Lectoure (en gascon graphie classique, Leitora) est une commune française située dans le nord du département du Gers en région Occitanie. Sur le plan historique et culturel, la commune est dans la Lomagne, une ancienne circonscription de la province de Gascogne ayant titre de vicomté, surnommée « Toscane française ».
Exposée à un climat océanique altéré, elle est drainée par le Gers, l'Auroue, l'Auchie, le ruisseau de Lauze, le ruisseau de Lesquère et par divers autres petits cours d'eau. La commune possède un patrimoine naturel remarquable : deux espaces protégés (la « prairie de Crabé » et le « prairie et zone humide du Moulin ») et trois zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
Lectoure est une commune rurale qui compte 3 687 habitants en 2020. Elle est dans l'unité urbaine de Lectoure et fait partie de l'aire d'attraction de Lectoure. Ses habitants sont appelés les Lectourois ou Lectouroises.
Le patrimoine architectural de la commune comprend dix immeubles protégés au titre des monuments historiques : la cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais, classée en 1912, la fontaine Diane, inscrite en 1925, la tour du Bourreau, inscrite en 1947, l'hôtel Ducasse, inscrit en 1959, l'hôtel de Bastard-Castaing, inscrit en 1984, la chapelle des Carmélites, inscrite en 1996, le couvent des Cordeliers, inscrit en 1999, la tannerie royale, inscrite en 2006 et classé en 2018, l'hôtel de ville, inscrit en 2016, le château des comtes d'Armagnac et l'ancien hôpital, inscrits en 2016, et le monument aux morts, inscrit en 2018.
Histoire
L'occupation du site est constante depuis l'époque préhistorique, comme en témoignent les nombreux vestiges retrouvés lors de fouilles. La situation géographique en « éperon barré » du site a toujours favorisé l'occupation humaine. Oppidum aquitain, puis occupée pacifiquement par les Romains, la cité de Lactora s'étend alors dans la plaine et connaît une longue période de prospérité. Les invasions barbares successives obligent les habitants à revenir sur la hauteur, à élever des remparts et à faire de Lectoure une place forte pendant plusieurs siècles. Sa réputation est fermement établie. Victor Hugo, dans Notre-Dame de Paris, fait dire à l'un des gueux lancés à l'assaut de Notre-Dame : – Par les moustaches du pape ! (...) voilà des gouttières d'églises qui vous crachent du plomb fondu mieux que les mâchicoulis de Lectoure.
Capitale du comté d'Armagnac, elle connaît pourtant plusieurs sièges, notamment celui de 1473 où Louis XI envoie une armée, commandée par le cardinal d'Albi, Jouffroy, pour assiéger Lectoure. Cette bataille voit la capitulation et la mort de Jean V d'Armagnac, et une destruction presque totale de la ville qui marqua la chute définitive de la dynastie des comtes d'Armagnac par les troupes du roi de France, Louis XI.
Réunie à la couronne de France, Lectoure renaît de ses cendres. Elle subit de nouveaux sièges lors des guerres de religion : alors possession des rois de Navarre, protestante, elle doit capituler devant Blaise de Monluc. Les 17ᵉ et 18ᵉ siècles sont une période calme où s'épanouit une société bourgeoise et de petite noblesse. À la Révolution, de nombreux volontaires s'enrôlent et deviendront des figures marquantes de l'Empire : le maréchal Jean Lannes, et une pléthore de généraux dont les portraits ornent la salle des illustres. Les 19ᵉ et 20ᵉ siècles voient une évolution qui n'est guère différente de celle des autres petites villes : lent déclin de la population, avec la rupture brutale due aux guerres mondiales (surtout celle de 1914-1918), qui épargnent cependant Lectoure, de par sa situation géographique éloignée des opérations militaires, qui lui vaut en revanche un afflux de réfugiés (les Alsaciens de Saint-Louis en 1940).
Toponymie
Le nom de Lectoure vient de celui de la cité antique Lactora, attesté au 2ᵉ siècle. On n'a aucune certitude sur les origines de ce nom, vraisemblable latinisation d'un toponyme celtibère antérieur. Pour Jean-Édouard Dugand, il pourrait s'agir d'un nom celtique du IIe siècle avant notre ère, Laccodoron, « la forteresse de Laccos », un anthroponyme gaulois, qui aurait évolué sous l'influence romaine en Lactora.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Lectoure est labellisée ville d'art et d'histoire. Elle a obtenu le label Station classée de Tourisme en septembre 2011.
Depuis 2005, la municipalité a créé une Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP). En 2018, Lectoure compte 10 immeubles classés au titre des Monuments historiques ; mais une politique d'investigation systématique menée depuis 2009 par Gaëlle Prost, chargée de mission à l'Inventaire du Patrimoine a permis d'amener le nombre de bâtiments inscrits à plus d'une centaine.
Vieille ville
L'axe principal est constitué par la rue Nationale, ancienne rue Royale et rue Impériale, où se trouvent plusieurs hôtels particuliers des 17ᵉ et 18ᵉ siècles, la tour d'Albinhac du 13ᵉ siècle, dernière des « maisons fortes » subsistant du Moyen Âge, le portail des Cordeliers, l'église des Carmes ou du Saint-Esprit du 16ᵉ, l'hôpital du 18ᵉ élevé par l'évêque Monseigneur de Narbonne-Pelet, sur l'emplacement du château des comtes d'Armagnac. Au Nord et au Sud, les boulevards suivent le tracé des anciens remparts de la ville, encore présents bien que portes fortifiées et tours aient disparu : le boulevard du Nord à la base des remparts, et le boulevard du Midi établi sur l'ancien chemin de ronde. La seule tour conservée est, à l'angle nord-est, la tour du Bourreau du 14ᵉ siècle. L'ancien bastion défendant la partie est de la ville a été aménagé en promenade publique.
- Hôtel de ville et sa salle des illustres.
- Tour d'Albinhac.
- Tour du Bourreau.
Fontaine Diane
Au sud, la fontaine Diane, Hountélie en gascon, d'origine romaine, habillée de trois arcades du 13ᵉ siècle. L'origine de son nom est sujette à caution : si elle était probablement bâtie sur un lieu de culte gallo-romain, l'appellation Hountélie a été interprétée comme « fontaine d'Élie », ou comme hount Délios, Délios représentant Diane, et ce nom est resté.
Non loin de là se trouve l'ancienne tannerie royale d'Ydrone, bel exemple d'architecture industrielle du 18ᵉ, où travaillaient une centaine d'ouvriers.
Bastion
La promenade du Bastion, ancien bastion sud défendant l'entrée principale, à l'est de la ville, transformé en promenade plantée d'ormeaux au 18ᵉ siècle, puis de marronniers, avec un kiosque à musique, offre aussi une vue dégagée vers le sud. On y accède à l'est par un large escalier monumental (1839) que surmonte la statue en marbre blanc du maréchal Lannes, par Jean-Pierre Cortot (1834). Le bastion nord, dit « petit bastion », également aménagé en promenade, fut remplacé plus tard par des habitations et une place. Sérieusement endommagés par la tempête Klaus en 2009, les arbres centenaires du Bastion ont été arrachés en 2010 et de nouvelles plantations ont été réalisées, en même temps qu'un nouvel éclairage était mis en place.
Monument aux morts
Le monument aux morts, inauguré le 11 novembre 1923, qui s'élevait devant la cathédrale Saint-Gervais et qui a été déplacé récemment square Gambetta, est une œuvre du sculpteur Carlo Sarrabezolles, second grand prix de Rome en 1914, en granit gris de Bretagne, haute de 7,60 mètre. Il représente une Victoire ailée tenant deux couronnes de lauriers, devant un obélisque.
Halle aux grains
La halle aux grains ou halle aux blés, aujourd'hui halle polyvalente, est un édifice construit entre 1842 et 1846 sur l'emplacement de l'ancienne halle et maison commune construite en 1591 et détruite par un incendie en 1840.
Hôtels particuliers
La plupart de ces hôtels, demeures de nobles ou de bourgeois aisés, furent construits aux 17ᵉ et 18ᵉ siècles dans une architecture classique d'une grande sobriété. Beaucoup ne sont visibles extérieurement que par leur grand portail d'entrée. Leurs noms, qui étaient plus souvent précédés de « maison » plutôt qu'« hôtel », ont beaucoup varié dans le temps selon leurs propriétaires successifs et peuventt donner lieu à des confusions.
- Hôtel des Trois Boules, presbytère
Bâtie au 17ᵉ siècle au plus près de la cathédrale par Pierre Ducasse, juge-mage et président au Présidial d'Armagnac, cette demeure se signale par son grand portail classique sommé de trois boules de pierre. Après avoir été la propriété de Joseph Dupin, frère du général d'Empire, et à ses descendants, cet hôtel est aujourd'hui le presbytère.
- Hôtel de Bastard-Castaing
Situé dans la rue Lagrange, cet hôtel bâti à la fin du 18ᵉ siècle fut successivement la propriété des familles de Castaing, puis de Bastard. Durant tout le 19ᵉ siècle, la baronne douairière de Bastard y tint un brillant salon, de tendance royaliste, jusqu'à sa mort en 1867. L'hôtel fut racheté par les Dufour, qui possédaient également le château de Crabé, non loin de Lectoure. Par alliance, l'hôtel échut à la famille Touzet qui en fit son garde-meuble, et le vendit en 1948.
Situé dans la rue Subervie, cet hôtel de deux étages fut la demeure de Jacques-Gervais Subervie, général d'Empire puis député du Gers. On ignore par qui il fut construit. Il présente une façade classique, une porte cochère avec un arc en anse de panier jouxtant un portail marqué par deux pilastres et un entablement droit, maintenant remplacé par une fenêtre. L'intérieur présente un escalier avec une rampe de ferronnerie. La maison s'ouvre largement vers le vallon au Nord. Le peintre Charles Naillod (1876-1941) y installa son atelier les dernières années de sa vie.
Situé rue Dupouy, cet hôtel XVIIIe possédait d'importantes dépendances dont il fut amputé en 1883 pour construire l'école primaire de filles (aujourd'hui école Jean-François Bladé).
Cette maison, 41 rue Nationale, n'est plus connue sous ce nom : elle appartenait en 1682 au juge-mage Pierre Ducasse. Construite au 12ᵉ ou 13ᵉ siècle, elle conserve deux salles couvertes de voûtes en berceau brisé ornées de peintures murales du début du 14ᵉ siècle, classées aux Monuments historiques.
Peut-être construit, rue Nationale, sur l'emplacement d'une maison forte, l'hôtel appartenant à Michel Bordes, homme de loi, fut vendu en 1809 à Jean-Baptiste de Bastard.
Situé au 91 de la rue Nationale, et rejoignant à l'arrière la rue de l'Abbé-Tournier, cet hôtel fut construit après 1767. Il est acheté en 1799 par Bernard Descamps, avocat à la sénéchaussée puis député. Il possède entre autres des plafonds dont les poutres sont peintes. Propriété de la famille Touzet par héritage. Vendu en 2007.
Anciennement appelé hôtel de Longpré, du nom de la famille Reynard de Longpré qui l'a possédé de 1763 à la fin du Dix-neuvième, époque où, par mariage, l'hôtel était possédé par la famille Descamps, qui possédait l'hôtel du même nom et bâti juste à côté. Bâti sur une parcelle étroite, l'hôtel Guilhon ne présente rue Nationale guère plus que la largeur de son portail classique en plein cintre, surmonté d'un fronton triangulaire et flanqué de deux ailerons. Après une longue cour, l'hôtel établi dans une partie plus large présente une aile sur la gauche. Il communique au sud avec la rue de l'Abbé-Tournier. Il est depuis 2017 aménagé en chambres d'hôte.
L'hôtel de Goulard, longtemps appelé maison Gardeil, étend sa longue façade sur un côté entier de la place Boué de Lapeyrère, ancienne place d'Armes. Abritant maintenant les thermes de Lectoure, on y accède par le portail et la cour donnant sur la rue Nationale.
Ancien collège
Ancien collège des Doctrinaires, puis collège et lycée Maréchal-Lannes, construit à partir de 1630, puis reconstruit en 1741, il est en voie de rénovation pour devenir l'Hôtel des Doctrinaires en liaison avec l'hôtel Goulard et les thermes de Lectoure.
Ancien hôpital, ancien château des comtes d'Armagnac
L'ancien château des comtes d'Armagnac, un des mieux fortifiés en son temps, occupait l'éperon ouest à l'extrémité de la ville, dont il était séparé par des ouvrages fortifiés visibles sur le plan de Mérian, aujourd'hui disparus. Progressivement démantelé, sur son emplacement, au 18ᵉ siècle, l'évêque Claude-François de Narbonne-Pelet fit construire un hôpital, bel exemple d'architecture classique, s'ouvrant sur une cour carrée bordée d'arcades sur trois côtés. Sur l'arrière, du côté ouest, des vestiges de l'ancien château sont encore visibles. Au pied des remparts se trouvent les allées Montmorency, ainsi nommées selon une légende fermement établie : en 1632, Henri II de Montmorency, gouverneur du Languedoc, a comploté contre le pouvoir royal de Louis XIII afin de conquérir l'indépendance de sa province. Battu et fait prisonnier à la bataille de Castelnaudary, il fut emmené au château de Lectoure, assez loin du Languedoc où il était soutenu par la population. Mais la population lectouroise était aussi en sa faveur. Selon la légende, les dames de Lectoure décidèrent de lui donner une occasion de s'évader. Elles firent passer au prisonnier un gâteau, dans lequel était cachée une échelle de soie. Malheureusement, l'échelle était trop courte : le duc chuta et se blessa. Il fut repris, et connut le destin que l'on sait, condamné à mort, il fut décapité dans la cour du Capitole de Toulouse. Il est possible qu'une tentative d'évasion moins romantique, où un gardien complice fut démasqué et tué, ait eu lieu.
Non loin de l'hôpital, le cimetière Saint-Esprit comprend un carré militaire comprenant les tombes de 73 tirailleurs sénégalais, qui étaient stationnés à Lectoure durant la Première Guerre mondiale et furent décimés (98 morts) par la grippe « espagnole » en octobre 1918 et mars 1919 et auxquels un hommage est rendu annuellement,.
Châteaux et tours-salles
Maison à un niveau comprenant chapelle, communs, cour et pigeonnier, construit vers 1784 pour M. de Paris, sur un domaine ayant appartenu à Vaquier, sénéchal d'Armagnac.
Tour-salle du Treizième ou 14ᵉ siècle, remanié à la fin du Quinzième et au début du 16ᵉ siècles. Adjonction de cage d'escalier au 17ᵉ siècle. Construction de corps de logis au 18ᵉ siècle.
- Château-salle noble de Tulle
Mentionnée en 1491 et en 1597 dans le Terrier de Lectoure comme salle noble. Possédé par le dernier évêque de Lectoure à la Révolution, Monseigneur Louis-Emmanuel de Cugnac. Il ne subsiste que le logis du Dix-septième, partiellement détruit et remanié en 1824. Propriété de l'avocat et écrivain Alcée Durrieux, puis de l'amiral Boué de Lapeyrère.
Possédé par la famille Chastenet de Puységur au 18ᵉ siècle, puis vendu à Joseph Monbrun, procureur du présidial de Lectoure en 1782. Le château actuel date du 18ᵉ siècle, reconstruit sur la base d'une tour-salle.
Reconstruite sur un édifice antérieur vers 1870. De nombreux éléments architecturaux proviennent du château d'Aurignac. Possédé par la famille Montal.
Tour-salle du Treizième ou 14ᵉ siècle ; adjonction d'une tour d'escalier au Dix-septième. Acquise en 1769 par Joseph de Mallac, conseiller du Roi, procureur du Roi au Sénéchal et Siège Présidial d'Armagnac. Vendue par la famille Touzet, descendante des Mallac, en 1988.
- Château-salle de Combarrau
L'actuel corps d'entrée est une salle du Treizième ou 14ᵉ siècle, considérablement agrandie au cours des Seizième ou 19ᵉ siècles.
Ancienne salle du Treizième ou 14ᵉ siècle, remaniée au 15ᵉ siècle. Adjonction de corps de logis en 1817. Aménagements intérieurs à partir de 1856 pour la famille Dufour. Propriété de la famille Touzet.
- Château-salle de la Cassagne
Salle fortifiée au 16ᵉ siècle pour Mademoiselle de Bordis, agrandie au 17ᵉ siècle pour Mademoiselle de Cère.
Construit à la fin du Seizième ou au début du 17ᵉ siècle. Ferme actuelle.
Édifice du 17ᵉ siècle, remanié au Dix-neuvième.
Ancienne salle, agrandie pour Jean-François Pérès, sieur de Hustarrau, au 17ᵉ siècle ; remaniée au Treizième ou Quatorzième.
Construit entre 1846 et 1852 pour Henri et Guillaume Courrent
Salle du 14ᵉ siècle mentionnée dès 1491, avec son seigneur Michel de Lisle. Reconstruite au 16ᵉ siècle, puis au Dix-septième. Possédée par la famille Chastenet de Puységur. Remaniée aux 19ᵉ – 20ᵉ siècles
Édifices religieux
- Cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, rue Fontelie.
La cathédrale occupe l'emplacement présumé d'un temple gallo-romain de Cybèle.
La nef, à l'origine romane et probablement faite pour une série de coupoles, fut rebâtie en 1325 en ogives, puis en 1540, le chœur en style flamboyant.
La tour de plan carré à cinq niveaux, élevée en 1488 par le maître d'œuvre tourangeau Mathieu Reguaneau, possédait un étage supplémentaire octogonal et une flèche qui en faisaient un des plus hauts clochers de France. Elle fut détruite juste avant la Révolution sur l'ordre du dernier évêque, Emmanuel-Louis de Cugnac. Elle aurait, selon une légende locale non fondée, attiré la foudre jusqu'à la cave de l'évêché, causant ainsi le bris de milliers de bouteilles épiscopales.
Des retables du 17ᵉ siècle, du 18ᵉ siècle, et du 19ᵉ siècle ; des portraits d'évêques, des ornements sacerdotaux, un lutrin du 17ᵉ siècle, 36 stalles, une Assomption de marbre blanc d'origine italienne (18ᵉ siècle) constituent l'essentiel du riche mobilier de la cathédrale. Elle conserve aussi les reliques de saint Clair d'Aquitaine, évangélisateur et hypothétique premier évêque de Lectoure, après avoir été celui d'Albi. Il subit le martyre avec ses compagnons au pied des remparts. Transférées à Bordeaux, ses reliques furent ramenées à Lectoure, en grande pompe, le 12 octobre 1858. Un musée d'Art sacré a été installé dans l'ancienne sacristie.
- Église du Saint-Esprit, rue du 14-Juillet.
L'église paroissiale du Saint-Esprit est le seul vestige de l'ancien couvent des Carmes dont elle constituait la chapelle. Vendue comme bien national à la Révolution, elle fut rendue au culte au 19ᵉ siècle et subit de nombreux remaniements. Elle abrite un beau retable avec une Assomption de l'école espagnole, et plusieurs toiles religieuses qui ne manquent pas d'intérêt.
L'église est répertoriée à l'Inventaire général Région Midi-Pyrénées.
- Chapelle des Carmélites, rue Montebello.
La chapelle du Carmel est comprise dans l'enceinte du couvent qui abrite encore quelques religieuses carmélites. Le maréchal Antoine de Roquelaure, qui fut gouverneur de la ville, l'avait comblée de bienfaits, à commencer par l'offre de la maison et du jardin où s'installa le couvent. Au 18ᵉ siècle, le couvent est un foyer de défense et de propagation du jansénisme. De l'extérieur, la chapelle ne se signale que par la porte classique, rue Marès, surmontée d'une niche contenant une statue de la Vierge, entre deux ailerons, elle-même sommée d'un fronton triangulaire à trois boules. Sous la niche, figure le blason du Carmel. La nef est divisée en trois travées. La partie réservée aux fidèles est séparée du chœur par un large escalier de dix marches.
Le chœur, donc très surélevé, est construit sur une sacristie, devenue une crypte en clôture. L'autel, encore surélevé de trois marches, est en marbre blanc et rouge et présente un retable où figurent des statues de Saint-Jean de la Croix et de saint Joseph, encadrant une peinture de la Vision de sainte Thérèse (XVIIIe s.). Sur la gauche s'ouvre une petite chapelle de N.-D. du Sacré-Cœur, et du côté opposé, un grand arc grillagé marque la tribune réservée aux religieuses, où des stalles auraient été offertes par Louise de France, fille de Louis XV et elle-même Carmélite.
Les murs de la nef sont couverts de douze peintures en camaïeu à sujets religieux. Le plus remarquable est le plafond, à nervures dorées à peine cintrées, qui reprennent un plan de croisées d'ogives à liernes et tiercerons, avec des clés pendantes portant le blason du Carmel. Les peintures originales de 1684 furent restaurées au 19ᵉ siècle par le peintre lectourois Paul Noël Lasseran. L'ensemble n'est pas sans évoquer la chapelle des Carmélites de Toulouse.
Ancienne église des Cordeliers, rue Nationale.
L'église des Cordeliers ne subsiste que par son portail gothique, très altéré. Orientée sud-nord, elle présentait un vaste volume où se voient encore une grande fenêtre murée, à l'Est, et des enfeus. Au 19ᵉ siècle, à l'intérieur de la nef dépourvue de voûtes, on a construit un solide bâtiment avec des salles voûtées, qui était la prison.
Les vestiges de l'église de l'ancien couvent et de l'ancienne maison d'arrêt sont inscrits à l'inventaire des monuments historiques depuis 1999.
- Chapelle Saint-Gény, Nationale 21.
La chapelle Saint-Gény, au sud de la ville, dans la plaine, est un édifice très ancien. Il est supposé être le tombeau de Huginius, plus connu sous le nom de saint Gény, ermite introducteur du christianisme à Lectoure à la fin du 3ᵉ siècle. Probablement bâti sur l'emplacement de la première église antique, encore qu'il n'y en ait aucune preuve formelle, le monastère avait été fondé au 10ᵉ siècle. En 1059 il brûla entièrement et en 1074 les ruines furent confiées à l'abbaye Saint-Pierre de Moissac, puis à Cluny, qui dans une construction nouvelle fonda l'actuelle église de Saint-Gény. Les parties visibles datent de la reconstruction au 16ᵉ siècle.
L'église, à l'abandon depuis la Révolution, fut rachetée au 19ᵉ siècle par l'abbé de Cortade qui en entreprit la restauration. La nef se présente comme une construction de style gothique méridional. La façade à fronton galbé flanquée de deux tourelles à poivrières, qui peut rappeler le 18ᵉ siècle, date de 1876 et est l'œuvre de l'abbé de Cortade. Il retrouva dans la crypte un sarcophage, supposé être celui de saint Gény, très abîmé, qu'il fit restaurer avec quelque excès. Après sa mort, la chapelle retourna à l'abandon, à part dans les années 1930 où ses nouveaux propriétaires, la famille Soulès, lui redonnèrent un peu de vie.
Des moines français, rattachés à l'Église orthodoxe serbe, en Europe occidentale, ont repris le flambeau. La réouverture s'est faite à Noël 2000, en présence de Monseigneur Luka Kovasevic. On peut y voir le sarcophage et le reliquaire du saint ermite et de ses compagnons martyrs au 4ᵉ siècle. Le monastère a un musée d'icônes.
- Église de Tané, route de Tané.
- Chapelle du cimetière nord, chemin du Ruisseau.
- Chapelle de la Providence, cours Gambetta.
- Chapelle du couvent de Dominicains, des sœurs de la Providence de Lectoure.
Patrimoine culturel
Musées
L'hôtel de ville abrite le musée Eugène-Camoreyt, composé de quatre parties distinctes : au rez-de chaussée, une pharmacie ancienne reconstituée autour d'une cheminée Renaissance, une salle consacrée au maréchal Lannes, et une autre à l'amiral Boué de Lapeyrère.
Au sous-sol voûté, le musée lapidaire et archéologique, avec les 20 autels tauroboliques (commémorant un sacrifice de taureaux au sang purificateur), dédiés aux cultes de Cybèle et de Mithra, et trouvés en 1540, pendant les travaux de la reconstruction de la cathédrale. Les consuls de l'époque ayant décidé d'en constituer une collection publique, on peut considérer que ce musée, qui présente également des monnaies et vestiges archéologiques (dont un sarcophage en marbre blanc de l'école d'Aquitaine) de la cité gallo-romaine établie sur la plaine du Gers, est un des plus anciens de France.
- Musée de peinture : la ville possédait aussi un musée de peinture, constitué par les dépôts de l'État à partir du 19ᵉ siècle, dont les œuvres sont réparties dans diverses salles de l'hôtel de ville. Installé à l'origine dans une salle voisine de la salle des Illustres, ce local s'avéra trop petit et les toiles, dont certaines de grandes dimensions, furent déplacées dans les locaux du tribunal ou stockées dans des couloirs, et dispersées. Ce musée fut constitué à partir de 1880 à l'initiative du maire et député Albert Descamps. Le musée comprenait notamment, outre des gravures, des peintures d'Alfred Garcement (1842-1927), Maxime Dastugue (1851-1909), Étienne Fournès, Poelleux Saint-Ange, Charles Perrandeau (1865-1903), Alphonse Stengelin (1852-1938), Marie-Paule Carpentier (1876-1915), Clémentine-Hélène Dufau (1869-1937), etc., un ensemble de peintres représentatifs de l'École française du Dix-neuvième et du début du 20ᵉ siècles et du style « Salon » qui ne manquent pas d'intérêt.
Le jardin des Marronniers, ancien jardin de l'évêché, possédait un théâtre de verdure qui accueillait régulièrement la troupe de la Comédie-Française (une plaque rappelle que la tragédienne Madeleine Roch joua ici pour la dernière fois, et une allée porte le nom du Comédien français Albert Lambert). Il domine une terrasse où se trouve la piscine municipale et offre une vue sur la plaine du Gers vers le sud jusqu'aux Pyrénées. La table d'orientation en lave émaillée qui s'y trouve actuellement, prévue pour la promenade du Bastion voisine, n'y fut jamais installée car on s'était aperçu au dernier moment qu'elle comportait des erreurs.
Personnalités liées à la commune
Antiquité- 18ᵉ siècle
- Les saints de l'Église catholique Gény (né et mort à Lactora), Clair d'Aquitaine, Babyle et Maurin, y sont morts martyrisés ;
- Édouard Ier (roi d'Angleterre) (1239-1307)
- Jean V d'Armagnac (1420-1473) ;
- Mathieu Reguaneau (?-vers 1513) : architecte du clocher de la cathédrale, sculpteur, peintre ;
- Nicolas de Chastenet, seigneur de Puységur (1483-1551), trisaïeul du maréchal de Puységur, consul de Lectoure en 1513, 1514 et 1524 ;
- Pey de Garros (1525 ?- 1581 ?) : poète né à Lectoure ;
- Jean de Garros (?-après 1616) : poète et consul de Lectoure ;
- Pierre Charron (1541-1603) : religieux et philosophe, séjourna à Lectoure ;
- Antoine de Roquelaure (1544-1622) : maréchal de France, gouverneur de Lectoure ;
- Joseph du Chesne, seigneur de la Violette (1549-1609), chimiste, écrivain, poète, médecin de Henri IV ;
- Jean Lacarry (1605-1684) : poète né à Lectoure ;
- Emmanuel-Louis de Cugnac (1729-1800), dernier évêque de Lectoure ;
Révolution-Empire
- Bernard Descamps (1758-1825) : homme politique né et mort à Lectoure ;
- Jean-Jacques de Laterrade (1758-1794) : général de la Révolution française ;
- Jérôme Soulès (1760-1833) : général d'Empire ;
- Joseph Lakanal (1762-1845) fut professeur de grammaire au collège des Doctrinaires ;
- Joseph Lagrange (1763-1836) : général de la Révolution française et de l'Empire ;
- Frédéric Lagrange, fils du précédent, homme politique, député du Gers ;
- Pierre Banel, (1766-1796) : général de la Révolution française, né à Lectoure ;
- Jean Lannes, (1769-1809) : maréchal d'Empire ;
- Bernard Lannes : premier préfet de l'Eure le 2 mars 1800 puis deuxième préfet des Hautes-Pyrénées entre le 9 mars 1800 et le 13 décembre 1802 ;
- Jeanne Josèphe Barbe Méric (1774-1850), première épouse de Jean Lannes ;
- Louise de Guéhéneuc (1782-1856), seconde épouse de Jean Lannes, 1e dame d'honneur de l'impératrice Marie-Louise ;
- Paul Émile Soubiran (1770-1855) : aventurier, né et mort à Lectoure ;
- Jean-Baptiste Dupin (1772-1863) : général d'Empire ;
- Jacques-Gervais Subervie (1772-1856) : général d'Empire ;
- Jean-Louis Soubdès (1749-1819) : magistrat, éphémère sous-préfet du Gers à Lectoure pendant les Cent-Jours.
19ᵉ siècle
- Narcisse-Achille de Salvandy (1795-1856), né à Condom, ministre de l'Instruction publique, député de Lectoure ;
- Édouard de Bastard de Saint-Denis (1797-1868), député français né à Lectoure ;
- Pierre Achille Carbonneau (1798-1865) : homme politique né et mort à Lectoure ;
- Jean Belliard (1800-1891) : homme politique né à Lectoure ;
- Augustin Dupouy (1808-1868) : vice-amiral ;
- L'abbé Dominique Dupuy (1812-1885), naturaliste ;
- Arnaud Ernest Junqua (1816-1893) : petit-fils d'Arnaud Junqua, premier sous-préfet de Lectoure ; mesurant 2,04 mètre, commandant en second de l'escadron des cent-gardes sous le Second Empire ;
- Alcée Durrieux (1819-1901) : écrivain ;
- Ulysse Pic (1820-1896) : journaliste et pamphlétaire. Son premier ouvrage est Physiologie du Lectourois et de la Lectouroise (1842) ;
- Aurélie Soubiran, princesse Ghika (1820-1904) : femme de lettres, fille de Paul Émile Soubiran ;
- Jean-François Bladé (1827-1900) : historien et folkloriste ;
- Joseph-Frédéric Saivet (1828-1877) : évêque de Mende et de Perpignan-Elne ;
- Augustin Boutan (1828-1900), inspecteur général de l'instruction publique, père du pionnier de la photographie sous-marine Louis Boutan, et d'Auguste Boutan, inventeur d'un scaphandre autonome ;
- Léonce Couture (1832-1902) : écrivain et érudit, fut professeur à Lectoure ;
- Albert Descamps (1832-1910) : homme politique né et mort à Lectoure ;
- Louis Ducos du Hauron (1837-1920), mit au point sa théorie sur la trichromie et réalisa à Lectoure ses premiers essais de photographie en couleurs ;
- L'abbé Odon Delarc (1839-1898) : prêtre, professeur et historien ;
- Eugène Camoreyt (1841-1905) : fondateur du musée ;
- Ernest Dupuy (1848-1918) : professeur, écrivain, poète, inspecteur général de l'Instruction publique ;
20ᵉ siècle
- Auguste Boué de Lapeyrère (1852-1924) : amiral, ministre ;
- Jules de Sardac (1863-1946), médecin, maire et conseiller général, président de la société archéologique du Gers de 1920 à 1935 ;
- Paul Noël Lasseran (1868-1933) : peintre, poète, fils de Prosper Lasseran (1840-1877), peintre et sculpteur ;
- Jacques Camoreyt (1871-1963), peintre, graveur et illustrateur ;
- Charles Naillod (1876-1941) : peintre, a vécu, travaillé et est mort à Lectoure ;
- Jean-Joseph Moussaron (1877-1956): vicaire puis archiprêtre de Lectoure (1904-1929), archevêque d'Albi sous l'Occupation, Juste parmi les Nations.
- Madeleine Roch (1885-1930), sociétaire de la Comédie-Française, a joué pour la dernière fois à Lectoure ;
- Louis Damblanc (1889-1969) : chercheur ;
- Marek Szwarc (1892-1958), sculpteur, a séjourné à Lectoure entre 1920 et 1940 ;
- Paul-Émile Descomps (1892-1964) : sénateur du Gers mort à Lectoure ;
- Pierre Alcée Salbaing (1914-2003) : Lieutenant Commandeur Marine National, Directeur général du Groupe Air Liquide S.A., Président de la Chambre de commerce française au Canada, Ordre national de la Légion d'Honneur;
- Maurice Bordes (1915-2003), historien, professeur à l'université de Nice, président de la société archéologique du Gers de 1954 à 2003 ;
- Tereska Torrès (1920-2012) : femme de lettres, résistante, fille de Marek Szwarc, a séjourné à Lectoure dans sa jeunesse ;
- Maurice Cazeneuve (1923-2016) : réalisateur ;
- Robert Castaing (1930-2002) : sénateur du Gers, maire de Lectoure ;
- Alfred Gratton (1932-1969) : coureur cycliste ;
- Hédi Bouraoui (1932-) : écrivain, poète, universitaire, a fait ses études secondaires au lycée Maréchal-Lannes ;
- Georges Courtès (1941-) : historien, conseiller général, président de la société archéologique du Gers ;
- Jean-Claude Pertuzé (1949-) : illustrateur ;
- Jacques Gratton (1957-) : joueur de rugby à XV (neveu d'Alfred Gratton) ;
- Laurent Rachou (1962-2014) : comédien ;
- Patrick Ligardes (1962) ; acteur, metteur en scène, scénariste
Héraldique
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Blasonnement : De gueules à deux béliers d'argent, passant l'un au-dessus de l'autre.
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