Mouthe (prononcé [mut]) est une commune française située dans le département du Doubs, en région Bourgogne-Franche-Comté. Les habitants se nomment les Meuthiards et Meuthiardes.
Située à 25 kilomètres à vol d'oiseau au sud-ouest de Pontarlier et à environ 5 kilomètres de la frontière...
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Mouthe (prononcé [mut]) est une commune française située dans le département du Doubs, en région Bourgogne-Franche-Comté. Les habitants se nomment les Meuthiards et Meuthiardes.
Située à 25 kilomètres à vol d'oiseau au sud-ouest de Pontarlier et à environ 5 kilomètres de la frontière franco-suisse, Mouthe est une commune de moyenne montagne du massif du Jura faisant partie du parc naturel régional du Haut-Jura et de la communauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs.
La commune est considérée comme la plus froide de France, Météo-France y ayant relevé officiellement -36,7 °C le 13 janvier 1968, soit la température minimale record pour la France métropolitaine. Un autre relevé non reconnu par Météo-France établit le record à -41 °C en date du 17 janvier 1985.
Histoire
Carte de Cassini
En 1077, Simon de Vexin, originaire de Crépy-en-Valois (Oise), qui fut comte d'Amiens, de Vexin et de Valois, se retire dans un monastère près de Saint-Claude. Pour s'infliger des mortifications plus sévères, il décide avec quelques compagnons de remonter aux sources du Doubs et d'y fonder un ermitage. Cet ermitage deviendra un petit prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Oyand de Joux. Malgré les rudes conditions climatiques, quelques paysans s'installent et fondent le village de Mouthe.
Plusieurs incendies ravagèrent le village (en 1583, 1639, 1849) et son église (en 1789, 1833).
Mouthe sous l'Occupation 1940 - 1944
Le 25 juin 1940, un régiment de la Gebirgs Division 1 du Vingt-neuvième DIM (Division d'infanterie motorisée) du Panzergruppe Guderian remonte la vallée par Foncine puis occupe Mouthe. Ces Gebirgsjager ont stationné quelques semaines à Mouthe puis, la campagne de l'Ouest terminée, ils ont été engagés sur d'autres théâtres d'opérations et remplacés par des soldats du Zollgrenzschutz (garde-frontières subordonnés au Ministère des finances jusqu'au 24 juillet 1944, puis à la SS à la suite d'une ordonnance du Führer).
Le détachement à Mouthe et celui des postes secondaires (Le Cernois, Chapelle-des-Bois, Jougne, Bellefontaine, Rochejean et Chaux-Neuve) était d'une centaine. Le commissariat couvrait une zone de 34 km de frontière, de Jougne à Bois d'Amont. Le commissaire de la douane, Werkmeister et son adjoint Kästle (chef du détachement dès le 22 août 1944) commandaient les 96 hommes, dont 8 officiers. Leur mission était la surveillance de la frontière franco-suisse qui se situait dans la zone interdite de la zone d'occupation.
À la suite du débarquement de Provence par l'armée franco-américaine le 15 août 1944 (Opération Anvil Dragoon) et la pression de plus en plus forte de la Résistance, l'effectif des Zollgrenzschutz est renforcé par environ 200 hommes du Quatre cent troisième bataillon de Cosaques. Par ailleurs, les postes secondaires de toute la région sont abandonnés et les Allemands se replient sur Mouthe. L'effectif est d'alors environ 600 hommes.
Le 4 septembre 1944, le Troisième RTA (Régiment de Tirailleurs Algériens) rejoint les Résistants et encerclent Mouthe. L'assaut est donné et le village est libéré après 5 ou 6 heures de combat. Les maisons n'ont pas été détruites et aucun civil n'est tué mais le Troisième RTA compte 4 morts (Lakhdar Attri, Michel Spiteri, Aïssa Litim et Mohammed Zehaf) et les FFI 1. En revanche, on dénombre 78 corps de soldats allemands (sans compter ceux qui devaient décéder à la suite de leurs blessures et dont le nombre est inconnu).
Il a été formellement établi qu'une partie des soldats allemands a été exécuté juste après la fin des combats. Leur nombre n'est pas connu mais se situe entre 30 et 40. Une partie du détachement a pu fuir en Suisse où la plupart d'entre eux ont été internés. Quant aux autres, soit 172 Allemands et Cosaques, ils ont été conduits à Champagnole dans un centre de tri afin d'être acheminés vers des camps de prisonniers de guerre en France. La découverte de documents allemands en 2013 a permis de retracer en partie l'histoire de quelques soldats du contingent en service à Mouthe.
Le livre Mouthe sous l'Occupation retrace cette histoire et celle méconnue du sort des soldats allemands après la Libération (A. Cornu - Editions Ouverture, Le Mont-sur-Lausanne/ Suisse).
Voir aussi l'article de l'Est républicain relatif à la découverte de documents allemands sous le lien : https://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/02/21/la-valise-aux-88-identites-allemandes
Toponymie
Le hameau, d'abord appelé Muthua en 1077, Mutua en 1197 et 1266 ou encore Mote en 1356, prend le nom de Mouthe dès 1485. Ce nom serait dérivé de l'adjectif mottue, qualifiant une terre "pourvue de tertres isolés, de buttes".
Géographie
Panorama du villlage en été.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments inscrits ou classés
L'hôtel de ville de Mouthe, construit après l'incendie de 1849 sur des plans de Pierre Marnotte (1797-1882), est inscrit à l'inventaire des monuments historiques en 1990. Ce bel et très original édifice est d'inspiration néo-Renaissance.
L'église paroissiale de l'Assomption a été construite de 1732 à 1742 par Jean-Pierre Galezot. Elle est inscrite aux monuments historiques depuis 2009.
L'ancienne pierre des redevances, sur la place de l'Église, a été inscrite aux monuments historiques en 1931.
Autres bâtiments remarquables
Plusieurs fermes anciennes sont également à l'inventaire du patrimoine, dont la demeure dite de la Bouverie (17ᵉ ou 18ᵉ siècle), ainsi que le presbytère construit en 1753.
Sites naturels
Le val de Mouthe
Forêt domaniale du Risol (1 419 mètres d'altitude au Gros Crêt).
Source du Doubs.
Tourbières
Les "communaux" situés notamment au-dessus du collège (Croix Grevet) sont remarquables.
Personnalités liées à la commune
Simon de Vexin, comte d'Amiens, de Vexin et de Valois Crépy, trouve refuge avec quelques compagnons en 1077 près de la source du Doubs où il construit un ermitage, premier établissement humain sur la commune actuelle de Mouthe. Il est ainsi considéré comme le fondateur de Mouthe. Une statue de saint Simon a été érigée sur une butte à l'est du village et une rue porte son nom.
Alexis Cart-Broumet, dit La Plaque, né à Mouthe vers 1600, combattant qui s'est particulièrement illustré lors de la Guerre de Dix Ans. Une rue et une pâtisserie locale portent son nom. Son surnom de La Plaque s'explique par la légende selon laquelle il aurait eu une blessure à la joue masquée par une plaque de métal.
Jean-François-Marie Cart, né à Mouthe en 1799, devient évêque de Nîmes en 1838. Un vitrail de l'église de Mouthe le représente.
Fabrice Guy, né à Pontarlier en 1968 et champion olympique 1992 de combiné nordique, passe son enfance à Mouthe. Il fréquente le collège du village où il pratique le ski de fond qui figure au programme scolaire. Après avoir délaissé la compétition, il devient douanier à Mouthe.
Félix Joseph Courvoisier, né à Mouthe en 1799 et mort à Paris en 1866, fondateur de la maison de négoce en cognac Courvoisier, à Jarnac. Il s'associe, en 1854, avec Jules Curlier, son neveu, de Mignovillard.
Mouthe dans les arts
Le film Poupoupidou, réalisé par Gérald Hustache-Mathieu et sorti sur les écrans en 2011, a été tourné en grande partie dans le village, lieu principal de l'action. Le même réalisateur y avait déjà tourné des scènes du film Avril porté sur les écrans en 2006. Le film Le Miracle des loups, réalisé en 1961, par André Hunebelle a également été tourné partiellement à Mouthe. Un téléfilm a eu Mouthe pour cadre en 1979 : Vincendon, de Franck Apprederis, avec Jacques Dufilho, Michel Constantin et Jenny Cleve, d'après la nouvelle de Bernard Clavel, L'Arbre qui chante.