Plounéventer [plunevɛ̃tɛʁ] est une commune française du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Histoire
Préhistoire
« En montant la vieille route de Landerneau, à partir du pont de la Roche, on remarque, à 80 mètre sur la gauche, après avoir passé le chemin de Lanneuffret, un menhir de 2 mètre de hauteur, et à 200 mètre environ plus loin, et du même côté, sur le point culminant de la montagne, les restes d'un dolmen ou d'une allée couverte. »
Comme sur tout le plateau qui donne sur l'Élorn, des traces de l'époque néolithique ont été trouvées au sud de la commune : haches polies, nécropoles, menhir et dolmen attestent une occupation précoce du territoire. Des haches de l'âge du bronze ont été répertoriées à Kériogan et un embryon de ville d'époque celtique avec de nombreux souterrains à Kérilien, devenue plus tard la ville gallo-romaine de Vorganium.
Kerilien, site de la ville gallo-romaine de Vorganium ?
Plusieurs voies romaines convergeaient vers cet endroit, en particulier celles arrivant de Vorgium (Carhaix), de la Pointe Saint-Mathieu, de Tolente, et cetera
En 1829, l'érudit lesnevien Daniel Louis Olivier Miorcec de Kerdanet, est le premier à s'intéresser au site gallo-romain qui s'étend sur plusieurs dizaines d'hectares à travers les villages de Kerilien, Coatalec et Kergroas ,}}.
Le site, probablement un centre de commerce et d'artisanat, recèle de nombreux vestiges gallo-romains. L'agglomération bien groupée autour de son forum et de son théâtre romain dont subsistent quelques briques du mur de scène, regroupe, le long des voies, de nombreuses villae au centre de grandes exploitations,. Le site a été racheté par l'État en 1984 à l'instigation de l'historien Louis Elegoët.
Plusieurs historiens, en particulier Louis Pape identifient ces ruines comme étant celle de Vorganium, agglomération secondaire de la cité gallo-romaine des Osismes. Au 19ᵉ siècle et au début du 20ᵉ siècle, on l'identifiait plutôt à la mythique Occismor,, probablement à tort.
Origines
Selon le récit semi-légendaire raconté par Albert le Grand, la première église aurait été érigée dans le courant du 6ᵉ siècle par l'épouse et le fils du comte Élorn à l'emplacement de l'église actuelle, pour remercier les deux saints d'avoir sauvé son fils Riok des griffes du dragon de l'Élorn. Après avoir un temps persisté dans la pratique du paganisme, le comte Élorn finit, sous l'insistance de sa femme et de son fils Riok, par se convertir effectivement et construisit une église dans le bois du Barguet, qui est à l'origine du bourg de Plounéventer. D'après la tradition, c'est le cheval de Néventer qui aurait marqué une pierre de son empreinte à cet endroit, la dite pierre étant toujours visible près de la grotte Notre-Dame-de-Lourdes dans cette commune.
La paroisse de Plounéventer faisait partie de l'archidiaconé de Kemenet-Ily relevant de l'évêché de Léon. La paroisse de l'Armorique primitive englobait Saint-Servais, devenue trève le 23 janvier 1678 et commune indépendante en 1792, et Saint-Derrien, également une trève, devenue paroisse par l'ordonnance de l'évêque de Quimper et de Léon en date du 9 juillet 1845 et commune en 1884, ainsi que la paroisse de Lanneuffret créée elle aussi en 1845 et dont Plounéventer demanda en vain le rattachement à sa propre paroisse et commune.
Du Moyen Âge au 18ᵉ siècle
Le site de Morizur
Le site archéologique de Morizur est un ensemble fortifié établi sur un éperon rocheux au confluent des vallées de la Flèche et d'un de ses affluents. L'éperon est barré à sa racine par un fossé profond qui pourrait être antérieur au Moyen Âge (datant peut-être de l'âge du fer ?). Sur l'éperon se trouve une première basse-cour défendue par un fossé sec et une levée de terre ; une motte castrale située au milieu de l'éperon, très volumineuse (10 mètre de haut, pour 30 mètre de large) est entourée d'un large et profond fossé sec et est surmontée d'une construction en pierres ; une deuxième basse cour est située à l'extrémité,.
Plusieurs seigneurs de Morizur ont été au service des ducs de Bretagne. Le château de Morizur existait encore au début du 20ᵉ siècle. Le nom même de Morizur est à rapprocher de la légende du roi Izur, rapportée par Miorcec de Kerdanet, que l'on peut résumer ainsi : près d'Occismor [en fait de Vorganium], vivait un roi breton nommé Izur, qui avait une jeune fille charmante ; un gentilhomme romain en devint éperdument amoureux et voulut l'épouser. Peu favorable à cette alliance, Izur persuada le jeune romain que sa fille aimait les couleurs vives et éclatantes et qu'elle était très ennuyée de la couleur noire de la laine des moutons de son père. Il ne lui refuserait pas sa main s'il parvenait à rendre blanche la laine provenant de la tonte des moutons. Le jeune prince frotta longtemps, tant et si bien qu'il mourut de désespoir.
Le chanoine Yves Le Grand
Vers 1472, le chanoine Yves Le Grand, recteur de Plounéventer et Ploudaniel, chancelier de la cathédrale de Léon, aumônier du duc de Bretagne François II, mit par écrit le fruit de ses recherches sur Les antiquités léonnaises. Son neveu Vincent Le Grand, sénéchal de Carhaix en hérita et légua à son tour ces papiers à un de ses neveux Albert Le Grand, lequel s'en servit pour écrire en 1636 Les vies des saints de la Bretagne Armorique : ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d'icelle… et le catalogue de la plupart des abbés, blazons de leurs armes et autres curieuses recherches.
Brézal
Brézal signifie littéralement le « mont du château », ou le « château sur le mont ». Le site domine la vallée de l'Élorn.
Le château et les seigneurs de Brézal
La famille de Brézal (ou Brésal) a été reconnue « d'ancienne extraction noble » par l'arrêt du 13 décembre 1668. Le plus ancien membre connu de cette famille est Yvon Brézal, écuyer d'une montre du sire de Léon en 1378. Gabriel Brézal fut un des héros du combat, pendant lequel il fut tué, de La Cordelière contre le vaisseau anglais Regent en 1512 devant la Pointe Saint-Mathieu.
Le château et les seigneurs de Brézal ont fait l'objet de plusieurs études par André Croguennec :
- la généalogie détaillée des seigneurs de Brézal,. Le dernier marquis de Brezal, Joseph, meurt le 25 septembre 1734 sans laisser d'enfant mâle. Le nom des Brézal tombe en quenouille, passant aux mains des Kersauson, puis tombant à nouveau en quenouille, des Tinténiac (famille originaire du château de Quimerc'h en Bannalec). Pendant la Révolution française, le château de Brézal est vendu comme bien national ;
- la liste des archives concernant Brézal ;
- les prééminences et droits honorifiques de la seigneurie de Brézal ;
- la vénerie de Brézal ;
- les suzerains des seigneurs de Brézal.
Vendu comme bien national pendant la Révolution française, le château est acheté le 11 thermidor an IV (30 juillet 1796) par Jean-Isidore Radiguet de Landerneau qui, avec ses associés, y installe une filature. Par la suite il est revendu en 1814 à Joseph-Pierre-André Malin, capitaine de vaisseau domicilié à Toulon, dont la fille Joséphine Malin, épousa Monsieur Dodin du Breuil, qui habitait le château de Trébodennic en Ploudaniel et devint maire de Plounéventer de 1830 à 1834, avant de devenir la propriété en 1849 de Guillaume Le Roux, négociant en toiles et banquier à Landivisiau, lequel démolit l'ancien château pour construire le château actuel. Sa fille Clara Le Roux (1849-1927) épousa à Brézal en 1867 Charles Huon de Penanster. Un de leurs descendants, Vincent Huon de Penanster, fut maire de Plounéventer entre 1971 et 1979 ; en 1979, il revendit la propriété, alors divisée en deux lots, l'un comprenant le château et son parc, l'étang, le colombier et le moulin, acquis par un traiteur-restaurateur, l'autre la majeure partie des bois et la chapelle.
Un tableau anonyme et non localisé de 1843 représente le château de Brézal.
« Brézal se composait de trois corps de logis inégaux, accolés en ligne droite. Le plus important était un grand pavillon à trois étages, coiffé de combles mansardés. Le bâtiment situé à l'est semblait être l'ancien manoir gothique. Quelques lucarnes de pierre coupaient les toitures, mais le château, quoique assez vaste, n'avait rien d'imposant, et sa seule partie monumentale était le long bâtiment bas qui en formait l'aile gauche, avec sa décorative série de treize lucarnes à frontons ouvragés. Une ferme, un grand jardin aux parterres "en broderie", un portail décoré sur ses piliers d'urnes de granit et flanqué de pavillons, une levée, des bois, composaient à la résidence du marquis de Kersauson un cadre plein d'agrément. »
La chapelle du château, construite en 1553 par Guillaume de Brézal, devint l'église tréviale de Pont-Christ-Brézal, dépendant de la paroisse de Ploudiry jusqu'à la Révolution française ; elle est désormais en ruines et fait partie de la commune de La Roche-Maurice.
« Les veillées de Brézal »
À la fin du 18ᵉ siècle, Brézal abrite un salon de poètes dont les réunions sont connues sous l'appellation de « veillées de Brézal », qui reçoit notamment l'abbé de Boisbilly. Louis Le Guennec en parle en ces termes :
Cette société élégante, qui comprenait aussi le docteur Savary, était réunie par les maîtres des lieux, Jacques-Gilles de Kersauson et sa femme Bonaventure-Julienne de Brézal, au début du 18ᵉ siècle, puis par leur héritier Jean-Jacques de Kersauson et son épouse Marie-Renée de Kerampuil.
Daniel Louis Olivier Miorcec de Kerdanet, dans sa Biographie bretonne manuscrite nous restitue :
« Au dix-huitième siècle, le château de Brézal devint le séjour des grâces et des muses. Les châtelains se plaisaient à y réunir une société élégante et choisie qu'égayait la verve aimable des abbés de Querbeuf, de Pentrez et surtout de Boisbilly. »
« Là venaient tour à tour et quelquefois ensemble les abbés de Querbeuf, de Pentrez et d'autres poètes aimables. On y faisait tous les soirs de petits vers de société, des chansons, des épîtres, des romances, mais jamais d'épigrammes. Les jeunes châtelains de Brézal inspirèrent souvent à notre aimable abbé [l'abbé de Boisbilly] des vers aussi faciles, aussi légers, aussi délicats que ceux de Chaulieu, de Chapelle ou de Bachaumont. »
Le moulin de Brézal
Une inscription en caractères gothiques apposée sur le moulin révèle qu'en 1520 Guillaume de Brézal et Marguerite Les Séneschal, seigneurs de Brézal, font réaliser l'étang et le moulin « au dyvis de Ichiner Garric ». Louis Le Guennec évoque ainsi la construction du moulin de Brézal en 1520 :
« Jaloux d'imiter l'exemple de son suzerain, le seigneur de Brézal, dix ans plus tard, se construisait un moulin sur les plans de l'architecte Eguiner Garric, au pied de la colline qui portait son château, en face de la chapelle de Pont-Christ. Celle-ci n'est plus qu'une ruine, d'ailleurs charmante, mais son romantique voisin demeure à peu près intact, tel que Guillaume de Brézal et Marguerite Le Sénéchal, sa femme, l'avaient fait élever en 1520, derrière la chaussée qui retient l'étang célébré par le spirituel abbé de Boisbilly, aux rives duquel Yan' Dargent a cueilli ses meilleures inspirations sylvestres, et dont l'existence en amont de leur ville hantait jadis le sommeil des boutiquiers de Landerneau de rêves catastrophiques. »
Ma vank chauser ar stank Brezal !
Landernez, pakit ho stal
(« Si la chaussée de Brézai se rompt,
Landernéens, faites vos paquets ! »)
Ce texte s'explique par une rupture catastrophique de la digue de l'étang survenue au 16ᵉ siècle et qui explique que par la suite les seigneurs de Brézal gardèrent un cheval scellé en permanence afin d'avertir au plus vite les habitants de Landerneau en cas de nouveau risque de rupture de la digue.
Le moulin de Brézal a été aussi étudié par André Croguennec.
Le manoir et la seigneurie de Mézarnou
Généalogie simplifiée de la famille de Parcevaux
Mézarnou est depuis au moins le 11ᵉ siècle le fief de la famille de Parcevaux (leur devise est : « S'il plaist à Dieu ») : la première trace dont l'histoire a gardé le souvenir date de 1091, année où Pierre André de Parcevaux épouse Sybille de Trogoff. La famille de Parcevaux reste seigneur de Mézarnou jusqu'à ce que ce fief tombe en quenouille lors du mariage de Françoise de Parcevaux avec René Barbier, du château de Kerjean, en 1630. Parmi les plus connus des membres de la famille de Parcevaux, reconnue d'extraction noble en Bretagne, par arrêté du 12 avril 1669, qui furent seigneurs de Mézarnou, on relève :
- Ollivier de Parcevaux, qui en 1145 fit une fondation à l'abbaye du Relec, confirmée et augmentée ensuite par son fils Jehan de Parcevaux ;
- son fils, Pierre de Parcevaux, participa en 1250 à la septième croisade en Terre sainte, accompagnant saint Louis. Il est fait prisonnier lors de la bataille de Mansourah ;
- son fils, Pierre II de Parcevaux, fit partie du conseil du duc de Bretagne à Lesneven.
Par la suite :
- Jehan II de Parcevaux, vivant en 1360, comparut aux montres de Bertrand du Guesclin à Pontorson, Bourges et Conches en 1371, ratifia le traité de Guérande en 1381, et fut capitaine de Lesneven en 1395 et 1402 ;
- son fils, Tanguy de Parcevaux épousa en 1392 Adélice de Kerlouan ;
- leur fils, Alain de Parcevaux, mort après 1434, fut secrétaire du duc de Bretagne Jean V et capitaine de Lesneven. Il épousa Isoline de Kerlouan ;
- leur fils, François de Parcevaux se maria avec Jeanne de Prat-Hir ;
- leur fils, Maurice de Parcevaux, mort le 7 avril 1485, fut sénéchal de Léon en 1469 et se maria le 12 août 1472 avec Tiphaine Campir ;
- leur fils, Yvon de Parcevaux, mort en mars 1519, fut sénéchal de Léon. Il se maria avec Marie Kergroannec, puis en 1507 avec Jeanne de Kervern. Ce sont eux qui construisirent le manoir actuel de Mézarnou, achevé en 1525 ;
- leur fils [de Marie Kergroannec], Maurice II de Parcevaux, né en 1485, épousa Jeanne de Kerouanec, dame de Prat-Hir, et mourut en 1571. Il fut sénéchal de Léon et conseiller au Parlement de Bretagne ;
- leur fils, Yves de Parcevaux, seigneur de Prat-Hir et conseiller au Parlement de Bretagne, mort en 1558 avant son père, épousa le 20 mars 1554 Jeanne de Boutteville, dame du Faouët, dont il eut deux filles mortes en bas âge ;
- son frère, Jehan de Parcevaux, conseiller au Parlement de Bretagne, mort en septembre 1581, qui recueillit sa succession, épousa Françoise de Kerlec'h, dame de Kerascoët ;
- leur fils, Hervé (prénommé aussi, à tort, Vincent dans de nombreux textes) de Parcevaux, épousa en secondes noces en 1591 Renée de Coëtlogon, née le 28 mars 1562 à La Trinité-Porhoët et morte en 1624, veuve de Lancelot Le Chevoir, originaire de Prat (dans l'actuel département des Côtes-d'Armor) et propriétaire dans cette paroisse du manoir de Coadealan ;
- leur fils, Alain de Parcevaux, épousa en 1613 Suzanne de Guémadeuc. Il mourut en 1617 ;
- leur fille, Françoise de Parcevaux, dame d'honneur de la reine Anne d'Autriche, épousa en 1630 messire René Barbier, du château de Kerjean. Elle meurt en 1688 ;
- leur fils fut Joseph René Barbier, dont la propre fille Gabrielle Henriette Barbier épousa en 1689 Alexandre de Coatanscour. Leurs héritiers vendirent Mézarnou le 23 avril 1720 au sieur de Poinçonneau et le château fut ensuite vendu comme bien national pendant la Révolution française.
Par ailleurs, François de Parcevaux, deuxième fils d'Yvon de Parcevaux et de Jeanne de Kervern, est archidiacre d'Ac'h, chanoine, vicaire général du Léon et recteur de Plounéventer et de Plouguerneau. Il meurt en 1562 et fut inhumé dans la cathédrale Saint-Paul-Aurélien de Saint-Pol-de-Léon.
Le pillage de 1594 et l'enlèvement de Marie Le Chevoir en 1595
Le manoir de Mézarnou, entouré de douves, était au cœur d'un vaste domaine qui couvrait à l'origine 17 hectare et était entouré d'un mur d'enceinte, fut pillé le premier août 1594 par Yves du Liscouët pendant les guerres de la Ligue alors que son hôte, Hervé de Percevaux, et cousin d'Yves du Liscouët, le recevait à souper, tuant deux domestiques et violant, avec ses hommes, les femmes présentes. Alain de Parcevaux, qui s'était « quelque peu mêlé aux agitations de la Ligue », désirait se ranger désormais sous la bannière royale d'Henri IV et comptait pour cela sur la médiation d'Yves du Liscouët ; au lieu de cela, ce dernier le trahit en l'arrêtant, l'envoie en prison à Brest pendant deux semaines et il ne fut libéré qu'après le versement d'une forte rançon de 9 500 écus.
« Le soir du premier août 1594, Yves du Liscouët vint donc à Mézarnou où il devait diner. Hervé de Parcevaux alla à sa rencontre jusqu'à Landerneau. Le souper fut gai et Du Liscouët ne cessa de témoigner de l'affection au seigneur de Mézarnou […] Mais aussitôt le souper fini, au moment d'aller se coucher, il met la main au collet de son hôte et le fit prisonnier. Il fut enfermé avec les siens dans la petite salle est, contigüe à la salle à manger. Du Liscouët et ses gens se livrèrent alors au vol et au pillage. Connaissant la maison, il leur était facile de découvrir ce qu'il y avait d'intéressant. Ils emportèrent toute l'argenterie et ce qu'il y avait de précieux. Bien plus, ils pillèrent les églises de Plounéventer et de Lanneuffret, Plouédern et Trémaouézan emportant les croix, calices et ornements que ces paroisses avaient déposés à Mézarnou comme en lieu sûr. […] Les soldats de Du Liscouët établis à Mézarnou y passèrent quinze jours à butiner, après que leur maître se fut taillé la part du lion, dans les biens de celui qui l'avait reçu en ami sus son toit hospitalier »
Hervé de Parcevaux, sorti des prisons de Brest, dut remeubler sa maison au détriment de ses autres manoirs de La Pallue, Tihaudy et Kerascouet. Le château de Lézarnou avait à peine eut le temps de se relever de sa ruine qu'il reçut l'année suivante en juillet ou août 1595 une visite de Guy Éder de La Fontenelle.
Louis-Guillaume Moreau restitue :
« Le sieur de Percevaux, seigneur de Mazarnou, […] habitait un des plus beaux manoirs de l'évêché de Léon. […] L'entrée de Mézarnou était alors défendue par deux petits pavillons où logeaient les gardes du château. À peine La Fontenelle eut-il fait connaître à ceux-ci son nom que […] monsieur de Mézarnou vint le recevoir avec beaucoup d'empressement. […] Le sieur de Mézarnou, après avoir fait entrer La Fontenelle dans la grande salle d'honneur située au rez-de-chaussée, fit conduire les gens de sa suite dans les cuisines et donna l'ordre de leur servir des rafraîchissements. La pièce […] était éclairée par de grandes croisées de pierres, garnies extérieurement de forts barreaux de fer entrecroisés comme les grilles d'une prison. Le feu pétillait dans l'immense cheminée de la salle du manoir. Une longue table de chêne qui, suivant l'usage du temps, occupait le milieu de l'appartement, était déjà recouverte d'une nappe de toile d'une grande finesse, sur laquelle resplendissaient de superbes pièces d'argenterie et une riche vaisselle attestant la richesse des propriétaires du lieu. »
Guy Éder de La Fontenelle, trompant la confiance de son hôte, enleva par surprise Marie Le Chevoir, riche héritière, et fille d'un premier mariage de Renée de Coëtlogon, seconde épouse d'Hervé de Parcevaux, alors âgée de 9 à 12 ans selon les sources, qu'il emmena peut-être dans un couvent d'Ursulines à Saint-Malo avant de l'épouser quelque temps plus tard, malgré son jeune âge bien avant ses 14 ans — âgée de 11 ans probablement — dans l'île Tristan.
Une gwerz, dont plusieurs versions différentes existent d'ailleurs, dont certaines collectées par François-Marie Luzel, fait allusion à ces évènements. Toutefois, un document datant de 1619, prétend que ce sont Hervé de Parcevaux et Renée de Coëtlogon qui « baillèrent prodvitoirement et livrèrent ladicte Le Chevoir de leur propre auctorité à Messire Guy Eder, sieur de La Fontenelle pour la luy faire espouser sans advis de parents ni décret de justice », sans préciser si c'était par contrainte ou par nécessité. Guy Éder de La Fontenelle réussit toutefois à se faire aimer de sa jeune épouse.
La paix revenue, Hervé de Parcevaux intenta en 1603 un procès à la veuve d'Yves du Liscouët. Dans sa requête, il exposa toutes les circonstances du pillage et fit monter la valeur de ce qui avait été pris chez lui à la somme de 70 000 écus. Ce procès dura longtemps, puisque 20 ans après, on voit Françoise de Parcevaux, petite fille d'Hervé, s'en occuper encore.
« Un inventaire réalisé en 1603 pour quantifier les objets pillés neuf ans plus tôt en dit long sur les trésors que recelait le manoir. En voici quelques très brefs extraits : trois grands bahuts, 18 coffres façon de Flandres ou de Rouen, 36 chaises garnies de cuir, trois horloges sonnantes (technique inventée en 1550). Le manoir comportait dix chambres meublées chacune de deux lits à baldaquin, avec couvertures aux franges de fil d'or et d'argent. Trente-six grands chandeliers de cuivre étaient utilisés pour l'éclairage des chambres, et douze grands en argent pour la salle à manger. Dans les bahuts, on trouvait 80 coupes et 40 tasses en argent doré ainsi que deux coupes en or massif. »
Le même inventaire fournit d'autres précisions :
« Il nous montre autour du logis seigneurial en 1594 une « demi-douzaine de grands bœufs pour engraisser », 18 vaches à lait, « quinze ou seize taureaux ou génisses » ; en outre, dans les prairies, dans les écuries, « 28 grands chevaux tous de service hors quatre poulains de deux ou trois ans » dont le moindre vaut 200 écus, plus six chevaux hongres servant à la charrue, huit cavales avec leurs poulains de lait, et de grands chevaux appelés étallons pour couvrir juments. Quant à la volaille, faut-il la compter ? « Trois ou quatre cents chapons et soixante-quinze coqs et poules d'Inde ». Et des greniers, des celliers, des caves qui regorgent ! « Cinq tonneaux de vin de Gascogne et deux de vin d'Anjou », « six ou sept tonneaux de froment, dix ou douze de seigle, quinze d'avoine et environ quatre tonneaux tant d'orge que de bled noir. Huit bœufs et sept pourceaux gras dans le charnier ». »
Mézarnou depuis le 17ᵉ siècle
Acheté en 1720 par Mathieu Poinconneau, maréchal héréditaire du Laonnais — qui acheta aussi le château de Kergournadec'h en Cléder) —, le manoir est loué en 1745 à Jacques Toullec, issu d'une famille de julod (paysans riches, également marchands de toiles), puis à Yves Abhervé-Guéguen, également un julod, dont les descendants l'achètent en 1806. Le manoir passe ensuite par alliance aux mains de la famille Martin, mais se dégrade progressivement dans le courant du 19ᵉ siècle : le manoir de Kergréguen est par exemple construit en réutilisant une partie des pierres de la partie sud-est du manoir de Mézarnou.
En 1996, du fastueux manoir du 16ᵉ siècle, il ne reste plus qu'une ruine de pierres rongée par le lierre et qui menace de s'écrouler ; la toiture et les planchers sont effondrés depuis plusieurs décennies, le manoir étant inhabité depuis le début des années 1970. Les cuisines du manoir, épargnées par le temps, conservent deux cheminées colossales. Le nouveau propriétaire a entrepris depuis 2001 la restauration du manoir de Mézarnou, désormais classé depuis le 9 avril 2002 par le ministère de la Culture.
Le manoir dans son état actuel est ainsi décrit :
« Le manoir se présente sous la forme d'un logis à cour fermée, dont le plan en équerre occupe les côtés nord et ouest. Ces 2 ailes s'articulent de part et d'autre d'une tour d'escalier passant d'un plan octogonal à un plan carré. Une tourelle circulaire, en encorbellement dans la partie supérieure dessert une chambre haute à feu. L'escalier principal en vis, en granit, par sa mise en œuvre très soignée, est un des éléments majeurs de la demeure. Le décor des façades sur cour, de style gothique flamboyant, est particulièrement riche sur la façade de l'aile nord, réservée à l'habitation seigneuriale. »
En juillet 2010, 600 descendants des Parcevaux se sont réunis au manoir pour une grande fête de famille.
Le moulin de Penhoat (le « bout du bois »), était le moulin banal du domaine de Mézarnou. Sa chaussée retenait un étang de 9 hectares, grand quatre fois celui de l'étang de Brézal, mais désormais asséché. Le moulin ne fonctionne plus depuis 1943.
D'autres manoirs ont existé au Moyen Âge à Plounéventer comme ceux de Coat-Lestrémeur (famille Coëtivy), Locmélar (famille Poulmic), Kergréguen et Kerandy (famille Keraoul, puis Parcevaux), Le Léthy (famille Audren), Brézalou, Kereozen (famille Keryvon), Kerinizer, Kerider, Kerizien, Lanrin, et cetera
L'activité toilière : les juloded
Dès le 15ᵉ siècle, Plounéventer est un centre important de l'artisanat de la toile de lin, répandue dans une bonne partie du Pays de Léon, dont l'apogée se situe vers 1680. Un groupe de marchands prend alors en main non seulement tout ce qui touche à la toile, mais aussi le gouvernement de la fabrique paroissiale appelé aussi le « corps politique ».
La richesse des juloded (« marchands toiliers ») est telle que plusieurs familles construisent ou achètent de véritables manoirs comme la famille Soubigou qui construit le manoir de Kergréguen, la famille Abhervé-Guéguen.
« Le julod le plus caractéristique du 19ᵉ siècle […] est sans doute François Soubigou, de Plounéventer […]. Élève du collège du Kreisker de la quatrième à la seconde, « propriétaire et entrepreneur de travaux publics », il fut député en 1848, sénateur de 1876 à 1894 et mourut à Mescloagen en Plounéventer. Son orgueil de julod s'aggravait de la superbe léonarde. D'époque immémoriale, le Léon, qui n'avait pas admis que le chef-lieu du département fût à Quimper au lieu de Landerneau, accablait la Cornouaille de son mépris. Soubigou, en un temps où les Bigoudens n'avaient pas encore enfourché le Cheval d'orgueil, s'était donné pour tête de turc au Conseil général le député Arnoult, président du comice agricole de Pont-l'Abbé. Arnoult défendait la race pie noire cornouaillaise, dont il aurait voulu faire la vache laitière et beurrière officielle de la Basse-Bretagne. Soubigou tenait pour la race froment du Léon, croisée avec les Durham. Arnoult demandait que le Concours agricole continuât d'avoir lieu à Quimper, Soubigou opinait pour Brest. »
Une paroisse divisée en cordelées
Toussaint Charruau, qui fut recteur de Plounéventer à partir de 1635 et mourut en 1665, qui était aussi chanoine de Léon et archidiacre de Kemenet-Ily, fonda la chapellenie de Bourlogot qui subsista jusqu'en 1883.
Entre 1690 et 1692, une série de procès opposa le conseil de fabrique de la paroisse de Plounéventer et celui de la trève de Saint-Servais, ce dernier refusant de financer une partie des charges de la paroisse-mère : Plounéventer gagna le premier jugement devant la Cour royale de Lesneven, mais Saint-Servais gagna en appel devant le Parlement de Bretagne.
Avant la Révolution française, la paroisse était divisée en cinq cordelées ou confréries dénommées Bourg, Brézalou, Loc-Mélar, Saint-Derrien et Saint-Servais. Selon un curé de Plounéventer en 1790, « il faudrait sept prêtres pour faire le service, trois pour le Bourg et Brézalou, un pour Saint-Derrien et deux pour Saint-Servais afin d'assurer une messe tous les dimanches et fêtes ».
Des précisions concernant chaque curé de Plounéventer depuis 1318 jusqu'en 1982 sont consultables sur un site Internet.
Le recteur de Plounéventer décrit ainsi sa paroisse en 1774 :
« J'ai trouvé 633 feus ou ménages desquels il y a de riche le château de Brézal et celui de Keryvon, 16 ménages riches selon le païs, à être dans le cas de donner 1 200 à 1 500 livres de dot à chaque enfant ; 211 ménages aisés, qui n'ont pas, à une moitié près, la fortune des premiers ; 310 ménages pauvres […] qui en santé ne mendient pas, mais qui, pour peu qu'ils aient des infirmités, sont dans l'obligation de le faire ; 94 ménages de mendiants qui peuvent donner un nombre de 200 personnes qui mendient, desquels il y a plus de la moitié qui sont des enfants […] »
Révolution française
Le premier avril 1789, la paroisse de Plunneventer est représentée par deux délégués, Jean Drezen et Jean-Thomas Rozec, lors de l'assemblée de la sénéchaussée de Lesneven chargée de rédiger son cahier de doléances ; celui-ci, dans son article 65, demande « d'ériger Saint-Derrien et Locmélar en succursales de Plounéventer ».
Un prêtre de Plounéventer, Bolloré, signe en 1790 la protestation du clergé du Léon contre la Constitution civile du clergé.
Le 21 mars 1793, interrogé par le Comité de sûreté local, des témoins déclarent :
« Michel Kerbaol, domestique chez Tanguy Le Roux, de Kérolland en Plouédern, qui a déclaré qu'environ deux cents personnes de Plounéventer, tous armés de fusils et de faucilles, en passant par Kérolland l'avaient forcé à se mettre en route avec eux pour aller à Plabennec, mais qu'il n'était allé que jusqu'au moulin de Luchan, ayant trouvé moyen de s'échapper, parce qu'on marchait sans chef et sans surveillans, qu'il s'était armé d'un fusil parce qu'on le lui avait commandé. […] Gabriel Gestin, du Rest en Ploudaniel, dit que plus de trois cents personnes passèrent devant sa maison ; elles étaient, dit-on, de Plounéventer, Saint-Servais, Plougar, que plusieurs entrèrent chez lui et le forcèrent à les suivre et à s'armer de sa faucille sous peine d'être tué. […] Le comité se consulte ensuite s'il y a lieu de faire abattre les clochers où le tocsin a sonné ; on ajourne la question. »
Plusieurs habitants de la commune ont en effet participé à la bataille de Kerguidu le 24 mars 1793 et ont, pour cette raison, risqué la guillotine. Plounéventer fit partie, avec Plouguerneau, Ploudaniel, Guissény et Kerlouan, des communes condamnées à payer en tout 40 600 livres de dédommagement pour s'être rebellée (Plounéventer eut à payer 9 600 livres). Statues, croix et armoiries furent aussi saccagées pendant la Terreur.
Jacques Cambry dans son Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère : dressé en l'an III dresse le 21 brumaire an III (13 novembre 1794) la liste des biens abandonnés au château de Brézal par l'« émigré Tinténiac » : on y trouve entre autres « un télescope en cuivre d'un pied cinq pouces sept lignes de longueur, de trois pouces de diamètre », un joli microscope, un globe céleste, « une boîte contenant des fragmens de minerais », des gravures, des dessins, des tableaux assez précieux (dont la liste est fournie), et cetera Ses livres sont envoyés à la bibliothèque de Lesneven.
Le 30 vendémiaire an VII (21 octobre 1798), Ambroise Le Cann, curé, qui avait été prêtre réfractaire entre 1792 et 1795 tout en restant clandestinement dans sa paroisse, est assassiné dans son presbytère, probablement par son bedeau.
Le 19ᵉ siècle
Du fait du suffrage censitaire, Plounéventer est dominée par les julods, membres des familles de marchands toiliers du Haut Léon, qui contrôlent la mairie jusqu'au lendemain de la Première Guerre mondiale.
En 1826, une épidémie de fièvre typhoïde sévit à Plounéventer : par exemple, six enfants de la famille Soubigou, habitant le manoir de Kergréguen, meurent en l'espace de trois semaines.
Le 12 décembre 1846, le conseil de fabrique accepte une fondation faite par Monsieur Souffès-Desprès, percepteur à Plounéventer, à son bénéfice. L'argent de cette fondation servit à acheter quelques objets pour l'église, mais l'essentiel de la somme fut volée vers 1847 au trésorier du conseil de fabrique qui la conservait chez lui ; la maison des Rosiers, habitée par ce percepteur, servit par la suite de maison d'école.
Le 18 septembre 1854, les sieurs François-Paul André et Isidore Huyot, minotiers à La Roche-Blanche en Plounéventer, acquièrent pour 15 ans les droits d'utilisation du brevet détenu par un certain sieur d'Heurle « pour un four circulaire propre à la cuisson du pain, avec âtre mobile […], avec foyer indépendant et tuyaux répandant la chaleur en dessous, sur les côtés et au-dessus de la partie destinée à la cuisson ».
Lors de la bataille de Montebello (1859), Charles Grall, né le 13 août 1836 à Plounéventer, est blessé, ayant reçu un coup de feu à la cuisse gauche.
Le pourcentage de conscrits illettrés à Plounéventer entre 1858 et 1867 est de 51 %.
Le 12 mai 1867, une Mission est organisée à Plounéventer ; 1 300 communions sont distribues la première semaine, 1 600 la seconde. Le calvaire qui se trouve au milieu du cimetière est édifié en cette occasion.
Pendant la guerre de 1870, 28 soldats originaires de la commune de Plounéventer sont morts pour la France. Un bataillon de la garde nationale fut constitué, avec des jeunes gens venant aussi de Bodilis et de Saint-Servais, qui alla séjourner au camp de Conlie dans ds conditions très difficiles.
Entre 1872 et [1874, la restauration de l'église paroissiale fut en partie financée grâce à une fondation faite par Madame Le Roux de Brézal au bénéfice du conseil de fabrique. Cette même fondation permit aussi la construction du nouveau presbytère en 1882.
À la demande de l'évêque de Quimper, des moines bénédictins de l'abbaye Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire fondent le monastère de Kerbénéat (« maison de Benoît » en breton) en 1878 au lieu-dit Ker-an-Héré. Le couvent ouvre le 30 novembre 1878.
Le hameau de Kériouroux en Plounéventer est frappé par une épidémie de choléra en janvier 1886 : sur ses 39 habitants, 24 sont atteints et la maladie provoque deux décès le 7 janvier 1886, un couple de cultivateurs âgés de 60 et 58 ans.
À la fin du 19ᵉ siècle, la construction de 67 écoles de hameaux a été autorisée dans le Finistère par deux décrets :
- le décret du 25 octobre 1881 qui a délégué une subvention pour 18 écoles de hameaux sur l'arrondissement de Quimperlé, dont toutes ont été bâties ;
- le décret du 14 mars 1882 qui a délégué une subvention pour 50 écoles de hameaux sur les quatre autres arrondissements du département (Brest, Châteaulin, Morlaix, Quimper) à choisir dans les communes dont le territoire est le plus étendu et les ressources les plus restreintes : 49 ont été bâties dont une à Plounéventer (Saint-Derrien qui était à cette époque un hameau de Plounéventer).
On rapporte qu'autrefois, les chemins de Plounéventer étaient dans un état si lamentable que le dimanche, en hiver, pour se rendre au bourg à la messe du matin, on avait tout intérêt à se munir d'une boîte d'allumettes ou d'un briquet et d'une poignée de paille pour faire torche, sans quoi on risquait de s'enliser dans la vase ou de tomber dans un trou d'eau, et comme les bottes n'étaient pas encore en usage, il fallait changer de chaussures en arrivant au bourg.
Le journal Le Petit Parisien du 16 décembre 1895 écrit qu'une vieille paysanne de Plounéventer, Marie Quémeneur, avait si bien pris goût à conter des contes à Monsieur Sauvé, qu'elle en dit jusqu'à son lit de mort et qu'elle trépassa tandis qu'elle narrait une histoire.
Le 20ᵉ siècle
Les tensions religieuses au début du 20ᵉ siècle
Le 20ᵉ siècle commence à Plounéventer par la Mission qui débuta le 8 avril 1901 et dura 15 jours. On distribua 700 communions la première semaine et 1 100 la seconde semaine.
Par arrêté du préfet du Finistère, l'école publique de Plounéventer, tenue jusque-là par les religieuses des Filles du Saint-Esprit, est laïcisée le 6 septembre 1902. Le 10 septembre 1902, les Sœurs du Saint-Esprit qui étaient installées à Plounéventer depuis 1867, y tenant une école, furent expulsées en vertu de la loi sur les congrégations. Le maire, Auguste Soubigou, leur donna asile dans sa propre maison ; il fut suspendu par le préfet pour s'être opposé aux expulsions. Une tentative de réouverture illégale de l'école catholique eut même lieu en janvier 1904.
Les moines bénédictins de Kerbénéat furent expulsés peu après, le 24 avril 1903 :
« La foule entoure le monastère, attendant l'arrivée du commissaire de police et du juge de paix. Quelques manifestations se produisent. Le conseil municipal de Plounéventer, ayant à sa tête Monsieur Soubigou, maire, est arrivé pour exprimer au Père Abbé Bouchard les regrets de la population. Les notabilités des communes environnantes arrivent et vont saluer le Père Abbé. Toutes les routes sont gardées. Des paysans et des cyclistes surveillent l'arrivée des étrangers. Trois brigades de gendarmerie de Landerneau et Landivisiau ont reçu l'ordre de se tenir prêtres à accompagner le commissaire à l'abbaye. Une foule […] a poussé des cris : "Vive la liberté ! Vivent les moines !". Les commissaires ont fouillé l'hôtellerie de l'abbaye et la ferme qui en dépend. Une nouvelle manifestation hostile a accueilli le départ des commissaires; des paysans étaient accourus au son de la cloche. Les paysans de Kerbénéat ont décidé de monter la garde jour et nuit dans l'abbaye. Le liquidateur Le Couturier est arrivé le premier mai pour la levée des scellés. »
Les moines, expulsés en avril 1903 par application de la Loi sur les congrégations, dite aussi Loi de 1901, partirent alors au Pays de Galles à Glynn-Abbey, puis à Noyadd-Wylin près de Cardigan. Ils revinrent en France en 1919, s'installant provisoirement au château de La Douyë en Béthisy-Saint-Pierre (Oise) et revinrent le 21 novembre 1922 à Kerbénéat.
À partir de 1950, ayant acheté le domaine de Landévennec, les moines relevèrent la nouvelle abbaye Saint-Guénolé de Landévennec et quittèrent à nouveau Kerbénéat.
Le 5 mai 1906, Plounéventer est concerné par la querelle des inventaires : en vertu de la Loi de séparation des Églises et de l'État, le percepteur de Landivisiau vint ce jour-là dresser l'inventaire des biens d'église ; il se rendit au presbytère où le conseil de fabrique s'était réuni, mais il dut se retirer sans avoir opéré, le conseil de fabrique s'étant opposé à toute perquisition et lui ayant signifié qu'il défendrait tous les biens de la paroisse par tous les moyens en son pouvoir. Le percepteur voulut alors se rendre à l'église, mais la population accourue en toute hâte, à l'appel du tocsin, s'y était retranchée en verrouillant les portes. Le percepteur dut donc capituler, mais en partant, il promit de revenir avec les forces armées.
Achetée d'abord par un propriétaire privé, l'abbaye est rachetée en 1914 par l'évêché de Quimper.
Par ailleurs, entre 1910 et 1913, à plusieurs reprises, des demandes de création d'une voie ferrée allant de Landivisiau à Lannilis en passant par Bodilis, Plounéventer, Saint-Derrien, Saint-Méen et Lesneven furent effectuées, mais non suivies d'effet.
Les guerres du 20ᵉ siècle
Pendant la Première Guerre mondiale, les locaux de l'abbaye de Kerbénéat, qui n'étaient plus occupés par les moines car ils en avaient été expulsés, réquisitionnés par l'administration militaire, furent affectés comme camp à l'hébergement des prisonniers allemands, puis servirent de camp d'internement civil. Dix-huit photographies prises en 1916 par Édoaurd Brissy illustrent la vie quotidienne dans ce camp d'internement.
Le monument aux morts de Plounéventer porte les noms de 44 personnes mortes pour la France, dont 28 pendant la Première Guerre mondiale et 16 pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi ces dernières, Joseph Louis Galliou, né le 2 septembre 1920 à Plounéventer, parachutiste au Deuxième régiment de chasseurs parachutistes, fut fusillé par les Allemands à Trédion (Morbihan) au lieu-dit Kerlanvaux le 15 juillet 1944 en même temps que six autres parachutistes et un paysan,.
Le site plouneventer.fr narre un récit de la Première Guerre mondiale et de l'Entre-deux-guerres à Plounéventer.
Toponymie
Attestée sous la forme Pleneventer en 1339.
Étymologie
Ainsi que l'a démontré Bernard Tanguy, le nom Plounéventer provient du mot breton plou (« paroisse ») et du saint fondateur Numenter, mentionné Numenterius en 1167, un saint inconnu que la paroisse partage avec celle de Plaintel dans les Côtes d 'Armor. La commune de Plounéventer est dénommée Gwineventer en breton, l'usage de Plouneventer étant réservée à la paroisse dans cette langue.
« Paroisse fondée par (ou dédiée à) Saint-Numenter ».