Mens est une commune française, située dans le département de l'Isère en région Auvergne-Rhône-Alpes. Son nom se prononce comme « mince » (en API [mɛ̃s]).
Ses habitants sont appelés les Mensois.
Histoire
Antiquité et Moyen Âge
Le Trièves était habité par les Tricores, une tribu Voconce qui s'est romanisée sous la domination romaine.
À l'époque impériale il existait, approximativement à l'emplacement de l'actuel village, un marché appelé Forum Neronis, créé par le général romain Tiberius Néron, pontife de Jules César vers 55 av. J.-C..
Au Moyen Âge, le village est fortifié. Une famille anglaise Mens l'a fortifiée en se dirigeant sur Jérusalem. Elle a ainsi participée à mettre hors de Provence les Sarrasins. L'actuel quartier historique de Mens en rappelle l'étendue. L'église primitive du 11ᵉ siècle est développée d'abord par les Templiers au 12ᵉ siècle, puis au 14ᵉ siècle.
Au 13ᵉ siècle, Mens devient véritablement la capitale du Trièves, avec son marché hebdomadaire où les cours des denrées et des bestiaux étaient fixés. La prospérité de Mens tient aussi à son artisanat, alors très actif : cloutiers (petit filon de fer à Montvallon), potiers, tuiliers (veines d'argile) et surtout tisserands (laine, lin et chanvre surtout). Les toiles à voile sont réputées et vendues jusqu'à Beaucaire. Pendant cette période, le commerce est plus axé sur le Midi et le Diois que sur Grenoble (manque de voies de communications).
Temps Modernes
Au temps de la Réforme
Au 16ᵉ siècle, le connétable Lesdiguières devient gouverneur du Dauphiné en 1612. Chef militaire hors pair, diplomate et négociateur habile, qualifié par Henri IV « de rusé comme un renard », François de Bonne de Lesdiguières fait de Mens une place forte du protestantisme. En 1573, ce protestant convaincu a fait de Mens son bastion militaire, dissuadant les attaques des troupes catholiques. Dès le milieu du 16ᵉ siècle, un temple est édifié dans le bourg, qu'on surnomme désormais "la petite Genève des Alpes".
Le village compte alors 1200 habitants dont 90 % de protestants. Alors que les guerres de religion opposant catholiques et protestants sévissent en France, Mens fait exception.
Révocation de l'édit de Nantes
En 1685, avec la Révocation de l'édit de Nantes, le catholicisme s'impose et 300 protestants mensois, sur 1 200 habitants, choisissent l'exil. D'autres poursuivent leur culte dans la clandestinité.
Le parlement de Grenoble cherche à nettoyer ce nid de protestants et envoie régulièrement ses troupes. Beaucoup de huguenots sont inquiétés, mis en prison ; les femmes envoyées au couvent. Jean Bérenger, que l'on appelle le pasteur Colombe, responsable de la « Religion Prétendue Réformée » sur tout le Dauphiné, est condamné deux fois à mort par contumace. Il est brûlé en effigie sur la place du Breuil.
Patrimoine religieux: ancien bastion du protestantisme en Dauphiné, Mens garde ses deux clochers (église catholique et temple protestant), ainsi que de nombreux cimetières privés, tous protestants, datant de l'époque où les Réformés n'avaient pas le droit d'enterrer les leurs en terre « chrétienne » ; il y a aussi deux cimetières publics, l'un catholique et l'autre protestant.
Époque contemporaine
Le 18ᵉ siècle
Avec l'édit de tolérance en 1787, et surtout avec le Premier Empire, la liberté de religion est rétablie, mais la ferveur des fidèles a beaucoup faibli.
Le 19ᵉ siècle
Un jeune évangéliste, Félix Neff, arrivé de Genève en 1821, ranime alors le protestantisme en Trièves. C'est l'initiateur de « l'École modèle », longtemps la seule école normale protestante de France, qui fonctionne de 1834 à 1914.
Dès lors, Mens se développe comme nœud de communications, mais aussi grâce à son activité de tissage du chanvre. Une usine de soie est construite en 1895 et fermera ses portes en 1962. Aujourd'hui, le tourisme a permis de compenser l'exode rural, et Mens attire désormais des citadins séduits par le calme et la nature préservée du Trièves.
Le 20ᵉ siècle
Mens est proche des maquis, notamment celui du Pas de l'Aiguille où sont plusieurs jeunes Mensois.
Des familles juives ont été accueillies dans la région.
Edouard Arnaud, maire de Mens et propriétaire du « Café des Arts » est arrêté par les Allemands pour fait de résistance en juillet 1944. Il est envoyé au camp de Neuengamme où il meurt d'épuisement le 29 janvier 1945 ; il sera, malgré son absence, élu maire aux élections de mai 1945, Mens ne connaîtra son décès qu'en juin 1945.
Toponymie
Plusieurs hypothèses sont avancées quant à l'origine du nom de la localité.
Selon certaines, son nom serait attesté sous la forme Menz au 12ᵉ siècle. Menz serait alors un nom de personne gaulois Mincios, Mincius, pris absolument, sous-entendu *Mincium fundum.
Pour d'autres, Mens se serait appelée Saint-Mens.
Une chose est certaine : Mens porte déjà son nom actuel au Haut Moyen Âge.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- Dans le vieux bourg, sur la place de la Halle, la halle de Mens du 15ᵉ siècle et la fontaine sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 23 mai 1961,.
- La fontaine de la place de la Mairie est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 23 mai 1961, ainsi que la fontaine de la place Paul-Brachet.
- L'église de l'Assomption de Mens, bâtie en 11ᵉ et 12ᵉ siècles et modifiée en 19ᵉ siècle, est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 19 mai 1987.
- Dans le vieux bourg, les deux devantures et le décor intérieur du Café des Arts sont partiellement inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 23 janvier 1989.
- La ferme du Thau est labellisée Patrimoine en Isère.
- Église Notre-Dame, dans le vieux bourg
- Dans le vieux bourg, temple protestant : ancienne maison de Lesdiguières, aménagée en temple en 1825-1826.
- Dans le village, école modèle protestante. Fondée au 19ᵉ siècle pour former des instituteurs, elle abrite maintenant un centre de gérontologie.
- Pierre des sacrifices, curieuse pierre située au pied de la montagne de Châtel, à 3 kilomètre du bourg.
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Patrimoine culturel
- Musée du Trièves, créé en 1999 et situé dans le bourg
- Centre écologique Terre vivante, à 5 kilomètre du bourg. Unique en France, ce centre présente des techniques et modes de vie respectueux de l'environnement et de la santé de l'homme (jardinage biologique, habitat sain, énergies renouvelables, efficacité énergétique, épuration écologique). Il publie une revue Les 4 saisons du jardin bio ainsi que de nombreux livres.
Évènements culturels
- Foire du Premier mai (existe depuis le 13ᵉ siècle, par édit du Dauphin).
- Festival de randonnées dernier week-end de juin (VTT, cyclotourisme, randonnées pédestres et équestres).
- Rallye du Trièves, chaque premier weekend du mois d'août. (Rallye automobile organisé par l'ASA Dauphinoise. )
- Festival de musique « Mens Alors ! » en août.
- Foire de la Transition en septembre.
- Festival des jeux en novembre.
- Foire du 15 août.
Personnalités liées à la commune
- Le pasteur Colombe, (1731-1813), fut un chef prédicant célèbre du temps de la clandestinité pour la religion réformée. Condamné à mort par contumace, brûlé en effigie sur une place à Mens, il fut président du synode des églises du désert dans le Dauphiné. Il est le père du Comte Jean Bérenger, personnalité d'influence sous le Premier Empire.
- Le comte Jean Bérenger, (1767 à Tréminis - 1850). Pair de France. Instigateur, avec Lucien Bonaparte du Coup d'état du 18 Brumaire, et l'un des principaux inspirateurs de la Cour des comptes.
- Félix Neff, né le 8 octobre 1798 à Genève et mort le 12 avril 1829 dans la même ville, est un pasteur protestant suisse qui exerça la quasi-totalité de son ministère en France, essentiellement dans le Dauphiné, où il œuvra en tant qu'évangéliste, enseignant, agronome et ingénieur.
- Jules Bérenger, né en 1803. Premier magistrat protestant dans l'histoire de la Cour des comptes (nommé par Louis-Philippe, en 1834).
- Callixte Accarias, né à Mens en 1831, juriste professeur de Droit romain à la faculté de Droit de Paris, inspecteur général des Universités.
- Pierre Richard-Willm (1895-1983), acteur français des années 1930 et 1940.
- Philippe Huet (1920-1994), Inspecteur des Finances, Président du SEITA et des Charbonnages de France.
- Jean Ripert (1922-2000), économiste et diplomate.
- Pierre-Patrick Kaltenbach (1936-2014), descendant du Comte Jean Bérenger, magistrat à la Cour des comptes, spécialiste de la moralisation des finances publiques, président de l'Institut national d'études démographiques (INED), du Fonds d'action sociale pour l'insertion des immigrés (FAS), membre de la commission de réforme du Code de la nationalité et de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), président des Associations familiales protestantes.
- Clémentine Portier-Kaltenbach (1962-), historienne, auteure et journaliste de presse et de télévision.
Héraldique
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Blason
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Parti: au 1er de gueules au lion contourné d'argent, au 2e d'or au dauphin d'azur barbé, oreillé, lorré et peautré de gueules; le tout sommé d'un comble d'argent chargé de l'inscription « Mens en Trièves » de sable accostée de deux trèfles à quatre feuilles de sinople.
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Détails
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Adopté le 25 février 2016.
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