Rouffach (prononcer [ʁufak] en français ; Rufach en alsacien) est une commune française située dans le département du Haut-Rhin et, depuis le premier janvier 2021, dans le territoire de la Collectivité européenne d'Alsace, en région Grand Est. Cette commune se trouve dans la région historique et culturelle d'Alsace.
Rouffach est l'ancienne capitale des possessions haut-rhinoises des princes-évêques de Strasbourg : le « Haut-Mundat », constitué par les bailliages de Rouffach, Soultz et Eguisheim. Elle fut également pendant 53 ans le siège du Bailliage teutonique de Souabe, Alsace et Bourgogne.
La commune de Rouffach appartient à l'arrondissement de Guebwiller et au canton de Wintzenheim. Ses habitants sont appelés les Rouffachois.
Rouffach est nichée au pied des collines sous-vosgiennes : la superficie du territoire est de 4 005 hectares dont 460 hectares de vignobles et 1 240 hectares de forêt.
Rouffach est la ville de la pierre. Le matériau roi est le fameux grès jaune exploité dans les carrières du Strangenberg dès l'époque romaine et qui fut utilisé pour la construction de tous les monuments de la région (Colmar, Thann, Ensisheim, etc.)
Histoire
La ville est au 5ᵉ siècle, une résidence des rois mérovingiens d'Austrasie qui construisent le château d'Isenbourg.
Au 7ᵉ siècle, la ville connaît un miracle : le futur évêque de Strasbourg, Arbogast, aurait ressuscité le fils du roi Dagobert 2, qui offre, reconnaissant, la ville au prince-évêque de Strasbourg. La cité devient alors la capitale des possessions de l'évêché, sous la forme du Haut-Mundat, dont font aussi partie Eguisheim et Soultz. La ville connaît un fort développement qui permet la construction d'une enceinte.
De 1235 à 1288, la ville est le siège du bailliage teutonique de Souabe, Alsace et Bourgogne, circonscription territoriale de l'ordre teutonique.
Pendant la guerre de Trente Ans, la ville est ravagée par les Suédois. À l'issue de la guerre et du rattachement de l'Alsace à la France, le Haut-Mundat est supprimé.
La ville retrouve ensuite la prospérité, notamment grâce à son vignoble, et reste épargnée par les guerres suivantes.
Durant la période de l'occupation nazie, à partir d'octobre 1940, un « Nationalpolitische Erziehungsanstalt » (Institut National Politique d'Éducation, NEPA, populairement connu comme « Napola ») est abrité dans l'hôpital psychiatrique de la ville.
Héraldique
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Les armes de Rouffach se blasonnent ainsi :
« D'azur à la Vierge de carnation assise sur un trône d'or, vêtue de gueules et d'azur, tenant de sa main droite une haute fleur de lys d'or, la tête couronnée et entourée d'une gloire de même, sur ses genoux l'Enfant bénissant de carnation, au nimbe crucifère d'or, un écusson de gueules à la bande d'argent brochant en pointe. »
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À l'origine, les armes et les sceaux de Rouffach différaient légèrement. Dès le 15ᵉ siècle, la ville utilisait comme armoirie celle de la seigneurie des évêques de Strasbourg : de gueules à la bande d'argent (celui au pied de la vierge). Le sceau de la Vierge à l'Enfant Jésus, patronne de la ville, existait déjà en 1241. En 1634, les deux furent réunis pour former le blason actuel.
Toponymie
Les érudits du passé, se basant sur des formes latinisées isolées, voyaient dans Rubeacum et Rubeaquum, un toponyme latin signifiant « eau rouge » (latin rubea aqua « eau rougeâtre » est féminin, « rouge » en latin se disant rubra au féminin), explication reprise parfois telle quelle.
En fait, le nom de la ville est attesté régulièrement sous les formes Rubiaco en 662, Rubac 912, Rubiacum 12ᵉ siècle et enfin Rufiacum 1215.
Ces formes anciennes sont comparables à celles de Royat (Rubiacum 1147), Rougé (in condita Rubiacinse 845), Robiac (de Robiaco 1119),, etc.
D'après les toponymistes,, toutes remontent à Rubiacum, à savoir le type toponymique gallo-roman *RUBIACU, composé du nom de personne Rubius ou Rubbius et du suffixe gallo-roman -ACU. Dans le cas de Rouffach, Rubius a été traité comme Rubus.
Ce suffixe a régulièrement abouti à -ach ou -ich en Alsace et dans les régions germanisées (cf. Altenach, correspondant des Authenay, Autigny, Autignac, etc. ou encore Merzenich (Allemagne, jadis Martiniacum), Martinach (nom suisse allemand de Martigny, Suisse), équivalents des Martigny, Martigné, Martignac, etc.
Géographie
Rouffach est située au confluent de l'Ohmbach et de la Lauch, à 15 kilomètre au sud de Colmar et 28 kilomètre au nord de Mulhouse. Le massif des Vosges abrite ses derniers contreforts qui portent un vignoble réputé notamment pour le grand cru Vorbourg.
Culture et patrimoine
Sur les autres projets Wikimedia :
- Monuments historiques de Rouffach, sur Wikimedia Commons
Lieux et monuments
Édifices classés Monuments historiques
- Église Notre Dame de l'Assomption (ou Église Saint-Arbogast) , église en grès jaune mêlant styles roman et gothique. Une des deux tours est inachevée. La façade comporte une magnifique rosace à vingt lancettes. La nef est en style roman tardif alsacien du 13ᵉ siècle.
- Ancienne halle aux blés (16ᵉ siècle), aujourd'hui « Musée du bailliage », musée d'histoire locale géré par la Société d'histoire et d'archéologie du canton de Rouffach.
- Tour des Sorcières , La tour des sorcières est la dernière tour subsistant des fortifications de la ville. La base ronde est la partie la plus ancienne et date du 13ᵉ siècle. Le reste de la tour a été construit dans le 14ᵉ siècle. Elle a servi de prison pendant des siècles.
- Ancien hôtel de ville de 1581.
- Couvent des Récollets, aujourd'hui à l'abandon et église Sainte-Catherine.
- Vestiges de l'ancienne synagogue classés par arrêté du 23 mars 1921 - Synagogue, maison.
Édifices inscrits au titre des monuments historiques
- Maison de l'Œuvre Notre-Dame (1490), actuellement restaurant, 7 place de la République.
- Maison des Trois-Dames (Quinzième), 15 rue du Maréchal-Lefebvre.
- Ancienne commanderie de chevaliers teutoniques (Seizième-Dix-septième), 2 rue Claude-Ignace-Callinet.
- Maison de vigneron (Seizième-Dix-huitième), 8-10 rue Rettig.
- Maison (Seizième), ancien siège de corporation « À l'Éléphant », 4 rue de la Poterne.
- Maison (Seizième-Dix-septième), 2 rue de la Poterne.
- Maison dite « maison Callinet » (Seizième), 17 rue Raymond-Poincaré ; atelier de facture d'orgues entre 1787 et 1872.
- Maison de notable, anciennement commanderie de l'Ordre Teutonique, actuellement institution Saint-Joseph. La logette porte les armoiries bûchées du « Hochmeister » Franz Ludwig von der Pfalz-Neuburg, évêque de Mayence.
- Maison (1620), 23 rue Poincaré.
- Maison (XVIIe), 5 rue du Marché.
Autres lieux et édifices
- Château d'Isenbourg fut habité par le roi Dagobert II et son fils Sigebert. Aujourd'hui c'est un hôtel de luxe.
- Lycée d'Enseignement Général Technique, Agricole et Viticole (LEGTAV).
- Le nouveau monument aux morts.
- La porte renaissance de la boulangerie rue du Marché.
- Le puits et les fontaines :
- Le puits renaissance de la rue du Marché,
- La fontaine dédiée à Guillaume de Honstein,
- La Fontaine Saint-Urbain.
- La chapelle de l'Oelberg.
- Les croix :
- La croix de 1822,
- La croix du Square des Humanistes.
- Le buste du maréchal d'Empire François-Joseph Lefebvre.
- La grande statue de Saint Jean Népomucène.
- La petite statue de Saint Jean Népomucène.
Une légende jadis connue
On racontait qu'à Rouffach la potence était impressionnante. Un jour, un bourg voisin dont le gibet se trouvait en mauvais état pria Rouffach de lui prêter le sien. Les gens de Rouffach refusèrent : leur gibet était fait pour eux et leurs enfants, et non pour des étrangers.
Festivités
- Trail du Petit-Ballon (courses de 54, 28, 16 et 7 kilomètre): début mars
- Foire La passion d'un terroir Sa-Cré: week-end de l'Ascension
- La nuit du Tourisme: mi-juillet
- Le Festival de musique international Musicalta: de mi-juillet à mi-août
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Fête de la sorcière, le samedi suivant le 14 juillet: fête médiévale et familiale, réalisée par des bénévoles rassemblés en confrérie. Cette dernière conduit le cortège et intronise les nouvelles sorcières. Après une série d'animations dans la journée, les participants sont invités le soir à emprunter le Sentier de l'étrange. Créée en 1994, elle accueille 10 000 personnes en une seule journée ; en 1996, elle reçut le Troisième prix de la meilleure fête en France ; elle est célèbre pour son sentier de l'étrange.
- Rouffach en fête: début août
- Marche populaire: dernier weekend d'octobre, organisée par l'accordéon-club de Rouffach : 5, 11, 20 et 30 kilomètre
- Le marché de Noël artisanal: début décembre
Personnalités liées à la commune
- Woelflin de Rouffach († 1355), sculpteur, maître d'œuvre, actif sur le chantier de l'église Notre-Dame.
- Conrad Pellican (1478- 1556), humaniste, philologue hébraïsant et théologien protestant qui est l'un des précurseurs des études judaïques en allemand.
- Valentin Boltz (de) (1515-1560), théologien et écrivain.
- Conrad Lycosthenes (1518-1561), humaniste et encyclopédiste.
- Johannes Remus Quietanus (1588-1654), alias Johann Ruderauf, médecin et astronome.
- Georg Franz Müller (de) (1646-1723), globe-trotter, auteur d'un remarquable carnet de voyage.
- François-Joseph Lefebvre (1755-1820), maréchal de Napoléon Bonaparte, commandant la Vieille Garde de 1812 à 1814, duc de Dantzig et mari de la célèbre Madame Sans-Gêne.
- Claude-Ignace Callinet (1803-1874) et son fils Louis-François Callinet (1834-1890) : facteurs d'orgues, de la maison Daublaine-Callinet.
- Hubert Ott (1964-aujourd'hui) : député du Haut-Rhin.