Des maisons romanes témoignent des origines médiévales de Mont-de-Marsan, chef-lieu du département français des Landes. Bâties dans la deuxième moitié du 12ᵉ siècle, peu de temps après la fondation de la ville par Pierre de Marsan en 1133, elles présentent une fonction défensive plus ou moins caractérisée. Deux d'entre elles sont situées rue Maubec, deux autres, rue Lacataye.
Rue Maubec
Deux maisons romanes sont situées rue Maubec. Longeant les remparts de Mont-de-Marsan, c'est sans doute une des plus anciennes voies de communication de la cité. Son nom, qui provient du vieux français mal bec, c'est-à-dire « mauvaise langue », n'a jamais changé au cours des siècles, sans doute le signe que les commérages y allaient bon train. Au tout début du 19ᵉ siècle, l'ingénieur urbaniste David-François Panay crée une voie nouvelle (la rue Sainte-Ursule, devenue plus tard la rue Duplantier, de nos jour la rue du 8 mai 1945), qui coupe la rue Maubec en deux. On parle alors de la Grande rue Maubec à l'Est et de la Petite rue Maubec à l'Ouest. Cette dernière se termine en ruelle qui a gardé son caractère médiéval : un passage couvert (ou pontet) à colombage permet notamment de passer d'une maison à l'autre par-dessus la chaussée. Trop étroite, elle ne pouvait être empruntée par des attelages d'antan ni par les voitures de nos jours.
Première maison
La première maison romane est située 6 rue Maubec. C'est une maison forte construite dans la deuxième moitié du 12ᵉ siècle en pierres coquillières. Insérée dans le mur d'enceinte de la ville du 13ᵉ siècle, elle faisait sans doute partie du système défensif de Mont-de-Marsan, côté Douze.
Cette bâtisse fortifiée a la particularité de posséder en façade deux murs parallèles de 90 cm d'épaisseur chacun, distants d'environ 2 mètres :
- le rez-de-chaussée est percé d'une porte basse, voûtée, ajourée d'une étroite meurtrière.
- le premier étage est en encorbellement : son dispositif de défense comprend une rangée de corbeaux sur lesquels s'appuie une corniche, dissimulant des mâchicoulis, percée de meurtrières. La façade est ajourée d'une fenêtre géminée romane dotée d'une colonnette avec chapiteau à crossettes.
Cette maison est inscrite aux Monuments historiques par arrêté du 3 octobre 1929.
Deuxième maison
La deuxième maison romane, située au 24 bis rue Maubec, est moins bien conservée que la première. Bâtie elle-aussi en pierres coquillières au 12ᵉ siècle, elle est également appuyée, côté nord, sur le rempart de la première enceinte défendant la Douze. Son intérieur offre des décors peints datant du début du 14ᵉ siècle : une frise décorative de losanges et de fleurs de lys, une fresque de quatre musiciens jouant du psaltérion, de la viole, de la guiterne et du tambourin. Cette maison était vraisemblablement une maison noble étant donné ces décors intérieurs, classés au titre des monuments historiques par décret du 3 décembre 1984. Au 17ᵉ siècle, elle devient un grenier puis un magasin au 19ᵉ siècle. Elle est acquise par la commune en 1981.
Rue Lacataye
Mont-de-Marsan compte deux autres maisons romanes. Datant du 12ᵉ siècle, elles sont situées rue Lacataye, non loin du donjon du même nom.
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Côté Est
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Le musée Dubalen, dont les façades romanes sont inscrites aux monuments historiques par arrêté du 22 juillet 1942. La maison forte, construite en pierres coquillières, présente au rez-de-chaussée une porte basse défendue par une embrasure pour mousquet, percée après la construction. Au premier étage sont percées deux étroites meurtrières avec ébrasement extérieur. Le troisième étage est doté d'un fenêtre géminée avec chapiteaux à crossettes, évoquant celle de la maison forte du 6 rue Maubec.
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La façade sud présente des corbeaux pour l'accrochage de hourds, cette partie servant autrefois d'enceinte à la ville.
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Au début du 20ᵉ siècle, la maison sert de chai d'Armagnac à l'enseigne de la « Cave de Jeanne d'Albret ». En 1971, elle est transformée en musée municipal pour accueillir les collections d'histoire naturelle de Pierre-Eudoxe Dubalen (1851-1936), fondateur et premier conservateur du musée.
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Côté Ouest
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Maison romane en pierres coquillières servant de nos jours de logement de fonction dépendant de la Préfecture des Landes.
Autres éléments d'architecture médiévale
La ville conserve d'autres vestiges de son passé médiéval postérieurs aux maisons romanes.
12ᵉ siècle et 13ᵉ siècle
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Les remparts
Vestiges des anciennes fortifications de ville, ils datent du 12ᵉ siècle ou 13ᵉ siècle et sont inscrits aux monuments historiques par arrêté du 21 novembre 1942.
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La rue des Arceaux
Improprement appelés arceaux, ce sont six passages couverts (ou pontets) à colombage, dont deux sont accolés, qui passent par-dessus cette vieille artère située au cœur de la première extension de la ville au sud du Midou au 13ᵉ siècle dénommée « bourg de la Fontaine ». Les pontets relient les premiers étages des immeubles situés de part et d'autre de la rue qui appartiennent au même propriétaire, l'un du côté est, faisant office de boutique commerciale, l'autre du côté ouest, servant de réserve ou de dépendance.
14ᵉ siècle
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Donjon Lacataye
Cet ensemble massif et sensiblement cubique, improprement appelé « donjon », est formé de deux bâtiments contigus bien identifiables construits en pierres coquillières au 14ᵉ siècle. L'un des deux bâtiments aurait été une forteresse abritant la population et un poste d'observation des possibles assaillants. D'ailleurs, Lacataye viendrait de l'espagnol « Castar », signifiant observer, surveiller. L'édifice est inscrit monument historique depuis le 22 juillet 1942.
15ᵉ siècle
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Maison de l'éclusier
Cette batisse cubique, édifiée en pierres coquillières sur la rive droite du Midou, est percée sur ses façades nord et est par des archères canonnières, preuve de l'utilisation défensive du lieu au Moyen Age. L'édifice serait à l'origine un moulin fortifié du 15ᵉ siècle, dit « moulin de l'éclusier ». On pouvait manœuvrer de cet emplacement les écluses permettant de remplir d'eau le fossé joignant le Midou et la Douze en longeant les fortifications. Incluse dans les remparts, cette maison de l'éclusier est inscrite à l'inventaire des monuments historiques depuis le 21 novembre 1942.