Saint-Laurent-des-Arbres est une commune française située dans l'est du département du Gard, en région Occitanie.
Exposée à un climat méditerranéen, elle est drainée par le Nizon, le Gissac et par un autre cours d'eau. La commune possède un patrimoine naturel remarquable composé d'une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
Saint-Laurent-des-Arbres est une commune urbaine qui compte 3 000 habitants en 2019, après avoir connu une forte hausse de la population depuis 1962. Elle est ville-centre de l'unité urbaine de Saint-Laurent-des-Arbres et fait partie de l'aire d'attraction d'Avignon. Ses habitants sont appelés les Saint-Laurentais ou Saint-Laurentaises.
Le patrimoine architectural de la commune comprend deux immeubles protégés au titre des monuments historiques : l'église Saint-Laurent, classée en 1892, et les remparts de Saint-Laurent-des-Arbres, classés en 1892 puis classé à nouveau en 1941.
Histoire
Préhistoire: Paléolithique et Néolithique
Des industries lithiques attribuée à l'homme de Neandertal (Moustérien) ont été découverts aux Sables.
Des vestiges du Paléolithique et Néolithique ont été découverts sur le territoire de Saint-Laurent-des-Arbres. Le peuplement semble également avoir été favorisé par l'existence d'une nappe phréatique importante sur le territoire de la commune. Nous savons, par une ancienne charte, qu'au 9ᵉ siècle, le village était connu sous le nom de Arbor (l'arbre). Quelques cabanes disposées autour d'un grand arbre constituèrent sans doute le premier groupement humain, succédant aux populations primitives. Le village tira son nom de l'arbre qui en marquait l'emplacement : ainsi, on allait à l'arbre, on venait de l'arbre. Le langage usuel a donc créé les racines de ce toponyme.
Les tribus néolithiques aux environs du Cinquième millénaire avant notre ère s'adonnaient à la domestication des animaux, à l'agriculture, au polissage des roches dures et à la technique de la céramique. Certaines tribus s'établirent sur le plateau voisin, aujourd'hui connu sous le nom de camp de César. La vallée du Rhône fut le carrefour où se rencontrèrent tous les envahisseurs, Ligures, Ibères, Phéniciens, Grecs, Celtes ou Gaulois. Ennemis, ils finirent par vivre ensemble.
Protohistoire
- PlanSud : Une tombe de guerrier datée du 1ᵉʳ siècle avant Jésus-Christ, deux dépôts distants. À l'est, urne cinéraire, avec vases à offrandes, ustensiles. Vers l'Ouest, dépôts d'armes, casque à calotte hémisphérique surmontée d'un bouton, un umbo de bouclier, armes offensives: épée à deux tranchants, fourreau en fer, fer de lance. L'urne cinéraire contenait des ossements humains, un anneau, un bracelet en fer, bouterolle d'épée. Céramique campanienne à vernis noir, patère basse, bol conique, céramique commune jaune, œnochoé à anses soudées. Céramique indigène, vase peigné.
- La Treille : col d'amphore G4, déchets de cuissons, matériaux de constructions, deux dépotoirs, un four. Liés à un atelier de potiers.
Antiquité
- Ferme Saussines : Grand dolium (18 hl), site prospecté ayant révélé des tegulae, tessons de dolia, céramique claire B luisante, amphores africaines. Donc un habitat de l'Antiquité tardive avec une continuité de l'occupation jusqu'au Haut Moyen Âge (céramique kaolinitique réductrice). Construction gallo-romaine (pile funéraire) transformée en oratoire (tour de 4 mètre surmontée d'une croix chrétienne), visitable sur demande auprès des propriétaires. Les coordonnées pour joindre les propriétaires sont sur le site : Mas de l'Oratoire (nouveau nom de la ferme saussines).
- Château Saint-Maurice : Grand dolium, nécropole antique. Coffres funéraires en tegulae ou en dalles calcaires. Mobiliers d'accompagnements : amphores, céramiques non tournées.
- Tesan, Maussan, gragnon : y ont été découverts de nombreux vestiges romains.
- Quartier des Aires (cimetière gallo-romain) : le souvenir historique le plus important que la mémoire de l'homme ait conservé dans notre région est celui de la traversée du Rhône par Hannibal en 219-218 avant notre ère. Son armée, forte de cent mille hommes, cavaliers, fantassins, et plus de trente-sept éléphants était partie d'Espagne, avait traversé les Pyrénées et se préparait à traverser les Alpes pour conquérir Rome. (Deuxième guerre punique)
D'après les historiens, il semble vraisemblable que l'armée carthaginoise ait traversé le Rhône à l'extrémité du territoire de Saint-Laurent-des-Arbres, entre l'Ardoise et Roquemaure.
Les Grecs de Marseille, lassés des incursions et des sévices que leur faisaient subir leurs voisins, les Saliens et les Voconces, demandèrent aux Romains, leurs alliés de les secourir. Ces derniers intervinrent à plusieurs reprises, en 143, 125 et 124 avant l'ère commune. Le proconsul romain Domitius Ahenobarbus acheva la conquête. Il vainquit d'abord les Gaulois sur la Sorgue en 121 avant l'ère chrétienne, puis les Allobroges et les Arvernes, enfin les Ruthènes qui lui abandonnèrent l'Albigeois. Désormais, Arbor, le village de l'arbre, fut inclus dans le pays conquis, la civilisation romaine s'étendit.
- À l'époque romaine, le plateau qui sépare Saint-Laurent-des-Arbres de Laudun fut consacré à Jupiter et porte aujourd'hui encore le nom de plateau de Jupiter. Un siècle après Hannibal, Domitien utilisait les éléphants dans ses armées. Ces animaux épouvantèrent les Gaulois et furent pour beaucoup dans les victoires remportées par le proconsul. Le versant du plateau de Jupiter, connu sous le nom de camp Saint-Maurice, a livré quantité de tessons, de poteries, d'amphores, le tuiles romaines, de monnaies, des lampes à huile, un tombeau gallo-romain, etc. On trouve des structures de villae dans divers quartiers.
Histoire médiévale
La vallée du Rhône a toujours été une zone de grands passages et de confrontations, imposant de solides défenses. Il n'est que de voir le nombre de forteresses encore figées au garde-à-vous sur les deux rives du Rhône. Dans un rayon de 10 kilomètres à vol d'oiseau de Saint-Laurent-des-Arbres, on dénombre trois puissants châteaux : Roquemaure, L'Hers et Châteauneuf-du-Pape.
En 919, sous le règne de Louis l'Aveugle, Laudoin et son épouse Eigenracle cèdent à Foulques, évêque d'Avignon un domaine comprenant Lirac, avec son église Saint-Pierre, la villa de l'Arbre ainsi que son église Saint-Laurent. Dans cet acte, passé publiquement devant l'église, nous trouvons la première mention de l'église de Saint-Laurent.
Une bulle du pape Adrien IV, datée de d'année 1155, confirme les droits de Geoffroy, évêque d'Avignon et de ses successeurs, et cite parmi les biens temporels de l'évêque la villa de Saint-Laurent-des-Arbres dont les seigneurs étaient des membres de la famille Sabran.
Le 12 avril 1232, Guillaume de Sabran d'Aiguèse et Rostaing de Sabran vendent le château et la villa de Saint-Laurent-des-Arbres à Bertrand, évêque d'Avignon. C'est ainsi que les évêques, qui possédaient déjà depuis 919 l'église deviennent également les propriétaires du château dont ils n'étaient alors que les suzerains.
En 1255, Decanesse, fille de Guillaume de Sabran, vend une tour située à Saint-Laurent-des-Arbres et qui pourrait être la tour Ribas.
Jacques Duèze, évêque d'Avignon de 1310 à 1312, puis pape sous le nom de Jean XXII de 1316 à 1334, fait construire à Saint-Laurent-des-Arbres un château fort surmonté d'un donjon, le tout attenant à l'église, qu'il fait également fortifier. Il en fait surélever les murs, les hissant à 16 mètre de hauteur, les dotant de meurtrières sur plusieurs niveaux et au sommet, d'un solide crénelage. Pour compléter, il fait créneler également le clocher carré. Une ordonnance prescrit alors aux habitants des villages voisin de se réfugier, avec leurs bestiaux et leurs biens, derrière les murs de Saint-Laurent-des-Arbres en cas de menaces pressantes. L'espace clos déterminé au-dessus de la voûte de la vieille église offrait un vaste emplacement propre à abriter la population en cas de danger.
La guerre de Cent Ans : le déferlement des grandes compagnies entraîna l'installation d'une garnison dans la petite ville. En 1360, Avignon dépêcha vingt-cinq hommes pour la défense de la ville, mais deux ans après la garnison ne comptait plus que sept soldats.
Arrivés près de la vallée du Rhône, au début de 1382, les Tuchins campèrent dand les gorges de la Cèze où ils furent rejoints par des nobles dont Régis de Saint-Michel-d'Euzet, Étienne Augier, dit Ferragut du Pin, Vachon de Pont-Saint-Esprit et Verchère de Vénéjan qui prirent leur tête. Ils s'emparèrent alors de Cavillargues, Chusclan et Tresques, avant de piller les châteaux de Sabran, La Roque-sur-Cèze, Saint-Laurent-des-Arbres et Cornillon. Dans ce dernier château se trouvait le trésor de Clément VI. Son neveu, Guillaume III Roger de Beaufort, alors Lieutenant des armes du Sénéchal de Beaucaire, organisa la répression. En septembre 1382, il recruta des mercenaires et fit venir une compagnie d'arbelètiers d'Avignon. Ses troupes cantonnées à Bagnols-sur-Cèze attaquèrent alors Cornillon. Dirigées par Gantonnet d'Abzac, Commandant du Saint-Père pour le Païs de Saint-Esprit, elles semèrent la terreur. Guillaume III fit ensuite intervenir son capitaine des gardes de Bagnols, Jean Coq. Ce dernier réussit à pacifier le pays en expulsant les chefs du Tuchinat. Ce qui permit de signer la paix en février 1383.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Remarquable patrimoine du Gard Rhodanien
Entre Provence et Cévennes, Saint-Laurent-des-Arbres est un village typique par son patrimoine médiéval.
- Église Saint-Laurent de Saint-Laurent-des-Arbres. Son église romane fortifiée, son donjon (féodal), la tour Ribas et les vestiges des remparts témoignent de la richesse historique des siècles passés. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1892.
- La tour Ribas, siège de l'office de tourisme, abrite une maquette réalisée à partir d'archives, qui représente la cité telle qu'elle pouvait apparaître au Moyen Âge et jusqu'aux environs de 1750.
- Le labyrinthe de ruelles, venelles et placettes offre aux hôtes de passage de multiples attraits touristiques. Découvertes historiques, archéologiques, géologiques ; pour les amateurs de vieilles pierres et de campagne superbe.
- Au sud du village s'étendent de remarquables pinèdes : dans cette forêt, les sentes ombragées, aires de pique-nique, parcours de santé, sentiers pédestres et équestres conduisent au plateau de Lirac qui récompense les amoureux de la nature par une magnifique vue du mont Ventoux.
- Au nord, le mont Cau domine les tours du village et son vignoble réputé depuis l'antiquité jusqu'à nos jours (quatre villages pour trois couleurs, rouge, rosé, blanc, selon l'appellation Lirac).
- À l'est du village se trouvent deux magnifiques propriétés : le château Deleuze-Beaupré, magnifique architecture du 17ᵉ siècle et la Bégude (qui n'existe plus à la suite d'une expropriation), bastide du 18ᵉ siècle avec des bases médiévales, ayant appartenu aux familles Deleuze (anciens viguiers du Pape), Vigan-Braquet, Berard et Ponsoye. En face de la Bégude se situe la chapelle romane dite de Thézan.
- Chemin de grande randonnée GR42, emprunté entre autres par les pèlerins du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Personnalités liées à la commune
- Jacques Julliard, éditorialiste et journaliste, possède une maison à Saint-Laurent-des-Arbres.
Manifestations culturelles et festivités
- Salon du livre de Saint-Laurent-des-Arbres, la seconde édition a eu lieu les 12 et 13 avril 2014, organisé avec l'association des crayons et des plumes.