Saint-Pois est une commune française, située dans le département de la Manche en région Normandie, peuplée de 480 habitants.
Histoire
Les origines : Les Seigneurs Servain
Vers la fin du 9ᵉ siècle, la contrée qui forme aujourd'hui les communes de Saint-Pois, Coulouvray, Montjoie (Saint-Michel), Gathemo, Lingeard et autres environnantes présentait encore l'aspect d'une vaste forêt dont quelques portions seulement étaient livrées à la culture, et les habitants n'étaient pas nombreux. Lorsque les Normands se fixèrent dans l'Avranchin et même dans presque toute la Basse-Neustrie (888), un de leurs chefs vint au milieu de ces bois, et y bâtit un manoir qui devient bientôt une place forte. S'étant l'un des premiers soumis à Rollon, il reçut de lui de vastes domaines aux pays de Lisieux ; mais il n'abandonna pas sa première résidence, ou il pouvait facilement se livrer au plaisir de la chasse. Les habitants du voisinage le nommèrent Sylvanus, c'est-à-dire le seigneur de la forêt ou des bois, nom qu'il accepta, et de là le nom de Sylvain et Servain que portèrent tous ses descendants jusqu'au 15ᵉ siècle. Le seigneur Servain bâtit une église, qui fut placée sous le vocable de saint Paterne, évêque d'Avranches, d'où le nom de saint Paterne ou saint Pair sous lequel on désigna la paroisse jusqu'à la fin du 18ᵉ siècle. Alors seulement elle prit le nom de Saint-Paix, Saint-Pouaix et enfin Saint-Pois qu'elle porte actuellement. Il existait également une chapelle située à un kilomètre environ, et dédiée sous le titre de Saint-Jacques, apôtre, elle était desservie par un clerc, et les fidèles s'y réunissaient pour le culte. Avait-elle échappé aux dévastions des Normands, ou bien avait-elle été bâtie après la conversion des seigneurs Servain, il n'est pas possible de le savoir, mais après la construction de l'église Saint-Paterne, elle fut abandonnée, tomba en ruines, et il n'en est fait aucune mention dans la suite. Elle était au-delà du Bas-bourg, près de l'ancienne route de Brécey; le souvenir s'en est conservé dans le Champ-de-la-Chapelle, le bois Saint-Jacques, la butte Saint-Jacques, le pont Saint-Jacques, jeté sur le Glanon, aux limites de Saint-Pois, Saint-Laurent-de-Cuves et Cuves. Les maisons qui se bâtirent près du manoir des Servain et de l'église furent l'origine du bourg actuel. La première mention authentique de Saint-Pois se trouve dans la charte de fondation de l'église collégiale de Mortain (1082) ; il y est dit que Robert, compte de Mortain, donna pour la prébende du Doyen, entre autres choses, la moitié de la dîme de la foire de Saint-Pair. Cette foire qui se tient tous les ans le jeudi d'après le Premier novembre, remonte comme on le voit, à une assez haute antiquité. Jadis c'était une des plus grandes foires du pays, mais elle a beaucoup perdu de son importance. Plusieurs des fils du seigneur Servain, Guillaume et Gauvin Servain prient la croix à la voix de l'évêque Turgis et partirent pour la Terre-Sainte en 1095. Mais s'il faut croire la tradition il y aurait eu trois seigneurs Servain à partir en même temps pour la croisade, et ce serait pour perpétuer le souvenir de ce fait qu'on aurait élevé trois croix dans le champ appelé le champ des Croix, situé entre le bourg et le château actuel, sur la route de Vire. Robert Servain, dernier seigneur de ce nom, refusa de se soumettre au roi Anglais Henri V en 1418. Ses biens furent confisqués et donnés à Henri V, qui resta possesseur de la baronnie de Saint-Pair jusqu'en 1463,.
Marquisat : la famille d'Auray
La baronnie de Saint-Pair-le-Servain fut remise à la famille d'Auray par un mariage puisque Robert Servain n'eut qu'une fille, Marguerite Servain. C'est ainsi que la famille d'Auray, très ancienne en Bretagne hérita de la baronnie de Saint-Pair-le-Servain. Dans les ancêtres des d'Auray nous retrouvons une personnalité importante, Pierre d'Auray conseiller du roi, lieutenant général du bailli de Mortain (1648-1683) fut un des seigneurs les plus distingués de son pays et de son temps.
Par lettres patentes de 1700, Louis XIV érigea en sa faveur la baronnie de Saint-Pois en marquisat d'Auray; il y mourut en 1728.
Par ailleurs le château du début du 18ᵉ siècle fut construit par la famille d'Auray. Il est actuellement inscrit au titre des monuments historiques depuis le 24 mai 1974,
La révolution de 1790 : Saint-Pois chef-lieu de canton
La révolution de 1790 fit de Saint-Pois un chef-lieu de canton, qui se composa de Saint-Pois, Boisyvon, Coulouvray, Lingeard, Mesnil gilbert, Montjoie, Saint-Laurent-de-Cuves, Saint-Martin le-Bouillant, La Chapelle-Cécelin et Saint-Maur-des-Bois. Ces deux dernières communes étaient de l'ancien diocèse de Coutances.
Depuis 1800, l'aspect de Saint-Pois a beaucoup changé, cinq grandes routes ont été ouvertes, beaucoup de maisons nouvelles se sont construites au bourg, et la population s'est assez notablement accrue. Le site sans doute n'a pas changé et les beaux points de vue dont on y jouit aujourd'hui sont les mêmes qu'autrefois; mais les routes qui viennent aboutir en ce bourg, jadis de difficile accès, permettent d'en jouir plus facilement et de faire aux environs d'agréables promenades.
La Seconde Guerre mondiale : Saint-Pois occupé
Le 31 juillet 1944, une première charge de la 3e division blindée américaine du général Rose ne parvient pas à libérer Saint-Pois de l'occupation allemande. Le 5 août, la 4e division d'infanterie américaine du général Barton libère entièrement Saint-Pois qui résiste à la contre-attaque allemande, jusqu'à l'arrivée, le 7 août de la 2e division blindée américaine du général E. Brooks qui enfonce le front allemand.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous la forme de S. Paterno en 1412.
Pois est une déformation de Pair, appelé également Paterne, évêque d'Avranches au 6ᵉ siècle.
Saint Pair est en effet le patron de la paroisse. Dans le parler local, le r final ne se prononce pas. D'autre part, pois se dit peis. D'où la confusion des deux mots.
Homonymie, donc, avec Saint-Poix, Saint-Pair, Saint-Pair-sur-Mer, Saint-Pair-du-Mont, Saint-Paterne, Saint-Paterne-Racan, Saint-Paër et Saint-Pern.
Le gentilé est Saint-Poisien.
Géographie
La commune est au nord-ouest du Mortainais. Son bourg est à 17 kilomètre au nord-ouest de Mortain, à 18 kilomètre au sud-est de Villedieu-les-Poêles, à 19 kilomètre au sud-ouest de Vire, à 23 kilomètre au nord de Saint-Hilaire-du-Harcouët et à 26 kilomètre au nord-est d'Avranches.
Communes limitrophes de Saint-Pois
Coulouvray-Boisbenâtre
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Coulouvray-Boisbenâtre, Saint-Michel-de-Montjoie
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Saint-Michel-de-Montjoie
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Saint-Laurent-de-Cuves
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Saint-Michel-de-Montjoie,
Lingeard
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Cuves
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Le Mesnil-Gilbert
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Lingeard
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Lieux et monuments
- Château du début du 18ᵉ siècle, inscrit au titre des monuments historiques depuis le 24 mai 1974.
- Église Saint-Louis de 1880, remplaçant l'ancienne église Saint-Pair.
- Villa Lemare située dans le bourg. Manoir construit par Émile Lemare, courtier en huile sur Paris, qui achète en 1882 un terrain au marquis d'Auray de Saint-Pois pour s'installer avec son épouse.
- Église paroissiale Saint-Louis, la première église construite était une modeste chapelle qui, après quelques remaniements, perdurera jusqu'à la fin du 19ᵉ siècle. Elle fut alors démolie pour que soit bâtie en 1880, au même endroit l'église actuelle. De l'ancien lieu de culte il reste entre autres, une superbe statue : une piéta du 15ᵉ siècle et un bénitier en granit très ouvragé