Saint-Méen [sɛ̃mɛ̃] est une commune française située dans le département du Finistère, en région Bretagne.
Histoire
Étymologie et origines
« Arnec était fils de saint Judicaël et de la reine Morone sa femme. Il embrassa la vie religieuse sous saint Judoce, son oncle, avec lequel il vécut quelque temps sur les bords de la Canche, dans le Ponthieu. À la mort de ce saint parent, il revint dans le Léon, y bâtit sur les bords de l'Élorn une cellule et une chapelle devenue célèbre sous le nom de Land-Ernoc, nom qu'a conservé la ville actuelle de Landerneau. Plus tard saint Arnec devint évêque dans le canton d'Illy. Son évêché ne renfermait que vingt ménages. Pendant son épiscopat, il fit construire deux églises dans la paroisse de Ploudaniel et les dédia aux deux meilleurs amis qu'avait eus le roi son père, l'une à saint Méen, l'autre à saint Éloi. Près de lui vivait un saint ermite nommé Guénion, Guinien ou Vinien, qui était frère de saint Judicaël et à qui saint Arnec céda son évêché. Saint Guinien est patron de Pleudaniel. L'ancien petit royaume d'Illy était dans la paroisse de Trégarantec, dans la section Lysien, et contenait dix-sept villages. Saint Arnec est le patron de Trégarantec. »
Moyen Âge
Saint-Méen était une trève de Ploudaniel et faisait partie de l'archidiaconé de Kemenet-Ily relevant de l'évêché de Léon.
Époque moderne
En 1644, les fidèles de la trève de Saint-Méen se rassemblèrent dans le cimetière de Ploudaniel afin de demander à l'évêque de Léon le droit d'avoir leurs propres fonts baptismaux, afin de pouvoir baptiser leurs enfants sans avoir besoin de se rendre à l'église-mère de Ploudaniel. Ce droit leur fut apparemment accordé puisque les fonts baptismaux datent de 1644.
Révolution française
Le Tiers-état de la trève de Saint-Méen envoya deux députés, Guillaume Corbé et Hervé Grant, pour la réaction du cahier de doléances de la sénéchaussée de Lesneven.
En 1791, la commune de Saint-Méen est créée, totalement détachée donc de celle de Ploudaniel, et prend le nom de Méen-la-Forêt. Son église est alors en ruines, et le premier recteur de Saint-Méen bénéficia de l'aide d'un notable, Emmanuel Pons-Dieudonné Las Cases (fils du célèbre Emmanuel de Las Cases, mémorialiste de Napoléon premier à Sainte-Hélène), car celui-ci devint amoureux d'Henriette de Kergariou, originaire des environs de Lannion, mais dont la famille possédait le manoir de Coz Castel en Saint-Méen qui aurait abrité leurs amours et où leur fils serait né le 8 juin 1800. La paroisse est touchée rabaissée au rang de succursale de celle de Ploudaniel entre 1803 et 1807 avant de redevenir une paroisse de plein exercice.
Vers 1846, Saint-Méen s'agrandit au détriment de Ploudaniel en annexant la section de Gorré-ar-Barrez. Son territoire a été à nouveau agrandi en 1954 lors de l'annexion de onze hameaux de Plouider.
Le 19ᵉ siècle
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Saint-Méen en 1853 :
« Commune formée de l'ancienne trève de Ploudaniel, aujourd'hui succursale. (...) Principaux villages : le Tourellès, Pratguen, Penarguër, Poulloupri. Maisons importantes : manoir des Tourelles, Vieux-Châtel, Kermérien. Superficie totale : 429 ha dont (...) terres labourables 470 ha, prés et pâtures 37 ha, bois 31 ha, vergers et jardins 2 ha, landes et incultes 160 ha (...). Moulins : 2 (à eau, de Brennel, de Vieux-Châtel). Géologie : gneiss au nord du bourg. On parle le breton. »
En 1846, Saint-Méen annexe la section de Gorré-ar-Barrez, qui appartenait jusque-là à la commune de Ploudaniel.
En 1880, le peintre Camille Bernier fonde l'école de filles Sainte Anne, en souvenir de son épouse décédée Lucie Emélie (née Gautier). Il en confie la direction aux Filles du Saint Esprit.
Un rapport du Conseil général du Finistère indique en août 1880 que Saint-Méen fait partie des 27 communes de plus de 500 habitants du Finistère qui n'ont encore aucune école de filles.
Le 20ᵉ siècle
Le siège de l'école et l'expulsion des Sœurs en août 1902
Les 17 et 18 août 1902, la décision du gouvernement d'Émile Combes d'appliquer avec rigueur la loi du 1er juillet 1901 sur les associations, et en particulier l'expulsion des congrégations religieuses en vertu de la Loi sur les Congrégations entraîne des troubles importants dans de nombreuses communes, entre autres dans le Léon et plus particulièrement à Ploudaniel et au Folgoët, ainsi qu'à Saint-Méen. Les conseils municipaux de Ploudaniel, Le Folgoët et Saint-Méen votent à l'unanimité une protestation contre la fermeture des écoles congréganistes (la congrégation des Filles du Saint-Esprit, qui tenait l'école, refuse de se dissoudre).
Le journaliste A. Janne, aussi journaliste au journal La Croix, a décrit, de manière évidemment totalement favorable aux protestataires, dans un long article paru dans le "Bulletin des Congrégations" les évènements, une véritable scène d'émeute, qui se sont déroulés ces jours-là à Saint-Méen, l'abbé Gayraud, député du Finistère, galvanisant la résistance des fidèles.
Ces mêmes événements sont jugés de façon diamétralement opposée par les partisans de la laïcité ; en témoigne par exemple cette charge violente écrite par Jean Cricq :
« La farce dangereuse et sinistre, montée par [les agitateurs catholiques : MM. de Mun, Gayraud, de Cuverville] à grand renfort de bolées de cidre et de verres d'eau-de-vie de pomme, dans le but de faire croire que la France, qui applaudissait en 1762 au renvoi des Jésuites par le Roi, s'indigne en 1902 de voir la République se débarrasser de congrégations insolentes, est en effet terminée. Ploudaniel, Le Folgoët et Saint-Méen, les trois dernières citadelles de l'obscurantisme, de ce Finistère encore soumis à la néfaste influence du clergé romain, ont enfin cédé. Les Sœurs qui y tenaient garnison, au mépris, disons-le en passant, des ordres exprès de leurs supérieures conventuelles, se sont décidées à partir en criant : Vive l'Armée ! (un cri qui eût sans doute un peu surpris le « Divin Maître » apôtre de douceur disant que « celui qui se sert de l'épée périra par l'épée »), tandis que leurs partisans inondaient cette même armée de boue et d'immondices et lui manifestaient leur respect en épierrant les officiers et les soldats chargés d'assurer force à la loi. »
De même, Laurent Tailhade écrit une charge violente contre les manifestants : « Croisade fécale, ainsi que fut déjà nommé le soulèvement des peuplades alcooliques du quadrilatère formé au nord de Brest par Le Folgoët, Lesneven, Plougastel (sic) et Saint-Méen.
La rentrée des classes de septembre 1902 fut difficile : le journal "La Presse" indique qu'à Saint-Méen 272 enfants ne sont pas scolarisés, le temps de trouver des instituteurs civils pour remplacer les Filles du Saint-Esprit.
Madame Camille Bernier veuve fera, en vain, un recours devant le Conseil d'État contre cette expulsion.
La Première guerre mondiale
Le monument aux morts de Saint-Méen porte les noms de 35 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale.
La Seconde Guerre mondiale
Le 14 juillet 1944, neuf résistants sont arrêtés par des hommes du Kommando de Landerneau : François Kerbrat (de Landivisiau), Jean Lamandé (de Saint-Méen), Jean Berlivet, Jean Gouriou, Joseph Nicolas, Louis Berthou (tous les quatre de Lambézellec), Robert Le Page (de Saint-Marc), Jean Le Bris (de Brest) ; l'agriculteur chez qui ils étaient cachés, Louis Thépaut, est fusillé et sa maison incendiée et sont fusillés par les Allemands à Saint-Méen dans un immeuble dépendant de la ferme de Kerougon. La croix de Kerougon, édifiée vers 1950 dans un petit enclos, porte une plaque indiquant "Aux neuf fusillés du 14 juillet 1944 au maquis de Kerougon, requiescant in pace".
L'après Seconde Guerre mondiale
L'ouverture d'une école privée catholique de garçons en 1947 entraîna la fermeture de l'école publique l'année suivante car elle n'avait plus que quatre élèves, les enfants de l'instituteur.
En 1954, la commune de Saint-Méen a annexé onze hameaux qui appartenaient jusque-là à la commune de Plouider.
Toponymie
Le nom de la localité s'est par le passé écrit Saint-Neven à l'époque où ce n'était encore qu'une trève de Ploudaniel.
La paroisse doit son nom à saint Méen, à qui saint Arnoc aurait dédié l'église initiale.
Lieux et monuments
- L'église paroissiale Saint-Méen, construite pour partie vers 1838 (le clocher à dôme porte cette date) et pour partie en 1867 (partie supérieure, due à l'architecte Joseph Bigot).
- La croix monolithe de Boulouarn date du Moyen Âge.
- Le calvaire de Kérougon (marquis de Kérougon) : croix et crucifix dans un petit enclos : construit dans les années 1950 en hommage aux neuf fusillés du 14 juillet 1944.
- Le calvaire du Prat-Guen : datant du 16ᵉ siècle. Petit enclos entouré d'une grille. Inscriptions : MISSION 1892 ; MISSION 1936 ; MISSION 1950. Une croix plus récente a été ajoutée au sommet.
- Le calvaire de Coz-Castel : le Christ y est entouré de la Vierge et de saint Jean. Ce calvaire, qui se trouvait originellement dans le village de Guennéroc, appartenait à la famille Miorcec de Kerdanet, qui en fit don à la commune en 1879. Il a été sculpté par Roland Doré.
- Le manoir de Mespérennès (Mespérennez), construit entre le 15ᵉ siècle et le 18ᵉ siècle, se trouvait alors dans la paroisse de Plouider ; il a appartenu successivement aux familles de Saint-Denis, de Touronce, de Kersauzon et de Trécesson.
- Les vestiges de l'ancien manoir de Morizur (occupé uniquement par des paysans à partir de 1721 et qui se trouvait alors lui aussi dans la paroisse de Plouider).
- Le monument aux morts de 1914-1918.