Nissan-lez-Enserune (prononcer [nisɑ̃ lɛ.z‿ɑ̃seʁyn]; Nissa d'Ausseruna en occitan) est une commune française située dans le sud du département de l'Hérault en région d'Occitanie.
Exposée à un climat méditerranéen, elle est drainée par le canal du Midi, le ruisseau de la Bastide, le ruisseau de Montady et par divers autres petits cours d'eau. La commune possède un patrimoine naturel remarquable : trois sites Natura 2000 (la « basse plaine de l'Aude » et les « collines du Narbonnais » et l'« étang de Capestang ») et sept zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
Nissan-lez-Enserune est une commune rurale qui compte 3 996 habitants en 2019, après avoir connu une forte hausse de la population depuis 1975. Elle est dans l'unité urbaine de Nissan-lez-Enserune et fait partie de l'aire d'attraction de Béziers. Ses habitants sont appelés les Nissanais ou Nissanaises.
Histoire
Antiquité
Nissan-lez-Enserune s'est développé progressivement à partir du dépeuplement de l'oppidum d'Ensérune, principal lieu d'habitations du Sixième siècle au 1ᵉʳ siècle avant notre ère, occupé tout d'abord par des populations autochtones (les Élisyques), puis par des Celtes et développant un commerce d'échange avec le monde méditerranéen. Après de timides tentatives de romanisation, dès le Premier siècle de notre ère, le site est abandonné et de nombreuses villas s'installent dans les plaines environnantes.
À l'origine du village se trouve très probablement l'une de ces villas romaines dont le propriétaire aurait pu porter un nom tel que « Anicius ». L'origine, gallo-romaine, du nom du village pourrait être : (Villa d'Anicius. Il en est fait mention, dès 782, sous la forme villa de Aniciano. De telles villas sont fréquentes dans les environs et forment un habitat dispersé caractéristique de l'Empire romain et du haut Moyen Âge. Plusieurs de ces villas ont été reconnues sur le territoire de la communes. Les fouilles du site de la Font del Pastre, au lieu dit Les Farguettes, ont par exemple révélé une exploitation vinicole associée à une grande villa avec thermes.
Moyen Âge
Des vestiges dispersés de l'époque wisigothique ont été également retrouvés dans les environs. Les chapelles et oratoires construits à l'écart du village témoignent de l'essor du christianisme à partir du 5ᵉ siècle. Ils sont souvent associés à des vestiges de hameaux et à des villas datant de l'époque romaine. Vers l'an mil, les villages des alentours s'entourent progressivement d'enceintes fortifiées et se regroupent autour d'un castrum. C'est le cas de Nissan, probablement dans le courant du Onzième siècle, alors que les hameaux extérieurs sont abandonnés (par exemple Foulpian sur le site de Notre Dame de Miséricorde).
Ce nouveau village est attesté un peu avant 1105. Imbert de Montady et Bernard de Nissan plaident auprès auprès de la vicomtesse de Carcassonne, Ermengarde, pour la possession d'une partie du château de Montady. En 1157, un autre Bernard de Nissan engage pour 2 000 sols le château de Nissan à Raymond et Bernard Pons de Colombiers. Le 7 août 1178, Bérenger et ses frères, Pierre et Bernard de Nissan, vendent des terres lors de la profession religieuse de Bérenger à l'abbaye de Fontcaude. Un autre Bernard de Nissan participera activement à la défense des terres du Midi contre les Croisés de Simon de Montfort lors de la croisade contre les Albigeois. Après la prise de Béziers par les Croisés en 1209, les seigneurs de ces villages de plaine difficilement défendables se retrouvent parmi les défenseurs de Minerve. Bernard de Nissan trouve la mort en combattant près du château de Ventenac en ne laissant qu'une fille, Adalays. Le castrum de Nissan sera confisqué par Simon de Montfort qui en fait don à l'archevêque de Narbonne. Ce prélat sera seigneur de Nissan jusqu'à la Révolution.
Le village est régi par un consulat attesté dès 1347 mais dont on ignorons la date d'établissement.A cette date, les consuls rendent hommage et prêtent serment de fidélité à l'archevêque de Narbonne.
Les Templiers et les Hospitaliers
Les Templiers possédaient une commanderie au hameau de Périès,,.
Une ancienne commanderie de l'ordre du Temple qui administrait leurs possessions dans le Narbonnais puis commanderie de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem rattachée au grand prieuré de Saint-Gilles après la dévolution des biens de l'ordre du Temple après 1312.
En 1430, Jean de Raymond, commandeur de Périès fut accusé d'un certain nombre de crimes. Il fut capturé par le viguier et le juge de la ville de Narbonne et pendant au gibet de la dite ville.
Temps modernes
Nissan fait partie des vingt quatre villes du diocèse qui députent un représentant à l'assiette des Impôts des Etats du Languedoc. C'est une des étapes du grand tour de France de Charles IX et Catherine de Médicis : le jeune roi y déjeune le 4 janvier 1565.
Lors des guerres de Religion, Henri de Montmorency, nommé gouverneur du Languedoc en 1563 fera de fréquents séjours à Béziers à partir de 1576, tentant de négocier avec les ligueurs du duc de Joyeuse. Plusieurs trêves, en 1584, 1586, 1592 et 1595 seront conclues, le plus souvent à Nissan. Une garnison du duc de Montmorency y sera installée en juillet 1584 pour empêcher le duc de Joyeuse de se saisir du village.
Les délibérations consulaires, conservées à partir du milieu du Dix-septième siècle, décrivent l'organisation consulaire et la gestion de la communauté. Sous le contrôle de l'intendant de l'archevêque de Narbonne et de ses baillis et viguiers, les consuls font lever les tailles, veillent aux dépenses (entretien des chemins, réparations de l'église, gestion de la plaine de l'Aude et du cours de la rivière...), attribuent les fermages (moulin à huile, boucherie) et veillent à la bonne organisation du village.
Nissan est mentionnée lors de la peste de 1628-1632, les habitants ayant établi un cordon sanitaire pour interdire l'accès au village par les étrangers. Il en sera de même lors du dernier épisode de peste, à la fin du 18ᵉ siècle, où, à nouveau, les autorités du village prennent la décision d'en interdire l'accès aux étrangers pendant toute la durée de l'épidémie.
Révolution française et Empire
Lors de la Révolution, Nissan participe à la rédaction des cahiers de doléances, même si celui de Nissan ne nous est pas parvenu. Les habitants élisent des députés pour les représenter aux assemblées de Béziers. Le conseil municipal est installé selon les nouvelles règles le 7 février 1790. Le 15 août, sous la conduite de citoyens versés dans les affaires militaires, les habitants vont constituer un bataillon de la Garde Nationale après avoir acheté l'équipement nécessaire à 120 citoyens. En 1791, les biens nationaux sont mis en vente, dont en particulier la commanderie de Périès. Les volontaires pour la garde des frontières partent vers l'Espagne.
Les citoyens de la commune se réunissent au sein de la société révolutionnaire, créée en prairial an II.
Epoque contemporaine
Plus récemment, par décret du 22 août 1950, Nissan prend le nom de Nissan-lez-Ensérune,. Un odonyme local (rue du 22-Août) rappelle cet évènement.
Toponymie
Nissan : Attestée sous les formes Aniciano en 1105, puis Anitiano, Anizano et Anissano jusqu'en 1344.
Enserune : Anseruna en 1216, Amsuzena en 1298 et 1346, Ensérune en 1585.
C'est en 899 dans le « Recueil des Actes de Charles III le Simple » qu'apparaît pour la première fois le nom de la colline sous la forme Anseduna. On trouve par la suite Bastida de Anseruna en 1216. C'est en 1585 qu'apparaît finalement la graphie Ensérune. Ce nom d'Ensérune, qui dérive de la forme latine Anseduna, attestée dans les textes les plus anciens avec le sens de «lieu élevé», « montagne », comme on le sait, dans les toponymes hérités du gaulois.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- L'école Antoine Beille : inaugurée le 29 août 2015 est située sur une hauteur du village. Le directeur est Christophe Barrau.
- L'oppidum d'Ensérune : situé à proximité et dominant la voie domitienne, l'oppidum est occupé du 6ᵉ siècle au 1ᵉʳ siècle avant Jésus Christ. Fondé par des populations élisyques, il est le témoin d'une activité d'échanges intenses avec l'ensemble du bassin méditerranéen. Cette activité explique la présence des céramiques retrouvées dans les habitations et la nécropole, en particulier des céramiques étrusques et des céramiques attiques que l'on peut voir dans le musée créé sur le site.
Depuis l'oppidum, la vue s'étend dans toutes les directions (dont une table d'orientation a été mise à disposition) jusqu'à la mer, aux contreforts de la Montagne Noire et les Pyrénées. On peut voir au nord les vestiges de l'étang de Montady asséché au 12ᵉ siècle par un curieux système de canaux rayonnants.
On remarque au pied de la colline le complexe du Malpas où le canal du Midi, le canal d'atterrissement de l'étang de Montady, le tunnel du chemin de fer et la route se superposent.
- La chapelle Notre-Dame-de-la-Miséricorde : petit oratoire isolé dans un vallon à l'écart du village, elle date probablement du 5ᵉ siècle. Elle est le seul témoin subsistant de la villa (villa de Folpiano) puis du hameau de Foulpian. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1981.
- La chapelle Saint-Christol : restaurée à partir de 1986, elle est le témoin d'un petit établissement monastique actif jusqu'au 17ᵉ siècle. Des fouilles ont permis de dégager le bâtiment dont les parties les plus anciennes datent du 5ᵉ siècle et de rendre visible le portail orné de colonnes que l'on peut dater du 16ᵉ siècle. Une construction adossée en appareil soigné, prise pour les ruines d'un édifice plus ancien, est en réalité une extension probablement commanditée ou financée par l'archevêque de Narbonne.
- L'église Saint-Saturnin : ancienne église d'un prieuré relevant de l'abbaye de Psalmody, dont l'édification qui aboutit à son aspect actuel s'étale sur plusieurs siècles. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1965. De nombreux objets sont référencés dans la base Palissy (voir les notices liées).
Le tombeau des Prieurs est situé dans le chœur de l'édifice, vers le nord, sous une pierre du dallage gravée d'une croix. Quelques vestiges du prieuré sont encore visibles dans la cour du presbytère et à l'ouest de l'édifice.
Grâce au chanoine Joseph Giry, elle abrite des œuvres d'art, parmi lesquelles les fonts baptismaux, réutilisés dans une reconstitution de baptistère, à l'ouest, une table d'autel wisigothique et une table d'autel carolingienne à lobes, caractéristique de la production de la Narbonnaise et de Catalogne.
Sur le mur sud-est du transept, est préservée la fresque du Couronnement de la Vierge avec des anges musiciens (14ᵉ siècle). La voûte qui précède cette chapelle porte la trace des symboles des quatre Évangélistes, en partie effacés.
Les grandes orgues, construites en 1834 par Prosper-Antoine Moitessier, sont classées parmi les monuments historiques depuis 1984. Elles proviennent de la chapelle des Visitandines de Montpellier et constituent l'un des premiers ouvrages de ce facteur d'orgues dans la région. Détériorées et vidées d'une partie de leurs jeux, elles ont été transférées à Nissan et partiellement complétées en 1965. Leur double buffet - grand corps et positif dorsal, sa réplique en réduction - est réalisé dans les tons acajou et or. Le grand corps est doté de joues ornementales monumentales. Sa structure est encore classique, mais sa décoration utilise des éléments empire (palmettes), Louis-Philippe et déjà néogothique (clochetons couronnant les tourelles).
- Le Plo : situé au centre du village, cet ensemble de maisons, traversé par un réseau de rues étroites, est le témoin de la cité au Moyen Âge. Il est ceinturé par des rues plus larges qui dessinent le contour des fortifications et sont édifiées sur les anciens fossés. De ces fortifications, ne reste que la tour de l'horloge en face de la mairie. À noter en bordure de cet ensemble, un ancien puits couvert, le Pouzet.
- Les moulins (utilisés pour moudre les céréales mais aussi pour faire de la chaux avec le calcaire du sous sol) : sur les collines au sud du village se trouvent les ruines de trois anciens moulins. Ces moulins ont été habités jusqu'au début du 20ᵉ siècle par des familles pauvres. De leur plateforme, on pourra découvrir un vaste panorama au nord vers le saint-chinianais et la montagne Noire, au sud sur les étangs de Vendres, la plaine de l'Aude et la mer. L'association culturelle « Les Amis de Nissan » a restauré Tiquet et Balayé, deux des trois moulins, de 1986 à 1996. Balayé est fonctionnel et lors de grandes occasions y est moulu le blé.
- Périès : l'unique bâtiment remontant à l'époque de la commanderie, la chapelle Sainte Marie, très endommagée, se situe 11, rue Frédéric Mistral dans le hameau de Périès.
Personnalités liées à la commune
- Émile Barthe (1874-1939) : écrivain, auteur de plus de 40 pièces de théâtre en occitan (Paure Miètjorn, Lo Perdon de la Terro, Lous Proufitaires…) qui ont connu un grand succès au début du 20ᵉ siècle. Il est également l'auteur d'un roman, La Nissanenco.
- Joseph Giry (1905-2002) : curé de Nissan de 1949 à 1991, archéologue passionné, spéléologue, écrivain, créateur du musée d'Ensérune, restaurateur de l'église Saint-Saturnin.
- Raymond Busquet (1926-1979) : poète français et occitan, inhumé dans la commune.
- Michel Galabru : la salle polyvalente (également centre culturel), inaugurée en 2009, porte son nom.
Héraldique
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Les armes de Nissan-lez-Enserune se blasonnent ainsi : d'azur à un chien passant d'or surmonté d'un croissant d'argent.
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