Saint-Divy [sɛ̃ divi] (en breton : Sant-Divi) est une commune française du département du Finistère et de la région Bretagne.
Histoire
Origines
Divy, fils de Ceredig et de sainte Nonne, serait né à Dirinon. Lors de ses pérégrinations en Armorique, il aurait séjourné un temps près de Guipavas dans un lieu où, au Moyen Âge, se trouvait « un manoir fortifié nommé Lésivy, près duquel se réunissaient les Montres de la région. Autour de ce manoir, se groupèrent peu à peu les maisons des paysans qui formèrent le bourg de Saint-Divy, trève de La Forêt ».
La paroisse de Saint-Divy provient d'un démembrement de La Forest-Landerneau, paroisse de l'Armorique primitive, dont elle fut une trève à partir du 15ᵉ siècle, ne devenant paroisse qu'en 1823, même si la commune fut créée en même temps que la plupart des autres communes de France en 1790.
Antiquité
Un sanctuaire druidique, dénommé localement la chapelle de saint Goueznou, se trouve dans un bois près de Pen-ar-Creac'h : il s'agit en fait d'un menhir de deux mètres de hauteur entouré d'une enceinte ; un autre menhir, portant une cannelure à chacun de ses angles, se trouve à proximité. Un tumulus a été identifié à Kerdalaun et des briques romaines trouvées à proximité.
Un tertre ou tumulus dit des Quiritins se trouve à 2,5 kilomètre à l'ouest de Saint-Divy, non loin de la fontaine du même nom (le nom proviendrait de Quirinus, nom parfois donné aux Romains). Selon la tradition orale (« Aze eo e bed deved ar Romanisted gant ar Goloaed en amzer Cezar », « C'est là que les Romains furent brûlés par les Gaulois au temps de César » se transmettait-on de génération en génération), un camp gaulois aurait existé à cet endroit et une grande bataille entre Gaulois et Romains aurait eu lieu là et 10 000 Romains (chiffre certainement très exagéré !) auraient été faits prisonniers et brûlés dans un champ dénommé Goarem-Reunnien ; un autre champ du voisinage se nomme Goarem-Brenn ("Champ de Brenn"), or Brenn (Brennus) signifie "chef des Gaulois".
L'ancienne RN 12 (RD 712 actuelle) entre Landerneau et Brest via Guipavas correspond au tracé de l'ancienne voie romaine venant du sud via Landerneau pour atteindre Gesocribate (Brest) ; elle passait donc au sud de Saint-Divy.
Moyen Âge
La famille de Kerguiziau de Kervasdoué possédait, entre autres seigneuries, le château de La Haye en Saint-Divy, qui fut aussi un temps possédé par la famille de Lézivy, dont la dernière trace remonte à 1508 (mariage de Jeanne de Lézivy, veuve de Pierre de La Lande, avec René de Kersauzon).
Saint-Divy faisait partie de la châtellenie de Landerneau.
Époque moderne
Saint-Divy est au 17ᵉ siècle, comme de nombreuses autres localités de la région, un centre de l'activité toilière : on y cultive et on y transforme le lin et le chanvre : par exemple des inventaires après décès citent « centre-soixante quatre livres de chanvre buandé, des chanvres non pesselés (...) et cinq demi-pièces de toile de lin et de chanvre » en 1729 au manoir de la Haye et « une gaignerie de chanvre » en 1742 au manoir de Kerdu. Douze kanndi ont été recensés à Saint-Divy.
Le marquis de Poulpry habitait au 18ᵉ siècle le manoir de Rosarfeunteun.
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Saint-Divy de fournir 6 hommes et de payer 39 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne ».
Révolution française
Dans le cahier de doléances de Saint-Divy, trève de La Forest, qu'ils ont rédigé à la veille de la Révolution française, les paroissiens de Saint-Divy se plaignent des charrois militaires auxquels ils sont astreints et de l'attitude des soldats à leur égard : « Nos charrettes sont souvent brisées et nous-mêmes sommes souvent injuriés, même quelquefois maltraités ». François Mouden était le seul député représentant Saint-Divy lors de la rédaction du cahier de doléances de la sénéchaussée de Lesneven.
Le premier maire de Saint-Divy fut un prêtre originaire de la localité, François-Gabriel Causeur. Ayant signé la protestation du clergé de l'évêché de Léon contre la Constitution civile du clergé, il fut arrêté, en même temps que le prêtre desservant de la trève, l'abbé Gourmelon le 23 septembre 1791 malgré l'opposition des fidèles présents, car ils furent arrêtés après les vêpres ; ils furent emprisonnés au château de Brest. L'abbé Causeur survécut à la Révolution française et devint aumônier de l'hospice civil de Landerneau jusqu'à sa mort le 4 juillet 1812 à Saint-Divy.
Des habitants de Saint-Divy participèrent à la Révolte contre la conscription obligatoire en 1793 :
« La Révolution, non contente de proscrire les prêtres, prétendait arracher les gars au pays pour en faire des soldats du "Diable". Puisqu'il fallait se battre, les gars se battraient contre le Diable. Et la conscription obligatoire créa chez nous la Chouannerie. Le 18 mars 1793, le tocsin sonnait au clocher de Beuzit, il sonnait aussi aux clochers de Plounéventer, de Saint-Divy, etc. Celui qui sonnait ainsi l'appel aux armes était Jean Cloarec, de Gorré-Beuzit. (...) À peine le tocsin a-t-il sonné que de tous les fourrés voisins sortent d'autres gars, vieux et jeunes et, sous la conduite de Cloarec, c'est un véritable bataillon qui se dirige vers Plabennec. Là ont lieu les opérations de tirage au sort. (...) Le bourg [de Plabennec] est bientôt envahi par une véritable armée de paysans. (...) Un détachement de gardes nationaux brestois arrive (...), la poudre crépite, les faulx s'abattent, le commandant Corbet est tué et nombre de ses soldats sont massacrés. Mais voici que le général Canclaux accourt à la tête de 1800 hommes de ligne, il a des canons. Les paysans luttent encore, mais [sont] écrasés bientôt par l'artillerie. »
En 1799, la ligne du télégraphe Chappe allant de Paris à Brest ouvre et un de ses relais, situé entre ceux de Guipavas et de Ploudiry, se trouve à Saint-Divy, probablement du côté de Keravel.
Le 19ᵉ siècle
Le passage de Napoléon III le 12 août 1858 à proximité de la commune, sur la route impériale allant de Brest à Landerneau, entre Saint-Divy et La Forêt-Landerneau (à "La Forêt-Saint-Divy") fut un évènement considérable pour la population locale: « À "La Forêt-Saint-Divy" [on avait édifié] un gracieux berceau de mousseline et de fleurs. Autour de ce champêtre monument, s'était groupée la population, ayant à sa tête le clergé en habit de chœur, le maire, les médaillés de Sainte-Hélène, les enfants des écoles avec leurs bannières ; et partout sur la route on remarquait que les cultivateurs avaient revêtus leurs habits du dimanche et chômaient ce jour solennel comme une des plus grandes fêtes de l'année ».
Le 20ᵉ siècle
La Belle Époque
Le 9 janvier 1903, Cantinat, curé de Saint-Divy, fait partie des 31 prêtres du diocèse de Quimper dont les traitements sont retenus par décision du gouvernement Combes « tant qu'ils ne feront pas emploi de la langue française dans leurs instructions et l'enseignement du catéchisme » car ils utilisaient le breton. Cette même année 1903, le curé de Saint-Divy écrit que les enfants sont « pour aujourd'hui dans l'impossibilité d'apprendre un autre catéchisme que le catéchisme breton ».
Des foires se tenaient à Saint-Divy apparemment tous les mois : le journal Ouest-Éclair en annonce par exemple une le 23 mars 1905, une autre le 17 juillet 1905, une autre le 22 mai 1906.
Pendant les premiers mois de 1914, un fait divers (l'assassinat peut-être le 29 décembre 1913 d'un ingénieur directeur de l'usine de blanchiment de coton de La Grande Palud en Landerneau dont le cadavre n'est découvert dans un bois proche que le 22 janvier 1914) met en cause un veilleur de nuit de Saint-Divy qui avait travaillé dans la même usine; l'affaire fit grand bruit pendant plusieurs semaines, y compris dans les journaux parisiens. Il en fut de même en 1929 pour l'assassinat d'une domestique dans la ferme de Ker-Afret.
Les guerres du 20ᵉ siècle
Le monument aux morts de Saint-Divy porte les noms de 34 habitants de la commune morts pour la France dont 17 pendant la Première Guerre mondiale, 6 pendant la Seconde Guerre mondiale et 1 pendant la guerre d'Algérie.
L'Entre-deux-guerres
Le service téléphonique ouvre en 1925 seulement (la commune a opposé antérieurement plusieurs refus successifs entre 1909 et 1921) et l'électrification date de 1937.
Toponymie
Le nom de la commune vient du nom de David de Ménevie, moine gallois, souvent confondu avec saint Ivy, moine du monastère de Lindisfarne en Angleterre. La localité est nommée Sainct Ivy (en 1531), Saint Divy (en 1560), eccl. Sancti Davidis (en 1637), Sainct Ivy (en 1651).
Géographie
Saint-Divy se trouve au nord-ouest de Landerneau et à l'est de Brest : la commune est désormais proche de la voie express route nationale 12 qui passe au nord du finage communal et de l'aéroport de Brest Bretagne. Mais Saint-Divy est longtemps resté isolé comme en témoigne cet extrait d'un texte publié en 1909 :
« Le moyen le plus facile de s'y rendre est de prendre à Brest le chemin de fer jusqu'à la station de La Forêt et de faire ensuite à pied ou à bicyclette les cinq kilomètres qui séparent ce dernier village de celui de Saint-Divy. (...) Certains piétons s'enfoncent dans la vallée profonde d'un petit ruisseau voisin ; ils y trouvent de vrais chemins de Basse-Bretagne, montueux et malaisés, impraticables du reste en hiver ou par les mauvais temps, étroits, ravinés, resserrés entre de hauts talus plantés, dont les branches parfois se rejoignent de manière à former une voûte de feuillages impénétrables au soleil. La plupart des voyageurs préfèrent cependant la grande route départementale qui gravit en plein soleil la colline sur laquelle se trouve perché Saint-Divy. »
Le centre du village, avec les grands arbres qui entourent l'église, a conservé un aspect rural en dépit de la périurbanisation récente de la commune avec ses nombreux lotissements.
Sites et monuments
- L' enclos paroissial :
- L'église paroissiale du 15ᵉ siècle, consacrée à saint Divy, comprend trois travées, un transept et un chœur à chevet étroit. Le porche nord date de 1629. Le clocher-tour à deux étages surmonté d'un petit dôme en bulbe est frappé par la foudre en 1823. Les vitraux (dont le vitrail de la Vierge qui représente le Triomphe de la Vierge et contient 90 personnages : anges, apôtres, vierges, martyrs... et le portrait du donateur messire Hervé de La Palue, prieur commendataire de La Forest-Landerneau) et la voûte (qui représente la légende de saint Divy peinte en 1676 par un artiste inconnu) sont classés monuments historiques depuis 1912. L'autel du Rosaire contient un retable qui illustre les quinze mystères du Rosaire. L'autel des Trépassés contient des statues en bois de saint Isidore et de sainte Zite en costumes bas-bretons. L'église possède aussi une statue en pierre de saint Divy qui date de 1533. Le bénitier, de style Renaissance, date de 1623. L'église abrite aussi un confessionnal ainsi qu'un baldaquin surmontant les fonts baptismaux qui datent du 17ᵉ siècle. L'église a bénéficié d'importants travaux de restauration entre 1995 et 1998.
- Deux calvaires : l'un à l'entrée de l'enclos paroissial (1652) porte une Vierge de Pitié et, sur son soubassement, une Marie-Madeleine en kersanton agenouillée et pleurant ; l'autre à l'intérieur du dit enclos était auparavant situé à Kerdalaës (transféré dans l'enclos paroissial en 1966).
- La fontaine de saint Divy : en pierre de kersanton, la fontaine a une forme en « L » et possède une statue de saint Divy en évêque. La fontaine a été déplacée de son emplacement originel.
- D'autres croix et calvaires existent dans la commune : à Poulfranc, à Pen-ar-Forest, au Kef, et cetera.
- Le manoir de la Haye remonte au moins au 15ᵉ siècle (traces de douves entourant un ancien château disparu); le château actuel date de la fin du 17ᵉ siècle et est de style Louis XIV et sa construction est due à Sébastien de Penfeunteniou, seigneur de Mesgrall, même si la porte d'entrée, de style flamboyant, lui est certainement antérieure.
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- La chapelle de La Haye ou chapelle Saint-Jean-Baptiste, ancienne chapelle seigneuriale, date de 1460 mais elle a été restaurée au début du 18ᵉ siècle. La chapelle abrite un tableau de la Nativité.
- Trois stèles de l'âge du fer, considérées comme des pierres phalliques, censées rendre fertiles le corps des femmes qui venaient les toucher, sont entreposées à l'intérieur de l'enclos paroissial.
- Le monument aux morts de 1914-1918