Lans-en-Vercors /lɑ̃s ɑ̃ vɛʁkɔʀ/, nommée Lans /lɑ̃s/ avant 1947, est une commune française située dans le département de l'Isère en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Ce bourg de moyenne montagne est le passage obligé du Vercors septentrional à Grenoble. Il fait de cette situation un privilège....
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Lans-en-Vercors /lɑ̃sɑ̃vɛʁkɔʀ/, nommée Lans /lɑ̃s/ avant 1947, est une commune française située dans le département de l'Isère en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Ce bourg de moyenne montagne est le passage obligé du Vercors septentrional à Grenoble. Il fait de cette situation un privilège. Elle lui permet de s'approprier chaque progrès du val de Lans, dont fait également partie Villard-de-Lans. Il est inclus parmi les quatre paroisses des montagnes de Sassenage.
Sa population, de 2 652 habitants en 2020, globalement jeune, est en pleine croissance. Elle connaît un taux de chômage deux fois et demie moindre que la moyenne nationale. Natifs comme nouveaux venus descendent pour la plupart travailler à Grenoble. La commune souhaite concilier son activité agricole et d'élevage, qui préserve son cadre de vie, ainsi que le tourisme avec le développement d'activités durant les intersaisons.
Initialement, cette commune isolée dépend des seigneurs de Sassenage qui s'installent parfois sur une motte castrale dont il ne reste qu'une ruine. Lors de la Révolution, cette terre de tradition rurale s'avère peu républicaine et perd son statut de centre administratif. Au début du 19ᵉ siècle, le premier réseau routier qui désenclave le massif du Vercors passe par Lans ce qui permet à l'économie agricole et forestière de s'ouvrir vers l'extérieur et la venue de touristes. Dans le même temps, le chef-lieu communal se développe autour des axes de communication aux dépens du Peuil qui devient un simple hameau. Au 20ᵉ siècle, Lans-en-Vercors se transforme en petite station climatique qui s'attache ensuite à développer les sports d'hiver.
Lans-en-Vercors est une des entrées du parc naturel régional du Vercors, aux paysages et à la biodiversité remarquables. L'architecture de son habitat est caractérisée par des maisons aux pignons à redents qui entourent l'église Saint-Barthélemy dont une partie, datant du 17ᵉ siècle, est classée au patrimoine.
Histoire
Préhistoire et Antiquité
Outils en silex du Paléolithique moyen du val de Lans. (Aimé Bocquet).
Il y a plus de 100 000 ans, entre les périodes glaciaires du Riss et du Würm, durant le Paléolithique moyen, des Néandertaliens exploitent les affleurements siliceux du val de Lans. Probablement le couvert végétal, plus discret en altitude, permet plus facilement la mise en évidence et l'exploitation des filons de silex. Si des ateliers de taille ont été découverts — par exemple à la grotte de l'Olette,, —, on ne dispose d'aucune trace d'une occupation installée. Celle-ci est saisonnière et de courte durée,.
Durant l'Antiquité, un peuple celte — Allobroges ou Vertacomicori ? —, s'installe sur les pentes qui dominent les vallées de l'Isère et du Drac. Probablement s'aventure-t-il sur les hautes terres. Lors de l'occupation romaine de la Gaule, il existe un chemin qui va de Sassenage à Die en passant par Lans. Mais aucune trace d'une installation durable ne s'observe dans le secteur de Lans. Il n'existe pas de témoignage des invasions successives par les Burgondes puis par les Francs dans le pays des Quatre Montagnes. L'implantation sédentaire semble acquise au début de l'optimum climatique médiéval.
Moyen Âge
Ruines de la tour de la motte castrale du Peuil. 2015.
Après l'affaiblissement du pouvoir central détenu par les successeurs de Charlemagne naît la féodalité. Les hommes de guerre gardent pour eux ce que le pouvoir royal n'est plus en mesure de leur réclamer.
Sur ordre d'un seigneur, une motte castrale est érigée au Peuil par les habitants asservis. Le premier seigneur connu est, à la fin du 11ᵉ siècle, le chevalier Rainald — ou Rainaud, Reynald… Il devient le vassal des puissants seigneurs de Sassenage. La tour en bois fait alors place à une tour en pierre. En 1339, une enquête portant sur la valeur des biens du Dauphin décrit une « tour carrée de six toises de haut entourée d'une enceinte de murs de soixante-quatre toises ». La motte castrale est actuellement visible d'une très large partie du val de Lans sous forme d'une surélévation de terre appuyée sur un affleurement rocheux de 11 mètre qui reçoit une plateforme de 28 mètre sur 47 mètre.
Les vestiges d'une maison forte ou d'un pigeonnier du 14ᵉ siècle témoignent au hameau des Falcons de l'époque : il s'agit d'une plate-forme entourée de son fossé, quelques pans de mur et une tour ronde, de 5 mètre de diamètre avec une élévation maximum de 2,30 mètre. La ruine des Falcons est portée comme un château sur la carte de Cassini,.
Autour de la motte du Peuil se construit le village de Lans. Le mandement de Lans est aussi peuplé qu'aujourd'hui et neuf nobles y sont connus qui se partagent les tenures et les manses. Ils obtiennent ainsi des céréales, du seigle, de l'orge, de l'avoine et un peu de froment. Le sort des manants est légèrement amélioré par une charte signée par Albert de Sassenage en 1338. Elle s'avère peu généreuse avec persistance des impôts, des corvées, l'obligation de se servir du moulin du seigneur ou de mettre à sa disposition les bêtes. Les relations avec la vallée se font par le chemin de Sassenage mais aussi le col de la Berche — ou de la Brèche — (col de l'Arc).
Initialement une chapelle castrale puis une église — de façon certaine en 1080 — existent à Lans. Enfin Notre-Dame-de-Lanceio est érigée au nord du Peuil. Le site est excentré mais probablement proche d'un cimetière. Après avoir pensé, selon une croyance païenne, que les morts nuisent aux vivants, l'idée est de « rassembler les vivants et les défunts et offrir à ceux-ci un espace sacré bénéfique. » Cet édifice roman comporte deux chapelles dont on ne peut pas présumer de la date de construction. L'une dédiée à saint Barthélemy est la propriété de la famille Garcin de Lans, l'autre dédiée à la Sainte-Croix est la propriété du prieuré. Quelques restes construits vers la fin du 12ᵉ siècle ou le début du 13ᵉ siècle sont encore visibles dans l'église.
Le 23 avril 1343, Philippe 6, roi de France, achète le Dauphiné dont fait partie Lans au dauphin Humbert 2.
La peste noire atteint au 14ᵉ siècle les Quatre Montagnes et instaure des temps de misère. En soixante ans, Lans perd trois-quarts de ses 533 feux.
Temps modernes
Lans sur la carte de Cassini numéro 119. 1765-1777.
Les guerres de religion n'épargnent pas l'histoire locale. Ainsi le 8 janvier 1563, Pierre de Theys dit le capitaine La Coche, lieutenant protestant du baron Adrets se saisit du baron de Sassenage réfugié — après un assaut infructueux contre Grenoble — dans son château de Lans au Peuil sans rencontrer la moindre résistance. Aucun dommage n'est fait à l'église lors du passage de la troupe. Les Lantiers las d'entretenir le château le démolissent en partie et obtiennent de leur seigneur de ne pas le reconstruire. Les huguenots réhabilitent la tour et l'occupent mais un lieutenant du baron de Gordes la reprend par surprise en 1576 aux hérétiques. Certes, Laurent de Sassenage se convertit au calvinisme et tente d'établir la religion réformée mais un siècle plus tard seul un Lantier semble l'avoir suivi dans cette démarche,.
En 1710, Guillaume de l'Isle, premier cartographe du roi — Louis XIV — ignore dans la levée de la carte du Dauphiné les paroisses des Quatre Montagnes et donc Lans. Ces terres paraissent inconnues des géographes qui les représentent sous la forme de montagnes inhabitées. Cinquante ans plus tard, la carte numéro 119, levée entre 1765 et 1777 sous la direction de César-François Cassini, démontre l'existence de l'agglomération,.
Révolution française et Empire
Signature « Perrin curé » sur un registre d'état civil en 1794.
La communauté de Lans est la première rencontrée en arrivant sur le plateau du Vercors et à ce titre elle se trouve la première confrontée aux évènements de Grenoble qui annoncent la Révolution.
Le 31 août 1789 la Grande Peur gagne le pays des Quatre Montagnes et conduit Lans à envoyer un piquet important à Villard-de-Lans.
Puis les privilèges sont abolis et les biens du clergé nationalisés. Le 14 septembre 1789 l'Assemblée nationale constituante crée les mairies et par décret du 22 décembre 1789 les cantons. D'emblée la commune de Lans est également chef-lieu de canton. Les modalités de la création de la commune de Lans — l'unité territoriale recouvre probablement celle de la paroisse — restent inconnues en raison de la disparition des archives communales.
Les habitants s'organisent pour racheter au département les terres confisquées. Si cette restitution est appréciée, il est des mesures auxquelles les Lantiers sont plus hostiles. Tel est le cas des subversions religieuses. Ainsi l'église n'est ni dégradée ni utilisée pour un usage profane. Avec la protection de la population, Jean-Baptiste Perrin, curé de Lans, bien que prêtre réfractaire, demeure. De façon singulière, il est même chargé de tenir le registre d'état civil en tant qu'officier de la municipalité et signe « Perrin curé ». Après son absence, en février 1794, des insermentés cachés dans d'autres communes, viennent clandestinement exercer leur apostolat. De même, toute forme de conscription est bannie dans ce milieu rural où tous les bras sont bienvenus pour les travaux des champs. La gendarmerie, molestée, ne fait donc plus de patrouille pour chercher les déserteurs et ne paraît pas aux fêtes nationales. L'adhésion aux valeurs révolutionnaires n'est pas totale. Il n'est pas possible de trouver d'agent communal. Un adjoint rit et provoque les rires en lisant les textes de loi. En 1797, un premier arbre de la liberté est planté au Peuil mais la garde nationale est absente. De surcroit il est scié. À quelques semaines d'intervalle une nouvelle plantation est suivie des mêmes effets.
En 1795, le Directoire crée les municipalités des cantons. Lans, chef-lieu de canton, devient alors municipalité cantonale. L'assemblée des conseillers communaux, formée par les représentants des communes avoisinantes, y délibère. Cependant après un réquisitoire en quinze points, Jean-Gabriel Jullien, commissaire de la République et représentant de Villard-de-Lans, soumet à l'assemblée le 30 brumaire An VIII (9 novembre 1799) le transfert du chef-lieu au profit de sa commune, de surcroît plus importante. L'ensemble est résumé ainsi par le commissaire : « L'esprit public est généralement mauvais à Lans. » Le vote favorable est entériné par Grenoble, et Lans n'est plus chef-lieu,.
Les rapports de la commune avec le monde extérieur sont aussi marqués par les conflits armés de 1792 à 1815. Aucune archive semble répertorier les conscrits lantiers de cette période. Pourtant des documents attestent du caractère impopulaire de cette conscription en raison de son importance. À terme il est distribué dix médailles de Sainte-Hélène à des Lantiers sachant qu'elles sont 1 236 pour le département de l'Isère.
Époque contemporaine
19ᵉ siècle
Moulin d'en bas au Peuil. 2015.
Le début du 19ᵉ siècle est marqué par la construction d'une voie de communication « praticable à de petites voitures seulement » vers Grenoble. Celle-ci passe par Lans. Elle est la première — et reste la seule pendant quinze ans — du Vercors. Elle le sort de son isolement. L'agriculture et l'élevage se développent avec l'acheminement des engrais et le commerce du bétail. L'exportation du bois de marine pour l'État, et du bois de construction pour Grenoble s'amplifie. Ainsi, les grumes — troncs d'arbre — amenées aux scieries par des vaches — villardes — peuvent ensuite être chargées sur les chars par des chèvres — treuils manuels. Le bois est alors vendu notamment dans la vallée.
Au début du 19ᵉ siècle le conseil municipal décide de faire payer une location aux utilisateurs de certains terrains qui servent surtout à la pâture — essentiellement des terres marécageuses et des zones pentues de montagne. Mais quelques habitants estiment que ce sont des propriétés privées selon des actes d'albergement établis depuis la fin du Moyen Âge et reconduits. Ce problème cause à Lans « plus de troubles que toute la période révolutionnaire ». Les procédures dressent « les communaux » contre les autres pendant les deux premiers tiers du siècle avant que le conflit cesse,.
Au pays des Quatre Montagnes l'importance des revenus forestiers est majeure. Dès le 12ᵉ siècle les forêts, propriété du seigneur, servent comme bois de chauffage ou de construction. La Révolution les confisquent aux nobles, elles deviennent alors communales et sont exploitées de façon désordonnée. Avec l'ordonnance royale du 11 octobre 1820 « s'affirme un renouveau forestier ». Or, depuis au moins septembre 1605, il existe un différend entre Lans et Méaudre à propos des limites de la forêt de Guiney. Ce n'est qu'en 1839 que la justice décide définitivement que les cinquante hectares de bois sont la propriété privée de la commune de Méaudre. Depuis elle paye des impôts fonciers à Lans mais elle garde le revenu des coupes.
Six moulins à eau fonctionnent sur le territoire de Lans au 19ᵉ siècle. Leurs fonctions de scierie et d'écrasement indiquent que l'industrie du bois devient aussi florissante que l'agriculture et l'élevage. Au Peuil, le rif de Freydéris — devenu torrent du Peuil — s'écoule sous les deux moulins connus dès 1559 qui existent toujours. L'eau du Moulin à grande roue — devenu Moulin d'en haut — est conduite en aval, sous la route, par un caniveau à ciel ouvert en bois au Moulin blanc — devenu Moulin d'en bas. Le premier permet de fabriquer de la farine pour les animaux. À la fin du 19ᵉ siècle l'énergie de l'eau est aussi utilisée pour adjoindre une scierie. Celle-ci est en fonction jusqu'à la dernière guerre. Le second est réservé à la fabrication de farine pour l'homme. En 1962, ils sont arrêtés notamment parce que la culture cède le pas à l'élevage laitier. Dans les années à venir une centrale hydroélectrique personnelle est envisagée avec le Moulin d'en bas,,.
Au début du 20ᵉ siècle le centre de vie des Lantiers se déplace. Sur le cadastre dit napoléonien, « terminé sur le terrain le 19 novembre 1823 », « le village de Lans » ne comporte qu'une dizaine d'habitations. Le développement des voies de communication, qui associe les routes et le rail, rend le Peuil lointain. Alors la dizaine d'habitations décuple à deux kilomètres du bourg ancestral et abandonne l'ancien centre administratif de tout le val de Lans. L'agglomération actuelle croît autour de la mairie et de l'église,.
Durant les années 1920, Lans devient un centre de climatisme pour les enfants non tuberculeux. Pierre Chabert, industriel introduit dans le monde politique national, est maire de Lans. Il édicte un arrêté municipal qui stipule que toute personne voulant séjourner dans la commune doit produire un certificat de non contagion. À défaut, les hôteliers ou les hébergeurs peuvent voir leur eau coupée. Puis la commune se spécialise vers le climatisme préventif — ainsi que les Quatre Montagnes qui suivent son exemple. Ceci contribue au développement du tourisme avec notamment la visite des familles. En 1937, elle abrite huit hôtels et sept pensions d'enfants. Le 4 février 1955 un arrêté l'érige en station climatique.
Cet important propriétaire terrien, à l'occasion d'un déplacement, étudie le tourisme de luxe aux États-Unis. Il en importe à Lans un plan de lotissement en damier. De surcroit, chaque maison doit comprendre un terrain entretenu entre la chaussée et l'habitat avec une clôture qui n'excède pas deux mètres de hauteur. Aucun hôtel n'excède plus de cinq étages. Tout établissement industriel ou de soins est écarté. Cette politique, encore visible, dessine le plan du bourg.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, le maquis du Vercors se constitue. La répression du 11 juin au 19 août 1944 y met fin. La commune de Lans, occupée le 15 juillet, est relativement épargnée grâce à son maire et au secrétaire de mairie. Cependant, sur le territoire, elle recense à la suite de ces évènements quinze victimes — tués, fusillés, disparus ou déportés non revenus — ainsi qu'une dizaine de maisons brulées.
En 1953, la commune développe le tourisme hivernal et crée des pistes de ski au sein du domaine de l'Aigle contigu du bourg. Puis en 1975, elle développe cette offre en construisant à distance de l'agglomération un stade de neige. Par sa conception non urbanisée il prévoit la charte du parc naturel régional du Vercors en cours d'élaboration,.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Lancium, Lanz au 11ᵉ siècle, Lantz et Lanche au 12ᵉ siècle puis Lamps au 17ᵉ siècle, enfin Lans jusqu'en 1947,.
Albert Dauzat considère qu'il s'agit d'un nom de personne latin Lancius, Lantius utilisé absolument. Hypothèse reprise par la suite, formulant de surcroît le caractère sous-entendu du mot latin fundus « ferme, pièce de terre, propriété », d'où le sens global de « propriété de Lantius » ou « de Lancius ».
L'adjonction du déterminant complémentaire en-Vercors date de 1947.
Le Vercors est mentionné sous la forme Vercorium et parfois Vercosium dans les actes médiévaux des 12ᵉ et 13ᵉ siècles ce qui correspond probablement à l'ethnonyme gaulois Vertamocorii. Selon Xavier Delamarre, le nom se décompose en Uertamo-cori, sur uertamos (vertamos) « sommet » ou « excellent, supérieur » et attesté comme nom commun à l'accusatif in uertamon dans l'inscription sur tesson en langue gauloise de Cajarc (redresta in uertamon nantou, « qu'il monte au sommet de la vallée »). Vertamo est en fait un superlatif en -tamo-, sur uer- (ver-) « sur, dessus ». Le second élément -corii représente le mot corio « troupe, armée » que l'on rencontre dans divers noms de peuples gaulois, comme les Tricorii ou les Petrocorii. Le sens global de Vertamocori est donc celui de « troupes du sommet » ou « excellentes troupes ».
Le Vercors est désigné dans les écrits du début du 20ᵉ siècle par « la métaphore de la forteresse ». Celle-ci est comprise au sens de protection du mode de vie ancestral des montagnards et s'applique aux communes du Vercors drômois. Lors de la Seconde Guerre mondiale le maquis du Vercors l'érige comme une « forteresse de la Liberté ». Lans revendique après-guerre les valeurs nationales — sans méconnaître l'impact touristique. Prudemment l'Institut géographique national — qui succède au Service géographique de l'Armée, dissous en 1940 — propose d'adjoindre le qualificatif sous Vercors à deux communes de l'Isère (Lans et Saint-Nizier), ce d'autant que ses travaux géographiques étendent les limites du Vercors.
Le 5 mai 1947, est accordé par décret à Lans le nom de Lans-en-Vercors,,.
Culture locale et patrimoine
Le patrimoine local est pour une part protégé. Ainsi les sites du parc naturel régional du Vercors et le vallon du Bruyant sont reconnus par l'État. Celui-ci reconnaît également une partie du clocher de l'église et une cloche toutes les deux du 17ᵉ siècle. Le département de l'Isère porte attention à un cadran solaire au Peuil du 18ᵉ siècle.
Lieux et monuments
Église Saint-Barthélemy
Église Saint-Barthélemy. 2010.
En 1080, une église est simplement située à Lans : « ecclesiam autem que est sita in villa que vocatur lanceum » — l'église qui est dans le village que l'on appelle Lans. À la fin du 12ᵉ siècle l'édifice est remplacé par une église romane. Les documents de 1497, en décrivant « Notre Dame de Lanceo », rapportent l'existence de deux chapelles dans l'église sans indiquer si elles sont construites à la même époque que l'édifice roman. L'une d'elles est sous le vocable de Saint-Barthélemy. Cet apôtre est appelé à devenir le patron de l'église, mais en 1513 la paroisse est toujours sous le vocable de « Notre-Dame de Lans ». Au début du 17ᵉ siècle une reconstruction concerne l'abside et renforce le clocher. Une transformation importante de la nef a lieu à la fin du 19ᵉ siècle. Actuellement, les reliques du saint sont exposées fin août lors de sa fête.
Le clocher, du début du 17ᵉ siècle, est placé latéralement et s'appuie au chœur. Avec une forme de tour carrée, il est à la fois trapu et élancé. Il comprend deux niveaux de baies. Aux sommets de ses quatre angles se trouvent quatre pyramidons. La flèche en pierre forme une pyramide octogonale plutôt courte. Il est partiellement inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Probablement lors de sa construction, une cloche est placée qui porte pour inscription : « IESVS MARIA SANCTVS BARTOLOMEVS ORA PRO NOBIS […] 1610 » — Jésus, Marie, saint Barthélemy, priez pour nous […] 1610. Cette cloche, qui est la plus ancienne de trois, sonne un do dièse. Elle est classée au titre des monuments historiques.
Le chevet d'inspiration gothique, soutenu par des contreforts extérieurs, est pentagonal. À l'intérieur, l'abside est voutée en ogive. Le mur nord du chœur est celui de la nef romane. En face, il est renforcé par un mur intérieur de ciment. Ainsi il ne reste que la partie extérieure et mutilée d'une porte romane — autrefois second accès de la nef. La voute du chœur en croisée d'ogives est dans le style néogothique. Ce reste de nef romane, devenu chœur, s'ouvre sur la nef actuelle par un arc triomphal imposant. Il reçoit un maître-autel en marbre.
La nef est entièrement néo-gothique avec des murs flanqués de contreforts. La façade est encadrée de deux tourelles. Un perron accède au porche au-dessus duquel se trouve la même fenêtre voûtée que les six de chaque côté. De part et d'autre de cette fenêtre se trouve une niche et au-dessus une horloge qui provient du clocher. Au sommet domine une croix grecque. Le toit très pentu est couvert d'ardoises. Les vitraux réalisés par Jean-Baptiste Jandet portent la dédicace des paroissiens. Le mobilier est en chêne.
Une des deux fenêtres de la sacristie, avec son arc brisé, est de même date que le clocher.
Le prieuré-presbytère attenant possède sur le côté une tourelle déjà présente au début du 17ᵉ siècle. Elle signifie la noblesse du propriétaire sous l'ancien régime et même au-delà. Il en est de même du pigeonnier qui témoigne d'un privilège. Depuis la fin du 19ᵉ siècle, le toit sans ses sauts de moineau est couvert d'ardoises.
En 2001, deux séquences du film Une hirondelle a fait le printemps de Christian Carion avec Michel Serrault et Mathilde Seigner y sont tournées. Les Lantiers sont nombreux dans la dernière séquence.
Habitat traditionnel
Chaumière avec lauzes sur pignons à redents. Route d'Engins. 1890.
La ferme des Quatre Montagnes, typiquement montagnarde, est de type élémentaire puisqu'elle abrite sous un même toit l'habitation et les activités agro-pastorales. Ce grand volume est de plan rectangulaire massif. L'orientation est telle que le faîtage est très souvent perpendiculaire aux courbes de niveaux, et la longue façade orientée au sud protège le devant de la maison des vents froids.
Les façades sont de très faible hauteur. Les deux murs pignons sont presque triangulaires. Les belles pierres taillées servent aux chaînes d'angle et à l'encadrement des ouvertures. Celles-ci sont plus hautes que larges, disposées sans ordonnancement et peu nombreuses au nord. Les autres pierres, plus grossières, sont recouvertes d'un enduit gris beige.
Le toit est à deux pans très inclinés en raison de l'utilisation ancienne du chaume — la paille de seigle tend à pourrir à l'humidité et tout est fait pour évacuer la neige et l'eau. Utilisé au 14ᵉ siècle, le chaume disparaît et dans les années 1930 il est progressivement remplacé par l'ardoise, la tôle ou le fibrociment. Pour protéger la toiture du vent, des pignons à redents — dits à pas de moineaux — sont prolongés au-dessus de la couverture. Ainsi le toit un peu en contrebas ne les recouvre pas et donc ne les protège pas de la pluie ou de la neige. Pour ce faire, ils sont coiffés de lauzes calcaires, extraites des carrières voisines, et plus larges que le rampant du pignon lui-même : l'eau ruisselle sans s'infiltrer dans la maçonnerie. « Primitivement les lauzes étaient assez inclinées pour se recouvrir en écaille sur les bords, comme de grandes tuiles qu'elles étaient par destination, on a soin souvent, aujourd'hui, de les placer horizontalement et de les étager à quelque vingt ou trente centimètres les unes au-dessus des autres, en escalier. C'est de la coquetterie » car l'utilité de tels pignons avec leurs lauzes disparaît avec les techniques modernes. Ils sont conservés au titre du patrimoine. La dernière lauze du sommet d'un pignon, posée à plat, reçoit parfois une lourde pierre nommée couve. Celle-ci sert, dit-on, à protéger la maison et constitue un symbole de fécondité,. Des lauzes posées légèrement inclinées et en saillie font office de corniche sur les façades.
Le terrain oblige parfois, pour accéder aux granges, à bâtir un appentis généralement en bois. Le faîtage, greffé sur la toiture principale, est perpendiculaire à celui du bâtiment. L'accès se fait par le pignon de cet appentis,,,.
Cadran solaire
Cadran solaire au Peuil.
Un cadran solaire portant la date de 1781 est peint et gravé au Peuil sur la façade d'une ancienne auberge.
Les dix cordes d'une lyre représentent les heures de ce cadran déclinant de l'après-midi. Elles joignent la table d'harmonie qui porte leurs numéros en chiffres romains. Le style est en T. Une ligne d'équinoxe est reportée, elle correspond à l'ombre de l'intersection du jambage et du style. En décor, deux fleurs de lys persistent à chaque coins inférieurs malgré la Révolution. Les paysans, de petite condition, qui fréquentent le lieu ne peuvent que rendre hommage au dieu Bacchus qui trône sur un tonneau tenant d'une main un pichet et de l'autre une timbale. Celui-ci est donc représenté tel un noble. Il porte une perruque en ailes de pigeon et revêt une veste de brocart avec une culotte qui s'arrête aux genoux suivie de bas de chausse.
La devise est : « BACV A'BV ET BOIRA SVR'LE TONEAV CHANTERA 1781 » ; un jeu de mots s'impose avec le surnom du tenancier — Bacu ou Bacus — volontiers porté sur la bouteille dit-on. Selon la graphie le r final de sur qui ne se prononce pas est toutefois signalé en petit caractère par le peintre, tonneau ne comporte qu'un n en raison d'une orthographe non fixée et le u garde la forme du v dont il dérive.
Ce cadran solaire, inscrit au patrimoine de l'Isère, est restauré en 2000 par l'Atelier Tournesol,.
Patrimoine culturel
Dialecte
La limite entre l'occitan et le francoprovençal, encore parlé par quelques rares lantiers, se fait au sud de Lans-en-Vercors. Ainsi, dans les années 1990, un patoisant villardien affirme : « Bien sûr on se comprend ! On a les mêmes mots, mais ils ne finissent pas comme nous. » Ceci établit qu'il existe deux dialectes — et non pas simplement deux patois — différents. Les linguistes établissent la limite entre les deux langues dialectales entre Lans-en-Vercors et Villard-de-Lans,,. Ceci est remarquable puisque les deux vaux ne forment qu'une seule et même vallée, longue de six kilomètres seulement, sans relief géographique ou autre élément qui puisse expliquer cette frontière linguistique. Pour certains, ceci est à rapprocher de la frontière entre les terres du seigneur de Sassenage et celles de l'évêque de Die dont l'influence remonte très loin dans le nord du massif du Vercors. Cette frontière, discutée et objet de conflits armés, est encore marquée lors de la moitié du 20ᵉ siècle par des bornes depuis disparues,.
Le patois de Lans-en-Vercors est proche de celui de Grenoble. Ainsi, dans sa définition, Gaston Tuaillon cité par Dominique Stich indique que « le francoprovençal est une langue romane […] qui représente le mieux le produit de la latinisation de la Gaule du Nord, à partir de sa capitale, Lyon. Cette langue n'existe nulle part à l'état pur, elle existe dans tous les patois, mais partout associée à de fortes particularités locales[…] ».
Patrimoine naturel
Val de Lans au sein du parc naturel régional du Vercors. 2015.
Le paysage très typique offre un contraste marqué. Deux lignes montagneuses, faites de falaises de calcaire blanc, enserrent une plaine marécageuse.
Sur ce territoire communal, se trouvent onze zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique et quatorze zones humides et tourbières. Par ailleurs l'extrémité nord-ouest de la commune appartient au plateau de la Molière et du Sornin. Celui-ci est inscrit au réseau des espaces naturels sensibles depuis octobre 2004. Toutefois la superficie communale est limitée à quarante hectares, alors que celle de l'espace est de 1 324 hectares.
Parc naturel régional du Vercors
Lans-en-Vercors est une entrée du parc naturel régional du Vercors. Dès la Belle Époque le Vercors est l'objet d'attention de nombreux touristes auxquels s'associent spéléologues, archéologues, botanistes, alpinistes… Vers les années 1930 des voix plaident pour protéger les Hauts-Plateaux. Cette région est ressentie comme un « vaste plateau sec, dénué et peu fertile [qui] ne correspond pas au pittoresque vert et propre qui fascine les touristes. » Cependant les mentalités évoluent et il est admis que la nature peut être belle, riche et diverse en ressources. De surcroit elle offre un paysage réellement identitaire tel que les toits en pignons recouverts de lauzes observés notamment à Lans-en-Vercors. Le 16 octobre 1970, un décret institue le parc naturel régional du Vercors. Comme tout parc régional sa vocation première est la protection de la nature avec une dimension touristique alors que les réserves naturelles ne joignent qu'une dimension scientifique. Ce classement s'oppose parfois à une exploitation économique ancestrale et peut poser des problèmes.
La biodiversité du parc naturel régional du Vercors est remarquable. Celle-ci s'applique à la commune. Les deux emblèmes du parc peuvent être mentionnées. Le Tétras lyre (Tetrao tetrix) — également support du logotype de la commune jusqu'en 2015 — est un oiseau qui appartient à une espèce nordique relique de l'époque glaciaire. La Tulipe sauvage (Tulipa sylvestris), considérée comme rare, est une espèce protégée. Parmi les ongulés sauvages, en hiver la neige pousse le Cerf élaphe (Cervus elaphus) a s'approcher des habitations. Cette richesse comprend 135 oiseaux nicheurs et 65 espèces de mammifères. Le fait d'être abrités dans le parc en font autant d'espèces protégées. Il en est ainsi des loups qui parfois attaquent le bétail.
Personnalités liées à la commune
Lithographie du médaillon de Stendhal par David d'Angers. 1892.
Stendhal, baptisé Marie-Henry Beyle puis dit Henri Beyle, aurait des aïeuls paternels originaires de Lans. L'incertitude est réelle car les actes disponibles ne sont pas filiatifs. Des recherches généalogiques citent les travaux de 1925 de Paul Ballaguy. Celui-ci ne peut pas faire appel aux registres paroissiaux car « si les Beyle étaient de Lans, il fallait renoncer à en savoir davantage, car les registres de cette commune ont disparu et ceux qui restent, ne remontent qu'à 1737. » Il part donc d'un acte notarié de mariage, établi à Sassenage. Celui-ci indique que l'époux Jean — qui appartient à la quatrième génération précédant Stendhal — est installé comme drapier à Lans, et que son père Ambroise Beyle demeure à Autrans. Alors, sans preuve, il affirme qu'un certain Ambroise Beyle d'Autrans est l'ancêtre recherché. Puis deux filles de ce personnage se marient à des paroissiens de Lans. Il considère donc qu'un fils Jean s'est aussi installé à Lans et fait de cette personne l'époux de l'acte de mariage — il est établi qu'un Jean Beyle, décède le 8 novembre 1681 à Lans, mais ses ascendance, lieu de naissance et descendance sont inconnus. Les registres de catholicité de Lans apportent un complément au patronyme Beyle dans la paroisse,.
L'artiste Niki de Saint Phalle s'installe au Peuil en 1958, où elle vit avec sa famille et y installe son atelier pendant trois ans ; selon sa fille Laura Duke Condominas « Niki de Saint Phalle s'est façonnée dans le Vercors ». Ainsi elle y réalise ses premiers assemblages avec des objets trouvés dans les années 1960.
Logotype
Le logo de la commune de Lans-en-Vercors est créé vers 1985 par Jacques-Antoine Biboud dont certaines œuvres sont agréées par le Comité d'organisation des Xes Jeux olympiques d'hiver,. Il représente un tétras lyre, oiseau appartenant à la faune du plateau.
Sans renier son label Famille Plus, et pour traduire l'évolution de Lans-en-Vercors un nouveau logotype créé par Guillaume Véfour est adopté par le conseil municipal le 23 avril 2015. « On peut percevoir en ce symbole l'expression de l'altitude : une montagne, un sapin ou encore une flèche dirigée vers le haut. La couleur bleue suggère la fraîcheur, l'air pur de la montagne, l'eau, le ciel bleu estival comme la vivacité de l'hiver. On peut aussi y distinguer le L de Lans et le V de Vercors formés par le blanc du symbole, stylisés à la manière de chemins et pistes de ski. »