Moncontour est une commune du Centre-Ouest de la France, située au nord-ouest du département de la Vienne en région Nouvelle-Aquitaine.
C'est le lieu de la bataille de Moncontour qui, à l'extrême sud-est de l'Anjou, opposa en 1569 les protestants aux catholiques de l'armée royale. La commune est aujourd'hui connue pour sa base de loisirs et son plan d'eau.
Histoire
En 769, Charles, qui deviendra quelques années plus tard Charlemagne, a réprimé la révolte de l'Aquitaine menée par Hunaud (Hunold) sur le territoire de la commune de Moncontour (Duasdives tel que le mentionnent les annales d'Éginhard). Carloman a délaissé son frère Charles au moment où les deux armées devaient agir de concert (conformément à une loi franque) pour juguler cette révolte. Il espérait que Charles serait défait et qu'il pourrait recueillir tout seul l'héritage de leur père Pépin le Bref. La victoire nette de Charlemagne à la bataille de Moncontour lui a permis de prendre à son frère l'Aquitaine orientale (il avait hérité de l'Aquitaine occidentale) ; c'est le début de l'ascension de Charlemagne.
La cité est à la frontière de l'Anjou après 1034 et la victoire de Geoffroy II d'Anjou, fils de Foulques Nerra, sur Guillaume VI, duc d'Aquitaine. Les trois cités de Moncontour, Mirebeau et Loudun furent cédées au comte d'Anjou, tout en restant dans le diocèse de Poitiers.
Moncontour possède alors une famille seigneuriale, dont l'héritière Fossifia/Fossilia/Falsifie, fille probable de Pierre de Moncontour, épouse Geoffroy de Rancon :
- leur fille Bourgogne de Rancon († après le 11 avril 1169), dame de Fontenay, transmet Moncontour à son mari Hugues VIII de Lusignan, épousé avant 1140 et † après 1164 prisonnier au Proche Orient.
- Leur fils cadet Geoffroy premier de Lusignan (v. 1150 † 1216), comte de Jaffa et d'Ascalon, seigneur de Moncontour, aussi de Mervent et de Vouvant. Marié en secondes noces avec Eustach(i)e Chabot, il laisse ses biens à son fils aîné Geoffroy II de Lusignan (surnommé Geoffroy à la Grand Dent dès le 16ᵉ siècle) qui décède en 1247/48. Ses trois enfants qu'il a eu, peut-être, avec sa seconde femme Aude n'héritent pas de ses fiefs.
- Hérite alors la nièce de Geoffroy II, Valence de Lusignan, fille du frère cadet de Geoffroy, Guillaume II de Valence seigneur de Mouchamps, et de Marquise/Belle-Assez de Mauléon, fille de Savary de Mauléon et de Belle-Assez de Pareds. Valence de Lusignan transmet les fiefs de cette branche des Lusignan : Valence, Vouvant, Mervent, Mouchamps, Parc-Soubise, Châtelaillon, Soubise et Moncontour, à son mari, épousé vers 1247, Hugues II de Parthenay-l'Archevêque, † 1271.
Dans la seconde moitié du 14ᵉ siècle, on trouve Moncontour et Marnes aux mains de Renaud de Montbazon (vers 1325-1383), seigneur aussi de Montsoreau, Villandry/Coulombiers, Savonnières et du Brandon, mari de Jeanne/Aléonor (petite-fille d'Amaury III de Craon ; héritière de Ste-Maure, Nouâtre, Ferrière-Larçon, Ferrière(s), Verneuil, Précigny, Châteauneuf et Jarnac).
- Leur fille Jeanne de Montbazon épouse un cousin, Guillaume II de Craon (vers 1342/1345-† 1410), vicomte de Châteaudun et seigneur de Marcillac, petit-fils d'Amaury III de Craon :
- une de leurs filles, Marie de Craon, épouse en 1404 Louis Ier Chabot de La Grève et de Chantemerle (~1370-1422) et lui apporte Jarnac, Montsoreau, Villandry, Savonnières, Le Grand-Pressigny, Verneuil-sur-Indre, Ferrière-Larçon, Ferrière(s), Marnes et Moncontour. Leur fils aîné Thibaut X Chabot de La Grève (~1404-† 1429 à la bataille de Patay) épouse en 1422 Brunissende d'Argenton, d'où le partage de leurs fiefs entre leur fils Louis II Chabot de La Grève de Pressigny et leurs deux filles Jeanne Chabot de Montsoreau et Catherine Chabot de Moncontour.
- Catherine Chabot marie en 1445 Charles II de Châtillon-(Porcéan) (1413-vers 1480/1482), dont le quadrisaïeul était le connétable Gaucher V, d'où la suite des Châtillon sires d'Argenton-Château, La Grève, Chantemerle, Bouville et Farcheville, et Moncontour, ducs-et-pairs de Châtillon à Mauléon/Châtillon-sur-Sèvre en 1736, et des Châtillon sires de Marigny.
Moncontour est fortifié par les comtes d'Anjou. En 1370, les Poitevins, dépendant des Anglais, s'emparèrent de la place forte, mais Du Guesclin la reprit en 1372.
Le 5 octobre 1569, les catholiques, conduits par le duc d'Anjou (futur Henri III), y tiennent en échec les protestants de Coligny lors de la sanglante bataille de Moncontour (environ 17 000 morts). La plaine en a gardé le nom "La vallée Rouget".
Sous l'Ancien Régime, la baronnie de Moncontour dépend de la sénéchaussée de Saumur, comme sa voisine Mirebeau.
Comme une grande partie du reste de la France, Moncontour accueille favorablement les avancées de la Révolution française. Elle plante ainsi son arbre de la liberté, symbole de la Révolution. Il devient le lieu de ralliement de toutes les fêtes et des principaux événements révolutionnaires, comme l'anniversaire de l'exécution de Louis XVI ou le serment de haine à la royauté et de fidélité à la constitution de l'An III. Un peu plus tard, pour suivre le décret de la Convention du 25 vendémiaire an II invitant les communes ayant des noms pouvant rappeler les souvenirs de la royauté, de la féodalité ou des superstitions, à les remplacer par d'autres dénominations, la commune change de nom pour Montagne-sur-Dive.
En 1972 avec la création l'année précédente du statut de commune associée, la ville de Messais fusionne avec Moncontour, suivi en 1973 de Saint-Chartres et Ouzilly-Vignolles.
Toponymie
Le nom de la commune proviendrait du latin Mons consularis qui signifie le « mont du comte », en référence à Foulque Nerra.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Patrimoine civil
- Ancienne forteresse construite vers 1040 par Foulques Nerra (965/970 - 1040), le donjon de Moncontour des 12ᵉ et 15ᵉ siècles est classé au titre des monuments historiques depuis 1877. Les vestiges du château et de l'église sont inscrits comme monument historique depuis 1995. Le donjon a subi de nombreux sièges. La toiture a été reconstituée dans le cadre de la restauration ainsi que l'escalier intégré dans l'épaisseur des murs. La vue depuis le sommet est superbe. D'autres éléments de défense sont encore visibles : mâchicoulis, bretèches, meurtrières ; fragments d'enceinte 12ᵉ et 14ᵉ siècles. Une légende raconte que le donjon aurait été élevé en un jour par la fée Mélusine.
- Base de loisirs installée autour d'un lac de 10 hectares.
- Le sentier des lavoirs. Il fait environ 2 kilomètre. La ville comptait jusqu'à 80 lavoirs. Des 35 lavoirs recensés sur la Dive nord, 18 sont couverts de tuile et d'ardoise et ont été rénovés en 1998. Il est possible de voir un lavoir à plancher mobile. Un treuil et une manivelle reliés au plancher mobile permettent d'adapter ce dernier au niveau de l'eau et de l'utiliser malgré les fluctuations de niveau de l'eau de la rivière.
- La commune propose aussi quinze sentiers représentant 350 kilomètre de chemins balisés : le sente de l'eau vive de 4,5 kilomètre permet de découvrir la vie sauvage, la flore, la faune aquatique au cœur du marais; la sente divine permet, quant à elle, de faire le tour du pays loudunais en 50 kilomètre.
Patrimoine religieux
- Église Notre-Dame de Moncontour.
- L'église Saint-Nicolas de Moncontour est une église romane au lourd clocher bas, couronné d'une courte flèche aiguë. L'église est inscrite comme monument historique depuis 1985. À l'origine, l'église était dotée d'un transept. Elle se compose aujourd'hui, d'une nef autrefois charpentée et percée de douze hautes baies en plein cintre. Le chœur est prolongé par une abside semi-circulaire. La façade occidentale possède portail du 12ᵉ siècle très dégradé. Le côté nord comporte des contreforts et un petit portail latéral de trois voûtes sculptées en plein cintre. des modillons surmontent le portail et d'autres sont présents sur la corniche du chœur et sur le clocher. Ce dernier, situé sur le croisillon nord a été remanié au 15ᵉ siècle. La voûte a été restaurée au 19ᵉ siècle. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historique en 1985.
- L'église Saint-Philibert de Messais est un édifice qui fut construit sur des fondations romaines mises au jour lors de fouilles réalisées au début du 20ᵉ siècle. Le prieuré date du 9ᵉ siècle. En 854, le roi Charles le Chauve fit don aux moines de l'abbaye Saint-Philibert du domaine. Ceux-ci étaient originaires de Grand-Lieu de Noirmoutier. Ils avaient été chassés par les Normands. Ils restèrent à Messais de 854 à 871 avant de partir pour Saint-Pourçain (département de l'Allier en Auvergne). L'édifice actuel date des 12ᵉ et 14ᵉ siècles. Son plan est simple : il se compose d'une seule nef et d'un chevet plat. Sa façade occidentale présente un portail avec des colonnettes supportant un arc brisé à deux voussures. Le chœur est presque carré. Il présente une voûte très archaïque. Autour de l'église, trois cimetières ont été dénombrés. Dans l'un d'eux, un sarcophage du 5ᵉ siècle a été exhumé et est présenté à la porte de l'église.
- L'église Sainte-Juliette-et-Saint-Cyr de Saint-Chartres a été construite au cours des 12ᵉ, 15ᵉ et 19ᵉ siècles. Saint Cyr est le fils de sainte Juliette, tous deux martyrisés en 303 à Tarse. L'église se compose d'une tour carrée romane qui sert de base au clocher, d'une nef autrefois charpentée, d'un chœur et d'une abside voûtée en plein cintre, d'une collatérale qui a été ajoutée au 15ᵉ siècle. La coupole nervurée de la nef et ses modillons sculptée de feuilles et de motifs géométriques réutilisés en façade permettent de la dater du 12ᵉ siècle. Dans l'allée centrale de l'église, des pierres tombales portent des inscriptions. Des sarcophages auraient été trouvés lors de travaux de restauration réalisés au 19ᵉ siècle, notamment lorsque les murs de l'église furent abattus.
- Une croix hosannière est dans le cimetière de Messais. Elle est en pierre du pays. Elle est haute de quatre mètres. Elle est inscrite comme monument historique depuis 1986. Les croix hosannières tirent leur nom de l'hébreu "hosanna". Ce mot est le premier d'une hymne chantée le dimanche des Rameaux. Les villageois, ce jour-là, se rendaient en procession jusqu'au cimetière et se réunissaient au pied du calvaire où ils chantaient l'Hosanna.
- Tout comme Messais, Saint-Chartres possède aussi une croix hosannière, en pierres provenant de la carrière des Roches. La croix date du 14ᵉ ou 15ᵉ siècle. Elle est inscrite comme monument historique depuis 1986.
Patrimoine naturel
Certains espaces naturels de la commune ont un intérêt écologique reconnu, et sont ainsi classés en tant que zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). Ces espaces couvrent 85 % de la surface du territoire communal. Il s'agit:
- de la butte de Lauray,
- des coteaux de Chollet,
- de la plaine de Saint-Jean-de-Sauves,
- de la plaine d'Oiron à Thenezay,
- des plaines du Mirebalais et du Neuvillois.
Deux sites sont aussi classés en tant que zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO). Il s'agit :
- des plaines de Saint-Jouin et d'Assais-les-Jumeaux
- de la plaine de Saint-Jean-de-Sauves.
Les sites suivants sont aussi classées par Directive oiseaux qui assure la protection des oiseaux sauvages et de leurs biotopes sur 62 % de la surface communale :
- de la plaine d'Oiron à Thenezay,
- des plaines du Mirebalais et du Neuvillois.
Des espaces naturels de la commune bénéficient d'une protection par maîtrise foncière. Ce les espaces naturels sensibles (ENS) qui couvrent 3 % de la surface communale :
- la butte de Lauray,
- les coteaux de Chollet,
- le Font Rivaud,
- la vallée de la Dive.
Selon l'Inventaire des arbres remarquables de Poitou-Charentes, il y a trois arbres remarquables sur la commune qui sont :
- un orme champêtre situé au lieudit la Cure au hameau de Vignolles,
- un pin parasol à Montigny,
- un sapin d'Espagne dans le jardin public de Moncontour.
Équipement culturel
Le musée logis Terra Villa : le hameau d'Ouzilly-Vignolles demeure un exemple unique en région Poitou-Charentes par son patrimoine ethnologique. Pour construire dans ces lieux hostiles, les habitants n'avaient d'autres ressources que la terre des marais, les roseaux du marais, les granulats et l'eau. C'est ainsi que s'élevèrent à Ouzilly, des maisons en terre crue, probablement dès le 12ᵉ siècle, mises en œuvre selon la technique de la bauge. Ces constructions n'ont aucune fondation et ne montrent aucune trace d'un système de coffrage pour le montage des murs. Le procédé de construction est relativement simple, mais la connaissance des dosages des différents éléments ne peut s'acquérir qu'avec l'expérience. Ce savoir-faire a quasiment disparu de nos jours. L'ensemble de l'habitat était totalement en terre crue, « bauge », jusqu'au 20ᵉ siècle. Il reste aujourd'hui 104 maisons pour témoigner de cette technique de construction, dont la ferme des Tiveaux, inscrite comme monument historique depuis 1994.
Personnalités liées à la commune
- Honoré de Balzac visite la ville début juin 1846 en vue de l'acquisition du château de Montcontour.
- Louis Foureau de Beauregard (1774-1848), homme politique né à Moncontour.
- Pascal Thomas, né le 2 avril 1945 à Saint-Chartres, commune associée à Moncontour, réalisateur français.
Héraldique
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Blasonnement : D'or à la croix ancrée de gueules.
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