Loudun est une commune du Centre-Ouest de la France, située dans le département de la Vienne en région Nouvelle-Aquitaine. Ses habitants sont appelés les Loudunais.
C'est une ville avec les ruines de l'ancien château détruit par Richelieu, et dont le centre historique est entouré de vieux remparts. Cette ville possède un grand patrimoine culturel avec, entre autres, sa Tour Carrée, ses ruelles ayant gardé l'esprit du Moyen Âge, toutes les caves à champignons et à vins, sans oublier le musée Renaudot.
Histoire
Loudun était une cité pictave. Terre de convoitises, le Loudunais et la sénéchaussée de Loudun furent rattachés à l'Anjou, contrairement au découpage administratif au 21ᵉ siècle, où la région Nouvelle-Aquitaine présente au nord du département de la Vienne une excroissance pour englober Loudun. Au Moyen Âge et jusqu'à la Révolution française, c'est le Saumurois qui s'enfonce dans le Poitou actuel, englobant Loudun et le Loudunais jusqu'à Mirebeau au sud.
Moyen Âge
En 986, Guillaume III d'Aquitaine et Geoffroy premier d'Anjou s'affrontent au lieu-dit les Roches Saint-Paul, alors rattaché à la paroisse de Coussay. Geoffroy obtient le fief de Loudun mais est vassal de Guillaume. Loudun dépend des comtes d'Anjou jusqu'en 1206, date à laquelle Philippe Auguste la rattache à la Couronne de France. Cependant, Philippe Auguste donne Loudun en garde à Guillaume des Roches, sénéchal d'Anjou et du Maine, car le roi de France considère Loudun comme une place stratégique et décide de remplacer l'ancien château par une nouvelle forteresse pour contrer les puissants Plantagenêts.
En 1214, Jean sans Terre intrigue contre le roi Philippe Auguste, en achetant l'aide des barons poitevins : les Chauvigny, les Mauléon et les Thouars. Jean-sans-Terre occupe Angers. Louis, le fils de Philippe Auguste intervient à Moncontour dont il fait détruire le château. De son côté, Philippe-Auguste est vainqueur à Bouvines (et le prince Louis à La Roche-aux-Moines) en juillet 1214. Il vient aussitôt à Loudun pour imposer la paix de Chinon (septembre 1214) à Jean sans Terre qui doit renoncer à la plus grande partie de ses possessions en Poitou.
Le 4 février 1367, Charles V octroie Loudun au duc d'Anjou Louis, en échange de Champtoceaux.
Le premier décembre 1372, le traité de Loudun est signé entre le roi de France et les principaux barons poitevins, qui lui rendent hommage. Il met ainsi fin à la reconquête du Poitou qui avait suivi le traité de Brétigny (1360).
En 1476, le roi René, duc d'Anjou, est contraint de conclure un accord avec Louis XI, étant accusé d'avoir négocié avec Charles le Téméraire. Loudun est à nouveau réunie à la couronne de France. Louis XI l'érige en bailliage. François Ier ordonne qu'on rédige la coutume de Loudun. Le Loudunais devient une sénéchaussée, qui dépend du gouverneur de Saumur.
À la fin d'année 1480, Louis XI libère le cardinal Jean de la Balue et le transfère provisoirement à Loudun, à condition qu'il quitte le royaume de France. Aussi le légat Giuliano della Rovere, futur pape Jules II, y arrive-t-il au début du mois de janvier 1481.
Les Hospitaliers
La commanderie des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (ou chapelle Saint-Jean), date du 13ᵉ siècle, inscrite aux monuments historiques depuis 1995.
Temps modernes
En 1542, lors de la création de la généralité de Tours, la sénéchaussée de Loudun intègre cet ensemble territorial constitué par les provinces d'Anjou, du Maine et de la Touraine.
En 1568, les luttes entre protestants et catholiques reprennent. Henri, roi de Navarre, alors âgé de 16 ans, se trouve à Loudun avec l'armée protestante. Les protestants brûlent la collégiale Sainte-Croix, le couvent de l'église des Carmes (Saint-Hilaire-du-Martray) et l'échevinage. Le duc d'Anjou (futur Henri III) fait le siège de Loudun pour récupérer la cité aux mains des protestants. En 1569, Coligny assiège Poitiers, mais l'arrivée de l'armée royale le force à lever le siège. L'affrontement a lieu lors de la bataille de Moncontour : le duc d'Anjou inflige une défaite sanglante aux Huguenots.
En 1579, le roi Henri III élève Loudun au rang de duché non héréditaire au profit de Françoise de Rohan. En 1584, Henri III donne l'ordre de faire détruire la forteresse érigée par Philippe II Auguste, le palais des ducs-rois d'Anjou-Sicile et l'enceinte fortifiée de Loudun. En 1587, Henri de Navarre s'empare de Loudun, ainsi que de Vivonne, Mirebeau et Châtellerault.
En 1605 fut prévu un siège de présidial à Loudun, qui aurait compris le bailliage de Chinon, mais l'opposition de Tours et de Poitiers empêcha le projet d'aboutir. En 1616, pour mettre un terme à une nouvelle révolte des nobles, la paix de Loudun (désastreuse pour la Cour) est signée entre Marie de Médicis (la régente) et le prince de Condé.
En 1628, la baronnie de Mirebeau fut acquise par le cardinal de Richelieu et unie en 1631 au duché-pairie de Richelieu, et dont le tribunal ducal relevait à la fois du Parlement de Paris et de la sénéchaussée de Saumur. En 1630, la ville de Loudun fut le théâtre d'une traque lancée par le cardinal de Richelieu, avec pour objectif de faire taire le prêtre catholique Urbain Grandier qui l'avait critiqué férocement. En 1631, Louis XIII envoie à Loudun le conseiller d'État Jean Martin, baron de Laubardemont, afin de terminer la démolition de la forteresse construite par Philippe-Auguste, du palais des ducs-rois d'Anjou-Sicile, du donjon et de l'enceinte fortifiée de la ville. En 1634, commença à proprement parler « l'affaire des démons de Loudun ».
Le 6 septembre 1711, un tremblement de terre a mis à bas une partie des murailles, et provoqué l'effondrement d'une partie de l'église principale.
Révolution française
En 1790, lors de la création des départements français, le Sud-Saumurois (sénéchaussée de Loudun et pays de Mirebeau dépendants du gouverneur de Saumur et partie méridionale de l'Anjou) est rattaché au département de la Vienne.
Loudun accueille favorablement les avancées de la Révolution française. Elle plante ainsi son arbre de la liberté, symbole de la Révolution et, en tant que symbole, il est coupé le 5 mai 1793, lorsque la nouvelle de la prise de Thouars par les armées vendéennes arrive, par crainte de représailles. Les membres du conseil municipal jugèrent également plus prudent de se replier sur Chinon, et le drapeau blanc fleurdelysé flotte un instant sur la bourgade. Dès l'alerte passée, il est replanté (le 8 mai), puis à nouveau le 18 (remplacé par un spécimen de plus grande taille). Lorsqu'un détachement de cavalerie vendéenne pénètre dans la ville le 25 juillet, l'arbre est abattu une nouvelle fois. Il est à nouveau replanté, suivi de trois autres : un porte (Saint-)Nicolas, un autre place de la Bœufetterie, un troisième porte de Chinon, et le dernier dans le quartier du Martray. Ils deviennent des lieux de ralliement pour toutes les fêtes et les principaux événements révolutionnaires, comme la célébration des victoires des armées révolutionnaires, la lecture des lois, l'anniversaire de l'exécution de Louis XVI. Ces quatre arbres sont abattus de nuit en octobre 1799, au moment de la réaction royaliste, mais replantés immédiatement. Un autre arbre est abattu et replanté en janvier 1800.
Loudun est chef-lieu du district de Loudun de 1790 à 1795, puis de son arrondissement de 1800 à 1926. En 1802, lors de la nomination des premiers préfets de France, c'est un Loudunais, Pierre Montault-Désilles qui devient premier préfet du département de Maine-et-Loire. La même année, son frère Charles Montault-Désilles, devient l'évêque d'Angers.
20ᵉ siècle
La sous-préfecture de Loudun créée le 17 février 1800 est supprimée le 10 septembre 1926. Le ville n'est plus qu'un simple chef-lieu de canton et celui-ci comme les cantons environnant furent rattachés à l'arrondissement de Châtellerault.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Luftwaffe bombarde la gare le 18 juin 1940 : le quartier environnant souffre, et le bilan est de 20 morts.
Le 20 juin 1940, des préparatifs de défense de la ville sont menés. A la barrière du passage à niveau, route de Saumur, des soldats français construisent hâtivement un barrage avec les matériaux des immeubles détruits par le bombardement. Une mitrailleuse est installée ainsi qu'un canon anti-tank. Des militaires sont postés munis de fusils mitrailleurs et attendent l'arrivée de l'armée allemande. Une autre barricade est construite rue Croix Moquet et des soldats français sont postés munis de fusils mitrailleurs. Des unités de la Wehrmacht pénètrent dans la ville par l'Est le 20 juin.
Le 21 juin 1940, vers 9 heures du matin, un char et quatre chenillettes qui formaient l'arrière garde d'une formation motorisée, ayant participé aux Combats de Saumur et se dirigeant sur Poitiers venait de traverser la ville, se sont rencontrés avec une formation de chars allemands qui entraient à Loudun venant de Chinon. Le conducteur Raymond Louis Jules Loche et le mitrailleur René Matras, du 1er G.R.D.I. périrent carbonisés dans leur chenillette ainsi que le soldat François Arthur Tadieu qui fut tué lors de l'affrontement sur le Boulevard des Écoles. Les soldats français dont des tirailleurs sénégalais faits prisonniers dans les environs de Loudun et dans la ville même y sont conduits rue du Colombier l'Abbé sous l'escorte d'automitrailleuses allemandes dans un camp de prisonniers.
Durant l'été 1944, les aviations alliées mènent de nombreuses opérations de strafing : des chasseurs patrouillent sur les axes (voies ferrées, routes principales) à la recherche de cibles d'opportunité. C'est ainsi que des chasseurs alliés tirent sur la gare le 8 juillet et qu'elle est à nouveau bombardée le 15 août.
En 1948, pour célébrer le centenaire de la révolution française de 1848 et de la Deuxième République, un arbre de la liberté est planté dans le jardin de la mairie.
Durant les années suivantes, la ville est marquée par le retentissement national de l'affaire Marie Besnard, accusée d'avoir empoisonné son mari en 1949 ainsi qu'onze autres personnes, puis acquittée à l'issue de trois procès en 1961. Le rôle des rumeurs dans cette affaire rappelle celui qu'elles ont joué dans celle d'Urbain Grandier trois siècles plus tôt.
En 1964, l'ancienne commune de Veniers fusionne avec Loudun. En 1972, Rossay en fait autant.
Toponymie
Attestations anciennes
Le nom de la localité est attesté sous les formes Lauzdunensis vicaria en 850 ; Laucidunensis en 895, ; Losdunum en 1059,.
Étymologie
Dun est un toponyme ou un élément de toponyme courant dans les régions de peuplement ou d'ancien peuplement celtique. Il signifie à l'origine citadelle, forteresse, enceinte fortifiée, puis secondairement colline, mont. On le trouve sous la forme dunon (lire dūnon avec un U long en gaulois ou plutôt dūno, latinisé en dunum, dun en gaélique et din en gallois et en breton (dans Dinan). On le rencontre également dans les textes relatifs à la mythologie celtique, notamment pour désigner la résidence de dieux ou de héros.
Il est souvent associé au nom d'un chef gaulois, comme à Loudun justement, mais aussi à Verdun ou Meudon. Ou encore au nom de dieu gaulois le plus vénéré Lug par exemple. C'est le cas à Laon et à Lyon dont les deux noms dérivent de Lugduno.
Loudun se serait appelée Lugdunum. Le nom de la ville signifie donc « colline, du dieu Lugus ». Lugus a été rapproché du gaulois lugos, qui aurait signifié « corbeau ». Selon Plutarque, il signifierait plutôt « lumineux », ou « lumière », Lugus étant une divinité du soleil et de la lumière.
Lieux et monuments
- La Tour Carrée, ancienne tour de guet du château. On a longtemps attribué la construction en 1040 de la tour à Foulques Nerra, comte d'Anjou. En 2018 parait un rapport des fouilles préventives réalisées dans le cadre des travaux de restauration de la tour, expliquant que "l'attribution de la tour carrée à Foulques Nerra n'est plus recevable". La tour est classée depuis 1877.
- Le château du Bois-Gourmond, 14ᵉ et 16ᵉ siècles, dépendant féodalement du château de Loudun, inscrit partiellement en 1929 puis en intégralité depuis 1993.
- Le château du Bois-Rogue à Rossay, dont la chapelle du 13ᵉ siècle et la galerie du 16ᵉ siècle sont classées depuis 1970.
- L'église Sainte-Croix, appelée aujourd'hui collégiale Sainte-Croix sert d'écrin à de nombreuses expositions d'art contemporain et concerts. Le chœur et le transept du 12ᵉ siècle sont classés depuis 1955, les parties subsistantes de l'ancienne nef étant inscrites depuis 1992.
- Le musée Théophraste-Renaudot : met à l'honneur Théophraste Renaudot, dont les œuvres appartiennent à l'histoire de la pensée, de la littérature.
- L'Aquarium : présente tous les milieux aquatiques d'eau douce grâce à une quinzaine de bacs et bassins (fermé définitivement).
- Le musée Charbonneau-Lassay : les collections disposées à l'image d'un cabinet de curiosités traitent de l'histoire de la cité et de son riche passé.
- Le Jardin d'Inspiration médiévale : au pied de la Tour Carrée, il présente des plantes médicinales ainsi que des condiments. Des carrés en châtaignier tressés, des pergolas, des arceaux de bois servent de décor à ce jardin.
- Le couvent des Carmes, 14ᵉ siècle au 17ᵉ siècle, inscrit depuis 1995.
- L'église Saint-Hilaire du Martray, attenante au couvent des Carmes, classée depuis 1921.
- L'église Saint-Pierre du marché, construite sous Philippe II Auguste, classée depuis 1921.
- Église Saint-Étienne de Rossay.
- Église Notre-Dame de Veniers
- Enceinte (douves, enceinte, ancienne tour ronde), 13ᵉ siècle, inscrite depuis 1948.
- L'hôtel de Saint-Laon, 17ᵉ et 18ᵉ siècles, inscrit depuis 1995.
- L'hôtel de ville, 19ᵉ siècle, inscrit depuis 1995.
- La maison des Échevins (ou Échevinage), 15ᵉ et 17ᵉ siècles, inscrite depuis 1972.
- La porte du Martray, unique vestige des quatre portes de l'enceinte urbaine construite sous Philippe Auguste, classée depuis 1946.
- Deux maisons des 15ᵉ et 16ᵉ siècles, ainsi qu'un portail du 18ᵉ siècle sont également inscrits.
- Le Logis gothique, à proximité de la chapelle Saint-Jean.
- La Maison de l'Art Roman : le noyau de cette collection privée est constituée de 35 chapiteaux romans du 12ᵉ siècle, d'une dizaine de tailloirs et de deux voussures de portail.
Visite virtuelle église Sainte-Croix