Plounéour-Ménez ([pluneuʁ menɛs]) est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
La commune fait partie du Parc naturel régional d'Armorique.
Histoire
Préhistoire
La commune possède un patrimoine archéologique. Une pointe à dos courbe léonienne...
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Plounéour-Ménez ([pluneuʁ menɛs]) est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
La commune fait partie du Parc naturel régional d'Armorique.
Histoire
Préhistoire
La commune possède un patrimoine archéologique. Une pointe à dos courbe léonienne (époque azilienne) trouvée au sud du Relec est le plus ancien objet préhistorique trouvé sur la commune ; une industrie de silex taillé a été trouvée près de Pen-ar-Prajou.
Un abri sous roche, découvert à Pont-Glaz, a révélé des occupations du Mésolithique, de l'Âge du fer et du Moyen Âge. Ce chaos rocheux a entre autres servi d'abri temporaire à un groupe de chasseurs du Mésolithique. Les outils trouvés sur place ont été fabriqués à partir de pierres prises dans des gisements géologiques divers éparpillés dans l'ensemble de l'actuel département du Finistère, ce qui incite à penser que les hommes ne passaient là qu'une ou quelques nuits lors d'expéditions à longue distance.
De l'âge de la pierre polie datent une hache en métadolérite trouvée à Coatlosquet et une autre en fibrolite trouvée à Scarabin, ainsi qu'un petit menhir haut de 1,10 mètre, en granite, situé près de Roc'h Conan. Un coffre mégalithique en schiste, qui se trouvait dans un tertre de 9 mètre de diamètre, a été trouvé au sud de Keradalan ; des tombelles situées à proximité dateraient de la civilisation de Hallstatt
De l'âge du fer datent deux stèles tronconiques trouvées l'une à Penn ar Prajou, l'autre à Ty Croas près du Relec, cette dernière ayant été christianisée par la suite par l'ajout d'une croix en granite à son sommet.
Le haut Moyen Âge
Vers 555-560, près du lieu-dit Relec, Conomor, dit aussi Conober, roi de Bretagne, protecteur de Chramn, périt dans une bataille contre ses sujets. La paroisse aurait été créée par saint Enéour, venu de l'île de Bretagne (Grande-Bretagne actuelle) lors de l'immigration celte du 6ᵉ siècle et qui serait enterré dans l'église selon la tradition. Des cavités visibles sur une roche située sur le versant nord du Roc'h Trevezel serait, toujours selon la légende, l'empreinte de son livre, de ses sandales et de son chapeau. La première mention du nom de la paroisse apparaît en 1173 sous les noms de Ploeneoul ou Pleoeneoul, en 1279 de Ploenaourq, en 1130 sous le nom de Plonéour-in-Monte.
Abbaye du Relec : l'église abbatiale.
Cette région du piémont nord des monts d'Arrée est défrichée et mise en valeur par les moines cisterciens de l'abbaye du Relec, située en Plouneour-menez, mais aussi les Hospitaliers, selon un système de tenure très particulier : la quévaise. La découverte récente du village déserté de Goarem-ar-C'hoz-Tier, abandonné au 17ᵉ siècle, pas encore fouillé, devrait permettre d'étudier plus à fond ce mode d'exploitation. Un autre village déserté a été trouvé à Traon-Milin.
Inscription gravée portant la date de construction d'une maison sur un linteau en granite.
Les Hospitaliers
Cette région du piémont nord des monts d'Arrée est défrichée et mise en valeur par les Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, implantés à La Feuillée (à Keraladan et Mesqueau) selon un système de tenure très particulier : la quévaise.
Les seigneurs de Coëtlosquet
Les seigneurs de Coëtlosquet (le nom en langue bretonne signifie en français « bois brûlé ») ont longtemps été les plus puissants de Plouneour-menez, du Moyen Âge à la Révolution française et certains d'entre eux ont joué un rôle non négligeable dans l'histoire de France.
Bertrand de Coëtlosquet participe à la Septième croisade en 1248. Olivier Quoetlosquet est cité par Dom Morice comme l'un des trente écuyers de la chambre d'Alain VII de Rohan à la montre de Thérouanne le 18 septembre 1383. Mais sa filiation n'est pas établie.
L'ancien moulin seigneurial de Coëtlosquet, bâti en 1608, était consacré à la mouture [= action de moudre] du blé. Flanqué de puissants contreforts et soigneusement appareillé, il ressemble à un manoir avec sa tour qui abrite un escalier de pierre et ses latrines. Les mécanismes du moulin se situaient aux deux premiers niveaux, la famille du meunier habitant le deuxième étage.
Au 17ᵉ siècle, la seigneurie de Penhoët, sise en Saint-Thégonnec, s'étendait alors sur huit paroisses : Saint-Thégonnec, Taulé, Plouvorn, Plougar, Guiclan, Pleyber-Christ, Commana mais aussi partiellement sur Plouneour-menez et la châtellenie de Daoudour est subdivisée en deux juridictions : celle de Daoudour-Landivisiau, dite aussi « Daoudour-Coëtmeur », qui avait son siège à Landivisiau et comprenait Plouvorn et ses trèves de Mespaul et Sainte-Catherine, Plougourvest et sa trève de Landivisiau, Guiclan, Saint-Thégonnec, Guimiliau, Lampaul-Bodénès, Pleyber-Christ, Commana et sa trève de Saint-Sauveur, Plouneour-menez et pour partie Plouénan ; et celle de Daoudour-Penzé, qui avait son siège à Penzé et comprenait Taulé et ses trèves de Callot, Carantec, Henvic et Penzé, Locquénolé, Saint-Martin-des-Champs et sa trève de Sainte-Sève.
L'âge d'or de la renaissance bretonne : les juloded
L'église Saint-Yves, son clocher-porche et la croix de l'ancien cimetière.
La porte d'entrée de l'enclos paroissial.
La région de Plouneour-menez et des villages voisins du Léon a connu un âge d'or grâce au commerce du lin du 16ᵉ et 18ᵉ siècles, époque des grands commerces entre la Bretagne et l'Angleterre, la Hollande, l'Espagne et l'Amérique latine, via les ports de Morlaix et de Landerneau. Les marchands toiliers constituent alors l'élite sociale de la région : les « julots » (en breton, au pluriel juloded), à l'imitation des marchands hollandais de Morlaix, les Julius. Implantés uniquement dans le Léon méridional ou Haut-Léon, proche des monts d'Arrée, cette aristocratie paysanne (on parle parfois de « demi-nobles »), pratiquaient une véritable caste à très forte endogamie et jouèrent un rôle important lors de la « Renaissance bretonne », construisant églises avec un riche mobilier, calvaires et enclos paroissiaux, y compris à Plouneour-Mnez, même si ceux de certaines paroisses voisines sont plus célèbres.
Selon P. Hémon, dans un article publié en 1913, « la partie de notre département où les habitants en avaient atteint la plus grande connaissance semble être originairement la plus rapprochée de l'abbaye du Relecq, en Plouneour-menez. Les moines étaient très aimés de leurs vassaux, dans les affaires desquels ils se trouvaient immiscés continuellement, attendu que c'était le dernier-né qui jouissait des avantages attachés à la primogéniture ». L'abbé se trouvait donc souvent tuteur de son vassal en bas âge, et avait pour toute la famille une tendresse vraiment paternelle ».
« Aux 17ᵉ et 18ᵉ siècles, la toile est la seule activité industrielle de la paroisse. Elle constitue pour l'immense majorité de la population la source d'un revenu d'appoint qui s'ajoute au profit que les habitants de Plounéour-Ménez tirent de leurs terres peu fertiles. Plus largement les activités comme les tanneries, le papier ou encore le tabac sont fréquentes dans le Léon. (...) Ces marchands sont des personnes aisées : la valeur totale des biens inventoriés chez eux représentent au moins le quintuple de ce que possèdent la majorité des habitants de Plounéour-Ménez ; c'est-à-dire au moins 2 000 livres contre 400 livres, au début du 18ᵉ siècle. (...) François Croguennec, qui en 1765, se fait construire une imposante demeure à Kergaradec-Bihan (depuis 1857 en Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec), le fil et la toile représentent 62 % de la valeur totale des biens inventoriés sur l'exploitation (...) qui porte sur plus de 10 000 livres. »
Plouneour-menez : maison de "Julod" datée de 1619 et portant les armes des seigneurs de Coatlosquet.
Maison d'un couple de juloded, Yves Guéguen et Marie Mével, à Kergavan en Plouneour-menez datant de la première moitié du 18ᵉ siècle.
Les Juloded construisirent de belles maisons à porche surélevé, dites « maisons anglaises » dont de nombreux exemples sont encore visibles à Plouneour-menez : près de la moitié des maisons de juloded qui ont été identifiées dans le Haut-Léon sont situées à Plouneour-menez, par exemple dans le village de Kermorvan qui garde la mémoire des familles Madec et Queïnnec, l'ascension sociale de cette dernière étant symbolisée par l'élection d'un de ses membres, Jacques Queinnec, comme député de la Convention. Certains Juloded étaient beaucoup plus aisés que la plèbe nobiliaire locale : en 1736, la maison de René Léon à Penher en Plouneour-menez dispose d'une surface habitable d'environ 300 mètre carré, soit plus que celle de nombreux manoirs. D'ailleurs certaines maisons de Juloded sont dénommées manoirs ; certaines disposent d'un escalier extérieur comme à Kervian.
Ils construisirent aussi, implantés généralement à proximité d'un cours d'eau mais à l'écart des habitations en raison des odeurs, des kanndi ou « maisons à buée », avec une cheminée à l'un des pignons, une ou deux portes et parfois des fenêtres, consacrés au rouissage du lin. Celui-ci, placé dans un douet où les fibres de lin étaient mélangées à de la cendre, était foulé dans d'immenses auges en granite (cuve de buanderie) disposées le plus souvent à l'autre pignon, près de la cheminée indispensable pour chauffer l'eau. On en voit encore quelques-uns dans la campagne éneourienne, au village de Resloas par exemple qui en comptait trois au début du 19ᵉ siècle. Près de 230 kanndi dont des traces subsistent ont été recensés sur les trois communes de Plouneour-menez, Commana et Sizun. Cette activité s'effondra lors des guerres de la Révolution française et de l'Empire, en partie à cause du Blocus continental.
Alimenté par l'eau d'une source, un douet servait à rincer le fil. Les dalles de schiste appelées « repamoirs » permettaient de reposer les écheveaux. Après une journée passée dans le kanndi, le fil était rapporté près de la maison. Il y était étendu sur le courtil et le soleil poursuivait le blanchissement durant quinze jours. Le cycle était répété de six à neuf fois et il fallait plusieurs mois avant d'obtenir un blanchissement correct. Un kanndi pouvait ainsi blanchir chaque année assez de fil pour fabriquer une centaine de toiles d'environ 120 mètre de long et de 0,90 mètre de large.
Cet habitat contraste avec celui, beaucoup plus modeste, des paysans ordinaires qui vivaient souvent dans des longères caractérisées par l'habitat mixte (cohabitation des hommes et du bétail sous un même toit, parfois dans une même pièce) et de petites fenêtres, qui fut majoritaire du Moyen Âge au 19ᵉ siècle. Des logis indépendants, avec séparation des habitats des hommes et des animaux, apparurent progressivement à partir du 17ᵉ siècle, d'abord chez la paysannerie aisée avant de se généraliser progressivement dans la seconde moitié du 19ᵉ siècle, avec même parfois l'ajout d'un étage. Des maisons à avancées (en breton apotheiz) sont aussi apparues, comme dans le nord de la Cornouaille voisine.
Carte de Cassini (18ᵉ siècle) : la région de Plouneour-menez.
Les juloded dominaient le « corps politique » de la paroisse : en 1700, le greffier de la fabrique de Plouneour-menez se plaint qu'il est « difficile de trouver tous les douze [membres] ensemble pour délibérer à cause des voyages qu'ils font fréquemment au sujet de leur commerce ». Plusieurs Juloded semblent avoir eu à domicile des « prêtres habitués », c'est-à-dire à leur service et résidant chez eux, par exemple à Plouneour-menez chez Anne Pouliquen à Kermorvan et chez Guillaume Nicolas à Lesmenez.
L'endogamie pratiquée par les Juloded se perçoit à travers les homonymies, mais aussi par les maisons jumelles, utilisant un pignon commun constituant un axe de symétrie entre les deux bâtisses, qui datent essentiellement du 17ᵉ siècle, dont plusieurs exemples sont encore visibles à Plouneour-menez : à Kerfrecq, deux maisons jumelles (l'une est datée de 1652) portent sur le linteau de leur porte d'entrée les noms de leurs constructeurs : Kerdiles-Pouliquen pour l'une, Kerdiles-Croguennec pour l'autre ; l'une a été transformée en maison à avancée (apoteiz) en 1740.
Misère, maladie et pauvreté
Cette richesse apparente, au moins de certains, ne doit pas faire illusion. Misère et pauvreté ainsi que les épidémies et maladies étaient, comme partout à l'époque, frappaient fréquemment une part importante de la population. Par exemple, en 1774, l'abbé Le Gouaz, recteur de la paroisse écrit à l'intendant de Bretagne : "Nous sommes dans la dernière des misères. Le coma vigil et vaporeux nous ravage depuis plus d'un an et nous dépeuple sans fin : 219 morts l'année dernière, 32 depuis le commencement de ce mois de janvier. « Les paysans ne font usage que de remèdes simples tels que le bois amer, le gland, l'alun, et le suif ou graisse (...) » écrit le subdélégué de Quimper.
Il s'agit probablement d'une épidémie de typhus : la maladie est parvenue à Brest en 1757, rapportée de Nouvelle-France par l'escadre du lieutenant général Emmanuel-Auguste Cahideuc Dubois de La Motte et, après avoir ravagé la ville, l'épidémie se répandit dans le Léon, puis la Cornouaille, le Trégor et même l'évêché de Rennes, connue sous le nom de « maladie de Brest ».
L'abbé Yves Le Gloas écrit: « Ce territoire renferme des montagnes d'Arrée, des landes et des sous-bois peu fertiles. On conçoit très vite que les habitants ne doivent pas être très riches. (...) Ici, la voisine accouche sa voisine et ainsi tour à tour. De là, combien d'enfants meurent avant de paraître. D'autres sont infirmes ou impotents. (...) Le blé noir dont le commun vit coûtait 21 sous, il se vend aujourd'hui 121. Je ne parle point du froment. Nos pauvres n'en goûtent jamais. (...) Rentrer chez eux, c'est la pauvreté même. À moitié nus, sans bois pour se chauffer, sans lits, si ce n'est qu'un peu de paille, du fumier ».
Plouneour-menez en 1778
Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Plouneour-menez en 1778 :
« Plouneour menez ; à sept lieues au sud-sud-est de Saint-Pol-de-Léon, son évêché ; à 36 lieues de Rennes et à quatre lieues de Morlaix, sa subdélégation. Cette paroisse ressortit à Lannion et copte 3300 communiants ; la cure est présentée par l'Évêque. La seigneurie de l'endroit, qui a haute justice, appartient aux moines de l'abbaye du Relec qui, en 1288, possédaient dans ce territoire le manoir de Kermaguériou ; on y voyait aussi les maisons nobles de Penhoët, Lesquelen, Kergus, Mofineou, Coëtlosquet et la Salle. Ce territoire renferme partie des montagnes Darès, des landes et le bois du Relec ; voilà ce que présente à la vue ce territoire, qui est un des moins fertiles de la province. On conçoit facilement que les habitants de ce pays ne doivent pas être riches. »
Pendant la Révolution française
Les deux députés représentant la paroisse de Plouneour-menez lors de la rédaction du cahier de doléances de la sénéchaussée de Lesneven le premier avril 1789 étaient Jacques Queinnec et Yves Coat.
Le Conseil général de la commune de Plounéour-Ménez demande le 28 novembre 1790 la suppression des domaines congéables, dont les lourdes redevances dues par les "colons", souvent supérieures à la moitié de leurs revenus, continuaient d'être exigées par les propriétaires.
Le curé (recteur) Jean Briand et un vicaire, Floc'h, refusent de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé mais un autre vicaire accepte, François Rivoal. Des curés constitutionnels sont élus pour les remplacer : V. Pacé en 1791, Guillaume Charles en novembre 1792.
Le 19ᵉ siècle
Agriculture et vie rurale au 19ᵉ siècle
Selon des statistiques agricoles publiées en 1849 et concernant selon les productions des années comprises entre 1836 et 1846, a totalité de la population communale en 1836, soit 4 127 personnes, est considérée comme agricole. La répartition de l'occupation des terres est alors la suivante : 2 341 hectare de terres arables, 2 375 hectare de landes et bruyères, 445 hectare de bois, taillis et plantations, 562 hectare de prairies naturelles ; la commune possédait alors vingt-trois moulins en activité. Les paysans de Plouneour-menez cultivaient à l'époque 468 hectare d'avoine, 234 hectare de froment, 234 hectare d'orge, 158 hectare de seigle, 281 hectare de sarrasin, 23 hectare de lin, 19 hectare de chanvre, 47 hectare de navets, betteraves, carottes et choux (dont 37 hectare de navets), 117 hectare de trèfle, 117 hectare de pommes de terre, 2 217 hectare d'ajoncs d'Europe, 702 hectare restant en jachère, et élevaient 405 chevaux (260 mâles, quarante juments, cinq poulains), 1 100 bovins (dont cinq cents vaches), 380 porcs, 78 ovins (cent béliers, 250 moutons, 350 brebis, soixante agneaux), 1 728 poules et 240 coqs, vingt canards, quinze oies, et possédaient 315 ruches à miel.
Gens de Plouneour-Menez se rendant à la foire.
Vers 1840, cinq foires, spécialisées dans la vente des chevaux, des bêtes à cornes et des porcs, se tenaient chaque année au bourg de Plouneour-menez, le deuxième lundi des mois de janvier, avril et juin, le 13 juillet et le 9 novembre ; dans son rapport, le sous-préfet de Morlaix note que ces foires sont très suivies et offrent une très grande importance pour le commerce des bovins, mais que les chevaux, qui appartiennent à la race des doubchambéri chambéri les bidets, n'y sont présents qu'en très petit nombre. Mais cinq autres foires, spécialisées aussi dans la vente des mêmes animaux, se tenaient annuellement au Relec les Premier février, 24 mars, 14 août, 7 septembre et 7 décembre ; le sous-préfet de Morlaix note qu'elles sont très suivies et offrent une très grande importance pour le commerce des bovins mais que par contre seuls des chevaux doubles bidets sont présentés à la vente, pas de chevaux de « race équine forte ».
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Plouneour-menez en 1853 :
« Plouneour-Menez : commune formée par l'ancienne paroisse de ce nom, aujourd'hui succursale. (...) Principaux villages : Keranbloc'h, Kergaradec, Kervengant, Kerargant, Kerandan, Kergus, Mengleuz, Lesmenez, Goasmelcun, Kergavant. Superficie totale : 5 976 hectares, dont (...) terres labourables 2 341 hectare, prés et pâturages 562 hectare, bois 397 hectare, vergers et jardins 48 hectare, landes et incultes 2 375 hectare, étangs 8 hectare (...). Moulins : 23 (Kermès, Kergratias, Kergaradec, Alain, Pont-Pencoat, Runiou, Coatlosquet, Dandrolac'h, de Roscoat, Ar-Manac'h, Duhilec, à eau) (...) Il y a, outre l'église et la chapelle du Relec, la chapelle de Loc-Eguiner, située à l'ouest du bourg, et celle de Locmaria. Il y a foire au bourg le deuxième lundi des mois de janvier, avril, juin, le 13 juillet et le 9 novembre ; et au Relecles 1er février et mars, le 14 août, le 7 septembre et le 7 décembre. Géologie : constitution granitique ; quelques gneiss à l'est du bourg ; bande de grès dans le sud ; quelques terrains tourbeux ; roches feldspathiques à Rozembic, Kerul et Tourlamerr. On parle le breton. »
La pauvreté reste grande à la fin du 19ᵉ siècle. En 1892, Constant de Tours écrit : « Plounéour-Ménez groupe ses pauvres maisons au centre d'un pays aride, au milieu des landes sauvages qu'encadrent les derniers contreforts des Montagnes d'Arrée; l'élevage des bestiaux est la seule ressource du pays ».
Autres faits du 19ᵉ siècle
Un député a été originaire de la commune : Jacques Queinnec, né le 23 mars 1755 à Plouneour-menez, décédé le 26 avril 1817 à Kermorvan en Guiclan, cultivateur, membre d'une famille de juloded, fut membre de la Convention, puis du Conseil des Cinq-Cents sous le Directoire.
En 1843 Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec qui était sous l'Ancien régime une trève de Plouneour-menez, devient une paroisse indépendante, qui est érigée en commune en 1866 : « Les habitants notables de la section de Loc-Eguiner, en Plouneour-menez, ont formé une demande tendant à obtenir l'érection en commune de tout le territoire composant leur section. (...) Pareille demande avait déjà été formulée en 1853 ».
Le bureau de poste de Plouneour-menez est créé en 1865. Le transport du courrier s'améliore : en 1868, un service de transport des dépêches à cheval est mis en place entre Plouneour-menez et Brasparts, commune elle-même déjà reliée pour ce service à Pleyben et Châteaulin. Ce service complète une liaison déjà existante pour le transport du courrier entre Carhaix et Morlaix, via Plounéour-Ménez et Pleyber-Christ.
Le pourcentage de conscrits illettrés à Plounéour-Ménez entre 1858 et 1867 est de 68 %. En 1873 l'agrandissement de l'école publique des garçons et la création d'une école publique de filles sont décidés.
En août 1878, le conseil général du Finistère approuve le transfert de Plounéour-Ménez à Pleyber-Christ de la caserne de gendarmerie. La caserne se trouvait le long de la route Quimper-Morlaix, ses bâtiments existent encore et son souvenir subsiste dans le nom du lieu-dit la Caserne.
En 1903, par application de la loi de 1901, les sœurs du Saint-Esprit reçoivent l'ordre de quitter l'école qu'elles dirigeaient dans la commune et se conforment à cet ordre. André Siegfied en 1903 classe Plounéour-Ménez parmi les communes des monts d'Arrée « qui votent toujours républicain » à une époque où cela signifiait être de gauche. Ce constat explique qu'à la suite de la loi de séparation des Églises et de l'État votée en 1905, des échauffourées ont lieu à Plounéour-Ménez lors de la querelle des inventaires en 1906 (des paroissiens se sont attroupés devant l'église pour empêcher le receveur chargé de l'enregistrement de procéder à l'inventaire des biens du clergé, criant entre autres slogans : « Vive la liberté! Vive la religion! »), mais les incidents les plus sérieux ont lieu en 1908 : le 4 août 1907 le maire demande à son Conseil de l'autoriser à « chasser le curé du presbytère » ; après une tentative de conciliation, le curé refusant de payer le loyer demandé pour son maintien dans le presbytère, ce dernier est vendu par adjudication à un propriétaire privé et le curé ainsi que son vicaire en sont chassés manu militari par les gendarmes en octobre 1908. En représailles, le culte est interrompu dans cette paroisse léonarde pendant plusieurs mois.
En 1924 est inauguré le nouveau cimetière de la commune, ce qui entraîne l'abandon progressif du cimetière ancien situé autour de l'église à l'intérieur de l'enclos paroissial.
Dans la nuit du 14 au 15 février 1974, le plasticage de l'émetteur de télévision de Roc'h Trédudon par le F.L.B. (Front de libération de la Bretagne) prive les bretons occidentaux de télévision pendant plusieurs mois.
Les ardoisières et les carrières de granite
Quatre anciennes carrières de schistes ardoisiers sont présentes sur les crêtes schisteuses, en une multitude d'excavations à ciel ouvert de taille variable. Exploitée à ciel ouvert depuis le Moyen Âge, l'ardoise de teinte gris-bleuté à reflet argenté (connue sous le nom breton de mein menez, « pierres de montagne ») est utilisée aussi bien dans l'architecture religieuse que domestique. Elle connaît son grand essor quand elle remplace le chaume sur les toits aux 18ᵉ siècle et surtout à partir de 1850, en lien avec la vague de constructions et de reconstructions que connaît la région à cette période. Après 1950, la concurrence de l'ardoise de Trélazé et d'Espagne, plus fine et plus légère, et la baisse des recommandations ou impositions des Monuments historiques concernant l'usage décoratif de ces schistes ardoisiers n'ont pas permis le maintien en activité de ces carrières. Quelques vestiges d'exploitation ont survécu : cabanes de carriers reliées par des sentiers bordés de murets en pierre sèches aux terrils, carrières et fronts de taille subverticaux.
Les nombreux affleurements de granite (gris aux nuances mordorées) de Plounéour-Ménez ont été exploités les siècles passés. Ce granite, connu sous l'appellation de « granite de la montagne » parfois dans les archives, a été utilisé pour construire maints monuments et bâtiments, par exemple le château de la Hunaudaye dans les Côtes-d'Armor ou l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Le granite était exploité en carrières le plus souvent, mais il arrive qu'ici et là un bloc erratique porte encore des traces de débitage.
Des belles façades en pierre de taille, alternant parfois en pierre de taille du granite et du schiste, posés en lits alternés, avec un remarquable effet décoratif, témoignent du savoir-faire remarquable des maçons.
Le 20ᵉ siècle
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Plounéour-Ménez porte les noms de 134 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Parmi eux, le récit des circonstances de la mort au front le 27 août 1914 du caporal Jean-Pierre Bescond, du 219e régiment d'infanterie, qui était vicaire à Plounéour-Ménez, est disponible dans un livre.
Un soldat de Plounéour-Ménez, Francis Henry, est mort lors de la guerre du Levant le 26 avril 1920 à Chram-Té en Cilicie.
L'Entre deux-guerres
Le hameau du Relecq abritait dans la décennie 1930 une école publique de deux classes, accueillant les enfants des hameaux de Plounéour-Ménez et du Cloître situés dans le voisinage et possédait un moulin avec boulangerie attenante, deux cafés, une forge et même un notaire.
La Seconde Guerre mondiale
Les victimes de la Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Plounéour-Ménez porte les noms de vingt-neuf personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
La famille Perper
Monument commémoratif de la libération de Plounéour-Ménez le 6 août 1944 par des éléments de la 6e division blindée américaine avec l'appui des Francs-tireurs et partisans.
En 1942, une famille juive, les Perper (le père Ihil est né le 25 décembre 1908, la mère Sonia Nikataya le 5 août 1912 en Bessarabie alors russe avant de redevenir roumaine, immigrés en France lui depuis 1927 et elle depuis 1929, respectivement médecin et pharmacienne), y compris leurs deux filles Rosetta et Odette nées en France, s'installent en 1935 à Brasparts, puis en 1940 à Pleyben avant d'arriver en 1942 à Plounéour-Ménez où le docteur Perper continue d'exercer la médecine, grâce à la complicité des habitants, en dépit du Statut des Juifs d'août 1940 qui interdit aux Juifs d'exercer la médecine. Le couple a un troisième enfant, Paul, né à Plounéour-Ménez en juin 1942.
Dans la nuit du 9 au 10 octobre 1942, la famille est arrêtée sur ordre de la préfecture du Finistère et internée dans le camp de Drancy où elle séjourne du 15 octobre au 25 mars 1943, date de leur déportation par le convoi numéro 53, parvenant au camp de concentration de Sobibor probablement le 28 mars 1943. Ils sont gazés et leurs cadavres brûlés dans les fours crématoires dans les jours qui suivent.
Certains habitants de Plounéour-Ménez avaient tenté de les aider. Jean Kerdoncuff avait appris par son père gendarme l'imminence de leur arrestation et enfourché son vélo pour les prévenir, mais un rassemblement allemand à Ty Grean l'obligea à un détour et il arriva trop tard. Le maire de Plounéour-Ménez, Amoury Guégot de Traoulen tenta entre autres de sauver leur fille Odette qui, malade, avait un temps été admise à l'hôpital de Drancy, mais n'y était pas parvenu.
Un résistant, Albert Quéguiner, né le 14 décembre 1908 à Plounéour-Menez. Arrêté, il a été incarcéré à la prison à la prison Jacques Cartier à Rennes. Il y resta jusqu'au 23 juin 1944, date à laquelle il fut transféré à Compiègne, puis, le 28 juillet 1944, vers le KL de Neuengamme. (matricule 39537). Autre lieu de déportation : Osterort. Il a été libéré le 3 mai 1945 dans la baie de Lübeck-Neustadt. Un autre, Jean-Baptiste Sissou, déporté, est décédé au camp de concentration de Neuengamme.
Un commando FTP de Plounéour-Ménez, dénommé « commando de l'Argoat » participe le 16 août 1944 à des combats à Le Tréhou contre un convoi allemand, déguisé en convoi américain, qui part de Brest pour aller libérer des soldats allemands détenus par la résistance à Brasparts. Lors du retour sur Brest du convoi allemand, les combats à l'entrée de Le Tréhou font cinq morts parmi les résistants de ce commando. Les Allemands font alors le détour par Irvillac où dix-sept résistants d'un commando FTP originaire de La Feuillée sont tués.
Le 21ᵉ siècle
En 2015, l'Association des communes du patrimoine rural de Bretagne (CPRB) décerne à Plounéour-Ménez le label « Communes du Patrimoine Rural de Bretagne » pour la richesse de son patrimoine architectural et paysager.
La commune inaugure le 16 septembre 2017 le « sentier des mémoires », circuit d'interprétation ponctué de sept étapes avec la présence de panneaux d'interprétation trilingue (français, breton, anglais) à travers l'histoire, la faune, la flore et le paysage local. Ce projet à 14 000 euro a été mené par les bénévoles de la commune et de l'association Au fil du Queffleuth et de la Penzé,.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Ploeneoul ou Pleoeneoul en 1173, Ploenaourq en 1279, ploeneormenez en 1310, Ploeneour in Monte vers 1330.
Le nom breton de la commune est Plouneour-Menez, c'est-à-dire « paroisse de Saint Enéour de la Montagne », pour la distinguer de Plounéour-Trez, littéralement « Plounéour Plage ».
Patrimoine
Patrimoine naturel
Les sommets des monts d'Arrée : Roc'h Ruz, Roc'h Trevezel.
Les ardoisières (situées sur le versant nord des monts d'Arrée).
La tourbière du Diry, en amont du bassin-versant du Queffleuth, au sud de l'abbaye du Relec, est zone Natura 2000 et classé ZNIEFF (Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique).
Monuments
L'église Saint-Yves et la croix de l'ancien cimetière.
Le calvaire devant l'église Saint-Yves.
Statue et inscriptions, porche de l'église Saint-Yves.
L'abbaye du Relec et le village du Relec, site classé.
L'émetteur de Roc'h Trédudon
L'église Saint-Yves de Plounéour-Ménez, construite entre 1649 et 1684. Le portail de l'enclos paroissial date du 17ᵉ siècle et le calvaire qui y est situé de 1540. Le clocher-porche date de 1651, le porche étant à étage (rare).
Le manoir de Penhoat et son allée : (16ᵉ et 17ᵉ siècles), site classé, propriété privée. Ses origines remontent à la fin du 15ᵉ siècle (construit initialement par la famille Le Scanff), mais la majeure partie des bâtiments remontent pour partie au 17ᵉ siècle (construit dans le style classique par une branche cadette de la famille de Penfentenyo), pour le reste du 19ᵉ siècle. Le manoir est passé par mariage aux mains de la famille Clairambault dans le courant du 18ᵉ siècle. Dans la cour du manoir se trouve une fontaine dont l'eau est recueillie dans un bassin monolithe daté de 1619 et orné de trois statues (un Christ couronné d'épines, un saint François d'assise et un saint Jacques) attribuées à Roland Doré. Le parc, vaste de 33 hectares, aménagé à partir de 1865, contient des espèces végétales rares et figure depuis 1992 dans le pré-inventaire des jardins remarquables du Finistère. La famille Guégot de Traoulen, d'origine morlaisienne, en fut propriétaire de la Révolution française à 1988, date à laquelle il fut vendu à ses propriétaires actuels. Le manoir, ses abords et l'allée de hêtres sont site classé depuis l'arrêté du 14 mars 1946.
La chapelle Saint-Divy et son calvaire : elle date de 1655 (date indiquée sur le clocheton). Une pierre encastrée au-dessus de la porte sud porte les armoiries de la famille Le Scanff, propriétaires du manoir de Penhoat, commanditaires probables de l'édifice (peut-être s'agit-il d'un réemploi provenant du manoir) ; la fenêtre sud éclairant le chœur a été agrandie au 19ᵉ siècle.
Le manoir de Coëtlosquet (18ᵉ siècle), propriété privée, et son moulin seigneurial. Construit en 1608 (la date est gravée sur le linteau de la porte principale), il a une allure de demeure seigneuriale avec son escalier hors-œuvre et ses pignons aigus.
Le manoir de Kermorvan. Au 18ᵉ siècle, cet ancien lieu noble, devient la possession d'une influente famille de marchands de toiles du Léon.
Lit de Saint-Eneour.
Vingt-six croix et calvaires sont recensés sur le territoire de Plounéour-Ménez.
À l'ouest du bourg, calvaire érigé en 1641 à l'initiative de la famille Le Scanff, possesseurs du manoir de Penhoat. Ce calvaire, œuvre en partie du sculpteur Roland Doré, s'ouvre sur la campagne, et l'allée menant au manoir.
Maisons anciennes, souvent de tisserands (juloded) des Seizième, 17ᵉ et 18ᵉ siècles dans le bourg et un habitat rural de qualité dans de nombreux villages souvent construit par des juloded (marchands de toiles souvent aussi exploitants de gros domaines ruraux).
Un « petit patrimoine » nombreux : vingt-quatre puits, des granges avec portes charretières, des kanndis, des fours à pain, des moulins, et cetera