Richelieu est une commune française située dans le département d'Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire.
Ville neuve édifiée entre 1631 et 1642, elle porte l'empreinte de son fondateur et commanditaire, le cardinal de Richelieu, et constitue un témoignage remarquable de l'urbanisme...
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Richelieu est une commune française située dans le département d'Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire.
Ville neuve édifiée entre 1631 et 1642, elle porte l'empreinte de son fondateur et commanditaire, le cardinal de Richelieu, et constitue un témoignage remarquable de l'urbanisme du 17ᵉ siècle. « Cité idéale » dessinée par le célèbre architecte Jacques Lemercier, elle est basée sur un plan en damier sur le modèle des villes romaines ou des bastides médiévales. Elle s'articule autour de deux places, la place Royale et la place du Cardinal, et est ceinte de remparts et de portes monumentales. C'est aujourd'hui un site patrimonial de premier plan, inscrit dans un périmètre de protection et bénéficiant d'un plan de sauvegarde et de mise en valeur depuis 1997.
Aux confins de la Touraine, de l'Anjou et du Poitou, la cité est aujourd'hui limitrophe du département de la Vienne et de la région Nouvelle-Aquitaine.
Histoire
La ville présentée dans Topographia Galliæ en 1657, bibliothèque Carnegie (Reims).
Quelques témoignages matériels, mis en évidence lors de prospections archéologiques, révèlent que le territoire de Richelieu aurait connu une présence humaine dès la période du Néolithique.
Au Haut Moyen Âge, Richelieu se révèle être le lieu d'implantation d'un site funéraire. Cette nécropole, d'époque mérovingienne, est localisée au lieu-dit du « Poteau ». Le cimetière, constitué d'une trentaine de sépultures à sarcophages ou en pleine terre, et dont les fouilles ont permis de retrouver un riche ensemble de mobiliers funéraires, connaît une utilisation jusqu'au Bas Moyen Âge.
Le Plessis-Richelieu était d'abord un fief des Clérambault/Clérembault, importante famille de la noblesse poitevine/angevine qui possédait notamment Beçay (Bessay, Bessé : à Saint-Léger-de-Montbrillais), Le Plessis-Clérambault, la Plesse (à Avrillé et Saint-Clément-de-la-Place), Chantebuzin (Champ de Buzin à Grand'Landes plutôt que Chantebuzin à Reffannes), Palluau, etc. Au 15ᵉ siècle, Perrine de Clérambault avait épousé Geoffroi du Plessis (1422-après 1477), : ils sont des ancêtres directs du cardinal de Richelieu, et Beçay et Le Plessis-Richelieu furent donnés en décembre 1488 par Louis de Clérambault à son cousin François premier du Plessis, fils aîné de Geoffroi du Plessis et Perrine de Clairambault, et trisaïeul du cardinal. Quant aux du Plessis, leur berceau était au Plessis en Angles et Néons ; ils étaient aussi seigneurs de la Valinière à Neuilly, la Vervolière et la Chappellière à Coussay-les-Bois, Haulmont à Usseau, Coussay en Mirebalais, etc.
La fondation de la ville richelaise, qui s'est effectuée au cours du 17ᵉ siècle, semble résulter d'une « création ex nihilo ».
Après avoir racheté le village de ses ancêtres, le cardinal de Richelieu confie à l'architecte Jacques Lemercier, concepteur de la Sorbonne et du Palais-Cardinal (actuel Palais-Royal à Paris), la tâche de concevoir et de réaliser un château et une ville nouvelle, manifeste de son pouvoir et de son ambition. Il venait en effet d'obtenir de Louis XIII l'autorisation de bâtir « un bourg clos de murailles et de fossés et de bâtir une halle ». Autorisation était également faite d'y établir quatre foires annuelles et deux marchés par semaine. Par ailleurs, soucieux de parer à toute concurrence en termes de réalisation architecturale ou témoignage historique, il rachète à Gaston d'Orléans le château voisin de Champigny et le fait raser (à l'exception notable de sa Sainte-Chapelle).
La halle couverte.
Détail de la toiture de la halle couverte.
La sénéchaussée de Saumur en Anjou au 18ᵉ siècle.
La construction de l'ensemble s'étala de 1631 à 1642, date de la mort du cardinal, et mobilisa plus de 2 000 ouvriers. La ville, organisée sur un plan hippodamien, représente une surface rectangulaire de 700 mètres de long sur 500 mètres de large. Ceinte de murs et de douves, elle est accessible par trois portes monumentales, une quatrième, factice, est construite pour respecter la symétrie de l'ensemble. Jean de La Fontaine loua « la magnificence et la grandeur » du château, qu'il qualifia de « plus beau village de l'univers ».
Le plan urbain s'articule autour de deux places symétriques : la place Royale (actuelle place des Religieuses) et la place du Cardinal (actuelle place du Marché), sur laquelle sont regroupés le presbytère, l'auditoire (actuellement la mairie), la halle couverte et les commerces.
Afin d'en assurer le peuplement rapide, le cardinal exempte la ville d'impôts. En contrepartie, les acquéreurs des parcelles constructibles cédées gratuitement s'engagent à y construire dans les deux ans un « pavillon » ou une maison selon les « plans et devis déposés au greffe » de la ville, tout en étant obligés de prendre pour entrepreneur l'un des deux choisis par le cardinal : MM. Thiriot ou Barbet. Un registre précis des transactions est tenu, ce qui permet aux historiens de connaître aujourd'hui la liste des propriétaires originels de la ville, des notables proches de Richelieu qui regrettent leur investissement à la mort du cardinal puisque leurs hôtels qui valaient initialement 10 000 livres ne se vendaient plus que 2 000 livres.
La ville de Richelieu est rattachée à la sénéchaussée de Saumur. On y installe également, dès la fondation de la ville, l'un des seize « greniers à sel » (tribunal spécial destiné à juger les litiges sur la gabelle) que compte l'Anjou.
À la mort du cardinal en 1642, la ville est un temps désertée, Les hôtels de la Grande Rue, délaissés par leurs propriétaires, ne sont rachetés qu'à la fin du 17ᵉ siècle par les familles de la région. Au siècle suivant, placée sous la protection des ducs de Richelieu, la ville devient prospère et sa population augmente. En 1793 sont recensés 3 205 habitants. Le château est transformé par le maréchal de Richelieu, Louis-François Armand de Vignerot (1696-1788), et mis au goût du jour.
En 1790, lors de la convocation des états généraux, les représentants de la ville de Richelieu siégeront avec ceux de Mirebeau dans la délégation de Saumur au sein de la généralité de Tours. La même année, Richelieu est séparée du Saumurois pour intégrer le tout nouveau département d'Indre-et-Loire.
Toponymie
Richelieu tire son nom de son fondateur, le cardinal de Richelieu, qui commande sa création au 17ᵉ siècle.
Géographie
Richelieu est située au sud de Chinon, à l'ouest de Sainte-Maure-de-Touraine dans le Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine. En outre, la ville richelaise appartient au canton de Sainte-Maure-de-Touraine, lequel prend place au sein de l'arrondissement Chinonnais, dans le département d'Indre-et-Loire, dans le Centre-Val de Loire.
La commune la plus proche est Chaveignes, dont le lieu-dit la Coupure du Parc touche immédiatement l'accès est de la ville. Chaveignes est situé à 4,1 kilomètres au nord-est. Vient ensuite Braye-sous-Faye, à 4,7 kilomètres. Il faut noter que le parc du château s'étend jusqu'à ces différentes communes, la Coupure du Parc (comme son nom l'indique) au nord, Braye-sous-Faye au sud et un troisième village : Braslou à l'est.
La ville de Richelieu est limitrophe du département de la Vienne et de la région Nouvelle-Aquitaine ; il faut d'ailleurs noter que l'on parlait de Richelieu « en Poitou » avant le découpage actuel des départements (cf. Histoire de la Ville) ; les communes limitrophes de Richelieu du côté sud et ouest sont situées dans le département de la Vienne. Nueil-sous-Faye au sud-ouest et Pouant à 4 à l'ouest.
Au nord de Richelieu, se trouve la commune de Champigny-sur-Veude, à 6 kilomètres via la départementale 749.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Du fait de son caractère unique et relativement bien préservé, cette « cité idéale » du 17ᵉ siècle fait l'objet de mesures de protection architecturales. La ville comprise à l'intérieur des remparts et comprenant 28 hôtels particuliers est inscrite depuis un arrêté du 27 février 1962, avec un périmètre de protection de 500 mètres au-delà des remparts. De plus, un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) a été mis en place le 20 novembre 1997, aboutissement d'une récente prise de conscience par les habitants de la commune de la qualité et de la valeur de leur ville.
Château
L'élément principal de cette ville était le château du Cardinal. Il se situait dans l'actuel parc de la ville. Louis XIV visita le château à deux reprises en 1650 et en 1660 et à plusieurs reprises, il fit des offres d'achat du château, à la duchesse d'Aiguillon (nièce du cardinal-duc) qui refusa systématiquement. Il a été vendu par la famille des Du Plessis en 1805 à Alexandre Boutron qui revendra la quasi-totalité des pierres conduisant à la disparition d'un des plus grands château du 17ᵉ siècle.
Parc
Le parc de la ville de Richelieu, abrite quatre vestiges de l'ancien château : l'entrée d'honneur, le dôme (ancien manège à chevaux, restauré en 2019), la cave et l'orangerie. Sur l'actuelle roseraie s'élevait, à l'origine, le cœur du château contenant, la Grande galerie des Batailles, les appartements du cardinal en parfait symétrie des appartements du roi Louis XIII, les appartements de son épouse Anne d'Autriche et les appartements de ses dames d'honneur. De nos jours, le parc appartient à la Sorbonne ainsi qu'à la communauté de communes.
Musée
Le musée de la ville se situe au premier étage de l'Hôtel de ville, à l'emplacement du palais de justice au 17ᵉ siècle. Il a été créé en 1961 et remodelé en 2011 pour accueillir l'xxposition « Richelieu à Richelieu » qui se déroulait sur trois sites simultanément, Orléans, Tours et Richelieu. Il renferme plusieurs bustes, tableaux (dont le siège de La Rochelle), de la faïence de Moustiers ayant appartenu au château et à ses différents propriétaires.
Enceinte
L'enceinte et ses portes monumentales entourent la ville. Richelieu comprend trois vraies portes (de Châtellerault, de Loudun et de Chinon) et trois fausses portes afin de garantir la symétrie et l'esthétique voulu par le cardinal. L'ensemble est classé monument historique en 1879, et inscrit en 1992.
Hôtels particuliers de la Grande rue et 28 Grande rue
Les 28 hôtel particuliers étaient réservés aux nobles et amis du cardinal. C'est lui qui leur a fait dons des terrains afin de construire leurs demeures. Parmi les 28 hôtels particuliers, 27 sont inscrits à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques, un seul, le numéro 28 est directement classé. Ce dernier a été racheté et restauré par Gérard Klein puis vendu à la ville. Il accueille un centre d'interprétation retraçant, sous format vidéo, l'histoire du cardinal de Richelieu, de la ville ainsi qu'une reconstitution du château. Le bâtiment s'élève sur deux étages. Lors de la saison estivale, les trois salles du deuxième étage sont réservées aux expositions artistiques et historiques. De plus cet hôtel particulier est le seul qui n'a pas connu de modifications depuis sa construction.
Église Notre-Dame
Édifiée par Pierre Lemercier, selon les plans de son frère Jacques Lemercier dans le style classique entre 1633 et 1639, elle s'inscrit dans le grand plan d'urbanisme mené par le cardinal à partir de 1631. En 1638, le cardinal passe une accord avec les Lazaristes pour qu'ils se chargent de tenir la paroisse. Le même année, Pierre Lemercier se tue en tombant d'un échafaudage. Ses plans et élévations s'inscrivent parfaitement dans la manière de bâtir les églises au début du 17ᵉ siècle, à la suite des modèles italiens, que Lemercier contribue à adapter au goût français. Les statues des quatre évangélistes sont commandées en 1761 au sculpteur Fleurant Lecomte. La Révolution supprime les autels et les armoiries du cardinal, en particulier au fronton et au dessus de la porte principale, mais aussi à l'intérieur de l'église. L'église abrite un orgue construit en 1853 par Louis Bonn, facteur d'orgue bavarois immigré en France. Classé monument historique en 1991, il a été rénové en 1994 et relevé (dépoussiérage complet) en 2019. C'est le seul instrument de ce facteur d'orgue jamais modifié depuis sa construction.
Halles
Leur construction remonte aux origines de la ville. Elles ont été modifiées au 19ᵉ siècle. Un vaste projet de restauration a été conduit par la municipalité en 2013 qui a permis de refaire à neuf la couverture, de consolider la charpente et de restaurer le niveau originel du sol.
Jumelages
Richelieu (Canada)
Schaafheim (Allemagne)
Luçon (France)
Wuzhen (Chine).
Festivals
Cape et Épée : Depuis 1997, la ville de Richelieu organise une année sur deux un festival de Cape et d'Épée soutenu par le Conseil Départemental d'Indre-et-Loire. Près de trois cents acteurs, professionnels ou amateurs, costumés à la manière du 17ᵉ siècle, défilent, se promènent ou se battent en pleine rue, recréant le temps d'un week-end la vie du Grand Siècle. Agrémenté d'animations de fauconnerie, d'escrime, de cavalerie, et ateliers d'époque, chacun joue le jeu de faire des révérences, longue robe à la main, au passage du cardinal.
Musique de Richelieu : Crée en 2007 par son directeur artistique festival Nicolas Boyer. Le festival a pour but de promouvoir la musique baroque. Le festival se tient chaque année dans plusieurs lieux différents : le Dôme du parc de Richelieu, les Halles de la ville ou encore à la Salle du Rond-Point, à La Varenne.
Cinéma Chinois : Depuis 2018 et tous les deux ans, au mois d'août, la ville, Joëlle et Pierre Uytterhoeven organisent le festival de cinéma chinois, afin de mieux faire connaitre la Chine d'aujourd'hui. Cet événement est parrainé et soutenu par Claude Lelouch. Il s'organise toujours autour d'un thème principal :Thriller, Amour...
Richelieu en Arts : De juin à septembre la ville de Richelieu organise l'opération « Richelieu en Arts », visant à valoriser l'artisanat d'art et à promouvoir ses métiers. La ville accueille les artisans d'art installés dans des boutiques éphémères situées autour de la place du Marché. La "Nuit des Artisans d'Arts", qui a lieu au mois d'août, a pour vocation de mettre en avant l'artisanat local. C'est pourquoi à cette occasion les artisans présentent leur savoir-faire, leur métier ainsi que leurs œuvres en partenariat avec un artisan de bouche installé à proximité. Cette opération est réalisée en partenariat avec l'Institut National des Métiers d'Art, Atelier d'Art de France, la Chambre des Métiers et de l'Artisanat d'Indre-et-Loire, le Conseil régional Centre-Val de Loire, le Conseil départemental d'Indre-et-Loire.
Personnalités liées à la commune
Le cardinal de Richelieu.
Armand Jean du Plessis de Richelieu (1585-1642), cardinal-duc de Richelieu et de Fronsac, pair de France, principal-ministre de Louis XIII ;
Vincent de Paul (1581-1660), prêtre catholique, canonisé en 1737, appelé par le cardinal en 1638 pour fonder une mission de Lazaristes et soutenir les sœurs de la charité pour soigner les malades. Il officia à Richelieu jusqu'en 1640.
Nicolas Prévost (1604-1670), peintre français, mort à Richelieu le 6 février 1670.
Bertrand Poirier de Beauvais, né en 1750 à Richelieu et mort à Chinon en 1826, militaire français et officier vendéen ayant participé à la Virée de Galerne.
Jules Chevalier (1824-1907), prêtre catholique, fondateur de la communauté religieuse des missionnaires du Sacré-Cœur. Né à Richelieu, le 15 mars 1824. La rue dans laquelle il est né porte son nom.
Georges David (1878-1963), auteur français, y est né.
Lionel Cottet, homme politique français, y est né en 1921.
Héraldique
Les armes de Richelieu se blasonnent ainsi :
Écartelé: aux 1er et 4e de gueules à plain, aux 2e et 3e d'or à la fasce de gueules; à la bande d'or brochant sur le tout.