Montredon-des-Corbières est une commune française, située dans le nord-est du département de l'Aude en région Occitanie.
Sur le plan historique et culturel, la commune fait partie du Narbonnais, un pays comprenant Narbonne et sa périphérie, le massif de la Clape et la bande lagunaire des étangs. Exposée à un climat méditerranéen, elle est drainée par le ruisseau du Veyret, le ruisseau de Clottes, le ruisseau des Tines et par divers autres petits cours d'eau. La commune possède un patrimoine naturel remarquable : un site Natura 2000 (la « grotte de la Ratapanade ») et deux zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
Montredon-des-Corbières est une commune rurale qui compte 1 482 habitants en 2020, après avoir connu une forte hausse de la population depuis 1975. Elle fait partie de l'aire d'attraction de Narbonne. Ses habitants sont appelés les Montredonais ou Montredonaises.
Histoire
Fusillade du 4 mars 1976
Montredon-des-Corbières a été au cœur des manifestations viticoles des années 1970. Le mécontentement des viticulteurs languedociens était du fait de la mévente du vin (effondrement des cours) et l'importation du vin italien. Début mars 1976, la sous-préfecture, le commissariat et la gare de Narbonne sont assiégés par les manifestants, le centre des impôts et le transformateur électrique de Port-la-Nouvelle sont détruits. La tension est extrême entre le comité d'action viticole de l'Aude et les autorités à la suite de violences policières et trois arrestations effectuées le 3 mars.
Le 4 mars 1976, un barrage d'environ 3 000 manifestants est installé sur la route nationale 113 à hauteur du pont ferroviaire de Montredon qui se situe à 5 kilomètre à l'ouest de Narbonne, ceux-ci démontent les rails et brulent un train de fret.
À 13 heures 30, un premier passage de la CRS numéro 26 venant de Carcassonne et se dirigeant vers Narbonne traverse le groupe de manifestants, le dernier véhicule du convoi et l'hélicoptère de la gendarmerie qui survole le terrain essuient des coups de feu, plusieurs policiers sont blessés.
À 14 heures 30, les Compagnies républicaines de sécurité numéro 24 d'Agen sous les ordres du commandant Siméoni et numéro 26 de Toulouse sous les ordres du commandant Le Goff en alerte à Narbonne reçoivent l'ordre par le ministre de l'Intérieur Michel Poniatowski d'intervenir et de « dégager le pont de Montredon par une action brève et violente » pour rétablir l'autorité de l'État.
Les premières colonnes se forment pour mettre en place un front de charge, sous les ordres du commandant Toussaint Siméoni de la CRS numéro 24. Il est accompagné de l'officier de police judiciaire mandaté par la gendarmerie pour donner les sommations d'usage avant l'assaut.
Soudain, à 15 heures, des tirs de fusées anti-grêle puis des coups de feu retentissent en direction de la CRS numéro 26. Plusieurs hommes sont blessés, certains grièvement. Ordre est donné de se mettre à l'abri derrière les véhicules de liaisons, et de répliquer par des tirs de grenades lacrymogènes et offensives. Plusieurs centaines de viticulteurs sont déterminés ; armés de fusils de chasse de calibre 12, ils tirent à la chevrotine et à balles à ailettes depuis le pont et le promontoire surplombant la nationale 113. Les officiers et les conducteurs sont particulièrement visés.
Blessé une première fois à la jambe droite, le commandant Joël Le Goff, de la CRS numéro 26, est atteint mortellement à 15 heures 15 à la tête par une balle à ailettes de calibre 12 qui transperce son casque de part en part par un manifestant embusqué en hauteur tirant à moins de 100 mètre. Seul le lieutenant Jean-Louis Yonnet de la CRS numéro 26, sur les quatre officiers de sa compagnie engagés, n'a pas été blessé. Ce dernier organise avec le capitaine Jean-Louis Thore de la CRS numéro 24 la suite de l'évènement. Sous des tirs nourris, le corps du commandant Le Goff est transporté difficilement dans un véhicule Sinpar vers l'arrière du dispositif pour être acheminé vers l'hôpital de Narbonne.
Le commandant Siméoni, blessé grièvement au ventre, donne l'autorisation de riposter au pistolet mitrailleur MAT 49 mais refuse l'utilisation de fusil mitrailleur. Les CRS partent à l'assaut tandis que les manifestants armés se replient en tirant. À 15 heures 20, le vigneron Émile Pouytès (51 ans) d'Arquettes-en-Val est tué d'une balle de pistolet mitrailleur en plein front alors qu'il se trouve à 400 mètre de l'affrontement. À l'annonce de sa mort, la fusillade cesse vers 15 heures 30. Une dizaine d'autres viticulteurs sont blessés par balles, tandis que 25 fonctionnaires de police sont blessés dont 19 atteints par balles, chevrotines et plombs de chasse. Cette tragédie décide les organisateurs du mouvement à arrêter les actions violentes.
Dans la nuit du 8 au 9 mars, la veille des funérailles du commandant Le Goff, présidées par le ministre de l'Intérieur, deux anarchistes toulousains sont tués par leur propre bombe qu'ils voulaient lancer lors de la cérémonie. Seul un chasseur de Limoux de 47 ans sera incarcéré pour la fusillade et inculpé d'homicide ; par la suite, l'inculpation sera correctionnalisée, il bénéficiera d'une liberté provisoire puis de l'amnistie en 1981.
Héraldique
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Blason
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D'azur au lion d'argent, armé et lampassé de gueules, à la bordure componée d'argent et de gueules.
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Détails
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Le statut officiel du blason reste à déterminer.
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Toponymie
Montredon (en occitan Montredond) est basé sur le mot latin montem qui désigne un endroit élevé et sur redond qui qualifie une forme arrondie : « le mont arrondi ».
Montredon devint Montredon-des-Corbières. Afin de faire profiter la commune de la renommée du terroir viticole, le conseil municipal a demandé et obtenu l'adjonction de son terroir en 1970.
Géographie
Commune de l'aire urbaine de Narbonne située dans les Corbières.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- Château médiéval de Saint-Pierre des Clars.
Les ruines du château et les berges du Veyret, sont inscrits au titre des sites naturels depuis 1943.
- Les « Monjoies », constructions à dôme, anciens regards situés tout le long de l'ancien réseau d'alimentation en eau de Narbonne.
- Église Saint-Martin de Montredon-des-Corbières.
- Ruines du moulin du Rouc et abords, sont inscrits au titre des sites naturels depuis 1943.
Personnalités liées à la commune
André Castéra, chef de file du mouvement des vignerons dans les années 1960 à 1970, décédé le 25 décembre 2007 à l'âge de 84 ans.
André Castéra s'implique dans l'action syndicale vigneronne en 1951 en adhérant à la CGVM (Confédération générale de vignerons du Midi) dont le siège est à Narbonne. En 1967 il prend la tête de la révolte des vignerons du midi. Par milliers les vignerons assistent aux rassemblements qu'il anime à Carcassonne, Narbonne, Béziers, Nîmes. On l'appelle "le Napoléon des vignes". En 1968 il se présente aux élections législatives contre Francis Vals, député sortant et maire de Narbonne. Certains l'accusent de sympathie pour la droite, ce qu'il ne nie pas puisqu'il est un admirateur du général de Gaulle. Il est battu et retourne à son travail viticole. Le syndicalisme vigneron perdra son tribun, en effet il deviendra un sage de la viticulture à qui l'on ne manquera jamais de demander conseil. En 1976, au plus fort du mouvement des viticulteurs, un commandant de CRS — le commandant Le Goff — et un viticulteur — Émile Pouytès — perdront la vie sur le territoire de sa commune de Montredon, tués par balles. Chaque année il sera présent au moment de la remise des gerbes érigé à la mémoire des deux disparus.
C'est André Cases, son successeur à la tête du mouvement viticole et créateur du CAV (Comité d'action viticole), qui lui rendit un dernier hommage à la fin de la messe célébrée dans l'église de Montredon à l'occasion de ses obsèques.