Pencran [pɛ̃kʁɑ̃] est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Histoire
Origines
Penn-ar-C'hrann, c'est le nom du château duquel relevait la paroisse, précédemment ancienne trève de Ploudiry.
Préhistoire et Antiquité
Une stèle datant de...
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Pencran[pɛ̃kʁɑ̃] est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Histoire
Origines
Penn-ar-C'hrann, c'est le nom du château duquel relevait la paroisse, précédemment ancienne trève de Ploudiry.
Préhistoire et Antiquité
Une stèle datant de l'âge du fer atteste d'une présence humaine dès la Préhistoire.
Moyen Âge
Une motte féodale a servi de premier site à un seigneur local (en 1270, il se nomme Gérard Saladin et en 1307 Huon car vers 1300 Pigette Saladin, sœur d'Olivier Saladin, dame de Kermadec, épousa Hervé Huon, chevalier. En 1450, la famille Huon abandonne la motte féodale pour construire un manoir de style gothique, le manoir de Kermadec, construit en schiste local, mais avec des entourages de portes et fenêtres en granite. En 1663, le manoir fut racheté par Joseph de Kersulguen, seigneur de Chef-du-Bois.
En 1363, le testament d'Hervé VIII de Léon fait mention d'une chapelle Notre-Dame à Pencran. Pencran n'était alors qu'une simple trève de la paroisse de Ploudiry.
Du 16ᵉ au 18ᵉ siècle
Jusqu'à la Révolution française, le château de Chef-du-Bois, dont la porte principale portait les blasons des Kersulguen, des Guirault et des Kerguizec, dominait la trève de Pencran et une partie des environs. Le château a appartenu successivement à la famille Guérault au 15ᵉ siècle, aux familles Kerlozrec, puis Kermellec au 16ᵉ siècle, Kersulguen au 17ᵉ siècle (Joseph de Kersulguen fait alors construire le château actuel à la place de l'ancien manoir).
La Révolution française
Le tiers état de la paroisse de Pencran envoya deux députés, Jérôme Le Firon et Gabriel Mobian, pour la réaction du cahier de doléances de la sénéchaussée de Lesneven.
La commune de Pencran fut créée en 1790.
Le château de Chef-du-Bois en Pencran, qui appartenait à la famille de Lesguern, servit, pendant la Révolution française, d'hôpital pour la marine, qui y soigna notamment des malades de la gale.
Le 19ᵉ siècle
La paroisse de Pencran est créée en 1819.
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Pencran en 1845 :
« Pencran, commune formée d'une ancienne trève de Ploudiry, aujourd'hui succursale. (...) Principaux villages : le Hellez, Kerbalanet, Penhoat, Reunharer, Botcaërel, Lesmoualc'h, Loguellou, Keroulled. Objets remarquables : manoir du Chef-du-Bois, le Mail. Superficie totale : 898 hectares dont (...) terres labourables 391 ha, prés et pâtures 74 ha, bois 112 ha, landes et incultes 266 ha (...). Moulins : 2 (de Reunharer, de Loguellou, à eau) (...) Presque partout le sol est sous bois, garennes ou montagnes presque incultivables. (...) Ainsi que dans presque toutes les communes de la Basse-Bretagne, les habitants de Pencran sont, été et hiver, vêtus de toile et vont pieds nus, regardant presque les sabots comme des objets de luxe. L'agriculteur est généralement pauvre, et vit plus de pommes de terre et de pain d'orge que d'autres substances. En beaucoup de fermes, les trois repas se composent même exclusivement de pommes de terre, qui viennent très bien dans ce sol appauvri, et que le peu d'aisance des fermiers ne permet pas de rehausser par des engrais de mer. Les arbres de futaie sont rares et les arbres à fruits pour ainsi dire inconnus. Les fabriques de toiles de Landerneau donnent de l'occupation à bon nombre d'habitants de Pencran ; mais, quand cette fabrication baisse, la misère succède promptement à une faible aisance momentanée. Géologie : grès dans la partie sud ; pour le surplus, schiste argileux, minerai de fer. On parle le breton. »
Le décès en 1869 à Pencran de Louise Bouan du Chef-du-Bois, fait passer le château éponyme aux mains de la famille de Lesguern en raison de son mariage avec Charles de Lesguern célébré le 23 janvier 1848 à Quintin.
En 1852, une école de garçons est créée dans l'ancien ossuaire. Un rapport du Conseil général du Finistère indique en août 1880 que Pencran fait partie des 27 communes de plus de 500 habitants du Finistère qui n'ont encore aucune école de filles.
L'enclos paroissial de Pencran en 1865 (dessin de Charles Yriarte).
Maxime Vauvert décrit ainsi Pencran en 1865 dans la revue Le Monde illustré :
« Pencran est situé à deux kilomètres de Landerneau, au sommet d'une haute colline dont la pente est très rapide et qui domine cette ville et toute la vallée qui descend vers Brest. C'est un pauvre village dont les maisons s'éparpillent, sans tracer de rues, sous de grands arbres aux troncs mousseux le long de chemins défoncés et encaissés que les moindres pluies transforment en rivières. Le seul monument remarquable de ce village pittoresque est l'église dont les sculptures sont d'une grande finesse sans être d'un grand goût. Le clocher a la forme caractéristique de tous les clochers du Finistère (...). Celui de Pencran est perdu dans les rameaux touffus des grands ormes qui, de loin, n'en laissent apercevoir que la flèche, qui les dépassent de beaucoup. L'église est très peu élevée, et son toit est en partie caché par un if sur la sombre verdure duquel se détache le fût de la croix de pierre à quatre branches portant des figures qui représentent naïvement la Passion de Jésus. »
L'ossuaire de Pencran (dessin de 1865).
La description de Pencran se poursuit en ces termes dans un des numéros suivants de la même revue :
« Le petit monument qui occupe le centre de notre dessin ouvre sur le cimetière qui est clos de l'autre côté par le portail de l'église. C'était primitivement un ossuaire. Il est en pierre dure, grès ou granite à tons ferrugineux tachetés d'une mousse verdâtre très pâle qui semble plutôt une rouille qu'une végétation. L'exécution des sculptures est grossière et pénible et les proportions de l'architecture plus que naïves. Exceptées des voussures sculptées avec assez de richesses, l'intérieur n'a rien gardé de son premier aspect. On a tant bien que mal approprié le rez-de-chaussée à l'usage d'une habitation et du négoce peu actif quelle renferme, un bureau de tabac. Au premier étage, qui prend jour sur une autre façade, se trouvent le secrétariat de la mairie et la selle de l'école communale. (...) On fume peu à Pencran, l'unique paquet de tabac et les trois pipes de terre qui composent le débit en font foi (...). On ne s'y instruit guère, la boite aux lettres qui pend à un clou rouillé et l'école fermée faute de maître en témoignent tristement. Tout autour du cimetière, de grands arbres versent leur ombre sur une luxuriante végétation de folles herbes, de violettes et de liserons qui cachent les tombes et envahissent les sentiers à peine tracés et les abords du porche de l'église obstrués par des ardoises et des pierres que le vent a secoués du toit et du clocher. Ce délabrement toléré contraste désagréablement avec le luxe de précaution développé autour du tronc qui sollicite la charité des fidèles. Ce tronc est formé d'un arbre énorme équarri, beaucoup plus large à la base qu'au sommet ; fiché dans le sol et scellé dans le pavé , il est inébranlable et de plus cerclé, plaqué, chevronné et blindé de fer. »
En 1891, la fermeture de la Société linière de Landerneau entraîne un déclin démographique de la commune.
Le dernier loup tué dans la région l'a été à Pencran en 1895 (toutefois un loup a trois pattes aurait encore été observé en 1906 entre Landeleau et Loqueffret et un aurait peut-être été tué à Tréméven en 1913).
Le 20ᵉ siècle
La Belle Époque
Le 9 janvier 1903, Guéguen, curé de Pencran, fait partie des 31 prêtres du diocèse de Quimper dont les traitements sont retenus par décision du gouvernement Combes « tant qu'ils ne feront pas emploi de la langue française dans leurs instructions et l'enseignement du catéchisme » car ils utilisaient le breton. Charles de Lesguern, maire de Pencran écrit en 1903 : « Mes électeurs ne m'ont pas nommé maire depuis plus de 52 ans dans l'idée de me faire l'espion de l'administration » et refuse de préciser sur le certificat de résidence du curé qu'il doit signer tous les 3 mois afin qu'il puisse percevoir son traitement si celui-ci fait l'enseignement du catéchisme en français.
Le comte Charles de Lesguern, maire de Pencran pendant 56 ans, fut révoqué de ses fonctions en janvier 1907 pour avoir replacé des crucifix dans les salles des écoles. Il fut aussi lieutenant de louveterie. Il décéda le 9 septembre 1908 en son château de Chef-du-Bois. Les électeurs de Pencran lui avaient témoigné leur fidélité en élisant comme maire pour lui succéder son fils Armand de Lesguern, qui par ailleurs était président de la Société d'horticulture et d'agriculture de l'arrondissement de Brest.
En vertu de la querelle des inventaires, le recteur de Pencran fut expulsé de son presbytère en 1907 :
« L'expulsion du recteur du presbytère de Pencran a eu lieu à onze heures. La gendarmerie gardait les abords du clocher de l'église pour empêcher que l'on sonnât les cloches. Afin d'éviter des incidents, le recteur a été gardé à vue pendant le déménagement des meubles. »
La Première Guerre mondiale
Monument aux morts de 1914-1918.
Le monument aux morts de Pencran porte les noms de 17 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale ; parmi eux, un au moins (Henri Deniel) est décédé en Belgique en 1915 ; la plupart des autres sont décédés sur le sol français dont Paul Rolland et Jean Toullec, tous deux tués aux Éparges (Meuse) en 1915 et décorés de la Médaille militaire et de la Croix de guerre.
L'entre-deux-guerres
En 1925, le château de Chef-du-Bois est acheté par la famille Rosmorduc.
La Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Pencran porte les noms de sept personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale ; parmi elles Jean Marie Madec, décédé lors de la Débâcle en mai 1940, Auguste Diverrès et Isidore Jaffredou, morts en captivité en Allemagne, Jean Plouguerne, mort le 11 mai 1945 en Allemagne.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous la forme Capella Beatae Mariae de Pentran en 1363.
Le nom en breton de la commune et Penn-ar-c'hrann. Il signifie littéralement « le bout de l'essart » (de Penn, tête, bout, et Krann, mot que l'on trouve également dans le nom de la forêt du Cranou), que l'on peut aussi traduite par « Chef-du-Bois », nom du château dont dépendait traditionnellement la paroisse, car c'était à cet endroit que se trouvait alors la limite de la forêt de Landerneau, qui s'étendait alors sur les deux rives de l'Élorn.
Monuments
L'enclos paroissial :
L'église paroissiale Notre-Dame : son clocher date du 16ᵉ siècle et possède la plus ancienne cloche du Finistère, datée de 1635. L'église possède un groupe statuaire représentant l'Annonciation qui date du 15ᵉ siècle. Un ciboire du 18ᵉ siècle y est également visible, ainsi qu'une couronne d'ostensoir et son écrin.
Le porche de l'église de Pencran est daté de 1553. « Dans les archivoltes de nombreuses scènes édifient le fidèle. Elles sont encadrées par de petits dais où alternent les motifs flamboyants et Louis 12, avec les accolades de rubans à fleurettes, au-dessous desquelles s'insèrent des coquilles nervées : on y reconnaît le modèle de Rumengol ».
L'ossuaire date de 1594. Sur la frise, on lit l'inscription suivante, en breton : « CHAPEL DA SA ITROP : HA : KARNEL : DA : LAKAT : ESKERN : AN : POBL » (« Chapelle de Saint Eutrope et charnier pour mettre les os du peuple »). L'ossuaire a été un temps transformé en maison et est désormais propriété privée. Il renferme le caveau de la famille Rosmorduc.
Le calvaire nord de l'enclos paroissial date de 1521 ; il est l'un des ancêtres des calvaires à double traverse et annonce dans sa composition d'autres calvaires de la région qui lui sont postérieurs, comme ceux de Plougonven, Saint-Thégonnec ou Plougastel : « à la base d'un élégant fût octogonal se tient une Madeleine éplorée. Le groupe du calvaire est disposé sur trois traverses. Les bras du Christ sont, bien sûr, fixés à la traverse supérieure. À chaque extrémité, comme l'oiseau sur la branche, repose un ange. Au-dessus du Christ, en tête de mat, un petit personnage représente l'âme du crucifié qui s'élève, bras levés, vers le ciel de la gloire. Sur la deuxième traverse sont postés deux cavaliers (...) de part et d'autre du Christ (...). Sur la troisième traverse, dos à dos, se tiennent quatre personnages : Jean et une sainte femme du même côté que la Christ, et de l'autre, saint Pierre et saint Yves (...). Entre les deuxième et troisième traverses, sur une console, est fixée une piétà. Au revers du calvaire, à la hauteur du Christ, le sculpteur a représenté un Christ aux outrages (...) et, un peu plus bas, une Vierge à l'Enfant ». Les larrons agonisent sur des gibets en tau (« T ») à l'écart de la croix ; les âmes du Christ et des larrons s'envolent, chacune vers son destin, glorieux... ou infernal.
Le calvaire sud de l'enclos paroissial date de 1779 et a été restauré en 1869.
Le manoir de Kermadec, de style gothique, est construit par la famille Huon en 1450. Au rez-de-chaussée, les trois pièces principales sont réparties selon un plan en équerre. En 1450, le seigneur de Kermadec était occupé à restaurer son manoir « ruyneux et indigent de réparations » et soucieux d'enclore les terres en friches du domaine pour en éviter la perdition et en faire des réserves foncières. À noter le couronnement de la cage d'escalier par un pilier supportant le sol à dalles rayonnantes de la pièce haute.
Le château de Chef du Bois : un manoir ancien existait dès le 15ᵉ siècle, sinon avant, mais le château actuel date de 1668. Il fut construit par François de Kersulguen et son épouse Jeanne de Kerguizec.
Le manoir de Keroullay (Keroullé) ; les textes font mention d'un métayer « demeurant au village de Keroullay, en l'hostel du sire de Kercoent, applacement de manoir et mansion de noble homme ».
Le calvaire du cimetière : il se présente comme une croix, ses personnages étant groupés autour du Christ.