Saint-Quentin-sur-Isère est une commune française située géographiquement dans le massif du Vercors, administrativement dans le département de l'Isère et en région Auvergne-Rhône-Alpes, autrefois rattaché au Dauphiné.
La commune, positionnée non loin des agglomérations grenobloise et...
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Saint-Quentin-sur-Isère est une commune française située géographiquement dans le massif du Vercors, administrativement dans le département de l'Isère et en région Auvergne-Rhône-Alpes, autrefois rattaché au Dauphiné.
La commune, positionnée non loin des agglomérations grenobloise et voironnaise, reste cependant en grande partie, rurale et agricole. Elle est en outre adhérente à la Communauté de communes Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté dont le siège est situé à Saint-Marcellin, ainsi qu'au Parc naturel régional du Vercors (son territoire y est partiellement rattaché) dont le siège est situé à Lans-en-Vercors.
Selon l'ouvrage de Patrick Ollivier-Elliot dénommé Vercors safari-patrimoine, la paroisse originelle de Saint-Quentin qui se lovait contre la falaise du Vercors était un point de passage par le plateau de Montaud, la route médiévale n'autorisant pas le passage entre la montagne, trop proche de l'Isère et de ses rives humides, à cette époque. Au cours du 18ᵉ siècle, l'endiguement de la rivière permit de tracer une route qui sera la future route nationale 532.
La commune qui compte de nombreux champs de noyers se situe dans la zone d' AOC fruitière qui produit la Noix de Grenoble. Ses habitants se dénomment les Saint-Quentinois et la mairie se situe à environ 220 mètres d'altitude.
Histoire
Préhistoire et Antiquité
Territoire des Allobroges
Préhistoire
Du fait de son implantation sur la rive gauche de l'Isère à l'extrême limite du Vercors, on peut penser que Saint-Quentin-sur-Isère constituait jadis une voie de passage privilégiée en direction du couloir Rhodanien (vers le sud) et vers le sillon alpin (côté nord). Certains vestiges de civilisations préhistoriques de la période finale du bronze furent découverts lors de fouilles effectuées dans les grottes de l'Echaillon en limite nord de la commune.
Antiquité
Le site de Montaud, proche de la pointe nord de la courbe de l'Isère et du massif du Vercors, se situait à la limite du territoire des Allobroges, ensemble de tribus gauloises occupant l'ancienne Savoie, le nord et le centre du Dauphiné.
Quelques vestiges gallo-romains furent également mis au jour sur la commune : sépulture, pièces de l'époque de Gallien (253-268).
Moyen Âge et Renaissance
Les premières mentions écrites de Saint-Quentin-sur-Isère datent de 1206 (le comte d'Albon reconnaît détenir le château en fief du chapitre de Vienne) et 1209 (Le seigneur de Moirans remet à l'Église de Vienne six châteaux, dont celui de Saint-Quentin).
Trois familles se sont succédé depuis 1200 : les familles de Saint-Quentin (vers 1200), de Châteauneuf (1374) et de Beaumont (vers 1458). En 1627, le fief de Saint-Quentin est vendu à Joachim de Chissé, seigneur de la Marcousse, établi à Poliénas.
Temps modernes
Pour la période entre le Moyen Âge et le 19ᵉ siècle peu d'écrits permettent de tracer la vie de la commune, à noter cependant pour quelques décennies une fusion des communes de Saint-Quentin et de Montaud le 31 janvier 1790 et l'établissement de Saint-Quentin en chef-lieu de canton (La Rivière, Rovon, Saint-Gervais) par l'administration révolutionnaire. Pendant une courte période, le nom révolutionnaire de Saint-Quentin était Gibraltard.
Époque contemporaine
Au début du 20ᵉ siècle, un scandale éclata dans le milieu de la nuciculture dauphinoise. Certains négociants peu scrupuleux se permirent de mélanger des noix mal triées et originaires de l'étranger avec des noix locales afin de les exporter outre-atlantique. La réaction des agriculteurs isérois sera rapide du fait qu'ils étaient déjà organisés en groupements professionnels afin d'écarter les tentatives de dumping et pour leur permettre de tenir les cours du produit. Dès 1908, et s'appuyant sur la loi du Premier août 1905 qui sanctionnait les fraudes et falsifications en matière de produits, est créé à Saint-Quentin-sur-Isère un premier syndicat professionnel qui permettre de dissuader les personnes tentées de frauder. La noix locale sera ensuite protégée sous l'appellation AOC noix de Grenoble.
En 1928, les quartiers de Jarrioz, l'Ile-Rose, et de l'Ile-Bernard, situés sur la rive droite de l'Isère, sont séparés de la commune de Saint-Quentin-sur-Isère pour être rattachés à la commune de Moirans.
Toponymie
Le nom de la commune est composé de deux noms :
Saint-Quentin
Le nom de Saint Quentin (Quintinus † 303), dit aussi Quentin de Vermand ou de Vermandois, est celui d'un saint d'origine romaine qui a évangélisé la Gaule romaine dans le courant de la seconde moitié du 3ᵉ siècle et plus particulièrement le Vermandois, c'est-à-dire la région de la ville de Saint-Quentin dans l'Aisne. Outre Saint-Quentin sur Isère, la France compte 35 autres communes portant le nom de Saint-Quentin et 6 anciennes communes, aujourd'hui rattachée à d'autres communes. Le culte de Saint Quentin a été important au cours du Moyen Âge, en particulier dans le Nord de la France.
Le nom de Quentin se rapporte au latin Quintinus et Quintus qui signifie "cinquième".
Isère
Le nom de la rivière qui borde le territoire de la commune est issu d'un mot non celtique, vraisemblablement intégré par les Celtes à une époque ancienne, et dont la signification est « l'impétueuse, la rapide ». Il est apparenté à l'indo-européen *isərós « impétueux, vif, vigoureux », proche du sanskrit isiráh, de même sens.
Culture locale et patrimoine
Patrimoine architectural
Le château de Saint-Quentin sur Isère
Les vestiges du château de Saint-Quentin
Dévasté durant les guerres de religion, les ruines du château-fort de Saint-Quentin, datant du 13ᵉ siècle, dominent le village. Les vestiges du bâtiment médiéval se trouvent au lieu-dit La Tour. Le château est cité pour la première fois dans les hommages de André-Dauphin (1184-1237) aux archevêques de Vienne.
Du donjon médiéval aux murs épais, il ne reste plus que la façade nord jusqu'à une hauteur de trente mètres, la rendant encore visible depuis la route et la vallée. Deux baies sont encore visibles, par contre le crénelage a disparu avec le temps. L'ancienne enceinte est encore visible partiellement, dans l'environnement immédiat du château.
Le donjon, muni de corbeaux qui formaient des mâchicoulis, ne comporte plus que 2 pans en angle Sud-ouest et ne présente plus de salle fermée, mais on peut encore deviner qu'il possédait trois niveaux. Sa hauteur résiduelle est de 30 m environ. La technique de construction par parements intérieur et extérieur enserrant un blocage, est bien visible. Quelques travaux de confortement ont été effectués pour limiter la ruine des pans subsistants. Autour de cet ancien bâtiment, on peut encore découvrir les anciens fossés, ainsi qu'une ancienne citerne.
Église Saint-Celse et Saint-Nazaire,
Église Saint-Celse et Saint-Nazaire
Les carrières de l'Échaillon
Ces carrières communales, située à l'extrémité septentrionale du territoire communal et encore visibles aujourd'hui, ont fourni les matériaux du pont Alexandre-III et de certaines parties de la façade de l'Opéra de Paris de Charles Garnier. La Danse de Carpeaux, œuvre qui fut scandale en son temps (une bouteille d'encre fut même jetée contre le groupe sculpté), est taillée dans la pierre de l'Echaillon.
On peut notamment lire dans les « Annales de l'industrie nationale et étrangère, ou Mercure technologique », dans son volume 16 et sa page 258, que « le marbre de Saint-Quentin est calcaire bleu ou gris, assez dur, qui prend un beau poli mais qui craint la gelée ». Ces annales indiquent également que « les côtés de la Cathédrale de Vienne et la sacristie sont pavés avec ce marbre ».
La distillerie Charles Meunier
Située à l'entrée du bourg, la distillerie Charles Meunier a été créée en 1809. Le bâtiment a été rénové en 1991. Des visites guidées sont prévues pour accueillir les visiteurs.
Maisons anciennes
Le bourg héberge de vieilles maisons datant du 15ᵉ au 18ᵉ siècle dont la maison forte dite « de la Scierie » et la « maison du Canal des Scieries » parmi d'autres.
Patrimoine naturel et biodiversité
Zone ENS Marais du Gouret
Le marais du Gouret, relique alluviale de l'ancien lit de l'Isère abrite une faune remarquable et notamment des Triturus cristatus (Tritons crêtes) espèce très sensible à la pollution et à la modification du milieu. Une réhabilitation d'un secteur contigu à la zone primitive a été effectuée en 2016-2017 afin d'agrandir cette zone; cette opération a constitué une mesure compensatoire à des remblais réalisés en zones humides, nécessités par la création des rampes d'accès au nouveau pont de la RD 218 sur l'Isère.
Patrimoine forestier
À la suite d'un souhait émis par le conseil municipal consistant à mettre en place une zone forestière « se rapprochant des habitats naturels pour favoriser la faune en créant un corridor biologique entre les forêts alluviales de l'Isère », un projet de reboisement des rives de la rivière a été programmé par la mairie, afin de reconstituer ce manteau forestier dans ce secteur des berges et de lutter contre l'expansion de certaines espèces végétales jugées invasives.
À la fin de l'année 2015, des habitants et des élus de la commune, accompagnés par les élèves d'une classe élémentaire de l'école et du personnel d'une entreprise en papeterie soutenant le projet, tous encadrés par le personnel de l'Office national des forêts, ont participé à la plantation de chênes pédonculés, de merisiers, d'érables près de l'Isère.
Personnalités liées à la commune
Georges Biron
Entrepreneur-carrier à l'Echaillon à la fin du 19ᵉ siècle.
Antoine Mingrat.
Dans la nuit du 8 au 9 mai 1822, l'abbé Antoine Mingrat viole et étrangle dans son presbytère une de ses paroissiennes, Marie Gérin. Le corps de la jeune paysanne de 26 ans est retrouvé dans les eaux de l'Isère, en morceaux, le curé ayant séparé les jambes du tronc avec un hachoir et coupé le torse de manière oblique en deux parties à peu près égales. Le 9 décembre 1822, la Cour d'assises de l'Isère le condamne par contumace à la peine de mort. Il est par contre acquitté du chef de viol car le séjour du tronc de la victime dans la rivière pendant une dizaine de jours a empêché les médecins experts de vérifier les traces de rapports sexuels récents.
L'ecclésiastique s'était, en fait, enfui en pays sarde, d'où il ne peut être extradé mais les autorités locales le font emprisonner dans la forteresse de Fenestrelle où il meurt en 1825.
Héraldique
Blason
De gueules à une fasce d'argent haussée et chargée de trois lys de sable.