Loperhet (prononcé [lɔpeʁɛt]; nommée également Lopérhet non officiellement) est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Histoire
Étymologie et origines
Le document le plus ancien mentionnant Loperhet date de 1186, c'est la confirmation par Hervé premier de Léon d'une donation du lieu, faite par son père Guyomarch IV de Léon et sa mère Nobilis (Nobile) aux chanoines réguliers de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas. Le nom de la commune provient de loc Perhet, l'oratoire de sant Perhet (ou sant Berc'hed), dite aussi sainte Brigitte. C'est alors un prieuré dépendant de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas, issu du démembrement de l'ancienne paroisse de l'Armorique primitive de Plougastel-Daoulas.
On connaît les mentions suivantes de son nom au cours de l'histoire :
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Loco Sanctae Brigidae (1218), forme latine, en référence à sainte Brigitte (Berc'hed en breton), ancienne abbesse du canton de Kildare en Irlande ;
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Loperchet (1442) ;
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Loperguet (1535) ;
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Locus Brigide (1516 et 1574), forme latine ;
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Loperc'het (1779) ;
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Loperhet (ensuite).
Des érudits du 20ᵉ siècle pensaient que le nom, comme celui de Lopérec, provenait de Loc Pezrec (l'oratoire de Pezrec), du nom de Perzec, ermite qui vécut vers 600 dans un recoin isolé de la forêt du Cranou.
Préhistoire et Antiquité
Un menhir haut de 3,5 mètres se trouve au village du Carn et quatre autres ont été signalés à Linglas au 19ᵉ siècle.
Deux tumuli de l'âge du bronze ont été trouvés sur le territoire communal, l'un à Gorré Menez (inscrit Monument historique le 3 novembre 1971), l'autre au Roc'hellou (inscrit Monument historique le 14 mai 1930), traces d'un peuplement préhistorique datant de l'âge du bronze.
Moyen Âge
Aux 12ᵉ et 13ᵉ siècles, un hôpital et une chapelle (les deux bâtiments ont disparu) sont construits à Saint-Jacob, à proximité du site actuel du bourg de Loperhet, sur le trajet d'un chemin de pèlerinage allant du sud de l'actuel département du Finistère en direction du sanctuaire Saint-Michel de Lesneven.
Une motte féodale datant du Haut Moyen Âge, de 44 mètres de diamètre et de 10 mètres de hauteur, se trouve au sud du bourg, à Goarem-ar-C'hatel, près de Roch'ellou. Elle a été fouillée en 1929 par Vera Collum, une exploratrice anglaise, qui recherchait en fait (mais en vain) des traces du culte de la déesse mère celte Brighid. La motte féodale aurait été construite sur un tumulus existant antérieurement.
Lors de la montre générale de l'évêché de Cornouaille tenue en 1562 à Quimper, deux familles nobles de Loperhet sont citées, celles d'Alain de Rosnivinen et de Jehan Botsuegel. Yvon Buzit [Buzic en fait], sieur de Kerdaoulas, « arquebusier à cheval » y est aussi cité, mais parmi les nobles de Dirinon.
Le manoir de Keranc'hoat
Ce manoir du 16ᵉ au 18ᵉ siècle fut la résidence des du Louët et leurs descendants. Y ont habité successivement la famille du Louët, la famille de Rosnyvinen, de Coëtmenech, du Harlay, de Montmorency, puis Goubin de Kerdaniel.
Le manoir tel qu'il existait jusqu'au 19ᵉ siècle, avant les démolitions et incendies de 1850, 1912 et 1965 - était un manoir datant (dans sa majeure partie) des 16ᵉ – 17ᵉ siècles - soit qu'il ait été construit par les du Louët, soit qu'il fut le résultat d'une restauration, après démolition partielle de l'ancien manoir des Rosnyvinen, et aussi de restaurations ou transformations successives au cours des ans. Puis il fut démoli vers 1850 (par Cyriaque Goubin), pour être entièrement reconstruit. Mais il fut sinistré lors d'un incendie en 1912. C'est alors qu'a été reconstruite, à sa place, une grande maison rectangulaire qui était le château jusqu'en 1965, qui encore une fois fut la proie des flammes. Cette fois-ci c'étaient les derniers bâtiments de l'ancien manoir qui furent ravagés par l'incendie. Le propriétaire renonça à restaurer le bâtiment et, en 1968, il mit en vente les pierres...
Les 16ᵉ et 17ᵉ siècles
Julien Maunoir, célèbre prédicateur, prêcha une mission à Loperhet en 1660.
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Loperhet de fournir 19 hommes et de payer 124 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne ».
Révolution française
La paroisse de Loperhet, qui comprenait alors 97 feux, élit deux délégués, Goubin et Claude Kerdraon, pour la représenter à l'assemblée du tiers-état de la sénéchaussée de Quimper au printemps 1789.
Les paroissiens de Loperhet ont rédigé un cahier de doléances à la veille de la Révolution française dans lequel ils se plaignent de ne plus être déchargés des charrois militaires concernant les troupes qui passent par Landerneau comme ils l'avaient été par le passé « parce que deux ou trois bras de mer coupent les terres de la paroisse et interceptent les communications à marée haute ; parce que la paroisse fournit souvent des voitures pour le service du port de Brest ; et que de plus le quart des habitans agriculteurs sont emploités au service de la marine ». Les paroissiens de Loperhet se plaignent également des greffiers de justice, déclarant qu'ils commettent des perceptions illégales sur « les inventaires, biens et partages », prenant au moins « la moitié plus [le double] que ce qu'ils ne devrait leur revenir pour vacations », faisant marché avec les parties, avec les veuves et les tuteurs surtout, qui ont intérêt à ce que leurs inventaires ne soient pas bien exacts
En décembre 1793, pour approvisionner le marché de Landerneau, trois paysans de Loperhet, s'étant permis de refuser les réquisitions qui leur avaient été adressées, la gendarmerie reçut aussitôt l'ordre d'arrêter les délinquants qui furent détenus jusqu'à ce qu'ils eussent fourni chacun une quantité de froment double de celle qui leur avait été demandée.
Le Bot, curé de Loperhet, prêtre réfractaire, s'exila en Espagne pendant la Terreur.
Le 19ᵉ siècle
Au 19ᵉ siècle, à Loperhet, cinq moulins à eau servent à moudre le blé, le sarrasin, le seigle et l'orge apportés par les paysans ; deux d'entre eux fonctionnaient encore en 1925.
En 1873, la commune de Loperhet contracte un emprunt de 3 000 francs pour la construction d'une école des filles.
Le 20ᵉ siècle
Le 14 décembre 1908, la vedette à vapeur du croiseur Amiral Aube, se rendant au Barachois, par violent coup de vent accompagné de poudrin, sombre en rade ; le naufrage fait 7 morts dont Yves-Marie Quintric, matelot, né le 21 novembre 1887 à Loperhet, dont les parents étaient domiciliés dans le village de Kerdaniel.
La querelle des inventaires à Loperhet en 1906
Le 20 août 1904, l'école privée des filles de Loperhet est laïcisée.
La querelle des inventaires provoque en novembre 1906 des incidents à Loperhet, ainsi relatés par le Journal des débats :
« Malgré la quantité des forces envoyées pour les inventaires et la rapidité des opérations, une vive résistance s'est produite dans plusieurs communes. Le commissaire de police Daligand s'est rendu à Plougastel-Daoulas avec 25 cuirassiers. (...) Le cortège repart pour Loperhet : le tocsin se met à sonner. Tous les habitants de la commune sont là. Le commissaire et les serruriers sont hués. L'abbé Le Meur refuse d'ouvrir la porte ; comme elle est solidement barricadée de l'intérieur, il faut avoir recours aux sapeurs du génie qui, à grands coups de hache, brisent l'obstacle. Le premier soldat qui pénètre dans l'église est reçu à coups de chaises par les fidèles massés à l'intérieur ; mais il brandit sa hache et tient ainsi en respect les défenseurs de leur clocher. Des chaises sont encore lancées dans la direction des soldats, elles n'atteignent très heureusement pas leur but et viennent se briser avec fracas sur les murs de l'église. Quand, dix minutes plus tard, nous pouvons pénétrer dans le sanctuaire, les fidèles se tiennent devant le tabernacle, lui faisant un rempart de leur corps. Point n'est besoin d'entrer dans le chœur et M. Daligand opère le récolement des objets servant au culte, pendant que les fidèles continuent à chanter. La colonne se reforme sous les huées des femmes et vient bientôt bivouaquer à Daoulas où elle passe la nuit. »
L'incendie du manoir de Keranc'hoat en 1912
Le journal L'Ouest-Éclair décrit ainsi, sous le titre « Manoir détruit par un incendie », l'incendie du manoir de Keranc'hoat dans la nuit du 2l au 22 novembre 1912 :
« Un terrible incendie a complètement détruit en quelques heures dans la nuit de mercredi à jeudi, le manoir de Keranchoat, situé sur le territoire de Loperchet et appartenant à M. Goubin, ancien maire de cette commune. Il était environ dix heures du soir. Dans une chambre du troisième étage étaient réunies les trois jeunes bonnes de la maison [...] qui soignaient une vieille femme de 88 ans, Anne-Joséphine Dufour, laquelle était au service de la maison depuis 74 ans. Elle fut en effet prise à l'Hospice civil de Brest à l'âge de 14 ans par le père de M. Goubin, et depuis cette époque, cette domestique, qui était très attachée à ses maîtres, n'avait jamais quitté la famille. [...] Les trois jeunes filles entendirent bientôt des craquements sinistres pendant qu'une fumée épaisse envahissait la pièce dans laquelle elles se trouvaient. Elles sortirent affolées [...] et se mirent à pousser des cris perçants qui furent entendus de tous les habitants du manoir. M. Goubin, qui est âgé de 72 ans, et qui était souffrant, se leva immédiatement, et en compagnie de ses deux fils, dont l'un est vice-consul de France à Valparaiso, commença à organiser les secours. La première chose que l'on fit fut de s'occuper de la vieille domestique, qui était restée dans une chambre du troisième étage [...] avait succombé. [...] Des cultivateurs arrivaient de toutes les fermes des alentours pour combattre l'incendie. À une heure du matin arrivaient finalement les pompiers de Plougastel et les gendarmes de Daoulas, mais tous les efforts furent vains. On dut se contenter de protéger les bâtiments qui constituent les dépendances du manoir, et ce dernier, à l'heure actuelle, n'est plus qu'un amas de décombres. Le manoir de Keranchoat avait été construit en 1840 : c'était un bâtiment de 30 mètres de long sur 15 mètres de large ; il avait trois étages [...]. La gendarmerie de Daoulas a ouvert une enquête [...] : il paraît établi néanmoins que le foyer d'incendie se trouvait dans la chambre servant de lieu de débarras [...]. »
L'entre-deux-guerres
L'agence postale de Loperhet ouvre le 16 décembre 1928, la commune ne dépendant plus alors de Daoulas comme antérieurement pour son service postal.
En juillet 1928, le naufrage de la goélette Tramontane sur l'Élorn entre Landerneau et Brest, fait six morts ; l'une des cadavres est retrouvé sur une grève de Loperhet en bordure de l'Élorn.
Le 5 septembre 1933, un garçon de ferme originaire d'Hanvec, mais domestique au village de Kergreach en Loperhet, parti ramasser des coquillages dans la rivière de Daoulas entre Logonna-Daoulas et Loperhet, se noie. Le 9 février 1934, un car de la compagnie SATOS, écrase et tue deux piétons (deux cultivateurs du village de Trébéolin en Dirinon) au lieu-dit Fogot, sur la route de Daoulas, à 500 mètres du bourg de Loperhet.
En 1932, le curé de Loperhet, Craignou, tonne en chaire contre les hommes qui jouent au football en culotte courte, exigeant qu'ils portent des pantalons longs lorsqu'ils participent à ce sport. Le curé aurait conseillé aux femmes « d'obliger leurs maris à se soumettre aux consignes de l'évêque en s'abstenant, en cas de résistance, de toutes relations avec eux et en ne leur servant que des plats brûlés ».
Les guerres mondiales
Le monument aux morts de Loperhet porte les noms de 88 personnes mortes pour la France dont 70 pendant la Première Guerre mondiale, 13 pendant la Seconde Guerre mondiale, 1 pendant la guerre d'Algérie, aucune indication de guerre n'étant fournie pour 4 d'entre eux.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le moulin à vent de Creach-ar-Moal est dynamité par les Allemands qui craignaient qu'il puisse servir de repère pour les aviateurs alliés.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes ecclesia Loco Sanctae Brigidae en 1218, Loperchet en 1442, Loperguet en 1535 et Locus Brigide en 1574.
Le nom breton de la commune est Loperhed ou Loperc'hed.
Le nom de la commune est composé du breton lok (breton), du latin Locus qui signifie « lieu consacré » et Berc'het, du vieil irlandais Brigit. Le nom s'est répandu en France sous la forme Sainte Brigitte (l'abbesse Brigitte de Kildare).
Sainte Brigitte était la patronne de la paroisse de Loperhet.
Géographie
Communes limitrophes de Loperhet
Guipavas
Élorn
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La Forest-Landerneau
Élorn
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Dirinon
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Plougastel-Daoulas
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Dirinon
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Rade de Brest
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Baie de Daoulas
Logonna-Daoulas
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Mignonne
Daoulas
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Entourée par les communes de Dirinon à l'est et Plougastel-Daoulas à l'ouest, Loperhet est située à 9 kilomètre au sud-ouest de Landerneau et à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Brest, la plus grande ville aux alentours. Baignée au nord par l'Élorn, au niveau de la grève du Guern par exemple, et limitrophe au sud de la rade de Brest, la commune de Loperhet se termine au sud par la pointe de Rostiviec, située à l'embouchure de la rivière de Daoulas ; elle forme ainsi, avec la commune voisine de Plougastel-Daoulas, la presqu'île de Plougastel dont elle occupe l'entrée. Le bourg est situé à 58 mètres d'altitude mais le finage communal varie de 162 mètres d'altitude au niveau de la mer. Son territoire est très étiré dans le sens nord-sud, mais étroit dans le sens ouest-est.
La commune est proche du parc naturel régional d'Armorique, dont la limite nord se trouve à 7 kilomètre.
Enseignement, culture et langue bretonne
La commune possède deux établissements scolaires : l'école publique Éric-Tabarly et l'école privée Sainte-Brigide.
L'adhésion à la charte Ya d'ar brezhoneg a été votée par le conseil municipal le 22 octobre 2008.
À la rentrée 2017, 135 élèves étaient scolarisés dans la filière bilingue publique (soit 30,8 % des enfants de la commune inscrits dans le primaire).
Sites et monuments
L'enclos paroissial
- L'église paroissiale Sainte-Brigitte (ou sainte Brigide ou sant Berched) date du dernier quart du 19ᵉ siècle ; construite par l'architecte Armand Gassis, elle a été achevée en 1896, la date se trouve indiquée sur la façade de l'église. Elle remplace une église antérieure datant de 1645-1652 et agrandie en 1620 et dont elle a conservé le portail, de style Renaissance, datant de 1645 et une cloche datant de 1661. Elle possède aussi une chaire du 18ᵉ siècle. L'église possède une pietà en pierre, qui fut polychrome, datant du 15ᵉ siècle et une bannière de Sainte-Brigitte portée par les femmes lors de la procession du pardon de Sainte-Brigitte chaque premier dimanche du mois de février.
- La fontaine Sainte-Brigitte (restaurée par Yann Larc'hantec en 1898) ; elle a servi par le passé de lavoir, mais a été restaurée. Elle possède, dans une niche, une statue de sainte Brigitte.
- Le monument aux morts.
- La chapelle du château de Keranc'hoat, incluse dans l'une des ailes du château éponyme, est une chapelle privée possédant plusieurs statues anciennes dont celles de sainte Brigitte, de la Vierge-Mère, de saint Jacut, de saint Hervé, de saint Marc, etc.
- Quatre autres chapelles ont existé par le passé, mais ont disparu : Saint-Guénael à Botquénal, Saint-Jagu à Lingoual, Saint-Jacob et Saint-Léonard au bourg.
- Cinq croix et calvaires :
- Gorre-Menez (date du Moyen Âge),
- Kergoat (date du 16ᵉ siècle),
- Mesmanic (date du 16ᵉ siècle),
- Véniec : croix Saint-Léonard. Elle était probablement auprès de la chapelle Saint-Léonard, du temps où celle-ci existait. Elle fut ensuite transférée au carrefour de la rue René-Goubin et de la rue Pierre-Quilliec.On avait coutume d'y aller en procession pour diverses célébrations, Fête-Dieu, etc. mais cela devenait dangereux à cause de la Nationale qui passait devant. Au début des années 1950, on la transféra donc à Véniec, ce qui était plus pratique pour les processions partant de l'église,
- Dans le cimetière (croix à triple croisillon, restaurée lors de la mission de 1894). Le croisillon inférieur porte les statues de la Vierge, de saint Jean et de sainte Brigitte.
Patrimoine civil et paysages naturels
- Le menhir du Carn (situé sur une propriété privée).
- Le tumulus de Gorre-Menez, inscrit monument historique.
- La motte féodale de Roc'hellou, sur un tumulus inscrit monument historique.
- Port et village de Rostiviec.
- Le château de Keranc'hoat actuel, de style néoclassique, date des années 1840, détruit par un incendie en 1912, reconstruit ensuite, mais a succédé à un manoir du 15ᵉ siècle dont le portail sud a été conservé. Ce château fut successivement la propriété des familles Keranhoat au 13ᵉ siècle, Rosnyvinen, (écrit parfois Rosvivinen) et Coetmenech entre le 14ᵉ siècle et le 16ᵉ siècle et Goubin de Kerdaniel, dont la présence est déjà attestée en 1759 dans le château de Keranc'hoat.
- la Maison ronde (bibliothèque).