La rue de la Trinité (en occitan : carrièra de la Trinitat) est une rue du centre historique de Toulouse, en France. Elle traverse le quartier des Carmes, dans le secteur 1 de la ville. Elle appartient au secteur sauvegardé de Toulouse.
Toponymie
La rue de la Trinité tient son nom du couvent des moines trinitaires, qui s'y établirent à partir du 14ᵉ siècle, avant de disparaître en 1790 (emplacement des actuels numéro 8-8 bis).
Au Moyen Âge, la rue portait le nom de rue de la Trilhe, tout comme la rue des Marchands et la rue du Pont (actuelle rue de Metz), dont elle est le prolongement. À partir du 15ᵉ siècle, elle porta aussi les noms des différentes catégories d'artisans qui y installèrent leur boutique : rue des Sarraliers pour les serruriers, des Ferratiers pour les ferronniers ou des Flessadiers pour les fabricants de couvertures en laine (en occitan toulousain : flessadas). On donna également à la rue le nom de l'église conventuelle des Trinitaires, qui y avait son entrée, et elle s'appela rue Saint-Victor ou rue de la Sainte-Trinité. À partir du 16ᵉ siècle, ces diverses appellations s'effacèrent au profit de celle de la Trinité. À la Révolution française, en 1794, la rue fut rebaptisée rue du Contrat-Social, d'après le célèbre ouvrage du philosophe Jean-Jacques Rousseau.
Description
La rue de la Trinité mesure plus de 70 mètre de long. Depuis les travaux d'élargissement au 19ᵉ siècle, la largeur est relativement régulière et d'environ 7 mètre. Elle naît dans l'angle est de la place de la Trinité et se termine au carrefour de la place Rouaix et de la rue des Tourneurs.
Voies rencontrées
La rue de la Trinité rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants (« g » indique que la rue se situe à gauche, « d » à droite) :
- Place de la Trinité
- Rue des Tourneurs (g)
- Place Rouaix (d)
Histoire
Moyen Âge
Au Moyen Âge, la rue de la Trinité, alors appelée rue de la Trilhe, appartient pour le côté nord au capitoulat de la Pierre et pour le côté sud au capitoulat de Saint-Barthélémy. Elle est alors plus longue que la rue actuelle et se poursuit le long du côté nord de l'actuelle place de la Trinité : elle forme alors une petite place au carrefour des rues des Filatiers, des Changes et des Marchands, désignée comme place de la Trinité. Cette place a, en son centre, une petite fontaine. La famille Roaix, importante dynastie de capitouls toulousains, y possède plusieurs maisons : Achille de Roaix y possède encore, au milieu du 16ᵉ siècle, une hôtellerie à l'enseigne de Saint-Martin (emplacement des actuels numéro 10 et 16).
Les artisans sont nombreux à avoir leur boutique dans la rue. On trouve des serruriers (ou « sarraliers »), des ferronniers (ou « ferratiers ») et des flessadiers, c'est-à-dire des fabricants de couvertures en laine. Ces artisans établissent leur chapelle dans l'église Saint-Victor, établie dans cette même rue (emplacement de l'actuel numéro 8), où leurs confréries se réunissent régulièrement.
En 1349, lors de la Guerre de Cent Ans, le couvent des religieux trinitaires, établis depuis le 13ᵉ siècle hors les murs, près du Château narbonnais, dans le faubourg Saint-Michel, est ravagé par les armées du Prince noir. Les religieux bénéficient alors de la protection royale puisque le prince Jean, fils du roi Philippe VI, leur donne 3 000 écus d'or pour la réfection des bâtiments. En 1359, le couvent est à nouveau détruit par le Prince noir. Cette fois, ils reçoivent l'autorisation de s'établir dans la ville et, le 23 janvier 1362, le chapitre de la cathédrale Saint-Étienne leur cède l'église Saint-Victor et leur vend la maison de Jean de Roaix, saisie après la condamnation de ce dernier pour hérésie.
Époque moderne
Le 7 mai 1463, un grave incendie se déclare dans une boulangerie voisine, à l'angle des rues des Chapeliers (actuelle rue du Languedoc) et Maletache. L'incendie provoque des destructions importantes dans toute la ville, qui ruine pratiquement les Trinitaires. Grâce à la charité publique, ils font rebâtir leur couvent puis l'église Saint-Victor, à nouveau consacrée en 1511 sous le vocable de la Sainte-Trinité. L'ampleur des destructions permet également aux élites locales de réunir de vastes emprises foncières pour faire bâtir leurs hôtels particuliers et, au cours du 16ᵉ siècle, les artisans sont remplacés par des familles de marchands aisés, qui accèdent parfois au capitoulat, comme Pons Imbert, marchand et capitoul en 1510, qui fait construire un hôtel et une tour (actuel numéro 21), ou Étienne du Fossat, qui fait bâtir dans la première moitié du 16ᵉ siècle une vaste maison avec une tour (actuel numéro 19).
Les premiers travaux d'élargissement de la rue sont commencés au 18ᵉ siècle et toutes les maisons sont progressivement abattues afin d'élargir la voie à 7 mètres (seule subsiste une maison en corondage du 15ᵉ siècle, actuel numéro 23). Des façades dans le goût nouveau s'élèvent : la vieille maison d'Étienne du Fossat (actuel numéro 19) reçoit une nouvelle façade de style néoclassique Louis XV, qui lui est donnée par le capitoul Viallar. Les Trinitaires agrandissent progressivement leur couvent qui occupe, au 18ᵉ siècle, tout le côté sud de la rue de la Trinité jusqu'à la place Rouaix.
Période contemporaine
La Révolution française amène des changements. En 1790, l'ordre de la Trinité est dissous et le monastère des Trinitaires est fermé, tandis que les bâtiments deviennent bien national. L'église Saint-Victor et le cloître sont rachetés par les citoyens Lamarque et Bories, mais l'église menaçant ruine, ils décident de la détruire en 1798. Les bâtiments du couvent sont concédés par la municipalité au serrurier Joseph Bosc, qui y ouvre une fonderie de canons, avant qu'elle soit transférée dans la rue des Toulousains (actuelle rue de la Fonderie).
Les travaux d'élargissement se poursuivent au 19ᵉ siècle et amènent de nouvelles destructions. En 1820, l'architecte de la ville, Auguste Virebent, convainc le conseil municipal de détruire le moulon entre les rues de la Trinité, des Filatiers et des Sémaliers (actuelle place de la Trinité), afin d'élargir la petite place de la Trinité : toutes les maisons du côté sud de la rue de la Trinité jusqu'à la rue des Sémaliers (anciens numéro 2 à 6) sont abattues. Des travaux sont également engagés du côté de la place Rouaix mais sont finalement interrompus, et cet ambitieux projet ne porte que sur les deux maisons les plus proches de la place (actuel numéro 25). La rue conserve une activité commerçante et plusieurs importantes maisons de commerce y voient le jour, comme la maison Lapersonne (actuel numéro 19) et la maison Yarz (actuel numéro 10).
Dans les années 1990, la rue de la Trinité bénéficie d'un réaménagement semi-piétionnier.
Lieux et monuments remarquables
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numéro 6 : hôtel particulier (15ᵉ siècle ; deuxième moitié du 17ᵉ siècle ; 18ᵉ siècle).
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numéro 8 et 8 bis : emplacement de l'église Saint-Victor et du couvent des Trinitaires (14ᵉ siècle ; 16ᵉ siècle) ; immeuble (19ᵉ siècle).
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numéro 10 : maison de commerce Yarz (1878).
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numéro 19 : tour d'Étienne du Fossat (milieu du 16ᵉ siècle) et hôtel de Viallar (1748).
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numéro 23 : immeuble en corondage (16ᵉ siècle ou 17ᵉ siècle).
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numéro 25 : immeuble (18ᵉ siècle).