pare sa maison natale avenue Chion-Ducollet.
- Robert Ibanez (1931 - 2020), artiste polyvalent, peintre, sculpteur et mineur. Il a fait don d'une de ses œuvres « le Cri » au département de l'Isère qui est installée au cœur de la maison du territoire de la Matheysine.
- Emmanuel Merle (1958-), écrivain et poète, né à La Mure
Évènements
En 2013, la ville de La Mure a créé le festival de musique « La Mure du Son ». Jeu de mot entre le Mur du son et le nom de la ville.
Chaque été, durant les mois de juillet et août, tous les vendredis soir, un concert est organisé gratuitement dans les rues de la ville.
De manière à satisfaire tous les habitants de la ville, chaque semaine le thème change ainsi que le genre musical. Pop, rock, jazz, soul en passant par les musiques latines et faisant un détour par l'Italie.
L'événement attirerait environ 3 000 personnes chaque été.
Depuis 2013, tous les 15 août, la ville organise la Fête du Murçon représenté par la Confrérie du Murçon Matheysin qui recherche à faire valoir la gastronomie matheysine.
Héraldique
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D'or au dauphin d'azur crêté, barbé, loré, peautré et oreillé de gueules, au chef de gueules aux trois tours d'argent.
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