Le Moustoir [lə mustwaʁ] est une commune française située dans le département des Côtes-d'Armor en région Bretagne.
Il ne faut pas confondre cette commune avec l'ancienne trève du Moustoir, désormais un hameau de la commune de Châteauneuf-du-Faou dans le département du Finistère.
Histoire
Origines
Le Moustoir faisait partie de la vaste paroisse de l'Armorique primitive de Maël, puis fut une trève de la paroisse de Trébrivan avant de devenir une commune indépendante lors de la Révolution française en 1790.
Le tunnel de l'aqueduc romain
L'aqueduc romain qui prend sa source à Paule pour alimenter Vorgium (Carhaix), long de 27 kilomètre a fait l'objet d'une étude globale menée par A. Provost et L. Aubry, qui a restitué l'ensemble de son tracé. « La conduite était constituée d'un canal maçonné enduit de mortier de tuileau de teinte rose, rendu plus étanche par les morceaux de tuile pilée qui y ont été incorporés. L'aqueduc était le plus souvent couvert de dalles de schistes [ardoisiers] recouvertes d'une mince couche de terre [argileuse]. Ainsi pouvait-on facilement accéder à la conduite pour les opérations d'entretien ». Un tunnel long de 900 mètres fut foré dans le schiste à 25 mètres de profondeur sous une colline à Kervoaguel en Le Moustoir pour permettre le passage de l'eau, des puits espacés de 20 à 44 mètres ayant servi à évacuer les déblais lors du creusement du tunnel.
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Moyen-Âge et Temps modernes
Le Moustoir était une trève de la paroisse de Trébrivan.
L'ancien fief de Lostancoët (Lostancoat), qui a laissé peu de traces dans l'histoire, a été réuni à ceux de l'Estang et de Brunault (situés en Trébrivan) ; le 26 octobre 1676 Charlotte de La Palluelle, fille d'Isaac de La Palluelle et de Marie-Renée de Rosmadec (elle-même fille de Sébastien II de Rosmadec et de Renée de Kerchoent) épousa Gaspard-Claude de Carbonnel, comte de Canisy (1683-1728), qui en fut donc le seigneur. Une motte féodale y était encore visible vers 1900.
Une autre motte féodale se trouve au lieu-dit Pors an Place.
Le 19ᵉ siècle
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Le Moustoir en 1845 :
« Moustoir (le) ; commune formée par l'ancienne trève de Trébrivant, aujourd'hui succursale. (...) Principaux villages : le Quenven, Kermarsin, le Helesser, Kerdavid, Pen-lan-Kerdavid, Kerhon, Kerauffret, Kercmarc'h, Rudulgoat, Pors-an-Plac, Kervuluet, Kermorvan, Kerlannec, Kerpuns, Penn-lan-Taillenter, Kerleon, Leinhon. Superficie totale : 1 489 hectares, dont (...) terres labourables 961 ha, prés et pâturages 146 ha, bois 7 ha, vergers et jardins 50 ha, landes et incultes 230 ha (...). Moulins : 3 (Lost, Arcoët, à eau). La route de Rostrenen à Carhaix traverse le Moustoir dans sa partie sud et dans la direction du sud-est au nord-ouest. Géologie : schiste argileux. On parle le breton. »
Le 20ᵉ siècle
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts du Moustoir porte les noms de 48 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale.
L'Entre-deux-guerres
Un article du journal Paris-Midi du 28 mai 1923 cite en exemple Le Moustoir, « une commune de 900 âmes » qui « en huit mois et demi a battu un record magnifique. Dans les trois-quarts d'une année, c simple village a vu naître trente petits Bretons. Et un seul décès, celui d'un vieillard, a été enregistré pendant tout de temps-là.. Voilà de la repopulation ! ».
La Seconde Guerre mondiale
Le 8 juin 1944, huit jeunes résistants pris par surprise par des Allemands de la division de parachutistes Kreta, qui se dirigeait vers le front de Normandie, dans une ferme du hameau de Lamprat en Plounévézel sont successivement pendus à différents endroits entre Plounévézel et Saint-Caradec, dont l'un, Georges Le Naëlou, 22 ans, dans le bourg du Moustoir.
Le 17 juillet 1944, au village de Leinhon, une compagnie du maquis FTP de Plévin-Paule fit un coup de main contre un dépôt d'habillement allemand.
Les convois allemands étaient souvent attaqués par les maquisards, particulièrement entre Le Moustoir et Rostrenen : par exemple le 5 juin 1944, des maquisards attaquent dans une embuscade une Mercedes allemande décapotable se rendant de Châteaulin à Rennes à 500 mètres à l'est du lieu-dit « la Pie », commune de Paule, tuant deux officiers et blessant le général Paul Mühlmann. Le 29 juillet 1944, des troupes allemandes venues de Brest tentent d'en finir avec ce nid de résistants qui entre autres actions attaque régulièrement les convois allemands au lieu-dit « la Pie » en Paule, entre Carhaix et Rostrenen. Les troupes allemandes subirent de fortes pertes pendant ces combats qui firent 144 victimes françaises (dont 70 résistants tués pendant les combats ou fusillés, 33 résistants morts en déportation, 40 victimes civiles) dont les noms figurent sur le monument commémoratif qui se trouve sur place,.
Des agents allemands tentèrent régulièrement d'infiltrer ce maquis : d'abord un milicien, François Enet, qui fut fusillé fin juin 1944 par des résistants après un jugement sommaire ; puis Charles Le Luel, originaire d'Auray, engagé dans la Légion des volontaires français contre le bolchevisme, exécuté lui aussi par les résistants ; sa femme fut étranglée et son corps jeté à l'eau dans le canal de Nantes à Brest au pont de Goariva (commune du Moustoir).
Le monument aux morts du Moustoir porte les noms de 12 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale; parmi eux François Le Du, matelot canonnier à bord du Dunkerque, tué lors de l'attaque anglaise de Mers el-Kébir le 6 juillet 1940 ; Albert Le Saux, caporal-chef au 2e régiment de chasseurs parachutistes a été tué à l'ennemi à Borger-Drenthe (Pays-Bas) le 8 avril 1945 ; François Auffet est mort de maladie alors qu'il était prisonnier en Allemagne ; Louise Kerespars, épouse Boudehent, âgée alors de 41 ans, a été assassinée par les Allemands le 26 juin 1943 et Joseph Troadec a été fusillé par les Allemands le 5 août 1944.
L'après Seconde Guerre mondiale
Joseph Maurice, garde républicain, est mort pour la France (tué à l'ennemi le 10 mars 1948 en Cochinchine) pendant la Guerre d'Indochine.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Le Moustouer au 15ᵉ siècle et en 1591, La Moustoir en 1599.
Le nom de la commune provient du vieux mot breton moster ou mouster qui signifie « monastère » ou « abbaye ».
Géographie
La paroisse fait partie du territoire breton traditionnel du pays Fisel. La commune est située dans l'angle sud-ouest du département des Côtes-d'Armor (elle est limitrophe du Finistère et toute proche de la ville de Carhaix située dans ce département). Elle est limitée au sud par le Canal de Nantes à Brest qui a remplacé un ancien cours d'eau quasi disparu en raison de son aménagement.
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Le finage communal correspond au versant nord de cet ancien cours d'eau et est donc en bonne partie exposé au sud. Les altitudes les plus basses (entre 113 à l'est et 102 mètres d'altitude à l'ouest) se rencontrent dans cette vallée, désormais parcourue par le Canal de Nantes à Brest, les plus hautes à la limite nord de la commune (192 mètres d'altitude près du château d'eau) ; le bourg est vers 120 mètres.
Le paysage rural traditionnel est celui du bocage avec un habitat dispersé en hameaux et fermes isolées ; le bourg était traditionnellement de très modeste importance (quelques maisons étirées le long de l'ancienne nationale 164) ; un lotissement lié à la proximité de Carhaix s'est développé un peu au nord du bourg, au lieu-dit "Lostancoat Izellan". Un hameau est dénommé "La Limite" : il est situé à la limite départementale entre les départements des Côtes-d'Armor et du Finistère.
L'ancienne RN 164 est désormais déclassée en simple départementale (RD 2164), mais elle a été remplacée par la voie express N 164 (axe routier Châteaulin - Rennes) qui traverse la partie sud de la commune. L'ancienne ligne ferroviaire à voie métrique (ligne Carhaix - Loudéac - La Brohinière du Réseau breton ; le tronçon Carhaix - Rostrenen fut mis en service en 1898 et cette voie ferrée ferma en 1967) longeait la limite nord de la commune (son emprise était toutefois sur le territoire de la commune de Trébrivan) ; elle a été remplacée par une voie verte. Le chemin de halage du canal est désormais aménagé en sentier de grande randonnée 37.
Communes limitrophes de Le Moustoir
Treffrin
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Trébrivan
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Carhaix-Plouguer
Finistère
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Maël-Carhaix
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Plévin
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Paule
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Lieux et monuments
- Église Saint-Juvénal, inscrite aux monuments historiques depuis 1926 ; dédiée à saint Juvénal, elle date de 1507 environ (comme l'indique une inscription gravée sur une pierre), mais a été restaurée en 1891. Le choix du patronage de saint Juvénal, évêque de Jérusalem, reste une énigme ; il s'agit probablement d'un remplacement de saint Gwenaël, un saint breton, opéré par le clergé qui luttait contre le culte des saints bretons non reconnus officiellement par l'église catholique.
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- La chapelle Sainte-Barbe date des 16ᵉ siècle et 18ᵉ siècle. Elle a été restaurée en 2000 ; elle possède notamment un beau retable du 17ᵉ siècle.
- La chapelle de la Croix-Neuve (1819). Elle possède un retable baroque provenant d'une chapelle antérieure.
- Le calvaire de Kerantré.
- Le calvaire de Kerléon, érigé en 1618.
- Le calvaire du cimetière, déplacé en 1938 dans le nouveau cimetière.
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