Plévin [plevɛ̃] (Plevin en breton) est une commune française située dans le département des Côtes-d'Armor en région Bretagne.
Histoire
Moyen-Âge
Plévin fut une paroisse de l'Armorique primitive, dont le vaste territoire englobait alors les paroisses de Motreff, Tréogan et Paule, ainsi peut-être que Glomel.
Époque moderne
Un aveu d'Anne de Laval concernant la seigneurie de Kergorlay date de 1543.
Cette commune est connue pour des faits liés à la Révolte des Bonnets rouges en 1675 : ceux-ci incendièrent en partie le manoir de Kerlouet.
Le 20ᵉ siècle
La Belle Époque
En 1908, la commune de Chantenay (depuis annexée par Nantes), comptait plus de 400 personnes originaires de Plévin ou ses environs, travaillant dans les usines locales de sucre, de phosphate ou de ciment.
Les guerres du XXe siècle
Le monument aux Morts porte les noms de 114 soldats morts pour la Patrie :
- 90 sont morts durant la Première Guerre mondiale.
- 22 sont morts durant la Seconde Guerre mondiale.
- 2 sont morts durant la Guerre d'Algérie.
Par ailleurs Pierre Heuzé, chef d'un groupe de résistants FFI, fut tué le 5 août 1944 lors d'une embuscade tendue par des soldats allemands au Poteau, dans la forêt de la Hunaudaye.
Le maquis du Bois de Conveau et ses environs
Ce maquis est appelé également « maquis des Montagnes Noires » et dénommé aussi en 1944 « bataillon Guy Môquet », formé alors de quatre compagnies : Pierre-Louis Menguy, Joseph Scotet, Auguste Dugay, Ernest Le Borgne. Il coopère aussi avec les maquis voisins comme le maquis de Saint-Goazec-Spézet : le "bataillon Stalingrad", le maquis Tito de Saint-Nicolas-du-Pélem dans les Côtes-du-Nord et le maquis de Saint-Marcel dans le Morbihan.
Pourchassés par les Allemands, des maquisards provenant du maquis de Saint-Goazec - Spézet se cachent pendant l'hiver 1943-1944 dans le bois de Conveau, dans les Montagnes noires, à cheval sur les communes de Tréogan (Côtes-du-Nord) et Langonnet (Morbihan) ; ils trouvent aussi refuge dans une maison isolée située à 1 kilomètre du bourg de Plévin (Côtes-du-Nord) sur la route de Paule. De là, ils mènent des expéditions punitives, rançonnant en particulier des personnes soupçonnées de collaboration. Le 21 janvier 1944, après avoir rançonné un notable du bourg de Plévin qui était un collaborateur notoire, sept maquisards font irruption dans le village de Gartulan en Plévin dans le but de trouver de l'argent et tuent deux paysans, Joseph Hourman et Corentin Mahé qui tentent de s'y opposer. Une opération de police consécutive à ces assassinats entraîna une dizaine d'arrestations ; trois des maquisards ayant participé à cette opération furent arrêtés, puis exécutés à Rennes le 19 mars 1944. Un procès tenu en 1947 entraîna pour ces deux crimes l'arrestation de deux autres personnes, qui furent condamnées à respectivement 15 et 10 ans de travaux forcés.
Ce maquis éclata au début de l'année 1944 en deux groupes, l'un, dirigé par Lucien Guenneau, restant dans le giron du Parti communiste clandestin, refusant désormais d'attaquer des cibles civiles, l'autre, "incontrôlé", comprenant notamment Jean Pennec, dit "Capo", Georges Saint-Cyr, Simon Vigouroux, Joseph Scotet et partisan d'actions beaucoup plus dures.
Vers la mi-janvier 1944, un soldat allemand (le vaguemestre) de la garnison du Mont-Noir (Menez Gliguéric) en Plévin, est tué entre Tréogan et Touldous par un groupe de maquisards. Le 23 janvier 1944 le résistant Albert le Goff, de Paule, est arrêté (il avait entre autres actions sectionné le câble téléphonique souterrain Berlin-Brest ainsi que la ligne électrique haute tension reliant le barrage de Guerlédan à Brest), puis déporté au camp de concentration de Dachau où il survécut.
Le 6 mai 1944, des maquisards du Bois de Conveau, accueillis temporairement au hameau de Touhallec en Paule sont surpris par les Allemands qui blessent gravement Joseph Scotet, lequel décède le lendemain en dépit de l'opération tentée clandestinement à la clinique de Gourin par le docteur Paul Lohéac ; son corps est enterré dans un champ par la famille Bouchard dans la ferme de Fretezach en Gourin chez qui il était caché lors de son décès. Le père, Guillaume Bouchard, et ses trois fils, Albert, Ernest et Jean sont arrêtés par les Allemands le 24 mai 1944, ainsi que le docteur Paul Lohéac. Guillaume, Albert et Ernest Bouchard sont morts en déportation ; Paul Bouchard, âgé de seulement 16 ans, fut incarcéré à la prison Saint-Charles de Quimper avant d'être libéré. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1944, les Allemands firent une rafle à Gourin.
Le 11 mai 1944, un groupe de résistants FTP tue Yves Le Cann et le lendemain, son frère François Le Cann, tous les deux du hameau de Mézouet en Glomel, accusés de commercer avec les troupes d'occupation, pour venger l'assassinat le 10 mai 1944 de René Rolland surpris par les Allemands dans ce hameau. Le 12 mai 1944 à Glomel des résistants violentent puis assassinent une bouchère-charcutière, Félicité Hello, veuve Gloannec, accusée de faire du marché noir.
Des maquisards osent défiler le 18 mai 1944 devant 500 personnes dans le bourg de Plévin pour affirmer leur force, à moins que ce ne fût dans le bourg de Paule, car les deux versions existent. Le même jour, les deux tenancières du café de Touldous en Plévin, Adélaïde Philippe et Marie Le Fur sont assassinées par des résistants du maquis voisin, et une fillette de 11 ans, Odette Baubion, est aussi tuée en même temps accidentellement, car leur café était fréquenté par des soldats allemands ; les deux femmes étaient aussi accusées, à tort semble-t-il, de pratiquer la « collaboration horizontale ».
Le 22 mai 1944, le maire de Glomel Jean-Louis Croizer, dit "Croizer Bras", agriculteur, membre de l'Office central agricole de Landerneau, Croix de guerre 1914-1918, qui ne cachait pas son attachement au maréchal Pétain, est assassiné par deux maquisards venus le rançonner, Joseph Masson, dit "Mataff" et Jean-Louis Corbel, surnommé "Coco", parce qu'il a refusé de leur donner 4 000 francs.
Le 29 juin 1944, un bataillon allemand et des troupes du Bezen Perrot à Trébrivan alors qu'une vingtaine de résistants FTP de Callac déjeunaient dans l'auberge Guéguen, au bourg. L'aubergiste, Joseph Guéguen, périt dans son établissement en flammes en même temps que deux maquisards, René Le Gaudu et Kahatchick Korudjoumdgian, un arménien; 13 personnes furent prises en otage et déportées (11 moururent en déportation). Une plaque commémorative rappelle cette rafle.
Des parachutages d'armes avaient lieu périodiquement, par exemple le 14 juillet 1944 pour renforcer l'armement du bataillon Guy Môquet.
Les convois allemands étaient souvent attaqués par les maquisards, particulièrement entre Le Moustoir et Rostrenen : par exemple le 5 juin 1944, des maquisards attaquent dans une embuscade une Mercédès allemande décapotable se rendant de Châteaulin à Rennes à 500 mètres à l'est du lieu-dit "La Pie", commune de Paule, tuant deux officiers et blessant le général Paul Mulhmann. Le 17 juillet 1944, au village de Leinhon en Le Moustoir, une compagnie du maquis FTP de Plévin-Paule fit un coup de main contre un dépôt d'habillement allemand.
Le 29 juillet 1944, des troupes allemandes venues de Brest tentent d'en finir avec ce nid de résistants qui entre autres actions attaquait régulièrement les convois allemands au lieu-dit "La Pie" en Paule, entre Carhaix et Rostrenen. Les troupes allemandes attaquent vers 7 heures du matin des maquisards du maquis de Jean Morvan de Tréogan venus du Morbihan ; les Allemands prennent 5 otages dans le hameau de Saint-Émilion dont Théophile Pencrech, qui est tué, et Yves Pencrech, torturé à Carhaix, mais qui échappe à la mort. Quatre paysans qui travaillaient dans un champ à Kerhoze sont aussi tués. Puis les Allemands attaquent vers 8h30 les pentes du Mont-Noir, se dirigeant vers le bois de Coat Meur, à l'est du hameau de Castellaouénan, près duquel un résistant, Jean Le Bris, est tué, brûlé dans une ferme à Kerhouarn. Des maquisards venus en renfort de Kergrist-Moëlou et d'autres de Callac, la compagnie FTP Ernest Le Borgne, participent aux combats. En fin d'après-midi, les combats se déplacent du côté du hameau de Saint-Jean (en Plévin) où la compagnie FTP P. L. Menguy résiste pendant six heures, puis décroche. Parmi les résistants tués à Saint-Jean, deux jeunes, André Tilmant, 16 ans, et Roger Herviou, 18 ans.
Le bilan de la bataille de La Pie est très incertain, variant selon les auteurs : le nombre des combattants est estimé de 450 à 600 côté résistants, de 2 000 à 3 000 côté allemand ; les estimations du nombre des morts est encore plus variable : côté français, 13 morts ce jour-là sont précisément identifiés selon Yves Mervin ; 54 morts selon Jean Le Jeune ; le monument commémoratif de La Pie recense quant à lui 144 victimes françaises (dont 70 résistants tués pendant les combats ou fusillés, 33 résistants morts en déportation, 40 victimes civiles). Côté allemand, les pertes estimées varient de quelques dizaines de morts (Christian Bougeard) à près de trois cents morts. Une stèle commémorative située à Kerhoz-Gartulan rappelle les noms de trois résistants FTPF fusillés le 29 juillet 1944 à cet endroit : Jean Le Bourhis (33 ans), Yves Guillemot (25 ans) et André Daniel (19 ans).
Le 10 août 1944, des résistants FFI venus de Carhaix traquent dans le bois de Coat Meur une compagnie allemande venue de Brest et se dirigeant vers la Poche de Lorient. Trois résistants sont tués : Gilbert Poulizac (un étudiant), Eugène Bernard, Marcel Le Her (blessé, mort le lendemain).
Des agents allemands tentèrent régulièrement d'infiltrer ce maquis : d'abord un milicien, François Enet, qui fut fusillé fin juin 1944 par des résistants après un jugement sommaire ; puis Charles Le Luel, originaire d'Auray, engagé dans la Légion des volontaires français contre le bolchévisme, exécuté lui aussi par les résistants ; sa femme fut étranglée et son corps jeté à l'eau dans le canal de Nantes à Brest au pont de Goariva (commune du Moustoir).
L'après-Seconde-Guerre mondiale
L'ardoisière de Kervoalzé, ouverte en 1968, ferma en 1975 ; elle a repris une certaine activité pour la production d'ardoises rustiques. Les ardoisières Guyomarc'h et Corvellec sont toujours en activité .
Le 28 septembre 1999, le dépôt d'explosifs de la société Titanobel (à l'époque Titanite) installé sur cette commune est pillé ; voir Affaire de Plévin.
Le 21ᵉ siècle
Une ferme photovoltaïque contenant 16 000 panneaux solaires doit être mise en service en 2021 sur le site de l'ancienne décharge de Saint-Jean à un peu plus d'un kilomètre du bourg de Plévin.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Pleguin vers 1330 et en 1368, Plezvin en 1371, Ploeizvin en 1394, Ploeguin en 1535 et en 1536, Ploevin en 1536 et en 1599.
Le nom provient du breton « ploe » (paroisse) et Saint-Ewin, un disciple de saint Samson.
Lieux et monuments
- L'église paroissiale Notre-Dame, construite par Ernest Le Guerranic, et le calvaire, qui date probablement du 16ᵉ siècle.
- La chapelle Saint-Jean.
- La chapelle Saint-Abibon, dédiée à saint Abibon, et la fontaine Saint-Diboan. L'abbé Mével a écrit en 1924 : « Dans notre Cornouaille, trois centres sont plus particulièrement remarquables pour la dévotion dont saint Diboan est l'objet : Tréméven (...), Leuhan (...) et Plévin, paroisse appartenant aujourd'hui au diocèse de Saint-Brieuc. (...) Le pardon de saint Abibon se fait à Leuhan le troisième dimanche d'août. (...) Saint Abibon est invoqué pour les malades, mais on y vient aussi beaucoup pour les enfants ». Voir aussi : Vierge à l'Enfant de Plévin
Vidéo externe
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Présentation du musée sur le compte Dailymotion d'Ouest-France
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À Rest Loët, un hameau de la commune, le musée des automates peut être visité. Les automates présents retracent la vie en milieu rural au début du 10ᵉ siècle : le forgeron, le cordonnier, la journée de battage, etc..