Le quai Anatole-France se situe à Paris dans le Septième arrondissement.
Situation et accès
Long de 585 mètres, il commence après le quai Voltaire, au niveau de la rue du Bac, et se poursuit par le quai d'Orsay, au départ du boulevard Saint-Germain et au niveau du palais Bourbon.
Le quartier est desservi par la ligne 12 du métro, à la station Assemblée nationale, par la ligne C du RER, à la gare du Musée d'Orsay, ainsi que par les lignes 68 et 69 du réseau de bus RATP.
La voie donne accès au musée d'Orsay et à la passerelle Léopold-Sédar-Senghor. En contrebas, sur les berges de Seine piétonnes, se situe la promenade Édouard-Glissant.
En 2022, le prix du m2 sur le quai se situe dans une fourchette comprise entre 13 502 € et 25 053 €, avec un prix moyen de 16 504 €.
Origine du nom
Ce quai a pris en 1947 le nom de l'écrivain Anatole France (16 avril 1844 – 12 octobre 1924).
Il existe aussi, depuis 1926 et dans le même arrondissement de Paris, une avenue Anatole-France, mais cette voie publique fait figure de simple « allée » du Champ-de-Mars.
Historique
Le quai Anatole-France n'est que la partie orientale du quai d'Orsay, délimitée par le pont Royal et le pont de la Concorde. Il a pris son nom actuel en 1947. Anatole France était un familier des quais de la Rive gauche : il avait habité 15, quai Malaquais et son père avait tenu une librairie 9, quai Voltaire.
D'abord appelé « quai de la Grenouillière » par l'arrêt du Conseil du 18 octobre 1704 ; il avait été rebaptisé « quai d'Orsay » par l'arrêt du Conseil du 23 août 1707. Dénommé « quai Bonaparte » par l'arrêté des Consuls du 13 messidor an X, il reprit la dénomination « quai d'Orsay » en 1815.
La partie du quai comprise entre le numéro 5 et la rue de Bellechasse a été nommée « place Henry-de-Montherlant » en 1982.
En mars 2023, la partie orientale du quai, de la rue de Solférino à la rue du Bac, est renommée quai Valéry-Giscard-d'Estaing, en hommage au président de la République de 1974 à 1981. Il est à l'origine de la création du musée d'Orsay que le quai longe.
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
- Numéros 1-3-5 : Caisse des dépôts et consignations : l'ensemble d'immeubles qui forme le siège de la Caisse des dépôts et consignations a été construit à l'emplacement de plusieurs hôtels édifiés par Robert de Cotte au début du 18ᵉ siècle, dont l'un probablement pour lui-même et un hôtel de Mailly-Nesle, qui occupait l'angle avec la rue du Bac. Ébranlés lors des travaux souterrains de construction du chemin de fer d'Orléans, ces hôtels furent démolis et remplacés, à la fin du 19ᵉ siècle, par les bâtiments actuels de style Louis XV, sur lesquels a été remonté (à l'angle du quai et de la rue du Bac) un fronton sculpté représentant « Minerve protégeant l'architecture et la sculpture », provenant de l'un d'entre eux, peut-être celui de Robert de Cotte. La construction actuelle est tantôt datée 1890-1896 et attribuée à Eudes, tantôt datée 1902-1903 et donnée à Pierre-Félix Julien. Le plus probable est que ces deux architectes y ont participé en deux campagnes de travaux. Dans la cour du numéro 3, la Caisse des dépôts a installé une sculpture de Jean Dubuffet, Réséda (conçue en 1972, réalisée en 1988).
- Numéros 5-7 et 60, rue de Lille : emplacement de l'ancien chantier de bois flotté, dit chantier de la Tour d'Argent, qui fut acheté en 1720 par le marquis de La Vrillière. Devenu une entreprise de coches pour la Cour, le lieu fut occupé par une caserne de la légion de police puis des guides de la Garde impériale sous le nom de « quartier Eugène », « quartier Bonaparte », « quartier Napoléon » et « quartier d'Orsay ».
- Angle quai Anatole-France et rue de Poitiers : emplacement de l'ancien hôtel des gardes du corps du roi à cheval.
- Numéros 7-9 : musée d'Orsay.
- Sans numéro : palais de la Légion d'honneur.
- Devant la passerelle Léopold-Sédar-Senghor se trouve une statue du président américain Thomas Jefferson. Elle est située à proximité de l'hôtel de Salm, dont il s'inspira pour la construction sa demeure de Monticello. Inaugurée en 2006 par le maire de Paris Bertrand Delanoë, le maire de Washington Anthony A. Williams et l'ambassadeur des États-Unis à Paris Craig Roberts Stapleton, elle est l'œuvre du sculpteur Jean Cardot. Elle a été financée par Alec et Guy Wildenstein et la fondation Florence Gould.
- Numéros 9 bis-11 (et 2-2 bis, rue de Solférino) : hôtel particulier fin du 19ᵉ siècle.
- Numéro 11 : on trouve à cette adresse l'ancien hôtel particulier du couturier Pierre Cardin (1922-2020). Lors de l'élection présidentielle de 2012, l'homme politique Nicolas Dupont-Aignan y installe son siège de campagne dans un appartement de 200 m2 loué pour trois mois.
- Numéro 15 : Caisse des dépôts et consignations, anciennement propriété du Centre national de la recherche scientifique, l'immeuble abrite une partie des services de la Direction bancaire.
- Numéro 19 : fond du jardin de l'hôtel de Beauharnais, 78, rue de Lille.
- Numéro 21 : fond du jardin de l'hôtel de Seignelay, 80, rue de Lille.
- Numéro 23 : appartement occupé par Claude Chappe.
- Numéro 25 : hôtel Collot, dessiné par Louis Visconti en style néoclassique et construit en 1840-1841 par Antoine Vivenel, pour Jean-Pierre Collot (1764-1852), fournisseur aux armées et directeur de la Monnaie de Paris de 1821 à 1842. La façade, ornée de colonnes superposées, est édifiée en léger retrait sur un soubassement à bossages, ménageant une terrasse où se dressent deux statues imitées de l'Antique : Minerve et Apollon. L'hôtel s'élève à l'emplacement des jardins de l'ancien hôtel du Maine, construit pour le duc du Maine par Antoine Mazin, Robert de Cotte et Armand-Claude Mollet entre 1716 et 1726. L'hôtel Collot est vendu en 1852, à la mort de son commanditaire, au général Mahmoud Ben Ayed, issu d'une importante famille de Djerba remontant au 17ᵉ siècle. Nommé directeur des magasins de l'État par le bey de Tunis Ahmed premier, progressivement titulaire de tous les fermages de Tunisie, il crée une banque en 1847 et obtient le monopole de l'émission de billets au porteur remboursables, garantis sur des fonds d'État. Selon le rapport d'un inspecteur des finances envoyé en mission à Tunis, il détourne de 50 à 60 millions de francs. Dès 1850, le général obtient la nationalité française et, en 1852, il quitte la Tunisie avec son trésor tout en y conservant certaines affaires. Outre l'hôtel Collot, il achète des immeubles de rapport à Paris, ainsi que le château de Bouges en 1853. Mais il fait l'objet de poursuites qui le contraignent à fuir à Constantinople et à revendre ses biens. L'hôtel abrite ensuite l'ambassade d'Espagne de 1864 à 1880. Il fut acquis en 1923 par l'antiquaire Isaac Founes, spécialiste de mobilier français, puis en 1932 par la Société générale commerciale de l'Est, qui y installa ses bureaux et dont les propriétaires en firent leur résidence jusqu'en 2004, date à laquelle il devint la propriété des antiquaires Nicolas et Alexis Kugel qui l'ont fait restaurer soigneusement par l'architecte Laurent Bourgois et le décorateur François-Joseph Graf et y ont installé leur galerie,.
- Numéro 27 : immeuble construit en 1905 par Richard Bouwens van der Boijen ; en 2013, cet immeuble est désigné par le quotidien financier Les Échos comme celui de Paris où le prix du m2 est le plus élevé.
- Numéros 27 bis et 29 : immeuble également construit par Richard Bouwens van der Boijen en 1905, signé en façade ; les céramiques sont l'œuvre de l'établissement Gentil et Bourdet. Le peintre Anders Osterlind a son domicile au numéro 27 bis et y meurt en 1960. On y trouve le siège social de l'Agence pour la diffusion de l'information technologique (Adit).
- Au croisement avec le numéro 288 boulevard Saint-Germain : représentation en France de la Commission européenne entre 1990 et 2022.
Au cinéma
- Dans le film Rive droite, rive gauche de Philippe Labro, sorti en 1984, les personnages principaux, Paul (Gérard Depardieu) et Alexandra (Nathalie Baye), dite Sasha, contemplent longuement l'immeuble du 29, quai Anatole-France, plongé dans l'obscurité. Seule la fenêtre en demi-lune au Sixième étage est illuminée. Enhardis par ce spectacle, les jeunes gens échangent leurs premiers mots d'amour. Cette fenêtre laissée allumée toute la nuit est aussi évoquée dans un roman de Geneviève Dormann.