Lauroux (en occitan Laurós) est une commune française située dans le nord du département de l'Hérault en région Occitanie.
Exposée à un climat méditerranéen, elle est drainée par la Lergue, le Laurounet et par divers autres petits cours d'eau. La commune possède un patrimoine naturel remarquable : deux sites Natura 2000 (le « causse du Larzac » et « les contreforts du Larzac ») et six zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
Lauroux est une commune rurale qui compte 205 habitants en 2019, après avoir connu un pic de population de 471 habitants en 1836. Elle fait partie de l'aire d'attraction de Lodève. Ses habitants sont appelés les Lauroussiens ou Lauroussiennes.
Histoire
Préhistoire
Les premières traces de présence humaine remontent à la Préhistoire : découvertes de silex taillés, d'ossements, de fragments de poterie, témoignages d'habitats troglodytiques, en particulier dans la grotte de Labeil.
Antiquité
La proximité de la voie romaine encore visible entre le Grézac et le Perthus expliquerait la présence d'un habitat à l'époque gallo- romaine. De nombreux tessons de tuiles et de poteries sigillées de la Graufsenque trouvés à la Resclause semblent indiquer la présence d'une villa, domaine où l'on cultivait sans doute déjà la vigne et l'olivier.
Moyen Âge
Haut Moyen Âge
Durant le haut Moyen Âge (7ᵉ – 9ᵉ siècles), trois oratoires ont été construits : un document impérial de Louis le Pieux (814-816) l'atteste: - Sainte-Marie est l'église de Lauroux dans son état primitif. - Saint-Martin a disparu, mais se situait peut-être au lieu-dit de la Resclause (recluse, femme ermite ?) mais on dit aussi Rasclause (terre raclée, dénudée ?). - Le troisième oratoire est Saint-Pierre-du-Cros dans la vallée du Rauzet, affluent du Laurounet.
Cette chapelle dite "wisigothique" est un des rares exemples locaux d'art paléochrétien. Elle est établie sur l'ancien chemin qui, de Lodève, rejoignait au Perthus la grande voie du Larzac (ancienne voie romaine) et son nom de Saint-Pierre-du-Cros vient sans doute de la croix dressée au bord du chemin. Il n'en reste que le chevet, la nef ayant été emportée par le Rauzet (de l'occitan "petit ruisseau") qui peut devenir torrentiel. Les sources sont nombreuses, et cette chapelle a peut-être été construite sur le lieu d'un culte païen dédié à une divinité des eaux.
La présence de ces trois oratoires dans la vallée pourrait avoir donné l'étymologie de Lauroux : vallis laurosa, vallée des laures ; laures qui signifie en grec "monastères", "reclusages" est devenu en latin médiéval "laura", tandis qu'en latin "laurus" signifie "laurier" ; à moins que l'origine en soit le mot latin oratorium, lieu où l'on prie, nom donné aux premiers sanctuaires.
Dans le cartulaire de Lodève, une vallée de Lauroux et une église Saint-Pierre de Cros sont mentionnées au 9ᵉ siècle.
À l'ouest, dans la vallée de Rauzet gisent les vestiges de l'ancienne église Saint-Pierre du Cros, de style pré-roman.
Moyen Âge classique
En 1162, il est fait mention d'une villa de Lauras.
L'église Sainte-Marie est un témoin de l'art roman en Lodévois, au moins en partie, car elle a subi de nombreux remaniements au cours du temps, en fonction des évènements et au gré des besoins. Il ne subsiste aucun vestige de l'église primitive fondée au 9ᵉ siècle. La nef a été reconstruite à la fin du 11ᵉ siècle ou au début du 12ᵉ siècle, suivie du clocher, élevé au 12ᵉ siècle.
Aujourd'hui, une partie des fortifications datant du Moyen Âge sont visibles. L'église Notre-Dame de Lauroux, fortifiée au 14ᵉ siècle, possède une nef des XIe et XIIe siècles, voûtée en berceau brisé.
Bernard Gui fut un personnage marquant dans l'histoire de Lauroux, Bernard Gui. Inquisiteur très actif contre les Cathares, Vaudois et autres hérétiques du temps, (sa Pratique de l'inquisition est un document unique pour l'étude de l'inquisition aux 13ᵉ et 14ᵉ siècles), il reçut du pape Jean XXII l'épiscopat en récompense de ses bons services, et il arriva à Lodève en 1324, à 63 ans. Il laissa, semble-t-il, le souvenir d'un évêque très impliqué dans son diocèse, et fut, malgré sa grande activité, un auteur prolifique d'ouvrages théologiques. Il est mort à Lauroux, résidence rurale des évêques de Lodève, le 30 décembre 1331,.
Bas Moyen Âge
Au 14ᵉ siècle, période de guerres et de grande insécurité dans tout le royaume, il fallut se protéger du passage de pillards, de bandits de grands chemins et de soudards de toutes sortes. L'édifice est alors surélevé et fortifié : porche devant l'entrée latérale sud entre de puissants contreforts, chemin de ronde, bretèches, dont il reste des éléments dans le mur nord et des consoles encore visibles à l'est, au-dessus du chevet. L'église et le château attenant (actuelle maison Delserieys) formaient le cœur du village, dont le seigneur était l'évêque de Lodève. La rue du Four, rue principale où se trouvait le four banal, date aussi du 14ᵉ siècle, mais on ne connaît pas l'étendue du bâti à cette époque. Hormis des fragments de murs et une tour conservée au château, seule la toponymie garde le souvenir des fortifications : le Portail, le Fort.
Époque moderne
En 1586, une lettre autographe de l'Évêque de Lodève demandait de renforcer la garde autour de Lauroux.
En 1622, par autorité du diocèse de Lodève, en date du 14 novembre, il est interdit aux soldats de Clermont de piller la terre de Lauroux.
Dès la fin du 17ᵉ siècle, le village s'étend, comme en témoignent quelques maisons datées, notamment celle dite du Prieur (1676), mais se développe surtout à la fin du 18ᵉ siècle et au début du 19ᵉ. Le château est transformé et mis au goût du jour, du moins en façade : la porte d'entrée est gravée de la date 1784, et une fenêtre de 1789.
Au cours des 17ᵉ et 18ᵉ siècles, l'église est fortement remaniée et agrandie : il faut refaire le couvrement de la nef, voûtée en berceau légèrement brisé en tuf, l'abside d'origine est démolie et remplacée par un chevet plat, auquel sont adjointes deux chapelles latérales.
Autour de 1680, le chœur s'enrichit du retable actuel, bel exemple de baroque provincial; ses colonnes jumelées portent un fronton interrompu, orné de deux figures féminines qui encadrent une statue de la Vierge dans une niche. Le clocher, probablement surélevé, est doté d'une cloche fondue en 1699 et classée au titre des Monuments historiques le 18 novembre 1942. Elle porte l'inscription : SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM. SANCTA MARIA ORA PRO NOBIS. P.P. BERNIER P. GOR FECIT LAN 1699 ("Que le nom du Seigneur soit béni. Sainte Marie priez pour nous. P[rieur] P. BERNIER. P. GOR m'a faite l'an 1699").
La commune est jalonnée de belles croix de chemin, en pierre taillée, comme la croix des Sièges, portant la date de 1780, celles de la Tourelle, du Tailleur, de Regard, datée de 1743 ou du pré de Latude; d'autres, remplaçant parfois des croix plus anciennes, sont en ferronnerie, celles de Fontreboule, datée de 1832, de Labeil, de Saint-Pierre, de Jean de Thomas. Sur la place principale du village, appelée le Portail, se dresse une croix de mission monumentale, en fonte et décorée des instruments de la Passion, érigée au 19ᵉ siècle. Certaines croix sont malheureusement endommagées ou ont disparu, à la suite de travaux agricoles, comme celle de Pradines.
Époque contemporaine
Le 19ᵉ siècle ajoute ses transformations, essentiellement dans la décoration et le mobilier : murs peints de fausses pierres et voûtes étoilées, réfection des vitraux, mise en place du maître-autel en marbre; les vitraux sont l'œuvre d'Alexandre Mauvernay, maître verrier de Saint-Galmier (Loire), auteur des verrières du chœur de la cathédrale Saint-Fulcran de Lodève. Au début du 20ᵉ siècle, un carrelage bicolore a recouvert le dallage ancien.
Dans les années 1960, des travaux de restauration intérieure, décrépissage, suppression des bancs de famille (Olivier et Sauvagnac), du chemin de croix et des statues saint-sulpiciennes, ont abouti à l'état actuel de l'église, dont le chœur abrite aujourd'hui l'ancienne table d'autel de Saint-Pierre-du-Cros. La restauration extérieure et celle des vitraux ont été menées ces dernières années.
Toponymie
La commune a été connue sous les variantes : valle Lauroso (avant 817, 844), ecclesiam de Lauroso cum villa et valle (1145), Lauros cum valle (1157), honorem de Loros, de Lauros, parrochia de Laurosio (1264), Lauroux (1622), etc.
Le nom Lauroux dérive du nom latin Laurum augmenté du suffixe -osum, au sens de couvert de lauriers.
Paysages, lieux et monuments
La commune de Lauroux s'étend sur 2642 hectares. Elle est soumise à des climats contrastés. Les dénivelés sont fort importants, jusqu'à 600 mètres, et les différentes expositions amplifient ces différences.
Lauroux est dominé par la forêt domaniale de Roquet Escu à 860 mètres d'altitude. Situées sur la barrière volcanique de l'Escandorgue, les plantations de résineux prospèrent sur ce sol brun basaltique et acide. Ces peuplements artificiels sont composés de plusieurs espèces dont les sapins, les pins noirs, les épicéas et principalement les Douglas. Mais cette forêt abrite aussi une curiosité: une magnifique hêtraie; majestueux et solidement enracinés, les hêtres sont les témoins d'un étage bioclimatique appelé étage montagnard. La présence de ce boisement indique donc une pluviosité importante (souvent supérieure à 1000 mm) et surtout une zone propice à la formation de brouillards. Cette caractéristique pourrait avoir donné son nom au lieu: escut, selon la prononciation lauroussienne, écrit "escu" sur les cartes, est vraisemblablement "escur", obscur.
Non loin de là, entre le hameau des Sièges et celui de Labeil, s'étend un plateau pittoresque. Se succèdent des élévations arrondies ou « serres », au sol caillouteux et squelettique, des dolines ou « sotchs », cuvettes à fond plat tapissées d'argiles rouges, parfois creusées d'un aven. Balayée par les vents, soumise à un climat rigoureux et contrasté, cette zone héberge une maigre végétation constituée de pelouses d'allure steppique ponctuées de buis et de genévriers. Utilisé traditionnellement comme parcours à brebis, ce type de paysage, austère et désolé, ne laisse jamais le voyageur indifférent.
Parfois les affleurements de dolomies se manifestent par des chaos de rochers ruiniformes. S'il scrute minutieusement ces curieux cailloux, le promeneur découvrira sans peine, au printemps, de nombreuses fleurs endémiques tel que le serpolet des dolomies. Les pelouses calcaires abritent quant à elles de très nombreuses espèces d'orchidées, dont la très rare et protégée orchidée de l'Aveyron. Cette zone est aussi le terrain de chasse privilégié du circaète Jean-le-Blanc, encore appelé aigle aux serpents. Prédateur spécialisé, il traque inlassablement les reptiles, tel que le lézard vert, sur ces zones ouvertes et dégagées.
Le plus grand étonnement viendra certainement à l'approche de la grotte de Labeil, lorsque le regard dépassera les impressionnantes falaises. La route étroite serpente à flanc de parois pour aboutir à la ferme de Labeil. La bergerie est d'ailleurs nichée au creux d'une baume ou « balme », qui est une falaise naturellement évidée à sa base sous l'action de cours d'eau situés maintenant beaucoup plus bas. Plusieurs sentiers de randonnée invitent à arpenter les corniches de ce cirque verdoyant où l'eau est omniprésente. La végétation arborée est luxuriante et diversifiée. S'y mélangent les tilleuls, les frênes, les merisiers, les saules et les hêtres. La faune des milieux rupestres y est largement représentée par le grand corbeau, roi de la voltige, ou le tichodrome échelette aussi dénommé oiseau papillon.
En poursuivant la descente dans la vallée où le climat méditerranéen s'installe, apparaissent de nouvelles espèces attirées par la douceur du climat. Le cade et le pistachier térébinthe s'accrochent sur les pentes abruptes et dans les éboulis. Dans cette zone aride, les conditions de vie se font rudes, les plantes assoiffées exhalent de puissants arômes, le thym et la lavande en font partie.
Enfin, en fond de vallée, on longe le Laurounet. Axe médian de la commune, ce cours d'eau, affluent de la Lergue, est bordé de nombreux près de fauche qui ont fait autrefois la prospérité du village.
Progressivement on traverse Lauroux, et les hameaux de Fontreboule, de Pradines, des Moulières et des Condamines, installés autour des principales sources. Tout autour s'établissent les cultures de vignes et d'oliviers, souvent menées sur d'étroites bandes de terres soutenues par des murs de pierres sèches encore appelées « faïsses ».
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Lauroux est longtemps resté cul-de-sac, village du - bout du monde -, avant que la route de Labeil, créée en 1973, permette d'atteindre le plateau du Larzac.
Le contraste de paysage entre le fond de la vallée qui s'élargit très vite vers l'est, les versants en pente raide et le plateau qui les domine est lié aux particularités géologiques de la région. Le bâti du paysage est essentiellement constitué de roches sédimentaires qui renferment les témoins d'un lointain passé. Celui, justement, qui a connu l'expansion des dinosaures, qui ont laissé leurs empreintes sur les collines du Grézac au Perthus, il y a cent quatre-vingt millions d'années.. Ou encore celui qui a permis le développement de ces fossiles marins, les ammonites et les bélemnites, lointains cousins des nautiles et des seiches, qui vivaient en marge d'un océan disparu, la Téthys, et que l'on retrouve aujourd'hui dans leur écrin de "terre grise" au mas de Murène et aux Sièges.
Sur le plateau, ces "terres grises" sont dominées par l'éclat et la rugosité des reliefs dolomitiques qui forment de vastes dédales sculptés par la nature, en laissant çà et là des arrhes naturelles, comme à la Jasse de Marius. Qui penserait alors que ces roches sont les anciens témoins d'une mer tropicale, où les îles de sable blanc côtoyaient le vert profond d'un lagon, il y a cent cinquante millions d'années.
En tond de vallée, le Laurounet et ses affluents se sont progressivement encaissés dans des couches tendres argileuses qui ont été rapidement recouvertes par un manteau d'éboulis calcaires charriés depuis les flancs de la vallée par les eaux de ruissellement. Ces argiles servent de couche imperméable à l'eau infiltrée dans la masse calcaire depuis le Causse et qui s'accumule lentement dans les profondeurs de la montagne pour constituer un précieux château d'eau. Pure et fraîche, cette eau fait aujourd'hui l'objet de bien des convoitises.
La vallée, à l'image des autres vallées du Nord-lodévois, dominées par cette imposante masse calcaire, peut être comparée à un colosse aux pieds d'argile, imposant mais fragile. En particulier, sous le poids de cette masse calcaire fracturée, les bordures de la vallée peuvent glisser ou s'ébouler et constituer un risque pour les populations environnantes. Regardez-bien le clocher du Village de loin, il est penché ! Oh, il ne va pas encore tomber, mais c'est la preuve que, partout, la terre travaille sous nos pieds lentement, insensiblement, ou parfois de manière plus catastrophique, comme le glissement de terrain qui a coupé la route de Poujols après les fortes pluies du 17 décembre 1997.
L'environnement est riche en grottes. La plus grande et la plus belle est celle de Labeil, traversée par une rivière souterraine. Aujourd'hui aménagée, elle attire de nombreux visiteurs. D'autres, telle la grotte des fées, ont suscité des légendes.
Le sol a donné les pierres de l'habitat et des bâtiments à usage professionnel comme les bergeries, caves, paillets, ainsi que les "baumes", murets et "clapas" des vignes, et les croix des chemins. Certains perpétuent la technique de la pierre taillée. Le grès, pour la pierre de taille, était ainsi extrait des fonds de la vallée depuis l'antiquité. De petites carrières discrètes sont encore visibles en rive droite et gauche, en aval des Condamines. La chaux, fabriquée à partir des calcaires extraits des masses d'éboulis a été une source de richesse de la vallée pendant toute la première moitié du 19ᵉ siècle. Les calcaires étaient extraits en carrière sur la route de Lauroux à Lodève. En 1909, le matériel avait été entièrement remis à neuf et au four primitif était venu s'ajouter le broyage, de sorte que l'on obtenait des poudres impalpables pour le traitement des vignobles.
La dernière carrière a été ouverte pour l'extraction de sables, de graviers ou de blocs, elle est également utilisée depuis 1989 pour la construction de l'autoroute A75.