Lennon [lɛnɔ̃] est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Histoire
Étymologie et origines
En breton lenn signifie « étang ». Selon Joseph Loth, le nom proviendrait peut-être de saint Nonna, mais plutôt de sainte Nonne, deux saints souvent confondus et tous les deux honorés en plusieurs endroits du Finistère (sainte Nonne est aussi honorée par exemple à Dirinon et un lieu-dit "Lannon" existe à Bannalec). Une autre hypothèse, émise entre autres par Taldir Jaffrennou, avance l'idée que le mot "Lennon" proviendrait du breton lan qui signifie « petit monastère » ou « ermitage ».
Le nom de la paroisse s'écrivait Lemnon en 1217, Lennon dès 1330.
Antiquité
Une stèle gauloise en grès, datant de l'Âge du fer, a été trouvée à Kergoniou et représente une divinité à deux têtes adossées, peut-être symbolisant la vie et la mort. Elle se trouve au « Musée départemental breton » de Quimper.
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Moyen Âge
Lennon est issu du démembrement de la paroisse de l'Armorique primitive de Pleyben. La paroisse dépendait de la châtellenie de Châteaulin et de l'évêché de Cornouaille.
Une motte féodale est encore visible à l'est du hameau de Kérezec.
Claude Mahé, écuyer, seigneur de Quermorvan [Kermorvan], de Kerovant, de Pradenou, de Berdouaré, etc. est confirmé par lettres patentes du roi de France dans ses titres de noblesse en janvier 1668.
Les recteurs de Lennon sont connus depuis 1366, année où Jean an Bolaës, de Pont-Croix, cède sa cure à Guillaume Kaër, de Quimper. Le livre d'Yves Chaussy, moine bénédictin à la cure de Lennon, Une paroisse bretonne Lennon, publié en 1953, fournit la liste de tous les prêtres connus de Lennon depuis le Moyen Âge.
Époque moderne
En 1593, pendant les guerres de la Ligue, des paysans de Landeleau, de Cléden, de Spézet, de Loqueffret, de Lennon et de plusieurs autres bourgs participèrent au siège du château du Granec en Landeleau alors tenu par le brigand Guy Éder de la Fontenelle, qui en tua environ huit cents.
Selon Yves Chaussy, en septembre et octobre 1741, une épidémie de dysenterie provoque de nombreux décès à Lennon (52 décès sont enregistrés pendant ces deux mois). L'épidémie de fièvre typhoïde propagée depuis Brest par l'escadre du comte de la Motte provoque en 1758 70 décès à Lennon, mais c'est une épidémie de nature non précisée survenue en 1786 qui provoqua le plus de décès (12 décès enregistrés dans la paroisse cette année-là).
Tout au long du 18ᵉ siècle, la famille de La Sauldraye, seigneurs de Kergoniou tentèrent d'imposer leur droit de prééminence qui leur était contesté. Jean-Baptiste Ogée a décrit ainsi Lennon à la fin du 18ᵉ siècle :
« Son territoire, plein de vallons et de montagnes, renferme des terres labourables, des prairies, des terres incultes et stériles, et des landes, dont on pourrait cependant tirer un parti avantageux si on les cultivait. »
Selon Louis Charpentier, dans une monographie intitulée "De Funnay à Ty Mur. Mémorable aventure d'Escailleurs ardennais qui s'en furent au pays d'Armor, exploiter les pierres d'ardoises", vers 1777 des Ardennais, venant principalement de la région de Fumay, vinrent trouver du travail dans les ardoisières de la vallée de l'Aulne, apportant avec eux l'art de mieux tailler l'ardoise. Dans l'impossibilité de trouver leur lieu réel d'origine, P.-A. Limon les surnomme "Parisiens" dans son livre "Usages et règlements locaux en vigueur dans le Finistère" publié en 1857, et les ardoises bretonnes furent surnommées "parisiennes". Cette immigration concerna principalement les communes de Port-Launay, Châteaulin, Lopérec, Saint-Coulitz, Pleyben, Lothey, Gouézec, Lennon, Spézet, Motreff, Châteauneuf-du-Faou et Saint-Goazec. Les noms de famille se sont transformés au fil du temps : les Waslet sont devenus Voachelet, Les Lefèvre sont devenus Lefeuvre, les Bouchy Bouché, etc..
Le 19ᵉ siècle
En 1843, A. Marteville et Pierre Varin, continuateurs d'Ogée, recensent, pour une superficie totale communale de 2 277 hectare, 1 182 hectare de terres labourables, 164 hectare de prés et pâtures, 37 hectare de bois, 104 hectare de vergers et jardins, 648 hectare de landes et incultes. La commune possède alors, outre l'église paroissiale, trois chapelles (celle de Kernac'hguen dans la partie sud de la commune ; celle de Sainte-Barbe, dans sa partie nord-ouest ; celle de Saint-Nicolas, tout près du canal de Nantes à Brest) et six moulins à eau (dont ceux de Sainte-Barbe, Kerivin, Botdoa et Kergoniou). Les auteurs ajoutent : « L'agriculture est peu florissante dans cette commune, où l'on connaît à peine les prairies artificielles ; l'avoine cependant est l'objet d'un assez fort commerce, on en exporte pas moins de 15 à 20 000 hectolitres par an. On fait quelques élèves [élevages] de chevaux ; malheureusement les cultivateurs préfèrent encore les étalons du pays à ceux des haras ».
En 1861, le Conseil général du Finistère accorde une subvention de 5 000 francs à la commune de Lennon pour la reconstruction de son église paroissiale et une autre subvention de 2 500 francs en 1872 pour la reconstruction de son presbytère. Le même Conseil général refuse en 1872 la création, demandée par le Conseil municipal, d'une foire à Lennon car « la multiplicité des foires détourne les cultivateurs de leurs travaux » et que « la commune de Lennon se trouve à proximité de celles de Châteauneuf, de Pleyben, de Brasparts, qui possèdent des foires et marchés, où les cultivateurs de Lennon trouvent de faciles débouchés ».
Le 20ᵉ siècle
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Lennon porte les noms de 108 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Jean Gendron, caporal clairon au Cent dix-huitième régiment d'infanterie, décédé le 13 octobre 1914 des suites de ses blessures à l'hôpital temporaire numéro 5 d'Amiens (Somme) fut décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec étoile de bronze. Huit soldats sont morts sur le sol belge, dont six en 1914 lors de la Course à la mer et les deux autres en 1918 ; deux soldats membres de l'Armée française d'Orient sont morts dans les Balkans, l'un, Yves Miossec, décédé en Turquie, et l'autre, Yves Gendron, en Macédoine ; un marin, Jean Motreff est mort en mer ; la plupart des autres sont décédés sur le sol français. Un soldat, Guillaume Ollivier est mort aussi au Maroc en 1914.
L'Entre-deux-guerres
Des jeunes paysans finistériens, notamment 6 familles de Lennon, émigrent pendant la décennie 1920 en direction du Périgord et du sud-ouest de la France ; certains s'installèrent dans le Périgord, notamment dans le canton de Seyches et dans la région de Monflanquin.
L'« auberge rouge » de Ty-Men
En 1938 a lieu aux assises du Finistère à Quimper le procès dit de l'« auberge rouge » qui défraya la chronique en son temps : à la suite de la découverte de deux corps, l'un, celui de Jean-Louis Goïc, ouvrier agricole demeurant à Kerisit en Pleyben, le 14 août 1936 dans le canal de Nantes à Brest à 500 mètre en amont de l'écluse de Rosvéguen en Lennon, l'autre celui d'un inconnu semblant d'origine asiatique et surnommé le « marchand chinois » car il était marchand ambulant. Trois hommes dont deux originaires de Lennon (le troisième de Châteauneuf-du-Faou) sont accusés de ces meurtres. Selon une version, ces crimes auraient eu lieu dans l'auberge de Ty-men en pleyben, d'où le nom donné à l'affaire. La rumeur publique attribua aux accusés d'autres disparitions survenues dans la région dans la quinzaine d'années précédentes. Les deux accusés principaux furent condamnés aux travaux forcés l'un Joseph-Marie Créteau à perpétuité, l'autre Jean Cadiou à vingt ans et le troisième Jérôme Maudire à 5 ans de réclusion.
La Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Lennon porte les noms de 14 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale ; parmi elles, un marin, François Le Saux, est mort en mer.
Géographie
Communes limitrophes de Lennon
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Le Cloître-Pleyben
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Plonévez-du-Faou
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Pleyben
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Saint-Thois
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Gouézec
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Saint-Thois
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Châteauneuf-du-Faou
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Monuments et sites
- Église de la Sainte-Trinité : construite entre le 16ᵉ et le 18ᵉ siècle, elle fut reconstruite en 1862 par l'architecte diocésain Joseph Bigot.
- Chapelle Sainte-Barbe : elle fait l'objet d'un programme de restauration soutenu par la Fondation du patrimoine.
- Chapelle Saint-Maudez : honorant saint Maudez, elle fut construite au 16ᵉ siècle et restaurée plusieurs fois. Inscrite sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1952.
- Chapelle Saint-Nicolas : construite au 16ᵉ siècle et restaurée en 1968.
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- La maison éclusière de Rosvéguen, où vécut un temps dans son enfance le peintre Jules Noël, présente l'histoire de la partie finistérienne du canal de Nantes à Brest.
- Le chaland Victor, dernier vestige de la batellerie ayant navigué sur le canal de Nantes à Brest, visible au pont de Ti-Men, à la limite des communes de Pleyben, Gouézec et Lennon.
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