Marseille (Marselha ou Marsiho en occitan) est la principale ville française du littoral méditerranéen de Provence (Sud-Est de la France), chef-lieu de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, préfecture du département des Bouches-du-Rhône. Plus ancienne ville de France, fondée vers 600 avant... Lire la suite
Marseille (Marselha ou Marsiho en occitan) est la principale ville française du littoral méditerranéen de Provence (Sud-Est de la France), chef-lieu de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, préfecture du département des Bouches-du-Rhône.
Plus ancienne ville de France, fondée vers 600 avant Jésus-Christ par des marins et des marchands grecs originaires de Phocée (aujourd'hui Foça en Turquie, près d'Izmir) sous le nom de Μασσαλία / Massalía, Marseille est depuis l'Antiquité un important port de commerce et de passage. Elle connaît un essor commercial considérable pendant la période coloniale et plus particulièrement au cours du 19ᵉ siècle, devenant une ville industrielle et négociante prospère.
Héritage de ce passé, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) et l'économie maritime constituent l'un des pôles majeurs de l'activité régionale et nationale, et Marseille reste le premier port français, le deuxième port méditerranéen et le cinquième port européen. Sa situation privilégiée en bordure de la Méditerranée permettant l'arrivée de nombreux câbles sous marins fait également de Marseille le neuvième hub de connexion au réseau internet mondial avec une des plus fortes croissances mondiales sur ce secteur,.
L'ouverture de Marseille sur la mer Méditerranée en fait depuis ses origines une des villes les plus cosmopolites de France, marquée par de nombreux échanges culturels et économiques avec l'Europe du Sud, le Proche-Orient, l'Afrique du Nord et l'Asie. Elle est d'ailleurs souvent considérée, depuis le 17ᵉ siècle, comme la « Porte de l'Orient » sur le littoral méditerranéen français.
En 2020, Marseille est la deuxième commune la plus peuplée de France avec 870 321 habitants. Son unité urbaine, qui s'étend au nord jusqu'à Aix-en-Provence, est la troisième de France avec 1 618 479 habitants, derrière Paris et Lyon. Depuis le premier janvier 2016, Marseille accueille le siège de la métropole d'Aix-Marseille-Provence, la seconde plus peuplée de France avec 1 903 173 habitants. Son aire d'attraction est, quant à elle, la troisième de France après celles de Paris et Lyon avec 1 879 601 habitants en 2020. Ces chiffres font de Marseille la plus grande ville de Provence, du Midi de la France et de la région linguistique et culturelle d'Occitanie.
Histoire
Préhistoire
Les premiers vestiges de présence humaine dans le bassin Marseillais remontent à environ 60 000 avant Jésus-Christ (paléolithique moyen). Au paléolithique supérieur la grotte Cosquer, alors non immergée, est occupée entre 27 000 et 19 000 avant le présent. Des fragments de poterie retrouvés sur la rive sud du Vieux-Port attestent de l'occupation humaine du site au 3ᵉ et 2ᵉ siècles avant notre ère. Au paléolithique, des populations ont vécu sur cet espace, en témoigne la présence d'un habitat sur un flanc des collines jouxtant le Riaux (cours d'eau). On y consommait des fruits de mer, les produits de la chasse et de la cueillette (les grottes, nombreuses, et les oppida environnants sont dignes d'intérêt à l'Estaque comme à Martigues, sur le site de la Cloche, ou encore de Verduron).
Les falaises et grottes étaient occupées autour du lit du Riaux (cours d'eau), des vestiges retrouvés aux 19ᵉ et 20ᵉ siècles y prouvent une activité humaine datant du Magdalénien, soit entre −17 000 et −10 000 ans, période des chasseurs-cueilleurs.
Vers 10000 avant Jésus-Christ se termine la dernière période glaciaire : le gibier migrant vers les régions plus froides, les chasseurs-cueilleurs du pourtour méditerranéen laissent place à des groupes de pêcheurs qui se sédentarisent.
La trace la plus ancienne de présence humaine sur l'actuel site habitable de la ville de Marseille remonte au Mésolithique. Seule une fouille atteste d'une occupation à cette période : la découverte et la mise au jour, en juin 2005, d'aménagements relatifs à un habitat néolithique qui remonte à 6 000 avant notre ère, près de la gare Saint-Charles, autour de la rue Bernard du Bois. On y a trouvé des silex taillés et un nombre important de coquillages marins.
D'autres vestiges datant du néolithique (période d'agriculture et élevage) ont été retrouvées par Max Escalon de Fonton dans les grottes de L'Estaque durant les années 1940 : une céramique décorée (datée de −6 000) ainsi que la sépulture d'un adolescent en position repliée. À proximité, dans la grotte Crispine du quartier Les Riaux furent retrouvés un foyer, des poteries néolithiques en terre noire, des petits grattoirs et de nombreux coprolithes de canidés (excréments fossiles).
Antiquité
Massalia, cité grecque
La topographie première du site de la cité grecque est encore largement perceptible de nos jours, malgré les importantes modifications du 19ᵉ siècle. Promontoire entouré par la mer, le site est dominé par trois buttes successives : la butte Saint-Laurent (26 mètres d'altitude en 1840), la butte des Moulins (42 mètres) et la butte des Carmes (environ 40 mètres).
Fondation de la ville : la légende de Gyptis et Protis
La fondation de Marseille, qui remonte aux environs de 600 avant Jésus-Christ, est le fait de colons grecs venus de Phocée, (aujourd'hui Foça en Turquie) ; ce peuplement fut notamment favorisé par les Phocéens fuyant les invasions perses en 546 avant Jésus-Christ.
Les conditions exactes de la fondation de la ville sont inconnues si ce n'est la légende rapportée par deux auteurs antiques : Justin et Aristote.
D'après Justin, le territoire qui forme aujourd'hui Marseille était occupé par une tribu des Ligures, celle des Ségobriges, qui se serait implantée vers l'actuelle Allauch. Deux navarques grecs, Protis et Simos, arrivèrent avec leur flotte pour établir une base commerciale dans le port naturel du Lacydon et participer au commerce de l'étain et de l'ambre. Le jour de l'arrivée des Grecs, le chef de la tribu ligure, Nanos, organisa un festin au cours duquel sa fille Gyptis avait à choisir son époux en lui tendant une coupe d'eau. Les Grecs furent invités à se joindre au banquet et le jeune chef de ceux-ci, Protis, fut choisi, scellant ainsi la fondation d'une nouvelle cité qu'il érigea sur les bords de la corne du Lacydon.
La date de cette rencontre fondatrice donnée par différents auteurs antiques, est -600, avec des variantes.
Si la plupart des éléments du récit relèvent de la légende, les découvertes archéologiques, corroborent la présence de colons phocéens dans la baie du Lacydon au 6ᵉ siècle avant notre ère.
Ce mythe pourrait être cependant contredit par l'interprétation de fouilles récentes sur le site de l'oppidum de Saint-Blaise. En effet, selon Jean Chausserie-Laprée, conservateur en chef du patrimoine de la Ville de Martigues, les découvertes archéologiques publiées en 2019 pourraient indiquer que cet oppidum, situé sur l'embouchure du Rhône, à une cinquantaine de kilomètres du port antique de Marseille, était la capitale des Ségobriges, et que les Phocéens avaient donc rencontré les Gaulois et installé leur première forteresse là-bas, avant de fonder Marseille,,.
Évolution de Massalia
Les fouilles archéologiques ont révélé les vestiges des premières traces de l'habitat grec directement au contact d'un sol vierge sur la partie la plus occidentale de la butte Saint-Laurent. Très vite la ville s'agrandit et s'étend jusqu'au versant oriental de la butte des Moulins. Enfin, elle englobe la troisième butte (des Carmes) avant la fin du 6ᵉ siècle avant Jésus-Christ Une dernière extension à l'époque hellénistique lui permet d'atteindre une surface d'environ 50 hectares, que la ville ne dépassera plus avant le 17ᵉ siècle.
La fortification grecque de la fin du 6ᵉ siècle avant Jésus-Christ a été retrouvée en deux points de la ville : au jardin des Vestiges et sur la butte des Carmes, lors de fouilles d'urgence dans les années 1980. Une reconstruction a lieu à l'époque grecque classique, dans la seconde moitié du 4ᵉ siècle avant Jésus-Christ et, vers le milieu du 2ᵉ siècle avant Jésus-Christ, l'ensemble de la fortification est reconstruite en grand appareil de calcaire rose. Ce rempart est encore visible dans le jardin des Vestiges.
L'intérieur de la ville est découpé en îlots, avec des rues à angle droit qui constituent des ensembles cohérents, adaptés à la topographie naturelle du site. Ainsi le long du rivage les voies ont-elles des axes changeants, tandis que les pentes de buttes sont quadrillées de façon régulière.
À l'extérieur des murs, les fouilles récentes ont mis en évidence une cadastration établie dès la fin du 6ᵉ siècle avant Jésus-Christ, ainsi que l'exploitation de carrières d'argile qui se trouvait abondamment dans le substrat géologique (site de l'Alcazar) ; par la suite se développe au même emplacement une culture de la vigne et probablement d'autres plantations. Les nécropoles sont connues soit par des découvertes anciennes soit par la fouille, en 1990, du parc Sainte-Barbe.
La Marseille grecque connaît une forte croissance et devient une cité prospère, vivant des relations commerciales fortes avec la Grèce, l'Égypte, l'Asie Mineure puis Rome. La ville est indépendante et s'administre librement : elle est gouvernée par un directoire de 15 « premiers » choisis parmi 600 sénateurs (Strabon, 4, 1,5). Trois d'entre eux avaient la prééminence et l'essentiel du pouvoir exécutif.
Marseille est le point de départ de la diffusion de l'écriture chez les peuples gaulois, qui ont appris à transcrire leur propre langue en caractères grecs et à rédiger leurs propres actes en grec. C'est aussi probablement par Marseille que sont introduits en Gaule les premiers vignobles.
Marseille est alors cernée par une ceinture d'oppida dont on ne peut déterminer si certains faisaient fonction de protection contre ceux plus au nord, même si l'hypothèse a été avancée par François Villard : il ne semble pas y avoir de liens d'appartenance, sauf pour les Mayans dont la structure fait penser qu'il abritait une garnison, vraisemblablement grecque. Les échanges sont nombreux avec eux comme en témoignent les monnaies retrouvées sur le site du Baou Roux, de l'autre côté de l'Étoile.
On relève :
- sur le Garlaban : Colline du Château, Peynaou, Ruissatel, le Bec Cornu, le Baou des Gouttes, les Gavots,
- sur le Regagnas : Le Tonneau, Saint Jacques, Baou de la Gache
- sur l'Étoile : la Cride, la Tête de l'Ost, le Baou Roux, les Mayans (Camp Jussiou), Le baou de Saint Marcel et le Collet Redon sur le versant sud est
- sur la chaîne de l'Estaque : le Verduron (Camp Long?), Teste Negre, la Cloche, suivi par d'autres clairement indépendants et aussi anciens sinon plus, jusque Martigues et au-delà.
Cité romaine de Massilia
Au début de la deuxième guerre punique, Scipion est envoyé par Rome pour protéger Massilia, citée alliée, cible supposée de Hannibal qu'il pense trouver vers les Pyrénées, et bloquer ainsi son passage par la côte. Hannibal, n'a pas réussi à mettre les tribus gauloises de son côté et ses troupes sont attaquées depuis la péninsule ibérique, mais il est déjà plus au nord. Les tribus de la région de Massilia, future Provincia, alliées de Rome, sont évitées vers le milieu du mois d'août 218 av. J.-C. Ce sont 38 000 fantassins, 8 000 cavaliers et 37 éléphants qui auraient pu assiéger Massilia qui passent le Rhône à quatre jours de marche au nord de Marseille, soit à la hauteur du village actuel de Caderousse. Quand Scipion comprend son erreur, il laisse ses troupes continuer sur l'Ibérie mais revient pour préparer les légions dans la plaine du Pô. Massilia est épargnée.
En 181 av. J.-C., les Massaliotes phocéens et leurs alliés helléno-celtes Cavares de la région de Cavaillon-Avignon-Orange appellent Rome au secours contre les pirates Ligures.
Au cours du 3ᵉ siècle avant Jésus-Christ, Marseille se retrouve confrontée à la puissance grandissante de ses voisins gaulois, en particulier des Salyens. Pour faire face à leur menace, la cité fait encore appel à son alliée Rome, devenue la grande puissance méditerranéenne.
La conquête réelle ne commence qu'en 120 av. J.-C., avec la campagne militaire du proconsul romain Gaius Sextius Calvinus, qui voit raser une partie des oppidda au nord de Massilia. Mais la province ne reçoit cependant son statut officiel qu'après le passage de Pompée dans les années 70 av. J.-C.. Colonie devant concurrencer Massillia, Aquae Sextiae (Aix), est fondée en 122 av. J.-C.
Cliente de Jules César et de Pompée, Marseille refuse en -49 de prendre parti dans la guerre civile de César, tout en accueillant les émissaires de Pompée. Battue en mer et assiégée par trois légions pendant deux mois par César puis par son légat Caius Trebonius, la ville est prise (Bellum Civile, livre 1, 34-36, et cetera), privée de ses colonies[96][source insuffisante] et doit se soumettre à Rome. Les Romains la rattachent à la province Narbonnaise. Le reste des oppida subsistant est alors vraisemblablement rasé (La Cloche). À l'époque d'Auguste, la ville connaît une nouvelle grande phase de construction. L'agora-forum est reconstruit comme en témoignent les fragments de dallages découverts par Fernand Benoit au sud des Caves de Saint-Sauveur. Le forum est bordé à l'ouest par un autre grand édifice, le théâtre, dont quelques gradins ont été conservés jusqu'à nos jours dans l'enceinte du collège du Vieux-Port. Des thermes sont installés le long du port : les vestiges, remontés sur la place Villeneuve-Bargemon, sont aujourd'hui visibles quasiment à leur emplacement d'origine derrière l'hôtel de Ville.
Pendant le Haut Empire, la zone portuaire est considérable : elle s'étend sur la rive nord de la calanque du Lacydon, en suit la corne du port (Jardin des Vestiges) dont le quai est reconstruit à l'époque flavienne, et se prolonge au fond du Vieux-Port actuel. Dans cette zone, les fouilles de la place Général-de-Gaulle ont dégagé une grande esplanade empierrée qui peut correspondre à des salines aménagées. De nombreux entrepôts à dolia sont connus ; une partie de l'un d'entre eux a été conservée en rez-de-chaussée du Musée des docks romains.
Puis, durant le Bas Empire, la ville semble décliner légèrement au profit vraisemblablement d'Arles.
Arrivée des premiers chrétiens
Le Haut Empire, voit l'arrivée des premiers chrétiens au 1ᵉʳ siècle dans la région comme l'illustrent certaine légendes (Les Saintes Maries, la Sainte Baume). Ils essaiment alors dans la région et fondent des ermitages, des monastères et des églises. Au cours des siècles suivants, de nombreux ermites occuperont les nombreuses grottes-ermitage des massifs entourant Marseille. Dès lors, leur présence influence fortement le paysage et la toponymie, la vie même des marseillais jusqu'aujourd'hui (Notre dame de la Garde: la Bonne Mère).
Les Wisigoths qui s'installent en Aquitaine dès 418 sont ariens et font basculer la provence de ce coté des chrétiens opposés aux trinitaires.
Lorsque le roi des Francs Clovis, qui opte vers 500 pour le christianisme nicéen conquiert la région, celle ci le suit ce qui mènera ses habitants chrétiens sur la voix du catholicisme.
Antiquité tardive
Marseille se développe à nouveau à partir du 5ᵉ siècle de notre ère. À l'intérieur de la ville, la construction d'une première grande cathédrale marque la puissance de l'évêque, probablement Proculus, qui tient à rivaliser avec Arles. Deux basiliques funéraires ont été retrouvées en fouille. L'une, hypothétique, fouillée pour moitié dans l'emprise des immeubles du cours Belsunce par J. et Y. Rigoir en 1959 et par G. Bertucchi dans la construction du Centre Bourse en 1974. La seconde est clairement attestée par la fouille de M. Moliner, rue Malaval (2003-2004), avec la découverte d'une memoria intacte sous le chœur.
Le 5ᵉ siècle voit aussi la fondation de l'abbaye Saint-Victor de Marseille par Jean Cassien.
Sur la corne du port, comblée, se développe un habitat dont on retrouve la trace, hors les murs, jusqu'à l'actuelle bibliothèque de l'Alcazar (fouille M. Bouiron). Sur ce site, on a pu mettre en évidence une continuité directe avec les constructions romaines ; un groupe de bâtiments se développe progressivement entre le 5ᵉ siècle et le 7ᵉ siècle, avec dans un dernier état, un vaste bâtiment de type entrepôt. Les bâtiments sont abandonnés au début du 8ᵉ siècle.
La vitalité du commerce est perceptible par les découvertes de productions céramiques venant de toute la Méditerranée, témoins privilégiés des marchandises qui affluent à Marseille durant la période ostrogothique et mérovingienne. Puis, prise dans les remous des conflits entre rois francs, la ville semble perdre de son importance à partir de la reprise en main de la Provence par Charles Martel et le pillage de la ville qui l'accompagne.
Coté chrétiens, il n'existe pas encore de dogme lié à la relation entre le « Père » et le « Fils » jusque vers 318. Mais les Wisigoths qui s'installent en Basse Provence (siège de Marseille en 414) sont ariens et font basculer la provence de ce coté des chrétiens opposés aux trinitaires.
Le royaume Wisigoth cède à son tour la région aux Burgondes ariens eux aussi en 472, puis les Ostrogoths, ariens eux aussi, pénétrent à leur tour en Provence en 512 pour défendre la provence contre les Francs.
Lorsque le roi des Francs Clovis, qui opte vers 500 pour le christianisme nicéen obtient la région en 536, celle-ci le suit dans sa nouvelle religion, ce qui mènera ses habitants chrétiens sur la voix du catholicisme.
Moyen Âge
Haut Moyen Âge et Moyen Âge central
Marseille est pillée par les Sarrasins en 838, des razzias faisant suite à la conquête musulmane de la péninsule Ibérique. D'autres pillages ont eu lieu, par des pirates grecs en 848.
En 904, l'abbaye Saint-Victor se voit dotée de la rive sud du port par le roi de Provence Louis l'Aveugle. L'époque reste incertaine, avec les démêlés des derniers carolingiens tout entiers tournés vers l'Italie et n'hésitant pas à traiter avec les Sarrasins lorsque leurs ambitions le nécessitent. Ces derniers en 923 dévastent le monastère de Saint-Victor et le territoire marseillais. À partir du milieu du 10ᵉ siècle, la situation se stabilise. Le comte de Provence choisit un frère de l'évêque Honorat de Marseille, fils de Arlulfe de Marseille, Guillaume, comme vicomte de Marseille. Ses descendants seront pendant plusieurs générations soit évêque soit vicomtes de Marseille.
La topographie de l'époque est difficilement perceptible. Il existe une fortification réduite sur le sommet de la butte Saint-Laurent, c'est le château Babon (castrum Babonis) des textes du 12ᵉ siècle. Le nom de Babon fait référence à un évêque, mentionné à propos d'un polyptyque perdu de l'abbaye de Saint-Sauveur et qui pourrait avoir exercé au cours du 9ᵉ siècle. La délimitation de cette enceinte est difficile car cette fortification a déjà pratiquement disparu à la fin du 14ᵉ siècle et aucun vestige n'en est connu. Englobant une partie de la ville haute appartenant à l'évêque, elle devait contenir la zone du fort Saint-Jean et arriver jusqu'à la rue Fontaine-des-Vents, au voisinage de l'actuelle place de Lenche.
M. Bouiron a mis en évidence, au contact de cette fortification, un deuxième ensemble fortifié centré autour de la Major, le bourg de la Major qui contient une partie de la butte des Moulins.
Passé l'an mille, Marseille se révèle à nouveau un port florissant qui participe aux Croisades. Les Marseillais sont présents en Afrique du Nord et possèdent un quartier à Saint-Jean-d'Acre. Si la prise de cette dernière met un terme à l'aventure en Terre sainte, leur présence est largement attestée en Méditerranée tout au long du Moyen Âge.
De nombreux conflits émaillent par ailleurs l'histoire entre les comtes de Provence et Marseille, qui jouit d'une certaine indépendance commerciale :
- 1209 : excommunication d'Hugues Fer. La ville est « interdite » par le légat pontifical ;
- 1216 : les habitants de la basse ville entrent en révolte contre l'évêque ;
- 1218 : nouvelle « interdiction » de la ville et excommunication de ses habitants ;
- 1229 : la ville basse, après une nouvelle révolte contre l'évêque est « interdite » et excommuniée.
- Elle reconnaît la suzeraineté de Raymond 7 de Toulouse. Elle refuse celle de Raimond Bérenger 5 ;
- 1252 : premiers accords de paix entre Charles d'Anjou et Marseille, qui s'est soumise.
Puis Charles premier d'Anjou, devenu comte de Provence, fait perdre à Marseille son autonomie en 1257 avec les Chapitres de paix. L'indépendance économique et politique de Marseille par rapport à la France perdure jusqu'à la fin du 15ᵉ siècle quand le comté de Provence est rattaché au royaume.
Bas Moyen Âge
La ville est touchée par la peste noire en 1347. En 1423, la prise de la ville par les Catalans et la destruction qui s'ensuit occasionnent un profond déclin à la fin du Moyen Âge.
Le 15 décembre 1437, le comte de Provence René d'Anjou, qui a succédé à son frère Louis 3 d'Anjou comme roi de Sicile et duc d'Anjou, arrive à Marseille et favorise par des privilèges le relèvement de la ville, qu'il considère comme une base maritime stratégique pour reconquérir son royaume de Sicile.
Les Marseillais, en contrepartie, se chargent de la reconstruction des remparts. Le roi René, qui souhaite équiper l'entrée du port d'une solide défense, décide de faire construire sur les ruines de l'ancienne tour Maubert, une nouvelle tour plus importante. Jean Pardo, ingénieur, en conçoit les plans et Jehan Robert, maçon de Tarascon, exécute les travaux. Cette construction s'échelonne de 1447 à 1453. Le roi fait édifier les fondations du piédestal, puis les travaux sont suspendus faute de crédits et c'est finalement grâce à l'aide des habitants de Marseille et notamment de la corporation des pêcheurs qu'ils peuvent reprendre. Cette tour, dite tour du roi René, sera englobée au 17ᵉ siècle dans le fort Saint-Jean construit sur ordre de Louis 14.
En 1516, François premier, en pèlerinage dans la région, est attiré par la curiosité de voir un rhinocéros (cet animal est un cadeau du roi du Portugal Manuel premier au pape Léon 10, le navire faisant escale sur l'île d'If). François premier rend une visite à la ville et en profite pour en étudier la situation géographique et estime alors qu'elle manque de défense.
En 1524, l'armée française perd la dernière bataille d'Italie et se replie, poursuivie par ses ennemis et leurs alliés. L'armée du Saint-Empire romain germanique pille les environs et assiège Marseille. La ville résiste et permet à l'armée française de se réorganiser et de contraindre l'armée du Saint-Empire de retourner sur ses terres. La prise de la ville est évitée de peu et rend encore plus évidente la nécessité de renforcer les défenses de la ville. François premier ordonne la construction de deux forts royaux, l'un sur l'île d'If et l'autre, à Notre-Dame-de-la-Garde. Il fait ainsi bâtir le château d'If entre 1526 et 1529 et fait ériger un rempart en pierre à Notre-Dame de la Garde. En 1536, les travaux de Notre-Dame-de-la-Garde sont achevés, à temps pour défendre la ville contre les troupes de Charles Quint, qui est lui aussi repoussé.
Les Templiers et les Hospitaliers
Les ordres militaires, ordre du Temple et ordre de Saint-Jean de Jérusalem, apparaissent à Marseille à la fin du 12ᵉ siècle, leur installation étant liée au développement des relations commerciales du port avec l'Orient. Les deux commanderies sont situées chacune à une extrémité du port de Marseille, celle des Templiers se trouvait à l'emplacement de l'actuelle église des Augustins en bordure du « barri vieux » prés de la platea Templi, là où était vendues les céréales importées et du plan Fourmiguier où était radoubés les navires. Les Hospitaliers étaient à l'entrée du port où se situe aujourd'hui le fort Saint-Jean,.
L'ordre du Temple était présent vers 1171 lorsque le pape Alexandre III prend sous sa protection leur église. Les Templiers disposaient d'une chapelle et d'un embarcadère sur les îles du Frioul.
La commanderie des Hospitaliers est construite sous les murailles du château Babon. Elle est mentionnée dès 1178. En 1202 le pape Innocent 3 accorde aux Hospitaliers des droits de sépulture, ce qui entraîne un conflit avec l'église des Accoules. À cette époque la commanderie a une grande influence, d'où le souhait du comte de Provence, Alphonse 2 d'y être enterré.
En 1216, le vicomte Uc de Baux permet aux Templiers et aux Hospitaliers d'assurer le transport des pèlerins et des marchands vers l'Espagne et l'Outre-mer. Puis un accord, avec la commune de Marseille datant de 1233, permet aux frères templiers et hospitaliers, d'envoyer en Syrie deux navires par an avec mille cinq cents passagers par navire. Des registres notariés du milieu du 13ᵉ siècle indiquent qu'au moins trois navires templiers et trois hospitaliers plus des navires nolisés partaient de Marseille pour Gênes, Chypre et Saint-Jean-d'Acre.
Lors de l'accord entre Foulques de Villaret, Jacques de Molay et Clément V sur un nouveau passage en Terre sainte, les Hospitaliers restent seuls en lice après l'arrestation des Templiers. À l'automne 1309, Ramon d'Empúries, amiral de l'Ordre, passait de nombreux contrats pour l'armement, le ravitaillement et le transport de soldats tandis que le grand maître de l'Hospital fit construire seize galées à Marseille. Au 14ᵉ et au 15ᵉ siècle les Hospitaliers affrétaient des navires pour des liaisons régulières avec Rhodes.
Au début du 13ᵉ siècle, les Hospitaliers construisent une église à nef unique, dénommée église Saint-Jean, à proximité de l'église Saint-Laurent. Elle est englobée au cours du 16ᵉ siècle à l'intérieur des remparts du fort Saint-Jean. Au milieu du 14ᵉ siècle, les Hospitaliers font construire un nouveau bâtiment contigu à la tour Saint-Jean (actuellement tour du roi René) en bordure de la passe et appelé par la suite palais du commandeur. C'est dans ce palais que sont reçus les cardinaux de la suite papale lors de la venue d'Urbain 5 à Marseille en 1365.
Le 2 mars 1660, Louis XIV il entre dans Marseille par une brèche ouverte dans les remparts et il décide de la construction de deux ouvrages à l'entrée du port : au sud la citadelle Saint-Nicolas et au nord le fort Saint-Jean dont l'enceinte s'appuiera sur la commanderie hospitalière avec la tour du roi René et englobera la tour du fanal. La citadelle Saint-Nicolas est mis en chantier rapidement tandis que la construction du fort Saint-Jean est plus lente car elle nécessite le départ des Hospitaliers. Après transformation au 17ᵉ siècle ce palais devient une des plus belles demeures de la ville, la seule susceptible de loger princes et personnes de haute qualité.
16ᵉ et 17ᵉ siècles : la ville rebelle
Lors des guerres de Religion, Marseille parvient dans un premier temps à se tenir à l'écart des conflits et accueille de nombreux réfugiés des combats. Elle adhère toutefois à la Ligue catholique en 1589. À la mort d'Henri 3, Marseille refuse de reconnaître son successeur Henri de Navarre : « une gigantesque procession menée par les consuls se [rend] à la porte Réale » et érige une croix en signe de défiance de la « première [ville] christianisée du royaume. »
En octobre 1591, le meneur des ligueurs radicaux, Charles de Casaulx, est élu premier consul. À l'automne 1592, le Conseil de ville rejette l'autorité du Parlement d'Aix et déclare ne plus obéir qu'à l'autorité du duc de Mayenne, chef de la Ligue. Casaulx prend alors des initiatives menant la ville sur la voie de l'indépendance : construction d'un fort à l'entrée du port, rétablissement d'un grenier à sel et affranchissement de la gabelle, création d'une imprimerie. En juillet 1593, Henri de Navarre abjure la foi protestante ; il est reconnu roi par le pape puis, en janvier 1596 par le duc de Mayenne. Seule Marseille refuse de se soumettre et Casaulx demande l'aide de Philippe 2 d'Espagne. Le 17 février 1596, des troupes françaises se massent devant les remparts de la ville ; alors qu'il accourt sur place, Casaulx est assassiné par Pierre de Libertat, qui fait ensuite ouvrir les portes de la ville. En apprenant la réduction de la ville Henri 4 aurait dit : « C'est maintenant que je suis roi de France. »
Marseille continue toutefois dans les années qui suivent à contester le pouvoir royal. En 1615, la population attaque le bureau de perception de la taxe foraine, tuant les commis et brûlant les registres. En 1634, une émeute de pêcheurs conteste la hausse du sel. En 1635, puis en 1644, des habitants se révoltent contre de nouveaux règlements royaux concernant les monnaies. En 1652, profitant de la Fronde aixoise, les Marseillais prennent les péages de Bouc-Bel-Air, d'Aubagne et des Pennes. En 1659, un émissaire du roi est pris à partie par la foule et mis en pièces.
Louis 14 se rend alors sur place pour mettre fin aux troubles. En 1660, établi à Aix, il annonce que Marseille sera soumise à une occupation militaire et que les institutions municipales seront complètement réformées. La porte Réale, devant laquelle les comtes de Provence puis les rois de France devaient jurer de respecter les libertés de la ville avant d'y pénétrer, est abattue. Pour surveiller la ville, le fort Saint-Jean et le fort Saint-Nicolas sont construits à l'entrée du port. Le 2 mars 1660, Louis 14 fait symboliquement son entrée dans Marseille par une brèche ouverte dans les remparts, comme si la ville était conquise.
17ᵉ et 18ᵉ siècles : l'essor commercial
Si Marseille a pratiquement ignoré la Renaissance, elle se transforme à partir du 17ᵉ siècle, entre esprit classique et baroque, sous l'influence notamment de Pierre Puget. Après la soumission de la ville par Louis 14, l'agrandissement en est décidé. Pour la première fois, Marseille s'étend au-delà de ses murailles médiévales. Le Cours (renommé Cours Belsunce en 1852), axe principal des nouveaux quartiers, est construit en 1670.
En mars 1669, Jean-Baptiste Colbert fait de Marseille un port franc, supprimant la quasi-totalité des droits. En 1685, un édit interdit aux marchandises du Levant d'entrer dans le royaume par un autre port que Marseille, qui se retrouve ainsi en situation de monopole. La Chambre de commerce, la plus ancienne de France, fondée en 1599, reçoit la gestion du commerce français avec le Levant et la Barbarie. Ces dispositions attirent une nouvelle prospérité grâce au commerce méditerranéen. À partir de 1700, Marseille se lance dans le commerce océanique, d'abord dans le trafic d'argent avec l'Amérique du Sud, puis des alcools, sucre et café avec les Antilles.
L'Embarquement du corps expéditionnaire de Minorque par Jean-Joseph Kapeller, peint en 1756, montre avec une grande précision les façades de l'Arsenal des galères à gauche et de l'hôtel de ville à droite. La tour du Fort Saint-Jean se dresse au centre et au fond, à la sortie du grand bassin.
À la fin du 18ᵉ siècle, Marseille est le premier port de Méditerranée, devant Gênes. Si la peste de 1720 porte un rude coup à la démographie de la ville (38 000 victimes sur 75 000 habitants), celle-ci se rétablit vite et atteint son niveau d'avant la peste dès 1730.
En dehors de la cité, le terroir marseillais, comprenant une cinquantaine de villages et de riches familles exploitantes agricoles, profite de cette prospérité. La principale richesse du terroir est le vin, qui est vendu en ville où aucun vin étranger n'est autorisé.
Révolution et Empire
Il faut attendre la Révolution française et l'uniformisation du territoire français (langue, monnaie, droit) pour que Marseille qui jusqu'alors faisait partie des provinces à l'instar de l'étranger effectif via son port franc (liberté de commerce avec l'étranger mais droit de douane avec le reste des provinces françaises) perde cette spécificité qu'elle a toujours tenté de conserver. La ville accueille toutefois avec enthousiasme le début de la révolution, envoyant un bataillon de fédérés en 1792 à Paris qui arrivera en chantant le chant de guerre de l'armée du Rhin de Rouget de Lisle, chant qui prendra par la suite comme nom La Marseillaise.
Par la suite, révoltée contre la Convention en raison de la perte de ses libertés communales et rejoignant le parti fédéraliste, Marseille est officiellement débaptisée et désignée du 6 janvier au 12 février 1794 comme la ville « sans nom ». Au printemps, dans un souci d'apaisement, Maignet, qui remplace Fréron, redonne son nom à la ville.
La Marseillaise
En 1792, Rouget de Lisle, jeune officier du génie, compose à Strasbourg le Chant de guerre de l'Armée du Rhin. Cet hymne, qui a été édité, parvient à Marseille qui a accueilli la Révolution avec enthousiasme. La ville, envoyant à Paris 500 volontaires, leur offre un banquet, au cours duquel le général François Mireur chante l'œuvre venue d'Alsace. Elle soulève l'enthousiasme et les assistants la reprennent en chœur. Quand ils défilent dans les rues de Paris, leurs voix chaudes de Méridionaux, qui lancent à toute volée les strophes enflammées, électrisent la foule. Le nouvel hymne trouve aussitôt son nom : c'est la Marseillaise. Une plaque commémorative de Rouget de Lisle est visible rue Thubaneau au centre de Marseille.
Du 19ᵉ au début du 20ᵉ siècle : Marseille, port des colonies
De 1860 au début de la Première Guerre mondiale
Le 19ᵉ siècle, avec son cortège d'innovations industrielles (dont l'apparition de la navigation à vapeur), la fin de la piraterie barbaresque et les traités de libre échange des années 1860, les conquêtes coloniales de la France à partir de 1830 puis le percement du canal de Suez en 1869, stimulent le commerce maritime et la prospérité de la ville, qui passe d'environ 300 000 habitants en 1870 à environ 600 000 habitants en 1940. La zone portuaire déborde de son périmètre historique (le Vieux-Port) et s'étend à partir de 1844 aux rivages Nord. Les actuels bassins de la Joliette sont ouverts en 1853, ceux du Lazaret et d'Arenc en 1856. La banque de Marseille la plus réputée est alors celle créée par Pierre Pascal 2 au début de l'Empire.
En 1870, Marseille se place au premier rang des ports d'Europe continentale avant de se laisser dépasser par Hambourg, Anvers et Rotterdam à la fin du siècle.
En mars 1871, les insurgés républicains proclament la Commune de Marseille. Celle-ci sera écrasée à l'issue d'une répression sanglante par les troupes du régime versaillais.
L'économie de la ville est alors basée sur le négoce et l'industrie : production de corps gras, huile et savons, sucre, semoulerie, chimie, tuilerie, réparation navale et construction mécanique.
Si la fin du 19ᵉ siècle est moins florissante, la période précédant la Première Guerre mondiale est le point culminant de ce système « industrialo-portuaire » marseillais : l'année 1913 est celle où le tonnage portuaire est le plus important, notamment les oléagineux. À cette époque se développent de petites entreprises créées par de nouveaux venus (sud de la France, Italie, Empire ottoman) et d'abord spécialisées dans le négoce et la transformation des produits coloniaux, puis des armateurs, négociants, fabricants d'huile, raffineurs de sucre et savonniers, voire banquiers. Dans ce système concurrentiel et de spéculation de marchés, défini par l'individualisme industriel, l'activité repose souvent sur un système familial. Très attachés à ce modèle libéral, bénéficiant d'une main d'œuvre étrangère peu qualifiée, ces patrons marseillais sont contre toute intervention « parisienne » du type d'investissement de capitaux privés ou de mise en place de réglementations publiques. Marseille célèbre cette richesse à travers les expositions coloniales de 1906 et 1922, qui connaissent un vif succès.
Grands chantiers
L'accroissement territorial et démographique de la ville est à l'origine d'un chantier majeur : l'adduction des eaux de la Durance, décidée dès 1834 par le maire Maximin Dominique Consolat. Cette mesure s'impose d'autant plus que sévissent cette année-là une grande sécheresse et une épidémie de choléra. La construction par 5 000 ouvriers du canal de Marseille, long de 87 kilomètre, demande onze ans de travaux et l'eau de la Durance arrive le 8 juillet 1847 à Marseille. En 1862, afin de commémorer cet événement, l'architecte d'origine nîmoise Henri-Jacques Espérandieu (1829-1874) est chargé de réaliser un vaste monument « à la gloire de l'eau » ; c'est le palais Longchamp, qui est inauguré en août 1869.
Ce dernier a également édifié la basilique de Notre-Dame-de-la-Garde à partir de 1853 (consacrée en 1864) et est intervenu aussi sur le grand chantier de construction de la nouvelle cathédrale de La Major, sur les quais de la Joliette. Il a réalisé également de 1864 à 1874 le palais des Arts situé place Carli et a participé à la construction de la monumentale préfecture.
L'autre grand chantier est, comme partout en France à cette époque, l'arrivée du chemin de fer. Marseille est reliée à Avignon au début de l'année 1848, à Lyon en 1854, à Paris en 1857. La gare terminus, établie sur la butte Saint-Charles, fait l'objet de nombreux remaniements et aménagements jusqu'à la fin du siècle.
En 1871, pendant le soulèvement de la Commune de Paris, la ville connaît une insurrection similaire qui dure quinze jours. La préfecture est bombardée et le chef des insurgés, un avocat modéré, Gaston Crémieux, fusillé six mois plus tard, au Pharo.
En 1884 sévit une nouvelle épidémie de choléra. En 1891 débutent les travaux d'un réseau d'assainissement aboutissant à la construction d'un grand collecteur.
Début 20ᵉ siècle
Au début du 20ᵉ siècle, la bourgeoisie issue de l'industrialisation négociante est peu présente dans les postes politiques. L'entre-soi familial met à distance, hormis quelques exceptions, les élites locales et les représentants de l'État. De même dans la ville, plutôt que d'intervenir au centre où se concentre l'espace industriel et ouvrier, ces industriels et négociants locaux s'installent dans les quartiers résidentiels du sud, renforçant une division de la ville entre quartiers populaires au nord et bourgeois au sud. Cette bourgeoisie ne mène pas de politique de logement ouvrier. La vaste opération du percement de la rue de la République renforce d'ailleurs la prudence des investissements immobiliers après de grandes difficultés de rentabilité dues à la faillite des frères Pereire et à la reprise par les grandes familles locales.
La ville fait ainsi face à un surpeuplement important, découlant du faible nombre de logements construits entre 1880 et 1914 et renforcé par le peu d'impact de la loi sur les habitations à bon marché (HBM) en raison du faible investissement du patronat local dans ces nouveaux organismes, contrairement à ce qui se réalise à cette époque ailleurs en France. La poussée démographique ouvrière et immigrée rend l'urbanisation dispersée avec un morcellement des propriétés rurales, l'éclatement urbain par des lotissements et un phénomène important d'autoconstruction de maisons modestes. Cet éclatement urbain dans une commune à la superficie aussi vaste rend sa gouvernance difficile : « Le rapport entre une population aux revenus assez faibles et une surface énorme à entretenir, assainir et équiper, s'amenuise et rend pratiquement impossible la gestion municipale ». Pourtant, la période voit également l'essor industriel et des infrastructures portuaires. Ainsi, pour relier les quais du Port et de Rive Neuve, le pont transbordeur de Marseille est construit en dix-neuf mois, entre juin 1904 et décembre 1905.
Chaos de l'entre-deux-guerres
En 1938, Marseille connaît un terrible incendie qui détruit totalement le magasin des Nouvelles Galeries, cause la mort de 73 personnes et endommage quelques immeubles de la Canebière. Devant l'ampleur du sinistre, les sapeurs-pompiers de Marseille, mal équipés et mal entraînés se montrent impuissants à éteindre l'incendie. Édouard Daladier qui est présent pour le congrès du Parti radical et logé dans l'hôtel de Noailles faisant face aux Nouvelles Galeries en flammes, déclare : « N'y a-t-il donc personne pour faire régner l'ordre dans cette ville ? ». Le bataillon de marins-pompiers de Marseille, unité militaire, est créé par le décret-loi du 29 juillet 1939 et la ville, ayant par ailleurs de lourds problèmes financiers, est mise sous tutelle et dirigée par un administrateur extraordinaire jusqu'à la Libération en 1944.
Seconde Guerre mondiale
Le 1er juin 1940, un bombardement allemand cause la mort de 32 Marseillais et en blesse une soixantaine d'autres, le jour même où le bataillon de marins-pompiers, récemment créé, quitte la caserne provisoire de la rue de Lyon et prend possession de celle du boulevard de Strasbourg.
À la suite du débarquement américain en Afrique du Nord, le 11 novembre 1942, les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation et Marseille se retrouve occupée le 12 novembre, comme le reste de la Zone libre. La ville souffre grandement de l'occupation et en particulier, lors de la Rafle de Marseille, le quartier du Panier au nord du Vieux-Port qualifié de « quartier criminel » par les nazis. Dans la nuit du 22 au 23 janvier 1943, plusieurs milliers de personnes sont arrêtées et deux jours plus tard, le 24 janvier, le général SS Oberg, assisté du préfet René Bousquet, ordonne aux habitants du quartier du Vieux-Port d'évacuer leur domicile dans les deux heures, avec 30 kilogramme de bagages. 30 000 personnes sont expulsées. Dans les deux semaines qui suivent, 1 500 immeubles sont dynamités, laissant un champ de ruines jusqu'à la Libération. Marseille subit également plusieurs alertes aériennes. Le bombardement américain du 27 mai 1944 est particulièrement dévastateur et cause la mort de plus de 2 000 personnes, en blessant environ 3 000. Près de 400 Allemands des troupes d'occupation trouvèrent également la mort.
Le 15 août 1944 a lieu le débarquement en Provence. À cette occasion, l'occupant fait sauter les installations portuaires : plus de 200 navires sont coulés et le célèbre pont transbordeur de Marseille détruit.
Les FFI de Marseille (et parmi eux Gaston Defferre) préparent la libération de la ville. Le 21 août, ils lancent l'insurrection accompagnée d'un mot d'ordre de grève générale. Mais mal armés et peu nombreux, leur position est critique jusqu'à l'arrivée des tirailleurs algériens du général de Monsabert et des goumiers marocains du général Augustin Guillaume qui pénètrent à Marseille le 23. Les combats avec l'armée allemande se poursuivent plusieurs jours, jusqu'à la capitulation du général Hans Schaefer le 28 août. Le 29, le général de Lattre de Tassigny assiste au défilé de l'armée d'Afrique sur la Canebière.
Des années 1950 à 1980 : les difficultés
Après la Seconde Guerre mondiale, l'urbanisation de la ville s'accélère dans le cadre de la reconstruction d'après-guerre. De grands ensembles sont construits dans les quartiers nord et une grande place est laissée à la circulation automobile par la construction d'autoroutes jusqu'au cœur de la ville.
A partir de la fin des années 1960, la décolonisation et l'indépendance des anciennes colonies conduit le Port de Marseille à ne plus bénéficier de son monopole sur le commerce avec les colonies. L'économie marseillaise entre alors en recomposition. Marseille souffre également d'une mauvaise réputation liée à l'insécurité et aux affaires de grand banditisme (French Connection, assassinat du juge Michel, et cetera).
En 1962, Marseille est le lieu de transit de la majorité des Pieds-noirs fuyant l'Algérie indépendante. Beaucoup s'installent ensuite dans la ville et sa région.
En 1973, dans un contexte de tensions toujours très vives, dix ans après la défaite française en Algérie, et après l'assassinat d'un chauffeur de bus par un déséquilibré Algérien, la ville est le théâtre d'importantes violences racistes qui durent pendant plusieurs mois, d'août à décembre 1973. Ces violences font plusieurs dizaines de morts et se terminent par un attentat contre le consulat d'Algérie.
En 1977 est mis en service le métro.
Depuis les années 1990
Dans les années 1990, le projet Euroméditerranée de développement économique et de rénovation urbaine est lancé. De nombreuses infrastructures nouvelles et rénovations sont réalisées dans les années 2000 et 2010 : le tramway, la rénovation de l'Hôtel-Dieu en hôtel de luxe, Le Silo, l'agrandissement du stade Vélodrome, la tour CMA CGM, le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) ou encore la Villa Méditerranée. En 2013, Marseille est capitale européenne de la culture. Cette opération permet d'attirer à Marseille 10 millions de visiteurs (avec une estimation de 5 millions de visiteurs effectifs dont nombre venant de départements voisins, certains effectuant plusieurs visites).
L'OCDE note que la ville connaît aujourd'hui un dynamisme économique dans le cadre du développement de son aire urbaine mais le rapport pointe encore l'importance des inégalités sociales et la fracture économique entre le sud de la ville et les quartiers nord.
Le 1er octobre 2017, aux alentours de 13 heures 45, la ville est le théâtre d'un attentat djihadiste, un terroriste fait irruption sur le parvis de la gare de Marseille-Saint-Charles, il est équipé d'une arme blanche, dont un couteau. Les deux victimes âgées d'une vingtaine d'années ont été égorgées et poignardées, il a été abattu peu de temps après par des militaires d'une patrouille de l'opération Sentinelle qu'il s'apprêtait à attaquer. Daech revendique l'attaque le jour-même. Un an après, une plaque commémorative au nom des deux victimes est dévoilée ainsi qu'un hommage leur est fait.
Toponymie
Attestations anciennes
- Μασσαλία (Massalía) (nom grec) au 6ᵉ siècle avant Jésus-Christ ;
- Massilia (nom latin classique) au 1ᵉʳ siècle avant Jésus-Christ, vers 45 avant Jésus-Christ (Jules César) ;
- Massilia Grœcorum (nom latin classique) vers 70 après Jésus-Christ (Pline l'Ancien), vers 380 après Jésus-Christ (Notice des dignités) ;
- Masilia (nom latin vulgaire) vers 515 (monnaie de Childebert) ;
- Masilie (nom latin vulgaire) vers 660 (monnaie de Chidéric 2) ;
- [ex comitatu] Marsiliacense (nom latin) en 950 ;
- Massilie [Civitas] (latin) en 950 - 977 ;
- [commune] Marcelie (ancien français) en 1136 ;
- [commune] Marcellie (ancien français) en 1152 ;
- Marselha (ancien occitan) en 1234 ;
- [commune de] Marsseille (moyen français) en 1236 (coexistant encore avec le nom latin de 950 qui ne sera abandonné pour l'usage officiel que plusieurs siècles après quand le nouveau français académique deviendra tardivement langue officielle du royaume, puis obligatoire au 19ᵉ siècle pour l'administration civile puis scolaire) ;
- Macella (ancien occitan) au 13ᵉ siècle ;
- Masselha (ancien occitan) en 1302 ;*Maselha (nom occitan) en 1390, (ce nom conservé encore aujourd'hui en langue occitane provençale mais sans statut officiel).
De nos jours, le nom utilisé en occitan est Marselha ou Marsiho.
Étymologie
« Le nom de la localité est attesté pour la première fois sous la forme grecque Μασσαλία (Massalía, accent tonique sur le « i »). C'est sous ce nom qu'une ville est fondée par des Grecs venus de Phocée (Φώκαια / Phṓkaia) et qui est toujours la ville de Foça près d'Izmir.
L'origine de ce nom préoccupait déjà des écrivains de l'Antiquité. Ils ont avancé des explications plus ou moins fantaisistes qu'a résumées Antoine de Ruffi, le premier historien de la ville, au 17ᵉ siècle avec une ironie perceptible. Par exemple Aelius Herodianus a joint les mots μάσσαι, lier et ἁλιεύς, pécheur, pour dire qu'à l'arrivée des Phocéens un pécheur se trouvait sur le rivage pour lier une amarre.
À l'époque moderne on a pensé à deux autres mots μᾶζα et ἅλς. Le second signifie le sel ou une étendue marine salée près de la côte. Le premier vient d'une racine indo-européenne mak ou mag, « pétrir », et désignait une grosse crêpe d'orge. Il a pris le sens de « masse » mais tardivement et paraît ne pas pouvoir justifier « masse de sel », ce qui constituerait une étymologie isolée. Le double sigma de Μασσαλία fait aussi difficulté puisque le dzêta persiste dans le mot composé μαζαγρέτας. Un dérivé désignant un gâteau d'offrande est attesté dans le culte de Dionysos à Phigalie, ce qui a permis d'évoquer de façon très hypothétique Marseille comme « ville des offrandes ». Le mot au sens de masse a été emprunté par le latin sous la forme du mot massa d'où est venu le mot français.
Les toponymes massa de l'Italie du nord et du centre dont la signification est maison de campagne, tenure, de même que le provençal mas, sont issus eux, à l'époque du haut Moyen Âge, du latin manere, demeurer, qui a donné aussi plusieurs mots français comme manoir, masure, maison, etc. C'est sans rapport avec le nom grec de Marseille mais a pu faire penser à une étymologie « maison des Salyens », citée par Antoine de Ruffi puis Augustin-Jules-Esprit Fabre. Il existe en revanche un radical massa retrouvé sur tout le nord de la Méditerranée et remontant à la préhistoire (VIIe-IVe millénaire avant J.-C.) signifiant « source ».
Μασσαλία ne s'explique sans doute pas par le grec du point de vue étymologique, sans que nous puissions dire par quelle langue à l'époque de la fondation de la ville, ligure, étrusque ou autre, il le ferait de façon plus certaine. Albert Dauzat a proposé un radical mas- qui désignerait vraisemblablement une source, suivi d'un suffixe -alia qui peut se retrouver dans le nom de la ville phocéenne Ἀλλαλία, Alalia, située en Corse, aujourd'hui Aléria.
Ernest Nègre a repris d'un élément aqueux, c'est-à-dire l'hydronyme Massalia courant en Grèce. Bénédicte et Jean-Jacques Fénié, qualifient le nom Massalia de ligure.
À l'époque romaine, Massalia devient Massilia (avec déplacement de l'accent tonique sur le premier i). Ensuite, peu à peu à l'époque médiévale, Massilia s'altère en Marsilia dans les textes, mais coexiste avec une forme locale encore attestée en 1390 Maselha. L'altération Mas(s)- > Mars- résulte sans doute d'un hypercorrectisme savant par analogie avec les nombreux types toponymiques en Marsil-, Marseil-, tels que Marsillargues (Hérault, Marcianicus vers 1031); Marseillan (Hérault, de Marcelliano 1098), et cetera, pour lesquels le groupe /rs/ s'est précisément simplifié en /ss/ en occitan par assimilation du [r]. C'est pourquoi on trouve aussi Massillargues-Attuech (Gard) et Massilhan, nom occitan de Marseillan par exemple. Ils sont généralement basés sur l'anthroponyme Marcellus> Marcel sans rapport avec l'étymologie de Marseille. Confer (reportez-vous à/comparez avec) aussi le français massepain, anciennement marcepain, issu de l'italien marzapane.
Marseille s'écrit Marselha en occitan provençal, forme qui diffère de celle mentionnée au 14ᵉ siècle Maselha mais que l'on retrouve dans la littérature occitane médiévale, notamment dans la Chanson de la croisade ou dans la vida de Folquet de Marseille. au côté d'autres formes divergentes (Marseilla, Masselha, et cetera)
La graphie Marselha correspond à la norme classique de l'occitan, tandis que Marsiho est la norme mistralienne. Cependant la prononciation est [maʀˈsijɔ] dans les deux cas, en effet la réalisation phonétique de la lettre « e » /e/ est très fermée, proche de celle du « i » français,. On appelle la ville Marsiglia en italien, Marsella en catalan et en espagnol, Marselha en portugais, Marseilles ou Marseille en anglais, on l'a appelé Massilien autrefois en allemand mais Marseille de nos jours et enfin مرسيليا (Marsilya) en arabe, où le mot arabe marsa veut dire « port ». Pendant la Convention, en punition de son implication dans le mouvement fédéraliste, Marseille est temporairement débaptisée : du 6 janvier au 12 février 1794, elle est officiellement nommée la « ville-sans-nom » et ainsi désignée,,.
Culture locale et patrimoine
Architecture et monuments remarquables
Préhistoire et Antiquité
Située au sud de la ville, la grotte Cosquer, découverte en 1992, est une grotte ornée paléolithique, fréquentée entre 27000 et 19000 avant le présent, dont l'entrée située sous la mer rend l'accès difficile.
Peu de traces existent encore de la ville grecque ou romaine. Les plus visibles sont celles du port antique, situé au nord-est de l'actuel Vieux-Port, dans le Jardin des Vestiges au cœur du Musée d'histoire de Marseille. On peut y trouver des restes des fortifications grecques, de la tour de défense, de la voie dallée romaine, du bassin d'eau douce ou des terrasses funéraires.Un aménagement et une valorisation spécifique en 2020 permet de mieux comprendre le fonctionnement du port antique.
Moyen Âge
La ville s'étant toujours reconstruite sur elle-même, Marseille médiévale est, selon l'expression de Thierry Pécout, une « ville de papier » que seuls historiens et archéologues peuvent faire revivre compte tenu de la disparition de nombreux bâtiments médiévaux et du remodelage de la ville aux époques modernes et contemporaines.
L'abbaye Saint-Victor, dont les parties les plus anciennes datent du 11ᵉ siècle, a été construite sur ce qui est peut-être le lieu de culte chrétien le plus ancien de France. La chapelle Notre-Dame-de-la-Galline aurait été construite sur un lieu de culte datant de 1042.
La Vieille Major, l'ancienne cathédrale de la ville, a été édifiée à partir du 12ᵉ siècle à l'emplacement d'une première église datant de la fin de l'Antiquité.
L'église Saint-Laurent, bâtie au 13ᵉ siècle dans un style roman provençal, est la paroisse des pêcheurs de Marseille.
Les Hospitaliers
Le fort saint Jean est sur l'ancienne fondation des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et compte encore des vestiges de la chapelle du 12ᵉ au 13ᵉ siècle.
Renaissance et période classique
Des trois forts construits à l'entrée du Vieux-Port par Louis 14 pour surveiller la ville au 17ᵉ siècle, seuls les forts d'Entrecasteaux et le fort Saint-Nicolas sont encore propriété du ministère de la Défense. Le fort Saint-Jean, dont la tour carrée fut construite au milieu du 15ᵉ siècle par René d'Anjou, est intégré depuis 2013 au site du musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. Protégé au titre des monuments historiques, il relève du ministère de la Culture depuis les années 1960, mais n'a été rendu accessible au public que récemment. De l'arsenal des galères qui occupait la rive sud du port, seule subsiste aujourd'hui la capitainerie.
Bastides
Les bastides constituent un élément caractéristique du terroir marseillais. Domaines secondaires de campagne de la bourgeoisie marseillaise, on en dénombrait plus de 6 500 en 1773. Cette pratique était tellement répandue que Stendhal considérait que « c'est pour cela qu'il n'y a pas de spectacle le samedi : ce jour-là, dès que la Bourse est finie, chacun s'enfuit à sa Bastide […] ».
On en recense aujourd'hui encore 254 mais si certaines comme la Buzine ont été rénovées ou reconverties, beaucoup sont en décrépitude et menacées de destruction.
Second Empire
Beaucoup de monuments marseillais ont été construits lors de la seconde moitié du 19ᵉ siècle, alors que la ville était en plein essor économique, en particulier durant le Second Empire. C'est notamment le cas du palais du Pharo (1858), du palais de la Bourse (1860), de l'hôtel de préfecture (1866) ou de l'Église des Réformés (1886), plus tardive et de style néogothique.
Henri-Jacques Espérandieu est l'auteur de plusieurs monuments célèbres de la ville comme le Palais Longchamp (1862), la basilique Notre-Dame-de-la-Garde (1864) et le Palais des arts (1864). Construite entre 1855 à 1864 avec Henri Révoil, Notre-Dame-de-la-Garde, aussi appelée la Bonne Mère, est célèbre pour son architecture romano-byzantine et sa statue en cuivre doré de la Vierge à l'Enfant qui domine l'édifice, œuvre du sculpteur Eugène-Louis Lequesne.
Autre édifice romano-byzantin, la cathédrale de la Major, dans le quartier de La Joliette, fut achevée en 1893 sur le site de l'ancienne Major du 12ᵉ siècle dont subsistent le chœur et la travée.
À cette époque est également percée la rue de la République, ornée de bâtiments haussmanniens et qui relie le Vieux-Port au nouveau port de la Joliette.
Patrimoine industriel
Marseille garde de nombreuses traces de son histoire industrielle et nombre de ces lieux sont en cours de reconversion. La manufacture des tabacs, construite en 1868 dans le quartier de la Belle de Mai est, après avoir été longtemps une friche industrielle, est depuis la fin des années 1990, occupée par un lieu culturel, les Archives municipales, l'INA, le CICRP et un Pôle média.
Dans le quartier de la Joliette, le silo à céréales d'Arenc a été reconverti en salle de spectacle et les immenses docks ont été entièrement rénovés et convertis en bureaux et centre commercial.
De l'industrie de la savonnerie seules subsistent trois usines en fonctionnement dans les quartiers Nord. D'autres, parfois en friche, parsèment le nord et l'est de la ville.
Architecture moderne
L'architecte Fernand Pouillon a construit de nombreux bâtiments dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Il fut notamment chargé de la reconstruction du quartier du Vieux-Port détruit durant la rafle (les célèbres immeubles Pouillon) ou du Contrôle sanitaire, depuis 2013 occupé par le musée Regards de Provence.
Le Corbusier a construit en 1952 à Marseille sa Cité radieuse (appelée localement « Le Corbusier » ou la « maison du fada »), exemple de l'architecture brutaliste et de son principe d'Unité d'habitation. L'immeuble peut être visité et son toit-terrasse panoramique accueille un musée d'art contemporain, le MaMo.
Architecture post-moderne
Dans le cadre de son renouveau urbain, la ville voit aujourd'hui la construction d'édifices d'architecture post-moderne comme le Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, la tour CMA-CGM, la Villa Méditerranée et la tour La Marseillaise.
Lieux et quartiers
Marseille est parfois surnommé « la ville aux 111 quartiers », qui correspond au nombre de quartiers officiels, qui sont des subdivisions des arrondissements de la ville. Beaucoup sont d'anciens hameaux constitués autour de l'église paroissiale. De nombreux quartiers (officiels ou non) sont dotés d'une identité particulière.
Ainsi, en centre-ville, Le Panier constitue ce qui reste de la vieille ville après la destruction de la Seconde Guerre mondiale : quartier populaire et lieu historique d'installation de nombreux immigrés, le Panier est connu pour ses rues étroites héritées du Moyen Âge. La Canebière, artère emblématique de Marseille : elle s'étend du Vieux-Port à l'église des Réformés. Elle est devenue célèbre mondialement à partir de la fin du 19ᵉ siècle, les marins étrangers s'arrêtant dans les nombreux cafés et bars de la rue tels le Café turc (1850), le Café de France (1854), le Café allemand (1866), ou encore le somptueux Café Riche. Noailles, situé juste au sud de la Canebière, est connu pour son important marché parfois surnommé « le ventre de Marseille ».
À proximité du centre-ville, le cours Julien et la Plaine sont connus pour leur vie nocturne et le street art. Dans le Troisième arrondissement, la Belle de Mai est un quartier populaire qui s'est développé autour de la manufacture des tabacs aujourd'hui reconvertie en lieu culturel.
La Corniche, qui longe la mer au sud du Vieux-Port, a été aménagée au 19ᵉ siècle puis élargie de 1954 à 1968. Elle est bordée à l'est de villas du 19ᵉ — dont celle de la célèbre artiste marseillaise de music-hall Gaby Deslys — et côtoie le pittoresque Vallon des Auffes. Elle accueille le marégraphe de Marseille, construit en 1883. Le quartier le plus au sud le long de la côte, Les Goudes, est formé de petits cabanons de pêcheurs épargnés par l'urbanisation du littoral. Au nord, l'Estaque est un quartier populaire, ancien lieu d'implantation d'usines, rendu célèbre par les peintures de Paul Cézanne et les films de Robert Guédiguian.
Dans l'est, La Treille est un ancien village perché au sommet d'une colline et célèbre pour avoir accueilli l'écrivain et cinéaste Marcel Pagnol.
Le nord de la ville est constitué d'un habitat disparate, entre des grands ensembles construits à partir des années 1960 comme la Castellane, le Plan d'Aou ou la cité Kallisté, mais aussi de nombreux noyaux villageois anciens comme l'Estaque située en bord de mer, Sainte-Marthe ou Château-Gombert, quartiers où subsiste encore une activité agricole. On trouve également dans le nord de la ville le siège de nombreuses industries ou entreprises (Ricard, Compagnie fruitière, Haribo...).
Patrimoine environnemental
Marseille est entourée par les massifs montagneux, dessinant un arc de cercle autour de la ville : au Nord, la chaîne de l'Estaque, ou de la Nerthe, puis, du Nord de la ville jusqu'à l'Est, le massif de l'Étoile qui rejoint le Garlaban situé plein Est. Au Sud-Est se trouve le massif de Saint-Cyr et enfin, au Sud, le massif de Marseilleveyre.
Marseille compte également plusieurs parcs urbains répartis sur l'ensemble de son territoire. Au centre-ville se trouve le parc Longchamp, le parc du Vingt-sixième Centenaire et le jardin du Pharo. Au Sud, se situent notamment le parc Borély, aménagé entre 1860 et 1880 et au sein duquel se tient le château Borély, le parc balnéaire des plages du Prado et le Parc Valmer, tous deux situés en bord de mer, le parc de la campagne Pastré, ou encore le parc de la Maison Blanche, bâti en 1840 et qui abrite une bastide.
Au nord de la ville, le parc François Billoux à Saint-Louis, le parc du Grand Séminaire situé aux Aygalades, le Parc Athéna à Château-Gombert et le parc de la Bastide Montgolfier à Sainte-Marthe ainsi que le Parc de Font Obscure, en plein milieu des grands ensembles du Quatorzième arrondissement de la ville, sont également remarquables. Enfin, à l'Est de la ville se trouvent entre autres le parc Saint-Cyr, dans le quartier de Saint-Loup et le parc de la Buzine, célèbre pour être celui du Château de ma mère de Marcel Pagnol,.
Les Calanques constituent une zone naturelle majeure : elles accueillent presque 2 millions de visiteurs par an et forment, depuis 2012, un parc national, le premier parc national périurbain d'Europe.
Équipements et événements culturels
Musées
Marseille possède 26 musées, soit le plus grand nombre en France après Paris, notamment le musée d'histoire de Marseille, le musée Cantini, le musée d'art contemporain, le Muséum d'histoire naturelle et le musée des beaux-arts. Faute de personnel, ils sont rarement ouverts simultanément.
Le musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM), situé sur l'esplanade du J4 et dans le fort Saint-Jean, a ouvert en 2013. Il s'agit d'un musée national et du musée le plus visité de la ville, avec 2 millions de visiteurs en 2013.
Bibliothèques
Avec 9 bibliothèques ou médiathèques municipales (soit une pour 106 000 habitants en 2019), Marseille est la ville française la moins bien lotie ; ces bibliothèques sont souvent en grève et leur gestion est décriée,. La plus importante d'entre elles, l'Alcazar, est située en centre-ville sur le Cours Belsunce. Autrefois célèbre salle de spectacle qui a vu se révéler de nombreuses stars du début du 20ᵉ siècle, le lieu est transformé en bibliothèque municipale à vocation régionale en 2004. Les huit autres sontː la bibliothèque du Merlan, la médiathèque de Bonneveine, la bibliothèque des Cinq-Avenues, la bibliothèque de la Grognarde, la bibliothèque de Saint-André, la bibliothèque du Panier, la bibliothèque de la station de métro Castellane, et la médiathèque Salim-Hatubou dans la quartier du Plan d'Aou.
Cinémas
En 2023, Marseille compte une douzaine de cinémas :2 grands multiplexes (Les 3 palmes et Le Joliette), des cinémas commerciaux de taille moyenne (Le Chambord, Le Prado, l'Artplexe, le Pathé Bonneveine et le Pathé Madeleine) et des cinémas ou salles d'Arts et Essai (Alhambra, La Baleine, Le César, Le Gyptis, Les Variétés, Le Vidéodrome 2). Le centre-ville concentre la majorité des cinémas, avec 8 cinémas sur 13, n'étant toutefois pas les plus grands d'entre-eux.
Théâtres
Le théâtre du Gymnase est un théâtre à l'italienne construit dès 1804. Au cours du 20ᵉ siècle, il fait office de salle de théâtre avec des acteurs comme Louis Jouvet, Jean Weber, mais aussi de salle de concert avec Jacques Brel, Reda Caire ou Charles Aznavour. Fermé en 1980 pour cause de vétusté, il rouvre en 1986 grâce au mécène américain Armand Hammer. Il a également été rénové en 2015 ainsi que sa façade.
La Criée est le centre dramatique national de Marseille. Ancienne criée aux poissons, le théâtre est fondé en mai 1981 et se situe au 30, quai de Rive Neuve à Marseille.
Parmi les autres théâtres de la ville : Le Badaboum Théâtre, le Théâtre Massalia, le Merlan, les Bernardines, Joliette-Minoterie, le Toursky.
Opéra et ballet
L'Opéra municipal de Marseille a été construit en 1920 à la place du Grand-Théâtre de 1786, détruit par un incendie en 1919. Il fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 13 février 1997.
Marseille abrite un ballet national depuis 1972. Dénommée à l'origine Les Ballets de Marseille, la compagnie est composée d'une quarantaine de danseurs, avec Dominique Khalfouni, ancienne étoile du Ballet de l'Opéra national de Paris, comme étoile principale.
On trouve aussi un lieu d'enseignement de la musique et de l'art dramatique, le conservatoire à rayonnement régional de Marseille.
Salles de spectacle et lieux festifs
Le Dôme est la principale salle de spectacle de Marseille. Elle peut accueillir de 1 200 à 8 500 spectateurs selon la configuration du spectacle. Depuis son inauguration en 1994, la salle a accueilli en moyenne 300 000 spectateurs par an.
Le Silo est une salle de spectacle située à La Joliette depuis 2011 sur le site d'ancien silo à céréales. Le lieu se veut dans le style des théâtres à l'italienne constitués de plusieurs balcons autour d'un parterre central. La salle offre une capacité totale de 2 050 places dont la configuration varie en fonction du type de spectacle proposé.
L'Espace Julien, situé au cours Julien, et le Moulin sont des salles d'envergures moyennes accueillant des événements complémentaires.
La Friche Belle de Mai est un lieu culturel ouvert en 1992 à la place de l'ancienne Manufacture des tabacs de Marseille. Depuis 2002, elle abrite une salle de spectacle, le Cabaret aléatoire, une salle de théâtre, de nombreux ateliers d'artistes, des terrains de sport ainsi qu'un skatepark. Depuis 2013, elle accueille également de nombreux festivals et autres événements festifs, notamment sur son vaste toit-terrasse.
Les Terrasses du Port, centre commercial ouvert en 2014 et situé à La Joliette abrite un toit-terrasse accueillant régulièrement des événements festifs avec un panorama sur la mer.
Manifestations culturelles et festivités
La ville accueille de nombreux festivals, pour beaucoup créés ces vingt dernières années :
- musique : Fiesta des Suds, Babel Med Music, Marsatac, Jazz des cinq continents, Les Massiliades ;
- cinéma et télévision : Festival international de cinéma de Marseille (FID), Festival de cinéma LGBT Provence-Alpes-Côte d'Azur, Festival miroirs et cinémas d'Afriques ;
- danse : Festival de Marseille ;
- culture : Japan Expo Sud ;
- populaire : Carnaval indépendant de la Plaine, grande parade maritime de Marseille, Universités d'été euroméditerranéennes des homosexualités.
- littérature : festival Oh les beaux jours !
Arts
Musique
À la fin du 18ᵉ siècle s'illustrent les compositeurs Domenico Della-Maria et Stanislas Champein, puis Ernest Reyer à la fin 19ᵉ siècle, ainsi que Henri Tomasi et Vincent Scotto au début du 20ᵉ siècle, le premier dans le genre néo-classique et le second dans l'opérette et la chanson française. Paul Mauriat s'est lui fait connaitre dans le genre de la Musique de variétés du 20ᵉ siècle.
Proche de New York et pionnière dans l'introduction et la diffusion du hip-hop en France, Marseille devient dans les années 1990 une des principales scènes du hip-hop français et européen. Le mouvement hip-hop arrive à Marseille depuis le centre-ville, dans les quartiers de l'Opéra, de la Gare Saint-Charles et du cours Julien, avant de s'étendre aux quartiers nord et au reste du territoire. À la fin de la décennie, le groupe de danse des Marseille City Breakers acquièrent une renommée nationale alors que le hip-hop n'en est qu'à ses balbutiements sur le Vieux Continent.
En 1993, le groupe IAM sort Je danse le mia qui connait un succès phénoménal et annonce l'âge d'or du rap marseillais. Parmi les albums les plus emblématiques de cette époque figurent Métèque et mat (1995) d'Akhenaton, L'École du micro d'argent d'IAM (1997), Chroniques de Mars (1998), compilation où figurent les principaux acteurs de l'époque, Où je vis (1998) de Shurik'n, Hier, Aujourd'hui, Demain (1999) du Troisième Œil, et Art de Rue (2001) de la Fonky Family. À travers leurs textes, ils apportent un témoignage unique sur la misère sociale et les difficultés que traversait la ville dans les années 1990, notamment dans des titres comme Demain, c'est loin (1997) d'IAM. En 1997, Faudel tourne à Marseille le clip du single Tellement N'brick qui devient par la suite disque d'argent. En 2011, le rappeur américain Flo Rida tourne une partie du clip de son single Good Feeling de l'album Wild Ones à Marseille.
À partir du début des années 2000, on note un déclin du hip-hop marseillais sur la scène française, malgré la présence d'artistes comme Psy 4 de la rime, dont sont issus Soprano et Alonzo. Il y a aussi Kenza Farah, L'Algerino, Faf Larage ou Keny Arkana. Néanmoins, le hip-hop marseillais reste aujourd'hui un vivier de créativité avec l'émergence d'acteurs comme Under Kontrol, champions du monde de Human Beatbox, ou Chinese Man Records, marque du collectif Chinese Man.
La scène rock marseillaise est représentée par Dagoba (groupe de Death metal mélodique), Eths, Warrior Kids, Oai Star ou quartiers nord.
Mêlant styles contemporains et traditionnels, Massilia Sound System, Moussu T e lei Jovents et Lo Còr de la Plana s'attachent à faire vivre la langue occitane en la mariant à des courants contemporains.
Spectacle vivant
À la fin du 19ᵉ siècle et au début du 20ᵉ siècle, Marseille est l'une ville-phare du cabaret, de l'opérette et du music-hall, comme l'atteste le succès de l'Alcazar. Parmi les grands noms de cette période, nombre d'entre eux comme Yves Montand, Tino Rossi, Alibert, René Sarvil, Vincent Scotto, Raimu, Maurice Chevalier, Gaby Deslys, Félix Mayol ou encore Fernandel débutèrent à Marseille avant de connaître le succès dans la capitale.
À Paris, on nomme alors ce mouvement l'opérette marseillaise, des spectacles à la fois joués et chantés évoquant la vie méridionale, les romances légères et jouant des stéréotypes marseillais. Parmi les œuvres les plus fameuses, citons : Au pays du soleil (1932), Trois de la Marine (1933), Un de la Canebière (1935), Les Gangsters du château d'If (1936), Le Roi des galéjeurs (1938) ou Les Gauchos de Marseille (1945).
Maurice Béjart, danseur et chorégraphe, a beaucoup contribué à la naissance de la danse moderne en France et en Belgique dans les années 1960.
Cinéma et télévision
L'histoire du cinéma marseillais est marquée par la représentation populaire construite autour de la ville. Ainsi, elle est tantôt décrite au travers de comédies, souvent dramatiques, accompagnées de leurs Marseillais populaires (la Trilogie marseillaise de Marcel Pagnol, La Bonne Étoile de Jean Boyer ou À la vie, à la mort ! de Robert Guédiguian), tantôt à travers son milieu mafieux (À bout de souffle de Jean-Luc Godard, Borsalino de Jacques Deray ou French Connection de William Friedkin),.
Henri Verneuil (1920-2002), de son vrai nom Achod Malakian, débarque à Marseille à l'âge de quatre ans, sa famille fuyant le génocide arménien en cours en Turquie. En 1996, il reçoit le César du cinéma pour l'ensemble de sa carrière.
Fils d'un docker et d'une poissonnière, Paul Carpita (1922-2009) naît dans une famille modeste. Il filme la cité portuaire, populaire et travailleuse, dans Le Rendez-vous des quais (1955), frappé d'interdiction puis censuré jusqu'en 1989, ou bien Marseille sans le soleil (1960).
René Allio (1924-1995) voit dans sa ville natale, melting-pot culturel et social contrasté, un bassin d'expérimentation sociale. Il dresse de Marseille un portrait sans concession, partagé entre fascination et critique, dans La Vieille Dame Indigne (1965), Retour à Marseille (1979) ou L'heure exquise (1980).
Robert Guédiguian (1953-), fils d'immigrés arméniens et issu du milieu ouvrier, est à l'origine du renouveau du cinéma marseillais. Se définissant comme un « cinéaste de quartier », il expose avec humour et affection des thèmes comme le racisme, la pauvreté et la drogue sur fond de désillusion sociale dans Marius et Jeannette (1997), À la vie, à la mort ! (1995) ou La Ville est tranquille (2000).
La cité phocéenne a été le siège de la saga Taxi écrit et produit par Luc Besson. Il s'agit d'une comédie policière française dont le premier opus est sorti en 1998. Le film connait un grand succès public au box-office français en cumulant 6 522 121 entrées pour le premier volet puis 10 345 901 entrées pour le deuxième.
C'est également à Marseille qu'est filmée la série Plus belle la vie, dans les studios de la Belle de Mai, et qu'est tournée la série de Netflix intitulée Marseille.
Récemment, Marseille est devenue la deuxième ville de France la plus filmée après Paris : elle a accueilli selon la mairie plus de 1 300 tournages en dix ans, dont 15 longs-métrages en 2014. En 2015, le cinéma génère 168 millions d'euros de retombées indirectes et 30 millions d'euro de retombées directes.
Littérature
Marseille a vu naître à travers son histoire plusieurs écrivains célèbres dont, parmi les plus fameux, Pétrone (14 - 66), Edmond Rostand (1868 - 1918), André Suarès (1868 - 1948), Marcel Pagnol (1895 - 1974) ou Antonin Artaud (1896 - 1948).
Fidèle à sa réputation de ville de passage et de refuge, Marseille a souvent accueilli et inspiré les voyageurs qui y ont fait escale avant de partir vers l'Orient, comme Joseph Conrad ou Arthur Rimbaud, ainsi que de nombreux écrivains fuyant les persécutions diverses du début du 20ᵉ siècle, à l'image d'Albert Cohen ou d'André Breton.
Dans l'Antiquité émergent quelques écrivains notables comme Pétrone, auteur supposé du Satyricon, Salvien de Marseille (5ᵉ siècle) ou Jean Cassien (~360/365 - ~433/435), fondateur de l'abbaye Saint-Victor de Marseille et auteur d'une œuvre doctrinale importante qui a profondément influencé le monachisme occidental du 5ᵉ siècle à nos jours.
Au cours du Moyen Âge s'illustrent les troubadours Paulet de Marseille et Folquet de Marseille (~1155 - 1231).
Robert Ruffi (1542 - 1638), écrivain et poète de langue d'oc, et Honoré d'Urfé (1567- 1625), auteur du premier roman-fleuve français, sont des figures importantes de la littérature française durant la Renaissance.
Au 19ᵉ siècle, la ville reste à l'écart de la renaissance félibréenne mais est, toutefois, le siège d'une importante littérature ouvrière en provençal, sous l'inspiration du poète Victor Gelu et dont les auteurs s'autoproclament troubaire marsihés.
Au cours de cette période, Marseille accueille et inspire des voyageurs romantiques comme Stendhal, Alexandre Dumas (qui y situe son roman Le Comte de Monte-Cristo), Gustave Flaubert, Gérard de Nerval, Victor Hugo, Théophile Gautier, Chateaubriand ou Arthur Schopenhauer (qui écrit être convaincu que « Marseille est la plus belle ville de France. Elle est tellement différente de toutes les autres. ») C'est également à Marseille que Honoré de Balzac situe la résidence de la baronne de Macumer dans Mémoires de deux jeunes mariées ou que le père de Modeste Mignon de La Bastie revient avec sa fortune retrouvée dans Modeste Mignon.
À la fin du siècle, le Marseillais Edmond Rostand écrit le célèbre Cyrano de Bergerac (1897).
Le poète Arthur Rimbaud abandonne l'écriture dans la seconde partie de sa vie pour une vie d'aventurier et de marchands. Grand voyageur, Rimbaud séjourne plusieurs fois à Marseille, carrefour de tous les continents à la fin du 19ᵉ siècle. « Dès que Rimbaud voulait aller au Moyen-Orient, il n'y avait en France qu'un seul port où des bateaux se rendaient en Égypte. Et c'était Marseille, » affirme le critique littéraire Jean-Baptiste Baronian. L'unique rencontre de Rimbaud avec le milieu littéraire marseillais s'incarne en la personne de Laurent de Gavoty, directeur en 1889 du bimensuel La France moderne, et célèbre pour avoir écrit la dernière lettre littéraire reçue par le poète français. Rimbaud a également été proche du poète marseillais Jean Lombard, et certains spécialistes notent des influences réciproques dans leur écriture. Marseille est également le dernier voyage du poète : malade en 1891, il est débarqué dans ville et accueilli à l'hôpital de la Conception où il finit ses jours.
Joseph Conrad arrive à Marseille en 1874 à l'âge de dix-sept ans dans l'espoir de devenir marin. La ville devient son port d'attache jusqu'en 1878, année où il décide de s'enrôler dans la marine anglaise. Deux de ses romans témoignent de son passage dans la cité : La flèche d'or, roman de la jeunesse, et Le frère-de-la-côte, récit d'une dernière mission dans la presqu'île de Giens.
Le dramaturge marseillais Antonin Artaud marque lui le début du 20ᵉ siècle avec Le Théâtre et son double dans lequel il développe le concept de Théâtre de la cruauté. Albert Londres, qui voyage à Marseille au même moment, écrit Marseille, porte du sud en 1927.
André Suarès publie quant à lui en 1932 son fameux Le Voyage du condottière. Le dramaturge marseillais André Roussin a aussi été directeur du théâtre de la Madeleine et membre de l'Académie française.
Le poète André Gaillard s'installe à Marseille en 1920 avant d'y mourir neuf ans plus tard. Ami des surréalistes, proche du Grand Jeu, il se lie à Léon-Gabriel Gros et Jean Ballard, avec qui il collabore activement aux Cahiers du Sud.
« Nous ne connaissions personne à Marseille où, de notre île grecque de Corfou, nous avions débarqué comme en rêve […]. Pourquoi Marseille ? Le chef de l'expédition lui-même n'en savait rien. Il avait entendu dire que Marseille était une grande ville. »
— Albert Cohen, Le livre de ma mère
Albert Cohen passe toute son enfance à Marseille, après que ses parents y ont émigré l'année de ses 5 ans pour fuir les persécutions antisémites sur l'île grecque de Corfou. Il raconte cette période de sa vie passée dans le quartier de la Plaine au sein de plusieurs de ses œuvres comme Le livre de ma mère ou Ô vous, frères humains. Au lycée Thiers, il rencontre Marcel Pagnol, avec qui il se lie d'amitié et imagine dans les hôtels chics de la Canebière une partie du récit de son roman le plus célèbre, Belle du Seigneur.
Marcel Pagnol devient célèbre avec son œuvre théâtrale la Trilogie marseillaise, composé de Marius (1929), Fanny (1931) et César (1946), qu'il adapte ensuite au cinéma. Également célèbre, son autobiographie romancée est formée de La Gloire de mon père (1957), du Château de ma mère (1957), du Temps des secrets (1960) et du Temps des amours (1977, inachevé). Enfin, son diptyque L'Eau des collines, composé de Jean de Florette et de Manon des Sources, est publié en 1963.
Walter Benjamin passe par Marseille à trois reprises : en 1926 et en 1928, puis juste avant son suicide en 1940. Près du Vieux-Port, il a pour ami le romancier et historien d'art Marcel Brion qui l'introduit auprès de Jean Ballard. La ville le fascine et il décrit ses expériences dans plusieurs récits comme Hashish à Marseille.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Marseille accueille les surréalistes avec, dans leurs rangs, André Breton qui y compose Fata Morgana, Victor Brauner, Max Ernst ou André Masson. Réfugiés dans l'attente d'un visa à la villa Air-Bel, siège du Comité américain de secours aux intellectuels créé par Varian Fry, ils reconstituent un groupe et trompent l'ennui par des cadavres exquis dessinés et la création du Jeu de Marseille, inspiré du tarot de Marseille.
Anna Seghers, fuyant elle aussi les persécutions nazies, se réfugie dans la ville où elle situe la trame de son roman Transit.
Simone de Beauvoir obtient son premier poste de professeur à Marseille en 1931, tandis que Jean-Paul Sartre est nommé dans un lycée du Havre. René Char a également vécu et étudié à Marseille au début du 20ᵉ siècle.
Dans la seconde moitié du 20ᵉ siècle, Jean-Claude Izzo et Philippe Carrese, précurseurs du polar marseillais, situent plusieurs de leurs romans noirs dans leur ville natale.
Peinture et sculpture
Pierre Puget, célébré comme « le Michel-Ange de la France » aux 18ᵉ et 19ᵉ siècles et natif de Marseille, est l'un des représentants de l'esprit classique français du Grand Siècle dans la sculpture, avec des œuvres comme Milon de Crotone ou la Vieille Charité. Il est en outre l'un des introducteurs de l'art baroque en France.
Au 19ᵉ siècle s'illustre le caricaturiste Honoré Daumier. Surtout connu pour ses caricatures d'hommes politiques et ses satires du comportement de ses compatriotes, il a changé la perception que nous avons sur l'art de la caricature politique.
Le sculpteur César, membre des Nouveaux Réalistes à partir des années 1960 et à l'origine, entre autres, du trophée de la cérémonie des César du cinéma, a grandi dans le quartier de la Belle-de-Mai. Autre sculpteur célèbre de la ville, Auguste Carli est l'auteur de l'Escalier monumental de Saint-Charles. Le designer Ora-ïto est connu pour ses créations atypiques, se voulant élégantes, futuristes, parfois humoristiques. Il commence sa carrière à la fin des années 1990 en proposant des objets imaginaires en revisitant des produits existants comme un sac à dos Louis Vuitton, une bouteille Heineken ou une mallette pour ordinateur portable Apple. De grandes marques comme Adidas, l'Oréal, Davidoff, Nike, ou Guerlain vont rapidement s'intéresser à ses créations et le sélectionnent pour designer différents projets. En 2013, il crée un espace d'exposition contemporaine, le MaMo, au sommet de la Cité Radieuse du Corbusier.
Aux entrées nord et sud du tunnel autoroutier de Saint-Antoine, se trouve une œuvre du sculpteur Jean-Marie Baumel nommée Marseille et la mer Méditerranée. Les deux sculptures représentent, au nord, Marseille avec un bateau, l'abbaye de Saint-Victor et l'hôtel de ville et, au sud, la Provence avec une allégorie de la région, le palais des papes d'Avignon et les arènes d'Arles.
La peinture marseillaise est quant à elle représentée par Adolphe Monticelli, Joseph Garibaldi, Henri Pinta ou Valère Bernard, ce dernier étant également écrivain et poète d'expression occitane. Les paysages naturels et industriels du quartier de l'Estaque ont également été une source d'inspiration pour de grands peintres français qui y ont séjourné entre 1870 et 1914, tels que Paul Cézanne, Georges Braque, Charles Camoin (de 1906 à 1910), André Derain (en 1905), Raoul Dufy, Othon Friesz (en 1907), Albert Marquet (de 1916 à 1918) et Auguste Renoir. Les œuvres impressionnistes de Cézanne, premier de ces peintres à fréquenter L'Estaque, ont eu une forte influence sur ses amis et les artistes contemporains.
À partir des années 1980, l'Art urbain arrive à Marseille en même temps que le mouvement hip-hop et se développe dans le centre-ville, au Panier ou au cours Julien. La ville accueille aujourd'hui de nombreuses associations, lieux et événements consacrés au street-art, comme le Street-Art Festival, les murs de la rocade L2, ou la Galerie Saint-Laurent.
Parmi les artistes contemporains, Marseille a vu naître Sandrot le 30 mai 1989. Cette artiste dont les sujets de prédilection sont les animaux, a réalisé en 2019 une fresque de 6 × 3 mètres représentant une baleine, visible dans le parc de Maison Blanche, mairie du Neuvième et Dixième arrondissement.
Sur les plages du Prado, les Sept Portes de Jérusalem de David Soussana symbolisent l'ouverture de Marseille vers la ville trois fois sainte. Des œuvres de l'artiste Guillaume Bottazzi qui ont été réalisées dans le quartier du Prado,, dans le Sixième arrondissement, et dans le Septième arrondissement, sélectionnées par le ministère de la Culture, sont visibles chaque année à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine. Sur la Corniche se trouve le monument aux morts de l'Armée d'Orient. Le parc du Vingt-sixième Centenaire héberge l'Arbre de l'Espérance qui symbolise la tolérance entre les religions et les communautés de la ville.
Langues
Jusqu'au début du 20ᵉ siècle, la langue principale de Marseille est le provençal ou langue d'Oc moderne selon Mistral qui a été renommé en Occitan vers 1930 pour éviter les confusions avec le dialecte de Provence appelé le « provençal ». Le dialecte utilisé est celui du maritime dans sa forme occidentale. Aujourd'hui, malgré le très fort déclin de son usage, il subsiste de nombreuses associations culturelles, écrivains et groupes de musique utilisant cette langue à Marseille (Massilia Sound System, Moussu T e lei Jovents ou Lo Còr de la Plana pour les plus réputés).
Le provençal a en outre laissé d'importantes traces dans la toponymie ou la gastronomie locale mais également dans le français très caractéristique parlé par les habitants de la ville. En effet, le parler marseillais est influencé par le substrat linguistique provençal sur lequel il s'est greffé, mais aussi par les apports linguistiques dus aux diverses immigrations.
L'accent marseillais est ainsi reconnaissable à une prononciation particulière et se distingue également par un vocabulaire propre et un grand nombre d'expressions dont certaines sont entrées dans les dictionnaires usuels. Cette forme particulière de français a donné lieu à une importante production littéraire et musicale (Marcel Pagnol, Jean-Claude Izzo, Philippe Carrese, Quartiers Nord, IAM, et cetera).
Si la langue majoritaire y est aujourd'hui le français, on parle à Marseille une multitude de langues, en raison notamment de sa position portuaire sur le littoral méditerranéen et du fait qu'elle constitue une ville d'immigation : l'arabe maghrébin et syrien, l'arménien, le kabyle, le comorien, le grec et, dans une moindre mesure aujourd'hui, l'italien et l'espagnol mais également le corse.
Gastronomie
La cuisine de Marseille s'inscrit dans le cadre de la cuisine provençale. Parmi les spécialités typiques de la ville figurent la bouillabaisse, les pieds paquets, les navettes, les chichis frégi.
Marseille est connue pour ses camions à pizza et elle est parfois considérée comme une des capitales de la pizza avec New York et Naples. Inventée à Naples au 17ᵉ siècle, la pizza se répand rapidement à Marseille à partir des années 1900, les nombreux immigrés italiens reproduisant leur savoir-faire en ouvrant des restaurants traditionnels. À l'époque où Gaston Defferre était maire de la ville, il avait autorisé les fonctionnaires municipaux à cumuler leur activité avec une autre activité relevant du secteur marchand; c'est ainsi que des camions à pizza se sont implantés dans toute la ville, permettant aux fonctionnaires municipaux de trouver une source de revenus complémentaires après leur journée de travail.
Les navettes, patisseries au beurre parfumées à l'eau de fleur d'oranger, ont été créées en mémoire des premiers chrétiens arrivés en bateau de terre sainte à Marseille avec Marie-Madeleine qui aurait passé sa première nuit à proximité de la basilique saint Victor. Elles sont bénies le jour de la Chandeleur, mais les meilleurs artisans de la ville en fabriquent chaque jour.
Le pastis, alcool à l'anis lancé sur le marché par Jules-Félix Pernod en 1918,, puis commercialisé en 1932 par Paul Ricard, est la boisson emblématique de la ville ainsi que, dans une moindre mesure, l'anisette Cristal. Très populaire dans le Nord et l'Est de la France, l'amer Picon a également été créé à Marseille.
Symboles et devise
Les vicomtes de Marseille arboraient initialement la croix des comtes de Forcalquier que l'on retrouvera ensuite sur les monnaies médiévales frappées à Marseille.
Le drapeau de Marseille a la particularité d'être très largement antérieur à son blason. La croix est une référence aux drapeaux des Croisés, tandis que l'azur est la couleur de la ville. Attesté depuis le 12ᵉ siècle, c'est l'un des plus vieux drapeaux français et européens. La première représentation conservée des armoiries de Marseille date, elle, de la fin du 12ᵉ siècle.
Les armoiries sont supprimées le 21 juin 1790 sous la Révolution car jugées associées à la noblesse. L'ancien écusson est à nouveau utilisé à partir de 1809 sous le Premier Empire.
La devise officielle de Marseille est « Actibus immensis urbs fulget massiliensis » : en français « La ville de Marseille brille par ses hauts faits » et en provençal « De grands fachs resplende la ciutat de Marselha ». Elle date de 1257 et s'écrivait à l'époque en provençal médiéval « De grands fachs resplend la cioutat de Marseilles ». Elle a pris en 1691 sa forme actuelle en latin.
D'autres devises ont également existé : « Sub cujus imperio summa libertas » (devise antérieure à la prise de Marseille par Louis 14 en 1660, qui se traduit par « Sous quelqu'empire que ce soit liberté entière »), « Victor deffend verrauoment Marseille et lous cioutadans », « Massiliam vere victor civesque tuere » (1691), « Fama volat » (1704), « Illustrat quos summa fides » (1705), ou encore « Eximia civitas » (1816),.
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