Motreff [mɔtʁɛf] est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Histoire
Préhistoire
Une allée couverte, datant du néolithique, mais partiellement détruite, se trouve à Kervoulédic en Motreff, à la limite de la commune de Plévin.
Antiquité
Une voie romaine allant de Vorgium (Carhaix) à Quimperlé empruntait le tracé de la route actuelle passant par la Métairie Neuve en Carhaix, Tréveller, Luzuvérien, le bourg de Motreff et poursuivait son tracé en passant près de Buzit en Tréogan, puis traversait la forêt de Conveau et passait juste à l'ouest de la chapelle Saint-Nicolas en Gourin.
Moyen Âge
La paroisse de Motreff est issue d'un démembrement de la paroisse de l'Armorique primitive de Plévin et dépendait de l'évêché de Cornouaille.
La motte castrale de Kergorlay (ou Guergorlay) date du 11ᵉ siècle ou du 12ᵉ siècle ; la famille de Kergorlay, barons de Kergorlay, une juveigneurie du Poher qualifiée de "première baronnie de Cornouaille", remonte au moins au 11ᵉ siècle (Jean de Kergorlay fut croisé en 1096 (Première croisade) ; Pierre III de Kergorlay fut croisé en 1249 (Septième croisade) et 1270 (Huitième croisade) , son nom et les armes figurent à la Salle des croisades de Versailles ; Pierre de Kergorlay fut tué à la bataille de Mons-en-Pévèle en 1304 ; Jean de Kergorlay fut tué à la bataille d'Auray en 1364). Le château de Kergorlay fut ruiné dès le 14ᵉ siècle ; la seigneurie passa par alliance aux mains de la famille de Montfort-Gaël en raison du mariage de Jeanne de Kergorlay avec Raoul de Montfort en 1383 ; elle s'étendait au 15ᵉ siècle sur les paroisses de Motreff, Spézet, Laz, Trégourez et une partie de celles de Saint-Goazec, Châteauneuf-du-Faou, Saint-Hernin et Plévin. Les seigneurs de Kergorlay avaient droit de prééminence dans l'église paroissiale de Motreff et leurs armes figuraient sur la maîtresse vitre de l'église paroissiale construite dans la première moitié du 16ᵉ siècle, droit qui fut rappelé par Paul Esprit Marie de La Bourdonnaye, comte de Blossac, marquis de Tymeur, baron de Kergourlay, seigneur de Plouyé et conseiller du Roi lors de la construction de l'église actuelle en 1767.
Dans le hameau de Kergourlay, l'ancienne maison du sénéchal se distingue par son toit élevé et pentu en pavillon (un toit en pavillon est un toit à quatre versants couvrant un corps de bâtiment approximativement carré).
Une autre seigneurie existait à Motreff, celle de Bronolou, qui appartenait à la famille du Bothon, originaire de Glomel. Louis de Bothon, qui mourut en 1591, fit de Brunolo [Bronolou] une seigneurie assez importante en raison de son acquisition de nombreuses possessions de la seigneurie de Kergorlay, en Plévin et en Motreff, qui lui furent vendues par Georges de La Trémoille, époux de Madeleine de Luxembourg. Sa fille Anne de Bothon, épousa Pierre de Saisy de Kerampuil, lequel mourut en juillet 1595, après avoir vu le manoir de Bronolou pillé et ragé pendant les guerres de la Ligue. De nos jours, il ne subsiste que quelques vestiges de l'ancien manoir qui fut par la suite incendié par les Bonnets rouges en 1675.
Le 6 juillet 1675 les paysans de Motreff prirent une part active au pillage de la maison Sauvan de Château Fort, fermier des Devoirs à Carhaix, qui possédait dans son magasin 130 barriques de vin et 16 barriques d'eau-de-vie.
Époque moderne
Gilles de Kerampuil (1530-1578), érudit et écrivain, chanoine de la collégiale Saint-Trémeur de Carhaix, fut aussi recteur de Motreff, ainsi que de Cléden-Poher et Tréogan.
Selon Louis Charpentier, dans une monographie intitulée "De Funnay à Ty Mur. Mémorable aventure d'Escailleurs ardennais qui s'en furent au pays d'Armor, exploiter les pierres d'ardoises", vers 1777 des Ardennais, venant principalement de la région de Fumay, vinrent trouver du travail dans les ardoisières de la vallée de l'Aulne, apportant avec eux l'art de mieux tailler l'ardoise. Dans l'impossibilité de trouver leur lieu réel d'origine, P.-A. Limon les surnomme "Parisiens" dans son livre "Usages et règlements locaux en vigueur dans le Finistère" publié en 1857, et les ardoises bretonnes furent surnommées "parisiennes". Cette immigration concerna principalement les communes de Port-Launay, Châteaulin, Lopérec, Saint-Coulitz, Pleyben, Lothey, Gouézec, Lennon, Spézet, Motreff, Châteauneuf-du-Faou et Saint-Goazec. Les noms de famille se sont transformés au fil du temps : les Waslet sont devenus Voachelet, Les Lefèvre sont devenus Lefeuvre, les Bouchy Bouché, etc..
Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Motreff en 1778 :
« Motref, dans un fond, à 10 lieues un quart à l'est-nord-est de Quimper, son évêché, à 29 lieues et demie de Rennes et à 1 lieue et demie de Carhaix, sa subdélégation et son ressort. Cette paroisse relève du Roi et compte 900 communiants ; la cure est à l'alternative. Ce territoire renferme des terres bien cultivées, des prairies, de bons pâturages, beaucoup de landes et une partie de la forêt de Convaux [Conveau]. On y trouve du gibier excellent et du bon cidre. La maison noble de Brunolo ([Bronolou] est la seule que nous connaissons dans cette paroisse. »
Révolution française
La loi du 11 septembre 1791 précise que la paroisse de Saint-Hernin aura pour succursales les ci-devant paroisses de Spézet et de Motreff. Guillaume Tanguy, recteur de Motreff, dût s'exiler en 1792.
Le 14 septembre 1795 un combat opposé dans le bourg de Motreff une demi-compagnie de soldats "bleus" venus de Carhaix à une bande de chouans dont l'un est tué : sa tête fut ramenée à Carhaix, c'était celle d'un fils de Conen de Saint-Luc.
Commandés par Le Paige de Bar, « Dans la nuit du 7 au 8 floréal an VI (26 au 27 avril 1798), une bande de 20 à 25 chouans attaque la maison du percepteur de Motreff » et mettent le feu.
« Ils ont ramassé des landes et des bruyères et ont allumé le feu dans une grange où étaient plusieurs ustensiles pour le labour ; sa jument y était également, de sorte que tout a brûlé. Le frère du percepteur a voulu se sauver avec la caisse, mais il a été atteint par les brigands qui l'ont assommé à coups de crosse de fusil et ont emporté la masse. »
Le 3 fructidor (20 août 1798), une bande de 12 chouans attachent dos à dos Poulizac, commissaire du canton de Saint-Hernin et Quéméner, curé constitutionnel de Motreff, et les pendent.
Le 19ᵉ siècle
Motreff vers le milieu du 19ᵉ siècle
A. Marteville et P.Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Motreff en 1845 :
« Motreff, commune formée par l'ancienne paroisse du même nom, aujourd'hui succursale. (...) Principaux villages : Tréveller, Tréourec, Lescleden, Keransigoff, Lannesval, Guergorlé, Ellégoff, Cosquer. Château de Bronolo. Superficie totale 2 132 ha dont (...) terres labourables 1316 ha, prés et pâtures 22 ha, bois 38 ha, vergers et jardins 38 ha, landes et incultes 388 ha (...). Moulins : 4 (de Catéliner, Neuf, de Bronolo). (...) Il y a eu dans cette paroisse, outre l'église, les chapelles de Saint-Paterne, de Sainte-Brigitte et de Kerut ; nous ignorons si elles sont encore desservies. Il y a à l'église paroissiale un pardon qui dure deux jours et qui attire un assez grand nombre d'étrangers. L'agriculture est peu florissante en cette commune, et le blé y est à peine cultivé ; le seigle seul convient à la plupart des terres. Beaucoup de baux n'ont qu'une durée de cinq années, méthode qui ne peut donner aux agriculteurs aucune idée d'amélioration. (...) La route de Carhaix à Gourin traverse cette commune du nord au sud. Géologie : terrain tertiaire moyen, excepté quelques parties dans le nord, où la grauwacke domine. On parle le breton. »
« Nous avions un curé qui nous battait, mais qui nous aimait » écrivent à leur évêque en 1849 des paroissiens de Motreff, mécontents du successeur.
Une ancienne carrière d'ardoises, exploitée au 19ᵉ siècle et dans la première moitié du 20ᵉ siècle, se trouve à proximité du canal de Nantes à Brest, le long du chemin menant à l'allée couverte de Kervoulédic. Plusieurs autres carrières d'ardoises furent exploitées, notamment dans la vallée du Goarangeg. Le 14 mars 1904, un éboulement survenu dans une carrière d'ardoises de Motreff fit deux morts et six blessés graves.
Un rapport de l'inspecteur d'académie signale en 1880 que la commune de Motreff fait partie des six communes du département du Finistère « encore dépourvues de tout moyen d'instruction ». En 1887 la commune de Motreff fut dans l'obligation de construire une école publique afin de respecter la loi du 30 octobre 1886 sur les constructions d'office qui oblige les communes dépourvues d'école publique à en construire une.
Motreff décrit en 1897
Anatole Le Braz décrit ainsi Motreff en 1897 dans son livre "Pâques d'Islande" :
« Des maigres bourgades qui hérissent çà et là de leur clocher grêle les cimes dénudées de la sierra bretonne, Motreff est, je crois bien, celle qui offre l'aspect le plus sauvage et le plus chétif. Quelques masures en pierre de schiste, aux tons de vieille lave, se pressent misérablement auprès d'un cimetière surélevé, formant terrasse, où l'église, parmi les tombes, semble elle-même une tombe plus vaste, enfouie qu'elle est à demi dans le sol et coiffé d'un toit trop lourd, avec des fenêtres basses, à ras de terre, pareilles à des soupiraux. Point de rues, mais d'étroits chemins ravinés comme des lits de torrents. Devant les seuils, du fumier, des bêtes, des enfants. Les hommes devaient être aux champs, sans doute à retourner les foins ; les femmes devisaient entre elles, d'une porte à l'autre, celles-ci tricotant, celles-là filant, leurs grands fuseaux de laine brune couchés dans la poussière à leurs pieds. »
Dans la suite du texte, dans le chapitre intitulé "La nuit des feux", Anatole le Braz évoque le tantad auquel il a assisté à Motreff. Adolphe Mironneau a aussi décrit les tantad de Motreff, évoquant « tous les lieux de Motreff que les bûchers couronnent cette nuit, semblables à des tours », notamment celui de Kroaz-Houarn qui est au-dessus des autres « comme le clocher de l'église au-dessus des toits du village » et cite des extraits d'une chanson chantée par le tailleur de Kroaz-Houarn en cette "nuit de la Saint-Jean".
Aux alentours de 1900, Paul Joanne écrit : « L'ignorance et la misère des gens de Motreff, de Saint-Hernin, de Saint-Goazec, de Leuhan sont proverbiales en Bretagne : dans quelques fermes, les paysans mangeaient leur soupe, il n'y a pas si longtemps, dans des écuelles creusées dans la table ».
Le 20ᵉ siècle
La Belle Époque
Le 6 mai 1900, le parti libéral catholique remporte à nouveau les élections municipales.
En octobre 1900, une épidémie de dysenterie se produit dans de nombreuses communes de l'arrondissement de Châteaulin dont Motreff, y faisant une soixantaine de malades et provoquant 14 décès. « Cette épidémie est attribuée à la sécheresse des dernières années. Les puits et les fontaines étaient à sec, et la population a fait usage d'eaux malsaines. En outre, l'encombrement et la malpropreté des maisons sont devenus des facteurs importants de la maladie ». Cette épidémie toucha d'abord Spézet, avant de concerner ensuite Motreff, Saint-Hernin et Plouguer. En novembre 1901, le maire de Motreff, Le Cloarec, fut décoré d'une médaille d'honneur du Ministère de l'intérieur « pour le dévouement dont il a fait preuve pendant l'épidémie ». Une nouvelle épidémie de dysenterie survint en octobre 1909 dans le village de Trévouré en Motreff, faisant plusieurs morts.
En août 1902, l'expulsion des Sœurs de l'école de Motreff, en vertu de la loi sur les congrégations, fut marquée par de sérieux incidents : sous les huées de la foule présente, « la porte a été enfoncée et la gendarmerie, conduite par M. Riou, commissaire de police, a expulsé les Sœurs de l'établissement. Durant cette opération, le glas n'a cessé de sonner à l'église. À leur sortie, les Sœurs ont été acclamées » écrit le journal La Croix. Le 6 juin 1903, un commissaire de police se présenta à Motreff « pour constater si les religieuses de la congrégation des Filles de Jésus, qui avaient obtenu un délai de huit jours, s'étaient dispersées. Les Sœurs, revêtues d'un costume civil, ont refusé de quitter leur couvent ; procès-verbal leur a été adressé ».
En juillet 1903, un train de ballast, composé de 20 wagons chargés de pierres venant de la carrière de Conveau en Motreff dérailla : « la locomotive ayant quitté la voie, les wagons ont passé par-dessus et sont allés se briser 50 mètres plus loin » ; l'accident fit seulement trois blessés.
Certains faits révèlent l'existence d'une émigration vers les Amériques : par exemple en septembre 1903, le tribunal de Châteaulin ordonne l'ouverture d'une enquête en vue de déclarer la disparition de Jean-Joseph Le Mignon, né le 21 janvier 1852 à Motreff, parti en 1882 et dont les dernières nouvelles datent du 6 mars 1891 et proviennent de Buenos Aires (Argentine). Un incident survenu en 1904 illustre l'existence d'une émigration aussi vers le Canada : un homme originaire de Kerret en Motreff, François Le Corre, naturalisé canadien, fut arrêté à Saint-Malo lors d'une visite en France alors qu'il s'apprêtait à repartir, car il n'avait pas satisfait à ses obligations militaires en France car le consulat de France au Canada n'avait pas enregistré sa naturalisation.
En juillet 1906, le conseil municipal de Plouguer demande une sérieuse amélioration de la route allant de Carhaix à Motreff, qu'il dit être impraticable à hauteur de Créhen-ar-Lapic et demande aux conseils municipaux de Carhaix, Motreff et Plévin d'appuyer cette demande près du Conseil général du Finistère. Les travaux s'engagèrent en 1914 seulement.
Un décret du Président de la République en date du 7 janvier 1911 attribue à la commune de Motreff les biens ayant appartenu à la fabrique de l'église de Motreff, qui étaient placés sous séquestre depuis la querelle des inventaires ; un autre décret en date du 8 janvier 1912 autorise la création à Motreff d'un bureau de bienfaisance « dont la dotation a été constituée au moyen des biens ayant appartenu à la fabrique de l'église ».
Les carrières d'ardoise
Avec Pleyben et Gouézec, Motreff fut une des communes du Finistère où l'activité ardoisière fut la plus importante : une trentaine d'ardoisières étaient en activité vers 1848, toutes initialement exploitées à ciel ouvert, sauf celle de Lescollet. L'exploitation souterraine se développa à la fin du 19ᵉ siècle afin d'augmenter les rendements et la qualité de la production, la principale étant celle du Moulin-Neuf, équipée dès 1913 d'une dynamo et de turbines permettant de fournir l'électricité nécessaire à l'exploitation.
Ardouin-Dumazet décrit ainsi les carrières d'ardoises de Motreff :
« Le seul travail industriel de la contrée est l'exploitation des ardoisières dans la commune de Motreff où la puissance des gîtes [gisements] et la facilité des transports ont fait créer des carrières souterraines. (...) Les exploitations sont au-delà du canal, dans le vallon que remonte le chemin de fer de Gourin-Rostrenen. (...) Les carrières d'ardoise sont nombreuses, mais la plupart abandonnées. (...) Près de la gare de Motreff apparaissent les hautes constructions de charpente qui protègent les câbles d'extraction. (...) Le puits principal n'a pas moins de 105 mètres (...). L'établissement se nomme Moulin-Neuf. Il débite des feuillets excellents, d'une teinte régulière, sans les noyaux de pyrite que l'on constate dans d'autres ardoisières. (...) Les charpentes des puits, les machines donnent un caractère industriel au paysage, mais les logis des ouvriers au long du torrent sont d'inextricables tanière. Le ruisseau coulant entre des berges couvertes de grandes fougères presque arborescentes contraste, par sa gaieté, avec ces abris lugubres. »
Les carrières d'ardoises étaient alors en pleine activité comme en témoignent les faits suivants : en mai 1894, un éboulement survenu dans une carrière d'ardoises de Motreff fit trois morts. Un éboulement dans une carrière d'ardoises appartenant à M. Derrien fit deux morts et six blessés graves à Motreff le 14 mars 1904. Cette carrière était située à quelques mètres de la route de Carhaix à Gourin, en face du village de Goaranvec (situé en Saint-Hernin), au-dessus du village de Lanescot en Motreff. Un autre accident survint le 3 juin 1905 dans une autre carrière d'ardoises située à Tréveller en Motreff et exploitée par Henry Perrien et Cie, faisant un blessé grave. Le 15 décembre 1908, un éboulement fait deux morts dans une galerie située à 120 mètres de profondeur dans la carrière d'ardoises du Moulin-Neuf, dirigée par M. Toullancoat [Toulencoat]. Le 28 décembre 1909, la carrière du « Moulin de la Lande » en Maël-Carhaix est vendue par Pierre Lucas et son épouse à Pierre André et François Henry, carriers demeurant à la Butte du Cheval en Motreff. En avril 1912, un éboulement qui se produisit au fond de la carrière d'ardoises du Moulin-Neuf fit un mort.
Un reportage fut effectué en avril 1911 sur une carrière d'ardoises de Motreff menacée de fermeture en raison d'un nouveau règlement de sécurité les concernant à la suite des accidents survenus :
« (...) Au fond d'une galerie, deux petits points brillent, embrumés. Ce sont des lampes qui éclairent les mineurs dans leur dure besogne. Ils sont là un certain nombre, dans cette quasi obscurité, les uns tenant en main une barre à mine, les autres frappant sur cette barre à l'aide d'un lourd marteau ; d'autres encore enfonçant des coins dans des bloc détachés de schiste, tous, courbés, ou à genoux, ou étendus sur le côté, dans des positions fatigantes à l'excès, suant, geignant, mais heureux quand même de "travailler". (...) Cette ardoisière est connue sous le nom de Lannezval. Elle s'enfonce dans le sol jusqu'à 40 mètres environ en forme de goulot ; puis, passé cet endroit, elle commence à s'évaser jusqu'à 75 mètres, ce qui lui donne l'aspect d'une bouteille. Les parois paraissent solides. »
« En 1914, à Motreff, j'ai visité une ardoisière équipée de benne et treuil électrique pour descendre jusqu'à 75 mètres, avec outils de forage et wagonnets » écrit un journaliste du journal La Dépêche de Brest et de l'Ouest.
Henry Le Saulx, comte de Toulencoat, qui vivait au château de Toulencoat en Rosnoën, était lors de son décès survenu en 1914 « propriétaire de la presque totalité de la commune de Motreff. Il ne laisse que des héritiers éloignés et sa mort va sans doute apporter un changement notable dans la situation de notre commune » écrit le correspondant local du journal L'Ouest-Éclair.
Plusieurs carrières fermèrent pendant la décennie 1920, par exemple le matériel de la carrière Pellet est mis en vente aux enchères publiques en 1925, celui de la carrière de Tréveller en 1929. En 1938, la « Société de Motreff » exploitait des carrières d'ardoises à Kérantal et Tohou (les deux en Plévin), à la Haie-Dû (en Saint-Hernin) ainsi qu'au Moulin Neuf en Motreff et la plupart des autres pendant la décennie 1930. La carrière d'ardoises de Lannezval fut la dernière à fermer ses portes dans le Finistère en 2001.
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Motreff porte les noms de 49 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale ; parmi eux deux (François Bauru, Guillaume Guyader) sont morts sur le front belge, un (Joseph Le Balbe) a été tué lors de la bataille de Sedd-Ul-Bahr dans le cadre de l'expédition des Dardanelles, un (Yves Boru) est mort alors qu'il était prisonnier de guerre en Allemagne ; les autres sont décédés sur le sol français : parmi eux Yves Thomas fut décoré de la Croix de guerre et de la Médaille militaire ; quatre soldats (François Cougard, Hervé Magoariec, François Paul, Yves Thomas [un homonyme de celui cité précédemment]) de Motreff sont morts à Douaumont et un (Joseph Coënt) à Verdun ; l'abbé Henri Potin qui était vicaire à Motreff, figure aussi parmi les victimes du conflit.
La Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Motreff porte les noms de 16 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale ; parmi elles Yves Philippe, mort en captivité en Allemagne.
Le 4 août 1944, Pierre Berthelom, alias « Fiston », né à La Forêt-Fouesnant en 1917, facteur à Paule, commandant FTPF de la compagnie Pierre Louis Menguy, est blessé lors d'un combat contre les Allemands sur le Pont Daoulas à la limite entre Carhaix et Motreff et décède le lendemain.
Lucien Devedec, né le 16 février 1920 à Saint-Hernin, demeurant à Motreff, résistant FTPF, fut fusillé par les Allemands le 29 juillet 1944 à Croas-Ty-Nevez en Paule. Joseph Louis Le Goff, né le 14 février 1901 à Motreff, mais demeurant à Plévin, fut aussi assassiné au même endroit le même jour.
L'après Seconde Guerre mondiale
Un arrêté préfectoral du 5 janvier 1959 transfère à la commune de Carhaix un village situé au nord de la commune de Motreff.
Le 21ᵉ siècle
La carrière d'ardoises de Lannezval ferme en 2001 : c'était la dernière en fonctionnement dans le département du Finistère.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Motref vers 1330 et en 1368, Mautref en 1371, Motreff en 1536.
Motreff : en vieux breton, forme de moch (« sanglier, porc ») et tref (« exploitation agricole, hameau, puis un village »). Mais le nom pourrait aussi provenir d'un mot breton signifiant "grande paroisse".
Une chapelle disparue portait le nom de "Saint-Paterne" qui provient de celui de saint Patern qui fut évêque de Vannes. Cette chapelle figurait sur le rôle des décimes en 1783.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- L'église paroissiale Saint-Pierre (date du 17ᵉ siècle).
- La chapelle Sainte-Brigitte (début du 16ᵉ siècle).
- Le calvaire (date du 16ᵉ siècle).
- La fontaine Saint-Leuffroy (elle doit peut-être son nom à saint Leufroy) et se trouvait originellement près de la chapelle Saint-Leuffroy qui a disparu.
- La motte castrale de Kergorlay, classée monument historique, située sur la route de Plévin (22). On trouve trace de plusieurs membres de la famille de Kergolay, propriétaires de la motte, à partir du 12ᵉ siècle. La famille s'éteint en 1380. Le château est en ruine dès 1456, mais une maison noble est toujours mentionnée à Kergolay au 16ᵉ siècle. Le château semble être l'origine du village de Kergolay qui a succédé au bourg castral et dont l'extension menace aujourd'hui le site. La motte tronconique, d'un diamètre approchant les 50 mètres, fait une dizaine de mètres de haut. Elle est entourée d'un fossé sec de 5 mètres de large approximativement, lequel est profond de 2,5 à 3 mètres. La plateforme sommitale mesure 20 mètres de diamètre environ et présente les vestiges d'une construction en pierres sèches, derniers vestiges du château construit à son sommet.
- Le manoir de Kergorlay.
- Le manoir de Penayeun du 15ᵉ siècle où toute fonction défensive est complètement abandonnée. La salle ou chambre haute sert de grenier.
- Le lavoir communal.
- L'étang du Brugou, créé récemment et situé sur la route de Carhaix-Plouguer.
- La carrière d'ardoise du Cosquer.
- L' allée couverte de Kervoulidic inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 12 septembre 1968.
Au début du 21ᵉ siècle, un réaménagement du centre-bourg a eu lieu pour le rendre attractif et des séries de logement ont été bâties dans le but d'attirer de nouveaux résidents.
Personnalités liées à la commune
- Robert Haranquin, auteur d'un Dictionnaire breton resté manuscrit, mais que Grégoire de Tours dit avoir consulté, serait né à Motreff.
- Eugène Le Goff est un ancien coureur cycliste, né le 2 septembre 1909 à Motreff. Il a participé à 3 Tours de France.
- Richard Ferrand, député, brièvement ministre, habite à Motreff.
- Marie-Josée Christien, poète et critique littéraire, a enseigné à l'école publique de Motreff dont elle était aussi directrice, de 1983 à 1989.