Noyarey [nɔjaʁɛ] est une commune française située en région Auvergne-Rhône-Alpes, dans le département de l'Isère. La commune, qui se situe au nord-ouest de Grenoble, fait partie de la métropole Grenoble-Alpes Métropole.
Géographiquement, le territoire de la commune de Noyarey est bordé par l'Isère sur sa limite orientale et par les falaises du massif du Vercors sur sa partie occidentale. Une grande partie du territoire de la commune est d'ailleurs située en zone de montagne.
À la suite d'un nouveau découpage territorial mis en application à l'occasion des élections départementales de 2015, le territoire de la commune se situe désormais sur le territoire du canton de Fontaine-Vercors.
Ses habitants sont appelés les nucérétains.
Histoire
L'histoire de Noyarey et du domaine de Chaulnes a été relatée dans un seul ouvrage littéraire. Celui-ci a été écrit par le chanoine Cyrille Thelliez et se dénomme Noyarey village fleuri édité par l'imprimerie Eymond en 1961 et qui sert de source principale à une grande partie de cet historique. Les autres sources sont cependant indiquées.
Préhistoire et Antiquité
Les premiers habitants furent les Voconces, tribu gaulois originaire du Sud de la Gaule et une autre tribu qui leur est associée, les Vertamocores et qui donneront leur nom au massif du Vercors. Ces tribus se seraient installées sur les plateaux dominant la vallée de l'Isère qui surplombe le village actuel. Ils se sont ensuite regroupés sur les buttes dominant la rivière l'Isère.
Le site de Noyarey, proche d'une grande courbe de l'Isère située un peu plus au nord (commune de Veurey-Voroize), correspond également à la limite méridionale du territoire des Allobroges, ensemble de tribus gauloises occupant l'ancienne Savoie, le nord et le centre du Dauphiné.
L'énigme du « passage d'Hannibal »
Professeur émérite d'histoire ancienne à l'Université de Newcastle au Royaume-Uni, John Francis Lazenby, auteur d'un ouvrage spécialisé sur le général carthaginois Hannibal Barca, narre dans celui-ci toute l'épopée du célèbre conquérant et émet une théorie à propos de la traversée des Alpes, en ce qui concerne la première attaque des Allobroges.
Ce professeur d'histoire suggère en effet qu'Hannibal n'aurait pas voulu traverser l'Isère et aurait donc cheminé sur la rive gauche, mais qu'au-delà de Saint-Nazaire-en-Royans la poursuite de cet itinéraire était impossible et qu'il aurait donc été contraint de traverser les gorges de la Bourne. Le camp d'Hannibal se serait alors situé à proximité du village actuel de Choranche. Le chemin suivi par Hannibal passerait ensuite sur la route jouxtant l'Isère qui rejoint Grenoble par une route située entre Sassenage et Noyarey .
D'autres historiens, dont l'académicien et historien militaire Paul Azan ou Marc Antoine de Lavis-Trafford, évoquent la possibilité que ce grand général et stratège carthaginois ait pu passer par Montaud pour ensuite longer l'Isère depuis les territoires actuels de Veurey-Voroize, Noyarey et Sassenage avant de remonter le Grésivaudan et de traverser les Alpes. Aucune source archéologique (armes, ossements) n'ayant encore été découverte à Montaud et dans ses environs immédiats, rien ne peut étayer cette hypothèse séduisante - ni l'infirmer d'ailleurs. La thèse reste donc jusqu'à présent recevable.
Une étude plus récente (2009) du préhistorien Aimé Bocquet, fondée sur le peuplement au 3ᵉ siècle avant Jésus-Christ ne fait pas passer les troupes d'Hannibal par la région grenobloise et le Grésivaudan mais par le versant occidental de la Chartreuse pour atteindre le col du Petit Saint-Bernard. [1]
Un site web bien documenté présente les différentes hypothèses ainsi que les textes originaux (traduits) de Tite-Live et de Polybe sur la question.
Moyen Âge et Renaissance
La présence de l'Isère a permis le commerce de la pêche et la batellerie.
Initialement, les barons de Sassenage étaient les seigneur des lieux et ceux-ci possédaient un modeste édifice situé sur le secteur des Glairons. Anne de Montaud, mère de Philibert de Sassenage vendit durant l'année 1531, les lieux de « Veurey et de Noyaray » à François Vachon.
Temps Modernes
En 1613, Antoine de Chaulnes, président du bureau des finances de Grenoble et seigneur de la Bâtie-Meylan, achète les terres de Noyarey à Marc de Vachon. Après quelques avatars liés à des cessions de terres et de ventes successives, le domaine de Noyarey redevient possession de la famille de Chaulnes par l'intermédiaire de Marguerite de Cissé, épouse de Claude de Chaulnes.
Son fils, Joseph de Chaulnes, en sa qualité de seigneur des lieux, obtiendra l'érection de ce domaine en marquisat par lettres patentes datant de mars 1684 et enregistrées au Parlement du Dauphiné le 19 août 1684. Le frère de Joseph de Chaulnes, dénommé Paul de Chaulnes et qui fut évêque de Grenoble entre 1721 et 1725 lui succédera à la tête du domaine.
Époque contemporaine
Les 17ᵉ siècle et 18ᵉ siècle
Guinetière de Chaulnes, dernier descendant de cette branche de la famille et sans héritier direct, lègue à sa mort aux « pauvres de l'hôpital général de Grenoble » en 1741, les terres de Noyarey et de Veurey. En 1743, l'hôpital, endetté, vend ces mêmes terres à Jean de Caulet, évêque de Grenoble de 1727 à 1771, membre d'une grande famille d'origine toulousaine, qui l'utilise comme résidence d'été.
Le château deviendra ensuite la propriété de son neveu Tristan de Caulet, Marquis de Grammont Chevalier de Saint-Louis et membre de la compagnie Beauveau des Gardes du corps du Roi.
Après la Révolution française
Durant la Révolution, les terres de Noyarey sont démembrées et les parcelles de l'ancien domaine sont vendues à plusieurs paysans du lieu.
Le château de Chaulnes passera ensuite de main en main depuis la famille du Baron Joseph-Marie Thomas, né en 1771 et qui participera à de nombreux aménagements au sein de la communauté nucérétaine.
De 1895 à 1938, la commune fut desservie par une ligne de tramway qui la reliait à Grenoble via Sassenage et Fontaine. La gare de tramway, située au pied du "maupas" (intersection de la rue du Maupas et de la RD1532) est devenue aujourd'hui un hôtel.
Toponymie
Le village est nommé Nuceretum au 10ᵉ siècle. L'origine du nom de la commune est probablement liée à la culture de la noix, répandue autrefois dans cette région, et dont la culture, après avoir totalement disparu, a été relancée au milieu des années 2010. Une autre explication de l'origine du nom Noyarey proviendrait des terres noyées par les eaux capricieuses de l'Isère, sinon lié à la découverte de corps de personnes noyées rejetés par la rivière.
Culture locale et patrimoine
Patrimoine monumental
Patrimoine civil
Noyarey compte un patrimoine bâti remarquable, composé notamment de plusieurs châteaux et maisons bourgeoises :
Le château de Chaulnes
Le château de Chaulnes, situé au Sud du quartier Diday-Meney, fut une demeure du Seigneur de Sassenage construite au 17ᵉ siècle, puis celle de la Maison dauphinoise de Chaulnes, et conserve notamment un beau parquet de cette époque.
En 1839, le château compte 30 fenêtres. Dans le courant de la décennie de 1840, le baron Thomas qui a racheté le château à la famille de Caulet fait ajouter les tours qui déplacent la façade, autrefois tournée vers Sassenage, face à l'Isère. Des travaux d'agrandissement sont entrepris entre 1851 et 1869 : en 1858, on compte 36 fenêtres, en 1869, on en compte 52. Présence d'une belle terrasse avec orangerie.
La famille de Chaulnes, originaire de Picardie mais venant de Tonnerre en Bourgogne, avait acquis ce domaine au 17ᵉ siècle, et donna un temps son nom au village. L'évêque et Marquis du lieu, Paul de Chaulnes, en avait fait sa résidence d'été jusqu'à sa mort en 1725. Puis le château fut la propriété des pauvres de l'hôpital général de Grenoble de 1741 à 1743, année du rachat du domaine par Jean de Caulet, également évêque de Grenoble jusqu'en 1771. À l'époque des premiers cadastres (1839) le château - également désigné sous le nom de château des Glairons - fut acquis par le Baron Joseph-Marie Thomas, né en 1771. Cet ancien militaire, devenu maire de Noyarey y résidera jusqu'à sa mort.
Le château est de nos jours réaménagé en site d'accueil de mariages, de séminaires et autres événements privés et publics.
Le Château Gillet
Cet édifice est situé au lieu-dit "Mont-Roux" et construit sans doute au 17ᵉ siècle, sauf la tour d'angle, d'inspiration architecturale du 19ᵉ siècle. Le pavillon situé au sommet du terrain est mentionné à partir de 1848 dans les archives de la mairie.
Le Château Gaché
Cet édifice, connu également sous le nom de Villa Eyrard est situé rue abbé Cuchet et construit autour de 1850. Son parc est aujourd'hui appelé "Parc des Biches". Des travaux de réhabilitation du château ont été effectués en 2017.
Maison Rivier
Les archives de la commune font mention d'un certain Jean Rivier qui acquiert un domaine de 300 hectare en 1611, au bord duquel il construit cette maison typiquement dauphinoise (plan, toit, matériau) qui a été très peu transformée depuis le 17ᵉ siècle. Les plafonds sont dits « à la française » (poutres parallèles). Vers 1820 la maison s'agrandit d'un étage (24 fenêtres puis 38 entre 1839 et 1844, 1 porte et 59 fenêtres en 1858). Construction d'un « cabinet de bain » entre 1839 et 1844. Pendant la guerre de 1914-1918, la propriété fut transformée aux frais de la famille en hôpital pour les soldats convalescents. La famille monta au début du 20ᵉ siècle une exploitation de pierre à ciment, dont une galerie existe encore près de la pharmacie.
Maison Chavanne
Cette ancienne maison bourgeoise, située au 180, Chemin des Noyers, a été construite autour de 1845, à la suite de la démolition d'une maison de seize fenêtres laissant la place à cette nouvelle construction. En 1858, la maison de maître comprend 24 portes et fenêtres. En 1923 la maison compte dix-huit fenêtres et une nouvelle construction est mentionnée.
Domaine de Clairfontaine
La maison de ce domaine a été construite vers 1730 par un notaire royal comme « résidence vivrière », c'est-à-dire une grosse ferme qui à l'origine avait un toit de tuiles. La source d'eau privée était captée en haut du chemin du Diday, et canalisée avec des droits de passage aux riverains depuis 1750. En 1806 est construite la fontaine que l'on peut voir à l'entrée du domaine. L'habitation principale a été surélevée d'un second étage en 1855 (29 fenêtres déclarées). De cette époque (Second Empire) datent le papier peint de la salle à manger et le toit couvert en ardoises. Les anciens communs sont aménagés pour loger le personnel et un petit établissement thermal est créé. La maison bourgeoise compte 41 fenêtres en 1861.
La Maison Anthoard
La présence de cette maison est attestée dès le 18ᵉ siècle.
Fontaines publiques
Le village est parsemé de demeures et fontaines anciennes. Parmi les vieille demeures on signale une maison du 15ᵉ siècle, avec porte et fenêtres à meneau sur le Chemin des Noyers. Le fontaines datent de la fin du 18ᵉ et 19ᵉ siècle) récoltant les eaux de la montagne vercoranne. Depuis 2003, deux fontaines ont été restaurées et la commune a été distinguée pour son action. Elle a reçu le « Prix départemental des Rubans du patrimoine ».
Patrimoine religieux
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Église Saint-Paul du 11ᵉ siècle : Cette église romane, renouvelée entre 1836 et 1848, conserve un clocher du 12ᵉ siècle (Paroisse Saint-Paul de Noyarey).
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Chapelle du château de Chaulnes : petite chapelle dont la date de construction est inconnue et que l'on peut découvrir dans un état très dégradée, sur une hauteur en face du château.
Patrimoine environnemental
La quasi-totalité de la commune est classée en Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF) de type II.
Elle compte par ailleurs l'une des dernières forêts d'origine alluviale du département de l'Isère, classée en ZNIEFF de type I : le Bois du Gélinot (parfois appelé "Bois du Mollard des Iles" par l'administration).
Noyarey possède de nombreux corridors écologiques et biologiques qui permettent notamment à la faune locale de circuler entre les deux massifs du Vercors et de la Chartreuse, via la limite entre Voreppe et le Fontanil-Cornillon.
Noyarey est adhérente du parc naturel régional du Vercors.
Personnalités liées à la commune
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Paul de Chaulnes (1650 - 1725)
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Évêque catholique français du Grenoble de 1721 à 1725, il fut le dernier représentant de la famille de Chaulnes à avoir été le Seigneur des terres de Noyarey.
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Jean de Caulet, (1693 - 1771)
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Évêque catholique français, évêque de Grenoble de 1727 à 1771, après avoir racheté les terres à l'hôpital de Grenoble, héritier de Paul de Chaulnes, il fut également le Seigneur des terres de Noyarey.
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Vincent Rivier (1771 - 1838):
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Ce maire de Grenoble de 1831 à 1835 est inhumé au cimetière de Noyarey. Plusieurs de ses descendants deviendront par la suite maires de Noyarey : Vincent Rivier (entre 1898 et 1922) puis Augustin Rivier (entre 1929 et 1946) et enfin Vincent Rivier (pour un court mandat entre 1989 et 1990).
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Jean-Baptiste Pellefournier (1819 - 1891)
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Simple soldat d'une expédition scientifique et militaire sur l'Île Sain-Paul située dans le sud de l'océan Indien à 1 280 kilomètre au nord/nord-est des îles Kerguelen, il laissa une inscription sur une pierre de l'île lors de son passage en juillet 1843 lorsque le capitaine Martin Dupeyrat « prit possession au nom de la France ». Il y indiqua son nom et celui de sa commune d'origine, Noyarey : il s'agit du seul vestige matériel - bien qu'indirect et découvert en 2009 - qui subsiste de la prise de possession de cette île
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François Ragis (19ᵉ siècle):
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Un entrepreneur de maçonnerie qui réalisa avec son associé Thouvard le Musée-bibliothèque de Grenoble alors placé sous les directives des architectes Charles-Auguste Questel et Henri Riondel. Ragis est également inhumé au cimetière de Noyarey.
Héraldique, logotype et devise
Héraldique
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Blasonnement : d'azur au chevron d'or, qui porte les trois clous de la passion Commentaires : Le Blason du village représente les armes de la famille de Chaulnes qui fut maître des lieux pendant un siècle.
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