Mirebeau est une commune du Centre-Ouest de la France, située dans le département de la Vienne en région Nouvelle-Aquitaine.
Son dicton est « il en passe plus qu'il n'en reste ». car il se tenait dans ce bourg du Poitou surnommé « pays des ânes », un important marché aux ânes. Ses habitants sont appelés les Mirebalais.
Histoire
Contrairement au découpage actuel, où la région Nouvelle-Aquitaine présente au nord du département de la Vienne une excroissance pour englober Loudun, au Moyen Âge et jusqu'à la Révolution française, c'est le Saumurois et l'Anjou qui s'enfoncent dans le Poitou actuel englobant Loudun jusqu'à Mirebeau au sud.
Ainsi le comte d'Anjou Foulques Nerra (970-1040) conquiert Mirebeau et y fait construire un château. Son fils, Geoffroy II d'Anjou, après sa victoire à la bataille de Moncontour en 1033, retient prisonnier pendant cinq ans Guillaume VI d'Aquitaine, duc d'Aquitaine et comte du Poitou. C'est à partir de cette date que Mirebeau, comme seigneurie, appartient au comté d'Anjou jusqu'en 1790.
À la mi-juillet 1202, la reine Aliénor d'Aquitaine est bloquée par l'armée du roi de France commandée par le duc de Bretagne Arthur premier de Bretagne, petit-fils d'Alienor. Il prend la ville, et s'apprête à donner l'assaut au château où s'est réfugiée Aliénor lorsqu'elle est sauvée par l'arrivée de son fils Jean sans Terre, le Premier août. Jean, prenant à revers les troupes d'Arthur, les anéantit et capture son neveu qu'il tuera dans sa prison en avril 1203 (une des versions de la mort d'Arthur).
En 1429, durant son trajet pour Orléans, pour mettre fin au siège, Jeanne d'arc passera une nuit a l'auberge de Mirebeau, aujourd'hui toujours visible, place de la poterie.
Le château a été reconstruit pour Jean de Moulins de Rochefort - secrétaire du roi Louis XI, échevin et maire de Poitiers - avec l' l'accord du duc d'Anjou du 10 mars 1474.
Au 14ᵉ siècle, Mirebeau est érigée en baronnie relevant, avec Moncontour, de la sénéchaussée d'Angers. La baronnie de Mirebeau comportait 114 fiefs.
Le couvent des franciscaines est fondé en 1411, puis réorganisé en 1616. En 1551 furent créés les présidiaux. La baronnie de Mirebeau, possédant une justice seigneuriale, formait une enclave relevant toujours de la sénéchaussée d'Angers, transformée en présidial d'Angers en 1551.
En 1558, durant la deuxième guerre de Religion la ville est prise par les papistes.
Lorsque fut créé la sénéchaussée de Saumur en 1572, le Mirebalais en fit partie, mais Mirebeau continua à être sous le présidial d'Angers.
En 1628, la baronnie de Mirebeau fut acquise par le cardinal de Richelieu et unie en 1631 au duché-pairie de Richelieu, et dont le tribunal ducal relevait à la fois du Parlement de Paris et de la sénéchaussée de Saumur.
En 1789, lors de la Révolution française, l'Assemblée constituante ordonne la création de départements. Les cités de Mirebeau et de Moncontour sont rattachées au département de la Vienne. Les habitants de Mirebeau accueillent favorablement les avancées de la Révolution française. Ils plantent ainsi un arbre de la liberté, symbole de la Révolution. Il devient le lieu de ralliement de toutes les fêtes et des principaux événements révolutionnaires, comme le serment de haine à la royauté.
Le château est transformé en prison pour hommes pendant la Révolution, puis devient une ferme.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, un camp de prisonniers de l'armée d'Afrique est établi par les Allemands à Mirebeau : ils sont affectés aux travaux agricoles dans le canton. Progressivement, ils sont renvoyés en Afrique par l'occupant ; un certain nombre d'entre eux ont disparu.
Toponymie
Le nom de la ville découle du latin Mirabellum qui désigne un lieu d'où l'horizon est bien visible.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Patrimoine civil
- L'emplacement du château construit pour Foulques Nerra au 11ᵉ siècle et détruit en 1621 sur l'ordre de Richelieu.
- Les vestiges des anciens remparts de la citadelle ont été inscrits monument historique 23 octobre 1941, ainsi que l'ensemble de la forteresse d'agglomération datée des 17ᵉ siècle et 18ᵉ siècle.
- Le château situé au lieudit Rochefort a été construit à partir de 1475 pour remplacer un château plus ancien détruit par un incendie. Il a été réaménagé au 17ᵉ siècle. Inscrit monument historique le 30 octobre 1925, il est en cours de restauration. Il comporte une écurie une remise, un four à pain et une chapelle. Le bâtiment à deux étages en pierre de taille et calcaire est desservi par un escalier hors-œuvre.
- La grange aux Dîmes daterait du 13ᵉ siècle. Une tourelle et une maison du 15ᵉ siècle une maison du 17ᵉ siècle ont été inscrites monument historique le 18 février 1927. Six autres maisons remonteraient au 15ᵉ siècle ainsi que le lavoir de la Fontaine aux Femmes et la fontaine de la rue du Baconnet.
- De nombreuses maisons, un pigeonnier carré à la Fouleresse et un moulin à la Roche-Bridier datent du 18ᵉ siècle.
- L'habitat refuge cavernicole : ce refuge souterrain pouvait accueillir les populations lors des conflits. Il se compose d'une salle de garde, d'un four intérieur, d'une cheminée, d'un pigeonnier seigneurial, d'une écurie.
- Le musée du Haut-Poitou : ce musée d'art et tradition populaire expose des outils anciens et des objets de la vie quotidiennes des campagnes poitevines. 4000 objets sont présentés dont une scie circulaire de 1860 en état de marche, un ensemble de distillerie de 1890, des moteurs de lave-linge de 1830 à 1948, des photocopieurs de 1905 et plus de 400 poupées en porcelaine. Une grande maquette animée de 100 mètres carrés présente l'évolution de la ville de Mirebeau du 12ᵉ siècle au 20ᵉ.
- Le musée Georges-David. C'est un petit musée consacré à un horloger-écrivain-poète-musicien qui dépeint la vie provinciale au 19ᵉ siècle.
Patrimoine religieux
- L'aumônerie Saint-Jean est datée de 1185.
- La collégiale Notre-Dame ou église Notre-Dame de Mirebeau est une église à trois vaisseaux en forme de croix latine reconstruite au 19ᵉ siècle. De l'église du 12ᵉ siècle détruite en 1568 durant la deuxième guerre de Religion, reconstruite en 1573, il ne reste que les deux travées formant l'actuelle sacristie. On peut remarquer sur l'un des vitraux le blason de Karol Wojtyla (plus connu sous le nom de Jean-Paul II) qui fit une donation à l'église. Sur la façade, on peut remarquer aussi deux statues de saints.
- Le prieuré Saint-André fondé entre 1051 et 1053 a été inscrit comme monument historique en 1926 pour sa salle capitulaire (mais pas l'église actuelle construite au 19ᵉ siècle), tandis que les bâtiments formant l'ancien prieuré l'ont été en 2003. Il contient une statue de la Vierge à l'enfant en bois peint doré du 12ᵉ siècle, un fragment de retable peint et deux groupes de cinq stalles du 15ᵉ siècle et une chaire à prêcher du 17ᵉ siècle.
- Le couvent dit des Clarisses fondé au 15ᵉ siècle dont il reste l'ancien logis abbatial, une tourelle à mâchicoulis et la chapelle inscrite monument historique le 9 juillet 2003. Une de ses portes de style Renaissance l'a été dès 1932. La chapelle a été remaniée au 18ᵉ siècle mais a conservé sa charpente lambrissée du 15ᵉ siècle.
- De l'église Saint-Pierre qui a été fermée en 1760 et démolie en 1778 ne subsiste que le chœur daté du 12ᵉ siècle.
- L'église de Bournezeau construite à la fin du 16ᵉ siècle possède un portail qui a été inscrit monument historique le 4 octobre 1932.
- L'église paroissiale Notre-Dame située au lieudit Seuilly daterait du 12ᵉ siècle.
- C'est sur l'emplacement de l'église Saint-Hilaire qu'a été construite la mairie. De cette église qui aurait existé dès le 10ᵉ siècle, il ne reste que des vestiges de l'abside paraissant dater du 12ᵉ siècle.
- La chapelle Notre-Dame de Seuilly date du 18ᵉ siècle.
- Le calvaire de Gâline situé à un kilomètre de Mirebeau, la long de la route départementale D 7, en allant vers Champigny. C'est un étrange monument bâti par un curé un peu fou, au début du 20ᵉ siècle. Il est composé de trois tableaux : la Montée du Golgotha, la Crucifixion, la Mise au tombeau. Ces scènes regroupent treize personnages grandeur nature qui résument les derniers instants de la vie du Christ.
Patrimoine environnemental
Les plaines du Mirebalais et du Neuvillois
- Les plaines du Mirebalais et du Neuvillois qui couvrent 100 % du territoire communal sont classées comme zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).
La carrière souterraine de la Boule d'Or
La carrière souterraine de la Boule d'Or est située à quelques kilomètres à l'est de Mirebeau. C'est une ancienne carrière de tuffeau (ou craie dure du Turonien) qui a été creusée dans le calcaire dont l'exploitation a été abandonnée depuis plusieurs décennies. Cette cavité, instable et dangereuse, est, de nos jours, un site important dans le département de la Vienne pour l'hibernation des chiroptères dont sept espèces ont été recensées au cours de la première décennie du 21ᵉ siècle. Deux espèces présentent des effectifs significatifs : le Grand rhinolophe (200 individus) et la Barbastelle (10 individus). Ces deux espèces sont accompagnées du Grand Murin, du Murin à moustaches, du Murin à oreilles échancrées, du Murin de Daubenton et du Petit rhinolophe.
Personnalités liées à la commune
- Paul-Marie Coûteaux, député européen et écrivain, réside à Mirebeau.
- Guillaume Poulle (1861-1937), sénateur de la Vienne de 1906 à 1927. Maire adjoint en 1898 et conseiller général pour le canton de Mirebeau en 1899, et maire de Cherves.
- Maurice Aguillon, député et résistant mort en camp de concentration, né à Mirebeau.
- Georges David, horloger et écrivain.
- Jules Auriault, historien, auteur de neuf livres sur « La Sainteté aux origines du christianisme », publiés de 1900 à 1909.
- Jean Raffarin, né le 23 mars 1914 à Vouzailles (canton de Mirebeau), a donné son nom à l'école primaire de Mirebeau.
- Jean-Louis Riguet, écrivain né à Mirebeau.
Héraldique
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Blasonnement : Écartelée de gueules au pal d'argent et d'argent à la fasce de gueules.
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