Plougastel-Daoulas (/plu.gas.tɛl da.u.las/) est une ville du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France. Ses habitants sont appelés les Plougastels et pour les femmes, on utilise le mot breton Plougastellenn.
Histoire
Préhistoire
Le site archéologique du Rocher de l'Impératrice à Plougastel-Daoulas, est un abri sous roche d'environ 10 mètres de long et deux à trois mètres de profondeur, installé au pied de la grande barre de grès armoricain qui affleure le long de la rive gauche de la basse vallée de l'Élorn qui se jette dans la rade de Brest. Découvert lors de la tempête de 1987 par Michel Le Goffic, archéologue départemental du Finistère, il est fouillé depuis 2013 par une équipe de l'Université de Nice Sophia Antipolis dirigée par Nicolas Naudinot. Ce site n'a livré aucun vestige osseux (dont la conservation est rare dans les sols acides) mais des outils en silex (dont des pièces à dos aziliennes à deux pointes opposées, probablement apportées par les chasseurs-cueilleurs car il n'existe pas de gisement de silex sur le Massif armoricain) ainsi que des plaquettes d'art mobilier de schiste gravées, datées d'environ 12 500 av. J.-C. selon plusieurs datations radiocarbones. Si la plupart de ces éléments sont fragmentaires, certains montrent des signes géométriques mais aussi quelques représentations très figuratives sous la forme d'aurochs (dont l'« aurochs rayonnant ») et de chevaux. Les archéologues estiment que cet abri sous roche pourrait avoir servi de camp de chasse pour des opérations menées dans l'actuelle rade de Brest qui était alors une grande étendue steppique. Ces gravures préhistoriques datent de l'Azilien ancien, une période comprise entre le Magdalénien et le Mésolithique. Les témoignages artistiques sont particulièrement rares pour cette période en Europe et les vestiges du Rocher de l'Impératrice constituent les plus anciennes traces d'art de Bretagne.
Des menhirs se trouvent près des villages de Lesquivit, de Lanvrizan et du Carn.
Antiquité
Plougastel aurait été à l'origine un oppidum (situé à Roc'h-Nivelen, le rocher des prêtres en français), un refuge habité dès le Néolithique. Naturellement protégé par sa configuration de presqu'île et son armature de rochers, aux confins de la Domnonée, peut-être le lieu dénommé Merthyr où, en 874, le roi Salaün, après avoir commis le meurtre d'Erispoë, aurait été tué par Gurwand et Paskweten (mais ce lieu est plus souvent identifié comme étant La Martyre, dans le même département actuel du Finistère).
Le site de Fontaine Blanche correspond à un ancien lieu de culte païen où les Celtes honoraient la déesse de la fécondité, dont la statue fut retrouvée sous le calvaire et se trouve désormais au musée de la fraise. Le nom du lieu-dit Feunteun Wenn peut se traduire en français par fontaine blanche, mais aussi par fontaine sacrée, gwenn (provenant du gaulois vindo) voulant aussi dire sacré,.
Un vase d'argile contenant des pièces de monnaie romaines fut découvert au 19ᵉ siècle sur la grève de Porsguen (Porz Gwenn), port d'échouage à l'époque, et des médaillons romains à Fontaine-Blanche.
Une probable stèle de l'âge du fer, peut-être réutilisée en borne milliaire bien qu'anépigraphe, a été trouvée à Lanvrizan. Certains ont fait l'hypothèse qu'une voie antique passerait non loin du lieu de découverte.
Moyen Âge
Haut Moyen Âge
L'archidiaconé de Plougastel était l'un des deux archidiaconés du diocèse de Tréguier, correspondant au territoire situé entre les rivières de Lannion et de Morlaix, et n'avait rien à voir avec Plougastel-Daoulas.
Plougastel fit partie de la vicomté de Léon, dont le siège était à Landerneau. En 1186, le vicomte Hervé II de Léon, cède les dîmes de certains villages à l'abbaye de Daoulas, qui peu à peu contrôle la majeure partie de la paroisse. Comme cette abbaye dépendait de l'évêché de Cornouaille, Plougastel est donc désormais inclut dans la Cornouaille.
Au 12ᵉ siècle, un château-fort dominant l'Élorn, datant de la même époque que celui de La Roche-Maurice, aurait existé à Kérérault. Le nom d'un seigneur y habitant est connu : Jehan III de Kererault, qui serait mort de la peste et dont le tombeau est signalé en 1780 dans une chapelle proche, désormais disparue. Un manoir lui a succédé, acheté en 1863 par l'amiral Joseph Romain-Desfossés.
Seigneuries de Plougastel
Les seigneuries étaient alors nombreuses à Plougastel :
- la seigneurie de la Villeneuve (Kernevez), aux mains de la famille L'Audren ;
- la seigneurie de Pen ar Hoat (ou Pencoat, ou Penancoët), aux mains de la famille Penancoët ;
- la seigneurie de Kerahelan, aux mains de la famille Huon (qui possédait aussi la seigneurie de Kerliezec en Dirinon) ;
- la seigneurie de Kerverny (ou Kervern), aux mains de la famille Gouzabatz ;
- la seigneurie de Kérérault (ou Kererot), aux mains de la famille Kérérault ;
- la seigneurie de Kernisi, aux mains de la famille Kerguern (qui possédait aussi la seigneurie de Kerguern en Dirinon) ;
- la seigneurie du Fresq, aux mains de la famille Kerret (dont la seigneurie éponyme se trouvait à Saint-Martin-des-Champs) ;
- la seigneurie du Rosier, aux mains d'un ramage de la famille des comtes de Léon ;
- la seigneurie de Lescouëdic (Le Scouidic), aux mains d'une autre famille de Léon ;
- la seigneurie de Lesnon, aux mains de la famille Rodellec ;
- la seigneurie de Roscerf (Rossermeur), aux mains de la famille de Roscerf, puis de la famille Dourguy. Elle possédait les chapelles Saint-Trémeur et Saint-Claude ;
- la seigneurie du Cosquer, aux mains de la famille Testard ;
- la seigneurie du Quilliou, aux mains de la famille Barbu ;
- une autre seigneurie du Quilliou, aux mains de la famille Guengat ;
- la seigneurie de Liorzinic (Lizourzinic) aux mains de la famille Du Louët.
Pour la famille du Louët, une présentation plus détaillée est disponible, voir :
Temps modernes
Atelier du « Maître de Plougastel »
L'atelier du "Maître de Plougastel" a fonctionné entre 1570 et 1621, sculptant en kersanton calvaires, croix, statues et décors d'église. Parmi ses œuvres connues, le calvaire de Plougastel-Daoulas, une partie du porche de l'église de Guimiliau, le calvaire de Locmélar, des décors de l'église Saint-Salomon de La Martyre (bénitiers, Cariatide aux bandelettes, etc..) les statues du porche de l'église Notre-Dame de Bodilis, les statues des quatre Évangélistes, de saint Tugen et des apôtres de la chapelle Saint-Tugen à Primelin, la statue de la Vierge à l'Enfant dans l'église Notre-Dame de Tréguennec, des statues dont celle de saint Thégonnec dans l'église Saint-Thégonnec à Saint-Thégonnec, la statue de Notre-Dame du Folgoët dans la basilique Notre-Dame du Folgoët, celle de Jacques le Majeur dans l'église Saint-Houardon de Landerneau, celle de saint Guévroc dans le porche de l'église de Lanneuffret, les statues des douze apôtres sur la façade ouest de l'église Notre-Dame de Confort à Confort-Meilars, des statues dans les églises de Plogoff et Saint-Urbain ainsi qu'à l'ossuaire de Saint-Servais, l'autel de la Chapelle Notre-Dame de Lambader en Plouvorn , et cetera
17ᵉ siècle
Aux 15ᵉ et 16ᵉ siècles la culture du lin et du chanvre et le commerce des toiles (en particulier des toiles fines dénommées « Plougastel blanches ») enrichit Plougastel, elles s'exportent jusqu'en Angleterre et en Hollande et dans la péninsule Ibérique, mais les manufactures créées par Colbert à partir de 1675 entraînent le déclin de cette activité toilière. Cette activité persiste toutefois aux 17ᵉ siècle et 18ᵉ siècle où la seule paroisse de Plougastel fournit encore 60 pièces de lin chaque semaine, mais l'essor des cultures de fraisiers provoqua le recul de la culture du lin, même si des métiers à tisser fonctionnèrent à Plougastel jusqu'au début du 20ᵉ siècle, mais travaillant du lin cultivé dans d'autres communes de la région ainsi que de la berlingue.
Le calvaire est érigé de 1602 à 1604 dans l'atelier du "Maître de Plougastel" par deux personnages dénommés Corr, architecte et Perrious Baod, curé, en actions de grâces après l'épidémie de peste de 1598, laquelle provoqua le décès d'un tiers des habitants ; il était désigné sous le vocable de Croaz ar Vossen ; il fut restauré dans la seconde moitié du 19ᵉ siècle.
En 1644, Julien Maunoir, célèbre prédicateur, prêche une mission à Plougastel au cours de laquelle, si on en croit les récits hagiographiques, plusieurs interventions miraculeuses de la Vierge Marie auraient eu lieu. Lors d'une autre mission prêchée en 1660, parce qu'il s'opposait fermement aux distractions profanes pendant les fêtes religieuses, le prédicateur Julien Maunoir failli être tué par des paroissiens mécontents.
Nicolas Le Forestier (1617 - 1677), né et décédé à Landerneau, était seigneur de Keroumen en Plougastel, et descendant d'une vieille famille noble de Cornouaille, Le Forestier de Quilien, qui figure aux réformations et montres de la paroisse de Plonévez-du-Faou entre 1481 et 1531.
Le 1er avril 1697, deux paysans se rendant à l'Île Ronde, aperçurent neuf hommes cachés dans un vieux four à chaux ; se voyant découverts ils s'enfuirent en chaloupe, mais l'officier qui commandait une batterie voisine, après deux coups de mousquet de semonce, tira et « ils furent tous noyez quelque diligence qu'on fit pour les sauver. On reconnut à diverses marques qu'ils estoient anglais, et qu'ils avoient esté amenez pour reconnoistre les lieux ».
18ᵉ siècle
En 1741, une épidémie de dysenterie, qui ravagea une bonne partie de la Bretagne, fit environ 700 morts dans la région de Plougastel.
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Plougastel de fournir 60 hommes et de payer 393 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne ».
Alors que l'activité agricole était semble-t-il principalement céréalière au 18ᵉ siècle, elle évolue progressivement vers le maraîchage et l'arboriculture en raison de la douceur du climat de la Ceinture dorée bretonne et de la proximité du débouché brestois, la culture des fraisiers étant signalée à partir de 1766.
Révolution française
Yves Julien, Testart de la Roche, Roshuel, Louis Kervella, Yves Gourmelon, Jean Vergas, Jean Le Bot et François Le Billant sont les 8 délégués représentant les 800 feux de Plougastel lors de l'élection des députés du tiers état de la sénéchaussée de Quimper aux États généraux de 1789.
En 1791, les paroissiens soutiennent leurs trois prêtres qui refusent de prêter le serment de fidélité à la constitution civile du clergé. Lors de la plantation d'un arbre de la liberté, un hymne en breton fut composé et chanté pour la circonstance.
19ᵉ siècle
Création de l'hospice de Plougastel
En 1855, Madame Marie Mazé-Launay, veuve du député et négociant Christian Mazé-Launay, fonde l'hospice de Plougastel, qui reçoit des vieillards mais fait aussi fonction d'hôpital, et en confie la direction à la Congrégation des sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve, qui y ouvrent également en 1861 une école pour les orphelines. L'ensemble est traditionnellement dénommé « Le couvent » par les habitants de Plougastel. Les bâtiments, agrandis en 1962, et rénovés depuis avec la création en 1980 d'un accueil « Long séjour » ainsi que d'un établissement de cure médicale, abritent l'actuelle Maison de retraite Saint-Thomas de Villeneuve de Plougastel, gérée depuis 2010 par l'Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve dont le siège se trouve à Lamballe ; l'établissement de Plougastel reçoit 315 résidents et emploie près de 200 personnes.
Affaire Marie-Anne Laviec
Le 21 décembre 1850, la Cour de cassation casse un jugement du tribunal de simple police de Daoulas qui avait exonéré de poursuites une cabaretière du bourg de Plougastel, Marie-Anne Laviec, qui n'avait pas respecté un arrêté municipal prohibant la vente de boissons pendant l'office divin.
Difficultés de la modernisation
La création d'un service télégraphique dans la commune en 1873 est ajournée par décision du conseil municipal car « ses ressources ne lui permettaient pas actuellement de subvenir à la dépense ».
Naufrage dramatique
Le journal Le Temps écrit en 1878 : « Un effroyable sinistre est arrivé dans la nuit de mercredi [le 6 mars 1878] sur les côtes de Brest. Le bateau Marie-Joseph sur lequel se trouvaient trente-cinq passagers des villages voisins, Saint-Adrien, Plougastel, Daoulas, etc., a sombré entre la pointe de l'Armorique et l'île Ronde. Ni un passager, ni un homme de l'équipage n'ont survécu. Dimanche encore, on n'avait retrouvé qu'un cadavre, celui d'une femme, qui a été inhumé à Plougastel ».
Épidémies du 19ᵉ siècle
En 1885-1886, Plougastel-Daoulas est atteint par l'épidémie de choléra partie de Brest qui frappe 95 habitants du village du Tinduff, l'épidémie ne provoquant toutefois que quatre décès.
Description de Plougastel en 1897
Tancrède Martel fait en 1897 cette description de Plougastel-Daoulas et de son pardon :
« Le bourg est précédé d'une grappe de maisons. Sur la route, pas une âme. Tout le monde est à la procession. Devant un humble débit de cidre, deux enfants, gardiens de la maison, lutinent un gros chien. Cependant la sonnerie de cloches redouble. [...] Une longue file d'hommes, de femmes et d'enfants, un millier d'êtres ondulent entre les deux ornières, viennent à moi. Au-dessus des têtes, se montrent la croix de l'église paroissiale, les bannières des confréries. De loin cela rappelle à s'y méprendre les saisissants cortèges du Moyen Âge quand toute une ville allait, en un pèlerinage fameux, supplier le saint d'intercéder en faveur de la cité. [...]. On ne m'a point trompé : les riches vêtements de fête, aux couleurs éclatantes, aux broderies originales et laborieusement ouvrées, passent sous mes yeux, comme la plus extraordinaire débauche de couleurs, le plus bariolé des rêves. [...] En tête, portant les plus belles bannières, ou tenant dévotement les glands et les cordonnets, marchent les anciens, les patriarches du village, groupe inoubliable et superbe. Vingt ou trente vieillards, presque tous octogénaires, et dont les cheveux flottants, telles les chevelures dénuées des aïeules, blanches comme l'argent ou la neige, cachent le dos et les épaules et ne s'arrêtent qu'au bragou-bras, ou large braie du pays. [...] Des costumes vénérables [...] assemblage exquis de vestes bleu de ciel ou brunes, de culottes bouffantes en velours rouge ou vert, de vastes chapeaux enjolivés de rubans noirs, d'épais ceinturons en cuir blanc, sur la large plaque desquels apparaît la croix, le double cœur ou la face d'un saint local [...] À ce fouillis surprenant de nuances masculines, vient bientôt s'ajouter celui des costumes de femmes : les jupes jaunes ou écarlates s'étageant sous l'ample robe de coupe surannée mais encore élégante ; les tabliers de laine ou de soie, les mouchoirs brodés en batiste ou en mousseline, et les blanches coiffes ornées de dentelles, et dont les barbes tombent sur les épaules, avec une incomparable majesté. [...] La cloche maintenant s'arrête. Avec un bruissement de chapelets et de crucifix de cuivre, un exquis bourdonnement de voix enfantines, la procession s'éloigne, dévale la lande et disparaît à l'horizon. Elle s'en va vers Roc'hquilliou et s'en reviendra par Roc'hquérézen. Elle fera ainsi le tour de la presqu'île et la ferveur de chaque hameau l'accompagnera de ses regards. Plougastel-Daoulas se compose de trois ou quatre rues toujours désertes, ourlées de pauvres maisons, blanches ou grises comme la pierre de Kersanton ; ce granit est à la Bretagne ce que la pierre de Volvic est à l'Auvergne : la pierre d'angle des moindres maisons. Au fond d'une ruelle, une sorte d'enclos m'attire. C'était là l'ancien cimetière. L'église est au milieu et, faisant face au porche de l'édifice, on aperçoit les panonceaux de cuivre du notaire. Trois ou quatre bonnes vieilles, vêtues de noir, coiffées de blanc, regardent passer l'étranger. [...] Derrière les murs nus, verdis, suintant l'humidité, envahis par les pariétaires, s'élève, s'appuyant presque à l'église, ce monument unique au monde qu'on appelle le calvaire de Plougastel. »
20ᵉ siècle
Un minotier de Kergoff en Plougastel-Daoulas, Joseph Billant, constitue une société pour fournir l'énergie électrique à la commune : l'éclairage communal, celui de l'église, d'un grand nombre des commerce et des maisons du bourg commence en juillet 1904.
Écoles et querelles liées à la religion fin 19ᵉ siècle-début 20ᵉ siècle
Les deux premières écoles de garçons de Plougastel ouvrirent en 1830 au bourg et en 1843 à Saint-Adrien. En 1883-1884, à la suite des lois Jules Ferry, trois groupes scolaires comprenant chacun une école de garçons et une école de filles sont construits au bourg, à Pont-Callec et à Sainte-Christine ainsi qu'une école de filles à Saint-Adrien,.
En 1891, le journal La Croix indique que Plougastel-Daoulas compte quatre écoles publiques (dont une dans le hameau de Pont-Callec compte une douzaine d'élèves) et une école privée qui vient d'ouvrir et qui compte plus de 200 élèves.
En 1896, les religieuses de la congrégation hospitalière des Sœurs de Saint-Thomas-de-Villeneuve, qui tenaient un hospice à Plougastel et s'occupaient des malades, vieillards, infirmes et des orphelins (l'orphelinat comptait par exemple 35 enfants en 1902), sont menacées de saisie. Une manifestation, animée par le député local, également conseiller général du canton de Daoulas, François-Émile Villiers, qui soutient les Sœurs, parlant dans son discours de « persécution fiscale ». Le journal La Bretagne écrit : « Notre commune, si calme d'ordinaire, est sous le coup d'une émotion vive », la population crie des slogans comme « Vive les Sœurs de l'hospice ».
En réponse à une enquête épiscopale organisée en 1902 par François-Virgile Dubillard, évêque de Quimper et de Léon en raison de la politique alors menée par le gouvernement d'Émile Combes contre l'utilisation du breton par les membres du clergé, le recteur de Plougastel écrit : « Les neuf-dixièmes de la population ne comprendraient quasi rien aux instructions [religieuses] françaises. Tout le monde du reste, à Plougastel, comprend bien le breton, à part une dizaine de personnes tout au plus ». Mais ce n'est pas l'avis du préfet du Finistère qui indique en 1903 dans un rapport : « Quoi que très fermée, la population de Plougastel est en rapports fréquents avec Brest qu'elle approvisionne en fruits et légumes (...). Elle comprend suffisamment le français pour entendre des sermons en notre langue nationale ».
Le Journal des débats relate ainsi les faits liés à la querelle des inventaires à Plougastel en novembre 1906:
« Malgré la quantité des forces envoyées pour les inventaires et la rapidité des opérations, une vive résistance s'est produite dans plusieurs communes. Le commissaire de police Daligand s'est rendu à Plougastel-Daoulas avec 25 cuirassiers. Dès leur présence signalée, le tocsin se met à sonner. Devant l'église, cinq à six cents fidèles, tous en habits de fête, sont massés. Des cris de « Vive la liberté ! Vive le Christ ! » éclatent. Le recteur refuse d'ouvrir les portes de l'église. Aux sommations, les fidèles répliquent par des cantiques. Les cuirassiers veulent déblayer le terrain, les fidèles répondent qu'ils se laisseront plutôt écraser. Malgré cela, les sapeurs du génie arrivent près de la porte, l'attaquent à coups de hache, et l'inventaire peut avoir lieu, pendant que de toutes parts éclatent les cris de : « À bas les crocheteurs ! ». »
Le 12 janvier 1907, le bruit s'étant répandu à Plougastel que l'inspecteur d'académie allait venir enlever le crucifix dans les écoles, 5 000 paysans bretons accourus des environs se réunirent à l'église puis processionnèrent : « Six hommes à cheval ouvrirent la marche, et la longue théorie des catholiques où l'on remarquait le clergé, le maire, les conseillers, les enfants des écoles libres, et M. Villiers, député monarchiste, s'en fut à travers le bourg en chantant des cantiques ».
Fraises de Plougastel à la fin du 19ᵉ siècle et au début du 20ᵉ siècle
En 1882, le journal La Presse, après avoir fait remarquer que la culture des fraisiers a commencé à Plougastel au 18ᵉ siècle, mais ne concernait jusqu'au milieu du 19ᵉ siècle que quelques hameaux, écrit : « Les fraisiers sont en plein champ sur les collines ou les falaises qui avoisinent la mer. Pour les préserver des coups de vent, les champs sont entourés de haies ou de petits murs de pierres sèches, ce qui retient en même temps la chaleur solaire. […] La récolte commence vers le 20 mai à Lauberlach, parcourt tout le mois de juin et se termine par le fraisier du Chili, dans la deuxième quinzaine de juillet ; la récolte de celles qui doivent être exportées se termine le 24 juin. […] C'est un total de 3 500 000 kilogrammes de fraises qui est récolté à Plougastel sur 200 hectare de terrains ». La première variété cultivée à grande échelle fut le « Fraisier du Chili », supplanté par la suite par de nouvelles variétés comme le « Fraisier Ananas », puis la « Princesse Royale », dite aussi « Fraise d'Angers », puis par la « Fraise de la Mayenne ». « 1 100 hectare étaient consacrés à la culture de la fraise à la veille de la Première Guerre mondiale, soit un quart de la surface totale de la presqu'île. La production s'élevait alors à 6 000 tonnes par an, ce qui représentait un quart de la production nationale ».
L'essor de la culture de la fraise a été aussi permis par l'apport de maërl, dragué en rade de Brest et dans l'océan Atlantique, et qui correspondait à une nécessité agronomique en permettant de réduire l'acidité des sols. Plus d'une quarantaine de navires travaillaient alors au dragage du maërl.
Jusqu'au milieu du 19ᵉ siècle, les fraises se vendaient presque uniquement à Landerneau et à Brest où elles étaient acheminées par les gabares et chaloupes à partir des petits ports de la presqu'île, l'exportation vers l'Angleterre commençant vers 1850 grâce à l'initiative d'une commerçante de Landerneau, suivie ensuite en 1865 par un négociant gascon, puis en 1867 par un commerçant de Roscoff ; ceux-ci venaient acheter les fraises directement chez les producteurs pour les revendre à Paris et à Londres. Vers la fin du 19ᵉ siècle, trois steamers partent en saison chaque semaine de la cale du Passage à destination de l'Angleterre. À partir de 1865, la mise en service de la ligne ferroviaire Paris-Montparnasse - Brest facilite l'acheminement des fraises vers le marché parisien, le nord de la France et la Belgique (10 wagons chargés de 500 cageots chaque jour en saison à la fin du 19ᵉ siècle). Quelques Plougastels commencent à exporter eux-mêmes vers le marché anglais à partir de 1879.
En 1878, le responsable du Jardin botanique de Brest, Blanchard, écrit : « Il n'y a pas de pays en Europe où il ne soit plus consommé de fraises qu'à Brest. Il en vient tellement, dans la saison, que les marchés, les coins de rue, les portes des casernes et des arsenaux sont encombrés de marchands de fraises ». En 1889 selon Benjamin Girard, la culture des fraises se fait en grand sur tout le versant sud de la presqu'île, la légèreté du terrain et l'exposition y rendant les fraises plus précoces ; les ventes vers Brest et Paris principalement se chiffraient chaque année à plusieurs centaines de milliers de francs de l'époque. En 1894, des producteurs de fraises de Plougastel s'associent pour créer la Shippers Union, concurrencée à partir de 1898 par la Farmers Union, puis en 1900 par la New Union, chaque société ayant ses bateaux, ses locaux et ses agents dont certains séjournaient à Plymouth, Manchester et Londres pendant la saison des fraises.
En 1907, la culture des fraises couvre dans la commune environ 250 hectares. Au début du 20ᵉ siècle, la région de Plougastel produit 25 % des fraises françaises, exportant une part notable de la production (« les fruits soigneusement emballés dans des paniers doublés d'une épaisse couche de fougères ») en Angleterre :
« À Plougastel-Daoulas, on cultive la fraise et les petits pois de temps immémorial, mais la vente en Angleterre, pourtant très indiquée, était très difficile. En 1906, les agriculteurs, groupés en syndicat coopératif, lancèrent deux vapeurs pour transporter régulièrement leurs produits à Plymouth. La fraise était prise au point de livraison par les commis du Syndicat, transportée à ses frais aux magasins où se fait l'emballage, et embarquée sur les vapeurs. [...] Cette coopérative regroupe 215 fraisiculteurs, soit le tiers des producteurs de la région. »
En 1912, 300 000 kilogramme de fraises sont expédiés en Angleterre (5 bateaux affrétés en 1911). En mai 1914, la revue L'Agriculture nouvelle précise : « le transport des fraises en provenance de la région de Plougastel-Daoulas, à destination des ports de Roscoff, Saint-Malo, Cherbourg, Rouen, Dieppe, Le Havre, a donné lieu au tracé d'itinéraires spéciaux au départ de la gare de Kerhuon […]. Ces itinéraires permettent de diriger rapidement cette denrée particulièrement fragile sur les ports d'embarquement pour l'Angleterre, pays de grande consommation.»
« La culture des fraises était un travail extrêmement pénible. Il fallait rester à genoux pendant des heures pour les ramasser ».
Une confiserie parisienne possédait une usine à vapeur à Plougastel, achetant - par exemple en 1911 - 100 000 kilogramme de fraises. Pour écouler le surplus de la production, la Shippers Union fonde en 1912 une usine de transformation qui conditionne aussi les petits pois, les pommes, les haricots, alors cultivés également en grande quantité. Le syndicat EE ouvre un peu plus tard à la Fontaine-Blanche une usine destinée à produire de la pulpe de fraise ; en 1925 cinq usines existaient à Plougastel pour la transformation de la fraise, d'autres conditionnant les paniers et cageots destinés au conditionnement de ce fruit fragile. La Seconde Guerre mondiale met temporairement fin à ces activités, qui renaissent à partir de 1947 (création du Syndicat de producteurs vendeurs) ; en 1962 est créée la coopérative La Loperhetoise, puis en 1960 La Presqu'île, en 1965 la SICA devenue en 1994 la coopérative Sivi Ruz. Malgré cela, dans la décennie 1980, la presqu'île de Plougastel ne produit plus que 300 tonnes de fraises par an.
Catastrophe du Liberté et la Première Guerre mondiale
Le 25 septembre 1911, l'explosion du Liberté dans le port de Toulon fait environ 300 morts dont 31 morts originaires de Plougastel.
La Première Guerre mondiale frappe douloureusement Plougastel qui comptabilise 212 morts pendant ce conflit. De nombreuses familles seront touchées, les femmes adopteront alors le costume de deuil, laissant aux seuls enfants le vêtement aux couleurs vives. Le monument aux morts de Plougastel, édifié en 1920 par l'architecte Charles Chaussepied, porte leurs noms.
Entre-deux-guerres
Jean Le Lann, originaire de Plougastel-Daoulas, a rédigé un récit des mutineries de la mer Noire survenus dans la flotte française le 19 avril 1919.
Le cuirassé garde-côtes Furieux coule, probablement par manque d'entretien, le 16 décembre 1920 alors qu'il se trouve au mouillage dans la Rade de Brest, au sud-ouest de la presqu'île de Plougastel, à l'entrée de l'anse de Lauberlac'h.
Le 9 octobre 1930, l'inauguration du pont de Plougastel par le président de la République Gaston Doumergue est l'occasion d'une courte visite présidentielle au bourg de Plougastel :
« M. Doumergue s'arrête devant le plus ancien calvaire breton [...]. Là, M. Thomas, maire de la commune, lui souhaite la bienvenue : "En dehors de la visite que nous fit l'impératrice Eugénie dit-il, aucun chef d'État n'était venu jusqu'à nous depuis le rattachement de la Bretagne à la France." [...] Puis un groupe d'enfants en costume de Plougastel offre au président un beau tableau de l'excellente artiste Marie Piriou [...], ainsi qu'une caissette refermant une dizaine de paniers de fraises du pays. »
Du 21 au 25 août 1937 se tint à Plougastel-Daoulas le Vingt-septième congrès du Bleun-Brug, la cérémonie de clôture se tenant en présence de Duparc, évêque de Quimper et de Tréhiou, évêque de Vannes.
Seconde Guerre mondiale
Le 5 août 1944, une unité de parachutistes du Troisième régiment de chasseurs parachutistes, connue sous le nom de « Troisième SAS », est parachutée dans la région de Plougastel-Daoulas dans le cadre de l'opération Derry afin d'ouvrir la route au Huitième corps d'armée américain, commandé par le général Troy Middleton, chargé de prendre Brest, d'appuyer la résistance locale et d'éviter la destruction du pont de Plougastel.
L'attaque de Brest par la force opérationnelle Task Force "B", dirigée par le général américain Troy Middleton qui, après s'être concentrée près de Landerneau, lança son offensive le 21 août 1944 dans la presqu'île de Plougastel et s'empara le 23 août 1944 de la cote 154 située à l'extrémité sud-est de la crête médiane de cette presqu'île d'où l'on pouvait observer la ville de Brest ainsi que la partie est de la presqu'île de Crozon ; aussi la prise de cette hauteur se heurte-t-elle à la vive résistance allemande. Même après avoir perdu une position aussi dominante, les Allemands résistèrent pied à pied à la conquête du reste de la presqu'île. La force opérationnelle "B" continua son avance et montrant une très grande puissance d'attaque nettoya la presqu'île de Plougastel le 30 août 1944.
En août 1944, ces combats de la Libération détruisent le centre-bourg, endommagent le calvaire, font des dizaines de victimes. La destruction d'une arche du pont de Plougastel isole à nouveau un temps la commune pour ses relations avec la région brestoise.
Six soldats originaires du Commonwealth (deux Anglais et quatre Australiens) sont enterrés dans le carré militaire du cimetière de Plougastel-Daoulas et une plaque commémorative placée dans la mairie honore la mémoire de quatre résistants (Joseph Autret, Anne Corre, René Le Bot, Jean Thomas) originaires de la commune morts en déportation.
Monument aux morts
Le monument aux morts de Plougastel-Daoulas porte les noms de 393 personnes mortes pour la France dont 212 pendant la Première Guerre mondiale, 181 pendant la Seconde Guerre mondiale, 12 pendant la guerre d'Indochine, 4 pendant la guerre d'Algérie, 14 autres personnes étant décédées à des dates autres (4 en 1919, une en 1920, une en 1922, une en 1923, une en 1926, une en 1946, 2 en 1947, une en 1953, une en 1954, une en 1955) sans que les circonstances de leur décès soit précisé. Plougastel-Daoulas fait partie des rares communes de France où les morts pour la France ont été presque aussi nombreux pendant la Seconde Guerre mondiale que pendant la Première Guerre mondiale en raison des tués lors des combats de la Libération en 1944 (43 victimes civiles recensées en 1944). L'importance de la Marine nationale explique aussi nombre important des disparus en mer (22 pendant le premier conflit mondial, 6 pendant le second).
Toponymie
Son nom Plougastel signifie « Paroisse du château ». Le nom vient de plou, paroisse, commune, et gastel (sans la mutation, kastell), qui veut dire château.
La paroisse s'est d'abord appelée Gwikastell, nom que porta aussi une famille noble de la paroisse, dont un des représentants, Hervé de Guicastel, mourut abbé de Daoulas en 1281.
Son nom a varié dans le temps : Plebs Castelli ou Plebe Castello (au 11ᵉ siècle), Ploecastel (en 1173), Ploecastell (en 1186), Plebs Petri (vers 1330), Guic Castelle (vers 1330), Guicastell (en 1405), Ploegastel Doulas (en 1535) avant de prendre son nom actuel en 1779.
Paroisse de l'Armorique primitive fondée vers le 6ᵉ siècle, très étendue (son territoire englobait les paroisses ou communes actuelles de Loperhet, Dirinon, Saint-Urbain, Saint-Thomas de Landerneau et le nord de Daoulas), Plougastel est née dans la forêt de Thalamon qui couvrait à l'époque toute la rive gauche de l'Élorn.
Le nom de « Plougastel » est mentionné pour la première fois au 11ᵉ siècle dans le cartulaire de Landévennec.
Le nom de la commune en breton moderne est Plougastell-Daoulaz.
Géographie
Communes limitrophes de Plougastel-Daoulas
Brest
Rade de Brest
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Le Relecq-Kerhuon
Rade de Brest
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Loperhet
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Rade de Brest
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Rade de Brest
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Rade de Brest
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Rade de Brest
Logonna-Daoulas
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Culture locale et patrimoine
Héraldique
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Blason de Plougastel-Daoulas :
Écartelé en sautoir : au premier et au quatrième d'azur à une coquille au naturel, au deuxième et au troisième de sinople à une fraise au naturel ; au sautoir d'argent chargé en cœur d'une tour du même maçonnée de sable, surchargée d'une moucheture d'hermine du même, brochant sur l'écartelé.
Devise : War zouar ha war vor ("Sur terre et sur mer").
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Costume traditionnel de Plougastel
Le costume traditionnel des habitants de Plougastel a été ainsi décrit en 1835 par Abel Hugo :
« L'habillement de l'habitant de Plougastel imprime à sa physionomie quelque chose d'étrange et d'antique. Un bonnet de forme phygienne, de couleur brun-clair, recouvre sa tête ornée de cheveux touffus et flottants sur les épaules. Une large capote de laine, descendant à mi-cuisse, et garnie d'un capuchon, retombe sur un gilet qu'entoure une série de mouchoirs de Rouen ; des pantalons très larges, et à poches latérales, forment le complément de ce vêtement singulier qui ressemble beaucoup à celui que nos peintres modernes donnent aux Albanais.
Le costume des femmes montre moins de variété que celui des hommes ; la coiffure forme la plus grande différence, car leur habillement ordinaire se compose principalement de jupons à gros plis, de tabliers à carreaux, de corsets découpés et ornés de couleurs sur toutes les coutures, et de mouchoirs de cou plus ou moins amples. [...] La coiffure des femmes de Plougastel est la plus coquette : les longues barbes empesées qu'elles portent sur le front retombent sur le cou et se relèvent ensuite, par derrière, jusqu'au sommet de la tête où, artistement rangées, elles présentent la forme carrée du chapska polonais. »
Le costume de Plougastel est l'un des plus colorés de Bretagne, sauf pour les veuves qui ont généralisé le noir après l'hécatombe démographique de la Première Guerre mondiale
Mariages groupés
La coutume à Plougastel était de grouper les mariages ; par exemple le 26 février 1846, 26 mariages sont célébrés le même jour ; le 9 janvier 1895 46 mariages et en 1896 34 mariages, sont célébrés le même jour, plusieurs milliers de personnes assistant à la cérémonie et aux banquets ; le 16 février 1909, 26 mariages sont célébrés le même jour ; le 14 janvier 1902, 46 mariages sont célébrés à la fois et 43 le 12 janvier 1903. Ceci explique les groupes de mariés visibles sur les photographies ci-dessus. Voici un récit du mariage groupé de 1902 :
« Les différents cortèges de mariés, portant fièrement leurs éclatants costumes, arrivaient précédés des binious et des bombardes enrubannés. Les parents se réunissaient sur la grand'place et les cortèges pénétraient lentement dans l'église paroissiale, étincelante de lumière. On admirait au passage des costumes d'une richesse inouïe, où les soies vertes, le rouge, l'orange, le jaune, le mauve, etc., toute la gamme des couleurs passait devant les yeux émerveillés. L'abbé Illiou, curé-doyen de Plougastel-Daoulas, entouré de ses vicaires, a donné la bénédiction nuptiale aux jeunes époux agenouillés devant l'autel. La vieille église, vaste pourtant, était à peine suffisante pour contenir les trois mille parents et invités. La cérémonie était terminée vers dix heures. De nombreux photographes, professionnels et amateurs, étaient groupés sur la place de l'église, les objectifs braqués vers le portail, pour saisir les nouveaux mariés qui s'y prêtaient d'ailleurs de bonne grâce. Quelques couples faisaient le tour du Calvaire [...], puis c'était la réunion dans les débits et restaurants du bourg, où les servantes de fermes offraient des jattes de lait et de la crème aux nouveaux mariés. Ainsi le veut la tradition. »
La suite de ce texte narre les banquets traditionnels, qui commençaient vers trois heures de l'après-midi, les plats abondants dont le « far » breton, les bardes plus ou moins mendiants venus chanter, les danses traditionnelles, etc. Les festivités de ce mariage groupé durèrent jusqu'au 19 janvier.
Bien entendu, les couples devaient avant l'église passer à la mairie pour les mariages civils, qui étaient célébrés en cascade les jours précédents comme l'illustre cet extrait d'un article de 1895 : « lundi et mardi, M.Nicole, maire de Plougastel, a procédé aux mariages civils à la mairie : la cérémonie a demandé toute la matinée du lundi et mardi de 8 heures à midi ; quarante-six fois le maire a lu le Code au dehors, une foule énorme attendait les nouveaux mariés.»
Le lendemain du mariage religieux, un service (= cérémonie religieuse) réunissait tous les nouveaux mariés à l'église et on priait pour les morts de la famille ; ensuite la fête recommençait pour cinq ou six jours.
Les textes intégraux du récit des mariages groupés de 1901, publié dans le journal Le Gaulois, et 1902, publié dans le journal Ouest-Éclair, sont aussi consultables. Les derniers mariages groupés ont été célébrés en 1937.
Tradition du breuriez
Les hameaux étaient regroupés en breuriez, confréries à base territoriale impliquant collectivement le culte des morts et l'entraide aux vivants. La cérémonie du Breuriez est un rituel commémoratif qui se déroule chaque Premier novembre.
Feux de la Saint-Jean
La nuit de la Saint-Jean, les Plougastellenn avaient l'habitude d'allumer des feux imposants, comme celui que décrit Eugène Parès en 1886 :
« Le plus animé, le plus brillant des feux de la côte, était certainement celui allumé devant la petite chapelle de Saint-Jean, vieil édifice bâti à quelques mètres du rivage que des lames fortes et impétueuses baignent toujours. Le feu, allumé en face du porche, jetant au ciel ses panaches ondoyants de flammes et de fumée que la brise du soir faisait flamber joyeusement, reflétait ses lueurs ardentes sur les pierres grises et rongées de la chapelle [...]. Une multitude de paysans, de pèlerins, accourus de bien loin pour assister à la première messe qui devait ouvrir le pardon, causaient autour du brasier, ou répondaient aux prières que les vieillards récitaient pour le repos des âmes de ceux qui manquaient la fête annuelle. Plus loin se voyaient les silhouettes blanches des baraques des marchands forains et, dans les champs voisins, des restaurateurs, en plein vent, préparaient à la lueur des torches, des aliments pour le nombre considérable des visiteurs, qui, le lendemain, devaient affluer au pardon, un des plus considérables de la Bretagne. »
Le journal L'Ouest-Éclair écrit le 25 juin 1900 :
« La côte de Plougastel offrait hier soir, à la nuit tombée, un bien curieux aspect. Çà et là de longues gerbes de flammes montaient vers le ciel. C'étaient les feux que, par suite d'une antique coutume, on allume chaque année en Bretagne, en l'honneur de la Saint Jean. Du haut du cours d'Ajot, du port de Commerce et de la place de Kerjean-Vras, le spectacle était féérique ! Aussi, nombreux étaient les Brestois qui s'attardaient pour jouir de ce spectacle pittoresque. À Brest même, au Gaz, au Pilier-Rouge, à Lambézellec et à Saint-Pierre-Quilbignon, des feux ont été allumés et des groupes joyeux se sont formés pour danser de gaies farandoles. »
Bagad et cercle
Le Bagad Plougastell est une formation de musique traditionnelle bretonne. L'ensemble comporte aussi un bagad école, le Bagadig, formé par l'association "Ribl An Elorn".
Le cercle celtique Bleunioù Sivi fondé en 1946, est animé notamment par Lili Bodénès.
Sites et monuments
Sites naturels et environnement
- Le panorama de Kéraménez : ce « village de la montagne » (c'est ce que signifie son nom en langue bretonne) est situé à 85 mètres d'altitude et offre, au milieu d'un paysage de landes et de garennes, un remarquable point de vue sur l'anse de Lauberlac'h et son poulier, long de 370 mètres, qui coupe presque en deux ladite anse, sur la pointe de Rosegad et plus généralement sur la rade de Brest.
- Les rochers de Plougastel dominent l'estuaire de l'Élorn et offrent, outre des points de vue sur l'agglomération brestoise et les ports de Brest, des sites d'escalade. Les plus connus, situés dans le bois de Kererault, sont le Rocher de l'Impératrice et le Rocher Imperator, dénommés ainsi en raison de la visite de l'impératrice Eugénie de Montijo à Plougastel, formés de grès du Dévonien et parsemés de veines de quartzite et de marbre. Ces roches ont été fortement comprimées, ce qui explique le pendage presque vertical des couches orientées nord-est / sud-ouest. Ces rochers d'escalade offrent 87 voies, le dénivelé maximal étant de 35 mètres. Le rocher de Roc'h Nivélen, situé dans l'axe du pont Albert Louppe, est le plus haut et le plus spectaculaire : il culmine à 112 mètres, et la vue que l'on peut admirer de son sommet s'étend à l'est de Landerneau, jusqu'au-delà du goulet à l'ouest. On y accède très facilement par le "village" du même nom. Dans son roman La Maison du Cap Hippolyte Violeau décrit ce site avec une grande précision poétique.
- Le patrimoine géologique de Plougastel est riche et diversifié : ancien récif corallien à la pointe de l'Armorique, pouliers de Lauberlac'h et du Caro (ce dernier ayant été largement transformé par la création d'une route littorale), filons de kersantite au Caro, à Porsguen, à la pointe de l'Armorique,.
- La presqu'île de Plougastel présente des sites d'habitat naturel très diversifiés aussi bien marins, littoraux ou terrestres, dont plusieurs sont inscrits Natura 2000 : lande naturelle sèche, vasières et prés salés, boisements humides, prairies humides de fond de vallée, estrans rocheux, bancs de maërl, espèces animales et végétales remarquables
- Les ports : en raison de sa géographie péninsulaire, la commune possède 7 ports, dont 4 reconnus juridiquement :
- Le port de Lauberlac'h, port traditionnel de pêche aux coquillages : coquilles Saint-Jacques, coques, palourdes, couteaux, bigorneaux. Bien abrité au fond de son anse, ce port était le lieu de chargement des fraises pour les vapeurs anglais et les Brestois y venaient manger des fraises autrefois le week-end. Une cale y fut construite en 1880.
- Le port du Tinduff était autrefois le port le plus animé de la presqu'île de Plougastel, célèbre pour ses prunes que l'on transportait par bateau au marché de Brest. Il a connu son âge d'or pendant l'entre-deux-guerres avec la pêche à la coquille Saint-Jacques. C'est désormais un port de plaisance notable offrant plus de 200 mouillages.
- Le port du Caro faillit devenir un terminal d'approvisionnement pétrolier dans la décennie 1970 mais le projet n'aboutit pas
- Le port du Four à Chaux
Trois autres petits ports existent au Passage, à Keraliou et à Porsmeur.
Vieux gréements (patrimoine maritime)
Les ports de la presqu'île abritent quelques voiliers remarquables, comme :
- le Saint-Guénolé, un coquillier, construit en 1948
- la Marie-Claudine, une chaloupe ou yole de la rade de Brest, non pontée sauf aux deux extrémités, construite en 1990 d'après des plans datant du 18ᵉ siècle
- le Loch Monna
- la Belle Germaine
-
le Général Leclerc
- le Sav-Heol
- le Dalh-Mad
- l'Ortegal
Monuments religieux
- Le calvaire de Plougastel-Daoulas date de 1602 - 1604.
Sur une base en granit jaune de Logonna-Daoulas, environ 180 statues sculptées dans du kersanton de couleur bleue, illustrent des scènes bibliques de la vie du Christ ou des scènes légendaires comme la fameuse Katell Kollet (Catel Collet). Il s'agit d'un des sept grands calvaires de Bretagne. Il a été érigé à la suite de l'épidémie de peste de 1598. Un escalier près du contrefort nord-ouest permet d'accéder à la plate-forme centrale où s'installait autrefois le prédicateur.
Le chanoine Jean-Marie Abgrall a fait une longue description, très détaillée, de ce calvaire. Léon Le Berre a ainsi décrit ce calvaire en 1937 :
« Le calvaire rappelle beaucoup celui de Guimiliau [...] construit quelques années auparavant. Le massif carré aux angles formés de contreforts, pecés d'arcades, accostés des quatre Évangélistes, est surmonté des statues de saint Pierre et de saint Sébastien. un ange recueille le sang du Christ et Longin, le porte-lance, dont la tradition veut qu'une goutte de pluie sacrée l'ait guéri du mal d'yeux, se protège la vue de la main gauche. Sans doute rappelle-t-il ainsi la spécialité pour laquelle l'implora le Moyen Âge, lui l'auteur du drame de la Passion, devenu lui-même un Saint. Un autre converti, digne des soins de l'artiste populaire, est Dixmas, le Bon Larron dont un ange guette l'âme au haut de son gibet. Le diable fait la même offre, pour le brigand impie et blasphémateur, même geste, résultat différent. Ainsi qu'à Guimiliau, une foule de personnages, costumés dans le goût du temps, ajoutent au fourmillement de règle dans nos calvaires le pittoresque de l'anachronisme, par exemple ces paysans en bragou-braz (ce vêtement commençait à peine pour la campagne, en 1602), et précédant le cortège avec des binious comme l'a décrit Émile Souvestre. À la vérité, il y a chez ces « santons » de granit moins de truculence peut-être qu'à Guimiliau, mais plus de recueillement aussi dans les scènes où ils participent comme « l'Entrée triomphante de Jésus à Jérusalem ». »
En 1944, lors de l'avancée américaine vers Brest, le calvaire est touché par des obus et plusieurs statues sont détruites ainsi que trois croix. John D. Skilton, officier américain, créa dans son pays la Plougastel Calvary Restoration Fund Inc afin de recueillir les fonds nécessaires à la restauration du calvaire. Une autre restauration a eu lieu en 2004.
- L'église paroissiale Saint-Pierre, autrefois prieuré dépendant de l'abbaye de Daoulas, datant du 17ᵉ siècle, mais devenue trop petite, fut détruite en 1870 (le cimetière fut alors déplacé) et remplacée par une église de style néogothique due à l'architecte Joseph Bigot. Celle-ci fut presque entièrement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale par les bombardements américains des 23 et 24 août 1944, y compris son magnifique buffet d'orgues et ses fonts baptismaux ; reconstruite hâtivement (son clocher est en béton), elle possède toutefois quelques mobiliers intéressants : une descente de croix et deux retables : le retable de Saint-Pierre et le retable du Rosaire.
La presqu'île abrite huit chapelles :
- La chapelle Saint-Jean était située à proximité du Passage Saint-Jean, elle fut agrandie en 1407, rénovée en 1780 et vendue comme bien national en 1796 ; son pardon avait lieu lors du solstice d'été le 24 juin (Les Plougastels y vendait des oiseaux dans des cages d'osier, d'où le surnom de « pardon des oiseaux »), on y implorait la guérison pour la vue, et le prêtre apposait sur la partie malade un œil d'argent, retenu par une chaîne à la statue même du Baptiste. Le pardon de 1877 est décrit dans un article de la revue La Semaine des Familles. La chapelle a été partiellement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale et restaurée depuis.
- La chapelle Saint-Languy (ou Languis ou Languiz), située au Passage. Saint Languy est célèbre aussi par sa source : « Les paysans d'alentour, gens de foi !, y viennent plonger les chemises des enfants en langueur, pour en rapporter la guérison » écrit Madame de Mauchamps en 1877. Paul Sébillot en 1904 écrit : « On va la consulter lorsque l'ombre de la mort semble planer sur une personne chère ; si elle est pleine, l'heure du malade n'est pas encore sonnée ; si au contraire elle est tarie, c'est signe de mort inévitable ; s'il reste quelques gouttes sur la vase au fond de l'excavation, il faut les recueillir et, rentré au logis du malade, vers sur lui le contenu de la fiole. Saint Languiz le guérira ou le délivrera immédiatement de ses souffrances ».
- La chapelle Sainte-Christine, construite en 1695, dédiée à sainte Christine dont la Légende dorée fait une nièce de saint Hervé (c'est très incertain). Il est plus probable que ce vocable de « Chapel Langristin » évoque un vieux saint celtique, Sant Kristin, aujourd'hui oublié et dont le culte fut remplacé par celui de sainte Christine, qui fut tuée à coups de flèches vers l'an 300 pour avoir refusé des sacrifier aux idoles. Cette chapelle abrite sous son toit des statues de saint Éloi, saint Côme et saint Damien. La chapelle possède de nombreuses statues des 15ᵉ siècle, 16ᵉ siècle et 17ᵉ siècle, des statuettes de procession et un reliquaire rapporté de Rome en 1735. Son cimetière possède une statue géminée de la Vierge et de sainte Christine. Le clocher de la chapelle a été détruit par un obus lors des combats de 1944 et reconstruit en 1975. Son pardon se déroule le dernier dimanche de juillet.
- La chapelle Saint-Adrien, située au fond de l'anse de Lauberlac'h. Saint Adrien est un ancien évêque de Canterbury (Angleterre). D'autres hypothèses affirment que c'est saint Drenan (un saint breton quasi inconnu) ou encore Adrien de Nicomédie qui y est vénéré. Son culte à cet endroit surprend, mais s'explique probablement par une confusion avec saint Derrien, lequel est lié à l'Élorn et à La Roche-Maurice. La chapelle daterait de 1549 selon une inscription en lettres gothiques située sur l'un des murs de la chapelle. La chapelle est décorée de nombreuses statues polychromes des 16ᵉ siècle et 17ᵉ siècle. Le calvaire du placître date de 1594 et comprend des statues de la Vierge, de saint Jean, de sainte Madeleine et d'un moine. Son pardon se déroule le deuxième dimanche de mai.
- La chapelle Saint-Guénolé date de 1514 ; elle se trouve au village de Penn ar Ster ; elle vénère saint Guénolé, fondateur de l'abbaye de Landévennec et qui aurait aussi vécu un temps sur l'île de Tibidy, proche de Plougastel-Daoulas. Un vieux moulin et deux lavoirs se trouvent à proximité et, un peu plus loin, une modeste fontaine.
- La chapelle Saint-Trémeur, consacrée à saint Trémeur : c'est la plus petite et la plus remaniée des chapelles de la commune. Elle possède une pietà du 17ᵉ siècle et une statue du Père éternel qui date probablement du 15ᵉ siècle, ainsi que d'autres statues en pierre et bois polychrome des 16ᵉ siècle et 18ᵉ siècle. Son pardon se déroule le deuxième dimanche de juillet.
- La chapelle Saint-Claude honore saint Claude, évêque de Besançon au 7ᵉ siècle. De son placître, on vit l'estuaire de l'Aulne et le sommet du Ménez-Hom. La chapelle possède des statues de saint Claude (sur le retable du maître-autel); de saint Éloi, saint Loup, saint Laurent et saint Charles. Son pignon ouest est du 17ᵉ siècle et orné d'une porte moulurée en anse de panier. La chapelle possède un beau retable du 17ᵉ siècle de belles sablière)s, des statuettes de procession et un reliquaire. Son pardon a lieu chaque deuxième dimanche de septembre.
- La chapelle Notre-Dame de la Fontaine-Blanche. C'est un ancien prieuré construit au 15ᵉ siècle, qui dépendait de l'abbaye de Daoulas. La chapelle a trois autels dus à Jean Davesnes, abbé de Daoulas, et dédiés à Notre-Dame, saint Laurent et sainte Magdeleine. Le tympan de la chapelle, de style flamboyant, porte la devise bretonne des Buzic : Komzit mat ! (Parlez bien !). Une description du pardon de la Fontaine-Blanche en 1925 est disponible. La chapelle possède un vitrail dénommé "Vitrail des prisonniers" qui fut commandé par les familles des prisonniers de guerre rentrés sains et saufs après la Seconde Guerre mondiale.
Plusieurs fontaines se trouvent sur le territoire communal :
- La plus connue est la « Fontaine blanche » qui fit semble-t-il l'objet d'un culte druidique avant la christianisation ; dans son aspect actuel, elle date du 17ᵉ siècle ; une niche renferme une statue de la Vierge Marie portant l'Enfant-Jésus (cette fontaine était considérée comme miraculeuse, on y plongeait les enfants rachitiques pour les soigner, et aussi ceux atteints d'« enflure »).
- La fontaine de Saint-Rivoal ou Saint-Rioual est située près du port de Lauberlac'h.
Monuments et édifices civils
- Le pont Albert-Louppe (1930)
- Le pont de l'Iroise (1994)
- 28 moulins sont recensés à Plougastel.
- Quelques maisons de la commune datent du 17ᵉ siècle (la maison notariale) ou du 18ᵉ siècle (l'hostellerie du Passage, une maison rue Jean Corre).
- L'ancien manoir de Rosily
- Le musée de la Fraise et du Patrimoine, situé dans le centre-ville, présente le patrimoine de la commune à travers ses costumes, son mobilier, son architecture et son histoire agricole - marquée par la culture de la fraise. Il a été inauguré en 1992 et propose aujourd'hui neuf salles d'exposition.
- En 1979, Bernard Tanguy a signalé à la Société archéologique du Finistère une inscription non déchiffrée, apparemment du 18ᵉ siècle, trouvée sur un rocher de la grève, au nord de l'anse du Caro, non loin du fort du Corbeau (actif entre 1770 et 1945). Quelques décennies plus tard, en mai 2019, un appel à contribution est lancé par la ville de Plougastel. Les études envoyés suggèrent qu'il s'agit de breton « dans une forme phonétique, de l'oral retranscrit, donc la forme d'écriture n'est pas celle que l'on utilise aujourd'hui ». Deux dossiers proposant des traductions divergentes sont retenues le 24 février 2020, et sont rendus publics par la Mairie.