Le pont de Rohan est un pont habité franchissant l'Élorn au centre de Landerneau, dans le Finistère. C'est l'un des plus vieux des dix-neuf ponts bâtis d'Europe. Construit au 16ᵉ siècle au fond de l'aber qui servait de port, il subit la marée et sépare l'eau douce de l'eau saumâtre.
Caractéristiques
Les soixante sept mètres qui constituent un tronçon de la rue du Pont relient au nord le quai de Léon, et au sud le quai de Cornouaille .
Le pont compte cinq arches. Une première arche relie ce dernier à une petite île par-dessus un canal qui sert de déversoir et remonte vers le lit de la rivière après avoir dessiné un coude. Un bief fermé par un pertuis sépare cette petite île d'une seconde encore plus petite située au milieu du fleuve et reliée par une seconde arche quasiment invisible au piéton. Une digue consolide la rive nord de ce second îlot et se prolonge en aval jusqu'après un barrage à effacement invisible à marée haute. De là, trois arches franchissent ce qui constitue le bras principal de l'Elorn en aval d'un autre barrage à effacement.
Histoire
Un pont, très certainement en bois, franchissait depuis au moins 1336 le dernier gué de l'Elorn. Celui ci était déjà dans l'Antiquité un nœud routier qui reliait au sud les voies de Coriosopites et Darioriton puis Vorgium, à celles au nord ouest de Vorganon, Tolente, Occismor et Gesocribate, et à l'est d'Aleth via le gué de Mont Relaxe.
Ce premier pont est reconstruit en 1510 par le vicomte Jean II de Rohan, seigneur de Léon. Le prince se rembourse et en finance l'entretien par un péage. L'ouvrage comprend à l'origine deux boutiques, un moulin et une prison. Les rives qu'il relie ne seront dotées de quais que dans les décennies suivantes. Le port, que ferme en amont le pont, est alors, tout comme Morlaix, le lieu d'un trafic intense vers Séville, Saint-Sébastien, Anvers et la Baltique, par où est exportée la production de la deuxième plus grande région toilière de France, les très recherchées crées du Léon.
C'est au 17ᵉ siècle que le pont se garnit de petites maisons. Elles sont construites en appui d'un côté sur le bord amont du pont et de l'autre sur des pilotis. En 1639, un magistrat de la ville, Jacques Gillart, se fait construire son logement, une belle demeure de style renaissance en pierre de Logonna, à l'angle du pont et de la rive gauche, le quai de Cornouaille. Pour ne pas empiéter sur les ouvrages, ou peut être ne pas payer le prix du terrain, les fondations sont élevées dans le lit de la rivière même.
En 1760, le péage est supprimé. La charge de l'entretien revenant au lointain gouverneur de la province, le pont se dégrade.
En 1825, le moulin, qui profite du courant de l'Elorn, est détruit par un incendie. Il sera entièrement rasé en 1897. Le pont est consolidé mais les crédits manquent pour le rénover totalement.
Durant l'Occupation, la Wehrmacht le double d'un pont en bois. Celui-ci est remplacé en 1958 par un pont en béton, qui permet de soulager le vieux pont de Rohan du trafic routier auquel il n'était absolument pas adapté.
Protection
Le pont et les maisons bénéficient de plusieurs protections au titre des monuments historiques:
- un classement en 1929 concernant la maison du 17ᵉ siècle située au 12 rue du Pont,
- une inscription en 1932 pour la maison située au 11 rue du Pont,
- une inscription en 2010 pour tous les autres éléments du pont, à savoir le pont lui-même et les autres maisons.
- un classement en 2022 de la totalité du pont, ainsi que les façades et toitures des immeubles bâtis qu'il supporte
Photographies
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